Commission parlementaire spéciale sur le
problème
de la liberté de la presse
Séance du mercredi 4 juin 1969
(Dix heures quarante et une minute)
M. CLOUTIER (président de la commission parlementaire
spéciale sur le problème de la liberté de la presse):
Messieurs, nous commençons, ce matin, la quatrième séance
de la commission. Nous avons beaucoup de travail, ce matin. Je vais vous donner
brièvement l'ordre du jour pour vous fixer sur la somme de travail que
nous avons à accomplir aujourd'hui. D'abord, ce matin, Me Pichê et
Me Bureau parleront au nom de la compagnie de publication La Presse
Ltée. Me Gaston Pouliot parlera au nom des journaux Trans-Canada
Ltée. Me Deschênes, Me Garon et M. Parisien parleront pour les
entreprises Gelco Ltée. M. Philippe de Gaspé Beaubien parlera au
nom de Québec Télémédia Inc. M. Dent, journaliste,
et M. Elzéar Lavoie de l'université Laval parleront à
titre personnel.
M. LESAGE: Si je comprends bien, vous êtes un comptable; pourquoi
voulez-vous vous débarrasser de M. Marcel Caron et en faire un
avocat?
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, c'est une revanche parce qu'on m'appelle
souvent docteur Cloutier. Alors, messieurs, la parole est à Me
Piché, au nom de la compagnie de publication La Presse.
M. PICHE: M. le Président, MM. les membres du comité, mon
associé, Me Jean-Paul Bergeron, représente également la
Presse avec moi. Nous sommes accompagnés, ce matin, de M. Pierre
Dansereau, président de la compagnie de publication La Presse
Ltée; de M. André Bureau, son vice-président
exécutif; de M. Pierre Lafrance, directeur du service de l'information;
de M. Jean Rivest, adjoint au directeur, et de M. Jean Sisto, un autre adjoint
au directeur. Le dernier, mais non le moindre, est M. Roger Champoux, chef
éditorialiste.
Me Bureau présentera le mémoire de la Presse et vous aurez
tout le loisir de l'interroger. Si vous le jugez à propos, tous les
autres messieurs, ici présents, et qui font partie de l'organisation de
la Presse sont également à la disposition de la commission pour
répondre à toute question que vous voudriez leur poser. M.
Bureau.
M. BUREAU: M. le Président, MM. les membres de la commission,
j'ai l'honneur de présenter, ce matin, le point de vue de La Presse sur
l'objet de l'étude de votre commission, la liberté de la presse.
Des allusions fréquentes et récentes ont été faites
au danger que comporterait pour cette liberté la concentration de
certaines entreprises de presse entre les mains d'intérêts qui
seront une fois pour toutes aujourd'hui clairement identifiés.
La Presse, nous le croyons, doit donc aujourd'hui répondre
à ces allusions ou à ces allégations et faire la
démonstration de la marge de liberté dont jouit son service de
l'information.
On a demandé des faits, la semaine dernière, nous
entendons aujourd'hui en fournir. C'est le but de notre présentation.
Chaque jour, la Presse est chargée de renseigner le public sur les
sujets d'actualité. Aujourd'hui, elle croit nécessaire de vous
renseigner à son sujet à elle. Pour le faire, elle vous a remis
un dossier qui comporte différents documents.
Vous avez d'abord un exposé de faits et de principes qui
est préparé plus particulièrement pour votre commission
dans le dossier vert que vous avez devant vous. J'attire en particulier
votre attention sur le contenu de ce document. Il pourrait se séparer en
deux. Il y a d'abord l'ossature de notre présentation de ce matin dans
les cinq premières parties. Et dans le chapitre intitulé La
restructuration de la rédaction de la Presse, vous avez une étude
détaillée dans laquelle je n'ai pas l'intention d'entrer ce
matin. Elle comporte l'analyse des textes de conventions collectives qui
existent et qui fournissent des garanties de liberté professionnelle aux
journalistes et qui comportent également tout le cheminement et toute
l'analyse du processus qui a été mis en place avec la nouvelle
structure pour assurer cette liberté de presse qui nous est chère
à nous autant qu'à vous.
Je vais donc tenter, ce matin, de vous dire ce qu'est la Presse, de vous
rappeler sa philosophie, de vous résumer son processus de fabrication,
de vous rappeler les exigences de son tirage et les préoccupations
qu'elle a dans le choix et le perfectionnement de ses journalistes, pour vous
montrer quelles possibilités il y ad'un contrôle de l'information
à la Presse.
D'abord, ce qu'est la Presse. C'est un journal qui existe depuis
quatre-vingt-cinq ans, et chacun a à la mémoire, sinon certains
titres, certaines caricatures, à tout le moins certaines épreuves
qu'elle a eu à traverser au cours des différentes années
de son existence. La Presse, à l'heure actuelle, a 1,360 employés
et 3,500 camelots s'ajoutent à ce nombre-là. La Presse
paye chaque année des salaires, des gages, des commissions de
$9,700,000. Elle verse à chacun des gouvernements, au chapitre de
l'impôt retenu à la source, au gouvernement provincial et au
gouvernement fédéral, une somme approximative de $1 million. Ceci
pour situer dans l'économie le rôle que joue la Presse. Ses actifs
immobilisés sont de l'ordre de $15 millions.
Au 31 mars dernier, son tirage, sur semaine, était de 222,184
exemplaires, tel que certifié par l'ABC, et le samedi, de 237,000.
Toutes les actions de la Presse sont détenues par la Corporation
Gesca Ltée, elle-même une filiale à 100% des entreprises
Gelco Ltée dont le contrôle est entre les mains de M. Paul
Desmarais, tel que cela vous sera plus longuement expliqué après
mon exposé dans le compte rendu que doivent faire devant vous les
entreprises Gelco Ltée.
Les administrateurs de la Presse sont MM. Maurice Chartré, Pierre
Dansereau, Louis-R. Desmarais, Paul Desmarais, Jacques-G. Fran-coeur,
Jean-Louis Lévesque, Jean Parisien. Le président de la compagnie
de publication de la Presse Ltée est M. Pierre Dansereau.
Vous avez également dans votre dossier un autre document dont le
titre en première page est; « La Presse à l'heure de 1969.
» Ce document est un travail de vulgarisation qui a été
préparé à l'intention de nos lecteurs et qui a
déjà d'ailleurs été distribué dans la Presse
au début de 1969.
Vous y trouverez là une foule de renseignements sur ce qu'est la
Presse, et vous verrez en particulier quels sont les taux de salaire
payés à la Presse, quelles sont les différentes
comparaisons qu'on peut établir entre les conditions de travail des
employés de la Presse avec ceux de la même industriel
Montréal, dans la province de Québec, au Canada et en
Amérique du Nord.
J'attire votre attention sur ces tableaux parce qu'ils indiquent, je
pense, quelque chose dont on doit être fier à la Presse: nous
payons actuellement à notre personnel technique les plus hauts salaires
qui se paient en vertu de conventions collectives en Amérique.
La direction de La Presse reflète bien la façon dont sont
organisés ses services. Vous avez dans le document, qui est
l'exposé de faits et de principes que contient votre dossier,
l'organigramme de la structure supérieure de La Presse où vous
avez le conseil d'administration, le président. J'attire votre attention
sur le partage des responsabilités et le partage des services entre les
deux niveaux d'autorité, c'est-à-dire entre le niveau du
président et le niveau du vice-président exécutif.
Au niveau du président sont rattachés le service du
contrôleur, le service de l'éditorial, le service des relations
publiques. Au niveau du vice-président exécutif, il y a les
services que vous voyez en bas de la page, qui sont les services de mise en
marché et de recherche, d'information, de production, de finance, de
publicité, de tirage, de personnel et relations de travail et de
promotion.
Alors comme vous le voyez, déjà à cette
étape-ci et avant que nous abordions le sujet plus à fond, il y a
déjà, au niveau de la structure, une séparation entre
l'éditorial et l'information. L'un et l'autre ne relèvent pas de
la même autorité.
La différence qu'il y a entre les triangles et les ronds qui sont
indiqués sur cet organigramme, c'est que les triangles indiquent des
fonctions de soutien, destinées à servir tous les autres services
de cette même catégorie, tandis que le rond, au-dessus d'un
service, indique qu'il s'agit d'une fonction dont l'autorité est directe
et qui n'est pas, elle, destinée à servir tous les autres
services.
Je vous ai rappelé, en deux mots, ce qu'est la Presse
matériellement et administrativement, mais, telle qu'elle est, peut elle
être contrôlée? Nous prétendons que non. D'abord,
à cause de sa philosophie ou de ses standards. Pour apprécier ces
standards, voyons d'abord ce que n'est pas la Presse. La Presse, d'abord, ce
n'est pas un journal de combat idéologique. Il faut bien se rappeler que
la Presse n'est pas non plus, l'organe d'un parti politique. La Presse n'est
pas le porte-parole d'une classe particulière de la
société et elle n'est pas, non plus, un journal à
sensations.
Quand nous commençons par faire cette distinction-là, nous
en arrivons à définir plus justement ce qu'est la Presse,
c'est-à-dire un journal d'information générale. Cest
ça qu'est la Presse.
Alors, les exigences que pose cette définition de la Presse comme
journal d'information générale, sont
énumérées de la façon suivante: d'abord,
l'indépendance. Notre journal n'est rattaché à aucun parti
politique. Il ne cherche pas, non plus, la promotion d'une classe au
détriment d'une autre. Vous avez eu l'occasion de vous en rendre compte
tous les jours. Si je ne faisais appel qu'aux illustrations de nos
caricaturistes, je pense que vous pourriez vous rendre compte qu'il n'y a pas
de parti pris envers quelque parti que ce soit. M. Lesage...
M. LESAGE: Vous n'êtes pas obligé de faire exprès
pour le démontrer.
M. BERTRAND: Vous n'êtes pas obligé de rappeler les
caricatures où nous paraissons.
M. BUREAU: M. le premier ministre, nous avions tout un jeu de
caricatures...
M. LESAGE: Cela serait intéressant.
M. BUREAU: ... pour illustrer ce point de vue. Malheureusement, les
conditions techniques font que nous allons devoir nous en passer. La
deuxième caractéristique ou le deuxième standard que nous
nous sommes imposé, c'est l'honnêteté. Je dis
honnêteté au lieu d'objectivité. Pourquoi? Parce que nous
croyons que la notion d'objectivité, même si les mots sont
apparemment opposés, est trop subjective. Nous croyons que la notion
d'honnêteté est beaucoup plus près de critères que
nous pouvons apprécier et beaucoup plus réaliste dans sa
formulation et dans son appréciation.
Alors, La Presse, en tenant compte non seulement de la façon dont
doit se faire un journal, des exigences de ses éditions ou des moyens
d'accès aux sources d'informations, rapporte, dans la mesure du
possible, tous les faits, sans les déformer, sans les colorer, en
essayant de présenter un tableau aussi complet que possible.
Je vous invite, à ce moment-ci, à faire une comparaison
et je ne veux pas la faire au détriment de qui que ce soit, mais
je pense qu'il est nécessaire que nous nous arrêtions à y
penser entre ce que vous avez comme contenu dans un article de journal,
au point de vue de l'information, et ce que vous avez comme contenu dans une
capsule de quelques secondes que l'on vous passe à la radio ou à
la télévision, dans les bulletins de nouvelles. Je ne veux pas
déprécier les services de nouvelles des autres organes
d'information, mais il reste qu'au point de vue de la vérité nous
croyons pouvoir fournir plus d'aspects de la nouvelle, de façon à
donner une image plus juste, plus honnête.
Le respect de la conscience communautaire, c'est un autre standard que
nous respectons, nous le croyons. La Presse respecte ses lecteurs, tant
individuellement que dans leur ensemble. Elle indique la source de ses
informations. Vous le voyez, quand vous lisez La Presse, s'il s'agit d'une
nouvelle qui vient d'une agence de presse, s'il s'agit d'une nouvelle qui vient
de nos bureaux, s'il s'agit d'une nouvelle qui vient de nos journalistes. Vous
savez également s'il s'agit d'un commentaire, d'une analyse, d'une
étude et non pas d'une simple nouvelle. Vous savez également s'il
s'agit d'un éditorial ou s'il s'agit d'une nouvelle. Vous savez aussi,
parce que c'est maintenant indiqué dans notre journal, quand il s'agit
de publi-information au lieu de la stricte information.
Tout ça est destiné à respecter le lecteur,
à bien lui indiquer quelle sorte de nouvelle il va lire et d'où
elle vient. Il y a aussi la responsabilité sociale de La Presse. Sa
responsabilité sociale, c'est son rôle d'animateur dans la
société, et nous croyons que La Presse s'en acquitte par ses
enquêtes, par ses études, par ses analyses, par ses participations
à différentes campagnes : cam -pagne contre la pollution de
l'eau, campagne contre la pollution de l'air, campagne d'adoption. Toutes ces
choses sont des manifestations du sens civique, je dirais, de La Presse ou
enfin de son rôle d'animateur dans la société.
Et une caractéristique particulière à La Presse
parce que je ne prétends pas que nous soyons le seul journal
à avoir ces standards, mais je pense que, dans un journal d'information
générale comme La Presse, nous les retrouvons tous c'est
la totalité de l'information, et ça, c'est très
important.
Chez nous, La Presse, étant donné le rôle que nous
avons à remplir comme journal d'information générale, il
nous faut un journal complet. Cela veut dire qu'il nous faut dans chaque
édition pratiquement retrouver tout le champ de l'activité
humaine, que ce soient les faits divers, que ce soit la justice dans son
administration, dans différents aspects, que ce soient
l'économie, la religion, les sciences, les sports, la politique
nationale, la politique internationale, les pages féminines, les pages
de variétés, les pages d'arts et lettres. Je vois M.
Lévesque qui tourne de l'oeil en entendant cette
énumération, mais je pense qu'il est bon, au départ, de se
rendre compte de tout ce que ça contient, La Presse, pour
apprécier vraiment quel est le travail à faire pour fabriquer
tous les jours un journal comme La Presse, et c'est là que l'on va voir
s'il y a possibilité d'un contrôle d'information ou pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Moi, je suis sûr que cela nous apprend
beaucoup de choses.
M. BUREAU: Je ne prétends pas vous apprendre des choses
nouvelles, je voudrais quand même brosser un tableau rapide, pour que
nous puissions avoir tous les éléments en main afin de pouvoir
apprécier ensuite la justice de nos commentaires là-dessus.
Et nous avons La Presse, étant donné que c'est un journal
d'information, une politique éditoriale distincte de la politique
d'information. Vous vous souvenez sans doute du temps où, à La
Presse ou dans d'autres journaux, il y avait un service de rédaction,
où le service de rédaction englobait
à la fois le service de 1'éditorial et le service de
l'information. Il n'y avait pas cette étanchéité de
l'éditorial par rapport à l'information. Aujourd'hui, cela
existe. La restructuration qui a été organisée par le
service de l'information, par les directeurs du service et ses adjoints, a
prévu une séparation distincte entre l'éditorial et le
service de l'information, de sorte qu'aujourd'hui, l'éditorial, qui est
la prérogative reconnue à l'éditeur de faire
connaître ses options, de faire connaître ses commentaires, est
complètement séparé du service de l'information. Il n'y a
donc pas possibilité ou de contrôle ou d'influence entre les deux.
Ce sont deux services complètement différents qui relèvent
d'une autorité différente.
La politique éditoriale propre de La Presse consiste,
étant donné le vaste public auquel elle s'adresse, étant
donné la différence qui existe entre les âges, entre les
classes ce mot n'est probablement pas exact mais enfin entre les
groupes qui lisent La Presse, étant donné cela, nous avons une
politique éditoriale qui pourrait se définir rapidement comme
ceci:Nous voulons fournir à nos lecteurs des options valables dans
chaque cas où nous analysons telle et telle situation.
Nous voulons également avoir une ouverture sociale qui soit
compatible avec les intérêts de nos lecteurs. Nous ne
prétendons pas parler ex cathedra; nous ne prétendons pas que
nous parlons et que personne ne peut avoir d'opinions en sens contraire.
C'est la prérogative reconnue d'un éditeur d'exprimer ses
opinions dans la page éditoriale. Nous tâchons de les exprimer en
tenant compte de ce que je viens de mentionner. Tels sont donc les standards
que la Presse s'est fixés et qu'elle essaie de maintenir. A ce
moment-ci, je pose un premier jalon dans notre travail. Je crois que ces
standards sont incompatibles avec un régime de contrôle de
l'information. Comment pourrait-il y avoir contrôle de l'information s'il
y avait toujours cette exigence de la totalité de l'information? Il n'y
a pas de compatibilité entre les deux parce que le contrôle de
l'information est une sous-information et la sous-information n'est pas
compatible avec la totalité de l'information. La sous-information n'est
pas compatible non plus avec l'indépendance et avec
l'honnêteté que nous voulons respecter.
Je pose tout de suite comme première conclusion que
déjà ces standards, que nous maintenons, relativement dans
certains cas, à cause des circonstances que j'ai mentionnées tout
à l'heure, sont incompatibles avec un régime de contrôle de
l'information. Mais, allons plus loin. Malgré cette
incompatibilité, est-ce qu'il demeure physiquement possible je
pense qu'il est extrêmement important de s'en rendre compte de
contrôler l'information dans un journal comme la Presse? Pour y
répondre, je pense que l'on n'a qu'à se poser une question: par
qui et comment est réparti le travail? Par qui, d'abord? La
restructuration de la rédaction dont j'ai parlé tout à
l'heure a été étudiée par les journalistes, elle a
été convenue entre les parties, elle a été
amenée en place et, actuellement, cette restructuration est justement en
train de se compléter à la Presse.
Dans cette restructuration, vous avez un partage d'autorités. Je
vous invite à consulter l'organigramme qui vous est montré
actuellement. Vous avez, en haut, le vice-président exécutif,
vous avez ensuite le directeur de l'information; d'un côté, vous
avez ses adjoints à l'administration et, de l'autre côté,
ses adjoints à la recherche et à la planification. En bas, vous
avez cinq adjoints à l'information pour assurer la permanence du service
de l'information 24 heures par jour et sept jours par semaine.
A l'étape suivante, au niveau de l'adjoint au directeur de
l'information, vous avez les grandes divisions qui sont à la base de
tout le travail de recherche de la nouvelle. Vous avez la division des arts
graphiques, vous avez les trois divisions de l'information auxquelles nous
reviendrons tout à l'heure, et vous avez la division des agences et des
bureaux de presse. Je m'arrête plus particulièrement aux divisions
nos 1, 2 et 3. A la division no 1, cela groupe toute la nouvelle qui vient des
faits divers de la justice, des affaires urbaines, de la politique municipale,
des affaires publiques, de l'éducation, du bien-être, de la
santé et de la religion.
Dans la division no 2, vous avez la politique nationale, la politique
internationale, l'économie et les sciences.
M. BERTRAND: M. Bureau, c'est presque un gouvernement.
M. BUREAU: Je ne pousserai pas plus loin la comparaison. Je ne
comparerai pas ces gens à des fonctionnaires. On sait que le sujet est
dans l'air et je ne voudrais pas entrer là-dedans.
M. MICHAUD: M. Bureau, dans votre premier organigramme, où
s'arrête le personnel syndiqué?
M. BUREAU: Voulez-vous revenir à la deuxième diapositive?
Bon. Le personnel syndiqué va jusqu'au niveau de chef de ces grandes
divisions. Les adjoints, les cinq adjoints à l'information
sont des gens qui ne font pas partie du personnel syndiqué. Ce
sont véritablement les représentants du directeur de
l'information.
M. MICHAUD: Mais les directeurs de service comme tels...
M. BUREAU: Les directeurs de chacune des grandes divisions sont des gens
syndiqués, c'est-à-dire arts graphiques, division no 1, division
no 2, division no 3 et agence de presse et bureau. Là, ce sont tous des
gens syndiqués.
M. MICHAUD: Donc pour le personnel non syndiqué, il y a le
directeur de l'information et ses cinq adjoints. Cela s'arrête
là.
M. BUREAU: Ses neuf adjoints, parce qu'il y en a deux qui sont à
la planification et deux qui sont à l'administration, mais il y a
vraiment cinq adjoints à l'information.
M. MICHAUD: Est-ce que la nouvelle convention collective qui vient
d'être signée avec votre société a prévu des
changements pour ça? Est-ce qu'il y a eu du personnel syndiqué
qui a été décertifié?
M. BUREAU: Non, il n'y a pas eu de personnel syndiqué qui a
été décertifié. Il n'y a eu aucune
décertification. Il y a même eu une requête conjointe de la
part du syndicat des journalistes et de La Presse pour approuver cette
restructuration supérieure. Elle a été
déposée devant la Commission des relations de travail
conjointement et elle a été accordée par la Commission des
relations de travail. Maintenant, c'est une nouvelle définition des
tâches.
Antérieurement, vous aviez un conseil de rédaction qui
était composé du rédacteur en chef, du gérant de
rédaction, du secrétaire de la rédaction, du directeur de
l'information, du directeur de 1'éditorial, des adjoints au directeur de
l'information. C'était en fait une espèce de sénat
où siégeaient à la fois les gens de l'éditorial et
les gens de l'information. Il y avait dans ce temps-là huit membres qui
siégeaient dans ce conseil d'administration, si vous voulez, de la
rédaction le service de l'éditorial est distinct et le
service de l'information est composé d'un directeur et de neuf adjoints.
Il n'y avait personne dans ce temps-là qui s'occupait vraiment comme
fonction d'autorité de l'administration. Nous en avons deux
maintenant.
Il n'y avait personne, dans les attributions de ceux qui faisaient
partie du conseil de la rédaction, qui s'occupait de recherche et de
planification. Nous en avons deux maintenant
Il y a donc ces quatre personnes qui n'avaient pas leur pendant dans
l'ancien conseil de la rédaction. Est-ce que ça répond
à votre question, monsieur Michaud?
M. MICHAUD: Cela va.
M. BUREAU: Dans la division no 3, on retrouve les sports, la
rédaction féminine, les arts et lettres, les
variétés et les loisirs. Comme vous le voyez, tout le champ
d'action, tout le champ d'activité de nos lecteurs est couvert par l'une
ou l'autre de ces trois grandes sections. Les deux autres sections, les deux
autres divisions, devrais-je dire, celles qui sont en bout, sont des divisions
qui assistent chacune de ces trois grandes divisions pour leur fournir les
services de maquettistes, de graphistes, de dessinateurs, de photographes ou
qui les assistent au point de vue des agences de presse ou des bureaux comme
Québec, Ottawa et Paris.
Toute l'information est cueillie par les journalistes qui font partie de
ces sections. A l'intérieur de chacune des sections que j'ai
énumé-rées, sports, rédaction féminine, arts
et lettres, variétés, loisirs, économie, religion, toutes
ces choses-là, il y a donc des journalistes.
Ce sont ces journalistes qui vont chercher la nouvelle, ce sont eux qui
l'amènent à cette section. Il y a d'abord un premier travail:
toute cette nouvelle, toute cette masse d'information est recueillie à
ce niveau, au niveau des journalistes. Est-ce que vous avez une idée de
ce que ça représente, cette masse d'information tous les jours,
24 heures par jour, sept jours par semaine?
Cela veut dire, en moyenne, une centaine d'articles de nos propres
journalistes à la Presse; cela veut dire 255,000 mots qui nous viennent
des agences de presse auxquelles nous sommes abonnés. Or, nous sommes
abonnés à un très grand nombre d'agences de presse: Presse
canadienne, Presse associée, Reuter United Press International, Agence
France-Presse, Dow Jones, Los Angeles Times, Washington Post. 255,000 mots par
jour entrent par ces agences de nouvelles. Nous recevons les informations de 23
correspondants et collaborateurs réguliers. Des informations nous
viennent de nos bureaux d'Ottawa, de Paris et de Québec; 150 à
200 photos nous viennent de nos journalistes; 140 téléphotos
entrent tous les jours par les différents services d'agences. Si on
ajoute à ça tous les appels téléphoniques, tous les
communiqués, toutes les lettres, toutes les informations qui nous
parviennent par toutes sortes de moyens au cours de la journée, vous
avez là la masse des informations qui arrivent tous les
jours à la Presse. Toute cette matière doit être
triée; elle doit être agencée, elle doit être parfois
récrite, traduite, condensée. Elle doit être
évaluée à sa valeur relative. Cela, c'est bien beau,
ça se fait dans une journée, mais qu'on pense que nous publions
quatre éditions dans une journée, entre huit heures et demie le
matin et trois heures et demie l'après-midi. Il faut
réévaluer la majorité des grandes nouvelles que nous
recevons, parce qu'elles sont complétées, elles sont
commentées. Parfois, elles ont perdu de leur intérêt au fur
et à mesure des éditions. Il faut les
réévaluer.
Il faut ajouter à ces nouvelles. Il faut les déplacer dans
le journal. Alors, c'est tout ce travail qui est effectué aux
différentes étapes que vous avez constatées et que j'ai
essayé de vous décrire. Tout ça équivaut, chaque
jour, comme matière rédactionnelle, à une moyenne d'un
volume de 500 pages. Toute cette masse d'information doit être
étudiée, comme je viens de le décrire, pour paraître
dans nos journaux entre huit heures et demie le matin et trois heures et demie
l'après-midi. J'ai ici le journal d'hier. Je vous invite à
regarder la première page, pour avoir une idée de ce qu'est la
transformation des nouvelles au fur et à mesure des éditions.
Hier, il n'y avait pas de nouvelles absolument fantastiques. C'était de
la nouvelle comme on en a tous les jours. Vous avez, en première
page...
M. BERTRAND: Excepté la première page.
M. BUREAU: Dans la première page, vous allez voir qu'avec les
éditions il y a des changements. Il y a des nouvelles qui perdent de
leur intérêt, à un moment donné.
M. MICHAUD: Avez-vous reçu un appel du premier ministre?
M. BUREAU: C'est parce que la première édition s'en vient
à Québec.
M. BERTRAND: Vous vouliez qu'on le sache à Québec.
M. BUREAU: Ces nouvelles nous arrivent la veille au soir,
c'est-à-dire Jusqu'à deux heures du matin, au moment où la
Presse canadienne ferme ses bureaux. Ce sont des nouvelles que nous recueillons
la nuit et ce journal sort à huit heures et demie le matin. Il y a des
commentaires qui arrivent au cours de la journée et que nous ajoutons
aux nouvelles que nous avons publiées dans la première
édition.
Il y a des choses qui changent. Il y a toutes sortes
d'événements qui se passent. Alors, en première page, vous
avez trois nouvelles qui n'apparaissent plus dans la deuxième
édition: la tempête à Montréal, la noyade à
La Ronde et l'homme posera le pied sur la lune le 20 juillet. Ces nouvelles, on
les retrouve dans la deuxième édition, mais à un autre
endroit. Cet endroit était déjà occupé par quelque
chose. Alors, ça veut dire, encore là, un déplacement. Je
n'ai pas l'intention de suivre l'histoire de la nouvelle concernant la lune
à travers les éditions, mais je pense que vous pouvez imaginer
facilement ce qu'il en est. Dans la deuxième édition, on a encore
le même titre et vous avez deux nouvellles qui ne seront pas dans la
troisième édition. « L'abordage aux Philippines » va
disparaître comme texte dans la deuxième édition et se
retrouvera à une autre page; « Ottawa fixe un plafond au budget de
la défense » va disparaître de la troisième
édition et se retrouvera à une autre page.
M. MICHAUD: ... M. Bureau, si vous le permettez, étant
donné que vous parlez des éditions, nous avons l'impression
quand je dis nous, je veux dire certaines personnes que la
« couverture » du Parlement québécois est moins
importante à Montréal dans les deuxième, troisième,
quatrième éditions qu'elle ne l'est en première. Nous
avons l'impression qu'il y a une carence de ce côté-là, que
des événements se produisent et que le Parlement
québécois est moins bien « couvert » par La Presse
que par certains autres journaux.
M. BUREAU: J'ai bien envie de dire, comme M. Kierans, que je ne peux
accepter cette accusation de discrimination...
M. MICHAUD: Ce n'est pas une accusation.
M. BUREAU: ... mais je m'en garderai bien. D'une édition à
l'autre, il y a des nouvelle dont l'importance relative est plus grande. Je
vous l'ai mentionné tout à l'heure. Il peut arriver qu'une
nouvelle qui faisait, comme hier, la manchette de la première page se
retrouve en page 2 ou dans une page de cahier après la première
ou la deuxième ou la troisième édition. On ne fait pas le
journal La Presse plus pour Québec que pour Chicoutimi, que pour
Trois-Rivières, que pour Montréal. C'est un journal dont le noyau
naturel est Montréal, c'est évident, mais la première
édition est faite avec les nouvelles que nous avons à ce
moment-là. La deuxième édition, nous la complétons,
nous
la modifions avec les nouvelles que nous avons. C'est toujours
apprécié suivant la valeur relative des nouvelles. Les nouvelles
que vous avez dans La Presse au sujet de la « couverture » du
Parlement de Québec s'y retrouvent toute la journée. Elles
peuvent peut-être être déplacées au gré des
circonstances suivant ce qui se passe de plus important ou de plus
immédiatement intéressant au moment où l'édition va
sortir.
Par exemple, le jour où la Bourse a sauté, où il y
a eu une bombe à la Bourse, toutes les nouvelles de la première
page ont sauté. Nous avons mis des photos sur ce qu'était le
drame de la bombe à la Bourse.
M. LEVESQUE (Laurier): Avec une bombe, c'est normal que cela saute.
M. BUREAU: Bien, il y en a qui n'ont pas sauté.
M. BERTRAND: Il y en a qui ont été
désamorcées.
M. BOUSQUET: Je pense que le metteur en page a une influence quand
même extraordinaire sur l'évolution de l'opinion publique par
l'espace qu'il accorde à telle ou telle nouvelle. Est-ce que c'est un
personnage unique ce metteur en page?
M. BUREAU: Le travail tel qu'il est prévu à la
restructuration se fait au niveau de l'adjoint à l'information qui a
physiquement autour de lui, à une table de travail autour de lui, les
chefs des trois grandes divisions que je vous ai mentionnées tout
à l'heure et les représentants des services auxiliaires que je
vous ai également mentionnés, photographes, maquettistes et tout
cela. C'est avec tous ces gens-là que se fait la mise en page, parce que
tous ces gens-là ont leur mot à dire dans l'appréciation
de la valeur relative des nouvelles. Personne à La Presse ne
détient une autorité unique qui puisse dire: Je décide que
cette nouvelle-là est la meilleure; toutes les autres, nous les mettons
de côté.
M. BOUSQUET: Dans le cas de chaque édition, c'est un travail
collectif?
M. BUREAU: Absolument.
M. MICHAUD: Y a-t-il un éditeur du service de l'information
politique, un directeur du service de l'information politique comme tel?
M. BUREAU: Dans la restructuration, il est prévu une section qui
s'appelle politique internationale et politique nationale. Il y a un chef de
cette division; il y a même trois chef pour assurer la permanence
vingt-quatre heures par jour à chacun des niveaux de la division.
M. MICHAUD: Mais il n'y a pas comme tel de directeur du service de
l'information politique?
M. BUREAU: Cela ne s'appelle pas comme cela, M. Michaud. La
restructuration prévoit les adjoints, les chefs de divisions, les chefs
de sections. S'il s'agit de la division numéro 2, par exemple, dans
laquelle se trouve la division de la politique, vous avez trois chefs de
divisions qui seront assistés de chefs de section qui, eux, auront une
autorité particulière soit sur la politique internationale, soit
sur la politique nationale, provinciale, soit sur l'économie ou sur les
différentes choses qui forment cette division numéro 2.
M. MICHAUD: Ma question sera plus pratique. Quand la copie est
acheminée par les courriéristes parlementaires au pupitre de La
Presse, y a-t-il une compétence en matière politique qui traite
cette copie tant au point de vue du titre que de la place dans le journal et
que de l'espace à accorder?
M. BUREAU: Justement, le chef de la division numéro 2 qui a sous
sa responsabilité la politique internationale, la politique nationale et
l'économie est le bonhomme qui va être assis avec l'adjoint
à l'information, à la même table que lui, pour
apprécier la valeur de chacune des nouvelles qui lui sont transmises,
que ce soit transmis par les services d'agences de nouvelles ou que ce soit
transmis par nos gens qui sont, je dirais, dans le champ et qui vont chercher
la nouvelle. Est-ce que cela répond à votre question, M.
Michaud?
M. MICHAUD: Oui.
M. BOUSQUET: Pour ce qui est des titres, qui s'en charge?
M. BUREAU: Les titres sont pensés au niveau de cette
table-là.
Il y a des suggestions qui sont faites à partir du Journaliste.
Maintenant quand vous arrivez, par exemple, avec une nouvelle, prenons le cas
d'aujourd'hui. Vous avez devant vous une série de mémoires qui
doivent être présentés aujourd'hui. Il y a la Presse, les
jour-
naux Trans-Canada Ltée, les entreprises Gelco Ltée,
Québec Télémédia, M. David Dent et M. Elzéar
Lavoie.
Imaginez-vous que le bureau de Québec doit trouver un titre pour
« couvrir » tout ce qui se passe ici.
M. BERTRAND: Peut-on tenir pour acquis qu'aujourd'hui la Presse va avoir
la première page?
M. BUREAU: Vous seriez bien téméraire de tenir ça
pour acquis, M. le Premier ministre. Mon expérience n'est pas
nécessairement dans ce sens-là. Je pense que, depuis le
début des séances de la commission, vous avez pu voir les pages
de cahier qui étaient consacrées à cette
information-là. Maintenant demain, s'il y a des nouvelles plus
importantes, je ne sais pas ce qui arrivera. S'il y a des nouvelles moins
importantes, je ne sais pas non plus ce qui arrivera. Il faudrait le demander
à ceux qui sont au pupitre aujourd'hui, à Québec, qui vont
apprécier la valeur relative des nouvelles.
Mais, tout de suite, je vous informe, parce que le bureau de
Québec pourrait bien trouver un titre pour coiffer l'ensemble de
l'affaire. Il peut se trouver que, dans la page qu'on lui destine, à la
dernière minute, il y ait un changement qui doive être
apporté, parce qu'une nouvelle très importante arrive et qu'il
faille réduire le titre. Le titre peut être modifié
à ce moment-là.
M. MICHAUD: Ou une page d'Eaton.
M. BUREAU: Pardon?
M. MICHAUD: Ou une page d'annonces.
M. BUREAU: Non, c'est réglé depuis bien longtemps, ces
problèmes-là.
M. BOUSQUET: C'est quand même un sujet très sérieux,
le sujet de la question des titres.
M, BUREAU: Alors, à ce moment-là, je pense qu'il y a un
autre aspect à considérer aussi. J'ai parlé d'une nouvelle
qui arriverait à un moment donné. Il y a aussi la ressemblance
des titres qu'il faut éviter dans le journal. Il y a toute une foule de
détails pratiques qui font qu'à un moment donné, des
titres peuvent être modifiés, et qu'ils ne soient pas exactement
les titres qui avaient été suggérés à la
base. Cela peut être pour une foule de raisons; parce qu'on n'a pas assez
d'espace, parce qu'il est arrivé une autre nouvelle, parce qu'une
nouvelle est déjà coiffée d'un titre qui ressemble trop
à celui-là.
M. BOURASSA: Mais, d'une façon générale, un titre
est toujours suggéré?
M. BUREAU: Je pense que oui. Evidemment, si le journaliste ne le
suggère pas, il est possible qu'il n'y en ait pas, mais normalement un
titre est suggéré sur les textes qui sont soumis. C'est ce qui se
fait régulièrement.
M. BOURASSA: Quelle est, brièvement, la proportion des quatre
éditions en volume, c'est-à-dire la première c'est 15%,
etc.? Quelle est la plus importante des quatre?
M. BUREAU: C'est la troisième. M. BOURASSA: La
troisième.
M. BUREAU: C'est la troisième, parce que la troisième est
celle qui est distribuée par porteurs dans la région
montréalaise. C'est la plus grosse édition.
UNE VOIX: Vous n'avez pas d'intérêts personnels, M.
Bourassa?
M. BOUSQUET: Pourrait-on vous demander quelle priorité vous
accordez aux différentes nouvelles? Accordez-vous la priorité aux
nouvelles québécoises, aux nouvelles canadiennes ou aux nouvelles
internationales? Au premier abord, y a-t-il une certaine priorité
accordée à telle ou telle nouvelle?
M. BUREAU: Vous avez, dans le mémoire qui vous a
été soumis, à partir de la page 23, je pense, une
appréciation, jour par jour, de la moyenne d'information qui est
publiée sur tel ou tel sujet. A partir de la page 23, il y a un tableau
qui indique pour chaque jour l'espace rédactionnel minimum, c'est
l'espace minimal, cela ne tient pas compte des urgences, des choses qui
arrivent en surplus le nombre de colonnes attribuées à la
rédaction, si aucun événement spécial n'en exige
davantage.
Vous avez là le partage, et vous pouvez probablement tirer la
conclusion qui vous intéresse. Mais ça, c'est l'espace minimal
jour par jour.
M. MICHAUD: Aux fins d'accélérer les travaux, étant
donné que la plupart des membres du comité ont dû lire,
puisqu'ils l'ont reçu au préalable, le mémoire que vous
avez soumis
là évidemment, c'est un petit cours d'information
à l'usage des profanes sur la fabrication d'un journal
pourrait-on peut-être poser certaines questions sur la structure du
capital de la société?
M. BUREAU: Certainement, La structure du capital va être
étudiée par Gelco immédiatement. Il me reste deux courts
points à vous présenter, si vous voulez. Nous croyons, nous,
qu'avec cette masse d'information, avec les exigences de la production,
c'est-à-dire produire quatre éditions entre huit heures et demie
et trois heures et demie de l'après-midi, avec la structure qui est mise
en place et dont les centres de décision sont répartis depuis le
plus bas ni-beau jusqu'au niveau des adjoints, nous croyons, dis-je, qu'avec
ça et en présence de cette complexité de la fabrication du
journal et de cette masse encore d'information, il est impossible,
physiquement, de contrôler l'information.
Même si on le voulait, ce ne serait pas possible de la
contrôler. Imaginez-vous le nombre de nouvelles qui arrivent à la
Presse tous les jours, vous n'avez qu'à feuilleter la Presse et vous
allez voir quelle est la masse de nouvelles que nous recevons. Nous sommes
obligés d'en écarter un très grand nombre, mais nous ne
pouvons pas les écarter sans les avoir lues, sans les avoir
triées, sans les avoir appréciées, sans les avoir
traduites parfois.
M, BOUSQUET: Maintenant, si vous me permettiez une autre question, il y
a une possibilité, je ne dis pas que c'est une probabilité, mais
il y a une possibilité d'orienter un journal au moment du choix des
journalistes. Cela vaut dans le domaine de la presse comme cela vaut dans le
domaine d'une faculté universitaire. Nous pouvons dire que les
professeurs sont libres d'enseigner la matière comme bon leur semble,
mais il y a quand même une sélection qui peut se faire au moment
de l'emploi.
Y aurait-il moyen d'avoir une petite idée de la façon dont
vous procédez pour l'emploi des journalistes?
M. BUREAU: C'est une excellente question, je suis bien content que vous
me l'ayez posée. Le service de la rédaction compte 200
journalistes ou personnel auxiliaire. Il y a 140 journalistes, il y a les
maquettistes, les photographes, les dessinateurs, le personnel auxiliaire.
Alors, le choix des 200 personnes ne pourra jamais se faire. Au niveau
supérieur, au choix des adjoints et du directeur de l'information, il
est évident que c'est la responsabilité de l'éditeur de
choisir le directeur de l'information en fonc- tion de la sorte de journal
qu'il veut faire et que nous avons, tout à l'heure, exposée
devant vous: un journal qui soit indépendant, qui soit honnête,
qui soit respectueux, qui soit complet, parce que c'est un journal
d'information. Alors, à ce niveau, le choix du directeur de
l'information relève de la responsabilité de la direction de
l'entreprise. Ses adjoints ont été choisis et les neuf adjoints
du directeur de l'information sont tous devenus adjoints depuis que les
nouveaux intérêts sont propriétaires de la Presse.
Ils ont tous été choisis j'ai eu personnellement
connaissance du choix de sept de ces adjoints après, si vous
voulez, un examen sérieux des candidatures par le directeur de
l'information, et c'est lui qui a recommandé dans ce
cas-là, il me l'a recommandé parce que c'est moi qui avais cette
responsabilité, qui avais ce service sous ma juridiction ces
nominations-là. Ce sont des gens qui ont travaillé avec lui dans
la salle, ce sont tous des gens de la Presse et ils ont tous
accédé au poste d'adjoint à l'information sur
recommandation et sur décision du directeur de l'information.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui est directeur de l'information?
M. BUREAU: M. Pierre Lafrance. Vous avez d'ailleurs dans le cahier, et
je vous y réfère, à la page 12, intitulée: La
direction du service, les noms de chacun de ces journalistes, leur
expérience et leurs qualifications pour occuper les postes de direction
qu'ils occupent dans le service de l'information. J'attire votre attention
là-dessus, vous allez voir qu'il s'agit d'employés de la Presse.
Nous n'avons pas voulu que nous disions, du jour au lendemain, comme ça
s'était déjà fait, il y a le nouveau directeur à
l'information, nous arrivons avec dix, quinze nouveaux gars que l'on va
chercher partout ailleurs pour faire le ménage. Il n'était pas du
tout question d'un ménage à la Presse. Nous avons le personnel
qualifié qu'il faut pour le service de l'information. Nous tâchons
d'en recruter encore pour compléter les rangs de ce personnel. C'est ce
que nous avons fait, depuis un an et demi.
M. LAPORTE: Me Bureau, si on voulait orienter la nouvelle, ce qui,
évidemment, ne semble pas être le cas à la Presse,
manifestement, quel est le service qu'il serait le plus facile de
contrôler ou le plus efficace?
Je vais poser une question, étant donné que je ne joue pas
à cache-cache, ne croyez-vous pas que ceux qui font les titres sont le
plus en mesure d'influencer, d'orienter?
M. BUREAU: Ils ont certainement une très large part de
responsabilité, mais ils sont obligés de travailler avec le
matériel qu'ils ont sous la main...
M. LAPORTE: Oui.
M. BUREAU: Ils sont obligés de travailler avec l'article qui est
devant eux.
Alors, je dirais, moi, que, si on voulait tâcher d'influencer ou
d'orienter quelqu'un, il faudrait le faire au niveau des gens qui vont chercher
la nouvelle, parce qu'à ce moment-là ce sont eux qui fournissent
la matière. Maintenant, pour aller plus loin, si j'acceptais votre
théorie que les gens qui font les titres sont susceptibles d'orienter
davantage l'information, il reste qu'à l'intérieur de la
convention collective des mécanismes sont prévus pour
empêcher ce travail d'orientation ou de « biaisage » de la
nouvelle.
A ce moment-là, c'est une atteinte au travail professionnel de
l'individu et il serait certainement sujet à des sanctions.
M. LAPORTE: Cest bien difficile à déterminer, de toute
façon.
M. BUREAU: Non, non, il y a des cas patents.
M. LAPORTE: Je vous donne deux exemples, l'un qui m'apparaît
simplement je ne parle pas de La Presse, je parle en
général être du journalisme amateur. On lit, dans
tous les journaux, régulièrement, que ce soit à Ottawa ou
à Québec, après un long débat sur une motion de
non-confiance: « Autre motion de non-confiance rejetée par la
Chambre ».
Disons qu'il est assez improbable que, dans notre système
parlementaire, quand le gouvernement a la majorité, la motion de
non-confiance soit votée. Alors, qu'on lise régulièrement:
« Huitième motion de non-confiance défaite par la Chambre
», cela peut impressionner certains lecteurs qui disent: «
L'Opposition se fait toujours battre ou le gouvernement gagne toujours ».
Cela ne me paraît pas du journalisme bien fait.
M. BERTRAND: Cest la vérité.
M. LAPORTE: Cela n'est-il pas de nature à influencer le lecteur,
alors qu'on devrait le mettre au courant du sujet qui a été
discuté? C'est mon premier exemple.
Le deuxième exemple je parle toujours de ceux qui font les
titres une conférence a été prononcée, un
jour, sur un sujet fort délicat: l'avenir du Canada, la constitution,
enfin, on connaît le sujet. Cette conférence d'une vingtaine de
pages avait demandé à son auteur, disons, beaucoup de travail et
de soins. Dans le texte qu'on avait remis aux journaux et qui était fort
étudié, on disait: Certaines choses peuvent parfois
entraîner des exagérations. On a vu le nationalisme poussé
à son extrême en Allemagne avec les conséquences... Cela,
c'était une incidente de deux paragraphes dans le texte. Elle a
été résumée en trois paragraphes et le titre
était devenu: « M. X parle d'Hitler et de nationalisme
».
On en a entendu parler après ça; la personne s'est fait
accuser, on a dit: « II charrie un peu, le petit garçon, parler
d'Hitler et de nationalisme ». Lorsqu'ensuite on a demandé comment
il se faisait que le titre avait été fait comme ça, on a
répondu: Evidemment, c'est Untel qui a fait le titre. Cest ça la
question que je vous pose.
M. BUREAU: Alors, pour répondre à votre première
question concernant l'exemple du huitième rejet...
M. BOUSQUET: C'est le sort de l'Opposition.
M. BUREAU: ... je pense qu'il faut tenir compte de différentes
circonstances ou de différents éléments pour
apprécier l'affaire. D'abord, il est possible que l'on ait parlé
de cette motion-là dans nos journaux depuis trois jours, par exemple. Il
était peut-être suffisant de dire: « Rejet de la motion de
non-confiance », parce qu'elle avait fait la manchette depuis une couple
de jours. Cela, c'est une chose possible.
Une autre chose qui est possible, c'est qu'il faut tenir compte du fait
qu'il y a d'autres média que les journaux qui informent également
le public On ne peut plus dire, aujourd'hui, que la presse informe à
elle seule M. X. La presse, c'est un élément qui informe, mais
elle n'est pas toute seule.
M. LAPORTE: J'aimerais bien que vous notiez que je ne parle pas du
journal La Presse: je parle en général.
M. BUREAU: Non, non. Alors, disons le journal X.
M. LAPORTE: D'accord.
M. BUREAU: Si, par ailleurs, pendant X
jours à la télévision, à la radio, il a
été question de cette chose-la et qu'il en a été
question aussi dans nos pages, il est peut-être suffisant de parler du
huitième rejet. Je viens à votre deuxième exemple. Je
n'exclus pas la possibilité qu'à un moment donné
quelqu'un, soit par manque d'expérience, soit par intérêt
même jusqu'à un certain point, ait pu faire passer une chose comme
celle-là. Cela est possible. Nous sommes tous des humains; nous sommes
tous bousculés par les éditions; nous sommes tous soumis aux
difficultés que nous pouvons avoir à obtenir certains
renseignements ou certaines informations.
Il y a des journalistes qui vont chercher la nouvelle chez un individu
et qui sont très mal reçus; c'est humain qu'ils en gardent un
souvenir amer, parfois. Il peut arriver des choses comme celle-là. Mais
justement notre restructuration, en permettant l'étude de la fabrication
du journal au niveau des chefs de division et de l'adjoint à
l'information devrait empêcher des choses comme celle-là de se
passer. C'est ce que nous souhaitons.
M. LAPORTE: Ce que je veux dire, en somme... Je vais donner un exemple
du journal où j'ai travaillé. Cela s'est passé pendant que
j'étais là. A un moment donné, un correspondant du Devoir
à Ottawa est devenu candidat conservateur. Un correspondant du
Devoir...
M. BUREAU: Je le connais, celui-là.
M. LAPORTE: ... est devenu candidat cré-ditiste. Non, moi j'ai
démissionné avant. Mettons aussi mon cas. Là, je le cite.
A un moment donné, quand le deuxième est parti, nous avons
reçu une lettre de quatre lignes que nous avons publiée et que
j'ai trouvée fort éloquente: « Nous avons hâte de
savoir le nom de votre prochain correspondant à Ottawa pour savoir en
faveur de quel parti il va déformer la nouvelle ». C'est une chose
que personne ne peut vérifier et où l'honnêteté
intellectuelle du journaliste est tout à fait en cause. Il n'y a pas un
conseil d'administration, pas un conseil d'arbitrage et pas un tribunal
d'honneur qui peut juger une chose comme celle-là.
On a parfois l'impression je parle du journalisme en
général que les journalistes défendent une
thèse autant qu'ils publient de la nouvelle. On peut donner de cela
certains exemples.
M. BUREAU: Nous entrons là dans tout le débat...
M. LAPORTE: La qualification.
M. BUREAU: ... de l'individualité du journaliste...
M. LAPORTE: Oui.
M. BUREAU: ... dans le compte rendu d'un fait. Normalement, il ne
devrait pas se trouver d'éléments qui indiquent quelle est la
faveur politique ou autre de l'individu qui fait le compte rendu.
M. LAPORTE: C'est le débat perpétuel, et qui ne sera
jamais résolu, de la nouvelle et du commentaire.
M. BUREAU: Oui, exactement.
M. LAPORTE: Il y avait autrefois un code bien tranché à
l'effet qu'on ne faisait jamais de commentaires dans une nouvelle.
M. BUREAU: Certainement.
M. LAPORTE: Disons que cela a évolué, fort heureusement,
mais c'est le problème du commentaire.
M. BUREAU: Absolument.
M. LAPORTE: Quand un journaliste a écrit, par exemple, que M. X
faisait un discours, c'était un ministre fédéral, pas
nécessairement du gouvernement actuel: Pendant que la foule manifestait,
le ministre a continué « platement » son discours. A ce
moment-là, qu'est-ce que c'est? Cela s'est vu.
M. BUREAU: C'était peut-être « platoni-quement
» qu'il voulait dire.
M. LAPORTE: C'était peut-être évident.
M. BUREAU: C'était peut-être « platoni-quement
» et cela a sauté à la composition.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que, comme dans notre temps, les
typographes ont le dos bien large.
M. BUREAU: C'est du bien bon monde comme nous.
M. LAPORTE: Ah, oui!
M. BUREAU: Il y a du vrai dans ce que vous soulignez. C'est une
responsabilité très
grande que celle de faire les titres, il n'y a pas de doute
là-dessus.
M. LEVESQUE (Laurier): Excusez-moi... M. BUREAU: Allez donc, M.
Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): II y a un autre danger. Il y a les titres qui
comportent un danger. C'est-à-dire qu'il y a aussi une façon
d'orienter un journal: c'est le choix de la place qu'occupera la nouvelle.
Comme vous le disiez vous-mêmes, je ne pense pas qu'aucun journal
quotidien qui est aussi massif que La Fresse et qui prétend essayer de
tout « couvrir » ou à peu près éliminera
systématiquement les nouvelles. Seulement, il y a une différence
inoui'e entre la page 1, la page 3 et la page 75, aux environs des huit
erreurs, vous savez.
M. BUREAU: Aux environs de?
M. LEVESQUE (Laurier): Aux environs de « Trouvez les huit erreurs
».
M. BUREAU: Oui. Sept erreurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Sept? Non.
M. BUREAU: C'est la question de la mise en page.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, excusez-moi. Les sept erreurs sont chez
Péladeau, je pense. Chez vous, ce sont huit erreurs.
M. BUREAU: Bien, il y a certainement une erreur là.
M. LEVESQUE (Laurier): Je fais le jeu assez souvent. Donc, le choix de
l'endroit, sans compter la présentation dont on vient de parler, est
fait par...
M. BUREAU: Je vous l'ai expliqué tout à l'heure. Il est
fait au niveau de l'adjoint avec ses chefs de division.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. BUREAU: C'est en fonction de chacune des éditions.
M. LEVESQUE (Laurier): Essentiellement, l'adjoint et le directeur de
l'information ont quand même la haute autorité sur...
M. BUREAU: Certainement.
M. LEVESQUE (Laurier): ... la façon de faire le journal...
M. BUREAU: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et la façon de traiter la
nouvelle.
M. BUREAU: II faut s'entendre sur l'expression « traiter la
nouvelle ». Le mot « traiter » peut avoir bien des sens.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je veux dire très simplement
je ne veux pas faire de thèse c'est que quand le directeur de
l'information est choisi, c'est lui quand même qui dirige
l'information.
Il a ses adjoints sous le directeur de l'information; les adjoints sont
également choisis par la direction, ce qui est normal. Vous l'avez dit,
ils sont pris à même le personnel, mais deviennent des
non-syndiqués, non syndicables...
M. BUREAU: C'est exact.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et représentent la direction. Or, la
facture générale du journal et un certain climat... Je crois que
l'essentiel d'un journal est quand même le choix qu'on fait, dans tous
les secteurs, des informations, parce qu'il y a des sujets qui durent. Vous
avez par exemple des discussions politiques au Canada ou dans Québec qui
ne se font pas du jour au lendemain, qui durent. Je prends un exemple que je
connais, je le vis. Bon. Alors, il y a un certain choix qui se fait de ces
nouvelles et, essentiellement, elles dépendent du directeur de
l'information et de ses adjoints, à long terme.
Autrement dit, ce n'est pas sur une journée ni sur une semaine,
mais un certain climat s'établit dans le choix. Il y a des choses qui
sont plus importantes que d'autres, etc. et c'est inévitable.
M. BUREAU: Les choses les plus importantes, on en parle à la page
23; je vous ai indiqué tout à l'heure quelle était la
répartition de l'espace minimum du journal. Il faut penser que nous ne
sommes pas un journal de combat idéologique, alors on ne peut pas donner
50% de l'espace de La Presse aux problèmes politiques, par exemple. Il
faut que nous fournissions à nos lecteurs un journal complet et
diversifié. Alors cela nous oblige, à certains moments...
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a un choix qui
se fait dans l'information. C'est tout ce que je voulais dire.
M. BUREAU: Forcément. On reçoit 255,000 mots d'agences,
par exemple, alors s'il fallait les publier tous, on n'en sortirait pas.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, le choix dépend essentiellement de
la direction et des hommes qui sont là.
M. BUREAU: Bien écoutez, là je ne suis pas tout à
fait d'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez... D'accord.
M. BUREAU: Bien, votre raisonnement est très bien fait, sauf
qu'il met de côté la présence des chefs de division qui
sont assis là et qui participent avec l'adjoint à l'information,
à la fabrication de chacune des éditions du journal. Je ne peux
pas tenir pour acquis que les chefs de division, de la première, de la
deuxième ou de la troisième division, qui sont syndiqués,
qui ont dans leur convention collective des normes de protection et de garantie
professionnelles, se fassent passer des bois si vous voulez, par l'adjoint au
directeur de l'information. Bien au contraire, il y a un adjoint au directeur
de l'information qui est assis à la table et qui est entouré de
ses trois personnes qui, elles, ont la responsabilité de la «
couverture » de chacun de ces domaines. Et si, à un moment
donné, une décision était prise de choisir telle ou telle
nouvelle plutôt que telle autre, pas nécessairement dire,
à partir de demain matin, on ne parle plus de M. Lévesque, c'est
évident que cela ne peut pas se faire, c'est évident que cela ne
se ferait nulle part, je pense, j'espère mais, si à un
moment donné, petit à petit c'était éliminé
graduellement, pensez-vous, d'abord, que nos lecteurs ne réagiraient
pas? Je vais vous en parler tout à l'heure, pensez-vous à part
cela, que nos journalistes ne réagiraient pas?
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, ça devient ad hominem; j'ai
essayé de l'éviter, j'aimerais bien que vous en fassiez
autant.
M. BUREAU: Oui, oui. Bien je m'excuse, alors disons...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous êtes porté à faire un
plaidoyer, ce n'est pas ce que je vou- lais faire, et surtout je n'ai pas envie
de me donner comme exemple. Je vous dis simplement ceci et je voudrais avoir
votre réponse: la direction a la haute main sur la facture de son
journal, c'est à elle ce journal, vous l'avez dit. Bon. La direction est
représentée, vous avez dit vous-même que, vous, vous avez
présidé à ce choix du directeur de l'information et des
adjoints, si j'ai bien compris tout à l'heure.
M. BUREAU: Je n'ai pas présidé au choix du directeur, je
n'étais pas...
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai cru comprendre le mot présidé,
on verra dans le compte rendu.
M. BUREAU: Oui, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous, vous êtes à quel poste
à La Presse?
M. BUREAU: Vice-président exécutif.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon le vice-président exécutif que
vous êtes, qui représente la direction, a quand même son mot
à dire dans le choix du directeur de l'information et de ses adjoints.
Bon. Les chefs de division dont vous parlez, si j'ai bien compris votre
raisonnement tout à l'heure, les adjoints, comme vous dites, n'ont pas
été parachutés d'en dehors mais ont été pris
à même les journalistes.
M. BUREAU: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): II y a des chances que les chefs de division dont
vous parlez, qui sont autour de l'adjoint quand on fait le journal, puissent
aussi un jour devenir adjoints, à condition que cela fasse l'affaire de
la direction. Oui ou non?
M. BUREAU: Bien voici, là on prend...
M. LEVESQUE (Laurier): Ils sont dans la ligne de promotion. Oui ou
non?
M. BUREAU: Exactement.
M. LEVESQUE (Laurier): Bon, d'accord, c'est tout ce que je voulais dire.
Merci.
M. BUREAU: Je voudrais tout simplement dire que si j'ai mentionné
le nom de M. Lévesque, ce n'était pas une attaque ad hominem que
je voulais faire, pas du tout. Je voulais montrer jusqu'à quel point on
ne peut pas...
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, je voulais systématiquement
éviter de parler de choses qui pourraient directement
m'intéresser et je voudrais que vous en fassiez autant.
M. BUREAU: Très bien, je vais tâcher de le faire.
M. LEVESQUE (Laurier): On essaie de comprendre votre journal et non pas
vos orientations.
M. BUREAU: Oui.
M. M1CHAUD: M. Bureau, si je comprends bien le sens de votre
mémoire, vous voulez prouver, corrigez-moi si je fais erreur, que quels
que soient les apparentements et les cousinages économiques
puisque ce comité a été institué pour
étudier le phénomène de la concentration des entreprises
de presse et des apparentements économiques que pourrait
éventuellement avoir La Presse avec d'autres structures
financières quels que soient les apparentements
économiques du journal La Presse quelle que soit sa
propriété, il est impossible d'intervenir dans le
mécanisme de la diffusion des faits.
M. BUREAU: Exactement. C'est ce que je veux démontrer.
M. MICHAUD: C'est ça que vous voulez prouver.
M. BUREAU: J'espère que la lecture du journal... Je ne parle pas
de la lecture d'un journal...
M. MICHAUD: Si vous le permettez, je vais continuer. Il y a une place
qui n'est pas faite, bien sûr le député de Laurier
vient de le mentionner aux adjoints ou aux sous-adjoints qui sont dans
une ligne de promotion et qui seraient éventuellement tentés de
protéger davantage les intérêts du patronat. Il y a une
place aussi qui n'est pas faite à cette sorte d'autocensure que peuvent
éventuellement pratiquer les journalistes devant des sujets qu'ils
estiment litigieux ou qui, d'après eux, ne seraient pas reçus
avec tellement de faveur de la part de la direction. Ce n'est pas prévu.
Evidemment, c'est de l'impondérable.
M. BUREAU: Je pense, M. Michaud, que vous avez, dans l'étude de
la restructuration qui accompagne le mémoire, une réponse
détaillée à tous ces points. Vous avez là
l'explication de tout le mécanisme, l'explication du choix des individus
qui occupent tel ou tel poste et les critères sur lesquels on s'est
basé pour faire ce choix. Je comprends les appréhensions de M.
Lévesque. J'espère que ma démonstration sera suffisante
pour le convaincre qu'on agit de bonne foi et qu'on essaie de le faire de
façon à assurer la liberté de presse. C'est tout ce qui
nous intéresse. La restructuration s'est passée de cette
façon: pendant un an et demi, les journalistes, par leur
représentant, le syndicat des journalistes de La Presse, ont
étudié, dans des journées d'information parallèles
aux séances de négociations qui continuaient à se
dérouler, la restructuration qui était proposée par la
direction de l'information. Cette restructuration, ce n'est pas la haute
direction qui l'a suggérée; ce sont les adjoints et le directeur
de l'information qui se sont penchés sur ce problème.
Ce problème n'était pas nouveau, parce qu'il y avait de
nouveaux intérêts à La Presse. Depuis des années,
les journalistes demandaient, par exemple, la séparation entre
1'editorial et l'information. Si vous relisez les numéros de la revue
Trente, qui était l'organe de l'Alliance des syndicats de journalistes,
vous allez voir que, dans la majeure partie de tous ces articles, on revenait
sur des thèmes et sur des suggestions qui, aujourd'hui, sont
entérinées et se retrouvent dans la nouvelle structure. J'ai
parlé, tout à l'heure, de la séparation ou de la
décentralisation des centres de décision, entre le niveau de
l'adjoint et le niveau du journaliste, par les chefs de section et les chefs de
division.
Vous allez avoir là-dedans toutes les distinctions qui s'imposent
et toute la description de ce processus de décision à tous les
échelons. Vous allez voir que, quand ça arrive au niveau de
l'adjoint à l'information, le travail est pratiquement
complété. Il s'agit, alors, d'un travail de coordination.
Imaginez-vous l'individu qui a un journal de 92, de 104 ou de 120 pages
à faire pour le lendemain. Pensez-vous que ces gens-là, chefs de
division, adjoints au directeur de l'Information, vont avoir le temps de
contrôler la masse d'informations qui leur arrivent, quand,
déjà, les chefs de section, les journalistes et les chefs de
division ont fait un premier tri? Cela se fait au niveau des journalistes qui
sont syndiqués.
M. MICHAUD: Vous nous assurez que cette nouvelle structure qui a
été mise en place, quels que soient les intérêts
économiques en cause, sera la garantie de liberté de
l'information et de diffusion des faits. Je reviens toujours avec mon exemple
qui est, je pense, assez bien choisi. Je suppose qu'un reportage ou une
enquête serait
faite par un journaliste de La Presse sur l'étatisation des
pistes de courses. Or, La Presse, par ses apparentements économiques,
par ses cousinages, est propriétaire de Blue Bonnets et du parc
Richelieu. Il n'y aurait aucune tentative d'intervention de la direction dans
un reportage éventuel sur le dossier des hippodromes.
M. BUREAU: Vous prenez une hypothèse. Si vous me le permettez, je
vais répondre par des exemples.
M. MICHAUD: Cette structure permettra justement qu'il n'y ait pas
d'intervention.
M. BUREAU: Au moment même où la structure était
à se discuter et à se négocier, alors qu'elle
n'était pas encore en place complètement, vous avez eu, par
exemple, une grève à Blue Bonnets. Blue Bonnets est la
propriété d'intérêts qui sont apparentés aux
nôtres, par différents graphiques que vous verrez tout à
l'heure.
Je pense que pas un seul journal a fourni de l'information sur cette
grève-là comme La Presse. Information de provenance syndicale
dans la plupart du temps parce que, généralement, les patrons
font un communiqué, deux communiqués et on n'en parle pas
davantage.
Essayez de vous souvenir de l'information qu'il y a eu dans la Presse au
sujet de cette grève de Blue Bonnets. J'apprécierais que vous
puissiez porter un jugement après cela pour savoir si vraiment vous
pensez qu'il a pu y avoir, qu'il y a eu ou qu'il aurait dû y avoir une
intervention quelconque. Je vous cite également le cas de la Cie de
Transport Provincial qui a connu une grève aussi. Regardez
là-dedans. Ce sont des exemples que l'on a mentionnés depuis
quelque temps de compagnies qui seraient voisines des intérêts de
la Presse. Regardez encore là le genre d'information que nous avons
donnée sur ces conflits. Vous allez voir qu'il y a eu absolument aucune
intervention d'aucune sorte.
M. MICHAUD: La grève ne mettait pas en cause la
propriété de ce monopole d'Etat qui est
rétrocédé à des entreprises privées.
M. BUREAU: J'arrive à votre exemple plus particulièrement.
Je voulais d'abord vous donner l'occasion d'apprécier que dans des cas
où vraiment il y avait des intérêts en jeu, il n'y a pas eu
de telles interventions.
Dans le cas hypothétique que vous suggérez, le cas de la
nationalisation des pistes de course, il est possible que le service de
l'éditorial, qui exprime la pensée de l'éditeur, ait une
pensée ou un commentaire à formuler concernant ce bill. C'est sa
prérogative. Il est séparé du service de l'information.
L'éditorial est séparé complètement du service de
l'information.
Il n'y a absolument rien qui transperce de l'éditorial à
l'information. Vous allez me dire que ce n'est pas une démonstration
définitive. Il pourrait toujours y avoir un appel
téléphonique pour demander qu'on ne publie pas telle ou telle
chose. C'est à cela que revient votre question. Evidemment, il pourrait
y avoir un appel téléphonique, je ne sais pas de qui, mais il
pourrait peut-être y avoir des appels téléphoniques. Il y
en a tous les jours, de ces appels, M. Michaud...
M. MICHAUD: Non, non, mais cela...
M. BUREAU: ... de la part de toutes sortes de gens qui veulent qu'on
passe sous silence tel compte rendu qui a été fait, telle chose
qui a été dite. Cela ne dérougit pas, les appels
téléphoniques, à La Presse de gens comme cela. Il y en a
de très haut placés. Il y en a qui sont ministres, qui ont
été ministres dans différents cabinets de
différents gouvernements qui appellent pour se plaindre de telle ou
telle chose. Cela arrive tous les jours, c'est humain.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui s'occupe des pages économiques et
financières?
M. BUREAU: La nomination a été faite la semaine
dernière. C'est M. Roger Marceau qui était un journaliste
à la section des pages économiques et financières. M.
Marceau est un diplômé de l'Institut d'économie politique
de Paris.
Il est à la Presse depuis quelques années. C'est lui qui
aura la charge, dorénavant, de faire les pages financières de la
Presse. Il remplace à ce poste M. Laurent Lauzier.
M. LEVESQUE (Laurier): Roger Marceau. M. BUREAU: Roger Marceau.
M. BOUSQUET: Dans le cas des différentes nominations, est-ce que
l'on pourrait dire que le vice-président consulte les journalistes avant
de faire une nomination de chef de division, de chef de secteur ou d'adjoint
à l'information? Est-ce qu'il y a une certaine consultation pour que
vous vous assuriez que la personne qui est en autorité est
acceptée des journalistes?
M. BUREAU: Si vous vous référez à l'organigramme du
début de ce texte, vous verrez que dépendent de ma
responsabilité la production,
l'information et tous les autres services. Il y en a huit qui
dépendent de ma responsabilité. Nous avons 1,360 employés
dans ces services. Il est absolument impossible que je participe à
toutes les décisions. Physiquement, c'est déjà impossible.
Deuxièmement, au niveau des chefs de section et des chefs de division,
il y a eu, conformément à la convention collective, des
affichages. Tous les postes ont été affichés. Tous les
journalistes de la Presse et cela pour la première fois
avaient le droit de poser leur candidature à n'importe quelle des
fonctions qui étalent là.
Le choix s'est fait par les adjoints et le directeur de l'information.
Ces nominations ont été affichées. Il y a dans la
convention collective des mécanismes prévus pour contester ces
nominations si n'importe quel des employés qui se prétendrait
lésé par telle ou telle nomination voulait la contester.
A l'heure actuelle, il y a eu affichage des nominations. Il n'y a eu
aucun grief de présenté à l'heure actuelle à ces
nominations qui comportent une trentaine de postes de chefs de section et de
chefs de division. Ceci a été fait de la façon la plus
scientifique, la plus honnête, la plus professionnelle possible. La
façon de procéder à ce choix a été
exposée au syndicat. Elle a été commentée,
étudiée. Je pense que l'on a procédé à ces
nominations de façon à pouvoir mettre au meilleur endroit le
meilleur homme pour faire le meilleur journal. C 'est tout ce qui nous
intéresse.
Quant à mon rôle, puisque la question était dans ce
sens-là, je vous dirai que j'ai appris, jeudi matin de la semaine
dernière parce que le mercredi où cela a été
affiché, j'étais ici à Québec les noms des
individus qui avaient été retenus pour chacune de ces
fonctions.
Le directeur de chacun des services a notre confiance totale dans
l'administration de son service. C'est lui qui dirige son budget, qui
l'administre, qui choisit son personnel et qui s'occupe de faire fonctionner
son service. Je ne peux pas me substituer à M. Lafrance, au
gérant de la production, au directeur de la publicité ou au
directeur du tirage; je manquerais mon coup dans tous les cas.
Ils ont chacun leurs responsabilités et je les leur laisse
prendre. Je suis chargé de coordonner leur travail au niveau absolument
supérieur entre les différents services. Quand, par exemple, il
se pose un problème comme celui de publier un cahier spécial sur
Apollo II, cela implique la publicité, le tirage pour la diffusion de ce
cahier-là, l'information, la production et la promotion. A ce
moment-là, c'est moi qui doit faire la coordination de tous les
commentaires que les gens vont écrire pour réaliser ce cahier. Ce
n'est pas moi qui dis au service de l'information: Vous allez faire ce cahier
de telle ou telle façon, vous allez mettre tel article dedans ou enlever
tel autre que je ne veux pas voir. Je n'ai absolument rien à voir
là-dedans.
D'ailleurs, il faudrait tenir pour acquis que les journalistes ne
toléreraient pas ça, quels qu'ils soient. Je ne suis pas un
journaliste professionnel, je ne suis pas un rédacteur en chef et je
n'ai aucune prérogative particulière pour m'immiscer dans ce
travail-là. Je suis très intéressé à la
bonne marche de chacun des services et je me tiens au courant autant que c'est
possible de le faire.
M. BOUSQUET: Je crois que c'est une excellente réponse.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Je voudrais revenir deux secondes, seulement pour
voir un peu comment c'est organisé. Vous dites que M. Roger Marceau
s'occupe des pages économiques et financières depuis quelques
jours seulement.
M. BUREAU: Oui, c'est-à-dire qu'il a été
nommé. M. Lauzier continue d'assurer la permanence tant que la
restructuration ne sera pas complétée, c'est-à-dire tant
que le choix de tous les journalistes de cette section n'aura pas
été affiché.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, M. Lauzier est encore à la
Presse?
M. BUREAU: Certainement.
M. LEVESQUE (Laurier): Que va-t-il devenir?
M. BUREAU: On m'informe qu'il est en congé de maladie
actuellement. C'est la raison pour laquelle M. Marceau occupe actuellement la
fonction. Il devrait l'occuper en permanence, dès que la structure sera
complétée.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Lauzier est-il encore à La Presse?
M. BUREAU: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): A quel service?
M. BUREAU: OÙ? Je suis content que la question soit posée.
Nous avons nommé des
chefs de division et des chefs de section: 140 postes seront
affichés dans les prochains jours et tous les autres journalistes qui ne
seront pas nommés à l'une ou l'autre de ces fonctions postuleront
l'un ou l'autre de ces postes. Alors, M. Lauzier, comme n'importe quel autre
journaliste, peut postuler n'importe quel des 140 postes qui seront
affichés et sa candidature sera retenue dans l'un ou l'autre des
services.
M. LEVESQUE (Laurier): Excusez-moi, c'est juste pour voir un peu la
ligne. M. Marceau prend la responsabilité des pages de la section
économique et financière.
M. BUREAU: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Il dépend de qui?
M. BUREAU: II dépend du chef de la division no 2, qui est la
division économie, politique internationale, politique nationale et
sciences.
M. LEVESQUE (Laurier): Le chef de la division no 2 est-il un
permanent?
M. BUREAU: C'est un permanent. Il y en a trois pour assurer la
permanence, 24 heures par jour.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui sont-ils? C'est quand même, un secteur
assez important.
M. BUREAU: M. Pierre Lafrance, directeur de l'information.
M. LAFRANCE: Nous avons nommé récemment Louis Thivierge
qui occupe encore, pour le moment, la fonction de chef de notre section
internationale.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. On m'apprend que M. Robarts arrive
à l'instant. Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à cet
après-midi. Vous pourrez alors continuer l'exposé. Je comprends
que vous entrez dans une nouvelle partie de votre exposé. Les travaux de
la Chambre reprennent à trois heures et nous serons ici, en bas,
dès que les travaux de la Chambre nous le permettront,
c'est-à-dire vers quatre heures moins quart.
M. LEVESQUE (Laurier): Pourriez-vous garder les deux noms, M.
Lafrance?
M. LAFRANCE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Ne les perdez pas.
Reprise de la séance à 16 h 10
M. CLOUTIER (président de la commission spéciale sur le
problème de la liberté de la presse): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons la séance. Je voudrais d'abord, au nom des membres de la
commission, nous excuser pour l'interruption brusque de ce matin, qui a permis
aux membres de la commission d'assister à un événement
important.
Avant de reprendre les travaux de notre commission, je demande à
Me Paul Pouliot, qui avait une observation à faire quanta l'ordre des
travaux de la commission, s'il veut bien faire son observation qu'il m'a dit
très courte.
M. POULIOT: M. le Président, si vous me permettez, je vais faire
en premier lieu une correction: Je ne suis pas avocat, je n'ai pas ce
privilège. Je suis tout simplement journaliste. Au nom du Syndicat des
journalistes de Montréal, dont je suis le président
général, je vous demanderais, M. le Président, de bien
vouloir remettre à plus tard la présentation de notre
mémoire, qui devait se faire le mercredi 11 juin, la remettre
après le début de juillet. Le syndicat est très conscient
de la prime importance de vos travaux pour la démocratie au
Québec et nous avons l'intention de présenter un mémoire
des plus valables et des plus objectifs. C'est pour ça que je suis ici
aujourd'hui pour vous demander, ainsi qu'à vos collègues, de bien
vouloir retarder de quelques semaines la présentation de notre
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Nous prenons bonne note de la demande de M. Pouliot.
S'il y en a d'autres qui, en ce moment-ci, n'ont pas fait connaître leur
intention de présenter des mémoires et qui veulent en
présenter, il sera toujours temps d'avertir la commission.
M. le député de Laurier, oui?
M. LEVESQUE (Laurier): Excusez-moi, M. Pouliot, juste pour qu'on soit
sûr de quoi il s'agit, vous avez dit que c'est le syndicat...?
M. POULIOT: ... des journalistes de Montréal, affilié
à CSN.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors ce n'est pas du tout conjoint avec la
fédération?
M. POULIOT: Absolument pas, M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): La présentation du rapport de la
fédération est prévue pour?
M. LE PRESIDENT: C'est prévu pour le 11 juin.
M. POULIOT: La fédération est un organisme professionnel,
notre association est un organisme syndical qui groupe tous les journalistes
syndiqués de la CSN de Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais vous n'êtes pas en fonction du
tout...
M. POULIOT: Absolument pas, M. Lévesque.
M. MICHAUD: Mais le syndicat des journalistes de Montréal
comprend la Presse, la Patrie, le Petit-Journal...
M. POULIOT: ... Photo-Journal, Dernière Heure et
Montréal-Matin.
M. MICHAUD: ... Photo-Journal, Dernière Heure et
Montréal-Matin.
Avant que M. Bureau ne poursuive dans l'exposé de son
mémoire, j'aimerais lui poser une question et j'aimerais qu'il dispose
de cela tout de suite. Le 12 août 1967, et cela regarde la
mécanique des transactions qui ont eu lieu le 12 août 1967. Il y a
eu une loi qui a été sanctionnée par le Parlement du
Québec et qui concernait la succession de l'honorable Trefflé
Berthiaume et de la compagnie de publication La Presse Limitée. Or, la
loi stipulait que cette transaction était autorisée par la
Législature en faveur de la Corporation de valeurs Trans-Canada qui
était l'acquéreur à cette époque, compagnie
constituée en vertu des lois de la province de Québec. Il
était dit dans le texte de ce projet de loi de nature privée
qu'il était opportun d'autoriser telle vente, mais avec certaines
restrictions quant au transfert subséquent possible. La loi disait
également: Après la vente autorisée par la loi, aucune
vente, cession transport ou nantissement d'une partie substantielle des biens
de la compagnie, à l'exception du poste de radio CKAC et du journal La
Patrie, ne peut être validement fait ou consenti sans l'autorisation de
la Législature.
Or, à l'avant-propos de votre mémoire, il est dit que la
compagnie qui est propriétaire de toutes les actions ordinaires de la
Presse est GESCA Limitée. Ma question est la suivante; Etant
donné que Corporation des valeurs TransCanada devait revenir devant la
Législature pour autoriser un éventuel transfert d'actions
nantissement de ces biens du journal La Presse, est-ce que vous pourriez nous
expliquer comment il se fait que c'est une autre personnalité juridique
qui, actuellement, détient les actions du journal La Presse et que nous
n'avons pas été saisis, nous du Parlement, de ce transfert?
M. BUREAU: La réponse à cette question vous sera
donnée tout à l'heure à la présentation du
mémoire de GELCO qui traite de l'administration financière du
journal et des liens de propriété du journal. Moi, je ne suis pas
habilité à vous répondre. D'abord je n'étais pas
présent à ce moment-là. Je ne suis pas au courant de
toutes les démarches qui ont été faites, mais je sais que
GELCO peut vous fournir ces renseignements.
M. MICHAUD: Bien sûr.
M. BUREAU: Les témoins qui seront entendus ou les procureurs de
GELCO pourront y répondre tout à l'heure si vous me le
permettez.
Alors, ce matin, on a parlé à quelques reprises du pouvoir
de nomination des adjoints au directeur de l'information, des chefs de division
et des chefs de section.
J'ai précisé que les chefs de division et les chefs de
section étaient nommés après affichage par le directeur de
l'information et ses adjoints, que les nominations étaient sujettes
à la procédure de grief, qu'elles pouvaient donc être
contestées par tout intéressé qui se sentirait
lésé. Voilà pour les chefs de section et les chefs de
division.
Quant aux adjoints à l'information, ils forment, avec le
directeur de l'information, la haute direction du service et sont les
représentants de l'employeur auprès de ses salariés, les
journalistes. La clause 104 de la convention collective que je n'ai pas
citée ce matin, c'est la raison pour laquelle j'y reviens,
précise, et ceci afin de garantir pour les adjoints aussi la
liberté professionnelle qu'ils sont en droit d'avoir dans l'exercice
d'un travail comme celui qu'ils font, donc cet article précise que ces
adjoints ont droit, en tout temps, de réintégrer la salle de
rédaction. Ce qui n'existe pas dans d'autres conventions collectives,
à ma connaissance; ils ont le droit de laisser leur poste d'adjoint, si
à un moment donné ils jugeaient que la façon de travailler
à la direction du service ne leur plaisait pas ou enfin parce qu'ils
auraient des motifs quelconques pour abandonner leur fonction, ils ont droit de
retourner dans la salle de rédaction, tel que prévu à
l'article 104. Dans ce cas l'adjoint reprend son ancien poste et peut postuler
n'importe quel poste vacant également dans la salle de
rédaction.
Alors, je le dis parce que je voudrais qu'on
soit bien sûr que, dans le cas d'une entreprise comme La Presse et
avec la structure que nous avons mise en place, il existe, à tous les
paliers d'autorité, dans la salle de rédaction, des
mécanismes de protection de la liberté professionnelle.
Même au niveau d'adjoint, ces gens-là ont le droit de quitter leur
poste d'adjoint et de retourner dans la salle sans qu'il n'y ait aucune
sanction prévue, ce qui n'est pas toujours le cas dans le cas des
représentants de l'employeur qui peuvent, en sortant du syndicat,
être congédiés si, à un moment donné,
l'employeur jugeait qu'ils ne font pas l'affaire.
Une autre mise au point que je devrais faire probablement pour
éclairer davantage le comité, c'est au sujet des titres dont il a
été question ce matin. Il existe une tradition à La Presse
qui veut que les journalistes fassent eux-mêmes leurs titres. Ceci
s'applique à la salle de rédaction plus particulièrement.
Evidemment, il peut se faire qu'au niveau des chefs de division ou même
des chefs de section, on ait des modifications à apporter à un
titre pour les raisons que j'ai mentionnées ce matin: espace, trop
grande ressemblance avec un autre titre, titre qui paraît être la
reproduction d'un titre de la veille ou des choses de ce genre-là.
Mais, règle générale, le journaliste qui
écrit son article fait lui-même son titre.
Je veux également ajouter un autre point, si vous me le
permettez. J'ai mentionné ce matin qu' il était physiquement
impossible pour l'adjoint à l'information, accompagné ou non
si nous voulons le prendre comme cela de ses chefs de division,
de faire lui-même le tri général et l'appréciation
de chacune des nouvelles pour tout le journal. Il y a toute une partie des
décisions concernant le choix de la nouvelle, la place qu'elle doit
avoir dans la page, qui est prise au niveau des chefs de section et des chefs
de division. Nous avons des pages entières, par exemple, les pages
féminines, les pages du sport, les pages d'économie, les pages de
religion; pour toutes ces choses-là la maquette arrive complète
au niveau de l'adjoint à l'information. Et cela part du plus bas niveau,
c'est-à-dire du chef de section. Je le précise, parce que ce
matin je ne pense pas avoir donné toutes ces précisions en
répondant à vos questions.
M. BOUSQUET: Un autre aspect: la question des photos. J'ai
remarqué que dans certains journaux les déclarations de tel homme
public sont presque toujours accompagnées d'une photo, les
déclarations ou les commentaires de déclarations faites par tel
ou tel homme public sont presque toujours accompagnés d'une photo alors
que dans d'autres cas, cela ne se produit presque jamais. J'aimerais savoir si
le journaliste ou le reporter a un mot à dire dans l'insertion d'une
photo pour accompagner l'article.
M. BUREAU: Je pense pouvoir vous répondre de deux façons.
D'abord, évidemment, il s'agit de savoir si on a en main une photo qui a
été prise au moment de la déclaration. Une photo qu'on
appelle une photo d'action, prise au moment où la déclaration a
été faite.
Il y a un autre point, c'est de savoir aussi si elle est suffisamment
bonne pour que l'on puisse l'utiliser, etc. Et un autre point: Cest que...
M. LESAGE: C'est la grosse question. Le député de
Saint-Hyacinthe, avec l'expérience, il en viendra à admettre
qu'il y a des fois où nous aimerions autant qu'il n'y ait pas de
photos.
M. BOUSQUET: D'accord, je sais que M. Lesage a toujours de belles
photos, parce qu'il a été le plus bel homme de
l'année.
M. LESAGE: Il y a longtemps de cela.
M. BOUSQUET: Je pensais surtout à ces photos prises en studio,
ces photos standards.
M. LESAGE: Est-ce que vous avez des vôtres?
M. BOUSQUET: Je n'ai pas du tout à me plaindre de ce
côté-là.
M. BUREAU: Si je peux préciser ma réponse.
M. BOUSQUET: J'essaie de faire abstraction de moi-même.
M. BUREAU: Si je peux préciser ma réponse, il y a un autre
facteur qui entre en ligne de compte. Dans une page comme la première
page de La Presse, vous avez peut-être remarqué que depuis quelque
temps, au lieu d'avoir huit colonnes, nous sommes passés à six
colonnes. Et ceci afin de faciliter la lecture de nos pages. Et vous avez
probable ment remarqué que, même à l'intérieur de
nos pages, plusieurs d'entre elles sont dorénavant composées sur
une largeur de six colonnes. Nous avons remarqué que l'âge moyen
de nos lecteurs exigeait que nous facilitions la lecture du journal; c'est
pourquoi nous avons changé les caractères et
réduit de huit à six colonnes certaines pages du
journal.
A partir de ce moment-là, si vous prenez une photo quelle qu'elle
soit et qu'elle doive prendre de l'espace dans la page, il reste,
évidemment, moins de place pour la nouvelle qui doit l'accompagner ou
l'autre nouvelle qui pourrait prendre la place de cette photo-là.
Il y a une question d'appréciation artistique de la composition
de la page qui entre en ligne de compte. C'est à cause de cela
qu'à un moment donné nous éliminons une photo en laissant
la nouvelle ou, à l'inverse, nous laissons la photo quitte à
renvoyer la nouvelle dans nos pages intérieures. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. BOUSQUET: Oui, merci.
M. BUREAU: Maintenant, ce matin M. le député de Laurier a
posé une question concernant les nominations des employés
journalistes au poste de la division politique. J'aimerais que M. le directeur
de l'information Pierre Lafrance puisse répondre à cette question
et peut-être également répondre à cette autre
remarque qui a été faite concernant encore cette division
politique, répondre à cette remarque à l'effet que nous
n'avions pas de «politic editor ».
M. Lafrance qui est à l'origine de ce projet de restructuration
qui a été présenté et adopté pourra vous
donner tous les renseignements à ce sujet-là.
M. LAFRANCE: Merci. Je dois dire que j'ai retenu les deux noms que
j'avais mentionnés ce matin avant le lunch. Alors, dans la
restructuration que nous sommes à mettre en place, nous avons une
quarantaine de postes de cadre, soit chefs de division, chefs de section,
postes qui ont été affichés dans les dernières
semaines et nous avons fait les nominations il y a une dizaine de jours.
Nous avons nommé d'abord en un premier temps 29 chefs de division
et chefs de section et il y en a quelques autres que nous pourrons nommer
immédiatement. C'est-à-dire deux autres chefs de division et les
à quelques postes, nous allons être obligés
d'organiser des concours à l'intérieur de la « boîte
» pour mieux évaluer les candidats et peut-être aller
à l'extérieur parce qu'il y a des fonctions qui n'existaient pas
autrefois, je pense à celles, en fait, des chefs de division, art
graphique et illustration, c'est que à La Presse nous n'avions pas
vraiment de chefs comme dans la plupart des journaux de « art
director » pour bien se comprendre.
Alors, ce matin il était question de la division numéro 2
qui comprend la politique nationale, la politique internationale,
l'économie et les sciences. Cette division est dirigée le jour,
par M. Louis Thivierge, l'après-midi, par M. Maurice Giroux et le soir
par M. Gilles Pratte, qui sont trois journalistes qui ont plusieurs
années d'expérience, qui ont une excellente formation et qui sont
vraiment des journalistes compétents. Maintenant je pense qu'il serait
oiseux, fastidieux de nommer chacun des chefs de division et chacun des chefs
de section.
Je voudrais, par exemple, revenir sur le poste de chef de la section
politique nationale. Il est vrai qu'à La Presse, dans les
dernières années, je pense qu'il n'y a pas vraiment eu de chef de
section ou de directeur du service politique. La salle n'était pas
structurée de cette façon, maintenant il y avait une
responsabilité quand même qui était assumée au
niveau d'un adjoint au chef de pupitre le jour et au niveau d'un adjoint au
chef de pupitre le soir et plus haut par les adjoints au directeur de
l'information et par le directeur de l'information.
Maintenant, dans la structure proposée, il y a un chef de la
section politique nationale qui reste à nommer.
Nous en avions désigné un qui est un journaliste
chevronné qui a, je crois, sept ou huit ans d'expérience, et il a
finalement refusé la nomination pour poursuivre ses études, pour
être plus libre. Il s'agit de Pierre Godin. Alors, le poste est vacant,
mais nous le comblerons parce que nous sommes conscients de l'importance de ce
poste.
M. BOUSQUET: Est-ce que vous voulez parler d'une politique
canadienne?
M. LAFRANCE: Oui.
M. BOUSQUET: En parlant d'une politique nationale...
M. LAFRANCE: Politique nationale...
M. BOUSQUET: Je vous demande cette précision...
M. LAFRANCE: ... pour le Canada et le Québec Parce que nous avons
ici un chef de la politique en regard des questions de la politique urbaine
dans la division numéro 1.
M. BUREAU: Est-ce que cela répond à votre question?
M. LEVESQUE (Laurier): A propos de GESCA...
M. BUREAU: Est-ce à moi que vous posez la question?
M. LEVESQUE (Laurier): Concernant GESCA GELCO, etc. est-ce que c'est
vous que cela concerne?
M. BUREAU: C'est-à-dire que ce n'est pas moi qui devrais y
répondre parce que vous aurez ces réponses dans le rapport de
GELCO. GELCO doit être entendue immédiatement après les
journaux Trans-Canada et vous fournir tous les renseignements au point de vue
de l'administration financière de ces compagnies.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. BUREAU: J'ai essayé depuis ce matin et vous m'excuserez
d'avoir mis tant de temps à le faire, et peut-être avec autant de
détails, ce qu'était la Presse, les normes que nous nous
étions vu imposer par le genre de journal qu'il fallait faire le
journal d'information nous avons tenté de démontrer qu'il
y avait incompatibilité entre ces normes et un régime de
contrôle de l'information. Nous avons également tenté de
démontrer qu'il y avait impossibilité physique du contrôle
de l'information à cause de la masse d'informations reçue,
à cause de la structure qui décentralise les pouvoirs de
décision.
Maintenant nous aborderons deux autres raisons pour lesquelles nous
croyons qu'il ne peut pas y avoir de contrôle de l'information. La
première concerne notre public lecteur. Les juges les plus
sévères d'un journal sont les lecteurs. Ce sont eux qui ont le
dernier mot, qui décident si le journal continuera à exister ou
non. Si La Presse, du jour au lendemain, cessait d'être un journal
d'information générale, un journal d'information
diversifiée pour devenir un journal plus spécialisé; si La
Presse du jour au lendemain, abandonnait cette exigence d'indépendance
politique que nous essayons de maintenir et montrait une certaine partisa-nerie
politique ou autre, devrais-je dire si La Presse cessait
d'être un journal de famille pour devenir un journal à sensation,
qu'arriverait-il à La Presse? Il arriverait que les lecteurs qui veulent
un journal d'information générale abandonneraient La Presse. Ils
iraient trouver ailleurs le journal qui leur fournirait cette information
générale qu'ils recherchent dans La Presse.
Je pense que l'on comprendra encore davantage dans quelle situation nous
nous trouvons si nous n'oublions pas qu'à Montréal il y a cinq
autres quotidiens publiés en même temps que La Presse. Cinq autres
quotidiens avec lesquels soit dit en passant nous n'avons aucune
affinité de quelque nature qu'elle soit sur le plan de la
propriété ou sur le plan d'entente mutuelle. Ce sont cinq
véritables concurrents qui existent à Montréal, qui
publient 555,000 copies par jour, alors que notre journal en tire 222,000.
M. LESAGE: Ce chiffre de 555,000 est pour les autres...
M. BUREAU: C'est seulement pour les autres.
M. LESAGE: Combien pour le Star?
M. BUREAU: Les chiffres que nous avions au 31 décembre pour le
Star étaient de 195,847 et je sais qu'ils ont augmenté
depuis.
Mais enfin, ce sont les derniers chiffres officiels que nous avions de
l'ABC et c'est sur ces chiffres que nous nous sommes basés pour en
arriver à ces 555,000 copies.
Est-ce que cela répond à votre question, M. Lesage?
M. LESAGE: Oui.
M. BUREAU: Si l'on tient compte de cela, si l'on tient compte de la
concurrence... il y a plus de journaux quotidiens à Montréal que
dans n'importe quelle autre ville d'Amérique. New York a moins de
quotidiens que nous n'en avons à Montréal à l'heure
actuelle.
M. LESAGE: J'ai lu cela dans votre exposé.
M. BUREAU: Et il y a plus de quotidiens de langue française
à Montréal qu'il n'y a de quotidiens tout court à New
York. Alors, cela veut dire que c'est un régime de concurrence
très serré. Il faut vraiment que notre journal de meure
identifié à ses principes de base et qu'il continue à
être ce journal d'information générale que nous avons
mentionné tout à l'heure.
M. LESAGE: Qu'est-ce qui reste à New York? Il reste le New York
Times et le Journal American.
M. TETLEY: The Post.
M. LESAGE: Oui.
M. TETLEY: The New York Daily Mirror.
M. BOUSQUET: Non, il y en a un des deux qui est disparu.
M. TETLEY: C'est un journal du matin.
M. LESAGE: Le New York Times.
M. BOUSQUET: Le Post, dans l'après-midi.
M. BUREAU: Daily News, New York Times, le Post.
M. BOUSQUET: C'est cela. Le Daily Mirror est disparu.
M. BUREAU: Il y a des journaux de banlieue mais de New York même,
il n'y a que ces journaux-là maintenant. Ils sont partis de 7 et ils
sont réduits à 3.
M. BOUSQUET; Vous parlez des exigences de votre public. Est-ce qu'on
peut dire que La Presse est faite en fonction du public montréalais
avant tout?
M. BUREAU: C'est notre marché naturel. C'est le marché
naturel que nous avons à desservir il faudrait trouver un
meilleur terme mais c'est notre marché naturel. C'est là
qu'il faut vraiment commencer par servir nos lecteurs.
M. LESAGE: Oui, mais vous considérez Saint-Hyacinthe un peu comme
un appendice de Montréal?
M. BUREAU: Depuis que M. Michaud s'est réintéressé
au journalisme dans cette section, cela sera peut-être moins
nécessaire.
M. BOUSQUET: Je pense que M. Lesage serait d'accord pour dire que c'est
la plus belle banlieue de Montréal.
M. LESAGE: Le député de Saint-Hyacinthe est l'ancien
rédacteur en chef du Clairon! Alors... Saint-Hyacinthe est autour de
cette table une ville très importante.
M. BOUSQUET: Il faut dire que le Clairon ne fait pas tellement honneur
à Saint-Hyacinthe, n'en déplaise à son
éditorialiste.
M. LESAGE: Si vous pensez que vous pourriez faire mieux!
M. BUREAU: M. le Président, si vous me permettez d'ajouter que
dans ce champ de concurrence que nous retrouvons à Montréal,
même la presse écrite n'est pas toute seule.
Il y a les postes de radio, il y a les postes de télé-
vision, il y a les revues. Il y a environ 12 revues qui sont publiées
hebdomadairement ou mensuellement, à Montréal, qui fournissent de
l'information également. Je ne parle pas des revues
spécialisées. Je parle des revues d'Information à
caractère plus général.
M. LESAGE: Vous comptez la revue « Sept jours »?
M. BUREAU: Bien sûr.
Alors on apprécie davantage le risque que courrait un journal
d'information comme La Presse si, du jour au lendemain, il changeait de
personnalité et cessait d'être le journal d'information qu'il a
toujours été ou qu'il veut continuer à être.
Il y a une deuxième raison à cela, je reviens au public
lecteur. Nous sommes extrêmement sensibles aux réactions de notre
public lecteur. C'est notre seule raison de vivre. Le jour où les
lecteurs ne nous liront plus, c'est bien dommage, mais il n'y aura plus de
journal possible.
Alors, nous faisons constamment des enquêtes auprès du
public lecteur pour savoir ce qu'il désire avoir dans nos pages, ce
qu'il a besoin de retrouver dans les pages de La Presse.
Une autre raison. En supposant qu'on mette de côté
l'incompatibilité avec nos exigences, en supposant que ce ne soit pas
impossible d'intervenir au point de vue du contrôle de l'information et
en supposant qu'on se fouterait de notre public lecteur, il resterait encore
quelque chose, en fait, qui nous empêcherait d'aller à un
régime de contrôle de l'information et ce sont nos journalistes,
à l'intérieur de notre salle de rédaction. Je le dis sans
aucune arrière-pensée, parce qu'il existe des mécanismes
de protection professionnelle au niveau de la convention collective, qui vous
sont d'ailleurs expliqués assez clairement dans le document que nous
vous avons remis ce matin.
Ces mécanismes prévoient justement cette garantie de
liberté professionnelle à tous les journalistes de la Presse. Il
y a la restructuration de la salle de rédaction avec la
répartition des centres de décision qui, encore une fois, permet
une liberté d'expression, une liberté complète pour nos
journalistes. D'ailleurs je pense que si vous lisez la Presse vous devez vous
rendre compte de cette liberté à l'intérieur de nos pages.
Je ne crois pas qu'il existe beaucoup de journaux au Canada j'aurais pu
préciser davantage, mais disons au Canada où il existe une
liberté d'information, une liberté d'expression pour les
journalistes à l'Intérieur des pages d'un journal comme il en
existe à la Presse. Je ne veux en aucune façon préten-
dre qu'il y a du contrôle ailleurs. Il est possible que les
objectifs qu'ils recherchent dans l'orientation de leur journal fassent qu'on
retrouve moins d'expressions d'opinion diversifiées comme dans la
Presse.
Je crois que le journal La Presse est un des rares journaux où
l'expression d'opinions est aussi diversifiée et ceci parce que les
journalistes se sentent libres de le faire. Ils sont protégés par
la convention collective. Nous voulons vraiment que l'on retrouve dans la
Presse ces expressions d'opinions, ces faits qui relèvent de
l'actualité et qui intéressent la masse de nos lecteurs.
M. LESAGE: Nous constatons quelquefois que c'est plus que
diversifié, des rédacteurs se contredisent parfois.
M. BUREAU: C'est arrivé.
M. LESAGE: Oui, ce qui prouve bien qu'il y a liberté.
M. BUREAU: Il y a surtout et ça c'est important la
qualité des journalistes que nous tâchons de conserver de recruter
et de bien traiter. Nous payons nos journalistes aux salaires, au point de vue
de la convention collective les plus élevés au Canada. Il y a
cette qualité-là que nous recherchons et que nous tentons de
conserver parce que nous sommes convaincus qu'un journaliste qualifié,
un bon journaliste ne se laissera pas imposer de contrôle d'information.
Nous participons à des travaux communs avec les journalistes, avec
l'université Laval, avec l'université de Montréal pour
mettre sur pied des organismes ou des cours, des maîtrises, des
baccalauréats en information de façon à compléter
la formation des jeunes qui veulent se diriger dans cette
carrière-là ou de façon à apporter un
complément de formation à ceux qui y sont déjà
entrés. Pour nous c'est extrêmement important et c'est
probablement la plus sûre garantie contre toute ingérence de la
direction dans la liberté d'information.
M. LESAGE: De quelle façon pouvez-vous en arriver à
apaiser des frustations à vos journalistes, à d'excellents
journalistes qui se plaignent soit que leurs articles sont coupés, soit
qu'ils apparaissent dans la page de la nécrologie ou encore que le titre
soit mal fait ou qu'on ne donne pas suffisamment d'importance à ce qu'un
journaliste considère comme étant une trouvaille ou une
première? C'est fréquent, n'est-ce-pas? Du moins ça
arrive?
M. BUREAU: Oui, bien sûr ça doit arriver!
M. LESAGE: Alors quelles dispositions prenez-vous pour empêcher
des frustations qui sont bien humaines, qui sont bien naturelles?
M. BUREAU: Jusqu'à ce que la restructuration soit
complétée, il y avait une grande quantité de journalistes
qui ne relevaient pas d'une autorité particulière dans la salle
de rédaction. Ils occupaient un poste, ils avaient une
responsabilité de « couverture » disons le port de
Montréal, mais ils ne relevaient d'aucune autorité si ce n'est
l'adjoint, en haut. Il pouvait arriver que le journaliste qui « couvre
» le port de Montréal, fournissant sa copie à l'adjoint
soit ou bien mieux traité ou moins bien traité que les
journalistes qui avaient des étapes à franchir avant que leur
nouvelle arrive au niveau du pupitre où se faisait la mise en page. Cela
pouvait arriver.
Aujourd'hui avec la structure que nous avons bâtie, il y a
à tous les niveaux, au niveau des chefs de section qui englobent tout le
monde. il n'y a plus de ce « pool » général
où il y avait des gars qui étaient en charge d'un secteur
d'information en particulier et qui n'avaient personne à qui
répondre aujourd'hui tout le monde est dans une section ou dans
une division, de sorte que chaque nouvelle va être
appréciée à tous les paliers de décision,
c'est-à-dire au niveau de la section. Je prends, par exemple, la section
féminine ou la section du sport, si vous voulez. Déjà
à l'intérieur de la section de la section du sport il va se faire
un tri, il va se faire une évaluation, mais entre tous les gars qui
écrivent des articles sur le sport ça c'est au niveau de
la section après il va y avoir une autre
réévaluation au niveau de la division quand toutes les sections
vont arriver dans cette division-là. Il y aura finalement une
coordination de l'ensemble au niveau de l'adjoint.
Mais, le cas que vous signalez, la frustration qu'un journaliste ressent
quand une nouvelle qu'il croit avoir une saveur bien particulière ou une
importance bien particulière n'est pas traitée comme il l'aurait
voulu, bien évidemment, il faut vraiment que quelqu'un, en
définitive, que ce soit son chef de section ou son chef de division,
prenne la décision de placer la nouvelle dans le cadre des pages qui lui
sont confiées, dont il a la responsabilité.
Il y a toujours, évidemment, une appréciation que j'ai
dite relative de cela. Il pourrait arriver, malheureusement, qu'une nouvelle
soit mal traitée. C'est sur le plan d'une nouvelle qui arrive
suffisamment longtemps avant pour
passer à travers toutes les étapes. Mais, à part
cela, il y a la nouvelle qui arrive à la dernière minute et qui,
malheureusement, ne peut pas trouver la place qu'on voudrait lui accorder
à la première page, ou en page 2, ou en page 3, il y a la
nouvelle qui n'est pas complétée à temps. Ce sont toutes
ces choses qui font qu'à un moment donné une nouvelle ne peut pas
être traitée comme on le voudrait.
M. LESAGE: J'espère que vous me comprenez bien. Je ne parle pas
de la réaction de celui ou de ceux qui font l'objet de la nouvelle. Je
parle...
M. BUREAU: Non, non, du journaliste... M. LESAGE: ... de celui qui l'a
écrite.
M. BUREAU: A l'heure actuelle, il y a un mécanisme de dialogue
qui est installé à tous les niveaux de la salle de
rédaction et c'est par cela, je pense, qu'on va éviter les
problèmes de ce genre-là.
M. LESAGE: M. Lévesque, si vous voulez...
M. LEVESQUE (Laurier): Je voulais simplement savoir parce que
vous étiez là-dedans de qui relèvent, dans toutes
ces structures qui sont assez complexes quand même, les pages clés
vis-à-vis du public que sont la première, la troisième et
les pages frontispices des cahiers?
M. BUREAU: Je vais demander à M. Lafran-ce de vous
répondre pour être bien sûr qu'il n'y aura pas d'erreur.
M. LEVESQUE (Laurier): Qui, autrement dit, est chargé de remplir
ces pages-là et d'en faire l'arrangement?
M. LAFRANCE: J'aimerais, d'abord, faire une remarque
préliminaire. C'est qu'on est au stade de la mise en place dans notre
nouvelle structure. C'est déjà commencé. C'est
déjà bien avancé, d'ailleurs. En pratique, notre
première page sera conçue, évidemment, par l'adjoint en
consultation avec chacun des chefs des trois divisions.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel adjoint?
M. LAFRANCE: Cela dépendra. Pour la première
édition, ce sera l'adjoint du soir.
UNE VOIX: Un de vos adjoints?
M. LAFRANCE: Un des adjoints du directeur, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, soit le directeur de
l'information, qui est vous-même, ou l'adjoint qui, à ce
moment-là, est en service, est chargé de la facture de la
première page...
M. LAFRANCE: Disons, responsable de tout le produit...
M. LEVESQUE (Laurier): De ce qui va là...
M. LAFRANCE: Oui. Evidemment, l'adjoint aura la responsabilité
globale du produit, de l'ensemble du journal, plus particulièrement de
la première page. Mais en consultation avec chacun des chefs des trois
grandes divisions.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais, pour autant qu'il s'agisse de pages qui
sont générales, enfin la page 3, en règle
générale, c'est la page des grandes nouvelles locales. La page 1,
c'est la page de la journée...
M. LAFRANCE: Justement, je pense que...
M. LEVESQUE (Laurier): ... Les premières pages des cahiers ont
chacune une spécialité, mais très générale
quand même.
M. LAFRANCE: Oui. Nous tenons déjà compte des habitudes de
nos lecteurs. On n'a pas l'intention de tout chambarder, parce qu'il faut
respecter les habitudes de lecture. La page 1, je crois, restera une page
vitrine où l'on essaie de présenter un éventail complet de
la situation dans le monde, aux heures de nos éditions. La page 3,
à cause des habitudes de nos lecteurs, restera une page d'information
locale. Mais, ailleurs dans le journal, la nouvelle sera traitée selon
sa nature et non pas selon sa provenance comme cela était jusqu'à
maintenant.
C'est-à-dire que la nouvelle sera jugée à sa valeur
relative. Par exemple, il ne sera plus question, disons, des faits divers et de
la justice pour seulement ce qui se passe à Montréal. On pourra
tenir compte de ce qui se passe aussi dans le monde.
M. LEVESQUE (Laurier): Normalement je m'excuse de vous bousculer
on ne peut pas entrer dans toute votre technique vous avez un cahier
qui, règle générale, concerne, je veux dire, s'ouvre
c'est devenu une sorte d'habitude un cahier qui s'ouvre sur les
nouvelles
de Québec, quand il y a une session, et un cahier qui s'ouvre sur
la nouvelle internationale. Est-ce que vous changez cela?
M. LAFRANCE: C'est ça. Cela ne sera pas tellement modifié.
Mais, si vous voulez une précision. Par exemple, actuellement, dans
notre page de cahier sur les nouvelles internationales, nous traitons de
nouvelles à la fois politiques et à la fois de nouvelles
d'intérêt général.
Alors, dans la structure envisagée que nous sommes à
mettre en place, nous traiterons de politique internationale. Le fait divers
international, par exemple, sera joué dans d'autres pages avec le fait
divers local et le fait divers national. Il prendra sa place relativement
à son importance au point de vue de l'intérêt qu'il pourra
avoir vis-à-vis des lecteurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour résumer, pour être sûr,
je ne voudrais pas vous faire faire d'autres développements, le fait est
simplement celui-ci. A l'intérieur des restructurations qui se sont
effectuées, qui ne sont pas tout à fait terminées, les
pages les plus vitrines du journal qui sont, je crois, en gros, la page 1, la
page 3 et les pages vitrines des cahiers seront essentiellement, et là
ce qui m'intéresse forcément, c'est la nouvelle qu'on peut
appeler nationale...
M. LAFRANCE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... ou internationale, si vous voulez, mais nous
parlons en tant que Québécois, c'est essentiellement votre
responsabilité et celle de l'adjoint qui sera en service à ce
moment-là.
M. LAFRANCE: Disons que la structure prévoit un partage des
responsabilités.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais qui rend la décision finale?
M. LAFRANCE: La décision finale, évidemment, appartient au
directeur du service.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LAFRANCE: Mais la première responsabilité commence au
niveau de « reporter ».
M. LEVESQUE (Laurier): Mais la décision... « The box
stops... »
M. LAFRANCE: It does not stop, it still goes.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais « the box stops » chez vous.
M. LAFRANCE: Au public. M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. BUREAU: M. le Président, nous croyons avoir
démontré que la philosophie et les conditions de production d'un
journal et les exigences de nos lecteurs et la qualité professionnelle
des journalistes et les mécanismes de protection que contiennent les
conventions collectives à la Presse, empêchent tout contrôle
d'information à la Presse. Nous allons plus loin. Malgré cette
démonstration, nous croyons tout de même qu'il y a lieu de
constituer le plus tôt possible un conseil de presse permanent
chargé d'assurer le maintien, mais alors dans tous les médiums
d'information, de la liberté d'information à laquelle le lecteur,
notre seul vrai juge, a droit.
S'il y a d'autres questions à poser, je suis à votre
disposition.
M. M1CHAUD: M. Bureau, le cas du journal Le Soleil, si ma mémoire
est bonne, pour tous les cas de litige qui intéressent à la fois
les journalistes et le public, la conventin collective a prévu
l'institution d'une sorte de tribunal d'arbitrage composé de personnes
à l'extérieur de l'entreprise. Qu'est-ce que vous pensez de cette
suggestion?
M. BUREAU: Pourriez-vous me répéter votre question, s'il
vous plaît, M. Michaud.
M. MICHAUD: Dans les cas de litige en matière d'information qui
impliquent la direction de l'entreprise et les journalistes, la convention
collective du journal Le Soleil prévoit une sorte de tribunal
d'arbitrage auprès duquel les deux parties en cause vont en appel et
portent la cause en appel. Qu'est-ce que vous pensez de cette suggestion?
Est-ce qu'elle a été retenue? Est-ce que vous êtes au
courant?
M. BUREAU: La convention collective que nous venons de signer a
été signée après celle du journal Le Soleil. Elle a
été signée après de longs mois de
négociations et il est apparu aux deux parties dans l'affaire qu'un
comité conjoint d'abord suffirait pour tâcher d'étudier les
problèmes. Ce comité conjoint est formé de
représentants des journalistes et de représentants de la
direction du service. II existe également la procédure de grief
dans la convention collective et il y existera, nous le souhaitons, la Presse
le souhaite en particulier,
la constitution d'un conseil de presse qui justement pourra, lui, avoir
au maintien de la liberté de presse dans son sens le plus large.
Au moment où le Soleil a négocié sa convention
collective, il était question, évidemment, depuis plusieurs
années, d'un conseil de presse, mais disons que depuis six mois ou
depuis huit mois, la probabilité de l'installation d'un conseil de
presse est beaucoup plus grande qu'elle ne l'était au moment où
les parties se sont rencontrées au journal Le Soleil pour
négocier leur convention collective.
Maintenant, je ne voudrais pas analyser une disposition seulement de la
convention collective du journal Le Soleil sans prendre l'ensemble de la
convention et sans la comparer avec l'ensemble de notre convention collective.
Je peux vous dire par exemple que chez nous la clause de conscience dont vous
parlez depuis longtemps, M. Michaud, nous l'avons à la Presse et il n'y
a pas un autre journal dans la province de Québec qui l'a à
l'heure actuelle sauf de très rares exceptions, en tout cas, qui ne sont
pas à ma connaissance. Alors, s'il fallait se mettre à comparer
clause pour clause...
M. MiCHAUD: En fait, je parlais de cette chose-là parce qu'il
s'agissait manifestement dans les cas où la direction du journal, la
propriété avait un intérêt quelconque dans le
litige.
Si je me souviens bien, cette disposition de la convention collective du
Soleil a été négociée à la suite d'une
grève qui a eu lieu dans une industrie de la ville de Québec,
alors qu'un des propriétaires de journal ou membre du conseil
d'administration était impliqué dans cette grève
étant le propriétaire de l'usine. Est-ce que dans des cas
spécifiques comme ceux-ci où des intérêts
économiques du journal La Presse, d'un intérêt
apparenté serait impliqué dans un cas de litige d'information,
est-ce que cela ne serait pas une bonne solution que de soumettre cela à
une sorte de tribunal extérieur qui ne serait pas à la fois juge
et partie?
M. BUREAU: Nous souhaitons que cela soit soumis
précisément au conseil de presse.
M. MICHAUD: Vous verriez le conseil de presse pour disposer de ces
cas-là?
M. BUREAU: Exactement. Maintenant, il y a déjà, dans la
procédure, deux griefs de la convention collective, tous les
mécanismes qu'il faut dans la convention pour régler ce genre de
problèmes-là. Mais en plus de cela si, par exemple, la plainte
venait du public, de corps étrangers, de corps intermédiaires,
cela devrait aller au conseil de presse. Cela pourrait même être
porté devant le conseil de presse par des journalistes ou par le
syndicat des journalistes ou par la fédération des journalistes.
Tous ces cas-là sont possibles. Et je pense que le conseil de presse
répondrait...
M. MICHAUD: Mais vous comprendrez que vos ramifications
financières étant tellement étendues qu'il serait un peu
indécent dans des cas où la liberté de l'information
serait mise en cause, que vous seriez à la fois juge et partie dans un
problème vous concernant.
M. BUREAU: Par exemple le cas que vous avez donné ce matin,
revenons à ce cas-là, disons la nationalisation des pistes de
course. Si le journaliste prétendait qu'il y avait eu une directive
d'émise ou si on lui avait laissé comprendre ou si on lui avait
fait voir qu'il était mieux de ne pas parler de telle ou telle chose ou
d'en parler dans tel ou tel sens, je pense que vraiment vous avez un cas
où une plainte doit être déposée au conseil de
presse. Si en plus de cela, l'individu s'était hasardé à
écrire quelque chose, il aurait subi une sanction, bien
évidemment, la clause de grief pourrait jouer à ce
moment-là.
M. BOUSQUET: Mais, en pratique est-ce qu'il y a eu un certain nombre de
cas comme ceux-là où il y avait matière à
déposer des plaintes?
M. BUREAU: Au conseil de presse?
M. BOUSQUET: De la part de vos journalistes? Est-ce que certains
journalistes se sont plaints? Est-ce qu'ils ont essayé d'utiliser une
procédure de grief? Ou est ce qu'ils se sont plaints qu'à un
moment donné, ils ne pouvaient pas s'attaquer à l'un ou l'autre
des intérêts, disons, directs ou indirects des
propriétaires de la Presse?
M. BUREAU: Je peux vous répondre très facilement. Ce n'est
certainement pas à ma connaissance si cela s'est fait. Mais j'aimerais
bien que M. Lafrance vous y réponde parce que c'est lui qui est en
charge du service, c'est lui qui devrait recevoir ces plaintes-là, s'il
y en avait.
M. LE PRESIDENT: M, Bureau, est-ce que par le biais des budgets ou de
l'allocation des fonds, il peut y avoir certaines contraintes ou certaines
pressions sur...?
M. BUREAU: Je suis bien content que l'on me
pose la question, M. le Président, cela va me donner l'occasion
de préciser que pour la première fois dans l'histoire de la
Presse, il y a eu un budget qui a été fait pour le service de
l'information et c'est l'année dernière et cette année.
Ces budgets-là ont été préparés,
étudiés et sont administrés par le service de
l'information. M. Lafrance pourrait peut-être vous dire quel est le genre
de consultation que nous avons eue au moment où il m'a
présenté le budget et nous nous sommes rencontrés
après que leur étude eut été
complétée, Je leur ai posé plusieurs questions sur des
articles qui étaient inclus dans leur budget et ils m'ont
démontré la nécessité de toutes ces dépenses
qu'il fallait prévoir au budget. Nous avons peut-être coupé
$300 sur un budget de $3 millions. Nous sommes peut-être un mauvais
administrateur, mais, nous tâchons de faire confiance à chacun de
nos services, c'est pourquoi nous avons insisté sur la restructuration,
vous en avez entendu parler beaucoup depuis le matin, je comprends, mais c'est
essentiel dans la Presse. Il y a eu une restructuration de tous les services
et, à la suite de cette restructuration-là, les gens qui sont en
charge, sont vraiment en charge. Et cela est la première fois que cela
arrive chez eux. Je pense que c'est quelque chose qu'il faut souligner devant
vous parce qu'à mon sens les craintes que l'on a évoquées
à l'heure actuelle, ne s'appliquent en aucun cas à la Presse.
Bien au contraire, il y a eu des avantages énormes depuis le
début, deuis un an, un an et demi, que dure ce système à
la Presse. J'aimerais bien que M. Lafrance réponde à la question
de M. Bousquet pour qu'il ne reste pas de doute dans l'esprit des membres de la
commission.
M. LAFRANCE: Au sujet de la liberté des journalistes, je pense
que chacun des journalistes de la Presse pourrait être appelé ici
à témoigner.
Je n'ai aucune inquiétude. Disons, pour ce qui est de ma
responsabilité, moi, je vois assez fréquemment M. Bureau pour
discuter de questions de budget par exemple, je l'informe sur nos politiques
d'informations, nos programmes, etc.
Mes adjoints, dans leur responsabilité propre, ont des fonctions
bien définies et ont une large mesure d'autonomie. Ensuite, cela est
bien partagé au niveau du chef de division et du chef de section. Depuis
plusieurs années, si on voulait demander aux journalistes qui
travaillent à la Presse ou qui y ont déjà
travaillé, je pense que c'est un des journaux où l'on a le plus
de liberté d'expression.
Je ne sais pas si je serais dans l'ordre, mais j'ai avec moi mes
adjoints, MM. Jean Sitto et Jean Rivest, qui viennent tout juste d'arriver
à la direction de l'information comme adjoints à l'information;
je pense que vous pouvez demander leur témoignage et je n'ai aucune
inquiétude. Vous pouvez aussi demander à tous les journalistes de
la Presse, vraiment sur l'ensemble, je n'ai aucune inquiétude quant au
contrôle de l'information qu'on aurait pu faire dans le passé ou
qu'on pourrait exercer actuellement. Au sujet de la préparation du
budget, je peux dire que cela s'est fait à partir de la base. D'abord,
la rédaction souhaitait un budget depuis des années.
L'année dernière, il s'était fait une ébauche de
budget et cette année on en a fait un vrai. Et, on l'a fait à
partir de la base, c'est-à-dire que nous avons consulté chacun
des journalistes ou chacun des chefs de section et les chefs de section nous
ont présenté leurs recommandations en personnel, en
équipement, en coût de frais de voyage, etc. Ils nous ont fait des
recommandations pour frais de documentation, etc. Ensuite, nous avons
étudié l'ensemble de cela vec eux. Ensuite, cela a
été étudié avec mes adjoints et moi. On l'a
présenté à la direction, au vice-président
exécutif, et je peux dire que j'ai été agréablement
surpris. Je pensais que ce n'était pas très drôle de
discuter d'un budget, mais j'ai été vraiment... j'ai bien
aimé la façon dont cela s'est déroulé. L'ouverture
de la direction là-dessus et...
M. LEVESQUE: M. Lafrance, puisque vous êtes là et qu'on va
abandonner ce mémoire avant longtemps, le mémoire sur lequel tout
cela est basé. Vous êtes dans une relation de chef de
l'information, enfin votre titre officiel est directeur de l'information et
vous êtes dans une de ces... vous êtes à l'échelle
d'une de ces lignes qui...
M. LAFRANCE: Oui.
M. LEVESQUE: ... sont celles de services ou de grandes divisions, de
grands services, peu importe, on ne se chicanera pas sur le vocabulaire. Ici,
en bas de l'organigramme... autrement dit l'information est parallèle
à la production, à la publicité et au tirage, etc. Donc,
c'est sur une même ligne.
M. LAFRANCE: D'accord.
M. LEVESQUE: Et tout cela relève d'un vice-président
exécutif qui est Me Bureau. Ensuite, c'est l'éditorial qui est
l'autre partie que le consommateur de journal, si vous voulez,
à part l'information, la publicité en
général, on l'endure, mais on sait que les journaux en ont
besoin. Mais, pour le consommateur du journal...
M. LAFRANCE: Le lecteur aussi.
M. LEVESQUE: ... il y a l'information et l'éditorial. Grosso
modo. Alors, l'autre morceau traditionnellement essentiel se trouve lui, dans
votre organigramme, sous le président, M. Dansereau, je crois, c'est
cela? Donc, l'éditorial est directement relié à la
propriété. De toute façon, cela a toujours
été, alors cela me paraît assez logique. Et puis, le
vice-président exécutif, qui n'est pas un journaliste et qui est
essentiellement un membre de la direction, mène le reste de la
barque.
Traditionnellement, on est habitué à passer
rédacteur en chef dans les journaux ou « managing editor ».
Dans votre expérience, cette relation où vous êtes
vis-à-vis d'un vice-président exécutif qui n'est pas du
métier, si vous voulez, et qui est plutôt relié à la
direction et qui vous place, enfin ... vis-à-vis duquel vous êtes
placé sur la même ligne que le reste, de la production, si on
veut, ou de la fabrication. Est-ce qu'il y a d'autres exemples de cela et
est-ce qu'ils sont nombreux?
M. LAFRANCE: Il y a d'autres exemples au Canada et aux Etats-Unis, je
crois qu'il y en a en Angleterre.
M. LEVESQUE: Pouvez-vous en nommer au Canada?
M. LAFRANCE: Au Canada je pense qu'on pourrait nommer le « Globe
and Mail » où je crois que l'éditorial relève du
« publisher ».
M. LEVESQUE (Laurier): Et où l'information est sous...
M. LAFRANCE: ... un autre vice-président, je crois. Evidemment,
c'est une question qui est bien discutable.
M. LEVESQUE (Laurier): Nous réfléchirons tous
là-dessus...
M. LAFRANCE: D'accord, mais cela existe ailleurs. Au Montreal Star il y
a une structure semblable.
M. LE PRESIDENT: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
aurait une question à poser.
M. TETLEY: M. Lafrance, étiez-vous mem- bre de La Presse avant
que La Presse soit achetée il y a deux ans?
M. LAFRANCE: Oui, j'ai été d'abord à La Presse en
1959 jusqu'à 1962, j'y suis revenu en 1965 comme adjoint au directeur de
l'information, et j'ai été nommé directeur de
l'information avant le changement de propriété.
M. TETLEY: Avez-vous noté plus de liberté avant ou
après? Est-ce qu'il y avait des changements?
M. LAFRANCE: J'ai noté autant de liberté, mais une
meilleure administration.
M. LEVESQUE (Laurier): La liberté...
M. LAFRANCE: La liberté est aussi grande, mais je pense que
l'avenir est plus sûr.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission auraient
d'autres questions, il est déjà cinq heures et nous avons
d'autres mémoires à entendre. Me Bureau et M. Lafrance, nous vous
remercions. M. Piché, auriez- vous un mot à ajouter.
M. PICHE: M. le Président, je voudrais simplement produire au
dossier de La Presse un volume publié par Philippe Boagner, sous le
titre de « Presse, argent, liberté » qui peut, je pense, si
les membres ont le temps de le lire, les éclairer sur certains points
qui ont été mentionnés par M. Bureau, ce matin. Nous avons
commandé les exemplaires, il n'y en a qu'un et dès qu'ils
arriveront d'Ici une dizaine de jours, nous en ferons parvenir une copie
à chacun des membres de la commission sans frais, évidemment.
M. LEVESQUE (Laurier): Le temps d'avoir un exemplaire.
M. PICHE: M. le Président, un dernier mot. D'autres viendront
sûrement après nous dans les séances qui suivront; il n'est
pas impossible que nous désirions nous faire entendre à nouveau
si nous croyons que nous avons des mises au point à faire à
quelque moment que ce soit, j'espère que vous nous permettrez de revenir
devant vous dans ces conditions.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Nous passerons au mémoire des
journaux Trans-Canada Limitée qui sont représentés par Me
Gastor Pouliot.
M. POULIOT: M. le Président, M. Jean
Francoeur, le président des journaux TransCanada exposera
lui-même les points saillants du mémoire qui vous a
déjà été remis, il s'agit du mémoire bleu.
Il se soumettra également à vos questions, et je tiens à
signaler qu'il y a ici, M. Dubé, président de la Tribune, et M.
Charles D'Amours, président de la Voix de l'Est, pour répondre
aux questions que vous pourriez avoir à leur poser.
M. FRANCOEUR: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, je suis ici pour vous donner toutes les précisions possibles
sur ce qu'est la compagnie les journaux Trans-Ca-nada Limitée. Tout
d'abord, je tiens à vous dire que l'exposé que vient de faire Me
Bureau au nom de La Presse s'applique généralement
évidemment sur une échelle différente aux journaux
Trans-Canada en ce qui concerne les garanties pratiques et physiques de la
liberté de l'information, le service du public lecteur, le
fonctionnement quotidien de l'entreprise.
C'est pourquoi je n'insisterai pas sur ces aspects de la question. Vous
avez d'ailleurs devant vous un mémoire des journaux TransCanada qui vous
a certainement renseigné sur toutes les facettes de notre entreprise. Je
m'en tiendrai donc à vous souligner quelques points essentiels de ce
document.
Il s'agit de points se rattachant surtout à des questions
déjà soulevées au cours des réunions
précédentes de la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que... M. FRANCOEUR: Oui, M.
Lévesque?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, je ne veux pas vous interrompre.
M. FRANCOEUR: Tout d'abord, je crois que l'essentiel serait d'installer
l'organigramme en arrière. Je crois que les premiers chapitres,
jusqu'à C-I, je présume que les membres de la commission les ont
certainement lus. Cela rejoint passablement ce que Me Bureau vous a dit. Une
répétition serait certainement de trop dans le moment.
Vous avez derrière vous, M. le Président, un organigramme
qui est le même que celui que vous trouvez au chapitre C-Il,
l'organigramme de la compagnie Les Journaux Trans-Ca-nada Ltée.
Vous avez tout d'abord en haut la liste les quatre actionnaires des
Journaux Trans-Cana-da. A gauche, vous avez M. Pierre Dansereau qui
détient personnellement environ 41/2% des actions communes et des
actions privilégiées.
Vous avez ensuite Entreprises Gelco et GESCA Ltée, qui sont deux
entreprises mère et fille, si on peut dire, à 100% qui, elles,
détiennent environ 61% des actions communes et
privilégiées des Journaux Trans-Canada Ltée. A
l'extrême droite, vous avez la Société
générale de publication qui, en pratique, est une compagnie qui
m'appartient entièrement à moi et aux membres de ma famille qui
détenons exactement le tiers des actions privilégiées et
des actions communes votantes de la compagnie.
La compagnie Les Journaux Trans-Canada détient 100% des actions
de toutes les compagnies filiales sauf dans le cas de la Voix de l'Est
où il y a environ 5% d'actions détenues par des citoyens de
Granby et des environs. Ce sont des actions datant des premières
années de la Voix de l'Est alors qu'elle a connu des débuts assez
longs.
Si vous voulez, je peux vous donner les noms des compagnies, mais ce
sont des compagnies que vous connaissez.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est la reproduction...
M. FRANCOEUR: C'est l'organigramme qui est dans le volume.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour revenir en haut...
M. FRANCOEUR: Oui, M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez les actions ordinaires, les actions
privilégiées, c'est complet.
M. FRANCOEUR: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y a d'autres titres?
M. FRANCOEUR: Oui, il y a des obligations détenues par le public,
qui ont été vendues dans le public. Il y a environ $6.5 millions
d'obligations qui ont été vendues comme toutes les autres
obligations dans le grand public. Elles sont détenues par...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'avez pas d'idée...
M. FRANCOEUR: Nous n'avons pas la liste. Elles ont été
vendues par des courtiers de la même façon que les obligations de
la province ou de toute entreprise.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous ne savez pas s'il y a des blocs
importants?
M. FRANCOEUR: Je ne crois pas parce que...
M. LEVESQUE (Laurier): Normalement, on le sait. Il y a $6.5
millions...
M. FRANCOEUR: A ma connaissance, M. Lé-vesque, non.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y a des billets ou des...?
M. FRANCOEUR: Non. C'est une émission d'obligations
approuvée par la Commission des valeurs mobilières.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais à part cela? M. FRANCOEUR: Absolument
pas.
M. LEVESQUE (Laurier): A part ce qui est mentionné là,
vous avez seulement...
M. FRANCOEUR: Comme équité? Absolument pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez $6.5 millions d'obligations?
M. FRANCOEUR: Ce sont des obligations. Comme actionnaires, il y a les
quatre que vous avez sur le tableau.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. Les obligations sont
distribuées...
M. FRANCOEUR: Ce sont des obligations qui ont été vendues
par les maisons de courtage selon les procédures normales.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que dans le cas de la Presse, il y
avait autre chose qui...
M. FRANCOEUR: Ce n'est pas notre cas à nous.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. FRANCOEUR: Maintenant, Je crois bien qu'on peut résumer
rapidement ce qu'on pourrait appeler les propriétés, si vous
voulez, les subsidiaires, les filiales. Vous avez, ce qui vous intéresse
le plus, évidemment, ce sont les trois quotidiens: Le Nouvelliste,
à Trois-Rivières, La Tribune, à Sherbrooke et La Voix de
l'Est à Granby.
M. SAUVAGEAU: Et Le Flambeau? Le Flambeau?
M. FRANCOEUR: Le Flambeau. On y arrive, Monsieur. Le Journal de votre
comté.
M. SAUVAGEAU: Vous avez besoin.
M. FRANCOEUR: Cinq grands hebdomadaires à tirage payé qui
sont: Dimanche-Matin, La Patrie, Le Petit Journal, Photo-Journal et
Dernière Heure. Dix hebdomadaires de banlieue ou de quartier parce qu'il
y en a un peu des deux: L'Echo des Monts, qui est sur la rive-sud; Le Courrier
de Laval, qui est dans la ville de Laval; L'Echo-Expansion, qui est
également sur la rive sud; Le Reporter de Jacques-Cartier qui est, non
pas dans la ville de Jacques-Cartier, mais dans le comté de
Jacques-Cartier, dans le nord de l'Ile de Montréal; les deux journaux du
district de Rosemont; le journal du district de Saint-Michel; le Flambeau de
l'Est, qui est dans le comté de Bourget, entre autres.
M. SAUVAGEAU: Le plus beau comté.
M. FRANCOEUR: Les Nouvelles de l'Est, l'est central, tous de
Montréal. Nous dirigeons également, M. Michaud, pour terminer
ça, une station de radio qui, depuis toujours, est la
propriété de la Voie de l'Est.
Oui, M. Michaud?
M. MICHAUD: Dans la section de journaux distribués de porte i.
porte, le Guide du Nord a-t-il été vendu?
M. FRANCOEUR: Non, le Guide du Nord, M. Michaud, vous allez le retrouver
sur un autre organigramme. C'est une propriété qui m'est
demeurée personnelle. Elle n'est pas dans les journaux Trans-Canada.
Vous allez le retrouver sur un autre organigramme si vous voulez le mettre,
Monsieur, qui est l'organigramme se rapportant à la
société générale sur laquelle je peux vous donner
des renseignements.
Vous avez en haut une compagnie de gestion qui s'appelle Les Placements
JGF dont les actions sont toutes détenues par les membres de ma famille
et moi-même, qui, elle, détient toutes les actions de la
Société générale de publication. La
Société générale de publication détient 1/3
des actions communes et privilégiées des journaux Trans-Canada.
Cette compagnie publie également le Guide du Nord et enfin elle
détient les chartes, si l'on peut dire, des anciennes compagnies qui
dépendaient d'elle. Ce sont des chartes qui, probablement, d'ici un an
seront abandonnées selon les procédures normales prévues
par la législation.
M. MICHAUD: M. Francoeur, pour revenir au premier organigramme au moment
de l'acquisition par Trans-Canada...
M. FRANCOEUR: Me le remetteriez-vous pour que ça soit clair?
M. MICHAUD: ... de la propriété de Communica
c'est-à-dire du Petit-Journal, Photo-Journal et de Dernière
heure, il y avait une même unité de négociation syndicale
puisqu'il y avait une seule entreprise, il y a eu un morcellement de trois
entreprises différentes. Pouvez-vous nous dire pourquoi cela a
été fait?
M. FRANCOEUR: C'est parce que la loi exige que, lorsque des compagnies
sont séparées, il y ait morcellement de l'unité de
négociation. C'est la Loi des relations de travail qui l'exige. La
raison pour laquelle nous avons morcelé, nous, c'est que pour des
raisons administratives comme c'est la même chose ailleurs
il y a toujours une compagnie qui publie un journal, parmi les journaux vendus
dans le public. Pour de nombreuses raisons administratives chaque journal est
une compagnie, comme vous le voyez sur l'organigramme. Là nous avons
fait la même chose, mais je dois noter que les négociations se
sont poursuivies simultanément, que les trois contrats ont
été signés simultanément en moins d'un mois
après que nous avons acheté les journaux au groupe Communica.
Tous les avantages acquis par l'ancienne convention unique ont
été transmis aux trois nouvelles conventions des journalistes du
Petit-Journal Limitée, de Photo-Journal Limitée, de
Dernière heure Limitée.
M. MICHAUD: Vous parlez de raisons administratives et fiscales bien
sûr, j'imagine?
M. FRANCOEUR: C'est un vieux dicton qui dit: En respectant la loi nous
pouvons organiser nos affaires dans le sens, normal.
M. MICHAUD: A la suite de cette acquisition par votre
société des propriétés de Communica, des trois
journaux, il n'y a pas eu de problème de replacement de personnel. A peu
près tout le monde a été reclassé.
M. FRANCOEUR: II y a eu du reclassement un peu comme dans le cas
de la Presse de la restructuration qui a été
complétée et dans l'ensemble la satisfaction semble assez
générale.
M. LEVESQUE (Laurier): A propos du grou- pe Communica, est-ce que dans
la transaction étaient impliqués les postes de
télévision et de radio des Brillant? Est-ce parce qu'on attend
simplement une approbation?
M. FRANCOEUR: Non, monsieur, je vais vous référer au
dernier paragraphe du chapitre C-3.
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a des mots, on se perd lâ!
M. FRANCOEUR: Notre entreprise a été également,
à la suite de cette transaction, propriétaire durant une
très courte période quelques semaines de la station
de télévision CJBR-TV et de la station de radio CJBR et CJLM,
cette dernière au Nouveau-Brunswick. Elle en a maintenant disposé
parce que, pour des raisons qui ont été mises d'avant par le
vendeur, il voulait faire une seule vente. Mais nous, les journaux Trans-Canada
n'ayant pas d'intérêts et n'étant pas
intéressés vers la télévision et la radio...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que ça été un «
buy back » ou si...?
M. FRANCOEUR: Pardon?
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'ils l'ont racheté ou si
ça été ...?
M. FRANCOEUR: Non, cela a été vendu à
Télémédia qui va suivre GELCO...
M. LEVESQUE (Laurier): Bon, alors, pour passer à l'autre filiale,
à Québec Télé media.
M. FRANCOEUR: Bien, ce n'est pas une filiale. Il n'y a aucune relation
entre les journaux Trans-Canada et Télé média, sur le
plan...
M. LEVESQUE (Laurier): Disons que c'est passé à un autre
morceau du groupe, à Québec Télémédia,
quoi?
M. FRANCOEUR: Pour dire comme M. Kierans, disons que votre
simplification est peut-être un peu trop simplifiée.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. Juridiquement, je ne me baserai pas...
C'est passé à Québec Télémédia
Inc.
M. FRANCOEUR: Juridiquement... Les journaux Trans-Canada l'ont revendu
à un prix normal au groupe Télémédia.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que je ne trouvais pas. Il n'est pas
encore inscrit sur l'organigramme.
M. FRANCOEUR: Est-ce que sur l'organigramme, vous avez d'autres
questions, messieurs?
M. BOUSQUET: Vous n'avez qu'un poste de radio?
M. FRANCOEUR: Oui et nous l'avons gardé, parce qu'il faisait
partie tellement intégrale de la Voix de l'Est, à tout point de
vue, depuis tellement longtemps, que cela aurait été assez
difficile et...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous l'avez appelé CJRB, mais c'est
CJBR...
M. BOUSQUET: CHEF, à Granby, je pense.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, il y a une erreur, alors.
M. FRANCOEUR: Non, j'ai CJBR, moi ici.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, quand on tombe dans GELCO, où c'est
marqué CJRB, c'est CJBR.
UNE VOIX: Vous avez raison.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LESAGE: M. Francoeur...
M. FRANCOEUR: Oui, M. Bousquet. Ah, pardon!
M. BOUSQUET: Du côté de la radio, vous n'êtes pas
tellement intéressé. Vous n'avez que ce poste et vous avez
presque été obligé, en somme, de l'acheter?
M. FRANCOEUR: Disons que me référant à ce qu'on me
dit, parce que, là, je réfère à des choses qui
relèvent d'avant notre transaction, il y a eu un moment donné
où, sans le poste de radio, peut-être que le quotidien aurait eu
des problèmes majeurs et vice versa; à d'autres périodes,
c'est le contraire. Disons que dans un journal et un poste de radio
relativement petits, une année l'un supporte l'autre et vice versa.
D'ailleurs, M. D'Amours qui est ici, le président de la Voix de l'Est,
peut répondre mieux que moi sur les antécédents. Pour les
questions se rapportant à CHEF et à la Voix de l'Est, il est
beaucoup plus au courant.
M. D'AMOURS: Le poste CHEF a été fondé en 1945 et,
pendant quinze ans, c'était une compagnie séparée de la
Voix de l'Est. Mais, après de nombreuses difficultés
financières, les premiers bailleurs de fonds ont perdu, pendant ces
quinze années, au-delà de $200,000, si je me rappelle des
chiffres. Le poste de radio était en voie de disparition quand il a
été acquis par la Voix de l'Est Limitée. Ceci était
en 1957. Depuis lors, bénéficiant des mêmes services
administratifs, des mêmes services de comptabilité et
bénéficiant aussi du réseau de correspondants du journal,
bien progressivement et assez lentement le poste a pu faire ses frais.
Aujourd'hui, il se porte lui-même et je peux dire que ça va
assez bien.
M. BOUSQUET: Au point de vue de l'information, on peut dire qu'en somme
le poste CHEF est un peu la doublure de la Voix de l'Est.
M. D'AMOURS: Granby est une petite ville de 33,000 ou 35,000 de
population. Pour maintenir deux hebdos car il y a deux hebdos locaux
un quotidien et un poste de radio, je vous dis que cela fait pas mal de
publicité à trouver dans un petit marché. Le fait que les
deux soient administrés par la même entreprise et puissent
travailler en collaboration, cela diminue les frais
considérablement.
M. BOUSQUET: En passant, je peux signaler que la Voix de l'Est est un
des journaux qui donnent la plus libre expression, je dirais, à toutes
les tendances politiques que l'on retrouve dans la province.
M. D'AMOURS: Je vous remercie.
M. LESAGE: Est-ce parce que vous, vous y lisez souvent, M. Bousquet?
M. BOUSQUET: Je ne me lis pas très souvent, malheureusement, mais
seulement je trouve que c'est un excellent journal et il me fait plaisir de le
signaler en passant. Oui, c'est un excellent journal, c'est de la
qualité.
M. LESAGE: Vous devez être bien traité. M. D'AMOURS:
J'aimerais que...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir une
déclaration de Serge Savard?
M. BOUSQUET: Non, quand on le compare avec Le Clairon de
Saint-Hyacinthe, par exem-
ple, je trouve que les gens de Granby sont beaucoup mieux servis...
M. LESAGE: Contentez-vous de votre courrier, vous!
M. D'AMOURS: Je sais que Granby est une cible à laquelle on
réfère souvent, surtout dans la question du contrôle de
l'information, du fait que le journal quotidien et le poste de radio sont
administrés, ou sont la propriété de la même
compagnie.
Je voudrais porter à votre attention le fait qu'il entre dans
Granby huit autres quotidiens: Le Devoir, Montréal-Matin, La Gazette, La
Presse, The Star, Le Journal de Montréal, La Tribune et le Daily
Record.
Je vous prie de croire que quand on est assis au pupitre de
l'administrateur, on se rend compte que contrôler l'information n'est pas
facile. La compétition est très forte.
M. LEVESQUE (Laurier): Sauf, si vous permettez, est-ce que, très
souvent, les journaux de l'extérieur dont vous parlez sont au courant,
en détail, des choses qui sont normalement le centre
d'intérêt d'un journal local? J'ai beau lire le Devoir, la Tribune
ou la Presse, s'il y a des problèmes à Granby ou des informations
qui concernent la population locale, il est évident que le premier au
courant est nécessairement l'organe d'information local. Règle
générale, cela reste vrai.
M. D'AMOURS: Pour la nouvelle locale, j'espère que la Voix de
l'Est est bien en avant de tous les journaux que j'ai mentionnés.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est évidemment là-dessus que
parfois des gens peuvent dire: Quand même il entrerait vingt journaux de
l'extérieur, l'information locale est en grande partie centrée
sur peu importe qu'on soit pour ou contre deux organismes qui
sont de même propriété.
M. D'AMOURS: Mais il y a aussi deux heb-do locaux.
M. LEVESQUE (Laurier): Deux hebdos. M. D'AMOURS: Deux hebdos à
Granby.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le tirage des hebdos, savez-vous?
M. D'AMOURS: Distribution gratuite, c'est le tirage complet.
M. LEVESQUE (Laurier): Deux hebdos à distribution de porte
à porte, genre...
M. FRANCOEUR: Ils sont très forts, M. Lévesque, si vous
permettez que j'intervienne, très forts. Hebdo-Revue a une moyenne de 32
pages par semaine.
M. LE PRESIDENT: M. Francoeur, voulez-vous vous approcher du micro, s'il
vous plaît.
M. FRANCOEUR: Excusez si j'interviens, c'est pour mentionner que les
deux hebdos sont très forts. L'Hebdo-Revue, par exemple, a rarement en
bas de 32 pages par semaine.
M. LEVESQUE (Laurier): Dont combien de pages d'annonces?
M. D'AMOURS: II rentre de plus de cela à Granby; sept canaux de
télévision et seize postes de radio. Alors, la compétition
est assez forte, et je pense que pour le contrôle de l'information, il
n'y a pas de danger à Granby.
Je me permettrais d'ajouter que j'ai administré la Voie de l'Est
sous trois propriétaires différents, d'abord M. Laurion,
propriétaire actionnaire majoritaire, si vous voulez, à ce
moment-là, et pour Communica, et maintenant les journaux Trans-Canada.
S'il y a un moment où l'information pouvait être biaisée et
peut-être un peu dangereuse, c'était certainement au temps du
propriétaire unique, et non pas sous le...
M. LEVESQUE (Laurier): Donc les corporations actuelles.
M. LESAGE: M. Francoeur, est-ce que les actions communes des journaux
Trans-Canada Limitée ont une valeur au pair et si ce sont des actions
sans valeur au pair?
M. FRANCOEUR: M. Lesage, il faudrait que je réfère
à mon équipe. Dix dollars de valeur au pair.
M. LESAGE: Oui, très bien. Dix dollars au pair, cela, ce sont les
actions communes. Est-ce qu'elles sont cotées en bourse?
M. FRANCOEUR: Pas dans le moment, M. Lesage.
M. LESAGE: Je m'en doutais bien, oui. Quelle est la valeur au pair des
actions privilégiées et quelles sont les conditions des actions
privilégiées?
M. FRANCOEUR: Un dollar l'action et elles sont votantes.
M. LES AGE: Un dollar l'action votante. Est-ce qu'il y a un
intérêt attaché obligatoirement aux actions
privilégiées?
M. FRANCOEUR: Si on remonte deux ans en arrière, par
exemple...
M. LESAGE: Non, mais il arrive que vous avez des actions
privilégiées, par exemple, sur lesquelles le détenteur
doit recevoir un minimum de 4%, 5% d'intérêt par année.
M. FRANCOEUR: Non cumulatif, M.Lesage.
M. LESAGE: C'est ordinairement ce qui arrive lorsque, pour me servir de
votre expression, les actions sont votantes.
M. FRANCOEUR: Oui.
M. LESAGE: Alors, dix dollars au pair pour les actions communes, et un
dollar au pair l'action privilégiée. Quelle est la
capitalisation? Je m'excuse, c'est une déformation professionnelle.
M. FRANCOEUR: Non, mais écoutez, si vous me le permettez, Je
pourrai vous donner la réponse après un appel
téléphonique, quand j'aurai fini mon témoignage,
quelqu'un...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'avez pas un bilan consolidé ou un
rapport, on a cru cela...
M. FRANCOEUR: Disons que la différence c'est que Power
Corporation, qui est une compagnie publique, a des bilans publics, mais
Trans-Canada est une société privée qui n'a que quatre
actionnaires. Ce n'est pas une société publique.
M. LESAGE: Et les actions ne sont pas cotées en bourse!
M. FRANCOEUR: C'est tout.
M. LESAGE: Ce qui fait toute la différence du monde sur
l'obligation qu'a la société de publier des bilans.
M. LEVESQUE (Laurier): Comme cela contrôle un grand nombre de
moyens d'information, Je veux bien croire que c'est une société
privée, mais cela aiderait quand même à nous faire
comprendre, parce qu'autrement on se demande un peu, par rapport au mandat de
la commission, à quoi cela rime.
M. LESAGE: C'est la capitalisation, quant à moi, que je voulais
avoir, M. Francoeur, vous comprenez.
M. LEVESQUE (Laurier): Avant de partir.
M. FRANCOEUR: Sur des questions comme cela...
M. LESAGE: Oui, mais sur la capitalisation en actions communes et en
actions privilégiées, je n'ai aucune objection à ce que
vous nous fassiez parvenir le renseignement plus tard.
M. FRANCOEUR: Nous pouvons envoyer à M. le Président,
dès demain, les détails sur la capitalisation...
M. LESAGE: M. Francoeur, c'est facile à calculer, vous
détenez 15,000 actions ordinaires, c'est le tiers, donc il y a 45,000
actions ordinaires.
M. FRANCOEUR: C'est cela.
M. LESAGE: Ce sont 45,000 actions ordinaires à $10, cela fait
$450,000 au pair, et vous avez 150,000 actions privilégiées, ce
qui fait exactement 450,000 actions privilégiées, ce qui fait
$450,000. Capitalisation, $900,000. J'ai ma réponse, M. Francoeur.
M. FRANCOEUR: Je vous remercie, M. Le-sage.
M. LEVESQUE (Laurier): La valeur des actifs...
M. LESAGE: C'est une autre affaire.
M. FRANCOEUR: La valeur des actifs, vous l'avez plus loin, M.
Lévesque. Si vous me permettez, la valeur des actifs, j'y reviendrai au
passage tout à l'heure. Je crois qu'il y aurait quelque chose...
M. LESAGE: La capitalisation au pair est de $900,000.
M. LEVESQUE (Laurier): D y a $6.5 millions d'obligations.
M. FRANCOEUR: Nous vous enverrons des exemplaires du prospectus qui a
été envoyé lors
de l'émission d'obligations, nous ferons parvenir cela au
président dès demain.
M. LESAGE: C'est très bien, nous aurons alors les
renseignements.
M. FRANCOEUR: Je vais prendre une minute pour vous donner un
aperçu de la fondation des Journaux Trans-Canada. Je crois qu'elle va
permettre d'éclairer la situation et même de faire la
lumière sur des choses qui semblent confuses. L'histoire remonte
à 1966, quand la compagnie Télémédia a
acheté toute l'entreprise qui s'appelait: La Tribune. Disons tout de
suite que M. Desmarais n'était pas du tout intéressé,
directement ou indirectement, dans la société Power Corporation,
à ce moment-là. Or, Télémédia a
acheté La Tribune, qui comprenait une station de
télévision, deux postes de radio, peut-être trois, avec le
FM, une imprimerie commerciale et le quotidien.
M. LEVESQUE (Laurier): A ce moment-là, est-ce que c'était
M. Strong?
M. FRANCOEUR: Je ne le sais pas. Je vous réponds ce que je sais,
M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais est-ce que M. Strong était
président, à ce moment-là?
M. FRANCOEUR: M. Strong était président de Power
Corporation.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que je vois que M. Frenette... Ce
serait bon de savoir qui...
M. FRANCOEUR: Voici, je vous raconte, un peu comme au tribunal, ce que
je sais. C'est qu'une journée, à peu près un mois
après avoir appris que Power Corporation ou
Télémédia avait acheté toute l'entreprise de la
Tribune, comme bien d'autres personnes, j'ai reçu une lettre de
Télémédia, m'avisant qu'elle n'était pas
intéressée à garder le journal. A peu près tous les
gens du monde des journaux et des affaires ont reçu la lettre, disant
que La Tribune et l'Imprimerie Commerciale seraient vendues à une
certaine date. L'Imprimerie Commerciale, pour un prix minimum de deux millions
six cents et quelque mille dollars et invitant tous les
intéressés à faire un appel d'offres. On demandait du
comptant.
Disons que la chose m'intéressait à ce moment-là.
J'ai étudié le cas de la Tribune et j'ai décidé que
cela m'intéressait. J'ai essayé de faire des arrangements pour
l'acheter moi- même entièrement, ce qui a été assez
difficile. Finalement, je suis allé voir M. Desmarais, que j'avais
rencontré socialement, et je lui ai expliqué l'affaire de la
Tribune, il l'a regardée avec moi et il a accepté à ce
moment-là de l'acheter conjointement avec moi, dans la proportion de
deux et un, soit un tiers.
Cela s'est fait rapidement. Nous sommes partis pour le bureau de
Télémédia le jour où les soumissions devaient
être ouvertes. Nous sommes arrivés à midi. Lorsque les
avocats et le représentant de Télémédia ont
annoncé qu'ils ouvraient les soumissions, il n'y en avait qu'une, la
nôtre.
Il faut, quand même, réaliser que les débuts des
journaux Trans-Canada, c'est cela. A ce moment-là, tous les journaux et
tous les hommes d'affaires ont été avisés. Le groupe
Communica a reçu la lettre; les propriétaires du Soleil aussi. Je
connais personnellement d'autres individus qui ont reçu la lettre.
Personne, à ce moment-là, n'avait assez confiance,
apparemment, dans l'avenir d'un quotidien pour aller faire une offre. Je crois
que c'est assez important de situer ce fait pour bien faire comprendre que,
lorsque nous disons qu'il y avait un besoin de regroupement, c'était
évident parce que personne ne s'est présenté pour acheter
la Tribune ce jour-là. Deuxièmement, je crois que cela situe un
peu le rôle de M.Desmarais. Contrairement à certaines impressions,
assez compréhensibles, peut-être, selon lesquelles M. Desmarais
serait parti avec l'idée d'aller rafler tout cela, celui qui est
allé intéresser M. Desmarais dans la première transaction,
c'est mol.
Dans la deuxième, c'est également moi. Je veux dire par
cela...
M. LESAGE: Vous êtes un bon vendeur, M. Francoeur.
M. FRANCOEUR: ... que M. Desmarais n'est pas l'ogre qui est parti pour
aller à Chicoutimi. La famille qui avait le Nouvelliste avait
décidé de s'en départir. Je suis celui qui a
apporté ce renseignement à M. Desmarais. Tout cela, pour situer
un peu le rôle de M. Desmarais dans cela et, ensuite, pour faire
comprendre que, quand nous parlons de certaines nécessités de
regroupement, vous en avez un cas potent, c'est qu'il n'y eu personne qui s'est
présenté à la Tribune, alors que c'était à
ciel ouvert, comme les appels d'offres que le gouvernement fait pour
différentes choses. Cela, je voudrais vous le situer dans l'histoire des
Journaux Trans-Canada.
M. LESAGE: Il faut, tout de même, avoir un
capital pour acheter un journal comme la Tribune.
M. FRANCOEUR: Bien, je peux vous dire, M. Lesage, qu'il n'y avait pas de
problème parmi ceux qui ont reçu la lettre. Ils auraient dû
s'y intéresser, mais ils étaient...
M. LESAGE: Non, je comprends.
M. FRANCOEUR: ... disons assez craintifs.
M. LESAGE: Non, mais comprenez-moi bien, M. Francoeur, je ne veux
pas...
M. FRANCOEUR: Non, mais je vous dis cela, M. Lesage...
M. LESAGE: J'ai dit qu'il fallait tout de même du capital pour
acheter la Tribune.
M. FRANCOEUR: Oui.
M. LESAGE: Je vous garantis que, si le parti dont je suis le chef avait
eu de l'argent, nous l'aurions peut-être acheté.
M. FRANCOEUR: Un jour, on se parlera de ce qui est arrivé au
Canada, M. Lesage.
M. LESAGE: Ecoutez...
M. FRANCOEUR: Vous savez, M. Lesage, que j'ai fait une offre pour
l'avoir dans ce temps-là, avec cinq autres...
M. LESAGE: J'ai vécu la difficile décision prise par M.
Saint-Laurent.
M. BOUSQUET: C'était aussi bien qu'il meure.
M. LESAGE: Evidemment, pour ceux qui veulent une province
séparée des autres, comme M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Vous n'avez pas le droit de dire cela.
M. FRANCOEUR: M. le Président, pour sauter rapidement à un
autre chapitre assez important où il est également question de
certains problèmes qui ont déjà été
soulevés, j'aimerais parler encore de la Tribune. Certaines personnes
semblent voir un danger dans le fait que la Tribune et les Journaux
Trans-Canada puissent rejoindre à un certain moment, au niveau des
actionnaires peut-être, la télévision et la radio.
J'aimerais attirer votre attention rapidement au chapitre C-4. Le tirage
de la Tribune, dans le moment, est de 38,000 exemplaires. Il approche les
40,000 exemplaires.
C'est évidemment le grand journal dans les Cantons de l'Est. Ce
qu'il est intéressant de constater, d'après le « Canadian
Advertising » qui est la bible des tirages, c'est que, dans les
comtés reconnus comme le territoire ou le domaine de la Tribune, les
autres quotidiens du Québec vendent 57,000 exemplaires, au dernier
rapport à la fin de l'année 1968. Ceux-ci sont la Gazette, le
Montreal Star, la Presse, Montréal-Matin, etc. Mais, ce qui est encore
plus intéressant, c'est lorsque vous ajoutez les hebdomadaires locaux de
ces mêmes comtés considérés strictement comme les
comtés de la Tribune. Il y a 26 hebdomadaires qui rejoignent 168,900
foyers. Alors, vous voyez que, même si la Tribune est évidemment
le journal le plus important des Cantons de l'Est, les gens des Cantons de
l'Est entendent bien d'autres sons de cloche que celui qu'apporte la
Tribune.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous les avez, est-ce que vous pourriez nous
donner... Dans les 57,000...
M. FRANCOEUR: Les détails?
M. LEVESQUE (Laurier): Simplement les détails...
M. FRANCOEUR: Non.
M. LEVESQUE (Laurier): ... pour la Presse, le Nouvelliste et la Voix de
l'Est.
M. FRANCOEUR: Non. Je n'y ai pas pensé, j'ai fait moi-même
les détails avec Canadian Advertising il y a déjà quatre
mois, je ne peux pas me rappeler.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que la Presse est à
Montréal, le nouvelliste est à l'autre entrée de la
région, si je peux dire, et la Voix de l'Est est quand même dans
le même coin.
M. FRANCOEUR: Disons...
M. LEVESQUE (Laurier): Etant donné que c'est du même
groupe, c'était simplement pour savoir...
M. FRANCOEUR: Je peux vous dire une chose c'est que, le matin, à
Sherbrooke, dans tous les kiosques, vous avez le Journal de
Montréal,
Montréal-Matin et le Devoir. Ces journaux arrivent en même
temps que la Tribune. Je le sais pour le constater, quand j'y vais.
M. LEVESQUE (Laurier): La Gazette aussi.
M. FRANCOEUR: Mais je pourrais vous le donner, si vous y tenez.
Je voulais vous mentionner les mêmes précisions pour la
Voix de l'Est, mais M. D'Amours l'a fait plus tôt. Vous parliez tout
à l'heure des actifs. Je vous référerais à la
dernière page du chapitre C, paragraphe H; Immeubles Journaux
Limitée. Vous avez dans le moment un total des actifs, à la fin
de 1968, de $12,128,341, et dans les dépenses capitales ce qui
vous montre quand même l'importance d'avoir des sources de capitaux
pris de $3,392,000 seront dépensés au cours de 1969. C'est
ce qui est engagé dans les améliorations, dans le domaine des
dépenses capitales. Je crois que cela répond à une
question que M. Lesage posait tout à l'heure concernant les
capitaux.
M. MICHAUD: Mais ces $3 millions sont surtout investis dans le domaine
de l'équipement...
M. FRANCOEUR: Oui.
M. MICHAUD: ... ou de construction d'immeubles.
M. FRANCOEUR: II y a un peu des deux. Il y a une presse « offset
» neuve qui s'installe au cours du mois de juin, qui est la plus moderne
au Canada, d'ailleurs la plus grosse presse « offset » au Canada,
et qui doit fonctionner à l'automne. Il y a, concernant
l'équipement, de nouvelles machines à composer, disons qu'il y a
un peu de tout. M. Michaud, vous avez d'ailleurs les détails dans cette
page.
M. LEVESQUE (Laurier): Grosso modo, vous avez à peu près
$15 millions en tenant compte du budget de 1969.
M. FRANCOEUR: A la fin de 1969, vous aurez un investissement de
$15,400,000, grosso modo. Je parle des actifs immobilisés.
M. LEVESQUE (Laurier): Tout £ l'heure, vous aviez à peu
près $900,000 d'équité dans les actions, d'après le
calcul rapide qui a été fait, et $6,500,000 d'obligations dont
vous avez parlé.
M. FRANCOEUR: II y a eu une capitalisa- tion, mais il y a eu
également d'autres mises de fonds qui ont été faites. Dans
ces $3 millions, vous avez de l'argent qui est dû à la compagnie
qui fait la Presse. Dans le moment, nous avons un engagement, nous avons
certaines hypothèques, les hypothèques normales de
bâtisses.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans les investissements faits, qui sont de $12
millions laissons de côté les $3 millions de cette
année ...
M. FRANCOEUR: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour autant que vous le sachiez, je vous
demandais tout à l'heure si vous aviez...
M. FRANCOEUR: Vous avez $6,500,000 en obligations chez les
épargnants. Au début, il y avait les actions au pair, mais il y a
parfois des actions au pair qui se vendent plus cher que les actions au pair.
C'est une procédure absolument normale...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. FRANCOEUR: ... dans toute entreprise ou toute compagnie.
Quant à la situation syndicale, j'attirerais votre attention sur
ce chapitre, de façon générale. Je crois qu'en le lisant
attentivement, à tête reposée, vous verrez que les
garanties qui s'y trouvent au point de vue de protection sont majeures et des
plus solides.
Oui, M. Michaud.
M. MICHAUD: Encore que là, l'affirmation est un peu plus
contestable, parce que, dans les hebdomadaires, principalement, étant
donné qu'il n'y a pas d'information pure, de diffusion...
M. FRANCOEUR: Ce n'est pas le même genre.
M. MICHAUD: ... la liberté est à peu près totale
à la direction de décider du choix du reportage, ou de l'orienter
surtout...
M. FRANCOEUR: M. Michaud, amenez-moi de bons journalistes qui ont de
bons sujets de reportage, et je les prendrai de préférence
à ceux qui attendent les suggestions d'un direction de
l'information.
Parce que dans un hebdomadaire où vous avez
énormément de textes à trouver, qui doivent être un
peu différents de ce que vous avez dans les quotidiens, il faut quand
même bien de l'imagination dans une semaine.
M. MICHAUD: Mais la fonction étant plutôt celle de
divertissement de la part...
M. FRANCOEUR: C'est cela.
M. MICHAUD: ... des hebdomadaires que celle de l'information.
M. FRANCOEUR: C'est pour cela que je me suis attardé surtout aux
quotidiens du groupe.
M. MICHAUD: Est-ce que vous vous alignez, dans vos hebdomadaires, sur le
modèle des conventions collectives de la Presse?
M. FRANCOEUR: Je vais vous donner le détail des conventions
collectives. Celle de la Patrie a été renouvelée sans un
mot de changé. Alors, vous la connaissez probablement. Seule
l'échelle des salaires a été changée d'un commun
accord avec le Syndicat des journalistes de Montréal.
Dans le cas du Petit Journal, le contrat a été
signé avant celui de la Presse, vers le 30 janvier, pour les trois
prochaines années. Je crois que cela montre un assez bon esprit de part
et d'autre, ce qui est assez rare.
Au Nouvelliste je crois que cela aussi est un record d'un autre
genre le contrat vient d'être renouvelé avant même la
date de l'expiration de l'ancien contrat. Trois jours avant. Ce qui montre
quand même une bonne entente entre la partie patronale et le syndicat au
Nouvelliste.
La Voix de l'Est, les négociations ne font que commencer, parce
que le contrat échoit ces jours-ci.
A la Tribune, le contrat a été signé pour trois ans
l'année dernière. Vous ne pouvez pas l'aligner sur la Presse pour
la bonne raison que c'est un contrat global du toit à la cave. C'est un
contrat qui est très difficile à comprendre et à
négocier dont nous avons hérité, d'ailleurs -qui
inclut les journalistes, les jeunes filles du bureau, les typographes, les
pressiers. Tout le personnel de la Tribune est inclus dans un seul contrat avec
des exceptions et des chapitres.
M. MICHAUD: Oui, mais je ne parlais pas des conditions
économiques précisément. Je pensais plutôt aux
clauses de conscience ou aux garanties formelles de...
M. FRANCOEUR: Disons que dans le cas de la Patrie, c'est le même
contrat.
M. MICHAUD: Oui.
M. FRANCOEUR: Dans le cas du Petit Journal, ce sont sensiblement les
mêmes clauses que celles qui existaient sous l'ancienne
administration.
M. BOUSQUET: Est-ce que l'on peut dire que le principal critère
qui vous guide est la rentabilité du journal?
M. FRANCOEUR: Non.
M. BOUSQUET: Ce n'est pas cela?
M. FRANCOEUR: Non. C'est un critère important, parce que...
D'abord, comme je vous le disais tout à l'heure, nous avons des milliers
d'épargnants qui nous ont confié leur épargne, il y a le
lecteur, il y a l'actionnaire, il y a le petit épargnant, il y a le
personnel. Je vois quatre intéressés dans le journal.
M. BOUSQUET: Pourriez-vous nous dire quels sont les principaux
critères, à vos yeux?
M. FRANCOEUR: Je vais vous référer au mémoire
exactement, M. Bousquet. Le chapitre B-I: Exposé de principes. Je crois
que cela résume en quelques lignes. Ensuite, évidemment, c'est
développé. Vous avez l'intérêt du lecteur au
chapitre B-Il, qui est le plus important pour nous, et ensuite
l'efficacité de gestion au chapitre B-m. Mais je crois qu'au chapitre
B-I vous avez...
M. MICHAUD: Je pense qu'on peut difficilement contester à des
investisseurs le droit légitime et normal de rechercher un profit
régulier pour ces investissements, mais si, pour freiner ça, il y
a des mécanismes, il y a des garanties au niveau de l'exercice de la
profession, à ce moment-là c'est à ce niveau qu'on doit
particulièrement travailler, tant au niveau syndical qu'au niveau
professionnel pour contrebalancer cette possibilité de recherche abusive
parfois du profit.
M. FRANCOEUR: Je vous réfère, par exemple, à ce
sujet-là. Je crois que ça vaudrait la peine de s'attarder un
instant au chapitre B-4: Traitement et formation du personnel. Si vous regardez
au milieu de la page, le paragraphe du milieu: « Au chapitre du
traitement, les Journaux Trans-Canada Ltée ne craignent pas d'affirmer
qu'ils versent, dans tous les secteurs de leurs entreprises, des salaires au
moins comparables, sinon supérieurs, 3. ce qui se verse dans chacune des
régions où ils sont implantés. » Cela est pour les
salaires.
Si vous tournez la page, M. Michaud, en dessous de la nomenclature de
chaque ville: « Quant à la formation du personnel,... »,
vous avez quelques paragraphes qui se rapportent à la formation du
personnel. Je suis très heureux de vous dire que nous avons eu plusieurs
de nos cadres journalistes qui ont suivi des cours aux Hautes études,
par exemple. Il y a M. Dubé qui est président de la Tribune, qui
est un journaliste de carrière, qui est aujourd'hui le président
et qui mène effectivement la Tribune. Il a passé partiellement
par l'école des Hautes études, de l'Université de
Sherbrooke. Nous en avons deux autres à Montréal qui ont fait de
même. Pour la prochaine session d'automne des Hautes études, vous
avez trois directeurs d'information inscrits. Nous avons eu un cours complet
donné en relations humaines à tous les directeurs d'information,
les chefs de nouvelles et également d'autres personnes au niveau de la
gérance, au cours de l'hiver. En plus de tous les cours individuels, au
moins cent de nos employés ont suivi l'hiver dernier un cours de leur
choix. Nous avons comme politique de payer le cours, quel qu'il soit, de tout
employé, que ce soit un cours même de personnalité, cours
de français, cours d'anglais, cours de vente, cours de
perfectionnement.
M. BOUSQUET: En somme, vous mettez beaucoup l'accent sur le
perfectionnement du personnel.
M. FRANCOEUR: C'est à long terme, évidemment, on ne voit
pas ça du jour au lendemain.
M. BOUSQUET: D'accord. Maintenant il y a quelque chose qui me vient
à l'esprit: Etant donné que dans une région comme
Montréal vous avez plusieurs journaux, est-ce qu'il vous serait venu
à l'esprit d'imprimer une tendance particulière à un
journal, une autre tendance à un autre, une autre tendance à un
troisième? Est-ce que, d'après vous, ce serait quelque chose qui
serait recommandable ou à rejeter? Quand je parle de tendances, je veux
dire dans le domaine politique, dans le domaine social, en somme une
espèce de spécialisation dans les tendances.
M. FRANCOEUR: Du tout, je vous réfère à ce que M.
Bureau a dit ce matin. Si vous voulez que je vous fasse tout un exposé
là-dessus, je pense bien que non. Les normes de liberté sur les
questions politiques ou d'orientation sont exactement les mêmes que ce
soit notre plus petit journal ou que ce soit notre plus grand.
Il n'y a pas de directives de données au niveau politique: C'est
d'être honnête et juste.
M. LEVESQUE (Laurier): Sauf à l'éditorial, puisque
ça...
M. FRANCOEUR: Oui, l'éditorial, mais même alors, chaque
président, dans chaque journal M. Dubé Ici son
éditorial relève de lui et non pas de moi. Il relève
directement de M. Dubé et du moment que nous faisons confiance, par
exemple à M. Dubé ou à M. D'Amours, si nous leur faisons
confiance, ils prennent la responsabilité.
L'expérience a été qu'ils ont mené leur
barque de façon impartiale.
M. BOUSQUET: Je songeais, en particulier, à une situation comme
celle de Paris où vous avez des journaux de tendances très
marquées et de tendances très diverses comme Rivarol, le Canard
enchaîné, le Figaro, le Monde, Combat, etc. En somme, est-ce qu'en
Amérique du Nord ou dans une ville comme Montréal, on pourrait
avoir des journaux ayant des tendances?
M. FRANCOEUR: Vous en avez un, M. Bousquet. C'est
Montréal-Matin...
M. MICHAUD: Vous en voulez d'autres?
M. FRANCOEUR: C'est un journal idéologique...
M. BOUSQUET: Il faut dire que Montréal-Matin passe...
M. MICHAUD: Idéologique? Ah! Ils ne l'ont pas...
M. FRANCOEUR: Rien qui reflète la pensée d'un parti.
M. LESAGE: Quand ils n'en ont pas, comment voulez-vous que cela se
réflète?
M. BOUSQUET: Je crois que dans Montréal-Matin le parti
libéral et le parti québécois sont bien
gâtés.
M. FRANCOEUR: Ce n'est pas à moi de faire
l'évaluation...
M. LESAGE: Laissez-nous cela, M. Fran-coeur. Nous allons nous en
occuper...
M. MICHAUD: Au sujet de B-4: Traitement et formation du personnel, au
1er paragraphe il
y a une expression d'opinion qui me fait un peu sursauter. Quand vous
dites: Les Journaux Trans-Canada Ltée n'entendent pas limiter leur
rôle à l'établissement d'une saine politique
financière au sein des organes de presse, en plus de laisser à
ces mêmes organes la pleine autonomie rédactionnelle et
éditoriale dont ils sont en droit, par respect pour leurs lecteurs,
d'être les seuls dépositaires.
Est-ce que vous faites allusion aux entreprises comme telles ou au
personnel de rédaction de ces entreprises? Il semble là que vous
revendiquiez, dans ce paragraphe, une pleine autonomie rédactionnelle,
mais je crois que cela a été écrit en fonction des groupes
d'intérêts auxquels vous êtes liés ou auxquels vos
entreprises sont liées? Mais pensez-vous davantage que le service
rédactionnel...
M. FRANCOEUR: Ce que cela veut dire, M. Michaud, c'est ceci. C'est que
le Nouvelliste est une entreprise, que ce soit le groupe A qui en soit
propriétaire, ou que ce soit nous, ou que ce soit un individu, le
Nouvelliste est un journal par lui-même et nous lui laissons
décider de sa position ou de la façon de présenter les
choses qui concernent spécialement, évidemment, la région
où il est publié. C'est la même chose...
M. LEVESQUE (Laurier): Qui est président?
M. FRANCOEUR: Le Nouvelliste, dans le moment, c'est M. Eric Ferrat. Il
ne peut pas être ici, parce qu'il revient d'Europe, aujourd'hui,
où il est allé pour des achats de machinerie.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, M. Eric Ferrat qui est
également...
M. FRANCOEUR:... vice-président de la production des journaux
Trans-Canada. Il est là, dans le moment, parce que M. Dansereau est
devenu le président de la Presse et nous a laissé les journaux
Trans-Canada...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, c'est à titre provisoire...
M. FRANCOEUR: C'est à titre relativement provisoire. Dans le
moment, cela fonctionne très bien.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais il est membre de la direction de la
compagnie et, en même temps, président du Nouvelliste.
M. FRANCOEUR: Je crois qu'il y a certai- nement une chose qui est
remarquable dans le domaine des journaux...
M. LEVESQUE (Laurier): Disons que, dans son optique, il doit quand
même un peu réfléter la direction de la compagnie.
M. FRANCOEUR: II doit quand même bien s'entendre avec sa salle de
rédaction, puisqu'il vient de signer un contrat de trois ans, avant
même l'expiration de la convention actuelle. Je crois que c'est parce que
les journalistes ont quand même assez confiance.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que les éditorialistes sont
syndiqués?
M. FRANCOEUR: Vous voyez comme je me tiens loin. Je ne pourrais pas vous
dire dans le cas du Nouvelliste.
M. MICHAUD: En tout cas, il y a les mê"-mes garanties de
non-ingérence abusive de la part de la direction ou des capitaux dans le
traitement de l'information.
M. FRANCOEUR: Je ne pourrais pas vous le dire. Je ne le sais pas. Je
vais vous le dire dans le cas des deux autres, si vous me permettez.
M. Dubé me dit que dans le moment, il l'est. Mais de part et
d'autre, il est question qu'il sorte de l'unité de
négociations.
M. LEVESQUE (Laurier): A la Presse, ils ne le sont pas, je crois. Ils le
sont, tous...?
M. FRANCOEUR: A la Voix de l'Est, ils ne le sont pas.
M. BUREAU: A la Presse, ils sont syndiqués et ils font partie du
même syndicat que les journalistes.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Champoux, aussi?
M. BUREAU: M. Champoux, non. Mais le directeur...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, en fait, M. Champoux arrive comme
directeur...
M. LE PRESIDENT: M. Bureau, pourriez-vous donner vos réponses
dans le micro pour l'enregistrement.
M. BUREAU: Alors, M. le Président, M. Champoux et M. Lafrance qui
sont directeurs
du service de l'édltorial et de l'information ne font
évidemment pas partie du syndicat, mais leurs employés
journalistes ou en bas des cadres, dans le cas de M. Champoux, ce sont tous ses
éditorialistes, dans le cas de M. Lafrance, ce sont tous les
journalistes, moins les neuf adjoints qui font partie du même syndicat et
font partie de la même convention collective. C'est ce qui permet
d'ailleurs ce dont je vous ai parlé tout à l'heure, le retour
possible dans la salle de rédaction des éditorialistes qui ne
voudraient pas quitter leur poste.
M. LEVESQUE (Laurier): Si je comprends bien ce que veut dire une clause
de conscience, supposons qu'ils en ont assez d'écrire tel genre
d'éditorial, parce qu'après tout cela doit refléter une
ligne générale, vous l'avez dit ce matin, ils peuvent retourner
à l'intérieur...
M. BUREAU: Exactement. Il y a un mécanisme prévu dans la
convention collective qui leur permet de retourner dans ce cas.
M. MICHAUD: Mais, M. Bureau, pour ce qui concerne la politique
éditoriale de votre journal et même dans les autres entreprises,
j'ai cru deviner que votre position se situait à mi-chemin entre la
position anglo-saxonne traditionnelle reconnue à l'effet que
l'éditorial reflétait la pensée du propriétaire ou
des propriétaires du journal et l'autre position, la position
française vraiment qui représente uniquement la pensée du
Journaliste qui signe le topo, qui signe l'éditorial. J'ai cru
comprendre que vous avez dit que la Presse essayait d'offrir un choix d'options
et cela se situe entre ces deux formules.
M. BUREAU: Exactement.
M. MICHAUD: Donc, l'éditorial ne reflète pas, enfin, d'une
façon inconditionnelle toujours la pensée de l'entreprise de la
direction du journal.
M. BUREAU: Les gens qui sont choisis à l'éditorial, nous
leur faisons confiance, nous croyons que ce sont des gens qui ont suffisamment
de jugement, de connaissances et d'expérience pour pouvoir
émettre des options valables, inviter les gens à
réfléchir sur des problèmes et dans ce choix des...
M. MICHAUD: C'est comme nous, nous pourrions le faire, mais nous ne
sommes pas rendus là.
M. BUREAU: ... éditorialistes, vous prévoyez un
éventail de tendances à l'heure actuelle, et c'est excellent.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est désiré?
M. BOUSQUET: Est-ce que c'est le fruit du hasard, cet éventail,
ou si c'est une politique de votre part de vous assurer qu'il y ait chez les
éditorialistes un éventail complet de positions politiques,
sociales ou autres?
M. BUREAU: Quand nous sommes d'accord sur les grandes options de base,
à partir de ce moment-là, nous sommes heureux que les
éditorialistes puissent exprimer des points de vue qui se
complètent entre eux, qui soient même divergents jusqu'à un
certain point entre eux, pour inviter les gens à
réfléchir. Maintenant, les éditorialistes qui sont
là pour répondre à la question de M. Bousquet
étaient là bien avant moi. Le seul qui est là
depuis quelque temps, c'est Marcel Adam, qui est actuellement à
l'édltorial de La Presse. Il était antérieurement à
la salle d'information, et il est maintenant à l'éditorial.
M. LEVESQUE (Laurier): Sans rechercher des citations de ce matin, quand
vous expliquez votre organigramme vous étiez très clair. Nous
pourrions toujours reprendre le texte en prenant l'organigramme et en disant:
Sous le président, se trouve l'éditorial. Vous nous avez fait
remarquer que la ligne générale de l'éditorial est celle
des propriétaires de la maison.
M. BUREAU: Cela est reconnu universellement.
M. MICHAUD: M. Bureau, je pense que c'est un débat fondamental
quand vous dites: Nous sommes d'accord sur les grandes options de base.
Qu'est-ce que cela serait dans votre esprit? Le maintien du capitalisme, du
régime, est-ce que c'est économique, est-ce que c'est
politique?
M. BUREAU: Je ne sais pas si vous lisez régulièrement la
Presse, mais ses éditoriaux en particulier, les grandes options de base
d'un journal au tirage que nous avons, qui s'adressent à la population
que l'on dessert par tout un éventail de gens qui lisent la Presse, il
faut que nous cherchions à leur offrir des options valables en
général. Ces options-là, où se situent-elles? Je
dirais que, par exemple, vous ne retrouverez pas dans la page de
l'éditorial des
éditoriaux qui sont consacrés à la louange
définitive d'un capitalisme définitif non plus qu'à un
communisme de ce genre-là non plus. Vous ne retrouverez pas non plus
d'éditoriaux qui suggèrent définitivement de mettre de
côté quelque solution que ce soit sur le plan politique. Il arrive
qu'à l'intérieur de chacun des problèmes qui sont
soulevés, il y a des aspects...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela m'a l'air que vous n'avez pas lu Mme
Lapointe au point de vue politique.
M. BUREAU: Est-ce que vous en lisez d'autres que Mme Lapointe?
M. BOUSQUET: Il y a des différences entre M. Cormier et Mme
Lapointe, il y a une différence...
M. BUREAU: Je pense qu'il faut les lire tous pour voir quel est
l'éventail complet des options que nous soumettons et des appels
à la réflexion que nous faisons dans ces pages
édi-toriales. Est-ce que cela répond à votre question, M.
Michaud?
M. MICHAUD: Cela répond à ma question.
M. LESAGE: Si votre but est de laisser vos lecteurs avoir des
préférences pour certains éditorialistes, vous
réussissez bien.
M. BUREAU: Ce n'est pas une question, j'espère?
M. MICHAUD: Non seulement cela répond à ma question, M.
Bureau...
M. LESAGE: Non, c'est un commentaire, M. Bureau, pour confirmer ce que
vous venez de dire.
M. BUREAU: Nous croyons que le rôle de l'éditorial a bien
évolué avec les années.
M. MICHAUD: Voilà!
M. BUREAU: Pendant un certain temps, on a cru très souvent que,
quand l'éditorialiste se prononçait, il fallait que la population
suive. Ce n'est pas du tout ce que l'on conçoit être le rôle
de l'éditorialiste. Pour nous, l'éditorialiste c'est quelqu'un
qui invite les gens à réfléchir sur des sujets
d'actualité. Il leur fournit son point de vue, il leur donne ce que,
lui, croit être une option valable.
M. LEVESQUE: D'ailleurs, c'est la chose qui a été
constatée. Dans un sens, vous dites que c'est rassurant. Vous avez
l'exemple de Roosevelt, aux Etats-Unis, qui a été élu
quatre fois contre tous les éditorlaux, contre tous les
propriétaires de journaux.
M. BUREAU: On pourrait aller bien moins loin que cela,
M. LESAGE: On peut se vanter autour de la table. En 1966.
M. FRANCOEUR: M. le Président, avez-vous d'autres questions au
sujet du mémoire?
M. LEVESQUE: Au sujet des membres de la direction de vos entreprises,...
Lorsque nous avons été interrompus, nousparlions des structures,
des politiques de ceux qui dirigent les entreprises. Vous dites qu'à
Trois-Rivières c'est M. Ferrat qui est là et évidemment,
il peut y être encore longtemps. Il fait partie structuralement, si vous
voulez, des journaux Trans-Canada.
M. FRANCOEUR: C'est cela, oui.
M. LEVESQUE: Dans le cas de la Tribune, qui est-ce?
M. FRANCOEUR: C'est M. Yvon Dubé, qui est ici.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'onpeut savoir quel est le genre d'engagement...
M. Dubé, par exemple, est à contrat, forcément, je
suppose?
M. FRANCOEUR: Non, pas contrat écrit, on a un contrat verbal,
entente cordiale.
M. LEVESQUE: Ah, bon!
M. FRANCOEUR: Maintenant, M. Dubé à toutes fins pratiques,
je crois que si vous voulez l'interroger,...
M. LEVESQUE: C'est seulement pour avoir une idée.
M. FRANCOEUR: Non, pour M. Dubé, ses relations avec les journaux
Trans-Canada peuvent se résumer à un appel
téléphonique par semaine pour nous tenir au courant, à une
assemblée une fois par mois. Le reste du temps, il mène sa
barque, il peut vous le dire lui-même, entièrement et totalement.
Il prend ses décisions dans tous les domaines, et à tous les
points de vue, complètement, dans l'Intérêt de la
région de Sherbrooke. La même chose pour M. D'Amours, à
Granby.
M. LEVESQUE: Mais dans le cas de M. Dubé, enfin juridiquement, il
n'y a pas de sécurité d'emploi, de permanence autre qu'une
entente avec les propriétaires.
M. FRANCOEUR: Non, c'est exact.
M. BOUSQUET: En somme, votre préoccupation principale, si je
reviens à ce dont on parlait tout à l'heure, c'est de donner
à la population un journal ou des journaux qui conviennent à leur
goût et qui, en somme, les satisfassent.
M. FRANCOEUR: C'est une des considérations. Comme je vous le
disais tout à l'heure, il y en a trois ici.
M. BOUSQUET: Oui.
M. FRANCOEUR: Vous avez l'intérêt du lecteur,
l'efficacité de gestion et d'administration, le traitement et la
formation du personnel. Evidemment, les traitements, c'est dans le sens de les
traiter le mieux possible. Il y a également l'intérêt des
gens qui nous ont fait confiance, que ce soient des actionnaires ou des gens
qui ont acheté $2,000 en obligations.
M. MICHAUD: M. Francoeur, dans le cas des éditorialistes
cela m'intéresse un peu parce que c'est le métier que j'ai fait
pendant de nombreuses années est-ce que la tendance se
généralise de contrats signés avec la direction d'une
entreprise prévoyant, en cas de séparation, le paiement
d'indemnités et le reste? Est-ce qu'il y a une tendance à
protéger les éditorialistes d'une certaine façon, au cas
de bris de contrat de la part de l'employeur?
M. FRANCOEUR: M. Michaud, ce sont les quotidiens qui sont en cause, et
les contrats sont négociés localement.
M. MICHAUD: Je parle uniquement des éditorialistes.
M. FRANCOEUR: Bien oui, mais les contrats sont négociés
localement. Je ne veux pas me tromper; Je demanderai à M. D'Amours ou
à M. Dubé s'il y a quelque chose à son contrat. J'ai une
idée générale de ce qui se trouve dans les contrats, mais
je ne voudrais pas vous induire en erreur.
M. MICHAUD: Je pensais plutôt au statut des éditorialistes
à la Presse.
M. LE PRESIDENT: M. Francoeur...
M. LEVESQUE (Laurier): Avant de terminer, le chef de l'Opposition est
certainement d'accord, s'il est question forcément, il en sera
question que cet ensemble d'entreprises qui sont quand même
reliées reviennent devant la commission, est-ce que nous pourrions avoir
le prospectus dont on a parlé? Il s'agit d'épargnants
québécois ($6,500,000 dont vous parliez) et il y a eu un
prospectus que nous pourrions...
M. LESAGE: M. Francoeur s'est engagé à nous le
fournir.
M. FRANCOEUR: C'est aujourd'hui mercredi. Si M. Kierans ne nous fait pas
défaut, vous aurez cela pour vendredi matin.
M. LESAGE: Cela peut aller à lundi.
M. FRANCOEUR: S'il fait défaut, cela peut aller à lundi ou
mardi.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs...
M. FRANCOEUR: Avez-vous terminé dans mon cas, M. le
Président?
M. LESAGE: M. Francoeur nous aimerions vous revoir la semaine
prochaine.
M. FRANCOEUR: Pardon?
M. LESAGE: Nous aimerions vous revoir la semaine prochaine.
M. FRANCOEUR: Est-ce que nous siégeons ce soir, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Non, malheureusement, les travaux de la Chambre ne nous
le permettent pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce soir, Serge Savard est engagé...
M. LE PRESIDENT: Indépendamment du conseil des ministres, il y a
des études de prévisions budgétaires. Des commissions
siègent ce soir et la plupart des membres qui siègent ici en font
partie. Malheureusement, nous n'avons pas pu entendre tous ceux qui
étaient inscrits à l'ordre du jour.
Nous ajournons notre séance à mercredi prochain, à
10 heures 30.
Il est probable que nous n'aurons pas le temps de terminer tous nos
travaux avant l'ajournement de la session, l'ajournement prévu pour le
13 juin. Mais, de toute façon, nous entendrons, par la suite, même
si la Chambre ne siège pas, ceux qui n'ont pas pu venir devant la
commission. Mercredi prochain, nous dirons de quelle façon nous pourrons
continuer nos travaux même après l'ajournement de la session.
M. FRANCOEUR: M. le Président, j'aimerais savoir si au sujet des
Journaux Trans-Canada, vous avez tout ce que vous voulez comme renseignements.
Est-ce que c'est GELCO qui suivra?
M. LE PRESIDENT: De façon générale, je crois
pouvoir faire l'invitation quand même à tous ceux qui sont
déjà venus devant la commission. Nous les revoyons de semaine en
semaine. Je crois que c'est aussi important pour nous que tous les groupes
puissent être représentés. Ils pourront faire des
observations en cours de route sur des mémoires qui seront
présentés autant que les membres de la commission.
Alors, je crois qu'il serait important que les Journaux Trans-Canada et
les autres qui sont venus devant la commission aient ici un
représentant.
M. LEVESQUE (Laurier): Ceux qu'on appelle « groupe »,
normalement là je n'emploie pas un terme juridique est-ce
que ce ne serait pas utile pour vous comme pour nous, parce qu'il y a des
interrelations, des interférences et c'est gênant quand...
M. LESAGE: M. Francoeur, vous devriez nous faire parvenir votre
prospectus.
M. FRANCOEUR: Cest cela, oui.
M. LESAGE: Nous allons l'étudier.
M. FRANCOEUR: C'est exact. Nous serons tous ici.
M. LESAGE: Si par hasard un membre de la commission avait une ou deux
questions vous aimez Québec, je sais cela...
M. LE PRESIDENT: Alors à mercredi prochain, 10 heures 30.
(Fin de la séance: 18 h 5)