(Neuf heures trente minutes)
Le Modérateur : Bonjour à
tous et bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Le sujet aujourd'hui
est l'absence d'interception de contrôle routier depuis le 6 mars 2025. En
plus de M. Joël Arseneau, prendront la parole David Gauthier, vice-président aux
relations de travail et de la discipline de la Fraternité des constables du
contrôle routier du Québec, et Mme Nathalie Rainville, conseillère syndicale à
l'Alliance de la fonction publique du Canada.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Alors, je remercie effectivement les représentants de la Fraternité des
contrôleurs routiers du Québec d'être ici présents avec moi aujourd'hui.
Mardi, mardi de cette semaine, on est
allés dans un poste de contrôle pas très loin de Québec pour voir de nos
propres yeux dans quelles conditions les contrôleurs routiers au Québec
travaillent, et surtout constater par nous-mêmes à quel point la CAQ a décidé
d'abandonner ceux qui assurent la sécurité sur nos routes au Québec.
Depuis le 6 mars dernier, il faut le
savoir, les contrôleurs routiers ne font plus de patrouilles. Ils sont confinés
dans leurs postes de pesée. Ils ne peuvent plus faire d'interceptions en raison
d'un jugement qui a été rendu par le Tribunal administratif du travail.
Le jugement, qui est catégorique, il dit
ceci : «On envoie le personnel de contrôle routier du Québec faire des
interventions dangereuses avec un équipement insuffisant, des interceptions où
on n'accepterait jamais que des policiers ou des policières soient déployées
sans l'arme de service, sans formation adéquate.».
Par conséquent, le Tribunal administratif
a interdit formellement aux contrôleurs de faire ce pour quoi ils sont payés,
ce pour quoi ils sont embauchés, c'est-à-dire assurer la conformité des poids
lourds, entre autres, mais il y a aussi les autobus, les autocars, tous les
camions de livraison, les taxis, les Uber, qui permettent évidemment, à travers
leur travail, d'assurer la sécurité sur nos routes, la sécurité de tous les
automobilistes.
Ça fait déjà sept mois ou presque, là,
qu'on a cette situation-là et le gouvernement n'a strictement rien fait. C'est
silence radio de son côté. Il refuse toujours de fournir une arme de service
aux contrôleurs routiers pour les renvoyer sur la route.
J'aimerais vous citer le premier ministre
lors du remaniement ministériel il y a quelques jours. Et il nous a dit, je
cite : «Assurer la sécurité des citoyens, ça reste une des responsabilités
centrales de tous les gouvernements.» Alors qu'attend le gouvernement pour
assurer la sécurité sur les routes du Québec?
Aujourd'hui, je vais mettre au défi le
premier ministre d'être cohérent, d'être conséquent avec ses nouvelles
priorités et, dès aujourd'hui ou au plus tard mardi, lors du discours
d'ouverture de la nouvelle session parlementaire, qu'il puisse prendre une
décision favorisant le retour des contrôleurs routiers sur les routes au
Québec.
Parce qu'actuellement la situation est
intenable. On n'arrête plus personne sur la patrouille. Il y a 70 % des
interceptions qui ne sont plus faites parce que les contrôleurs ne patrouillent
plus, des poids lourds qui n'arrêtent même pas... On est allés au poste, là,
puis on nous racontait que des poids lourds décident de passer tout droit sans
s'arrêter, en klaxonnant pour narguer les contrôleurs routiers.
On perd au moins 8 millions de
dollars dans les six derniers mois en infractions qui ne sont pas distribuées
parce qu'il y a des pommes pourries qui se promènent sur les routes, là, et qui
font fi évidemment des règles qu'on s'est données sur la sécurité au Québec.
Puis ils savent très bien qu'on ne les arrêtera pas.
Les camions en surcharge se promènent soit
en contournant les postes de pesée ou carrément en ne s'arrêtant pas aux postes
de pesée, alors qu'ils savent très bien que c'est le Far West actuellement.
Mais, pendant ce temps-là, ils maganent nos routes de façon incroyable, ils
défoncent littéralement les routes avec une surcharge en toute impunité. Ça va
coûter de l'argent aux municipalités et au gouvernement du Québec si la situation
se poursuit.
Il y a une industrie du camionnage au
grand complet qui souffre parce que le gouvernement du Québec laisse proliférer
une concurrence à bas prix, illégale et dangereuse. Mais, surtout, surtout, on
est témoins d'accidents intolérables, déplorables, je dirais aussi évitables
parce qu'on n'applique tout simplement plus les règles sur les routes au
Québec.
Alors aujourd'hui, on est ici pour dire
deux choses. C'est que la CAQ a suffisamment fermé les yeux sur la situation,
on a suffisamment perdu de temps, il faut remettre sur les routes les
contrôleurs routiers. Et deuxièmement, si la CAQ n'agit pas, un gouvernement du
Parti québécois, lui, le fera.
M. Gauthier (David) : Premièrement,
je vais commencer par remercier le Parti québécois pour nous appuyer pour notre
soutien à notre cause qui dure depuis cinq ans qu'on est au Tribunal
administratif du travail, depuis six mois qu'on est confinés dans les postes de
contrôle, dans les balances, qu'on appelle communément. Qu'est-ce que ça veut
dire? Ça veut dire qu'il n'y a plus de shérif en ville, plus aucun contrôle des
surcharges, des dimensions, des heures de conduite, de l'arrimage des
cargaisons, des taxis, des Uber, des autobus scolaires, des autobus nolisés,
des remorqueurs... et des véhicules agricoles, plus aucune surveillance des
ponts et viaducs à tonnage limité. Les contrevenants peuvent passer droit aux
balances ou encore emprunter n'importe quel chemin de contournement sans
crainte de se faire intercepter. Il n'y a plus personne de formé qui a
l'expertise de surveiller les matières dangereuses au tunnel Louis-Hippolyte-La
Fontaine. Avant, on exerçait une surveillance 24 h sur 24, sept jours par
semaine.
On aurait pu tout éviter ça. En avril
2024, la ministre Guilbault nous avait contactés pour nous dire qu'elle
procédait à l'armement des contrôleurs. Deux semaines plus tard, tout était
cancellé. La raison était que le gouvernement voulait attendre le jugement. On
a tout fait pour contacter le bureau... pour expliquer la situation puis que ça
allait causer des problèmes sur les routes du Québec, sur le réseau routier en
entier. Douze mois plus tard, le jugement tombe : 27 dérogations, fin des
patrouilles. On assiste à la naissance d'un comité formé d'une armée de
fonctionnaires qui ont pour mission de régler les dérogations. Aujourd'hui, six
mois plus tard, il y en a zéro de réglée. Je peux vous garantir qu'on aurait
évité ce qui s'est passé sur les routes du Québec si l'entente avait eu lieu
avant le 1er... après le 1er avril 2024.
Aujourd'hui, les contrôleurs, ce qu'ils
veulent, là, c'est retourner sur la route, faire leur mission, assurer la
sécurité routière des gens avec les mêmes équipements que leurs confrères
agents de la paix du Québec, soit les agents correctionnels, les agents de la
faune, les constables spéciaux. Il faut ramener la loi et l'ordre sur les
routes du Québec le plus tôt possible. Là, pour les contrôleurs, là, ça ne
clique plus du tout. Merci.
M. Arseneau : Si vous avez
des questions, M. Gauthier, moi-même ou les membres de la fraternité pourrons
répondre.
Journaliste : Oui. Bonjour,
M. Arseneau. Peut-être sur le sujet du jour. Le maire de Baie-Saint-Paul,
Michaël Pilote, a dénoncé publiquement cette situation-là, parce qu'il y a
beaucoup de côtes puis il y a même un camion qui est entré à l'intérieur d'un
commerce. Ils sont juste de l'autre côté de la rue, les maires. Je ne sais pas
si vous avez eu l'occasion de leur parler. Est-ce que... Est-ce qu'il y a une
concertation qui est faite avec eux? Il a pu parler au ministre Legault hier,
là...
M. Arseneau : Bien, moi, j'ai
pu parler à M. Pilote hier. Je sais qu'il a passé le message à M. Legault.
Est-ce que le message va être entendu? Est-ce qu'on va passer à l'action? C'est
la... C'est la question qu'on se pose aujourd'hui. Mais vous entendrez
aujourd'hui les chefs des différentes oppositions s'adresser aux membres de la
Fédération québécoise des municipalités, mais je suis certain qu'au-delà des
affaires municipales il y a des affaires qui concernent la sécurité routière
sur les routes du Québec, qui sera un thème qui sera vraisemblablement abordé.
Journaliste : O.K. Sur un
autre sujet, la possibilité d'avoir un péage sur le troisième lien, M.
Arseneau. Ça fait beaucoup réagir à Gatineau aujourd'hui. Qu'est-ce que vous
pensez de ça, vous, au Parti québécois?
M. Arseneau : Vous parlez du
troisième lien?
Journaliste
: Oui,
pardon, oui.
M. Arseneau : C'est très
intéressant, cette nouvelle. Le gouvernement est incapable maintenant de
défendre son projet sur le plan financier dans ses propres rangs. Si on annonce
aujourd'hui, là, qu'on regarde la possibilité d'un péage, c'est tout simplement
que le gouvernement réalise que les sommes pharaoniques qui seraient
nécessaires pour construire un troisième lien, ils ne sont pas disponibles.
Sans compter le fait que le projet, sur le plan technique, bien, jusqu'à preuve
du contraire, il n'est pas réalisable. Et, sur le plan de son utilité, ça n'a
jamais été démontré. Tout ça pendant qu'on n'arrive pas à construire des
écoles, à rénover nos hôpitaux puis à donner les services de santé à la
population du Québec. Tout le monde sait ça. À la CAQ, on était encore, je
dirais, dans l'ignorance de ces conclusions-là de la population, d'une vaste
majorité de la population. Aujourd'hui, si le gouvernement dit ça, ce n'est pas
pour convaincre les Québécois, c'est pour convaincre ses propres députés que
peut-être que ça ne coûtera pas si cher que ça si on continue à entretenir
cette fable électoraliste là. Mais le projet, vous le savez, il est mort-né.
Journaliste : J'aimerais
revenir d'abord sur le sujet du jour...
M. Arseneau : Oui, s'il vous
plaît.
Journaliste
: ...M. Arseneau.
Bien, il y a des camionneurs qui ont sorti aussi, là, la semaine... en début de
semaine, en réalité.
M. Arseneau : Oui, lundi, oui.
Journaliste : Bon, on
s'attendait à ce qu'on bloque les ponts, à ce que les routes soient bloquées,
que ce soit un gros casse-tête, un gros mal de tête pour les automobilistes, ça
n'a pas nécessairement été le cas. Est-ce qu'il faudrait augmenter les moyens
de pression, là, pour que le message se fasse entendre? Parce qu'on dirait que
le message ne passe pas, là, auprès du gouvernement.
M. Arseneau : Bien, vous
savez que les camionneurs vivent une période de crise. C'est extrêmement
difficile, concurrence déloyale, et ainsi de suite. Mais nous, ce qu'on dit
aujourd'hui, c'est que la première étape, c'est : il faut rétablir le
contrôle routier, il faut rétablir de l'ordre dans l'industrie du camionnage.
Et c'est pour ça que les gens ici disent : La première étape, c'est de
rétablir les patrouilles, donc de permettre aux contrôleurs de faire leur
travail, la deuxième étape, évidemment, c'est de mettre de l'ordre dans
l'industrie, où il y a, comme on le sait, là, des camionneurs qui se promènent
sur les routes sans avoir les compétences nécessairement nécessaires pour à la
fois veiller à l'entretien de leurs camions, mais surtout d'assurer la
sécurité, là, de leurs mastodontes face à la circulation qui est importante.
Journaliste : Est-ce que les
invités derrière vous... si c'est possible de répondre à ma question juste sur
le sujet du jour.
M. Arseneau : Oui.
Absolument.
Journaliste : J'aurai une
autre question par la suite. Mais avez-vous confiance? Parce que là, il y a un
nouveau ministère... un nouveau ministre aux Transports, qui est M. Julien.
Est-ce que vous avez confiance que ça puisse changer éventuellement? Ou, selon
vous, ça vient d'en haut, tout ça?
M. Gauthier (David) : Bien,
écoutez, on avait beaucoup de discussions avec la ministre Guilbault
auparavant, mais ça s'est arrêté à des discussions. Donc, on va attendre
d'avoir des choses concrètes parce que, pour le moment, nous, on n'a rien de
concret.
Journaliste : Qu'est-ce
que... Vous expliquez comment, que ça ne bouge pas, cette situation-là?
M. Gauthier (David) : On ne
se l'explique pas parce que ça n'a aucun sens présentement. Donc, ce qui se
passe sur les routes, ça aurait dû bouger ça fait longtemps. Ça fait... Ils
ont... Durant les cinq années, là, on aurait dû pouvoir avoir une entente pour
pouvoir prévenir qu'on arrive à des dérogations, qu'on soit pris avec ça, à
régler chaque dérogation avant de pouvoir retourner sur la route.
Journaliste : Merci beaucoup.
M. Arseneau : Moi, je voulais
juste rajouter, pour avoir rencontré des agents de la paix, des contrôleurs
routiers qui sont de l'âge de mes enfants puis qui disent : Moi, chaque
fois que je vais travailler, là, depuis cinq ans, là, je risque ma vie, puis le
gouvernement me lance comme ça, là, dans la fosse aux lions avec un bâton
télescopique puis du poivre de Cayenne. On fait des interceptions de véhicules
qui transportent du matériel volé, du matériel de contrebande, de la drogue.
Et le gouvernement reste les bras croisés.
Il y a un jugement du Tribunal administratif du travail qui tombe, qui
dit : C'est dangereux pour ces gens-là. Le gouvernement fait quoi? Il se
croise les bras puis il dit : Bien, on va voir ce qu'on pourrait peut-être
faire.
Bien, pendant ce temps-là, on a oublié de
le mentionner, il va contester la décision du Tribunal administratif du
travail. Donc, la logique gouvernementale à l'heure actuelle, corrigez-moi si
je me trompe, c'est dire : On va contester cette décision-là, qui est
catégorique, on met la vie des contrôleurs routiers en danger, mais on va se
battre devant le tribunal pour s'assurer qu'on puisse les retourner au travail
sans qu'on leur permette de se protéger, sans qu'on leur permette non plus de
faire leur travail adéquatement en affirmant leur autorité. C'est insensé.
C'est absolument insensé.
Journaliste : Si je peux me
permettre, en terminant, M. Rodriguez a répondu à votre chef, hier, concernant
le référendum sur la laïcité au sein de vos membres, M. Arseneau. Et je le
cite, là, le chef du Parti libéral : «Je refuse qu'on enseigne à nos
enfants que la différence est un problème. L'École doit être un lieu
d'ouverture, pas d'exclusion.» Vous répondez quoi au chef libéral?
M. Arseneau : Bien, moi, je
n'ai pas à répondre au chef du Parti libéral. Mais...
Journaliste : ...québécois,
dans ce cas-ci.
M. Arseneau : Mais ce que je
voudrais vous dire, puis si vous le permettez, mon chef va être à la Fédération
québécoise des municipalités tout à l'heure. Et je vous garantis qu'il va
répondre aux questions des journalistes au moment de sortir de la prestation de
son allocution. Ça fait que je préfère vraiment que le chef réponde au chef du
parti adverse. Et je sais qu'il saura rassurer les Québécois et M. Pablo
Rodriguez qu'on est dans la bonne voie avec cette orientation.
Journaliste : M. Gauthier,
j'en profite pour vous relancer. J'ai cru comprendre, pendant votre discours,
vous avez dit : On aurait pu éviter ce qui s'est passé sur nos routes
jusqu'à maintenant. À quoi vous faites référence spécifiquement, là?
M. Gauthier (David) : Bien,
en avril 2024, la ministre Guilbault nous avait contactés. Et elle nous avait
mentionné qu'allait commencer le processus pour l'armement des contrôleurs.
Deux semaines plus tard, comme j'ai dit tantôt, là, on a eu un recul, un non
catégorique : On veut attendre le résultat du jugement. C'est certain que,
si on avait une entente entre les deux parties durant... on aurait arrêté les
procédures pour le TAT. Donc, on n'aurait pas eu les 27 dérogations qu'on
a aujourd'hui, là, à régler. Donc, on n'aurait pas...
Journaliste : O.K. Vous ne
faites pas de référence à...
M. Gauthier (David) : ...les
patrouilles n'auraient pas été arrêtées, là. Elles auraient continué.
Journaliste : Vous ne faites
pas de référence à des accidents, là, qui ont défrayé la manchette, là, de
camionneurs sur leur cellulaire, ou tout ça, là?
M. Gauthier (David) : Bien,
c'est certain que si on est sur la route, là, il y a un aspect préventif de
qu'est-ce qu'on fait, là. Donc, c'est ça, on n'est plus là. On est juste aux
postes de contrôle. Donc, il y a zéro patrouille à la grandeur du Québec
présentement.
Journaliste : Merci.
M. Arseneau : Bien, dans la
même foulée, moi, je veux juste vous dire encore un témoignage d'un contrôleur
routier qui me dit : Dans les mois de janvier et février, donc avant
l'interruption du service, dans la seule région de Québec, il y a eu
16 interceptions de chauffeurs de poids lourds en état d'ébriété, en deux
mois, juste la région de Québec. Depuis le mois de mars, il n'y a plus aucune
patrouille, aucun contrôle. Je ne veux pas dire que les accidents qu'on a vus
sont directement liés à l'absence de contrôle, mais, ce que je peux vous dire,
c'est qu'on joue sur un terrain extrêmement dangereux en laissant n'importe qui
faire n'importe quoi au volant d'un poids lourd. Merci. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. C'est ce qui conclut ce point de presse.
(Fin à 9 h 46)