43rd Legislature

Transcription

Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de sports, de loisirs et de plein air, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques

Version finale

Le Thursday 28 September 2023, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures une minute)

M. Bérubé : Aujourd'hui, je veux vous parler d'immigration. Statistique Canada nous apprend une nouvelle très importante, il y a 471 000 résidents non permanents au Québec. Ça, c'est les chiffres de juillet. C'est neuf fois plus que le nombre d'immigrants permanents. Alors là, on est en train d'aménager notre minorisation. Là, le débat, en commission, c'est : c'est-tu 50 000 immigrants, c'est-tu 60 000? Non, 471 000 temporaires. Le Québec n'a pas la capacité d'accueillir 471 000 temporaires, que ça soit pour le logement, que ça soit pour les écoles, que ça soit pour les services, pour que les gens puissent être heureux ici, vivent convenablement au Québec. Et la vérité exige de dire ça, exige de dire que le Québec doit être capable d'accueillir convenablement les gens qui choisissent l'aventure québécoise.

Sauf que ce n'est pas nous autres qui décident. Alors, on se retrouve dans une situation où on a une commission parlementaire, on écoute les groupes. Vous autres, c'est-tu plus 50 000 ou 60 000, qu'on se fasse une tête? Pendant ce temps-là, là, les vraies affaires, elles se passent à Ottawa. C'est 471 000, puis vous n'avez rien à dire là-dessus. Puis ce qui est le plus déplorable, quelle est la réaction du gouvernement de la CAQ qui disait : En haut de 50 000, c'est suicidaire, en haut de 50 000, c'est la louisianisation du Québec si on n'a pas les pouvoirs? La réplique, c'est... attention, là, j'aime autant avertir d'avance, les mots sont durs : on invite Ottawa à une prise de conscience, on est surpris, ça mérite une réflexion et une prise de conscience. Ça, c'est la réaction de la CAQ au fait que le gouvernement fédéral nous impose un nombre beaucoup trop élevé de temporaires, qui aura un impact considérable dans tous les secteurs de notre vie collective.

Alors, ce matin, il y aura une motion du Parti québécois qui va réaffirmer la question des seuils, la capacité d'accueil du Québec. Et on en a discuté souvent, on espère que la CAQ sera d'accord avec nous. Parce qu'on est en train de faire leur travail présentement. La motion unanime, là, on va la demander pour eux, ce n'est pas la première fois. La ministre se sent mal à l'aise quand vient le temps de demander ces questions-là. D'ailleurs, c'est évacué, la question des temporaires, hein, du projet de loi sur l'aménagement de l'immigration. Alors, c'est là qu'on est rendus, et... Voilà. Oui, vas-y.

M. Arseneau : Moi, je voulais revenir, si vous permettez, sur la DPJ. Vous savez que, la semaine dernière, la bâtonnière a lancé publiquement un signal d'alarme comme quoi il fallait trouver des solutions, parce que les délais étaient beaucoup trop longs, notamment pour des ordonnances provisoires puis même pour des ordonnances permanentes, les délais sont deux fois plus élevés. Les enfants, pendant ce temps-là, sont négligés, sont ballottés.

Ce matin, je me suis réveillé en lisant l'article de... la chronique de Mylène Moisan, du Soleil, qui en rajoute une couche en disant qu'essentiellement il y a des intervenants de la DPJ qui vont devant le juge et qui savent pertinemment que l'ordonnance du juge qu'ils essaient d'obtenir ne sera pas respectée dans le placement des enfants, et qu'ils l'avouent candidement lorsque questionnés, et que ces intervenants-là ont l'appui de leur chef.

Alors, moi, je pose la question à Lionel Carmant, qui continue de nous dire que, suite à la commission Laurent, il y a beaucoup des recommandations qui ont été mises en place, les choses s'améliorent. Moi, je veux savoir si ce qu'on nous explique, aujourd'hui, là, dans certains cas, parce qu'il y a un cas, mais il y en a plusieurs autres qui sont relatés dans l'article de ce matin... Est-ce que ce sont véritablement des cas anecdotiques ou est-ce que ça fonctionne comme ça pour la protection de nos enfants par les pouvoirs de l'État, aujourd'hui, au Québec, après toutes les discussions, et toutes les rencontres, et les consultations, et tous les engagements à mettre les enfants au cœur de nos priorités puis s'assurer de la stabilité des enfants? Puis qu'on lit des choses encore comme ça, dans les journaux, ça me scandalise.

M. Duval (Alexandre) : M. Bérubé, sur l'immigration, c'est beaucoup les employeurs qui demandent cette main-d'œuvre-là parce qu'on n'y arrive pas. Donc, je comprends que vous voudriez une réaction plus ferme envers Ottawa, mais la réalité, c'est que les employeurs en ont besoin, de ces gens-là. Qu'est-ce qu'on fait?

M. Bérubé : J'aimerais ça savoir si la position du gouvernement du Québec a changé. Ils ont une position préélectorale, puis postélectorale, ils ont complètement changé. Avant l'élection, c'est la louisianisation, avant l'élection, c'est suicidaire. Une fois que l'élection est passée, c'est pareil comme des libéraux, même affaire. Québec solidaire, Parti libéral puis la CAQ, c'est la même affaire : il n'y en a pas, de problème, tant qu'il y aura du monde, on va les accueillir. La vérité, c'est que, dans le domaine scolaire, on nous dit qu'il faut aménager des classes, on n'est pas capable. Dans les CPE, c'est la même affaire, dans le groupe communautaire, le logement. On n'a pas cette capacité-là. Dire la vérité, c'est de dire ces choses-là. Et le Québec, finalement, n'offre plus aucune, je dirais, opposition à ça. Ce qu'on leur offre, c'est : prise de conscience. Prise de conscience! Non, ça va prendre quelque chose de plus énergique que ça, et la motion est un exemple.

M. Lacroix (Louis) : ...de rechange, M. Bérubé...

M. Bérubé : Bien, on a un exercice parlementaire qui ne tient pas compte des temporaires volontairement. Alors...

M. Lacroix (Louis) : ...une fois qu'on a dit ça, là, parce que ces gens-là sont ici pour travailler, c'est... ils viennent ici pour faire des tâches dans différentes entreprises, différentes régions du Québec...

M. Bérubé : Pas tous.

M. Lacroix (Louis) : Bien, une bonne partie, là. Alors, on les remplace comment, ces gens-là, alors qu'on est déjà en pénurie de main-d'oeuvre?

M. Bérubé : Qu'on fasse le débat là où ça compte. On a une commission parlementaire qui dit : On va regarder, c'est-tu 50 000, c'est-tu 60 000? Pendant ce temps-là, il y a un gros panneau qui affiche 471 000. Non, non, ne regardez pas là, 50 000, 60 000. La moindre des choses, c'est que l'exercice en cours présentement, la commission parlementaire, tienne compte de ça, quitte à ce qu'on recommence, mais on ne peut pas occulter le fait que toutes ces personnes-là doivent se loger, doivent avoir accès, pour leurs enfants, à des écoles. Je veux dire, c'est les groupes communautaires qui nous écrivent, qui nous disent : Là, dites-le, s'il vous plaît, parce que, là, il n'y a personne qui le dit, que nous, on n'est plus capables de bien faire les choses.

M. Laforest (Alain) : ...gros investissements, aujourd'hui, privés, là, on parle de... où les gouvernements vont investir énormément, là, on parle de peut-être 40 %... entre autres, d'actions de l'entreprise. Ce n'est pas la première, là, il y a eu... Volta, il y a eu des investissements, GM, il y a eu des investissements, Ford, il y a eu des investissements. C'est quoi, la position du Parti québécois par rapport aux investissements du gouvernement pour attirer des entreprises, bref subventionner en partie des emplois, là?

M. Arseneau : Bien, moi, si j'ai bien compris, là, le gouvernement s'apprête à offrir des milliards à une entreprise multinationale, des milliards qu'il n'a pas pour la fonction publique, pour la rénovation des hôpitaux, pour la rénovation des écoles, pour la construction de logements. Il s'apprête à créer des milliers de jobs pour des travailleurs qu'on n'a pas, fournir à la multinationale des quantités d'énergie qu'on n'a pas et lui offrir des terres agricoles pour la phase 2, des terres agricoles qu'on devrait conserver pour la souveraineté alimentaire. Alors, moi, je pense que c'est un pari, c'est un pari qui est risqué. On jugera l'arbre à ses fruits. Je dirais que M. Legault semble bien, bien enthousiaste. Moi, je le suis pas mal moins.

M. Laforest (Alain) : Un des arguments de M. Legault, c'est qu'il... bon, il le dit, là, il l'a dit, entre autres, pour ce qui se passe à Bécancour, il va y avoir du déplacement de main-d'oeuvre, là, des gens qui travaillent à 25 vont se faire offrir 40, 50. Donc, on peut imaginer qu'avec 3 000 à 4 000 emplois à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand il va y avoir du transfert de main-d'oeuvre aussi, mais ce qu'il ne cesse pas de dire, c'est que c'est des emplois payants, là, je reprends ses mots.

M. Arseneau : Oui, bien, moi aussi, je pense qu'il va y avoir une perturbation du marché de l'emploi si les promesses qui sont avancées se réalisent. On pourrait aussi parler du logement, qui n'est pas disponible, dans la région, pour les 4 000 travailleurs qu'on veut attirer probablement d'autres entreprises. On crée des pénuries ailleurs, dans des emplois qui sont moins bien payés, les services, vraisemblablement, et pourquoi pas des gens du secteur public, qui, comme on a vu, dans certains cas anecdotiques, là, dans les journaux, des gens qui quittent la fonction publique pour aller travailler dans des entreprises moins bien payées mais avec des conditions qui sont plus favorables pour la conciliation travail-famille, par exemple.

M. Lacroix (Louis) : ...vous voyez juste des inconvénients, de ce que je comprends, vous ne voyez pas d'avantage.

M. Arseneau : Bien, en fait, c'est que moi, j'émets un certain nombre de réserves, et puis c'est au gouvernement de nous démontrer que son projet, il est véritablement porteur pour le Québec et pour les Québécois. Pendant qu'on rêve à des entreprises qui vont construire davantage de voitures avec des batteries électriques, qu'en est-il de l'objectif de réduire nos gaz à effet de serre de 37,5 % d'ici 2030, tu sais? Il y a un peu d'écoblanchiment aussi dans ce projet-là, là.

On est évidemment pour la filière électrique, mais, à un moment donné, est-ce que c'est en produisant un point... tu sais, 175 térawattheures de plus d'électricité qu'on est vraiment dans la bonne direction, là, pour atteindre nos objectifs, alors qu'on ne fait rien pour le bâtiment, on ne fait rien pour le transport lourd? On a 60 % des moyens pour atteindre les objectifs 2030 sur le plan environnemental. Donc, oui, beaucoup de réserves. Et puis la démonstration, là, des gains pour le Québec, bien, c'est au gouvernement de le faire, puis on verra dans 10 ans.

M. Lacroix (Louis) : Mais vous, vous ne voyez aucun avantage.

M. Arseneau : Bien, en fait, c'est que je pense que...

M. Lacroix (Louis) : Vous n'êtes pas capable d'en trouver.

M. Arseneau : Bien, c'est parce qu'on nous promet, comment dire, un développement économique dans une nouvelle filière, puis on n'a pas, évidemment, aucune garantie que ça va se réaliser de la façon dont le gouvernement le prévoit. Et il y a beaucoup... ce que j'ai mentionné, c'est qu'il y a beaucoup d'éléments, là, qui font planer un doute sur le réalisme des propositions gouvernementales.

M. Duval (Alexandre) : En quoi c'est de l'écoblanchiment que d'investir dans la filière batterie, M. Arseneau?

M. Arseneau : Non, c'est parce que ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas uniquement en développant la filière batterie que l'on va atteindre nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Et, dans le discours gouvernemental, c'est comme si on disait : Ne vous inquiétez pas, le Québec est dans la bonne direction, on va avoir une filière batterie, on va mettre des voitures électriques pour remplacer les voitures à essence, et le tour est joué. On va avoir l'occasion d'en discuter, j'espère, au cours des prochaines semaines, mais il y a très loin de la coupe aux lèvres en matière d'atteindre les objectifs que s'est lui-même fixés le gouvernement, qui sont déjà peu ambitieux. Il n'y a pas de cible intermédiaire, il n'y a pas de cible sectorielle. Mais c'est qu'en martelant le discours de la filière batterie on donne à penser aux Québécois qu'il n'y aura pas d'effort à faire, que tout est beau sous le soleil, les comportements vont rester les mêmes, y compris au gouvernement. On n'est pas de cet avis.

M. Carabin (François) : Pour revenir à l'immigration, M. Bérubé, vous avez dit, tantôt, que l'immigration temporaire est en train d'aménager notre minorisation...

M. Bérubé : Le français. Je n'ai pas assez parlé. Le français, notamment. Quelles sont les garanties qu'on a sur l'apprentissage du français, sur les ressources disponibles? C'est clair, je veux dire, j'utilise juste des mots moins catastrophistes que M. Legault, qui parle de louisianisation, qui parle de suicide, moi, je dis qu'on aménage notre minorisation au plan linguistique, notamment. Alors, c'est le morceau qui manquait, tout à l'heure, que je n'ai pas dit, au plan du français.

Écoutez, il y a... le Commissaire à la langue française est venu dire... nommé par la CAQ, totalement indépendant, là, pas comme si on nommait quelqu'un à la tête d'un comité de sages qui est au Conseil des ministres, là, quelqu'un totalement indépendant, O.K., qui dit : Si vous voulez augmenter au-delà de 50 000 les permanents, il faut qu'il y ait 85 % qui parlent français, qui a une connaissance suffisante du français. Ça, c'est la meilleure instance possible pour guider le gouvernement. Là, on n'a même pas parlé des temporaires encore, qui peuvent renouveler à l'infini, hein, au Québec, ça peut être deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans. Quelle langue parlent-ils? Est-ce qu'on a vraiment un contrôle là-dessus? Alors, c'est de ça que je parle.

M. Carabin (François) : Je veux juste être sûr, parce qu'hier on a... vous avez désinvité un penseur de droite qui parlait de théorie du grand remplacement. Je veux juste m'assurer... bien, en fait, je voudrais voir avec vous...

M. Bérubé : Je cherche où vous vous en allez, là-dessus, là, soyez prudent.

M. Carabin (François) : Non, mais ce que vous dites, là, est-ce que ça ne pourrait pas s'apparenter...

M. Bérubé : Non, je vous arrête tout de suite, ça n'a rien à voir sur notre propos.

M. Carabin (François) : En quoi?

M. Bérubé : Ça n'a rien à voir. Ce que vous évoquez là n'est pas les propos qui sont utilisés par le Parti québécois. L'expression que vous avez utilisée n'a jamais été utilisée par nous.

M. Duval (Alexandre) : ...le mémoire d'Alexandre Cormier-Denis?

M. Bérubé : Celui-là, non.

M. Duval (Alexandre) : Est-ce que ça n'aurait pas été judicieux de lire quelles sont les idées qu'il venait véhiculer dans le cadre de cette commission-là avant de dire : Bien, on l'a invité, finalement on le désinvite?

M. Bérubé : La décision a été prise d'un commun accord, on était plus d'accord que les autres, mais d'un commun accord.

Mme Lévesque (Fanny) : Mais hier, justement, par rapport à ça, vous avez sans doute vu ce que M. Jolin-Barrette a dit à votre propos, là.

M. Bérubé : Oui, ce n'est pas la première fois.

Mme Lévesque (Fanny) : Il dit que, dès l'été, le gouvernement a comme levé le drapeau rouge par rapport à cet invité-là et que personne n'a dit, finalement, qu'il y avait un problème, y compris le Parti québécois. Est-ce que c'est vrai ou...

M. Bérubé : Bien, c'est faux. Lui, il n'a pas de preuve, moi, j'en ai une que j'ai envoyée à plusieurs de vos collègues, qui l'ont reçue. Il y a un nombre x de groupes, ils nous disent : Il y a trop de groupes, il faut en retrancher. On produit une nouvelle fiche, qu'on a envoyée le 28 août dernier, qu'on vous fournira au besoin, qui dit : Voici les groupes. Celui-là, cet individu-là ne s'y retrouve pas. Cette preuve-là existe, alors...

Mme Lévesque (Fanny) : ...d'autres efforts que de dire seulement : On coupe la liste, il y a trop de monde, là. Il n'y a pas eu de... Est-ce qu'on a pointé cet individu-là du côté du gouvernement?

M. Bérubé : Je ne sais pas, mais nous, on l'a fait. Alors, pourquoi qu'il dit ça? Là, je veux dire, en matière de justice, j'ai... Ça, c'est celui qui est ministre de la Justice qui envoie ce genre d'accusation là. Juste dire... je veux juste faire un petit crochet en disant : C'est-tu juste moi puis la communauté juridique qui s'ennuie de Sonia LeBel? Tu sais, hier, on a posé des questions en justice, trois, le premier ministre s'est levé pour une seule, il a une confiance très aveugle en son ministre de la Justice. J'aimerais ça qu'il regarde aussi ce qui se passe en justice. Joël l'a évoqué sur la DPJ, il y a une réflexion à avoir sur qui gère la justice au Québec. Puis en plus le poste de leader, ça ne va pas très bien. J'invite le premier ministre à se soucier de ça aussi.

M. Bellerose (Patrick) : ...vous êtes mal à l'aise que Mme Roy dirige... préside le comité?

M. Bérubé : On est étonnés. On en a parlé, ce matin, j'ai dit : Bon, ça va être quelqu'un d'indépendant qui va donner un regard extérieur. On est juste étonnés que ça soit une ressource interne.

M. Bellerose (Patrick) : ...dirige les travaux?

M. Bérubé : Bien, je veux dire, ça sera... Il y a un avantage à nommer quelqu'un qui vient de l'extérieur, c'est qu'il va nous donner un regard qui est totalement indépendant. J'ai de la misère à croire, en tout respect pour les qualités humaines exceptionnelles de Mme Roy, que je connais depuis longtemps, qu'elle n'est pas indépendante du gouvernement. À tous les mercredis, elle est au Conseil des ministres.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

M. Lacroix (Louis) : J'aurais une petite dernière question. C'est juste... hier, il y a eu un événement qui... les policiers ont fait feu sur quelqu'un qui a menacé le premier ministre, et M. Trudeau et M. Legault. D'abord, est-ce qu'il y a eu des menaces à l'égard... Est-ce que vous avez noté, auprès de M. St-Pierre Plamondon, auprès de vous-mêmes, les députés, une hausse, une augmentation du nombre de menaces? Et comment vous réagissez à...

M. Bérubé : Bon, écoutez, toujours faire attention à ce qu'on évoque. Durant la campagne électorale, la dernière, pour avoir été près de l'autobus, comme vous dans bien des cas, on sait qu'il y a eu une augmentation du nombre de menaces à l'égard des chefs de façon générale, beaucoup manifestées sur les réseaux sociaux. Il n'y a aucune hésitation, là, dès qu'il y a une menace, il faut prendre les choses très au sérieux. Je suis désolé que les premiers ministres Trudeau et Legault aient reçu ce tel... ce genre de menace, pour leurs familles également, ils n'ont pas à vivre ça, puis pour tous les parlementaires aussi.

On vit dans un monde dangereux où il y a une polarisation qui s'exprime, puis il y a des gens qui disent des choses qui sont très préjudiciables. Moi, j'ai eu à porter plainte à deux reprises, là, dans les dernières années, pour menaces de mort à mon égard puis à l'égard de ma conjointe. Il y a une personne qui s'est rendue au poste de police. L'autre, bon, je ne peux pas en dire plus compte tenu de certaines procédures, mais c'est très sérieux, ces affaires-là. Moi, ça fait 16 ans que je suis ici, je dirais que les trois dernières années sont les pires, là, c'est clair.

M. Lacroix (Louis) : Ah oui? Vous notez...

M. Bérubé : Facilement, facilement.

M. Lacroix (Louis) : À cause de l'émergence des médias sociaux...

M. Bérubé : À cause des réseaux sociaux. C'est que les messages se rendent directement. Je ne sais pas si, Joël, tu as observé ça pendant la pandémie, mais les gens peuvent nous écrire directement, puis ils pensent qu'il y a une impunité puis parfois se glorifient de dire qu'eux, ils vont plus loin que d'autres à l'égard des élus. Moi, je trouve que c'est très préoccupant, et on n'a pas à vivre ça. On fait notre travail du mieux qu'on peut. Puis on est une démocratie, hein, les gens peuvent voter, les gens peuvent s'exprimer, puis on les écoute quand ils nous écrivent.

Mme Senay (Cathy) :Mr. Arseneau, I just would like to hear you about Northvolt. Is it a good risk or a bad risk to see the Legault Government multiplying the billion dollars?

M. Arseneau : It's certainly a strong risk. We're investing billions of dollars that we say we don't have for the public sector, we don't have for schools, we don't have for health, we don't have for lodging. We're promising electricity that we don't have. We're also creating jobs for workers that we don't have. And we're also admitting that they've bought, you know, agricultural land that should be protected and we're promising that it's going to be good for Québec in the long term. So, it's just wait and see, so we have to believe the promises by both governments, but we have a certain number of, you know, questions or doubts.

Mme Senay (Cathy) : Because there is a very tight competition with the U.S., for example, to make sure that... convince those companies such as Northvolt to build their plant here. So, I mean, it's fair game.

M. Arseneau : It's fair game when we are in competition for good reasons. The questions that we could ask is : What if we weren't in this industry? What would Québec look like in 10 years, you know? How bad would it be for the economy, for the Québec people or for the job market? This is... You know, can we foresee Québec without this, you know, industry? And what are we missing, you know? You know, lots of countries will not have that. So, I'm just questioning, you know, out loud. If we're not there, what does it change really, considering all of what we have to invest into this new file?

And comparing it with the dams that we built in the 60s is, you know, outrageous. You know, electricity is used by Québec, Quebeckers every single day. It's something that's... a clean source of energy that we needed and we're going to be needing even more in the years to come. That's the kind of questions that we have. It's a lot of energy spent in this file, and we're not sure, you know, whether it's going to work or not, or what kind of effect it will have on the job market too. Where are we going to take these workers? They are going to be better paid. What about the rest of the industries looking for workers that they can't pay the same amount as multinational? So, all sorts of questions, but we'll hear them out today.

Mme Mignacca (Franca G.) : On the temporary immigrants, Mr. Bérubé, we've heard some, you know, business owners saying that... and some municipalities as well saying that without these workers... without these immigrants, they don't have enough workers. What would you suggest, then, as a solution for the labor shortage?

M. Bérubé : Well, that's way too much. We don't have the capacity with the housing, with the school, with the CPE, it's way too much. And we have a debate, right now, in the National Assembly, about those topics, and the CAQ Government decides that that's not important, we should focus on the permanent immigrants. And, even if we have this number, it's like : look away, we don't have any power on this, so let's be open about this.

We said : The truth is, if we don't have the capacity to make sure that people are happy in Québec, they have all the services they deserve, to be Quebeckers like us, like every single Quebecker, you're part of the adventure... We want to make sure that you're happy, your kids go into school, they have services, they can learn French, but we don't have those capacities right now. So, this is what I put forward.

And the reaction of the CAQ Government is like... I hope they have... their conscience is going to be working, because that's not really acceptable. Well, that's way different that when Premier Legault said that's suicidal and that's Québec going to louisianisation. So, I don't know what's the position of Québec... of the CAQ Government on immigration, but, before the campaign, it was way too much, after it's like : that's the way we work in Canada, so let's accept it. We don't accept it.

Mme Mignacca (Franca G.) : But, if we don't have the capacity to accept more people, do you have alternative solutions for the labor shortage?

M. Bérubé : Let's do the debate. We have a bunch of specialists coming to National Assembly writing memoirs. Let's be honest about that, let's talk about the temporary immigrants. That's the way it should work. Right now, it's just like : 50,000 or 60,000, what do you want? It's about the big picture, and this is why we find that we miss something very important about the future of Québec and about the French language as well.

M. Laforest (Alain) : M. Arseneau, on vient juste d'apprendre, là, que la Santé publique va diffuser sa conférence de presse sur Facebook concernant la vaccination. Est-ce qu'on peut avoir une réflexion là-dessus?

M. Arseneau : Bien, c'est bien que la Santé publique tienne une conférence de presse. Souvenez-vous qu'on pouvait mobiliser les grands médias pour rejoindre les gens. Là, j'imagine que la question c'est à savoir est-ce que c'est une bonne idée d'utiliser la plateforme de Meta. Écoutez, est-ce qu'ils doivent payer pour le faire? Est-ce qu'ils engraissent, encore une fois, là, les revenus de Meta? Moi, il faudrait qu'on pose la question. Est-ce que c'est gratuit? Est-ce que... Nous, on essaie de ne plus faire aucune publication...

M. Laforest (Alain) : ...gouvernemental.

M. Arseneau : Exactement. Alors, je pense qu'à l'heure actuelle le boycott portait surtout sur la sponsorisation puis sur les frais que ça encourt pour faire des publications. Je... On va prendre ça en délibéré, mais, si on a une prochaine étape à franchir, en tant que parti politique et en tant qu'État du Québec, sur le bannissement complet de la sphère publique de Meta, je pense qu'on pourra le faire, ce débat-là. Actuellement, on n'est pas rendus là.

M. Bérubé : Juste partager une petite réflexion qu'on a eue ensemble. Lundi, on pourra faire le bilan de l'utilisation effrénée de Meta par Québec solidaire, parce qu'on a réalisé qu'il y a, je pense, jusqu'à neuf publicités qui roulent présentement sur Meta, tandis qu'on n'en a aucune, et ça ne nous empêche pas de faire une belle campagne, de rejoindre les gens, d'aller cogner à leurs portes. Alors, peut-être qu'on pourra faire ensemble un bilan de cette obligation d'encourager Meta quand on fait de la politique. Je pense qu'on est en train de démontrer qu'avec beaucoup de gens puis avec de la créativité on est capable de faire les choses autrement puis de respecter les artisans de l'information qui sont devant nous. Merci.

(Fin à 8 h 24)