(Huit
heures une minute)
M.
Bérubé
: Aujourd'hui,
je veux vous parler d'immigration. Statistique Canada nous apprend une nouvelle
très importante, il y a 471 000 résidents non permanents au Québec. Ça,
c'est les chiffres de juillet. C'est neuf fois plus que le nombre d'immigrants
permanents. Alors là, on est en train d'aménager notre minorisation. Là, le
débat, en commission, c'est : c'est-tu 50 000 immigrants, c'est-tu
60 000? Non, 471 000 temporaires. Le Québec n'a pas la capacité
d'accueillir 471 000 temporaires, que ça soit pour le logement, que ça
soit pour les écoles, que ça soit pour les services, pour que les gens puissent
être heureux ici, vivent convenablement au Québec. Et la vérité exige de dire
ça, exige de dire que le Québec doit être capable d'accueillir convenablement
les gens qui choisissent l'aventure québécoise.
Sauf que ce n'est pas nous autres qui
décident. Alors, on se retrouve dans une situation où on a une commission parlementaire,
on écoute les groupes. Vous autres, c'est-tu plus 50 000 ou 60 000,
qu'on se fasse une tête? Pendant ce temps-là, là, les vraies affaires, elles se
passent à Ottawa. C'est 471 000, puis vous n'avez rien à dire là-dessus.
Puis ce qui est le plus déplorable, quelle est la réaction du gouvernement de
la CAQ qui disait : En haut de 50 000, c'est suicidaire, en haut de
50 000, c'est la louisianisation du Québec si on n'a pas les pouvoirs? La
réplique, c'est... attention, là, j'aime autant avertir d'avance, les mots sont
durs : on invite Ottawa à une prise de conscience, on est surpris, ça
mérite une réflexion et une prise de conscience. Ça, c'est la réaction de la
CAQ au fait que le gouvernement fédéral nous impose un nombre beaucoup trop
élevé de temporaires, qui aura un impact considérable dans tous les secteurs de
notre vie collective.
Alors, ce matin, il y aura une motion du
Parti québécois qui va réaffirmer la question des seuils, la capacité d'accueil
du Québec. Et on en a discuté souvent, on espère que la CAQ sera d'accord avec
nous. Parce qu'on est en train de faire leur travail présentement. La motion
unanime, là, on va la demander pour eux, ce n'est pas la première fois. La
ministre se sent mal à l'aise quand vient le temps de demander ces questions-là.
D'ailleurs, c'est évacué, la question des temporaires, hein, du projet de loi
sur l'aménagement de l'immigration. Alors, c'est là qu'on est rendus, et...
Voilà. Oui, vas-y.
M. Arseneau : Moi, je voulais
revenir, si vous permettez, sur la DPJ. Vous savez que, la semaine dernière, la
bâtonnière a lancé publiquement un signal d'alarme comme quoi il fallait
trouver des solutions, parce que les délais étaient beaucoup trop longs,
notamment pour des ordonnances provisoires puis même pour des ordonnances
permanentes, les délais sont deux fois plus élevés. Les enfants, pendant ce
temps-là, sont négligés, sont ballottés.
Ce matin, je me suis réveillé en lisant l'article
de... la chronique de Mylène Moisan, du Soleil, qui en rajoute une
couche en disant qu'essentiellement il y a des intervenants de la DPJ qui vont
devant le juge et qui savent pertinemment que l'ordonnance du juge qu'ils
essaient d'obtenir ne sera pas respectée dans le placement des enfants, et qu'ils
l'avouent candidement lorsque questionnés, et que ces intervenants-là ont l'appui
de leur chef.
Alors, moi, je pose la question à Lionel
Carmant, qui continue de nous dire que, suite à la commission Laurent, il y a
beaucoup des recommandations qui ont été mises en place, les choses s'améliorent.
Moi, je veux savoir si ce qu'on nous explique, aujourd'hui, là, dans certains
cas, parce qu'il y a un cas, mais il y en a plusieurs autres qui sont relatés
dans l'article de ce matin... Est-ce que ce sont véritablement des cas
anecdotiques ou est-ce que ça fonctionne comme ça pour la protection de nos
enfants par les pouvoirs de l'État, aujourd'hui, au Québec, après toutes les
discussions, et toutes les rencontres, et les consultations, et tous les
engagements à mettre les enfants au cœur de nos priorités puis s'assurer de la
stabilité des enfants? Puis qu'on lit des choses encore comme ça, dans les
journaux, ça me scandalise.
M. Duval (Alexandre) : M.
Bérubé, sur l'immigration, c'est beaucoup les employeurs qui demandent cette
main-d'œuvre-là parce qu'on n'y arrive pas. Donc, je comprends que vous
voudriez une réaction plus ferme envers Ottawa, mais la réalité, c'est que les
employeurs en ont besoin, de ces gens-là. Qu'est-ce qu'on fait?
M. Bérubé : J'aimerais ça
savoir si la position du gouvernement du Québec a changé. Ils ont une position
préélectorale, puis postélectorale, ils ont complètement changé. Avant l'élection,
c'est la louisianisation, avant l'élection, c'est suicidaire. Une fois que
l'élection est passée, c'est pareil comme des libéraux, même affaire. Québec
solidaire, Parti libéral puis la CAQ, c'est la même affaire : il n'y en a
pas, de problème, tant qu'il y aura du monde, on va les accueillir. La vérité,
c'est que, dans le domaine scolaire, on nous dit qu'il faut aménager des
classes, on n'est pas capable. Dans les CPE, c'est la même affaire, dans le
groupe communautaire, le logement. On n'a pas cette capacité-là. Dire la
vérité, c'est de dire ces choses-là. Et le Québec, finalement, n'offre plus
aucune, je dirais, opposition à ça. Ce qu'on leur offre, c'est : prise de
conscience. Prise de conscience! Non, ça va prendre quelque chose de plus
énergique que ça, et la motion est un exemple.
M. Lacroix (Louis) : ...de
rechange, M. Bérubé...
M. Bérubé : Bien, on a un
exercice parlementaire qui ne tient pas compte des temporaires volontairement.
Alors...
M. Lacroix (Louis) : ...une
fois qu'on a dit ça, là, parce que ces gens-là sont ici pour travailler,
c'est... ils viennent ici pour faire des tâches dans différentes entreprises,
différentes régions du Québec...
M. Bérubé : Pas tous.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
une bonne partie, là. Alors, on les remplace comment, ces gens-là, alors qu'on
est déjà en pénurie de main-d'oeuvre?
M. Bérubé : Qu'on fasse le
débat là où ça compte. On a une commission parlementaire qui dit : On va
regarder, c'est-tu 50 000, c'est-tu 60 000? Pendant ce temps-là, il y
a un gros panneau qui affiche 471 000. Non, non, ne regardez pas là,
50 000, 60 000. La moindre des choses, c'est que l'exercice en cours
présentement, la commission parlementaire, tienne compte de ça, quitte à ce
qu'on recommence, mais on ne peut pas occulter le fait que toutes ces
personnes-là doivent se loger, doivent avoir accès, pour leurs enfants, à des
écoles. Je veux dire, c'est les groupes communautaires qui nous écrivent, qui
nous disent : Là, dites-le, s'il vous plaît, parce que, là, il n'y a
personne qui le dit, que nous, on n'est plus capables de bien faire les choses.
M. Laforest (Alain) : ...gros
investissements, aujourd'hui, privés, là, on parle de... où les gouvernements
vont investir énormément, là, on parle de peut-être 40 %... entre autres,
d'actions de l'entreprise. Ce n'est pas la première, là, il y a eu... Volta, il
y a eu des investissements, GM, il y a eu des investissements, Ford, il y a eu
des investissements. C'est quoi, la position du Parti québécois par rapport aux
investissements du gouvernement pour attirer des entreprises, bref
subventionner en partie des emplois, là?
M. Arseneau : Bien, moi, si
j'ai bien compris, là, le gouvernement s'apprête à offrir des milliards à une
entreprise multinationale, des milliards qu'il n'a pas pour la fonction
publique, pour la rénovation des hôpitaux, pour la rénovation des écoles, pour
la construction de logements. Il s'apprête à créer des milliers de jobs pour
des travailleurs qu'on n'a pas, fournir à la multinationale des quantités
d'énergie qu'on n'a pas et lui offrir des terres agricoles pour la phase 2,
des terres agricoles qu'on devrait conserver pour la souveraineté alimentaire. Alors,
moi, je pense que c'est un pari, c'est un pari qui est risqué. On jugera
l'arbre à ses fruits. Je dirais que M. Legault semble bien, bien
enthousiaste. Moi, je le suis pas mal moins.
M. Laforest (Alain) : Un des
arguments de M. Legault, c'est qu'il... bon, il le dit, là, il l'a dit,
entre autres, pour ce qui se passe à Bécancour, il va y avoir du déplacement de
main-d'oeuvre, là, des gens qui travaillent à 25 vont se faire offrir 40, 50.
Donc, on peut imaginer qu'avec 3 000 à 4 000 emplois à
McMasterville et Saint-Basile-le-Grand il va y avoir du transfert de
main-d'oeuvre aussi, mais ce qu'il ne cesse pas de dire, c'est que c'est des
emplois payants, là, je reprends ses mots.
M. Arseneau : Oui, bien, moi
aussi, je pense qu'il va y avoir une perturbation du marché de l'emploi si les
promesses qui sont avancées se réalisent. On pourrait aussi parler du logement,
qui n'est pas disponible, dans la région, pour les 4 000 travailleurs
qu'on veut attirer probablement d'autres entreprises. On crée des pénuries
ailleurs, dans des emplois qui sont moins bien payés, les services,
vraisemblablement, et pourquoi pas des gens du secteur public, qui, comme on a
vu, dans certains cas anecdotiques, là, dans les journaux, des gens qui
quittent la fonction publique pour aller travailler dans des entreprises moins
bien payées mais avec des conditions qui sont plus favorables pour la
conciliation travail-famille, par exemple.
M. Lacroix (Louis) : ...vous
voyez juste des inconvénients, de ce que je comprends, vous ne voyez pas
d'avantage.
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est que moi, j'émets un certain nombre de réserves, et puis c'est au
gouvernement de nous démontrer que son projet, il est véritablement porteur
pour le Québec et pour les Québécois. Pendant qu'on rêve à des entreprises qui
vont construire davantage de voitures avec des batteries électriques, qu'en
est-il de l'objectif de réduire nos gaz à effet de serre de 37,5 % d'ici
2030, tu sais? Il y a un peu d'écoblanchiment aussi dans ce projet-là, là.
On est évidemment pour la filière
électrique, mais, à un moment donné, est-ce que c'est en produisant un point...
tu sais, 175 térawattheures de plus d'électricité qu'on est vraiment dans
la bonne direction, là, pour atteindre nos objectifs, alors qu'on ne fait rien
pour le bâtiment, on ne fait rien pour le transport lourd? On a 60 % des
moyens pour atteindre les objectifs 2030 sur le plan environnemental.
Donc, oui, beaucoup de réserves. Et puis la démonstration, là, des gains pour
le Québec, bien, c'est au gouvernement de le faire, puis on verra dans
10 ans.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous, vous ne voyez aucun avantage.
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est que je pense que...
M. Lacroix (Louis) : Vous
n'êtes pas capable d'en trouver.
M. Arseneau : Bien, c'est
parce qu'on nous promet, comment dire, un développement économique dans une
nouvelle filière, puis on n'a pas, évidemment, aucune garantie que ça va se
réaliser de la façon dont le gouvernement le prévoit. Et il y a beaucoup... ce
que j'ai mentionné, c'est qu'il y a beaucoup d'éléments, là, qui font planer un
doute sur le réalisme des propositions gouvernementales.
M. Duval (Alexandre) : En quoi
c'est de l'écoblanchiment que d'investir dans la filière batterie,
M. Arseneau?
M. Arseneau : Non, c'est
parce que ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas uniquement en développant
la filière batterie que l'on va atteindre nos objectifs de réduction de gaz à
effet de serre. Et, dans le discours gouvernemental, c'est comme si on disait :
Ne vous inquiétez pas, le Québec est dans la bonne direction, on va avoir une
filière batterie, on va mettre des voitures électriques pour remplacer les
voitures à essence, et le tour est joué. On va avoir l'occasion d'en discuter,
j'espère, au cours des prochaines semaines, mais il y a très loin de la coupe
aux lèvres en matière d'atteindre les objectifs que s'est lui-même fixés le
gouvernement, qui sont déjà peu ambitieux. Il n'y a pas de cible intermédiaire,
il n'y a pas de cible sectorielle. Mais c'est qu'en martelant le discours de la
filière batterie on donne à penser aux Québécois qu'il n'y aura pas d'effort à
faire, que tout est beau sous le soleil, les comportements vont rester les
mêmes, y compris au gouvernement. On n'est pas de cet avis.
M. Carabin (François) : Pour
revenir à l'immigration, M. Bérubé, vous avez dit, tantôt, que
l'immigration temporaire est en train d'aménager notre minorisation...
M. Bérubé : Le français. Je
n'ai pas assez parlé. Le français, notamment. Quelles sont les garanties qu'on
a sur l'apprentissage du français, sur les ressources disponibles? C'est clair,
je veux dire, j'utilise juste des mots moins catastrophistes que M. Legault,
qui parle de louisianisation, qui parle de suicide, moi, je dis qu'on aménage
notre minorisation au plan linguistique, notamment. Alors, c'est le morceau qui
manquait, tout à l'heure, que je n'ai pas dit, au plan du français.
Écoutez, il y a... le Commissaire à la
langue française est venu dire... nommé par la CAQ, totalement indépendant, là,
pas comme si on nommait quelqu'un à la tête d'un comité de sages qui est au
Conseil des ministres, là, quelqu'un totalement indépendant, O.K., qui dit :
Si vous voulez augmenter au-delà de 50 000 les permanents, il faut qu'il y
ait 85 % qui parlent français, qui a une connaissance suffisante du
français. Ça, c'est la meilleure instance possible pour guider le gouvernement.
Là, on n'a même pas parlé des temporaires encore, qui peuvent renouveler à
l'infini, hein, au Québec, ça peut être deux ans, trois ans, quatre ans, cinq
ans. Quelle langue parlent-ils? Est-ce qu'on a vraiment un contrôle là-dessus?
Alors, c'est de ça que je parle.
M. Carabin (François) : Je
veux juste être sûr, parce qu'hier on a... vous avez désinvité un penseur de
droite qui parlait de théorie du grand remplacement. Je veux juste m'assurer...
bien, en fait, je voudrais voir avec vous...
M. Bérubé : Je cherche où vous
vous en allez, là-dessus, là, soyez prudent.
M. Carabin (François) : Non,
mais ce que vous dites, là, est-ce que ça ne pourrait pas s'apparenter...
M. Bérubé : Non, je vous
arrête tout de suite, ça n'a rien à voir sur notre propos.
M. Carabin (François) : En
quoi?
M. Bérubé : Ça n'a rien à
voir. Ce que vous évoquez là n'est pas les propos qui sont utilisés par le
Parti québécois. L'expression que vous avez utilisée n'a jamais été utilisée
par nous.
M. Duval (Alexandre) : ...le
mémoire d'Alexandre Cormier-Denis?
M. Bérubé : Celui-là, non.
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
que ça n'aurait pas été judicieux de lire quelles sont les idées qu'il venait
véhiculer dans le cadre de cette commission-là avant de dire : Bien, on
l'a invité, finalement on le désinvite?
M. Bérubé : La décision a été
prise d'un commun accord, on était plus d'accord que les autres, mais d'un
commun accord.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
hier, justement, par rapport à ça, vous avez sans doute vu ce que M. Jolin-Barrette
a dit à votre propos, là.
M. Bérubé : Oui, ce n'est pas
la première fois.
Mme Lévesque (Fanny) : Il dit
que, dès l'été, le gouvernement a comme levé le drapeau rouge par rapport à cet
invité-là et que personne n'a dit, finalement, qu'il y avait un problème, y
compris le Parti québécois. Est-ce que c'est vrai ou...
M. Bérubé : Bien, c'est faux.
Lui, il n'a pas de preuve, moi, j'en ai une que j'ai envoyée à plusieurs de vos
collègues, qui l'ont reçue. Il y a un nombre x de groupes, ils nous disent :
Il y a trop de groupes, il faut en retrancher. On produit une nouvelle fiche,
qu'on a envoyée le 28 août dernier, qu'on vous fournira au besoin, qui dit :
Voici les groupes. Celui-là, cet individu-là ne s'y retrouve pas. Cette
preuve-là existe, alors...
Mme Lévesque (Fanny) : ...d'autres
efforts que de dire seulement : On coupe la liste, il y a trop de monde,
là. Il n'y a pas eu de... Est-ce qu'on a pointé cet individu-là du côté du
gouvernement?
M. Bérubé : Je ne sais pas,
mais nous, on l'a fait. Alors, pourquoi qu'il dit ça? Là, je veux dire, en
matière de justice, j'ai... Ça, c'est celui qui est ministre de la Justice qui
envoie ce genre d'accusation là. Juste dire... je veux juste faire un petit
crochet en disant : C'est-tu juste moi puis la communauté juridique qui
s'ennuie de Sonia LeBel? Tu sais, hier, on a posé des questions en justice,
trois, le premier ministre s'est levé pour une seule, il a une confiance très
aveugle en son ministre de la Justice. J'aimerais ça qu'il regarde aussi ce qui
se passe en justice. Joël l'a évoqué sur la DPJ, il y a une réflexion à avoir
sur qui gère la justice au Québec. Puis en plus le poste de leader, ça ne va
pas très bien. J'invite le premier ministre à se soucier de ça aussi.
M. Bellerose (Patrick) : ...vous
êtes mal à l'aise que Mme Roy dirige... préside le comité?
M. Bérubé : On est étonnés.
On en a parlé, ce matin, j'ai dit : Bon, ça va être quelqu'un
d'indépendant qui va donner un regard extérieur. On est juste étonnés que ça soit
une ressource interne.
M. Bellerose (Patrick) : ...dirige
les travaux?
M. Bérubé : Bien, je veux
dire, ça sera... Il y a un avantage à nommer quelqu'un qui vient de l'extérieur,
c'est qu'il va nous donner un regard qui est totalement indépendant. J'ai de la
misère à croire, en tout respect pour les qualités humaines exceptionnelles de
Mme Roy, que je connais depuis longtemps, qu'elle n'est pas indépendante
du gouvernement. À tous les mercredis, elle est au Conseil des ministres.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
M. Lacroix (Louis) : J'aurais
une petite dernière question. C'est juste... hier, il y a eu un événement
qui... les policiers ont fait feu sur quelqu'un qui a menacé le premier
ministre, et M. Trudeau et M. Legault. D'abord, est-ce qu'il y a eu
des menaces à l'égard... Est-ce que vous avez noté, auprès de M. St-Pierre
Plamondon, auprès de vous-mêmes, les députés, une hausse, une augmentation du
nombre de menaces? Et comment vous réagissez à...
M. Bérubé : Bon, écoutez, toujours
faire attention à ce qu'on évoque. Durant la campagne électorale, la dernière,
pour avoir été près de l'autobus, comme vous dans bien des cas, on sait qu'il y
a eu une augmentation du nombre de menaces à l'égard des chefs de façon
générale, beaucoup manifestées sur les réseaux sociaux. Il n'y a aucune
hésitation, là, dès qu'il y a une menace, il faut prendre les choses très au
sérieux. Je suis désolé que les premiers ministres Trudeau et Legault aient
reçu ce tel... ce genre de menace, pour leurs familles également, ils n'ont pas
à vivre ça, puis pour tous les parlementaires aussi.
On vit dans un monde dangereux où il y a
une polarisation qui s'exprime, puis il y a des gens qui disent des choses qui
sont très préjudiciables. Moi, j'ai eu à porter plainte à deux reprises, là,
dans les dernières années, pour menaces de mort à mon égard puis à l'égard de
ma conjointe. Il y a une personne qui s'est rendue au poste de police. L'autre,
bon, je ne peux pas en dire plus compte tenu de certaines procédures, mais c'est
très sérieux, ces affaires-là. Moi, ça fait 16 ans que je suis ici, je
dirais que les trois dernières années sont les pires, là, c'est clair.
M. Lacroix (Louis) : Ah oui? Vous
notez...
M. Bérubé : Facilement,
facilement.
M. Lacroix (Louis) : À cause
de l'émergence des médias sociaux...
M. Bérubé : À cause des
réseaux sociaux. C'est que les messages se rendent directement. Je ne sais pas
si, Joël, tu as observé ça pendant la pandémie, mais les gens peuvent nous
écrire directement, puis ils pensent qu'il y a une impunité puis parfois se
glorifient de dire qu'eux, ils vont plus loin que d'autres à l'égard des élus.
Moi, je trouve que c'est très préoccupant, et on n'a pas à vivre ça. On fait
notre travail du mieux qu'on peut. Puis on est une démocratie, hein, les gens
peuvent voter, les gens peuvent s'exprimer, puis on les écoute quand ils nous
écrivent.
Mme Senay (Cathy) :Mr. Arseneau, I just would like to hear you about Northvolt. Is it a good risk or a bad risk
to see the Legault Government
multiplying the billion dollars?
M. Arseneau : It's certainly a strong risk. We're investing billions of dollars
that we say we don't have for the public sector, we don't have for schools, we
don't have for health, we don't have for lodging. We're promising electricity
that we don't have. We're also creating jobs for workers that we don't have. And
we're also admitting that they've bought, you know, agricultural land that should be protected and we're promising
that it's going to be good for Québec in the long term.
So, it's just wait and see, so we have to believe the promises by both
governments, but we have a certain number of, you know, questions or doubts.
Mme Senay (Cathy) : Because there is a very tight competition with the U.S., for
example, to make sure that... convince those companies such as Northvolt to
build their plant here. So, I mean, it's fair game.
M. Arseneau :
It's fair game when we are in competition for good reasons. The questions that
we could ask is : What if we weren't in this industry? What would Québec
look like in 10 years, you know? How bad would it be for the economy, for
the Québec people or for the job market? This is... You know, can we foresee
Québec without this, you know, industry? And what are we missing, you know? You
know, lots of countries will not have that. So, I'm just questioning, you know,
out loud. If we're not there, what does it change really, considering all of what
we have to invest into this new file?
And comparing it with the
dams that we built in the 60s is, you know, outrageous. You know, electricity
is used by Québec, Quebeckers every single day. It's something that's... a
clean source of energy that we needed and we're going to be needing even more in
the years to come. That's the kind of questions that we have. It's a lot of
energy spent in this file, and we're not sure, you know, whether it's going to
work or not, or what kind of effect it will have on the job market too. Where
are we going to take these workers? They are going to be better paid. What
about the rest of the industries looking for workers that they can't pay the same amount as multinational? So, all sorts of
questions, but we'll hear them out today.
Mme Mignacca (Franca
G.) : On the temporary immigrants,
Mr. Bérubé, we've heard some, you know, business owners saying that... and some municipalities
as well saying that without these workers... without these immigrants, they
don't have enough workers. What would you suggest, then, as a solution for the
labor shortage?
M.
Bérubé
:
Well, that's way too much. We don't have the capacity with the housing, with
the school, with the CPE, it's way too much. And we have a debate, right now,
in the National Assembly, about those topics, and the CAQ Government decides
that that's not important, we should focus on the permanent immigrants. And,
even if we have this number, it's like : look away, we don't have any
power on this, so let's be open about this.
We said : The truth
is, if we don't have the capacity to make sure that people are happy in Québec,
they have all the services they deserve, to be Quebeckers like us, like every
single Quebecker, you're part of the adventure... We want to make sure that
you're happy, your kids go into school, they have services, they can learn
French, but we don't have those capacities right now. So, this is what I put
forward.
And the reaction of the
CAQ Government is like... I hope they have... their conscience is going to be
working, because that's not really acceptable. Well, that's way different that
when Premier Legault said that's suicidal and that's Québec going to
louisianisation. So, I don't know what's the position of Québec... of the CAQ
Government on immigration, but, before the campaign, it was way too much, after
it's like : that's the way we work in Canada, so let's accept it. We don't
accept it.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But, if we don't have the capacity to accept more people, do you
have alternative solutions for the labor shortage?
M.
Bérubé
:
Let's do the debate. We have a bunch of specialists coming to National Assembly
writing memoirs. Let's be honest about that, let's talk about the temporary
immigrants. That's the way it should work. Right now, it's just like :
50,000 or 60,000, what do you want? It's about the big picture, and this is why
we find that we miss something very important about the future of Québec and
about the French language as well.
M. Laforest (Alain) : M. Arseneau,
on vient juste d'apprendre, là, que la Santé publique va diffuser sa conférence
de presse sur Facebook concernant la vaccination. Est-ce qu'on peut avoir une
réflexion là-dessus?
M. Arseneau : Bien, c'est
bien que la Santé publique tienne une conférence de presse. Souvenez-vous qu'on
pouvait mobiliser les grands médias pour rejoindre les gens. Là, j'imagine que
la question c'est à savoir est-ce que c'est une bonne idée d'utiliser la
plateforme de Meta. Écoutez, est-ce qu'ils doivent payer pour le faire? Est-ce
qu'ils engraissent, encore une fois, là, les revenus de Meta? Moi, il faudrait
qu'on pose la question. Est-ce que c'est gratuit? Est-ce que... Nous, on essaie
de ne plus faire aucune publication...
M. Laforest (Alain) : ...gouvernemental.
M. Arseneau : Exactement.
Alors, je pense qu'à l'heure actuelle le boycott portait surtout sur la
sponsorisation puis sur les frais que ça encourt pour faire des publications.
Je... On va prendre ça en délibéré, mais, si on a une prochaine étape à
franchir, en tant que parti politique et en tant qu'État du Québec, sur le
bannissement complet de la sphère publique de Meta, je pense qu'on pourra le
faire, ce débat-là. Actuellement, on n'est pas rendus là.
M. Bérubé : Juste partager
une petite réflexion qu'on a eue ensemble. Lundi, on pourra faire le bilan de
l'utilisation effrénée de Meta par Québec solidaire, parce qu'on a réalisé
qu'il y a, je pense, jusqu'à neuf publicités qui roulent présentement sur Meta,
tandis qu'on n'en a aucune, et ça ne nous empêche pas de faire une belle
campagne, de rejoindre les gens, d'aller cogner à leurs portes. Alors,
peut-être qu'on pourra faire ensemble un bilan de cette obligation d'encourager
Meta quand on fait de la politique. Je pense qu'on est en train de démontrer
qu'avec beaucoup de gens puis avec de la créativité on est capable de faire les
choses autrement puis de respecter les artisans de l'information qui sont
devant nous. Merci.
(Fin à 8 h 24)