(Treize
heures quarante-deux minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon mardi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Donc,
nous allons débuter nos travaux à la déclaration de députés, et je cède
immédiatement la parole à M. le député de Chauveau.
Souligner le 50e anniversaire
de l'organisme Sports-Loisirs L'Ormière
M. Sylvain
Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. En 2025, sous le thème Le plaisir d'être actif,
Sports-Loisirs L'Ormière souffle ses 50 bougies, un demi-siècle
pour cet organisme qui joue un rôle essentiel dans le dynamisme de notre milieu
en favorisant l'accès aux sports, aux loisirs et à des activités rassembleuses.
Je salue, dans les tribunes, Jean-Guy Levesque, président, Mario Bédard,
directeur général, Marie-Pier Gonthier et Françoise Paradis.
Cet
organisme a vu le jour le 16 avril 1975 grâce à l'initiative de trois
bénévoles : André Morissette, Jean Bélanger et Delphis
Bouchard. Il portait alors le nom de Loisirs secteur ouest, Neuchâtel, avant de
devenir la Corporation des loisirs de Neuchâtel, secteur ouest.
Depuis 2016,
l'organisme porte le nom de Sports-Loisirs L'Ormière. Tout en demeurant fidèle
à sa mission d'origine, il continue d'offrir
une vaste gamme d'activités aquatiques, sportives et culturelles, incluant les
camps de jours.
Bon 50e à tous!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Chauveau. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député
de Marquette.
Souligner le 110e anniversaire
des Chevaliers de
Colomb du conseil de Lachine
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le
110e anniversaire des Chevaliers de Colomb de Lachine, conseil 1776.
Le conseil de Lachine
des Chevaliers de Colomb a été fondé le 21 mars 1915, et le premier grand
chevalier a été M. Dalbé Viau. Aujourd'hui, les Chevaliers de Colomb de
Lachine comptent environ 300 membres en règle, dont un sous-conseil à
Kahnawake depuis environ 50 ans.
L'ordre des
Chevaliers de Colomb est un mouvement de bienfaisance sans but lucratif qui
regroupe 2 millions de membres à travers le monde. Ils forment un ordre
engagé dans la communauté avec comme premier principe la charité. Outre les activités de bienfaisance, les
Chevaliers de Colomb de Lachine organisent une panoplie d'activités, dont
des après-midis karaoké, des visionnements sportifs, des soupers thématiques,
des repas hebdomadaires et plusieurs activités sociales ouvertes à tous.
Félicitations au
grand chevalier actuel, M. Pierre Huard, à ceux du passé et à tous les membres
du conseil 1776 des Chevaliers de Colomb de Lachine pour ce
110e anniversaire! Bonne continuation. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons
avec Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner le 30e anniversaire
de la ligue de quilles Les Gaillards
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin
Roy : Merci, Mme la Présidente. Je prends la parole aujourd'hui pour
souligner l'anniversaire d'un organisme communautaire dans l'est de Montréal
qui, depuis 30 ans, allie le sport, l'inclusion et le vivre-ensemble. Il
s'agit de la ligue de quilles Les Gaillards.
Fondée en 1995, cette
ligue offre bien plus qu'un cadre sportif accessible. Elle est un lieu de
rassemblement, de camaraderie, et surtout de
respect et d'inclusion pour les membres de la communauté gaie de Montréal, le
tout dans un esprit de saine
compétition. Les Gaillards incarnent ainsi l'esprit de solidarité et de
diversité, qui fait la richesse de notre société.
En réunissant des hommes
et des femmes de tous âges, de parcours et d'expériences variés, autour d'une activité conviviale, la ligue contribue à briser
l'isolement et à renforcer les liens sociaux, semaine après semaine, depuis
trois décennies. La ligue participe activement à bâtir une société ouverte et
plus humaine.
Je salue
chaleureusement les fondateurs, les bénévoles et tous les participants,
participantes qui, depuis trois décennies, font vivre cette belle
initiative.
Joyeux 30e anniversaire à la ligue des
Gaillards!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
à vous la parole.
Souligner le 30e anniversaire de la marche Du pain et
des roses
Mme Manon Massé
Mme Massé : Je me souviens. Je
me souviens de ces 850 femmes qui ont marché du 26 mai au 4 juin
1995 pour Du pain et des roses. De ces dizaines de milliers qui les ont
accueillies et soutenues tout au long des 200 kilomètres de cette marche
qui voulait lutter contre la pauvreté. Vos pas résonnent encore.
Je veux honorer toutes celles qui marchent jour
après jour, année après année, décennie après décennie pour affirmer notre
droit inaliénable de vivre dans la dignité et la sécurité.
À chaque jour, vous êtes des milliers, mesdames,
à trimer dur pour faire que notre monde soit un monde meilleur, un monde où
personne n'est mis de côté, où le bonheur des uns ne fait pas le malheur des
autres.
On ne vous dira jamais assez merci. Par vos gestes
quotidiens et votre détermination, vous rendez l'humanité plus humaine. Merci,
mesdames.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. Michel Trudel
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : Merci,
Mme la Présidente. J'aime reconnaître les gens pour ce qu'ils sont et non
seulement pour ce qu'ils font. Et, aujourd'hui, c'est un très bel
exemple d'un être d'exception.
Je dirais que
M. Michel Trudel porte La Cité de l'Énergie, ses spectacles, ses
expositions et les diverses activités sur ses épaules depuis sa création, en
1997, soit depuis 28 ans. C'est la personne qui est partout en même temps,
de jour, de soir et même de nuit, en plus de s'occuper des employés sur le
terrain.
Travailleur de l'ombre, il permet de mettre la
lumière sur l'organisme et sur les autres, mais jamais sur lui. Mais, sans lui, le socle de cet organisme ne
serait pas aussi stable et solide. C'est un être efficace, travaillant, au
service des autres, dévoué et très fidèle. Sans lui, la sonorisation des
spectacles, l'aménagement d'Espace Shawinigan, la propreté et le montage des
salles et des sites extérieurs n'atteindraient pas ce niveau de qualité.
Michel, merci d'être qui tu es.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Je vous rappelle que vous avez une minute pour faire vos
déclarations de députés. S'il vous plaît, respectez votre temps.
Mme la députée de Vaudreuil, à vous la parole.
Rendre hommage à M. Guy Pilon
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Je tiens à souligner le départ à la retraite de Guy Pilon, maire de
Vaudreuil-Dorion, qui conclura une carrière
municipale de plus de trois décennies, dont près de 20 ans à la tête de la
ville.
J'ai eu l'occasion de collaborer avec lui comme
mairesse, préfète et députée sur plusieurs dossiers importants, notamment en santé et en transports. J'ai toujours
apprécié son engagement, que je qualifierais de franc, direct et sans détour.
Guy n'a jamais hésité à dire ce qu'il pense
avec passion, surtout lorsqu'il s'agissait de défendre les intérêts de sa
population.
Sous sa gouverne, Vaudreuil-Dorion a connu une
croissance impressionnante, ayant doublé, au cours des 25 dernières
années, et ce, toujours accompagné d'un développement soutenu des services et
des infrastructures. Le futur hôpital, le
parc 405, le Festival de cirque, le nouveau pôle municipal ainsi que les
distinctions reçues au fil des ans, dont le récent Mérite Ovation
municipale, sont des traces concrètes de son passage.
Je salue un maire déterminé, au style bien à
lui, qui aura marqué notre histoire.
M. Pilon, Guy, mon ami, bonne retraite!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la députée de
Verchères.
Souligner
la Semaine québécoise des services de garde éducatifs à l'enfance
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy
(Verchères) : Merci, Mme la Présidente. Du 26 mai au
1er juin, c'est la Semaine québécoise des services de garde éducatifs à
l'enfance. Le thème cette année : S'enraciner pour mieux grandir.
Les services de garde
éducatifs à l'enfance sont des lieux propices à l'apprentissage et au
développement de nos tout-petits. Ils leur
donnent des bases solides aux valeurs qui leur sont inculquées et les
expériences qu'ils sont appelés à vivre.
Je le dis souvent, la
beauté de la grande famille du réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance réside dans sa diversité. Le personnel qui travaille en CPE, en
garderie, subventionnée ou non, les responsables de milieux familiaux partagent
tous la même...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Je vous demanderais de garder le silence, en haut, dans les
tribunes, s'il vous plaît, parce que ça résonne ici, en bas. Alors, nous sommes
en travaux. S'il vous plaît. Merci.
Vous pouvez
poursuivre, Mme la députée.
Mme Roy
(Verchères) : Je vais reprendre, si vous permettez, Mme la Présidente.
Il y avait vraiment beaucoup de bruit.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Allez-y.
Mme Roy
(Verchères) : Alors, merci, Mme la Présidente. Du 26 mai au
1er juin, c'est la Semaine québécoise des services de garde éducatifs à
l'enfance. Le thème cette année : S'enraciner pour mieux grandir.
Les services de garde
éducatifs à l'enfance sont des lieux propices à l'apprentissage et au
développement de nos tout-petits. Ils leur donnent des bases solides grâce aux
valeurs qui leur sont inculquées et des expériences qu'ils sont appelés à
vivre.
Je le dis souvent, la
beauté de la grande famille du réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance réside dans sa diversité. Le
personnel qui travaille en CPE, en garderie, subventionnée ou non, les
responsables de milieux familiaux partagent tous la même volonté de
favoriser le bien-être des tout-petits et des familles du Québec.
Le Québec peut être
fier de pouvoir compter sur des personnes dévouées et compétentes qui oeuvrent
chaque jour, Mme la Présidente, avec bienveillance auprès de nos enfants.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Vimont.
Rendre hommage à Mme Eugénie
Lecot-Lavoie
Mme Valérie
Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci, Mme la Présidente.
Alors, notre centre communautaire de Vimont porte maintenant un nouveau
nom en hommage à Eugénie Lecot-Lavoie.
Mme Lecot-Lavoie
est née à Laval en 1913 et a consacré plus de 60 ans de sa vie au service
de sa communauté. Maîtresse de poste pendant 42 ans, elle a transformé son
lieu de travail en espace d'accueil et de soutien, notamment pour les personnes immigrantes. Elle a aussi
participé activement à la fondation du Centre communautaire de Vimont, où elle
a animé, par son engagement, au club de l'âge d'or, au cercle des fermières et
à la chorale féminine.
En reconnaissance de
cet engagement exemplaire, j'ai remis à titre posthume la Médaille de la
députée afin de souligner son parcours inspirant.
Mme Lecot-Lavoix
est devenue la première femme dont son nom a été donné à un lieu public à
Vimont, et celui-ci est désormais gravé dans notre quartier et
continuera d'inspirer les générations futures. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Châteauguay.
Souligner le travail de
l'organisme Pouvoir d'Agir
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron : Merci, Mme la Présidente.
Il y a 35 ans, un petit groupe de personnes s'est rassemblé autour d'une
idée simple mais puissante : que chaque enfant, quels que soient son
parcours ou ses difficultés, puisse vivre une enfance en sécurité et
sans violence.
Depuis, l'organisme
Pouvoir d'Agir a bien grandi et évolué pour devenir un maillon essentiel de
notre communauté. Durant ces 35 années
d'expérience, tant de jeunes ont participé à des ateliers et trouvé un espace
pour se relever et pour avancer, des actions qui ont su sensibiliser des
générations de jeunes.
Alors,
aujourd'hui, on ne souligne pas seulement un anniversaire, mais on célèbre la
force vive et une conviction, celle que nos jeunes peuvent libérer leur
pouvoir d'agir pour mieux contrôler leur vie et leurs actions.
Donc,
derrière chacune de ces réussites, une équipe extraordinaire. Bravo à la
coordonnatrice, Mme Julie Mailhot, et à son équipe, ainsi
qu'aux membres du conseil d'administration!
Joyeux 35e anniversaire, Pouvoir d'Agir, et
surtout merci!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Laval-des-Rapides.
Souligner le 30e anniversaire de la Coopérative
de soutien à domicile de Laval
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite souligner le 30e anniversaire
de la Coopérative de soutien à domicile de Laval.
Fondée en 1995, la coopérative offre des
services personnalisés d'entretien ménager et de préparation de repas pour les
aînés et les personnes en perte d'autonomie. La coopérative permet ainsi à de
nombreux Lavallois de vieillir dans le confort et la quiétude de leur foyer
avec un soutien régulier à domicile.
Merci à la directrice générale, Gynet Séguin, au
conseil d'administration, à toute l'équipe dynamique de la coop et aux nombreux bénévoles pour leur
dévouement à améliorer la qualité de vie de nos aînés. Joyeux
30e anniversaire à la Coop de soutien à domicile de Laval. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je
rappelle, aux gens qui sont dans les tribunes, vous devez vous tenir
assis et en silence, s'il vous plaît. Ça résonne énormément en bas. Alors,
merci.
Maintenant, monsieur...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
C'est correct, Mme la députée. Merci.
Alors, je cède immédiatement la parole à M. le
député de Gaspé.
Souligner le succès du spectacle F du Regroupement
des femmes de la Côte-de-Gaspé
M. Stéphane Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : Merci,
Mme la Présidente. À Gaspé, un moment fort de création et d'engagement a
récemment été offert au public avec le spectacle F, une oeuvre
collective portée par le Regroupement
des femmes de la Côte-de-Gaspé, à
l'occasion du 25e anniversaire de la Marche mondiale des femmes.
Sur scène et en coulisse, 150 femmes — choristes,
comédiennes, figurantes et musiciennes — venues de la Gaspésie, du Québec et de la France ont uni leurs
voix pour dénoncer les violences faites aux femmes et pour célébrer la
solidarité, la résilience et l'espoir.
Je tiens à
souligner le travail remarquable des directrices artistiques Jeanine Fournier
et Guylaine Fournier, ainsi que leur équipe, qui ont profondément ému le
public par leur démarche sensible et engagée.
F restera un événement artistique social
marquant, porteur d'un message puissant pour un monde plus juste, plus
égalitaire et plus sécuritaire. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Alors, pour conclure cette rubrique, je cède la parole à Mme la
députée de Berthier.
Souligner le 35e anniversaire de l'organisme Cible
Famille Brandon
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Oui. Moment
important, madame, pour s'adresser à nos citoyens, merci de respecter
l'enceinte ici, pour souligner un événement
marquant qui s'est déroulé dans la communauté de Saint-Gabriel-de-Brandon, chez
nous, des nouveaux locaux pour Cible Famille
Brandon, qui célébrait 35 ans, un espace de soutien pour des parents qui
veulent cheminer dans leur rôle. Un organisme qui a fait un truc assez
intéressant : un courrier intergénérationnel, Plume-âge, où les jeunes communiquaient avec des personnes
plus âgées, des bénévoles. Une belle initiative, qui a été récompensée,
d'ailleurs, comme lauréat de l'année dans la catégorie littéraire
Intergénérations Québec la semaine dernière.
Bravo
à toute l'équipe pour dévouement, agrandissement porteur d'avenir! J'espère que
ça va permettre à Cible Famille Brandon de poursuivre son excellent travail au
moins pour les 35 prochaines années. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée de Berthier. Ceci met fin à la rubrique de déclarations
de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 58)
(Reprise à 14 h 07)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux, aujourd'hui. Le
parlement du Québec, c'est chez vous. Bienvenue, mesdames messieurs. Il y a
beaucoup d'effervescence. C'est le début de notre première semaine intensive,
et il y en a deux.
Mmes et MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie,
tout le monde. Veuillez vous asseoir.
Présence
de l'ambassadrice du Royaume des
Pays-Bas, Mme Margriet Vonno
Alors, aujourd'hui,
mardi le 27 mai, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, de l'ambassadrice du Royaume des Pays-Bas, Son Excellence Mme Margriet
Vonno, à l'occasion de sa visite officielle.
Présence
de membres du Cercle des ex-parlementaires
de l'Assemblée nationale du Québec
Et
j'ai également le plaisir de souligner, à l'occasion de la 31e Assemblée
générale du Cercle des ex-parlementaires de l'Assemblée nationale du
Québec, la présence, dans les tribunes, d'ex-parlementaires, dont les membres
du conseil d'administration, sous la présidence de M. Normand Jutras.
Présence
de Mme Louise Harel et de M. François Gendron,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
Et
je souligne également la présence de l'ancienne présidente de l'Assemblée
nationale, Mme Louise Harel, et de l'ancien président de
l'Assemblée nationale, M. François Gendron. Vous pouvez les applaudir.
(Applaudissements)
La
Présidente : Et, sur ce, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
Bonjour, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article a de
notre feuilleton. Merci.
Projet
de loi n° 991
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le député de l'Acadie
présente le projet de loi n° 991, Loi sur la procédure de sélection et de nomination des décideurs administratifs
indépendants et de renouvellement de leur mandat. M. le député.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Ce projet de loi a pour objet d'établir une
procédure formelle, transparente et uniforme pour la sélection et la nomination
de décideurs administratifs ainsi que pour le renouvellement de leur mandat
afin d'assurer leur indépendance et leur impartialité.
Le projet de loi
institue la charge de secrétaire à la sélection des décideurs administratifs
indépendants dont le mandat est
d'administrer, à l'abri de toute intervention politique, la procédure de
sélection, de nomination et de renouvellement des mandats des décideurs
administratifs. Le secrétaire est nommé par l'Assemblée nationale pour une
période de 10 ans avec l'approbation des deux tiers de ses membres,
provenant minimalement de deux partis autorisés qui y sont représentés.
Le projet de loi prévoit que pour être déclarée
apte à devenir décideur administratif au sein d'un organisme une personne doit
réussir un concours au cours duquel ses aptitudes sont examinées à l'aide d'une
épreuve écrite et d'une évaluation par un comité de
sélection. Le secrétaire tient un registre des candidats intéressés pour chaque
organisme et le ministre de la Justice
recommande au gouvernement la nomination, à titre de décideur, d'une personne
dont le nom est inscrit au registre de l'organisme où un poste est à
pourvoir.
Également, le projet de loi institue un comité
de la rémunération des décideurs administratifs qui a pour mandat de fixer le mode, les normes et les barèmes de la
rémunération des décideurs administratifs, basés sur des critères objectifs.
De plus, le projet de loi soumet l'ensemble des
décideurs administratifs aux mêmes règles déontologiques, à la compétence du Conseil de la justice administrative ainsi qu'à un processus d'évaluation de rendement faite annuellement
par le président de l'organisme.
Enfin, le projet de loi comporte des
dispositions modificatives, transitoires, diverses et finale.
Merci, Mme la Présidente.
• (14 h 10) •
La Présidente : Et je reconnais le
leader de l'opposition officielle. Vous voulez nous dire?
M. Derraji : ...Mme la
Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : Vous voulez un vote? Alors, parfait. Vous êtes
toutes et tous en place. La période de vote est ouverte.
Pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, à
cette étape-ci tous les micros sont coupés.
Maintenant, la période de vote est terminée. M.
le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 108
Contre :
0
Abstentions :
0
La Présidente : Cette motion est
adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Avec votre
permission, Mme la Présidente, je sais que le leader du gouvernement, quand il
était à l'opposition, il a déposé presque le même projet de loi, en 2017. Donc,
Mme la Présidente, est-ce que je peux compter sur son ouverture pour que ce
projet de loi soit appelé d'ici la fin de cette session parlementaire, Mme la
Présidente?
Dépôt de documents
La Présidente : Maintenant, à la
rubrique Dépôt de documents, M. le ministre responsable des Relations avec
les Premières Nations et les Inuit.
M. Lafrenière : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2024‑2025, version révisée, de la Loi autorisant la communication de
renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones disparus ou
décédés à la suite d'une admission en établissement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour,
Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au feuilleton
le 29 avril 2025 par la députée de Sherbrooke et le 8 mai 2025
par la députée de D'Arcy-McGee. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
Pour ma part,
je dépose le texte de loi adopté ainsi que le rapport du mandat d'initiative
déposé par les membres de la 22e législature du Parlement des
jeunes.
Et je dépose également les textes de loi adoptés
par les membres de la 27e législature du Parlement écolier.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
M. le président de la Commission des finances publiques et député de
Montmorency.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 100
M. Simard : Oui.
Mme la Présidente, je dépose le rapport très attendu de la Commission des finances publiques qui, les
21, 22 et 27 mai 2025, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières sur le projet de loi n° 100,
Loi sur la négociation et la détermination des conditions de travail requérant
une coordination nationale notamment dans les secteurs public et parapublic. Je
vous remercie.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. M. le président de la Commission des institutions et député de Richmond.
Étude détaillée du projet de loi n° 98
M. Bachand :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la Commission
des institutions qui, les 21, 22 de même que
le 27 mai 2025, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi
électorale principalement afin de préserver l'intégrité du processus
électoral. La commission a adopté le texte du projet de loi avec amendements.
Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Adopter
une charte des droits des enfants
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 1 984 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection
de la jeunesse recommande l'adoption de la Charte des droits des enfants;
«Considérant que
l'intérêt supérieur de l'enfant doit être au coeur de toutes les décisions qui
le concernent;
«Considérant
que les enfants ont le droit d'être entendus et de participer aux décisions qui
les concernent, de manière adaptée à leur âge;
«Considérant que les enfants sont particulièrement
vulnérables à la maltraitance, à la négligence et à l'exploitation;
«Considérant
que la société québécoise doit se
doter d'un cadre garantissant les droits fondamentaux des enfants en
misant sur la prévention;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'adopter une Charte des droits
des enfants afin de garantir à tous
les enfants du Québec un environnement sécuritaire, bienveillant et respectueux
de leurs droits fondamentaux.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci beaucoup.
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation du
droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période de questions et de réponses orales seront tenus
les votes reportés suivants : le vote reporté sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 94 et le vote reporté
sur l'adoption du projet de loi n° 81.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales. Pour ce
faire, je cède la parole, en question principale, au chef de
l'opposition officielle.
Hausse des tarifs
d'électricité pour les
petites et moyennes entreprises
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, la CAQ
démontre une fin de régime lente et triste. La CAQ n'aura jamais été le
parti de l'économie, n'aura jamais été le parti de l'énergie.
Hier, Radio-Canada,
sous la plume de Thomas Gerbet, révèle que les 52 amendements qui ont été
déposés dans le projet de loi n° 69 ont été faits sous pression d'Hydro-Québec. La ministre l'a même
reconnu, qu'Hydro-Québec est
derrière ça. Depuis le départ de Pierre Fitzgibbon, c'est Hydro-Québec qui fait
ce qu'elle veut. La ministre de l'Énergie est en situation de faiblesse
et ne décide pas, et le premier ministre est d'accord avec ça.
Le
plan : développer l'art de plumer la poule, Mme la Présidente. Et la
poule, ce sont nos PME et nos entreprises du Québec, qui vont, en quelque sorte, ramasser la facture... pas en
quelque sorte, c'est ça, dans le projet de loi, l'amendement, la facture des ententes avec les Premières
Nations. Ce sont les PME et les entreprises du Québec qui vont être directement
facturées. Ce sont les PME et les entreprises du Québec qui vont directement
être facturées si d'aventure les coûts de production excèdent les recettes des ventes. Et ça, ça ne s'est jamais
fait comme ça, Mme la Présidente. Ce qui fait dire à Jocelyn Allard, président de l'association des
consommateurs industriels d'électricité, je le cite : «C'est inadmissible.
Pile, je gagne. Face, tu perds.»
Depuis
quand le premier ministre a-t-il développé cet art de plumer la poule que sont
nos PME, Mme la Présidente? Depuis sa décote, son déficit record?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, Mme la
Présidente, je vais me retenir, suivre sur la poule. Mais revenons à l'économie
d'abord. Depuis six ans, c'est historique,
le Québec a battu l'Ontario puis le reste du Canada, depuis six ans, dans le
PIB par habitant, dans l'augmentation du salaire moyen et dans
l'augmentation du revenu disponible, ce qui reste dans le portefeuille. Pendant
six ans, on a battu l'Ontario et le reste du Canada.
Mme la Présidente, parlons maintenant des
augmentations de tarifs d'Hydro-Québec. On se rappelle, le Parti libéral a augmenté les tarifs de
4,4 %, en 2004, alors que l'inflation était à 2 %. Le Parti libéral a
augmenté les tarifs d'électricité de 5,3 %, en 2006, alors que
l'inflation était de 1,7 %. Ce n'est pas mieux du côté du PQ. En 2014, ils
ont augmenté les tarifs de 4,3 %, alors que l'inflation était de
1,4 %.
Mme la Présidente, malgré le fait que, dans les
dernières années, on a eu des taux d'inflation de 6,7 %, jamais notre gouvernement n'a augmenté les tarifs de plus
que 3 %. Puis on s'assure, dans le projet de loi n° 69,
que jamais les tarifs pour le résidentiel ne vont augmenter de plus de
3 %.
La Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Je
n'avais pas besoin de faire de façon plus éloquente la preuve qu'il n'est pas
le parti de l'économie, quand il passe sous silence les PME et les
entreprises du Québec. Réalise-t-il que 6,4 %, ça, c'est plus haut que
tous les chiffres qu'il vient de donner...
6,4 %, 2023, hausse des tarifs d'électricité pour nos PME, nos
entreprises. 5,1 % l'année d'après,
3,6 % l'année d'après. En trois ans, c'est plus de 15 % de hausse
pour nos PME. C'est ça, le parti qui n'est pas de l'économie.
• (14 h 20) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, encore une fois, je dois corriger le chef de l'opposition
officielle. Les interventions d'Investissement
Québec, depuis qu'on est au gouvernement, ont augmenté de 81 %. 81 %
d'augmentation. Puis, dans les
interventions totales, 90 % des interventions s'adressent à des PME. Donc,
comment peut-il dire ce qu'il vient de dire?
Mme la Présidente, on protège le consommateur.
On protège les individus, les Québécois. C'est à eux autres, Hydro-Québec.
Donc, ce ne sera pas plus que 3 %. Pour ce qui est des entreprises, on va
rester compétitifs.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Je
l'attendais, son argument des... Là, il me parle des entreprises, enfin, là on
est sur le même terrain, on parle d'économie, là, parlez-moi des
entreprises. Il me dit : On va rester compétitifs. Le fait de rester
compétitif ou pas est indépendant du choc tarifaire que ça représente.
15 % en trois ans, ça, Mme la Présidente, c'est un choc tarifaire. Nos entreprises sont déjà prises à la gorge. Ils
ont de la misère, Mme la Présidente. Puis le premier ministre, lui, il fait
très peu de cas de cela, et il va aller encore plus loin avec son projet de loi
où Hydro-Québec, puis il applaudit à ça, va encore plus égorger nos
entreprises.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon,
la semaine dernière, le chef de l'opposition officielle avait baissé le ton, il
avait pris son Bovril, mais cette semaine on voit que le naturel est
revenu.
Parlons des entreprises, Mme la Présidente.
Hydro-Québec prévoit que les tarifs pour les entreprises vont augmenter de
4 % par année. On va continuer d'avoir les tarifs pour les entreprises les
plus bas en Amérique du Nord. Et ce que n'aime pas le Parti libéral, Mme la
Présidente, c'est que, si on fait une entente pour rehausser les centrales La Grande avec les Cris, si on donne un montant aux
Cris... ils ne veulent pas que ce soit compté dans les coûts
d'Hydro-Québec. Quelle drôle de façon de faire les choses.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Juin 2024,
François Vincent, de la FCEI, parlant des PME : «Ce choc tarifaire va
limiter leur capacité à investir, à innover et à se positionner avantageusement
pour leur avenir et pour l'économie de nos régions.» On
parle de nos entreprises, de nos PME, qui sont surtaxées. Ça, c'est une taxe
déguisée, Mme la Présidente. On refile la
facture à nos entreprises, nos créateurs de richesse, pour qu'on puisse se les
payer, les services. Ça, Mme la Présidente, c'est l'art de plumer la
poule. Ça, c'est la taxe Hydro. Ça, c'est la taxe Hydro Legault.
La Présidente : Oui, M. le leader du
gouvernement, je vais vous reconnaître pour votre rappel au règlement. Quel
est-il?
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, c'était prévisible de la part du chef de l'opposition
officielle, de ne pas respecter le règlement. On se nomme ici par notre titre,
par notre fonction, et non pas par notre patronyme.
La
Présidente : Merci. M. le chef, vous le savez, retirez le dernier
petit bout. Vous le retirez? Merci beaucoup. La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, le choix qu'on a fait, c'est de dire :
Chez Hydro-Québec, il y a des vieux chantiers qui sont déjà amortis, on en fait
profiter les individus, les Québécois, c'est à eux autres d'en profiter. Pour ce qui est des entreprises, on regarde les coûts
réels. Puis, bien sûr, les coûts réels, pour les nouveaux chantiers,
aujourd'hui, sont plus élevés que les
anciens chantiers. Mais, malgré ça, ce qu'il est important de dire, c'est qu'on
garde puis on va garder, au Québec, les plus bas tarifs en Amérique du
Nord pour les entreprises.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jacques-Cartier.
Bilan du gouvernement en
matière d'énergie
M. Gregory
Kelley
M. Kelley :
Mme la Présidente, quand la CAQ est arrivée au pouvoir, en 2018, ils ont
nagé dans les surplus d'électricité, ils ont
nagé dans les surplus budgétaires, puis présentement nous sommes dans le rouge
avec ces deux-là, et c'est vraiment la faute de la mauvaise gestion dans
le dossier de l'énergie de ce gouvernement.
Le premier ministre a
décidé de liquider nos surplus de l'énergie, il est allé partout sur la planète,
de vendre nos blocs d'énergie à des entreprises étrangères, il est allé à New
York pour vendre notre électricité à des Américains. C'étaient vraiment des
mauvais choix de ce gouvernement parce que ça a fait mal. Ça a fait mal à notre
économie, ça a fait mal à Hydro-Québec, ça a fait mal à notre société.
Et je veux juste
savoir, très simplement, avec tout ce désastre de gestion de ce dossier, plusieurs
projets de loi qui arrivent, aucune décision prise qui est claire, on change
les projets de loi à la dernière minute avec 52 amendements, est-ce que la
ministre est vraiment fière du bilan de la CAQ dans le dossier de l'énergie?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, en tant que ministre de l'Énergie, bien, moi, j'ai deux priorités, deux grands objectifs, d'une part
protéger le portefeuille des Québécois à travers le tarif résidentiel
d'électricité. Les libéraux, quand ils étaient au pouvoir, ils ont
décidé de faire un cadeau aux industriels, ils ont dit : On va indexer le tarif de tout le monde, sauf de vous. Depuis
2013 que c'est comme ça. Nous, on a mis fin à ça. On propose de mettre fin
parce qu'il faut que l'équité prévale. Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on va
protéger les hausses tarifaires appliquées aux clients résidentiels, et, les
autres, incluant les industriels, on va rétablir l'équité, il y aura une
indexation.
J'aimerais
que le député de Jacques-Cartier vérifie, dans son comté, s'il est d'accord
avec le fait qu'on rétablisse l'équité
et s'il est d'accord avec la décision qu'avait prise le Parti libéral de donner
un cadeau aux industriels. J'aimerais l'inviter à sonder ses électeurs.
Ma
deuxième grande priorité, c'est d'assurer la compétitivité de nos tarifs, nos
tarifs, notamment, commerciaux. Et, quand on se compare, il y a vraiment
un écart considérable. On a l'électricité parmi la plus faible...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...au plus faible coût en Amérique du Nord, et on va préserver ça.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : Avant de demander si nous
sommes d'accord, peut-être c'est important d'aller voir le caucus caquiste,
s'ils sont d'accord, parce que l'ancien
ministre Fitzgibbon, il a quitté parce qu'il n'était pas d'accord avec le
premier ministre, le conseiller principal de la ministre a quitté parce
qu'il n'est pas d'accord avec les 52 amendements déposés à la dernière
minute. Puis on peut parler avec une députée de la CAQ qui est allée sur une
radio, une station de radio pour dire que ce gouvernement a mal géré des blocs d'énergie, et elle a
exprimé pour l'opinion de tout ce caucus caquiste qui n'est pas d'accord
avec la gestion du dossier de l'énergie de ce gouvernement.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Quand je dis qu'on va
assurer la compétitivité de nos tarifs commerciaux, prenez, par exemple, les
hausses tarifaires qu'il y a eu pour des clients commerciaux de faible
puissance, là, au cours de la dernière année, 2023 à 2024. À New York, il y a eu une augmentation de 26 %,
26 %. À Chicago, une augmentation de 9 %. San Francisco, une augmentation de 31 %. Alors, somme toute,
nos prévisions, en termes de hausses, n'ont rien à voir avec ce que des
compétiteurs, des États compétiteurs font de leur côté.
De
notre côté, on va miser sur l'énergie verte qu'on a. Elle s'inscrit pleinement
dans ce que la planète recherche. La
planète est à la recherche d'énergie verte. Partout dans le monde, on a besoin
de s'inscrire dans la transition énergétique. Et c'est ce qu'on fait. On
va miser sur nos ressources puis on va, ce faisant...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...enrichir les Québécois.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gregory
Kelley
M. Kelley :
Exactement. Ils sont allés chercher des entreprises étrangères, puis vous
savez qu'il y a toujours une file d'attente
pour les blocs d'énergie des entreprises d'ici. Et ce n'est pas juste nous qui
pense que ce gouvernement a mal géré les blocs d'énergie, c'est le Pr
Pineau, qui a clairement dit que nous sommes dans la situation actuelle à cause
de la mauvaise gestion des blocs d'énergie
de ce gouvernement. C'est aussi M. Sabia, qui a clairement dit, en
commission, que ce gouvernement a mal
géré les blocs d'énergie. Une chose, une bonne nouvelle, en 2026 : dehors,
avec le CAQ, dehors avec ce gouvernement qui n'est pas bon.
Des voix : ...
La Présidente : Article 32, article 32. Bon, on ne s'interpelle pas des deux
côtés. Voilà. Ça a été dit. On demeure respectueux. La réponse de la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Que fait le Parti libéral, quand il est au
pouvoir, par rapport aux blocs d'énergie? Il dort.
Alors, il n'a pas
prévu d'investissement qui vaille dans le développement de l'offre énergétique
alors qu'il était au pouvoir. Donc là, il y
a un manque à gagner qui est important, il y a un rattrapage qui est à faire.
En plus, on est dans une période de transition énergétique, ce qui fait
rehausser la demande en énergie.
Alors, nous, on a
demandé à Hydro-Québec de développer son plan de développement en vue de
doubler sa production. Et qu'est-ce que ça va faire? Ça va rehausser
considérablement la richesse collective des Québécois.
Que serait le Québec,
aujourd'hui, si on n'avait pas eu ces investissements qui avaient été faits en
énergie verte il y a des décennies? On
serait ailleurs en termes de richesse collective. Eh bien, on va continuer à
positionner avantageusement le Québec dans la transition énergétique...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...via notre énergie verte.
La
Présidente : En question principale...
Des voix : ...
La Présidente :
Alors, je vais vous rappeler
juste la règle, pour les gens qui nous écoutent. Article 32, on garde le silence.
Une seule personne a droit de parole, et c'est le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Investissement du gouvernement
dans La Compagnie électrique Lion
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : En
crédits, il y a trois semaines, main sur le coeur, la ministre de l'Économie
nous jurait que la CAQ n'allait pas donner directement 24 millions à Lion
pour sa relance. J'aurais dû accrocher sur le mot «directement».
La semaine dernière, la
CAQ renouvelle le programme pour l'électrification du transport scolaire, et on
augmente en moyenne la subvention de
90 000 $ par autobus. À 90 000 $ par autobus, ça prend
266 autobus pour que Lion touche son 24 millions.
Et la générosité de la ministre ne s'arrête pas
là, ça va encore plus loin. On donne encore le monopole à Lion. Mais ça, Mme la Présidente, c'est parce que la CAQ
pense encore qu'elle est capable de choisir les gagnants, des gagnants comme Northvolt, Recyclage Carbone Varennes,
SAAQclic, les Kings de Los Angeles, Panier bleu, les chèques
électoralistes. 10 milliards de gaspillage, Mme la Présidente.
Est-ce que la ministre peut avouer que le bilan
économique de ce gouvernement est un échec?
Une voix : ...
• (14 h 30) •
La Présidente : Pas de bravo, M. le
chef, vous le savez. La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, comme vous savez, le gouvernement avait investi des fonds dans Lion. Maintenant, l'évolution de la compagnie
n'a pas été celle qui était souhaitée, alors on s'est avancés pour dire qu'il
n'y aurait pas davantage d'investissement dans cette compagnie.
Il y a eu un groupe d'investisseurs privés qui
s'est montré intéressé à racheter la compagnie, donc ça a été une transaction
qui a été autorisée il y a quelques jours, et en soi c'est une bonne nouvelle
parce que ça va permettre à ceux qui ont acquis des autobus de Lion de
bénéficier d'un service après vente. Et c'est important d'avoir accès, pour une
rentrée ordonnée, une rentrée scolaire
ordonnée, au cours de l'automne prochain, qu'il y ait ces services qui soient
offerts à ceux qui ont déjà acquis, et il y en a plus de 1 200, de
ces autobus, qui roulent au Québec, des autobus Lion.
Donc, je me réjouis que la compagnie ait été
maintenant acquise par un groupe d'investisseurs privés. Donc, on va regarder
l'évolution qu'ils donnent à l'entreprise. Mais ce qui est intéressant, c'est
qu'au niveau des services qui sont rendus aux élèves du Québec, eh bien, ces
services-là vont être au rendez-vous. On va pouvoir avoir une rentrée ordonnée,
qui va permettre aux élèves de se déplacer...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...de manière
fluide vers les établissements d'enseignement.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : La
ministre fait exactement ce qu'elle nous a promis de ne pas faire, donner
24 millions à Lion. Pas un sou de plus, disait-elle, mais on donne
90 000 $ de plus par autobus. Après 270 autobus, c'est 24 millions de
dollars que vous aviez promis de ne pas donner. Mme la Présidente, on est rendu
dans un modèle économique caquiste où on essaie de choisir les gagnants et les
perdants. La ministre est-elle fière de ça?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Alors, on
ne met pas davantage d'argent dans l'entreprise Lion Électrique. On s'assure,
par ailleurs, que les élèves sont au coeur de nos actions. Et c'est ce qu'on
fait en renouvelant le programme de transport scolaire pour écoliers. On
renouvelle ce programme de telle sorte qu'on puisse continuer l'électrification
du système de transport scolaire. C'est important, on est dans une phase de
transition énergétique.
Je constate
que le Parti libéral n'adhère pas à cette idée de transition énergétique. Ils
dénoncent les investissements qu'on fait dans Hydro-Québec et ils ne
veulent pas qu'on aille de l'avant avec des soutiens aux transporteurs publics
qui transportent les élèves de manière électrique.
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : Alors, nous, on
s'y engage, la transition énergétique, parce que c'est un défi collectif et
c'est une responsabilité collective.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Avec ce qu'on
vient d'entendre, là, dans le modèle caquiste, on choisit les gagnants puis on
détermine les perdants. Girardin, Autobus Thomas, eux autres aussi, ils font
des autobus, mais ils n'ont juste pas la même chance, Mme
la Présidente. C'est-tu ça, le legs du premier ministre puis de sa ministre de
l'Économie, de choisir qui gagne, qui perd, au Québec, avec l'argent des
Québécois? C'est honteux, amateur. Dehors, la CAQ!
La Présidente :
Oui. M. le leader du
gouvernement, dites-moi quel est votre rappel. M. le leader du gouvernement,
quel est votre rappel?
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Ah! ce n'est pas un rappel.
La
Présidente : Vous voulez répondre? Répondez.
M. Jolin-Barrette :
Je veux répondre au député de Marguerite-Bourgeoys. Écoutez, amateur,
honteux d'avoir investi dans Lion, le député de Marguerite-Bourgeoys devrait se
regarder lui-même dans le miroir, lui-même a investi personnellement dans Lion
Électrique, il l'a affirmé dans les ondes. Alors, je me demande, à ce
moment-ci, qui est honteux et qui est
amateur d'avoir cru dans une entreprise québécoise qui donne des jobs à des
Québécois pour électrifier le transport, pour assurer la desserte des
enfants dans nos écoles. On a le devoir de soutenir.
Alors, manifestement,
Mme la Présidente, ce n'est pas la première fois que le député de Marguerite-Bourgeoys
dit quelque chose, exemple : Je suis en faveur du troisième lien, puis
ensuite se retourner vers un candidat à la chefferie qui est en désaccord avec
le troisième lien. On fait une chose et son contraire, du côté du Parti
libéral.
La
Présidente : En question principale...
Des voix : ...
La
Présidente : On retrouve... On retrouve le silence. Je sais qu'il fait
beau et qu'il fait chaud. Une seule personne...
Des voix : ...
La
Présidente : Du côté du gouvernement, demeurez silencieux. Une seule
personne a le droit de parole, et je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
Blocs
d'énergie destinés aux entreprises
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Alors, comptez sur moi, Mme la Présidente, pour calmer le jeu. La CAQ,
donc...
Des voix : ...
La Présidente :
Alors, on perd du temps, dans ce
temps-là, là. Tout le monde a ri? Parfait. Moi, je veux entendre votre
question, M. le chef. Allez-y.
M. Tanguay :
Bien oui, j'y allais.
Alors, Mme la
Présidente, la CAQ, on le sait maintenant, c'est démontré, n'a jamais été le
parti de l'économie. On a vu, dans les questions qui ont été posées et les
réponses, il y a une taxe déguisée, via Hydro-Québec, qui va venir alourdir le
fardeau, le fardeau fiscal, le fardeau pécuniaire des entreprises, à cause du
tarif d'hydroélectricité qui va augmenter pour les PME et les entreprises du
Québec. En plus, Mme la Présidente, de payer plus cher pour leur énergie,
partout en région, les PME n'ont pas les blocs d'énergie nécessaire pour
pouvoir croître, pour pouvoir développer l'économie. On a vu, en ce
contexte-là, Frédéric Laurin, professeur de l'économie de l'UQTR, qui posait
les bonnes questions, je le cite : «Avons-nous prévu des blocs
d'électricité pour assurer le développement de nos PME sur 10 ans? Quelle est la grille d'analyse pour donner des
blocs d'électricité? La priorité, ce sont les entreprises d'ici.» Fin de la
citation. Pierre-Olivier Pineau, prof
des HEC Montréal, disait, et je le cite : «C'est inacceptable. Ce n'est
pas aux consommateurs d'électricité de subir les mauvais choix des
allocations de blocs d'énergie.» Fin de la citation.
Alors, Mme la
Présidente, fut un temps où la ministre parlait de séquençage, de libérer les
blocs d'énergie. Aujourd'hui, nos PME, dans toutes les régions du Québec, sont
doublement perdantes. Elles paient plus cher puis elles n'ont pas les blocs
d'énergie pour se développer. Que va faire le premier ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, quand je suis arrivé comme premier ministre, en 2018, une de
mes premières rencontres, ça a été avec le président d'Hydro-Québec, à
l'époque, Éric Martel. Et ce que m'a dit Éric, c'est qu'à l'époque Hydro-Québec jetait de l'électricité, jetait de l'électricité
parce qu'il n'y avait pas assez de projets d'entreprises. Je pense qu'au
grand total, sur notre table, on avait deux petits projets économiques. On est
rendus qu'on a une centaine de projets, Mme la Présidente, et on en annonce
régulièrement, à un point tel qu'on a réussi à écouler le surplus d'Hydro-Québec,
et ça permet à Hydro-Québec d'avoir un plan pour doubler sa capacité.
Mme la Présidente, on
ne parle pas de la Baie James, là, on parle de plus que ça, on parle de doubler
la taille d'Hydro-Québec. Ça nous a permis, entre autres, de négocier, avec
Terre-Neuve, une entente qui nous permet d'augmenter de 50 % la capacité
qui va venir de Terre-Neuve. Non seulement on va rehausser Churchill Falls,
mais on va développer, avec l'expertise d'Hydro-Québec, Gull Island.
Mme la Présidente, le
Québec s'est remis en marche, depuis six ans. On a battu la croissance
économique par habitant de l'Ontario, du reste du Canada. Jamais en 15 ans
les libéraux n'ont été capables de faire tout ça. Il ne faut être pas gêné, Mme la Présidente, pour venir
dire : Comment ça se fait que vous avez trouvé trop de projets puis qu'il
ne reste plus d'électricité?
Mme la Présidente, il
y a encore beaucoup de projets, on va sortir plus d'électricité...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...puis on va continuer d'enrichir le Québec.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Ouf! Ne touchez plus à rien, ne continuez pas. Wow!
Mme la Présidente, il
est clair, le bloc... l'octroi des blocs d'énergie a été fait au détriment des
entreprises du Québec, a été fait au détriment des régions. J'aimerais offrir
cette question complémentaire, puis je vais dire au premier ministre de qui
elle vient, et je vais citer la personne, qui allait dans exactement le même
sens : «On a des enjeux d'énergie. Le
gouvernement, actuellement, réserve l'énergie pour les projets dans le sud de
la province.» Fin de la citation. C'est une question qui lui est donnée
par son député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, quand on regarde l'énergie qui est disponible en
Abitibi-Témiscamingue, il y a quatre
projets. Dans le temps des libéraux, il y en avait zéro. Maintenant, il y en a
quatre. On ne peut malheureusement pas
desservir les quatre. Par contre, il y en a un qui est très important, Dumont
Nickel, 750 emplois. Il y en a trois autres qu'il y a un petit peu
moins d'emplois, mais beaucoup d'emplois.
Mme la Présidente,
c'est ce que j'appelle des beaux problèmes. On a trop de projets, actuellement,
au Québec. On va continuer de mieux faire que l'Ontario puis que le reste du
Canada.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
C'est le contraire de ce que faisaient les libéraux.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Là, je suis conscient, Mme la Présidente, que le premier ministre a accepté
les excuses de son député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, qui disait néanmoins
la vérité, que la région... Et ça fait suite d'un rapport qui a été déposé, entre autres, par les élus
régionaux, locaux, qui ont dit qu'ils n'ont pas leur part du butin, ils ne sont
pas capables de développer leur
économie, en Abitibi-Témiscamingue. Son propre député l'a dit. Son député, il ne
s'est pas dédit. Il s'est excusé, mais il ne s'est pas dédit, Mme la
Présidente. Quand ça vient de votre propre caucus, c'est une preuve
additionnelle d'une fin de régime, Mme la Présidente.
• (14 h 40) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, d'abord, je viens de dire que, du côté des projets
économiques, on compte faire des annonces bientôt, puis il va y avoir de
l'électricité disponible.
Maintenant, le député
de Rouyn-Noranda parlait aussi de l'utilisation des agences privées dans nos
hôpitaux. On le sait, on a réussi, le ministre de la Santé a réussi à se
débarrasser d'une bonne partie des agences privées. C'est un peu plus difficile en Abitibi-Témiscamingue, donc on s'ajuste, Mme la Présidente. Mais
reconnaissons qu'on a baissé de 50 % l'utilisation des agences
privées dans nos hôpitaux.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
C'est quand même pas mal mieux que les libéraux.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Bilan du gouvernement en
matière de santé
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Je veux parler de santé au premier ministre du Québec, qui a aussi été
ministre de la Santé, il y a 20 ans, donc c'est un homme d'expérience.
En 2018, le premier
ministre promettait un médecin de famille par Québécois. Résultat, c'est un
échec. Il a aussi promis 90 minutes
d'attente dans les urgences. Résultat, c'est un échec. Il y a eu plusieurs
promesses de la CAQ, du premier ministre, et il y a eu peu de choses qui
ont été livrées, peu de résultats.
Par
contre, ce qu'il a livré, c'est Santé Québec, un mammouth dysfonctionnel et
bureaucratique, qui ne donne pas plus de services de qualité aux patients, la
fermeture de départements d'obstétrique en région, comme à Lac-Mégantic, c'est
un véritable électrochoc que ça a lieu dans la communauté, délabrement des
infrastructures hospitalières, manque de
premiers répondants et découverture ambulancière, austérité dans un système de
santé déjà gravement malade. Et, la semaine dernière, qu'est-ce que le
premier ministre nous promettait, avec son projet de loi n° 106? Un
bras de fer avec les médecins. Il nous a
dit, il nous a promis : Ça va brasser. Puis ça, par exemple, on a des
résultats, parce que ça brasse, avec les médecins, mais ça ne donne pas
plus de soins aux patients.
Ma question au
premier ministre : Est-ce qu'il est fier de son bilan en santé?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, quand
j'ai été ministre de la Santé, pour un an, j'ai ouvert le premier... le premier
GMF. Ça avait été préparé par Rémy Trudel, qui avait été là avant moi. Puis
j'avais dit, à l'époque : La prochaine étape, ça va être de changer le
mode de rémunération pour mettre une partie de la rémunération par patient pris
en charge. Ça s'appelle la capitation.
Mme la Présidente,
tous les gouvernements qui se sont succédé, par la suite, n'ont pas eu le
courage de se battre contre les syndicats de médecins. Je rappelle qu'un
médecin de famille fait en moyenne 414 000 $ par année, un médecin
spécialiste fait 548 000 $ par année. Et savez-vous quoi, Mme la
Présidente? Il y a quelques jours, j'avais fait
une farce en disant : Regardez bien ça, si QS ne sera pas sur les lignes
de piquetage avec les médecins. Bien, Mme la Présidente, c'est arrivé, ils
étaient avec les médecins de l'est de Montréal pour dire : Ra, ra, ra! on
ne veut pas changer le mode de rémunération,
on veut défendre le statu quo. Nous, ce qui est important, c'est de défendre
les syndicats, avant de défendre les patients puis les Québécois. Honte
à Québec solidaire.
La
Présidente : Oui, M. le leader du deuxième groupe, je vous reconnais.
Quel est votre rappel au règlement? Je vous écoute.
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, on a déjà eu exactement ce débat-là. Je vous demanderais
de dire au premier ministre de retirer ses propos, s'il vous plaît.
La Présidente :
Et vous avez raison. Retirez le
mot «honte», M. le premier ministre. Vous le retirez? Vous le retirez.
M. Legault :
...honte, oui.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, retiré, il vient de dire qu'il le retire. Moi,
j'aimerais entendre, maintenant...
Des voix : ...
La
Présidente : On garde le silence. Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, nous,
à Québec solidaire, on se tient debout auprès de ceux et celles qui pensent
aux patients. Nous défendons les patients. J'aimerais ça... Je ne l'ai pas
entendu dire...
Des voix :
...
La
Présidente : Article 32. On écoute la question. On demeure
silencieux, je vous prie. Mme la cheffe, poursuivez.
Mme Ghazal : Je
veux lui parler des patients. Je ne l'ai pas entendu dire qu'il était fier de
son bilan. J'aimerais ça qu'il le dise, qu'il est fier, en regardant dans les
yeux les femmes enceintes qui doivent faire de longues heures de route pour
pouvoir accoucher, les gens malades qui n'ont pas de médecin de famille.
J'aimerais ça qu'il leur dise qu'il est fier de son bilan, au lieu de se
chicaner puis d'inquiéter tout le monde avec les médecins de famille.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, depuis qu'on est arrivés, on est passés de 6,4 millions de
Québécois qui avaient accès à un médecin de famille à 7,1 millions. Il y
avait 22 000 patients en attente depuis plus qu'un an, on est rendus
à 6 300. Mais, Mme la Présidente, si on veut aller jusqu'au bout, il faut
changer le mode de rémunération des médecins. Pourquoi Québec solidaire est-il
du côté des médecins, plutôt que d'être du côté des Québécois, des patients qui
attendent? Parce que, oui, il faut travailler différemment.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Je répète, Mme la
Présidente, nous sommes du côté des patients, et c'est pour ça que je me lève,
aujourd'hui, et que je lui pose des questions. Ce qu'il fait, en engageant ce
bras de fer avec les médecins, c'est qu'il inquiète tout le monde. Avec son
projet de loi n° 106, en se chicanant avec les
médecins, comment est-ce que ça va donner
plus de services aux patients? Comment est-ce que ça va aider les gens qui
n'ont pas de médecin de famille, les gens qui attendent dans les
urgences, les femmes enceintes qui doivent faire la route? Comment est-ce que
ça va les aider? Le système de santé, ce n'est pas une usine à saucisses. Quand
est-ce que le premier ministre va réaliser que le système de santé doit prendre
soin des humains?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, j'invite la cheffe de
Québec solidaire à lire le rapport de l'ancien ministre Michel Clair. Au moins,
j'ai entendu, tantôt, le chef du Parti québécois dire qu'il était d'accord avec
nous. Québec solidaire est en désaccord parce qu'ils ne comprennent pas ce
qu'on est en train de faire. Actuellement, les médecins sont payés à l'acte,
donc il n'y a pas un incitatif à prendre en charge, à déléguer les actes moins
lourds aux infirmières. Il faut changer la façon de travailler. Que
Québec solidaire lise le rapport de Michel Clair, ils vont comprendre, comme le
chef du Parti québécois.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Projet de loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective
et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Je ne sais pas où le premier ministre a vu une ligne de piquetage
de médecins, mais moi, je n'ai jamais vu ça, et ce n'est pas là qu'on était
hier, mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve et moi. Nous étions avec de jeunes
femmes médecins dans Hochelaga-Maisonneuve qui tiennent ça à bout de bras puis
qui essaient d'aider les plus mal pris de Montréal.
Alors, le premier ministre continue à faire une
fixation sur les lignes de piquetage, mais ça n'arrive pas, avec les médecins.
Non. Nous, on défend les patients, parce que ça devient redondant, les
querelles avec les médecins. La chicane trimestrielle du premier ministre avec
les médecins, ça fait écran de fumée. Pendant ce temps-là, on ne parle pas du
bilan désastreux de la CAQ en santé. Pendant ce temps-là, on ne parle pas des
fermetures d'urgences. On ne parle pas de HMR, d'un gouvernement qui n'est même
pas capable de livrer un parking d'hôpital.
C'est pratique, les chicanes avec les médecins,
mais, dites-moi donc, ça fait quoi pour les patients, la chicane trimestrielle
du premier ministre puis de son ministre? Ça fait quoi pour les patients, ça?
Ça ne fait rien.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien,
je ne sais pas, Mme la Présidente, s'il y avait une question. Je vais essayer
de donner une réponse à un énoncé.
C'est
sûr, Mme la Présidente, que, si ça fait 50 ans que les différents
gouvernements essaient de revoir la
rémunération des médecins, ce n'est pas quelque chose de facile à faire. Puis
je pense qu'il y a eu énormément de résistance de la part des deux grands
syndicats. Et moi, je parle à beaucoup de médecins qui nous disent que, dans le
fond, ce qu'on est en train de faire, ça devrait être fait depuis longtemps.
Alors donc, c'est ça qu'on est en train de faire, Mme la Présidente.
Maintenant, il y a un
enjeu qui est important, puis je pense que de plus en plus de médecins le
comprennent, puis on l'a vu avec la mise en place du système GAP qu'on a mis,
c'est d'être capables de passer d'une prise en charge individuelle à une prise
en charge collective. Qu'est-ce que ça veut dire? Quand il manque de médecins,
quand il manque de professionnels, c'est
beaucoup plus facile et correct de mettre la charge sur plusieurs médecins dans
un GMF plutôt que sur un seul. Ça, ça
s'appelle la prise en charge collective. Puis, savez-vous, Mme la Présidente,
ça a fonctionné pour 1,1 million de Québécois grâce au GAP...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
...c'est un des apprentissages du GAP, puis j'y reviendrai tout à l'heure,
Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
La réalité, là, c'est que le ministre est pris avec son nouvel engagement.
Il ne sait plus quoi inventer pour pousser par en avant ce qu'il n'est pas
capable de livrer. Là, il est rendu, là, à un an des élections, ça fait que, là, il dit : Tous les Québécois,
Québécoises seront pris en charge d'ici 2026. Le temps presse. C'est fort
pratique, de s'en prendre aux
médecins. Là, il est en train de préparer ses prochains boucs émissaires, ça va
être la faute des vilains médecins, mais on a vu neiger, avec ce ministre-là.
Il n'est pas capable de livrer, c'est toujours la faute des autres.
Alors, ça sert qui, à
part lui, les querelles avec les médecins?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Je vais passer par-dessus ses commentaires puis je vais continuer. On a
réussi... Comme le premier ministre a dit tout à l'heure, on est rendus à
85 % des Québécois qui ont un médecin de famille, mais, savez-vous, c'est 100 % des Québécois qui paient, grâce à leurs
impôts, grâce à tout ce qu'on fait pour le gouvernement, qui paient pour être
assurés. Il y a 15 % des personnes qui
ne sont pas assurées qu'ils vont voir un médecin de famille. Moi, ce qui
m'inquiète encore plus, j'ai
1,5 million de Québécois qui n'ont pas accès aux services, dont
600 000 vulnérables, avec des maladies chroniques. Ça, ce n'est pas
acceptable, Mme la Présidente. Et c'est ça qu'on fait avec le projet qui est
présenté, d'aller vers une prise en
charge qui est collective, pour enlever de la pression sur les médecins
individuellement puis d'être capables d'aller chercher ces patients-là.
• (14 h 50) •
La Présidente :
En terminant.
M. Dubé :
C'est ça qu'on fait.
La
Présidente : En question principale?
Une voix : ...
La Présidente :
Oui. Deuxième complémentaire. Allez-y.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Je peux la prendre. Non, blague à part, blague à part, là, le ministre aime
ça, des chiffres, là, on va lui parler des
siens, parce que, la semaine dernière, le premier ministre a dit ici, en cette
Chambre, qu'il y a assez de médecins de famille au Québec. Les propres
chiffres de son propre gouvernement, du ministre, là, de la Santé, qui est
juste derrière lui. Leurs propres chiffres disent le contraire. On ne sera pas
à l'équilibre avec les médecins de famille avant
au moins 10 ans, on ne sera pas à l'équilibre avec les médecins
spécialistes avant au moins 14 ans. Alors, où est-ce qu'ils
prennent leurs chiffres?
Je
pense qu'ils sont bien plus intéressés à se chicaner avec les médecins. Mais je
repose la question : Ça sert qui, les...
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je vais continuer,
Mme la Présidente. Puis c'est ça qu'on va faire au cours des prochaines
semaines, parce que non seulement on est en commission parlementaire
aujourd'hui, demain, jeudi, on sera en étude détaillée la semaine prochaine. Ce que je veux dire, c'est que,
les médecins qui prennent en charge, en ce moment, on a les médecins de famille les mieux payés au Canada, on a le plus
de médecins de famille par habitant au Québec, et, en plus, Mme la
Présidente, ces gens-là nous disent que, si on travaillait différemment, on
aurait assez de médecins.
Alors,
Mme la Présidente, c'est exactement ce que le projet de loi n° 106 met en
place, des principes de rémunération pour
les médecins de famille et des objectifs et des cibles pour être capables
d'avoir des résultats pour 9 milliards par année, qu'on investit
dans nos médecins à chaque année.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Vente
d'électricité par le secteur privé
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, il se passe des choses importantes à
l'étude du projet de loi n° 69
réformant le secteur de l'énergie. Notamment, on pave la voie à une
privatisation de la vente d'électricité, qui, en principe, est le
monopole d'Hydro-Québec, le tout sans que le gouvernement n'ait de modélisation
ou de projection sur l'ampleur de la
privatisation qu'elle est en train... qu'il est en train d'opérer. Donc,
combien de projets privés le premier ministre
prévoit-il dans les prochaines années? En commission parlementaire, il n'y a
pas de réponse à cette question-là. On ne sait pas non plus de combien
de revenus le Québec va se priver. Or, des experts d'Hydro-Québec ont fait le calcul, et cette brèche représente... priverait le
Québec de 3 milliards de dollars d'ici 2030, évidemment avec l'impact
sur nos services publics. Donc, pourquoi est-ce qu'on a le luxe de se
priver de cette somme, mais qu'on n'a pas d'argent dans plein d'autres
dossiers?
Le projet de loi est
clair, le monopole d'Hydro-Québec est brisé. On a demandé au gouvernement à
plusieurs reprises d'être transparent et de
reconnaître qu'il modifie le pacte québécois sur l'électricité en donnant une
place plus grande au privé.
Est-ce
que le premier ministre peut, aujourd'hui, se lever en Chambre et avouer aux
Québécoises et aux Québécois qu'il est en train de privatiser la vente
de l'électricité au Québec?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Je suis surpris de cette question du chef du Parti québécois. D'abord, de
notre côté, on a été très clairs :
jamais, jamais il n'est question puis il ne sera question de privatiser
Hydro-Québec. Par contre, le chef du Parti québécois ne peut pas dire la
même chose. Voici ce qu'il a écrit : «La Suède ne craint pas de remettre
en question les monopoles étatiques. Elle a introduit le privé dans le secteur
de l'hydroélectricité. Le Québec doit se pencher sur l'introduction du privé dans certains secteurs publics.» On a le droit de
changer d'idée, monsieur... de Matane, à ce point-là, là, sur
la privatisation d'Hydro-Québec?
Mme la Présidente,
jamais je n'ai été pour, jamais je ne serai pour. Ce qu'on regarde,
actuellement, c'est ce que René Lévesque a fait dès le début d'Hydro-Québec.
Quand il y a un projet de barrage ou de développement d'électricité pour une compagnie, que le terrain est adjacent, c'est
permis, sinon ce n'est pas permis. Que le PQ puis le chef du PQ arrêtent
de faire peur au monde.
Des voix :
...
La
Présidente : Alors... Attendez, M. le chef. M. le premier ministre, je
redemande de retirer vos paroles. Vous
retirez. Et je vous rappelle qu'on ne s'interpelle pas des deux côtés de la
Chambre. Une seule personne a le droit de parole. Première
complémentaire, le chef.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, ce n'est pas sérieux. Je dis au premier
ministre : Vous privatisez la vente d'électricité, qui, normalement, est
le monopole d'Hydro-Québec. Il répond : On ne privatisera pas
Hydro-Québec. Mais vous voyez la confusion. Ce sont deux sujets distincts. On
se prive de 3 milliards d'ici 2030, selon les experts, et là il me cite
une description du modèle en Suède en 2014. Ce n'est pas sérieux.
Est-ce qu'il peut
reconnaître qu'il est en train de privatiser la vente d'électricité au Québec?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, l'objectif premier du projet de loi n° 69, c'est de
plafonner l'augmentation des tarifs pour les individus, pour le résidentiel, à
3 %. Maintenant, pour ce qui est de la vente d'électricité entre un
producteur et un seul consommateur situé sur un terrain adjacent, c'est la
seule exception. Puis, en plus, chaque projet devra être approuvé au préalable
par le gouvernement.
Mme la Présidente, c'est
n'importe quoi. Puis, que ce soit en Suède ou ailleurs, le chef du PQ a déjà
été pour la privatisation d'Hydro-Québec.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Qu'il vive avec
ça.
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Jusqu'à
aujourd'hui, c'est Hydro-Québec qui a le monopole de vente de l'électricité. Il
n'y en a pas d'autre, exception.
Aujourd'hui, le gouvernement ouvre une brèche, dit : Des entreprises
privées vont pouvoir vendre à d'autres entreprises privées. C'est un
changement fondamental au pacte sur l'électricité, qui dit depuis 1963 que
l'électricité, l'énergie, ça appartient aux Québécois.
J'ai posé
plusieurs fois la question à la ministre, elle n'est pas capable de le dire.
Va-t-elle l'admettre? Il y a une privatisation de la vente d'électricité,
au Québec, qui est en train de s'opérer.
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. On l'écoute.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Écoutez, Mme la
Présidente, c'est important de rétablir les faits, là, plutôt que d'induire les
gens en erreur. La possibilité de vendre à un terrain adjacent...
Une voix : ...
La Présidente : M. le député de Matane-Matapédia,
quel est votre rappel au règlement?
M. Bérubé : ...vous l'avez
entendu comme moi.
La
Présidente : C'est la critique du travail. Ce n'est pas un mot
non parlementaire. Faisons attention. Moi, je veux entendre la réponse
de la ministre.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, j'aimerais souligner, parce que c'est important de le faire,
que la possibilité de vendre de l'électricité à un consommateur sur un terrain adjacent,
ça existe déjà. Et ça existe déjà parce que
le Parti québécois a adopté une règle le permettant lorsque c'est de
la biomasse qui est utilisée en termes de source énergétique. Alors,
j'aimerais bien que le PQ le reconnaisse, puisque ça résulte de leur propre
action.
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : Ce que l'on amène dans le projet de loi, c'est la
possibilité d'utiliser d'autres sources d'énergies renouvelables, tout
simplement.
La Présidente : Et
vous allez me permettre ici de faire une correction. J'ai commis une erreur.
«Induire en erreur» est dans notre lexique. Alors, je vous demande, Mme
la ministre, de le retirer.
Une voix : ...
La Présidente : Voilà.
L'erreur est humaine.
En question principale, je reconnais la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
La parole est à vous.
Construction d'un poste électrique d'Hydro-Québec
dans le Quartier latin
Mme Manon Massé
Mme Massé : Depuis plusieurs
mois, j'implore le ministre de la Culture de ne pas signer le décret qui
autorisera la vente du terrain adjacent à la BANQ à Hydro-Québec pour
construire son mégaposte de transformation électrique de
315 000 volts en plein coeur du Quartier latin de Montréal. Depuis
des mois, plusieurs citoyens et citoyennes prennent tous les moyens qui sont
les leurs pour démontrer qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale pour la
construction d'une telle infrastructure industrielle adjacente à notre joyau culturel.
Le 10 mai dernier, nous étions des centaines réunis pour déclarer notre
amour à la Grande Bibliothèque et surtout pour exiger qu'Hydro-Québec fasse
mieux, mais surtout fasse ailleurs.
Mme la Présidente, les
citoyens et citoyennes de ma circonscription craignent que le ministre profite
de l'été pour signer ce décret. Alors, moi aussi, en leur nom, aujourd'hui, je
demande au ministre qu'il prenne l'engagement de ne pas signer le décret,
surtout pas durant l'été.
Va-t-il le faire?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. En fait, je vais être plus clair : l'engagement que je prends,
il est envers le milieu culturel. Et, je
l'ai déjà dit, s'il devait y avoir une transaction, s'il devait y en avoir une,
cette transaction-là, elle devrait se faire au bénéfice du milieu
culturel.
Les
discussions qu'on a actuellement avec Hydro-Québec sont encourageantes. Les discussions qu'Hydro-Québec a actuellement avec Bibliothèque
et Archives nationales du Québec sont
encourageantes. Il y a un fait, et ce fait-là, il est implacable, la réalité est implacable, Hydro-Québec nous dit qu'il n'y a pas d'autre site disponible dans ce secteur-là
pour assurer la sécurité énergétique des citoyens du secteur.
Maintenant, le défi qu'on a, le défi qui est
devant nous, c'est de nous assurer que, si le projet va de l'avant, il se fasse dans les meilleures conditions possible,
qu'il ne défigure pas le quartier et que cette transaction-là se fasse au bénéfice
du monde culturel.
Il y a plusieurs éléments qui ont été mis sur la
table. Je sais qu'il reste beaucoup de questions. Hydro-Québec comprend bien qu'elle a un travail à faire, un
travail d'acceptabilité sociale, en ce sens où elle doit aller vers les citoyens,
elle doit aller vers les institutions pour leur expliquer le projet, un projet
qui a été présenté à des gens qui, au départ, avaient des doutes...
La Présidente : En terminant.
M. Lacombe : ...et qui, une
fois qu'ils ont eu les informations, trouvaient que le projet avait du bon
sens.
• (15 heures) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Mme
la Présidente, aujourd'hui, dans les gradins, là, il y a plusieurs
ex-parlementaires qui étaient là quand, collectivement, on a décidé de
se doter de cette magnifique institution culturelle qu'est la Grande Bibliothèque.
Un poste de transformation électrique à côté
de notre Grande Bibliothèque
nationale. Bien, voyons donc! Pourquoi le ministre continue de répéter
ce que dit Hydro-Québec, alors qu'il existe des solutions alternatives?
Va-t-il prendre le temps de ne pas signer ce
décret-là?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Bien, Mme la
Présidente, je pense qu'on est vraiment dans les nuances, en ce moment. Quand on parle d'un poste de transformation... Moi-même,
quand on m'a parlé du projet, j'ai été surpris, parce que ce que j'avais en
tête, c'est, effectivement, le poste de transformation actuel, qu'on voit
d'ailleurs très bien. Quand on est chez BANQ, on le voit. Disons que le
moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas très élégant.
Maintenant, ce n'est pas du tout ce type de
projet là qui est dans les cartons d'Hydro-Québec. Et, encore une fois, si le projet va de l'avant sur ce
terrain-là, à cet endroit-là, ça n'aura absolument rien à voir. Mme la
Présidente, on agit de façon responsable. On ne souhaite pas défigurer
le quartier, au contraire, on souhaite que, si une transaction va de l'avant,
elle se fasse au bénéfice du secteur culturel. C'est ces discussions-là qu'on a
actuellement.
La Présidente : Alors, cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Demeurez en place
pour la tenue des votes reportés. Et, pour ce faire, je cède la place à la
première vice-présidente de l'Assemblée nationale. Bonne fin de journée,
tout le monde.
Votes reportés
Adoption du principe du projet de loi n° 94
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre de
l'Éducation proposant que le principe du projet de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans
le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives, soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 99
Contre :
11
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
la motion est adoptée. En conséquence, le principe du projet de loi n° 94,
Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et
modifiant diverses dispositions législatives, est adopté. M. le leader adjoint
du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la culture et de l'éducation
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, conformément
à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 94, la Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans
le réseau de l'éducation et modifiant
diverses dispositions législatives,
soit déféré à la Commission de la
culture et de l'éducation pour son
étude détaillée et que le ministre de l'Éducation soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée? Adopté.
Adoption du projet de loi n° 81
Nous allons maintenant procéder au vote reporté
sur la motion de M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs proposant que le projet de
loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement,
soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 77
Contre :
33
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
la motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, est adopté.
Motions sans préavis
Maintenant,
nous allons poursuivre à la rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je suis prête à
reconnaître un membre du troisième
groupe d'opposition. M. le chef
du troisième groupe d'opposition. M. le chef.
Convenir d'abolir le lien entre l'État du Québec
et la monarchie britannique
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la cheffe du deuxième groupe d'opposition, la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale affirme sans équivoque qu'elle est [la] seule dépositaire
de l'expression démocratique du peuple québécois;
«Qu'elle souligne qu'une très forte majorité de
Québécois et [de] Québécoises n'éprouve aucun attachement envers la monarchie
britannique;
«Que l'Assemblée nationale convienne d'abolir le
lien entre l'État du Québec et la monarchie britannique.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le chef. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il y a
consentement, sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée? M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Pourquoi ne pas
voter, Mme la Présidente?
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
le vote est maintenant ouvert.
Le vote est terminé. M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée. M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Mme la Présidente, on aimerait envoyer le résultat de cette motion au
premier ministre canadien et au palais de Buckingham.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Ce sera fait, M. le député. Donc, nous allons
poursuivre.
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Gardez le silence, s'il vous plaît, qu'on puisse
procéder à nos travaux. Merci. Donc...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement, s'il vous plaît!
Maintenant,
je suis prête à entendre un membre du groupe formant le gouvernement. Mme la
députée de Bonaventure, à vous la parole.
Rappeler
à VIA Rail que les citoyens de la Gaspésie
ont droit à des services de transport accessibles,
fiables et équitables
Mme Blouin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'investissement massif du gouvernement du
Québec dans l'infrastructure ferroviaire en Gaspésie;
«Qu'elle constate que
l'infrastructure a été remise en état, qu'elle est sécuritaire et qu'elle
permettra de voyager à des vitesses raisonnables jusqu'à Port-Daniel—Gascons
d'ici quelques semaines;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle à VIA Rail que les liaisons régionales sont au coeur du
mandat de la société d'État fédérale et que la liaison régionale
Matapédia-Gaspé est essentielle pour desservir les communautés de la Gaspésie;
«Qu'elle demande à
VIA Rail de rétablir, au minimum, le service ferroviaire jusqu'à New Carlisle
dans les plus brefs délais et de mettre en place une navette adaptée assurant
la liaison jusqu'à Gaspé;
«Qu'enfin, l'Assemblée
nationale rappelle à VIA Rail que les citoyennes et citoyens de la Gaspésie,
comme ceux de toutes les régions du Québec, ont droit à des services de
transport accessibles, fiables et équitables.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader.
• (15 h 10) •
Une voix :
...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Motion adoptée.
Maintenant,
un membre du groupe formant l'opposition officielle. M. le député de Marquette,
à vous la parole.
Souligner le 25e anniversaire
du décès de M. Maurice Richard
M. Ciccone : Merci.Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le ministre de la
Culture et des Communications, le député de Maurice-Richard, la députée
de Terrebonne, la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 25e anniversaire du décès de
M. Maurice Richard, légendaire hockeyeur et ex-capitaine des
Canadiens de Montréal;
«Qu'elle
salue la mémoire de cet homme dont le courage, la fougue et la résilience, sur
la patinoire et en dehors de celle-ci, l'ont transformé en porteur des
aspirations de toute une nation;
«Qu'elle souligne les
multiples records sportifs cumulés au cours de sa carrière qui lui auront
permis de se placer au sein de l'élite de son sport;
«Qu'elle souligne que
par son exemple personnel, ses performances et son sens inébranlable de la
justice, il a fait progresser la cause des Québécois au sein du monde du
hockey;
«Qu'elle prenne acte
de l'hommage qui lui a été rendu par l'octroi de la désignation de [personne]
historique par le gouvernement du Québec à l'occasion de l'anniversaire de son
décès;
«Qu'enfin, elle
observe une minute de silence à la mémoire de ce grand Québécois dont la pierre
tombale est ornée de l'épitaphe "Ne jamais abandonner. Never give
up".»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée?
Une voix :
...
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, le vote est maintenant ouvert.
Donc, le vote est
terminé. M. le secrétaire général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée. Je vous invite à vous
lever et conserver une minute de silence.
•
(15 h 13
—
15 h 14)
•
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.
Nous
allons poursuivre, et je suis prête à reconnaître un membre du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Pontiac, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale exprime sa pleine reconnaissance envers le travail essentiel et
rigoureux des professionnel.les de la santé, qui oeuvrent chaque jour au
service des patient.es dans un contexte souvent difficile;
«Qu'elle souligne que
toute réforme du système de santé doit se faire en concertation avec le
personnel médical et viser à renforcer leur capacité d'offrir des soins
accessibles, humains et durables, en tenant compte de la réalité des patients
les plus vulnérables;
«Qu'elle rappelle que
la prévention est un pilier fondamental d'un système de santé efficace et
équitable;
«Qu'elle réitère son
engagement à soutenir les professionnel.les de la santé dans leur mission et à
défendre une médecine centrée sur les besoins des patient.es.» Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
poursuivre nos travaux. Une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le
groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture
d'une autre motion sans préavis. Est-ce qu'il y a consentement? Consentement.
Alors, je vous cède la parole, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, avec la permission des autres groupes parlementaires, avec leur
consentement, je vous demanderais qu'on soit exonérés de la lecture des
deux motions rétroactives de consultations, soit celle sur le projet de loi
n° 101 et celle sur le projet de loi n° 103.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement? Consentement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 101
M. Jolin-Barrette : Alors, je fais motion,
Mme la Présidente, pour que la motion rétroactive du projet loi n° 101 soit adoptée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement qu'elle soit adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté.
Entériner le mandat de
procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 103
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je
demande le consentement pour l'adoption de la motion rétroactive du
projet de loi n° 103.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce
qu'il y a consentement qu'elle soit adoptée? Consentement. Donc, adopté. Parfait.
Avis touchant les travaux des
commissions
Donc, je vous... Oui.
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Et
donc j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
relations avec les citoyens va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 95, la Loi favorisant
l'équité dans l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance subventionnés
dispensés par les titulaires de permis, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
finances publiques va entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 92, la Loi modifiant diverses
dispositions principalement dans le secteur financier, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la
santé et des services sociaux va poursuivre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet loi n° 106, la Loi
visant principalement à instaurer la responsabilité collective et
l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services
médicaux, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 17 h 40
et de 18 h 40 à 20 h 15, à la salle Pauline-Marois.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'ordre spécial concernant
l'horaire des travaux des commissions?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Donc, c'est jusqu'à 21 h 15, à la salle Pauline-Marois. J'avais une
petite coquille dans mon ordre du jour. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, est-ce qu'il y a consentement? Consentement.
Donc, nous allons
maintenant poursuivre à la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et, pour ce faire, je vais céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement. Et j'ai besoin des feuilles, s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 16 du feuilleton,
s'il vous plaît. Merci.
Projet
de loi n° 89
Prise en considération du
rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, à l'article 16 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission de l'économie et du
travail sur le projet de loi n° 89, Loi visant à considérer
davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out.
Y a-t-il des
interventions sur ce projet de loi? M. le ministre du Travail, à vous la
parole.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Évidemment, on est heureux d'avoir complété
l'étude détaillée de ce projet de loi n° 89, dont le
titre est assez révélateur, considérer davantage les besoins de la population
en cas de grève ou de lock-out. Est-il besoin de le répéter, Mme la Présidente,
on est les champions, au Québec, en termes de nombre
de conflits de travail, 691, selon Statistique
Canada, en 2023, 753 — on a battu notre record de 2023 — en 2024, 91 % des conflits de travail
au Canada. Et ça, inéluctablement, il y a des impacts sur la population. Et
c'était ce qui nous a guidés dans l'élaboration, et la préparation, et les
travaux parlementaires menant à la fin de l'étude détaillée, le bien-être de la population, mais toujours dans un
souci ou une quête incessante de trouver un bon équilibre entre l'exercice
du droit de grève et les besoins de la population.
• (15 h 20) •
Évidemment, c'est une
minorité de conflits de travail. Quand on négocie une première convention ou un
renouvellement de convention collective de travail, on essaie d'utiliser tous
les outils. On fait de la négociation raisonnée.
On cherche des solutions et on règle à près de 95 % sans conflit. Mais,
dans le 5 % ou 6 % de conflits, c'est là qu'il y a des
impacts, des retombées qui vont au-delà de simples inconvénients. Dans
plusieurs situations, la population était même prise en otage. Souvenons-nous,
dans le transport scolaire, dans le transport en commun, dans les services
funéraires, en éducation, dans à peu près tous les secteurs d'activités
humaines et sociales, il y a eu des conflits qui ont généré des retombées
inadmissibles pour la population, souvent devenue impuissante, vulnérable ou
sans aucun moyen de substitution, en raison de ces grèves qui se poursuivent
actuellement au Québec.
On maintient
l'intégralité du régime des services essentiels en santé et services sociaux.
On a maintenant, avec l'adoption de cette
loi-là, si c'est fait cette semaine ou au jour approprié, un nouveau régime de
maintien de services pour assurer le bien-être de la population, pour
s'assurer que sa sécurité sociale, économique ou environnementale ne soit pas
affectée de manière disproportionnée.
C'est
un nouvel outil, encore une fois, qui respecte la constitutionnalisation du
droit de grève. En même temps, de manière
parallèle, il y a des besoins fondamentaux que la population doit combler de
façon urgente, parfois, même en situation de conflit de travail.
Donc, c'est un
nouveau mécanisme qui vise le maintien d'un niveau de service minimal avec un
recours qui est balisé, qui permet au
gouvernement d'adopter un décret, qui confie à un tribunal impartial et
indépendant le devoir de déterminer si les parties sont assujetties aux
critères prévus dans le projet de loi, et, s'il y a une décision d'assujettissement,
les parties auront à déterminer les tenants
et aboutissants de ces services minimums là à maintenir, et par la suite le
tribunal aura à juger si les services sont suffisants et intervenir, le
cas échéant.
Il
y a un deuxième outil qui permet, en cas de préjudice grave ou irréparable à la
population, si c'est une menace appréhendée
ou si c'est effectif... Le ministre du Travail pourra, après, bien sûr, une
conciliation-médiation infructueuse, déférer le dossier à un arbitre de
différends, qui, lui aussi, est une personne indépendante et impartiale... aura
comme mandat de déterminer le contenu de la
convention collective, en fait, de bien identifier ce qui constitue le
différend et de s'assurer de prévoir la solution appropriée dans la
convention collective de travail.
Il
y a eu quelques amendements de précision, mais le projet de loi est demeuré,
dans sa substance, dans son libellé, quasi identique à sa mouture
initiale.
Je veux revenir sur
le fait que c'est un processus qui est bien balisé, qui se distingue de ce que
nous retrouvons dans le Code canadien du travail, qui est apolitique, qui ne
met pas fin, quant à son premier mécanisme, à l'exercice effectif du droit de grève. Dans son deuxième mécanisme,
à partir du moment où le ministre du Travail défère à un arbitre de
différends, là, ça met fin à un conflit, que ce soit une grève ou un lock-out.
Donc, en terminant,
Mme la Présidente, je remercie l'ensemble des collègues gouvernementaux qui étaient
à la Commission de l'économie du travail, j'aurai l'occasion de le faire de
façon plus précise au moment de l'adoption, le
cas échéant, encore une fois, et évidemment tous les participants aux
consultations particulières. Je suis fondamentalement convaincu que
c'est un projet de loi qui aura des retombées positives pour assurer un
bien-être à la population, pour éviter les
préjudices que nous avons vécus dans certains conflits de travail. Et je
recommande, en conséquence, que cette Assemblée prenne en considération
le rapport de la Commission de l'économie et du travail afin que nous puissions
procéder dans les meilleurs délais à l'adoption de ce projet de loi là, pour le
bénéfice des Québécoises et des Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le ministre. Maintenant, nous
allons poursuivre avec l'intervention de Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Je prends la parole aujourd'hui pour la prise en considération du
projet de loi n° 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la
population en cas de grève ou de lock-out, un texte qui a suscité à la fois des
inquiétudes et de grandes espérances, car il touche à l'un des piliers
fondamentaux de notre démocratie, le droit de grève.
Le droit de grève n'est pas une simple
revendication sociale. Il est un principe à valeur constitutionnelle inscrit
dans notre histoire, forgé par les luttes syndicales et reconnu par nos
engagements internationaux. En tant que législateurs, nous avons tous une
responsabilité à assurer l'équilibre entre la liberté d'expression et la
continuité du service public pour les populations les plus vulnérables.
Ce projet de loi part d'un constat réel que le
droit de grève doit être protégé, mais les grèves peuvent avoir des
conséquences parfois lourdes sur la vie quotidienne des citoyens les plus
vulnérables. Il faut le reconnaître d'emblée, ce projet de loi soulève des
questions fondamentales sur l'équilibre que nous devons maintenir, comme
législateurs, entre le respect des droits des travailleurs, notamment celui de
recourir à la grève ou de recourir au lock-out, et la nécessité d'assurer un
accès minimal et continu à des services essentiels pour les populations
vulnérables.
Je ne peux pas me mettre à la place du
gouvernement pour savoir quel est l'événement qui a inspiré à mettre ce projet de loi de l'avant, mais je peux vous
parler, en tant que maman d'un fils lourdement atteint du trouble du spectre de
l'autisme, les conséquences que certaines grèves peuvent avoir non seulement
sur nos élèves, mais sur nos familles.
Lorsque
les écoles ferment, ce sont des milliers de familles d'enfants avec des besoins
particuliers qui doivent s'organiser avec la précipitation et s'inquiéter de la
perte d'accès à des thérapies que leurs enfants ont à l'école et la perte
potentielle des atouts de leurs enfants. Il faut comprendre qu'on... qu'un
jeune avec des besoins particuliers, ce qui fait en sorte qu'il peut apprendre
de nouveaux acquis et de nouveaux atouts, c'est la répétition, c'est
l'habitude. Et donc les éducateurs, éducatrices spécialisés et le personnel de
soutien dans le réseau scolaire, justement, élaborent un plan avec ces
enfants-là et leurs parents pour s'assurer qu'ils vont les aider et... à
acquérir ces acquis qui feront en sorte qu'ils pourront avoir une certaine
autonomie, selon leurs habiletés. Dans le secteur de l'éducation, une grève
prolongée peut avoir des répercussions significatives sur la réussite et le
bien-être des élèves avec des besoins particuliers, qui reçoivent non seulement
des services éducatifs à l'école, mais aussi des services thérapeutiques dans
le cadre de leurs plans d'intervention.
En tant que maman d'un jeune garçon avec un
trouble du spectre de l'autisme, la période de la pandémie a été plutôt
difficile. Alors, comme tout le monde l'a vécu au Québec et à travers le monde,
du jour au lendemain, le monde a arrêté, si vous voulez, à un certain point. Et
donc les enfants ont été à l'école... été à la maison à temps plein. Les
parents ont été demandés de reprendre ce rôle d'éducateur qui leur était fourni
dans les écoles. Ce n'était pas évident pour
les parents avec des enfants qui n'ont pas de besoin particulier, déjà, de
devoir organiser, faire son travail à partir de la maison, mais aussi s'occuper de nos jeunes, et
s'assurer qu'ils ne passent pas la journée devant la télévision ou un écran,
et, justement, les stimuler de façon éducative.
Donc, moi, ce que j'ai vu durant la pandémie,
donc les trois... trois mois et demi pour lesquels nos enfants étaient à la
maison, moi, j'ai vu mon fils perdre plusieurs acquis qu'il avait appris dans
les dernières années, des acquis qui ne sont
pas tous revenus. Et, justement, il a pu retourner à l'école pour les deux
dernières semaines de l'année scolaire lors de la pandémie, parce que le
gouvernement a consulté auprès des experts, y compris Dr Royer, qui est venu
nous parler lors des consultations sur le projet de loi n° 89, pour
expliquer au gouvernement les conséquences à long terme que la fermeture des
écoles avait et aurait pu avoir davantage sur nos jeunes avec des besoins
particuliers lors de la pandémie, et le gouvernement a pris une décision
courageuse d'exiger que les écoles spécialisées pour ces jeunes-là devraient ouvrir et les desservir, encore une
fois, parce qu'on sait les conséquences que ça pourrait avoir sur ces
jeunes-là.
Donc, la question, c'est : Si le
gouvernement a trouvé bon de réouvrir ces écoles de façon exceptionnelle lors de la pandémie, en raison des conséquences
potentielles, bien, le même résultat devrait être... le même résultat devrait
être là pour ces jeunes n'importe quand, même s'il y a une grève ou s'il
y a d'autres perturbations dans la société.
• (15 h 30) •
Le ministre du Travail, quand on s'est
questionnés à ce sujet-là lors des consultations et lors de l'étude détaillée,
a lui-même dit qu'il ne devrait jamais y avoir de bris de service et que
c'était une des choses qui l'inspiraient à déposer ce projet de loi. En 2025, il y a eu plus de 4 500 bris de
service scolaire au Québec, une augmentation de plus de 1 000, avec
l'année antérieure. Si le gouvernement croit bon de mettre en place un projet
de loi qui permettrait au Tribunal
administratif du travail d'offrir un service minimalement requis pour
ces jeunes-là pour qu'il n'y ait pas de bris de service, justement, en raison
d'une grève, bien, on espère que le gouvernement et le ministre de l'Éducation
auront la même sensibilité, justement, pour s'assurer que les bris de service
soient en recul et pas en hausse d'une année à l'autre.
On sait que
les professeurs, le personnel de soutien, les éducateurs, éducatrices
spécialisés font un travail extraordinaire et, en tant que parents et en tant que société, on veut être là pour les
soutenir, parce qu'on sait la différence qu'ils font dans la vie de nos jeunes
et dans la vie de nos familles. Donc, ce projet de loi, entre autres, adresse
cet enjeu-là. Mais, comme j'ai dit, on espère que le gouvernement fera
en sorte de s'assurer qu'il n'y aura plus de coupures de programmes, qu'il n'y a plus de coupures de postes qui fait en sorte
que des jeunes doivent rester à la maison parce qu'il y a un bris de service
scolaire, que leurs parents doivent s'absenter ou quitter leur travail pour
s'occuper d'eux à temps plein, des parents qui n'ont pas les capacités, eux, d'entreprendre l'éducation que leurs
enfants recevaient à l'école une fois qu'il y a un bris de service et
qu'ils sont à la maison.
Et
j'encouragerais également le gouvernement à appeler le projet de loi de ma
collègue, projet de loi n° 398 de ma collègue de Westmount—Saint-Louis,
Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique afin de consacrer le droit des élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage de recevoir des services éducatifs
équivalents à ceux dispensés par l'école. Si le premier ministre, qui
dit que la persévérance scolaire est une de ses priorités... bien, il faut que
la persévérance scolaire et les moyens pour y arriver soient là pour tous nos
jeunes, pas seulement dans les classes régulières. Et donc il y a un projet de
loi qui a été déposé avec un article que le gouvernement pourrait facilement
adopter pour s'assurer, justement, que nos jeunes soient toujours encadrés et soutenus
dans le cadre de leur parcours éducatif, que ce soit à l'école ou lors d'un
bris de service où les services peuvent être rendus à la maison.
Comme j'ai
mentionné, quand les enfants avec des besoins particuliers sont demandés de
rester à la maison pour des périodes prolongées, bien, les parents ont
également des... il y a également des conséquences pour les parents, comme
j'ai dit, qui doivent quitter ou s'absenter du travail et s'occuper de leur
enfant à temps plein.
Ce projet de
loi repose sur un dialogue renforcé entre les parties concernées. Il ne s'agit
pas d'imposer des restrictions unilatérales, mais bien de mettre en place un
cadre qui oblige à prendre en compte les besoins de la population... des
populations plus vulnérables dès le début des négociations et tout au long du
conflit de travail.
Il faudra assurer... Il ne fait... Excusez-moi.
Il ne fait aucun doute que le droit de grève et le droit au lock-out sont des
piliers du droit de travail au Québec. Ils permettent aux parties patronales et
syndicales de négocier en bonne foi et
d'exercer une pression légitime pour parvenir à une entente équitable.
Toutefois, il nous incombe, comme législateurs, d'assurer que ces
conflits ne viennent pas compromettre indûment les populations vulnérables,
notamment en ce qui concerne l'accès aux services essentiels et au bon
fonctionnement de notre société.
Ce projet de loi soulève des questions
fondamentales sur l'équilibre entre deux principes qui nous tiennent à coeur : d'une part, le respect des droits des
travailleurs qui ont le droit de revendiquer de meilleures conditions de travail
et de négocier dans un rapport de force équilibré et, d'autre part, la
nécessité de protéger des services essentiels et de minimiser les impacts sur
les populations les plus vulnérables lors de conflits de travail.
Le projet de
loi n° 89 propose donc une réflexion sur la manière dont nous pouvons
mieux considérer les besoins des populations vulnérables dans ces situations de
conflit de travail. Il ne remet pas en question le droit de grève ni le
droit au lock-out, mais cherche plutôt à
établir des balises claires pour que ces droits s'exercent dans le respect des
citoyens qui, bien souvent, subissent les contrecoups de ces tensions
sans en être directement impliqués.
Nous devons être prudents et veiller à ce que
cet encadrement ne devienne pas une atteinte au droit fondamental de négociation des travailleurs. Nous devons nous
assurer que les services essentiels... que les services sont maintenus sans
affaiblir indûment le pouvoir de négociation des employés.
Nous sommes conscients que des mécanismes
existent déjà pour garantir le maintien de certains services essentiels,
notamment dans le domaine de la santé et la sécurité publique, toutefois, nous
croyons qu'il est pertinent d'examiner si
ces mécanismes sont suffisants et s'il est nécessaire d'y apporter des
ajustements, comme le fait le projet de loi.
Nous pensons notamment que le gouvernement doit
jouer un rôle plus actif en amont des conflits en favorisant la médiation
préventive et en facilitant le dialogue entre les parties. Trop souvent, les
grèves et les lock-out sont le résultat d'un climat de négociation qui s'est
détérioré, faute d'accompagnement suffisant.
En somme, Mme la Présidente, nous reconnaissons
la pertinence des objectifs du projet de loi n° 89 et nous sommes... et nous croyons qu'il est essentiel
d'examiner attentivement les implications de cette loi une fois qu'elle aura
été adoptée. Nous avons une responsabilité de légiférer avec mesure, écoute et
discernement. Le projet de loin° 89 doit être vu non comme un outil pour trancher un conflit entre deux camps,
mais comme une tentative de moderniser notre cadre législatif face à une
société en mutation.
Le droit de grève et de lock-out doit être
protégé, et les besoins essentiels des populations les plus vulnérables doivent
l'être aussi. Notre rôle est de faire en sorte que ces deux exigences ne soient
pas opposées mais articulées.
Je voterai donc, au nom de mon parti politique,
en faveur de la prise en considération du projet de loi n° 89, mais je le ferai avec des attentes claires que le
gouvernement n'en abuse pas, car notre but ultime, c'est de renforcer la confiance du public dans nos institutions en
montrant que nous sommes capables de concilier justice sociale et intérêt
collectif. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Maintenant, je suis prête à reconnaître un prochain intervenant. M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Quelle tristesse de se retrouver ici, au salon rouge, pour parler
du projet de loi n° 89! J'aurais sincèrement préféré ne pas avoir à faire
ça. C'est un immense recul en droit du travail auquel nous assistons. On l'a vu
venir dès le départ, que ce ne serait pas quelque chose qui servirait les
intérêts des travailleurs, travailleuses du Québec, ce projet de loi là. Et,
tout au long de l'étude du projet de loi, malheureusement, le ministre nous a démontré, article après article, que ce
n'était pas ça qu'il avait à coeur, l'intérêt des travailleurs, travailleuses
du Québec.
On a même fait une interpellation, ici la
semaine dernière, où on a dû essayer de le faire réaliser que les grèves, même, qui peuvent être... qui sont nuisibles, qui
sont des nuisances, parfois, pour les citoyens, citoyennes, en particulier dans
les services publics, bien, amènent à des changements sociaux. Malgré tout, le
ministre est allé de l'avant intégralement avec son projet de loi. Il dit
souvent que son projet de loi est perfectible, mais, dans les faits, il n'y a
pas vraiment de virgules qui bougent tant que ça sur la matière.
Il utilise des drôles d'arguments, aussi, mon
collègue le ministre du Travail, quand il dit : Ah! il y a plus de grèves
ici qu'ailleurs au Canada. Bien oui, mais on en a parlé, ça, à l'étude
détaillée. Il oublie peut-être de mentionner qu'il y a
40 % de syndicalisation aussi puis qu'ailleurs au Canada c'est pas mal
plus bas que ça. Donc, c'est un peu spécial de me faire servir
l'argument : Il y a plus de grèves ici qu'ailleurs. Bien oui, parce qu'il
y a plus de syndicats ici qu'ailleurs.
Quelle surprise! Un plus un égal deux, Mme la Présidente. Il le sait très bien,
d'ailleurs, mais, même si on le corrige en étude détaillée, il se permet
de revenir ici, à l'étude... à l'adoption du rapport, avec le même argument
qu'on a démonté plus tôt, mais, bon, ça lui appartient.
L'autre argument qu'il n'utilise pas, c'est
celui que les experts sont venus nous dire. Il y avait un graphique
impressionnant, très, très simple, qui mettait en lien le nombre de grèves au
Québec avec la hausse de l'inflation. Oh! on remarquait assez vite, quand on
superposait les deux courbes, là, qu'elles étaient exactement similaires.
Quelle surprise aussi que, dans le cas où il
y a de l'inflation très forte, les travailleurs, travailleuses aient plus envie
d'aller se battre pour aller chercher
des augmentations de salaire dans le sens du monde qui viendraient couvrir ces
inflations-là! Bien, rien de surprenant là.
Alors, est-ce qu'il y a eu une résurgence d'un
certain nombre de grèves dans les dernières années? Oui. Objectivement, les
faits sont là. Est-ce qu'il y a une hausse aussi impressionnante de l'inflation
dans les dernières années? Ben oui, évidemment, puis c'est à ça que ça sert, un
syndicat, d'aller défendre ses conditions de travail, alors que, souvent, il y a un patron qui essaie de
profiter de la conjoncture pour ne pas avoir à payer plus de cents, plus de
dollars, puis devoir garder le maximum de profit pour lui puis ses
investisseurs. Qui, qui la fait, l'économie, Mme la Présidente? C'est les
travailleurs et travailleuses. Bien, j'espère qu'ils se donnent des outils pour
aller chercher leur dû.
Quand il y a
des moments où est-ce que c'est plus le chômage qui est endémique, bien là on
voit souvent une baisse du nombre de grèves parce que la conjoncture est
plus difficile, le rapport de force est plus difficile, mais, quand le rapport
de force est favorable, j'espère que le monde en... que les travailleurs en
profitent, sinon la redistribution de la richesse, elle n'arrivera jamais.
Alors, qu'on me dise, là : Bien là, il faudrait peut-être un retour du
balancier parce qu'il y a trop de grèves,
bien, un instant, là, il y a une conjoncture particulière qui l'explique et qui
fait en sorte qu'il y a une redistribution de la richesse un peu plus
forte que d'habitude qui a lieu en ce moment.
• (15 h 40) •
Est-ce que c'est toujours agréable, des grèves?
Non. On en a parlé ad nauseam dans l'étude détaillée. J'ai été un conseil
syndical pendant de nombreuses années avant de faire mon arrivée ici, Mme la
Présidente, en 2018. J'en ai organisé, des grèves. Ce n'est pas agréable, faire
ça. On essaie de rendre ça le plus sympathique possible, là, que le monde y
trouve de l'entrain puis qu'ils aient de l'énergie, c'est un peu ça, notre
travail, quand on est conseiller syndical, mais
on préfère ne pas avoir à organiser des grèves. On préfère à avoir du monde qui
sont capables d'avoir un rapport de force
de base puis d'avoir une convention collective signée. C'est souvent le cas.
D'ailleurs, le ministre l'a dit lui-même, une écrasante majorité des conventions collectives sont l'objet, bien
sûr, de négociations, parfois une négociation serrée, mais elles finissent par avoir une conclusion
heureuse, une conclusion négociée sans avoir recours à la grève ou au lock-out.
Alors, qu'on me dise que, là, il faut aller
attaquer les droits des travailleurs, travailleuses à travers un projet de loi
parce que, tout à coup, il y aurait trop de grèves, je n'achète pas. Je
n'achète pas, ça n'a pas lieu d'être comme argument. La démonstration n'est pas
faite de la nécessité de ce projet de loi là. C'est probablement, à mon avis,
un des plus inutiles que nous avons eus à débattre, le ministre et moi, depuis
notre arrivée respective dans cette Chambre, notre
13e ou 14e, je pense, projet de loi ensemble, certainement le plus inutile et,
en même temps, le plus dangereux d'un point de vue de droit du travail.
Qu'est-ce qu'il fait, son projet de loi, au
ministre? Il fait essentiellement deux choses. La première, il décide d'aller jouer dans le droit de grève. Lui, il dit
qu'on prend en considération les besoins de la population, le vrai titre du
projet de loi ça aurait dû être projet de loi pour limiter le droit de grève au
Québec parce que c'est ça que ça fait.
On a eu un débat ici, un des premiers projets de
loi que le ministre et moi, on a négocié, c'était le projet de loi pour mettre
à jour la loi sur les services essentiels. Il n'avait pas le choix. Ce n'était
pas ça qui était dans sa priorité de travail, mais il n'avait pas le choix, il
y avait eu un jugement, le jugement Flageole, du Tribunal administratif du
travail, qui obligeait à revoir les
principes de cette loi-là qui commençait à être un peu datée parce qu'il y
avait des pourcentages précis de présence au travail dans le projet de
loi qui étaient... qui avaient été plaidés comme anticonstitutionnels, non
respectueux de la Charte des droits et libertés, du droit d'association.
Alors, on l'a renégocié ensemble. On a atterri
sur des nouvelles conceptions : le droit à la sécurité physique des
personnes. Et c'est ça qui est devenu le moteur, et je vous dirais même plus
que le moteur, la charpente même du concept des services essentiels. À
l'époque, le ministre avait même permis au TAT de pouvoir élargir la portée des
services essentiels. Moi, j'étais plus ou moins d'accord avec ça à l'époque,
mais c'est ça que lui avait fait dans la perspective, j'imagine, de pouvoir
étendre son champ d'application éventuellement.
Ça a été testé, ça, Mme la Présidente. Le
ministre a utilisé, encore une fois, ad nauseam l'exemple du RTC. À l'été 2023, si je ne me trompe pas, 2022 ou
2023, le ministre a utilisé l'exemple d'une grève de quelques jours, juste avant
le Festival d'été de Québec, du RTC ici, le Réseau de transport de la Capitale,
pour justifier, donc, son intervention. Mais, quand est venu le temps, pour les
dirigeants du RTC, d'aller plaider pour l'élargissement des services essentiels
puis que ce soit inclus, les transports collectifs de la ville de Québec, bien,
ils ont perdu. Le Tribunal administratif du travail a décidé que ça n'avait pas
lieu d'être, qu'il n'y avait pas eu de danger pour la sécurité physique des
personnes ou la santé physique des
personnes, que le chaos appréhendé qui avait été dessiné par les
administrateurs du RTC n'est pas arrivé. La démonstration avait été
faite, par les faits, que c'était nuisible, ça pouvait constituer un problème,
ce n'était pas agréable pour plusieurs personnes, mais ce n'était pas le chaos
avéré qui avait été vendu par les dirigeants du RTC.
Et, pour démontrer que cette loi est
complètement inutile et que la loi des services essentiels fonctionnait, dans un autre dossier de transport collectif, celui de
la STM, pas plus tard que la semaine dernière, le jour même où on faisait l'interpellation
de ministres, donc vendredi dernier, jugement du TAT où, là, il décide que,
dans le cas de la STM, sous des représentations différentes, j'imagine, un plaidoyer
différent, bien, il n'y avait pas lieu d'être d'avoir la grève comme ils l'avaient convoquée au départ. Le syndicat a
dû changer ses plans au niveau de la STM par rapport à la grève qui était
souhaitée à l'origine. Mais la loi fonctionne, alors. Selon ce qui est plaidé
des deux parties, le TAT peut, oui ou non, élargir la portée des
services essentiels. Pourquoi donc venir inventer une nouvelle patente du
ministre, puis là faire entrer le concept du
bien-être de la population? Qu'est-ce que c'est que ça, le bien-être de la
population? On a eu à essayer d'aller
chercher la substantifique moelle de ces concepts-là auprès du ministre. Je
n'ai pas été particulièrement impressionné par la démonstration pendant
l'étude détaillée, Mme la Présidente.
La... de la population, après ça, ça se
détaillait en deux, trois exemples. Ça disait : Pour la sécurité
économique, sociale et environnementale. Là, on a commencé à creuser. Qu'est-ce
que ça veut dire, ça, la sécurité sociale? Qui qui est inclus là-dedans? Qui
qui n'est pas inclus là-dedans? C'était très, très flou, Mme la Présidente.
C'était encore pire pour la sécurité économique. Qu'est-ce qui n'est pas de la
sécurité économique? Donnez-moi des exemples. J'ai mis au défi le ministre de me donner des exemples. J'ai même été chercher,
dans le site de la... du ministère du Travail, tous les conflits de travail en
cours. On peut aller voir ça, hein, c'est public. Vous allez sur le site
Internet, vous voyez toute la liste des conflits en cours, peu importent
les régions, les types, etc. J'ai voulu dire au ministre : Est-ce qu'un de
ceux-là... je les ai tous nommés. Qu'est-ce qui constitue ou pas de la sécurité
économique? Évidemment, le ministre n'a pas voulu se prononcer.
Alors, on est
dans le flou total. Bonne chance, bonne chance à nos collègues du TAT pour
essayer de comprendre la fameuse intention du législateur. Bonne chance.
Le ministre ne nous donne à peu près aucun outil.
Puis là la sécurité environnementale, bien, ça,
c'était, à la limite, un peu loufoque, Mme la Présidente. Je ne comprends même
pas pourquoi ça a été évoqué par le ministre. D'ailleurs, si la CAQ
s'intéressait à l'environnement, ça se saurait. Ce n'est pas ce qu'on a vu dans
le dossier Stablex, par exemple, ou dans plein d'autres dossiers. Fin de la parenthèse. La sécurité environnementale, tout
à coup, ça intéressait le gouvernement puis ça a été introduit dans la loi,
tout bonnement. Je pense que c'était un peu pour essayer d'attirer notre
sympathie, à Québec solidaire, pour qu'on s'émeuve, de l'autre côté de
la Chambre, que nous ne soyons pas d'accord avec le projet de loi parce qu'ils
veulent protéger la sécurité environnementale. On s'en occupe très bien, de
l'environnement, Mme la Présidente, on n'a pas besoin de descendre de la CAQ à
ce niveau-là.
Donc, ce mécanisme-là, le ministre l'a mis en
place, mais il s'expose à une drôle de situation, parce que, pour que ça
s'active, là, pour que le tribunal du travail décide de voir si, oui ou non,
dans tel ou tel cas, en fonction de ces trois critères, là, sécurité
économique, sociale et environnementale, il a le droit, le TAT, d'imposer un
certain nombre de... un certain pourcentage
de maintien au travail des travailleurs, pour pouvoir faire ça, le tout début
de l'exercice, c'est une décision politique du Conseil des ministres,
par décret, qui va désigner un groupe en conflit.
Donc, le Conseil des ministres, sur
recommandation du ministre, va dire : Nous désignons tel conflit de
travail qui pourrait être dorénavant
assujetti aux services essentiels déguisés, là, c'est-à-dire les trucs de
bien-être que le ministre a inventés. Bien, c'est un geste politique
important, ça. C'est très éditorial. Ce n'est pas neutre, de désigner tel ou
tel conflit. Et surtout qu'est-ce que ça va
faire? Ça va générer une pression complètement indue sur le gouvernement, ses
ministres et ses députés dans chacune des régions, en particulier dans
les régions concernées par un conflit de travail.
Qu'est-ce que vous pensez qu'il va arriver si on
reprend, par exemple, le conflit qui avait lieu dans les traversiers, dans le
bas du fleuve puis sur la Côte-Nord? Bien, quelle surprise, vous pensez? Les
chambres de commerce vont commencer à appeler les ministres puis les députés,
les commerces du coin, les éditoriaux, ça va faire des lignes ouvertes, il va y
avoir des courriels au bureau du député. Les gens vont dire : Bien là, il
faut que ce soit un service essentiel. Toute
l'ironie de la chose, Mme la Présidente, moi, j'appelle ça les services
essentiels déguisés, c'est ce que c'est, le ministre a fait très attention de
ne pas se tromper pendant l'étude détaillée, il sait que ça pourrait le nuire
dans la contestation judiciaire à venir, mais beaucoup de groupes
patronaux qui sont venus appuyer le projet de loi utilisaient eux-mêmes le
concept de services essentiels pour désigner le contenu du projet de loi, même
si le ministre, lui, faisait extrêmement attention de ne pas mélanger les deux,
bien sûr que c'était la même chose.
Donc, la pression qui va s'ouvrir... qui va
s'ouvrir de la part de tout ce qui va grenouiller d'intérêt économique dans une
région donnée, dans le cas d'un conflit de travail, va mettre la... va mettre
une forme de lobbyisme extrême sur le dos du
ministre puis de ses députés, peu importe la couleur du gouvernement qui aura à
gérer ça dans le futur, d'ailleurs. Un gouvernement solidaire aurait la
même pression, un gouvernement libéral aurait la même pression. Mais de volontairement décider de se mettre dans ce cas-là
de lobbyisme de la part d'intérêts économiques particuliers, c'est spécial,
Mme la Présidente. Je n'ai pas vu ça souvent. On aime ça compliqué du côté de
la CAQ. On aime ça compliqué.
Parce qu'une
fois qu'on a désigné un groupe, bien là il faut qu'un des deux partis souhaite
être assujetti par le TAT. Le ministre présentait ça comme : Ah!
chacune des deux parties pourra être assujettie, si elle le désire. Voyons
donc! 99 % du temps, ça va être la partie patronale qui va vouloir être
assujettie. Dans quel univers pense-t-il, le ministre, qu'un syndicat... que les travailleurs ont intérêt à aller solliciter de
ne pas pouvoir faire la grève en fonction des soi-disant intérêts du
bien-être de la population? Ça n'a aucun rapport. Qu'il l'assume, qu'il le
dise, c'est fait pour les patrons, ce projet de loi là, cette mesure-là en
particulier. Faites-moi pas accroire que, oui, oui, les deux parties pourront y
avoir recours. Voyons! Dans quel univers il
vit? C'est comme s'il pensait qu'on ne connaissait pas ça, le droit du travail.
Bien, ça adonne mal, j'en ai fait autant que lui, du droit du travail,
puis des affaires de même, je n'en laisse pas passer.
Ça fait que ça, c'est le premier mécanisme, Mme
la Présidente, qui vise objectivement à limiter le droit de grève au Québec. Ça
va être contesté juridiquement en fonction de la charte québécoise des droits
et libertés. Je pense que ça ne respecte pas
le droit d'association duquel découle le droit de grève. Et les chances sont
bonnes que ça se fasse démonter en
Cour suprême. Malheureusement, ça va prendre probablement une dizaine d'années,
ces dossiers-là, à monter jusqu'en Cour suprême. Mais, dans 10 ans,
si je suis encore de ce monde, et que le ministre aussi l'est, et que c'est moi qui ai raison, je
l'appellerai, le ministre Travail, pour lui dire : Je t'avais dit, Jean,
que c'est moi qui avais raison. Vous me
permettez de l'exagération du «Jean» cette fois-ci. Il ne sera plus ministre
rendu là. Je ne serai certainement plus député, moi non plus. On verra
bien.
• (15 h 50) •
L'autre mécanisme, Mme la Présidente, deuxième
mécanisme, si le conflit dégénère ou prend du temps sur le moyen, long terme, au-delà de la limitation du
droit de grève du conflit, le ministre se donne le pouvoir de cesser le
conflit, d'arrêter le conflit frette, net, sec. Il décide de dire : Ce
conflit-là, je l'arrête et je décrète que tout ça se ramasse en arbitrage
exécutoire.
Ce pouvoir-là, Mme la Présidente, il est
dangereux, je pense. Le premier, on limite le droit de grève, je ne suis pas d'accord, je trouve, c'est un recul, ça se
conteste. Le deuxième, il est arbitraire. J'ai même dit, et je le soutiens, que
je le trouve autoritaire. La grève, là, c'est déclenché démocratiquement
par des membres ou un lock-out, c'est décidé par un conseil d'administration.
Que le ministre décide d'intervenir puis de dire : Je décrète la fin de ce
conflit de travail, moi, tout seul de mon
côté, et que tout ça va se terminer par un arbitrage automatique exécutoire, on
est dans le déni, là, du droit de grève. On n'est pas dans la
modélisation de la... On est dans le déni pur et simple du droit de grève.
Puis c'est
tellement une mauvaise idée, Mme la Présidente, que les organisations
patronales qui sont venues étaient unanimes sur le premier mécanisme, mais il y
en avait une couple qui étaient un peu gênées sur le deuxième mécanisme, qui
trouvaient... ils trouvaient que ça allait trop loin. Et je veux saluer l'Ordre
des conseillers en ressources humaines, qui ne sont pas les possédants, hein,
c'est des gens qui sont dans la gestion, bien sûr, mais c'est souvent les
cadres, les cadres intermédiaires, ceux qui
gèrent les ressources humaines, qui ont évidemment... qui sont... qui
travaillent pour des patrons, eux autres aussi, qui sont dans... qui ne sont
pas des travailleurs, évidemment, syndiqués la plupart du temps, mais qui sont un peu à mi-chemin, hein, qui ont un
pied dans le monde du travail, un pied dans le monde patronal. Eux, ils ont dit que ce deuxième mécanisme-là était un
véritable problème et qu'il devait être retiré du projet de loi, l'Ordre des conseillers
en ressources humaines agréés, que je salue.
Ça me permet de dire, d'ailleurs, par rapport
aux mémoires, et ça, ça m'a irrité tout le long... Puis il l'a redit tantôt encore, le ministre, il dit : Mon
projet de loi est équilibré. Bien, voyons donc! Si vous avez 100 % des
organisations patronales qui viennent dire : Oui, quelle excellente
idée et 100 % des organisations de travailleurs qui viennent dire : Mais quel immense recul démocratique, il est où,
l'équilibre? Il n'y en a pas, d'équilibre. C'est au contraire une démonstration
d'un déséquilibre. Qu'il ne vienne pas me dire que c'est un équilibre quand
tout le monde est d'accord d'un bord puis que tout le monde est contre de
l'autre bord. Si tout le monde était contre, on viendrait dire : J'ai
réussi à équilibrer tout le monde, et tout le monde est plus ou moins content
et mécontent, oui, O.K., ça se plaide. Mais là tout le monde est pour, tout le monde est contre. Il n'y en a pas,
d'équilibre, c'est comme du novlangue. C'est assez hallucinant d'entendre
ça, Mme la Présidente.
Donc, décret du ministre. Puis là, contrairement
au premier mécanisme, le deuxième mécanisme, lui, on ne passe pas par le Conseil des ministres, c'est, un
bon matin, le ministre se lève, prend son café, puis, voilà, il envoie un beau
courriel aux patrons puis aux syndicats d'un conflit x, puis il dit :
C'est terminé, j'ai décidé moi-même, dans mon bureau,
que c'est la fin de votre conflit de travail, et que, voilà, on envoie ça à un
arbitre, puis que c'est lui qui va décréter le contenu de votre
convention collective.
Bien, l'arbitrage automatique, Mme la
Présidente, ça existe dans le Code du travail dans une seule occasion.
Savez-vous c'est où? C'est intéressant, d'ailleurs, ce n'est pas utilisé
souvent, mais, dans le Code du travail, pour contrer
une fâcheuse pratique, parfois, d'un patron dans le cadre d'un nouveau
syndicat, donc les travailleurs se sont organisés, ils veulent dénoncer
des conditions de travail ou des pratiques patronales, se créent un syndicat.
Malheureusement, je l'ai déjà vécu, moi, personnellement, un patron peut
décider de mettre la pédale sur le frein, en français, en bon français, qui
veut quoi, on dit «stâler» un peu, donc ralentir volontairement le processus.
Bien, pour éviter que ce soit tellement long, puis tellement long, puis tellement
long, puis qu'à un moment donné même les travailleurs se tannent, puis qu'il y
ait une requête désaccréditation, ce qui est l'objectif du ralentissement
allégué, bien, on peut permettre à l'association syndicale de demander un arbitrage automatique de première convention
collective. On ne peut pas refaire ça par la suite. C'est seulement pour
la première convention collective.
Puis ça marche assez bien. Quand il y a
malheureusement des patrons qui peuvent être parfois de mauvaise foi, une
minorité, hein, soyons clairs, veulent faire ce ralentissement, bien, ils se
font servir cette médecine-là, puis souvent, bien, l'arbitre, il va regarder à
peu près les salaires dans le domaine, les conditions de travail dans le
domaine, il va couper la poire en deux, puis, voilà, il y a une première
convention, puis le syndicat peut commencer à travailler. Bien, c'est très bien
comme ça. C'est une bonne disposition du Code du travail du Québec, dont on
doit être fier, qui est utilisée de temps en temps puis qui est bien utilisée.
Mais un arbitrage automatique de convention
collective, Mme la Présidente, je viens juste de vous l'expliquer, l'arbitre,
là, il va entendre un peu les deux parties, ils vont plaider qu'est-ce qui
devrait être le contenu de la convention, puis il va trancher en deux, souvent.
Un salaire... O.K. Quel salaire vous voulez revendiquer? Patron, quel salaire
vous offrez? Oui, O.K., l'industrie, c'est à peu près là. O.K.
Bien, des avancées sociales, du rattrapage
salarial, ça ne se gagne pas avec des arbitrages. L'arbitrage vise justement à
mettre quelque chose qui n'est gênant ni pour l'un ni pour l'autre. Mais, quand
vous avez des conventions collectives avec des retards de plusieurs dollars de
l'heure, comme celle, par exemple, des éducatrices en CPE, comme celle qui
avait lieu pour les professeurs du réseau public il y a quelques mois, quelques
années maintenant, de tout dire qu'on va référer ça à l'arbitrage automatique,
c'est une garantie que le conflit ne va pas se régler puis il va juste être
décalé d'une couple d'années. Parce que, s'il y a des frustrations intrinsèques
dans le réseau x ou y ou dans une entreprise X ou Y puis que le conflit de
travail ne les résout pas, vous faites juste pelleter en avant. Ça fait que ce
qui était un conflit qui pouvait être nuisible à
l'année 1, puis vous imposez un arbitrage automatique et exécutoire, bien,
quelle surprise, à l'année 2, 3, il va être encore dommageable, le
conflit, puis il va repartir parce qu'il n'aura pas été réglé. Le vrai
règlement d'un conflit, c'est une entente négociée et signée, ce n'est pas un
arbitrage automatique.
Ça fait que, que le ministre se donne le pouvoir
similaire à ce qui a été fait au fédéral de dire : J'impose la fin d'un
conflit de travail, c'est terrible, c'est terrible. C'est un énorme recul. On
l'a dénoncé dès que ça a été déposé. On l'a
dénoncé pendant le projet de loi. Il y a des belles mobilisations de
travailleurs, travailleuses contre ce projet de loi là. Je pense que le
gouvernement va perdre devant les tribunaux quand ça va être contesté puis que
ça va monter jusqu'en Cour suprême, on s'en
reparlera dans 10 ans, mais je ne vois pas comment il peut maintenir
sérieusement qu'il respecte la Charte des droits et libertés, le droit
d'association avec le projet de loi n° 89.
La seule petite victoire qu'on a réussi à lui
arracher, que j'ai réussi à lui arracher, au ministre, c'est le délai
d'application. Au début en cette Chambre, d'ailleurs, je plaidais qu'il était
apparent que le gouvernement déposait ce projet de loi là pour mettre une
pression sur les travailleuses du réseau des CPE, éducatrices, service
d'alimentation, et tous les autres travailleurs et travailleuses qui étaient en
grève, hein? C'étaient des grèves de deux ou trois journées à ce moment-là, mais tout indiquait que ça allait
potentiellement se ramasser en grève générale illimitée. Pour l'instant, on semble
avoir évité ça. Puis il y a eu une entente de principe qui a été négociée il y
a quelques semaines. C'était une bonne
nouvelle. J'avais réussi à faire dire au ministre, assez tôt en étude
détaillée, qu'il s'engage à ce que ça ne s'applique pas aux
travailleuses du service de garde, des CPE. Il avait dit oui. On allait faire
un amendement à la disposition finale du
projet de loi, l'article 11, si ma mémoire est bonne. Entretemps, donc, il
y a eu une longue pause, là, il y a les études de crédits, il y a eu la
semaine de circo, et là il y a eu le règlement pour le secteur des CPE. Bon,
bonne nouvelle.
Mais je suis
revenu à la charge, j'ai dit... Bien, l'argument que j'ai servi au ministre
pour qu'il accepte que ça ne s'applique
pas aux CPE, c'était quoi? Bien, j'ai pris sa propre médecine puis je l'ai
revirée à l'envers. C'était assez amusant, je dois vous avouer, Mme la
Présidente, parce que, dans un projet de loi précédent, celui de la
construction, qu'on a voté ici il y a à peu près un an et des poussières, le
ministre du Travail avait finalement donné raison à une de mes revendications et, bien, essentiellement,
évidemment, celle du milieu de la construction d'avoir la possibilité de
négocier de la rétroactivité salariale.
Les travailleurs et travailleuses de la
construction étaient le seul secteur au Québec au grand complet dont on
interdisait, dans la loi, la possibilité de négocier de la rétroactivité
salariale. Ça n'avait juste complètement pas rapport, c'était un déni de droit assez majeur. Enfin, le ministre a décidé de le
mettre dans la loi en toute fin de parcours, c'était une bonne nouvelle,
mais il a mis une disposition, dans son projet de loi sur la construction, pour
dire que ça n'allait pas s'appliquer à la présente négo, même si la négo, là,
elle avait à peine commencé, en disant : Bien non, bien non, on ne peut pas changer le cadre, la négo a commencé, ce
n'est pas juste. Je n'étais pas content à ce moment-là, bien sûr. Mais j'ai resservi son argument. J'ai dit : Bien là, M.
le ministre, au moment où on se parle, là, il y a des centaines
d'accréditations au Québec, tous secteurs confondus, qui négocient, qui
négocient leurs conventions collectives en ce moment. Ça fait que vous, vous ne vouliez pas changer le cadre de
négo pour la construction, ça se plaide, mais là vous allez être cohérent,
par exemple, vous ne changerez pas le cadre
de négo pour les centaines d'accréditations dans le public, dans le péripublic,
dans le privé qui sont en train de négocier
en ce moment. Woups! Là, il était un peu coincé. Je vais plaider que,
là-dessus, il a été cohérent avec lui-même, il a accepté de déposer un
amendement pour que ce soit un délai de six mois d'application de la
loi.
Donc, ce
qu'on va voter vraisemblablement demain ou après-demain ne sera pas applicable,
les deux mécanismes ne seront pas utilisables par le ministre avant six
mois. Ça nous amène à peu près jusqu'en octobre, si mon calcul est bon. Bien, ça va permettre au moins aux centaines
d'accréditations qui sont en ce moment en négo d'à peu près terminer leur négo,
idéalement, six mois, c'est quand même un délai relativement raisonnable pour
terminer une négo et ne pas avoir cette épée de Damoclès là qu'en tout temps le
ministre pourrait soit limiter leur droit de grève ou imposer la fin de leur
grève avec un arbitrage obligatoire et exécutif.
• (16 heures) •
Donc, un triste projet de loi, Mme la
Présidente, un immense recul en droit du travail, un projet de loi inutile,
basé sur des fausses prémisses, qui cadre, je trouve, dans un état des faits où
le ministre, le premier ministre aussi, cherchent querelle, on dirait, avec le
milieu syndical, avec les travailleurs et travailleuses.
Même aujourd'hui, à la période de questions, le
premier ministre se plaignait que mon collègue de Rosemont, hier, et moi, on est allés sur des soi-disant
lignes de piquetage avec les médecins. Quel délire! On était dans une clinique
à réclamer que le projet de loi n° 106 soit retiré. On n'était pas dans
une ligne de piquetage. De toute façon, les médecins, ça ne fait pas ça,
des lignes de piquetage.
Alors, l'espèce d'offensive antisyndicale,
est-ce que c'est la montée du Parti conservateur qui pousse le gouvernement à
retourner dans ces espèces de lignes, là, dignes de l'ancienne ADQ? C'est
peut-être ça. C'est le contexte. Moi, c'est
comme ça que je me l'explique, parce que ce n'était pas tout à fait le ton
qu'on avait il y a quelques mois, même, ou quelques années avec la CAQ, mais là
on y retourne puis on s'assume bien. Pendant l'étude de... l'interpellation
du ministre, vendredi dernier, on a eu le
droit à une charge profondément antisyndicale de la députée de Vimont contre
les profs et la Fédération autonome de l'enseignement qui avaient fait une
grève, que je qualifie d'héroïque, il y a quelques mois maintenant. Un discours impressionnant, un
discours impressionnant. On les a traités de bras armés politiques. Là, c'était
assez... un cinq minutes assez spécial. Ça a sourcillé pas mal, incluant le
ministre, d'ailleurs, à ce niveau-là, mais passons.
Donc, tout ça
pour dire, Mme la Présidente, que c'est un dangereux projet de loi. Je suis
triste qu'on ait eu à assister à cette loi-là. Moi aussi, je souhaite, à
la limite, comme mes collègues de l'opposition officielle, qu'il ne soit jamais
appliqué, mais il y avait, je terminerai là-dessus, une image très forte dans
un des mémoires des différents experts universitaires qui
nous ont communiqué leurs réflexions. Ils utilisaient la parabole du... ils
appellent ça le fusil de Tchékhov, l'auteur de théâtre russe, bien sûr, le
dramaturge russe, qui disait la chose suivante — j'imagine qu'il
parlait à des gens qui voulaient peut-être
potentiellement écrire du théâtre — il
disait : Si, dans votre pièce de théâtre, assez tôt dans la pièce,
on fait référence, on dit explicitement qu'il y a une arme d'accrocher sur le
mur, bien, vous devez utiliser cette
arme-là, d'un point de vue scénaristique, plus tard dans votre théâtre. Sinon,
ça ne servait à rien d'y faire référence. Donc, c'est comme un principe de base, mais les experts en droit du
travail nous disaient : Si le ministre est en train de conclure... de se créer deux armes d'intervention
législative importantes, c'est parce qu'il a l'intention de les utiliser, sinon
il ne les... il ne serait pas en train de les créer. Alors, je souhaite que ce
ne soit pas le cas, je souhaite qu'il ne l'utilise jamais.
Malheureusement, c'est des outils qui existent,
maintenant, ce sont d'importants reculs en droit du travail. Je suis fier d'avoir contribué au moins à ce que ce
soit un délai d'application de six mois, fier d'avoir fait le travail, d'avoir
fait le relais pour les travailleurs, travailleuses du Québec ici, au salon
rouge, en étude détaillée, pour démontrer les arguments peut-être un peu moins
fondés du ministre et de faire en sorte que la voix des travailleurs,
travailleuses soit entendue à l'Assemblée nationale. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ce projet
de loi n° 89?
Mise
aux voix du rapport
Donc, comme
il n'y en a pas d'autre, le rapport de la Commission de l'économie et du
travail portant sur le projet de loi
n° 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en
cas de grève ou de lock-out, est-il adopté?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté sur division.
Donc, M. le leader adjoint, je vous cède la
parole. Vous avez une demande à nous faire.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demande le consentement pour
modifier l'avis des commissions.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, est-ce qu'il y a un
consentement? Consentement. Vous pouvez y aller, monsieur...
Avis
touchant les travaux des commissions (suite)
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et donc
l'avis est modifié ainsi : La Commission de la santé et des
services sociaux va poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 106, la Loi visant principalement à
instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 17 h 40 et de 18 h 40 à 21 h 05, à
la salle Pauline-Marois.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Donc, nous allons
poursuivre. M. le ministre... Bien, oui, vous pouvez nous... j'y allais,
là, comme ça, mais vous pouvez appeler l'article au feuilleton.
M. Lévesque (Chapleau) : Bien,
oui, merci beaucoup, Mme la Présidente, mais j'aurais pu vous laisser aller, on
allait dans la même direction, vous et moi. Et je vous demanderais de bien
vouloir appeler l'article 18 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 84
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Il
n'y avait pas beaucoup de directions, donc on ne pouvait pas se tromper vraiment. Alors, M. le ministre de la Langue
française propose l'adoption du projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration de la nation
québécoise. Je vous cède la parole, M. le ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je suis fébrile. Je suis très fier d'avoir porté à travers
toutes ses étapes le projet de loi
n° 84, Loi sur l'intégration à
la nation québécoise, parce que,
comme toute nation, le Québec se devait
de se doter de son véritable modèle d'intégration. Donc, désormais, notre
modèle se nommera «intégration nationale».
À partir de
demain, après le vote des parlementaires, si la loi est adoptée, mais j'ai
confiance, ce modèle existera enfin. Et il était temps, Mme la Présidente,
parce qu'après plus de 50 ans nous mettons enfin un terme au règne
du modèle canadien du multiculturalisme sur le territoire québécois. C'est un
modèle qui a divisé, malheureusement, les citoyens selon
leurs origines, c'est un modèle qui a nui à l'intégration des gens qui arrivent
ici, qui veulent prendre racine, qui veulent
devenir Québécois, mais, malheureusement, le multiculturalisme canadien a
envoyé des signaux contradictoires, des
signaux qui sont nuisibles, carrément, à la cohésion sociale. Et donc le
multiculturalisme retournera là où il aurait dû rester, c'est-à-dire
dans les limbes de l'histoire.
Mme la Présidente,
notre Loi sur l'intégration à la nation québécoise est donc une loi
fondamentale qui renforce la cohésion
sociale, qui enrichit fortement le corpus législatif québécois et qui donne
enfin des directions claires, nécessaires aux institutions de notre société pour mieux intégrer les nouveaux
Québécois. Et, quand je pense à nos institutions, je pense, bien sûr, à nos
écoles, nos cégeps, nos universités, l'ensemble des ministères, l'ensemble des
organismes gouvernementaux, les
municipalités et aussi les organismes communautaires qui jouent un rôle très
important dans l'accueil, dans la francisation, dans l'intégration des
nouveaux arrivants. Mais il faut s'assurer de multiplier les liens et les
interactions entre les gens qui
s'identifient à la majorité francophone, ceux qui s'identifient à une
communauté culturelle minoritaire et les nouveaux arrivants. Il faut le
faire, oui, dans une perspective interculturelle, mais il faut bien le dire
très clairement, l'intégration nationale va
au-delà de l'interculturalisme en amenant les gens à s'intégrer à la nation, en
amenant les gens à adhérer mais aussi
à contribuer à notre culture québécoise, notre culture commune. C'est une loi,
donc, essentielle pour que tous puissent adhérer et contribuer au
vivre-ensemble québécois, notre loi essentielle, fondamentale, qui, pour la
première fois de notre histoire, définit qui nous sommes et comment nous
voulons continuer d'évoluer comme société.
Enfin, avec cette
loi, nous nous donnons un contrat social clair, un contrat social rassembleur
qui unit tous les Québécois, peu importe
leurs origines. Et, quand on parle d'accueillir les gens, d'unir les gens dans
une perspective d'ouverture purement québécoise, bien, je vais citer le
grand Gilles Vigneault, qui a dit... qui a chanté, plutôt :
«De ce grand pays
solitaire
Je crie, avant que de
me taire,
À tous les hommes de
la terre :
"Ma maison,
c'est votre maison!"
«Entre ses quatre
murs de glace,
Je mets mon temps et
mon espace
À préparer le feu, la
place,
Pour les humains de
l'horizon,
Et les humains sont
de ma race.»
Il y a là un message
très clair d'ouverture, un message très clair d'accueil, mais, en même temps,
quand on dit : «Je prépare le feu, la place», ça veut dire que les gens
arrivent dans un lieu qui est habité. Nous ne sommes pas un état postnational comme
en rêvait le précédent premier ministre canadien Justin Trudeau, nous sommes
une nation forte et fière, nous qui avons bâti un Québec accueillant, mais un
Québec qui existe et qui veut défendre son identité.
Donc, le projet de
loi table sur des valeurs qui nous unissent, par exemple comme la démocratie,
l'égalité entre les hommes et les femmes, la laïcité de l'État, des valeurs qui
forment d'une certaine manière le socle de notre société, des valeurs qui
doivent s'incarner dans toutes les sphères de notre nation et qui s'enracinent
dans notre histoire et sur notre territoire. Parce que, oui, nous avons une
identité qui nous est propre. Et je vais citer René Lévesque, qui a dit, à
l'égard de ce territoire qui nous donne une partie de notre essence, il a dit :
«Nous sommes des Québécois. Ce que cela veut dire d'abord et avant tout, et au
besoin exclusivement, c'est que nous sommes attachés à ce seul coin du monde où
nous puissions être pleinement nous-mêmes, ce Québec qui, nous le sentons bien,
est le seul endroit où il nous soit possible d'être vraiment chez nous.» Voilà
ce qu'a dit René Lévesque.
Eh oui, il ne faut
pas s'en excuser. Nous sommes Québécois ici, chez nous. Et les Québécois qui
font le choix de venir vivre ici doivent
s'intégrer, doivent adhérer à la culture commune, à nos valeurs, mais sont
appelés à y contribuer aussi. Et ça,
cette dyade de mots, de ces deux concepts, adhésion mais aussi contribution,
amène, je pense, un équilibre très important
dans un projet de loi où la réciprocité entre la société d'accueil, l'État et
les nouveaux arrivants est extrêmement importante. Nous avons tous un
rôle à jouer.
• (16 h 10) •
Avec
cette loi, le Québec affirme qu'il est une nation qui s'affirme fièrement à
travers notre langue officielle et commune, le français. Et parlons-en,
du français. C'est la langue qui est à la base de notre identité. C'est avec
laquelle... c'est avec elle que nous aimons, que nous créons, que nous rêvons
depuis plus de 400 ans ici, en Amérique. C'est une langue qui a résisté à bien des épreuves, à bien des embûches, qui
s'exprime aujourd'hui avec tous les accents du monde et, disons-le, ils sont magnifiques, les accents
du monde qui s'expriment ici, au Québec, en français. C'est pourquoi cette loi
sur l'intégration à la nation québécoise invite tous les Québécois à se
rassembler autour de la langue, oui, de Gilles Vigneault et de Michel
Tremblay, mais aussi celle de Kim Thúy et de Boucar Diouf, qui la font entendre
de très belle manière.
Cette loi va
s'insérer dans la lignée de lois fondamentales comme la Loi sur la laïcité de
l'État, la Charte de la langue française, en
statuant une fois pour toutes que le Québec, oui, est une société d'accueil,
mais elle est laïque et elle est francophone.
J'ai
très hâte de travailler sur la suite des choses avec mes collègues ministres de
tous les ministères, de travailler à l'élaboration d'une politique
gouvernementale qui facilitera la mise en oeuvre de l'intégration nationale et
donc la cohérence gouvernementale qui pourra
s'incarner dans chacun des gestes des organismes, des ministères, des écoles,
des organismes communautaires, comme je l'ai mentionné tout à l'heure.
Comme
nation, nous avions besoin de cet outil fondamental pour nous affirmer, pour
nous épanouir à long terme. Nous nous
sommes fait ce cadeau. Nous en avions besoin pour envisager l'avenir avec force
et cohésion. Reste maintenant à la faire vivre et à tendre la main aux
gens qui choisissent de devenir des Québécois comme nous. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le ministre. Maintenant, je suis prête à entendre un
autre intervenant. M. le député de l'Acadie, à vous la parole.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis heureux de prendre la parole cet après-midi dans le
cadre de l'étape finale, finalement, l'adoption du projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration à la nation québécoise, ce nouveau titre
qui a été modifié lors des travaux parlementaires, un projet de loi important.
Et j'écoutais attentivement M. le ministre qui
nous disait, et, au fond, il en a parlé également en commission parlementaire, que son projet de loi, son modèle,
son modèle d'intégration nationale va même au-delà de l'interculturalisme.
Et il le mentionnait tout à l'heure, il nous parlait finalement du modèle du
multiculturalisme, qui n'est pas un modèle québécois.
Et, là-dessus, M. le ministre et moi, nous sommes d'accord. Je l'ai dit,
d'ailleurs, en commission parlementaire. En fait, l'interculturalisme,
pour ma formation politique, pour le Parti libéral du Québec, ce n'est pas un
concept qui est nouveau. Et je l'ai
mentionné précédemment, Robert Bourassa en parlait. Il estimait que ce modèle
était plus approprié pour le Québec que le multiculturalisme.
Je rappelle
également dans l'histoire de ma formation politique que, plus récemment,
M. Couillard, premier ministre, avait fait en sorte qu'une politique sur
l'interculturalisme soit adoptée. Et, à l'époque, c'est Mme Kathleen Weil
qui avait travaillé à l'élaboration de cette politique. Le processus ne s'est
pas rendu jusqu'à un projet de loi. Donc, dans ce sens, il s'agit là ici,
aujourd'hui, d'une étape supplémentaire, mais on avait quand même jeté les
bases très clairement de ce que devait être le modèle du vivre-ensemble au
Québec, et on parlait à ce moment-là d'interculturalisme.
Donc, c'est avec cette philosophie qu'on a
entamé les travaux et qu'on a aussi écouté les groupes qui sont venus nous
parler en commission parlementaire lors des consultations particulières. Et
donc, au fur et à mesure qu'on a fait l'étude détaillée du projet de loi, il y
a certains éléments, certaines modifications que j'ai soumises à la partie
gouvernementale. Certaines ont été adoptées, d'autres refusées. Mais
permettez-moi de souligner quelques ajouts qui ont été adoptés par M. le
ministre et le gouvernement.
Plusieurs groupes sont venus nous dire qu'il
était important, dans le cadre de ce projet de loi, de faire référence au
vivre-ensemble. Parce qu'au fond, ma compréhension de la volonté du gouvernement,
c'est de mettre en place des éléments qui vont faire en sorte que les gens qui
sont sur le territoire du Québec vont être capables de mieux vivre ensemble et que nous pourrons, à ce moment-là,
partager une culture commune. Cet amendement-là, qui a été proposé par
le Parti libéral du Québec, a été adopté.
On a
également regardé et puis on a modifié le terme «ethnoculturel» par «culturel».
On trouvait que c'était plus approprié dans les circonstances. Ça a été
également adopté par le gouvernement.
Et j'ai rappelé également à M. le ministre que,
dans la politique qu'avait développée Mme Weil, et d'ailleurs il y a des groupes en consultations particulières
qui nous en ont parlé, il y a deux éléments qui sont importants si on veut
véritablement réussir à avoir un vivre ensemble, donc permettre aux gens qui
arrivent ici ou qui vivent ici, parce que, rappelons-le,
ce projet de loi ne vise pas que les immigrants ou les nouveaux arrivants, mais
l'ensemble des communautés qui vivent
sur le territoire québécois, donc c'était important d'y ajouter un élément
économique, parce qu'une fois qu'un nouvel
arrivant, par exemple, apprend la langue, notre langue commune, le français,
bien, il est normal que cette personne-là veuille travailler. Donc, si on veut véritablement parler d'intégration,
il faut parler aussi d'un élément socioéconomique, ce qui nous a été dit
par plusieurs groupes lors des consultations particulières.
Et l'autre
élément, c'était aussi la lutte contre la discrimination et le racisme. Le
gouvernement nous est revenu pour la
modification à la lutte contre le racisme et la discrimination avec un élément,
compromis proposé par le gouvernement, où on a adopté le concept, et ça
a été adopté lors de l'étude détaillée. Donc, certains éléments comme ça qui ont
permis une bonification du projet de loi à différentes reprises.
Sauf qu'il y
a des éléments dans le projet de loi où plusieurs groupes sont venus nous dire
que, là, il fallait que le gouvernement fasse attention, que certaines
dispositions du projet de loi pouvaient porter finalement ombrage à la Charte
des droits et libertés de la personne, notre charte québécoise, qui est notre
loi des lois. Et je fais référence particulièrement aux articles 18
et suivants de la charte québécoise. Et, permettez-moi, permettez-moi de faire
référence, dans quelques minutes, à un mémoire qui nous a été déposé par la
commission des droits et libertés de la personne.
En fait, avec son projet de loi, le gouvernement
veut apporter une modification de l'article 9.1 de la charte québécoise. L'article 9.1 de la charte, s'il
est amendé, et c'est ce que propose le gouvernement dans le projet de loi, va
faire en sorte que, quand on traite des différents concepts qui doivent être
utilisés, notamment par la commission ou les tribunaux, pour interpréter
les droits qui sont énoncés dans la charte, il doit tenir compte de certains
concepts, dont notamment le modèle
d'intégration nationale, qui est distinct du modèle québécois ou, en fait, du
modèle du multiculturalisme canadien. Et
donc, ça fait en sorte que 9.1 de la charte québécoise est une espèce d'article
qui permet de pondérer l'effet des droits, et donc dorénavant, lorsque
ce sera adopté, un organisme ou un tribunal qui aurait à interpréter la charte
devra tenir compte, dans l'évaluation d'une
violation au droit, par exemple, de l'impact du modèle d'intégration national
québécois. Et donc, ce que ça vient
faire, au fond, c'est que ça vient faire en sorte que les droits collectifs
sont considérés d'une façon particulière. D'ailleurs, le ministre a fait
rajouter, dans un des considérants, dans le préambule du projet de loi, parce qu'il y a un long préambule, un élément où on dit
qu'on doit tenir compte particulièrement des droits collectifs. Donc, le modèle
d'intégration nationale, qui est distinct du multiculturalisme canadien et qui
sera ajouté en 9.1, vient, au fond, concrétiser cela. Et là, ça pose un
problème. Et d'ailleurs, c'est ce que nous dit la Commission des droits de la
personne qui sont... en fait, qui est l'entité spécialisée dans
l'interprétation et l'application de notre charte québécoise.
• (16 h 20) •
On
dit, entre autres, que «la proposition de modifier l'article 9.1 apporte
d'importants risques pour l'équilibre de la charte — et
là je cite la commission — puisque
le mécanisme prévu à l'article 9.1 de la charte est au coeur de
l'interprétation des libertés et
droits de la personne et de la portée qu'on doit leur conférer». La commission
rappelle que «l'article 9.1 de la charte inclut deux volets. Le
premier, d'abord, d'identifier et de justifier les limitations aux droits et
libertés, alors que le deuxième guide l'exercice de cette pondération des
droits qui doit avoir lieu en cas de conflit entre ceux-ci». Donc, s'il y a un conflit entre les droits, le
tribunal, ou la commission, ou l'organisme devra tenir compte du modèle d'intégration nationale tel que défini par la loi.
Donc, 9.1, c'est une disposition fondamentale en ce qui a trait à l'équilibre
de la Charte et, à chaque fois que le gouvernement vient y ajouter quelque
chose, il y a un risque de débalancement dans cet équilibre, et donc je me dois de le soulever, tout comme la
commission l'a fait, et ils l'ont fait d'une façon très explicite, très
claire, dans le mémoire qu'ils ont déposé à la commission.
Alors, on dit
encore : «Modifier l'article 9.1 comme le propose le projet de loi
risque d'amoindrir la protection des droits et libertés que la Charte garantit
à chacune et à chacun.» Effectivement, c'est ce que je vous disais précédemment.
Et la commission de rajouter que «le risque est d'ailleurs d'autant plus grand
que, comme ça a été dit précédemment, le projet
de loi laisse place à d'importantes imprécisions quant à la définition du
modèle d'intégration qui sera retenu et que les modalités et paramètres
seront en grande partie précisés dans le cadre d'une politique gouvernementale
et de ses règlements. On viendrait ainsi
assujettir ou conditionner les droits garantis par la Charte en vue de
modalités qui ne sont pas encore
connues.» Et je m'explique. En effet, dans le projet de loi du gouvernement, et
je fais référence à l'article 2, 3, mais surtout l'article 5,
dans le chapitre II, qui traite du modèle et des fondements, à
l'article 5 il y a effectivement des fondements qui sont énoncés. C'est
exact. Sauf que ces fondements-là sont évidemment importants, bien sûr, mais
ils seront élaborés dans le cadre d'une politique. Et cette politique, on ne la
connaît pas. Or, au niveau de la hiérarchisation des normes juridiques, ce que le gouvernement se trouve à faire, c'est
de prendre la Charte québécoise, qui est la loi des lois, et de la soumettre en partie à une politique
qui n'est pas un texte législatif ni réglementaire, donc qui peut être changée n'importe
quand, n'importe comment, mais, pire encore, qu'on ne connaît pas. Là, on peut
s'imaginer que la politique va tenir compte des fondements, évidemment, mais
elle n'est pas écrite. Et je vais vous reparler aussi de la politique un peu
plus tard. Donc, vous comprendrez qu'au niveau de la hiérarchie des normes, il
y a là un débalancement en plus, en plus de faire en sorte que, s'il y a un
conflit des droits qui sont énoncés dans la Charte, bien on devra tenir compte
particulièrement, entre autres, du modèle d'intégration nationale.
Et ce qui est aussi particulier, et ça, je
l'avais fait... je l'ai fait remarquer respectueusement à M. le ministre, dans
le modèle, on traite d'éléments importants : nos institutions démocratiques,
la langue française qui est notre langue commune, sauf qu'il y a déjà de ces
éléments-là qui sont déjà inclus à 9.1. Donc, en plus, le modèle répète des
concepts qui sont déjà inclus à 9.1. Donc, là, ça devient... ça devient un peu
particulier, je vous dirais, au niveau de la rédaction législative. Mais la
commission des droits et libertés de la personne n'est pas la seule à avoir mis
le gouvernement en garde contre cette façon
de procéder. Je fais référence, entre autres, au mémoire de la Ligue des droits et libertés, qui demandait
carrément de retirer les articles qui apportaient une modification à la Charte
québécoise des droits et libertés.
Permettez-moi également, Mme la Présidente, de
citer le mémoire déposé par la CSN, qui faisait aussi état de la problématique
que je viens de vous soulever et qui demandait à ce que des articles, en fait,
soient éventuellement retirés. Et la CSN
nous disait s'inquiéter que le présent gouvernement se permette de proposer des
modifications rapides et fréquentes de la Charte des droits et libertés
de la personne, ce qui a pour effet évidemment d'amoindrir l'importance de la
Charte. C'est comme si ça devenait une loi ordinaire, alors que ce n'est pas le
cas : «Il importe de rappeler que l'objectif ultime — et je
les cite — de
celui à qui on attribue en grande partie la paternité de la Charte», donc le
professeur Jacques-Yvan Morin, qui a déjà été ministre et député, notamment
dans le cabinet de M. Lévesque, alors, son
but était de faire en sorte ou de «faire une charte des droits pleinement
constitutionnelle, ce qui signifie qu'elle serait non seulement
normativement supérieure aux autres lois, mais aussi qu'elle ne pourrait être
modifiée que selon une procédure spéciale.»
30 ans plus tard, M. le Président, on en appelle encore à une
protection élargie de la Charte québécoise, avec une procédure de
modification renforcée.
Alors, vous
comprendrez, le projet de loi n° 84 non seulement ne va pas dans le sens
d'une modification renforcée à la
Charte québécoise, mais la Charte québécoise est modifiée comme n'importe
quelle autre loi de l'Assemblée nationale et, en plus, on la modifie à peu près
continuellement, puis, en plus, on demande de tenir compte de ce modèle
d'intégration si jamais il y a un conflit entre les droits qui y sont
énoncés. Donc là il y a un enjeu. Puis, en plus, on va demander aux décideurs, éventuellement, de tenir compte d'une
politique qui n'est pas encore rédigée. Donc, c'est un élément qui suscite
beaucoup de questionnements et une forme d'inquiétude.
Dans le même mémoire, on dit que
«l'article 9.1 est fondamental dans l'application concrète de la Charte».
Et donc, ça, il faut le souligner. «L'article 9.1
est une disposition limitative des droits qui sont énoncés.» Donc, autant
d'enjeux qui sont soulevés, entre
autres par la CSN, et qui demandaient à ce que ces articles-là qui modifient la
Charte québécoise soient retirés, ce qui n'a pas été accepté par le
gouvernement malgré, je vous le dirai, malgré un plaidoyer de ma part où j'ai tenté de convaincre M. le ministre
que son projet de loi, finalement, son intégration irait mieux s'il ne touchait
pas à la charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Donc, ça,
c'est un enjeu important, un enjeu de taille, mais il y en a un autre. Et je fais
référence au chapitre quatre, à
l'élaboration de la Politique nationale sur l'intégration à la nation
québécoise. Et, dans ce chapitre, on parle qu'éventuellement le ministre va élaborer une politique, mais que
cette politique sera élaborée en collaboration avec les ministres concernés
puis soumise à l'approbation du
gouvernement. Et là, il y aura une politique nationale. Et ça, comme façon de
procéder, je trouve ça un peu curieux. En fait, je trouve ça même un peu
paradoxal, parce que l'objectif de la loi, c'est de viser l'intégration et, comme je le mentionnais
précédemment, de permettre le vivre-ensemble, mais là, au niveau de
l'élaboration de la politique, le gouvernement nous
dit : Non, non, non, écoutez, nous, là, on le sait, ce qui est bon, on va
faire ça entre nous, là, la
politique. Bien, pour moi, ce n'est pas une bonne façon. Ce n'est pas une bonne
façon de permettre une véritable intégration.
• (16 h 30) •
Il aurait
fallu y avoir une consultation beaucoup plus large. Je l'ai souligné au gouvernement.
Je l'ai souligné au ministre. Je lui
ai tendu la main. Et d'ailleurs, j'ai même rappelé que ça avait été fait dans
le passé. Et j'ai même cité en commission tout le document de
consultation qui avait été fait à l'époque du gouvernement de M. Couillard
et qui avait été distribué, pour en arriver,
évidemment, à un consensus social intéressant. Moi, M. le Président, j'étais
même prêt, et je l'ai dit au
ministre, j'étais même prêt à lui remettre le document au complet et lui
dire : Écoutez, la recette est faite, allez-y, ne vous gênez pas, il n'y a pas de copyright là-dessus, on vous
invite à le faire, consultez les gens, consultez-le de la façon la plus large possible pour faire en
sorte que, quand ce modèle-là va arriver, bien, les gens vont s'y reconnaître,
parce que rappelez-vous, rappelez-vous, M. le Président, la loi ne vise pas
uniquement les personnes immigrantes qui vont arriver ici, ça vise aussi les
différents groupes culturels qui y sont déjà. Donc, si on veut véritablement
parler de valeurs québécoises importantes, bien, il faut être capable,
évidemment, d'en discuter avec eux, il faut être capable de recueillir leurs
observations pour en arriver avec une politique qui va s'appliquer, bien sûr, à
une foule de personnes, d'organisations, qui
va faire en sorte qu'on va pouvoir rechercher ou obtenir un consensus social.
Et je pense que ça, ça aurait été un pas dans la bonne direction.
C'est un pas qui aurait permis, effectivement...
D'abord, ça aurait été un exercice, je vous dirais, pédagogique important pour
le gouvernement parce que ça aurait permis de mieux faire connaître la loi.
Bien sûr, M. le Président, il y a un adage qui dit : Nul n'est censé
ignorer la loi, évidemment. Et, dans le cadre de nos débats, je regarde souvent
les collègues, on est des passionnés quand on parle ici, au salon rouge, mais,
avec respect, je ne suis pas certain que, présentement,
à 16 h 36, notre cote d'écoute est à 2, 3 millions de gens qui
visionnent nos débats. Dommage, me direz-vous. Dommage, avec tout ce qui
se passe ici, mais, quand même, c'est... il faut être réaliste, M. le
Président. Donc, donc, il y aurait eu un
avantage, M. le Président, à faire connaître cette loi, à faire en sorte qu'on
aurait pu consulter plus largement des gens, des groupes, des associations.
Ça n'aura pas lieu, ça n'aura pas lieu.
Quand je lis l'article, on dit : «Le
ministre élabore, en collaboration avec les ministres concernés, puis soumet à l'approbation du gouvernement une politique
nationale sur l'intégration à la nation québécoise et à la culture commune
conforme au modèle d'intégration et à ses fondements prévus par la [...] loi.»
Eh bien, c'est dommage. C'est dommage. Ça,
c'est un repli, c'est un recul de ce qui a été fait précédemment, par des
précédents gouvernements qui avaient à coeur l'interculturalisme,
disons-le. On ne parle pas ici de multiculturalisme, on parle
d'interculturalisme, soyons clairs. Mais, bon, ça n'a pas eu lieu, ça ne s'est
pas passé comme ça, et c'est dommage. Enfin, il y aura une politique.
Et, vous savez, vous savez, M. le Président,
plusieurs groupes nous ont dit qu'ils souhaitaient une consultation large. Là,
ce n'est pas juste moi, là, le député de l'Acadie, après-midi, qui vous dit ça,
là. Et je pense et je fais référence à différents mémoires, l'Union des
municipalités du Québec, la CSN, le SFPQ... la Ligue des droits et libertés,
tous ont demandé à ce qu'il y ait une
consultation qui soit plus large. Et donc ça n'arrivera pas. Et le gouvernement
de la CAQ, ici, rompt avec une tradition au Québec de tenir des
consultations plus larges, plus générales pour l'élaboration d'une telle
politique. Donc, c'est un élément qui, je pense, je pense, aurait dû être
retenu, mais voilà, ça ne le sera pas. Donc, c'est un enjeu de taille. Et c'est
sûr qu'on est fier d'avoir une culture commune, c'est sûr qu'on veut la
partager, mais évidemment qui dit partage,
il faut être capable d'en discuter puis il faut être capable de consulter les
gens à ce sujet-là, M. le Président. Ça, ça n'arrivera pas.
Quelques éléments également que je voulais vous
soulever en lien avec le projet de loi et que je veux rappeler... Quand le ministre, tout à l'heure, dans son
intervention, parlait que son projet de loi, c'était un contrat, un contrat
social, bien, justement, si c'était un contrat social, bien, il
faudrait, au moins, que la société en soit au courant puis qu'elle soit
consultée. Parce que, permettez-moi de vous rappeler, M. le Président,
Jean-Jacques Rousseau, en termes de contrat social, il était quand même pas mal,
hein, comme philosophe, il savait de quoi il parlait. Mais le philosophe Rousseau nous affirme, dans son ouvrage Du
contrat social, qu'il en va de la souveraineté du peuple. Bien, évidemment,
si le peuple est souverain, je comprends que
nous, on est des élus, mais il n'y a quand même pas de mal à consulter, à consulter
la population, ça permet d'avoir une meilleure adhésion. Rappelez-vous ce que
je disais au départ, quand je vous parlais du vivre-ensemble, évidemment, c'est
beaucoup plus facile à convaincre les gens quand on se reconnaît dans quelque
chose. Quand c'est le gouvernement qui arrive avec une politique puis qui nous
dit : Ah! vous savez, moi, je sais ce qui est bon pour vous, et puis ça va
être comme ça, peut-être que ça va être un peu plus difficile. Donc, moi, je
prends M. le ministre au mot. On parle de contrat social. Bien, allons-y,
consultons, consultons, puis en... il faut en discuter avec la population.
C'est super, superimportant, superimportant. Et ça, je tiens à le... je tiens à
le souligner.
Maintenant, il y a, bien sûr, des éléments
importants dans le projet de loi : l'égalité hommes-femmes, la laïcité, la
langue française. Mais permettez-moi de rappeler, à ce sujet-là, nous parlons
toujours de la laïcité de l'État, l'État est
laïque au Québec. Ça, il ne faut pas l'oublier, c'est... et c'est, évidemment,
très important. Donc, quand on regarde tout ça, il y a eu un travail qui a été fait par le gouvernement. Il y a une
avancée qui a été faite par le gouvernement, mais c'est dommage parce
que ça aurait pu être tellement mieux. On aurait pu, évidemment, ne pas
modifier la charte québécoise des droits et libertés de la personne et faire en
sorte que ce modèle, basé sur l'interculturalisme, évidemment, respecte
l'ensemble des droits. Et là ça va être un peu plus difficile, parce qu'il y a
toute la pondération de l'article 9.1. Puis, en plus, dans le préambule,
il y a un élément qui demande de considérer des droits collectifs, d'une part.
D'autre part, il aurait été facile de consulter
les gens. Ça a déjà été fait. D'ailleurs, les groupes l'ont demandé. Et ce qui
est dommage... M. le Président, à ce stade-ci, je pense, entre autres, à
l'Union des municipalités du Québec, qui nous rappelait comment les villes
jouent un rôle important dans l'intégration, entre autres, des nouveaux
arrivants, qu'ils ont un contact, les élus municipaux,
qu'ils ont un contact souvent direct, rapproché sur une base quotidienne avec les gens de leur communauté, et qu'ils
voulaient, et qu'ils voulaient être consultés, qu'ils souhaitaient une consultation
plus large. Ça n'arrivera pas. C'est la même chose pour la CSN, pour la SFPQ.
Et je pense que le gouvernement, ici, avait
une opportunité, une opportunité de développer une vision sociale, une
possibilité de partager le vivre-ensemble, mais le gouvernement, le
ministre a fait le choix, a fait le choix de ne pas aller là, a fait le choix
de vouloir, éventuellement, développer une politique en vase clos avec d'autres
ministres et de le présenter au Conseil des ministres. Et je pense que ça,
c'est une occasion qui est ratée, d'autant plus que ça a déjà été fait.
Alors, il
faut quand même... il faut quand même le souligner, ça, c'est un manque. Et
donc, quand on regarde, quand on regarde le projet de loi, il aurait été
tellement facile de le rendre plus perfectible, de le rendre meilleur, mais ce
n'est pas le cas.
Alors, pour
toutes ces raisons, M. le Président, nous allons voter contre l'adoption du
projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration à la nation québécoise.
Je vous remercie.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Nous poursuivons le débat sur
l'adoption du projet de loi n° 84, et je reconnais M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Merci,
M. le Président. D'entrée de jeu, le Parti québécois est en faveur. Bien,
pourquoi? Le Québec s'est toujours distingué du Canada par sa langue, sa
culture, ses institutions. C'est dans notre histoire longue, dans la pérennité et l'évolution propre de nos
institutions que nous, Québécois et Québécoises, avons façonné des manières de vivre
et de penser qui nous sont propres, et on peut être fiers de ça.
Mais, à toutes les époques, nos gouvernements
ont eu à redoubler d'ardeur pour contrer les initiatives fédérales en ces matières. C'est toujours le Canada qui a la
main haute en matière d'immigration. C'est toujours le Canada qui est
l'interlocuteur principal à l'international des autres gouvernements. Malgré
les obstacles que le Canada pose, nous avons
eu l'audace et le courage de nous donner des moyens pour que le Québec assume
pleinement son identité : les symboles comme le fleurdelisé, adopté
bien avant l'unifolié, la Charte de la langue française, la doctrine
Gérin-Lajoie, la laïcité, par exemple, le défi de faire connaître, de faire
partager, de faire aimer ces institutions qui sont les nôtres à ceux et celles qui se joignent à nous, des immigrants et
des immigrantes qui n'ont pas nécessairement eu toute l'information au
sujet du Québec et de son identité propre dans leur pays d'origine, d'autant
plus que, lorsqu'ils arrivent au Canada, on ne leur dit pas de quoi le Québec
est fait. Alors, on a un travail à faire. D'ailleurs, je rappellerai que j'ai
proposé au gouvernement de faire des cérémonies d'accueil des nouveaux
arrivants auxquels les parlementaires pourraient participer. Il me semble que c'est une idée intéressante. On pourrait
rappeler des valeurs québécoises et parler de ce qu'est le Québec.
Le projet de loi sur l'intégration à la nation québécoise
donne certains moyens de le faire, ce que nous saluons, un projet de loi dont
l'essentiel tient en une phrase : Le Québec a un modèle d'intégration
distinct, voire opposé au multiculturalisme canadien. Il est important de dire
que le fait même d'un tel projet de loi a été proposé... ils doivent être adoptés... en lui est un symptôme du fait que
le Québec n'est pas encore un pays indépendant. C'est l'ambiguïté du Québec
actuel, le fait qu'il est une province dans un pays aux institutions parfois aux
valeurs différentes, qui explique que nous devons faire le double des
efforts pour que les immigrants et les immigrantes apprennent qui nous sommes,
et s'intègrent pleinement à notre société, et participent pleinement à notre
culture, et que ce soit une arrivée réussie.
Le Québec en tant que nation souveraine irait de
soi, les gens qui nous rejoindraient ne viendraient pas dans un pays
essentiellement anglophone, multiculturaliste, et, comme on peut le voir
aujourd'hui, même profondément monarchique, même. Dans un Québec souverain, les
nouveaux arrivants sauraient, au même titre que ceux et celles qui rejoignent
la France, que le Québec est une nation française, laïque et républicaine.
Le projet de loi implique que le ministre
définisse un modèle d'intégration nationale pour le Québec. On n'a pas attendu ce projet de loi pour réfléchir à ces
questions. Quoi que le ministre en dise, ce n'est pas si historique que ça. Le
Parti québécois y avait pensé bien avant, mais le ministre n'avait pas été
informé, manifestement. Déjà, sur le premier gouvernement de René
Lévesque, en 1978, Camille Laurin a rédigé un livre blanc qui a servi de base à
la première politique de développement
culturel lors du deuxième mandat du Parti québécois, de 1981 à 1985, et tous
les gouvernements depuis, autant
péquistes que libéraux, ont fait cet exercice de réflexion et de définition.
Comme par le passé, le vrai travail de fond se fera au moment de définir
cette politique. Nous surveillerons attentivement les travaux du ministre pour
définir un modèle d'intégration.
Il est aussi important de souligner que ce
projet de loi, même s'il utilise l'expression «intégration nationale», retient beaucoup de leçons du passé et ne fait pas
table rase des notions essentielles de l'interculturalisme. Le projet de loi a été amendé de sorte aussi à préciser que l'État
a également des devoirs en fait de francisation et d'intégration. La relation qui
s'établit entre les Québécois et les nouveaux arrivants n'est pas à sens
unique, contrairement à ce que certains intervenants ont pu redouter à la
première lecture. Pour nous, ce projet de loi, sans être nécessaire, vient
préciser des responsabilités de l'État. Il vient essentiellement inscrire, dans
la loi, ses obligations réciproques et la nécessité de définir et de renouveler
nos politiques d'intégration. Nous voterons donc en faveur de ce projet de loi,
M. le Président. Merci de votre attention.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Matane-Matapédia. M. le leader adjoint de gouvernement.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, nous allons poursuivre
nos travaux. Alors, nous sommes toujours dans le débat sur l'adoption du
projet de loi n° 84, et je reconnais M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, on était... j'étais sur le point
d'arriver. Alors, nous sommes effectivement
à l'adoption du projet de loi n° 84, Loi sur l'intégration à la nation québécoise.
J'attends simplement un petit lutrin
pour débuter, M. le Président. On va voir ce qu'il est possible de faire, comme
l'intervention a débuté.
Alors, il est important, pour le Québec, de se
doter d'une politique d'intégration nationale, M. le Président. Tout le monde
gagne à ce que les nouveaux arrivants apprennent et contribuent à notre langue
et notre culture, qu'ils participent activement à notre société, c'est très
important. Le p.l. a quand même soulevé beaucoup de questions et d'opposition
depuis son début, mais on doit reconnaître que le ministre a fait preuve
d'ouverture et a accepté plusieurs de nos propositions de modifications dans le
projet de loi. J'y reviendrai dans quelques instants.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, M. le
Président, parlons des récentes déclarations du premier ministre sur la
question de l'intégration. En entrevue à Stéphan Bureau, le premier ministre a
déclaré les choses suivantes : «Le Québec est un endroit tranquille, un
endroit sécuritaire. Là, on est en train d'importer ces conflits-là.» Il a
aussi dit : «On a, depuis longtemps, dépassé notre capacité d'intégration.
Moi, ça m'inquiète.» C'est ce qu'il a dit.
Ce qui m'inquiète, moi, M. le Président, c'est
la place des nouveaux arrivants dans le discours du premier ministre. Ce discours prétend que l'intégration ne
fonctionne pas, qu'elle est impossible. Le ministre de la Langue
française, quand il rédigera sa politique d'intégration nationale, j'ai peur
qu'il se rappelle de ces déclarations, parce que d'avoir la capacité d'intégrer
les personnes qui choisissent le Québec comme un chez-soi, c'est entre nos
mains, c'est à nous de veiller à ce que ça
fonctionne. Il faut y mettre les ressources. Il faut qu'on accueille. Il faut
qu'on ait les ressources en accompagnement, en francisation. Et, selon
le premier ministre, notre capacité d'intégration est un frein à, je le cite,
«notre capacité à avoir du fun comme peuple». C'est ce qu'il a dit au micro de
M. Bureau.
Nous, on a travaillé le projet de loi de bonne
foi, M. le Président, pour le bien des Québécois et Québécoises de toutes les origines, peu importe depuis combien
de temps ils et elles sont au Québec. On n'acceptera pas que le travail
qui s'est fait soit utilisé pour une rhétorique autre que celle-ci. Le Québec
doit se doter d'une politique d'intégration nationale qui fera vibrer notre
langue, notre culture et qui respectera et qui accueillera les enrichissements
que les nouveaux arrivants y apportent. C'est comme ça qu'on va y arriver.
C'est comme ça que ça doit fonctionner.
Le premier ministre dit qu'au Québec on importe
des conflits d'ailleurs. Voyons donc, M. le Président. Je lui réponds qu'il a
tort. Les Québécois et les Québécoises que je rencontre sont positifs, ouverts,
prêts à accueillir ceux qui veulent faire
partie de notre communauté et souhaitent enrichir le Québec à bras ouverts. Les
Québécois, Québécoises, les nouveaux arrivants, on est capables de faire
une intégration positive, il n'en tient qu'à nous, c'est le message que j'envoie au premier ministre. L'intégration peut
et doit constituer une richesse positive pour l'histoire et l'avenir du Québec.
Sur le projet de loi, plusieurs groupes sont
venus en commission et ont critiqué le projet de loi, nous ont mis en garde. Les termes utilisés à l'origine
s'apparentaient au vocabulaire assimilationniste, M. le Président, comme on le
voit, par exemple, aux États-Unis. C'est Gérard Bouchard, ce n'est pas
moi qui le dis, qui a dit qu'on était plus proche d'un nationalisme identitaire dans la première version du projet de loi que
de l'interculturalisme. D'autres, comme la Ligue des droits et libertés, le professeur David
Carpentier, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, le
Commissaire à la langue française,
les municipalités, les villes, sont tous et toutes venus mettre en garde le
ministre. Le projet de loi, et c'est important, doit se distinguer du
multiculturalisme canadien, mais, dans sa première version, allait trop loin et
s'éloignait de notre modèle québécois de l'interculturalisme québécois.
Pouvoir et importance du choix de mots, par
exemple le mot «creuset», ce qui réfère au melting-pot américain, ont, par ailleurs, été dénoncés par
M. Bouchard. Il en est suivi une lettre ouverte signée par plus de
130 groupes et experts qui mettaient en garde la population et le
gouvernement, je cite : «D'abord le projet de loi n° 84 s'écarte du
modèle de l'interculturalisme et opère un glissement dangereux — ce sont
leurs mots — vers
un modèle d'intégration de type assimilationniste. Ce projet de loi cherche à
imposer une culture commune et les soi-disant valeurs québécoises aux personnes
issues de l'immigration et aux membres des groupes ethniques et racisés. Il
s'écarte de manière radicale des principes de réciprocité, de dialogue et de
respect du pluralisme qui sont au fondement du véritable l'interculturalisme. Le projet de loi n° 84 s'inscrit dans le
prolongement des discours stigmatisant les personnes immigrantes comme étant à
l'origine de divers problèmes sociaux.» Ce sont leurs mots.
• (16 h 50) •
Alors, ça, c'était le début, M. le Président,
mais on a eu droit à plusieurs améliorations du projet de loi, fort
heureusement, j'en remercie, par ailleurs, le ministre. Il était important de
rétablir l'équilibre de la responsabilité de l'intégration, qui ne donnait pas
suffisamment de place à l'État et à sa responsabilisation dans la relation tripartite
entre le nouvel arrivant, l'État et la
population québécoise. Nous avons tous et chacun, et ça comprend l'État, une
responsabilité afin de réussir l'intégration nationale de nos nouveaux
arrivants.
Le portrait... Le projet de loi dresse des
portraits de fondements de l'intégration nationale, en d'autres mots, les fondements et les valeurs qui constituent la
nation québécoise. Dès le préambule, nous avons proposé un amendement nommant clairement la lutte au racisme et à la
discrimination comme un des fondements de la nation québécoise. Je suis particulièrement
fier. Grâce à cet amendement — nous avons réussi — le
ministre a accepté d'envoyer un message clair à l'ensemble des personnes qui se destinent
au Québec : notre intégration sera positive et ouverte. Je remercie le
ministre d'avoir adopté cet amendement.
À l'article 5, nous nous sommes fait le
relais de préoccupations du Commissaire à la langue française et nous avons
insisté pour que l'inclusion de la Charte de la langue française se retrouve directement
dans les documents nommés dans les fondements de la loi parce que le français
est au coeur de l'intégration au Québec.
À
l'article 6, qui énonce les devoirs de l'État, nous sommes revenus avec
l'importance de la lutte au racisme et à la discrimination comme devoirs et
responsabilités de l'État également. L'État du Québec, par le biais de la
politique d'intégration, devra prendre des mesures en vue d'accroître
l'efficacité de la lutte contre le racisme et à la discrimination.
À l'article 7, il est attendu de tous les
Québécois, y compris de ceux qui sont des personnes immigrantes, qu'ils
favorisent les rapprochements entre les personnes s'identifiant à la majorité
francophone et à celles s'identifiant à des minorités
culturelles afin de contribuer à l'établissement de relations interculturelles
harmonieuses — c'est
l'ajout, M. le Président — de
même que la vitalité et la pérennité de la langue commune et de la langue... de
la culture commune et de la langue
française. Les relations interculturelles harmonieuses sont, donc, de la
responsabilité de tous et chacun désormais dans le projet de loi,
incluant celle de l'État.
À l'article 9 sur ce que devra contenir
l'éventuelle politique d'intégration nationale, nous avons également eu un amendement adopté pour assurer la pérennité, la
vitalité et le partage de la langue française, ainsi que la culture commune
sous toutes ses forces, d'importants ajouts,
M. le Président. 22.1, l'engagement de l'État, nous avons, à plusieurs reprises,
reflété au ministre que le succès de
l'intégration ne doit pas reposer seulement sur les nouveaux arrivants ou sur
la société québécoise. Nous avons,
donc, accueilli favorablement l'amendement du ministre, qui corrigeait cet
aspect de l'engagement de l'État à l'engagement envers la vie collective
de tous et chacun.
Donc, dans un
projet de loi qui ne comptait, à sa base, que 28 articles, nous avons fait
adopter cinq amendements substantiels, M. le Président, qui auront un
impact réel sur l'application de la loi et la politique qui en découlera. Ce
n'est pas tous les jours qu'on réussit, comme opposition, à influencer autant
un tel projet de loi. Je remercie les groupes, les experts qui nous ont alimentés, mais aussi le ministre, qui a fait
preuve d'ouverture et d'écoute sur ces enjeux importants.
Maintenant, le volet des inquiétudes. Une grande
inquiétude que je partage, je dirais même une boîte de... je dirais même une boîte de Pandore, M. le Président,
a été celle qui a été ouverte lorsque nous sommes arrivés à l'article 10, qui concerne le milieu communautaire. Tous les
organismes recevant un financement public à la base allaient être soumis
à la politique d'intégration nationale et au fondement. Plusieurs questions ont
été soulevées. Qu'en est-il des médias, des
universités, des organismes communautaires, des entreprises privées, même, qui
font l'objet de subventions gouvernementales? On ne peut pas tolérer qu'on
empiète comme ça sur l'autonomie de certains organismes. Vous connaissez, comme moi, le principe de l'autonomie
du milieu communautaire, c'est fondamental dans notre réseau d'organismes
communautaires. La question a été prise en délibéré par le ministre lorsque
soulevée, qui nous est revenu, par la suite,
avec un amendement. L'amendement est venu préserver l'autonomie des organismes
à la mission, du moins partiellement dans leur mission. N'en demeure pas
moins que, pour l'application de projets particuliers, l'appel à projets, la
politique s'appliquera. Mais, quand on parle du PSOC, ledit financement à la
mission, celui-ci sera libre d'application ou non de ladite politique
d'intégration nationale. Il y a là, quand même, une amélioration substantielle
et importante, bien qu'un demeure... un problème demeure sur le financement par
projet. Je remercie quand même le chemin et la main tendue du ministre, bien
qu'insuffisante sur cet élément-là.
La solution aurait été facile à
l'article 16, le financement par projet aurait pu, lui aussi, être
protégé, ce qui fait en sorte qu'actuellement il n'est pas possible de dire que
l'ensemble du respect du principe de l'autonomie du milieu communautaire a été
protégé dans la version telle quelle. Certes, il y a là des gains par rapport à
la première version, mais on arrive court et on reste sur notre faim quant à la
protection dudit principe, et cette protection et cet élément va demeurer fatal
dans mon choix final, M. le Président.
Évidemment, les organismes devront aller
défendre leur autonomie face aux fonctionnaires, face à la machine étatique, et je les invite, donc, à la vigilance
dans l'application de ces projets pour qu'ils soient tous et toutes en mesure
de juger s'il y a ou s'il n'y a pas violation de leur droit fondamental
à l'autonomie communautaire.
Sur la question de la charte, modifications à la
charte, M. le Président, je cite la déclaration commune de M. Bouchard et compagnie, parce qu'il y a,
dans la modification législative aussi, une modification importante de la
Charte des droits et libertés de la personne, M. le Président. Je
cite : «Le projet de loi n° 84 propose d'apporter d'importantes
modifications à la charte québécoise des droits et libertés de la personne, qui
aurait pour effet de limiter la portée des droits
garantis.» Ce n'est pas rien, quand même, M. le Président, que M. Bouchard
vienne nous dire que les modifications limitent les droits garantis à la
charte, c'est quand même très inquiétant. Je continue ma citation : «Selon
les termes de ce texte législatif, l'exercice des droits humains devrait se
faire dans le respect du modèle québécois d'intégration nationale, qui y est défini de façon très générale et dont les modalités
restent à préciser par une politique qui sera adoptée ultérieurement par
le gouvernement», M. le Président. Alors, évidemment... «Il nous apparaît
hautement problématique que la portée d'une
loi quasi constitutionnelle — comme la charte — puisse être
restreinte de manière susceptible d'être modifiée au gré des humeurs politiques du moment, sans consultations
auprès de la société civile ni débat à l'Assemblée nationale.» On parle quand même de notre charte
fondamentale. «Entre autres choses, la possibilité pour le gouvernement
de statuer sur les valeurs québécoises — qui, elles, auront un impact
directement sur la charte —
comporte des risques importants d'atteintes au droit, à l'égalité et à la
liberté de conscience.»
La CDPDJ, qui est la gardienne de ladite charte,
la commission des droits de la personne et de la jeunesse est venue nous mettre en garde de manière très importante
dans l'étude du projet de loi. Elle nous dit qu'on procède, ici... «le
gouvernement procède à un renversement de la hiérarchie des normes juridiques»,
ni plus ni moins. On inverse la supériorité juridique de la charte pour
substituer en hauteur, dans la hiérarchie, la nouvelle loi sur l'intégration
nationale, alors qu'on devrait certainement faire le
contraire. Notre charte des droits et libertés, elle devrait être celle qui
demeure la supralégislative et qui, elle, protège les citoyens, citoyennes dans
leurs droits face à l'action gouvernementale. La charte est celle qui doit être
au-dessus de nos textes législatifs et non pas le contraire.
Et, à chaque fois qu'on vient dire un «sauf si»
et «sauf cela» ou «sous réserve de l'application d'une autre loi dans notre charte québécoise», bien, à chaque
fois, on affaiblit, on ne renforce pas, M. le Président, chaque fois, on
affaiblit notre charte. Un jour, un
jour, M. le Président, on l'aura, notre charte des droits et libertés qui aura
force constitutionnelle, qui ne pourra pas être modifiée par simple
modification législative, qui prendra soit le deux tiers, soit l'unanimité, c'est ce qu'il arrive quand on doit modifier les
textes constitutionnels, pour que, vraiment, sa force inhérente et probante
demeure, et qu'on ne puisse pas amender la charte par multiples dispositions
législatives, comme on est en train de vivre
actuellement, ce qui l'affaiblit grandement. Alors, c'est ici, là aussi, M. le
Président, pour moi, un problème fatal que de venir modifier la charte
québécoise de cette façon.
Donc, évidemment, M. le Président, on réitère
notre appui à l'existence d'une politique d'intégration nationale et à une loi
d'intégration nationale sur le principe. D'ailleurs, nous avions voté en faveur
sur le principe, il n'y a là pas d'enjeu. On
aurait, par contre, aimé que le ministre consulte aussi, à l'avenir, sur ce que
va contenir la politique d'intégration nationale, politique qui devra
être rédigée, mais pour laquelle il n'y aura pas de consultation. On aurait
aimé, par exemple, que l'exercice de
planification pluriannuelle de l'immigration, qui existe déjà, serve, de la
même façon, comme tremplin à ce qu'il y ait un dialogue et une
consultation avec la société civile sur les questions d'intégration nationale.
Malheureusement, le ministre a fermé la porte à cette proposition-là.
Évidemment, nous encourageons tous les groupes, toute la société civile à faire
connaître leurs opinions au ministre, parce que cette politique d'intégration
nationale sera certainement importante.
Alors,
plusieurs avancées, M. le Président. Je remercie, véritablement, le ministre et
son équipe pour des ouvertures. Mais,
malheureusement, compte tenu de l'attaque et de l'affaiblissement de
l'autonomie communautaire et des modifications injustifiées à la Charte des droits et libertés de la personne, nous
allons nous prononcer contre le projet de loi, M. le Président, en vous
remerciant.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et leader du deuxième groupe d'opposition. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 84, Loi sur
l'intégration à la nation québécoise, est-il adopté?
Une voix : ...
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote électronique a
été demandé, et cette demande a été agréée illico presto, donc ce sera
reporté à demain. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : ...également d'ajourner nos travaux à demain,
9 h 40, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, par conséquent,
nous ajournons nos travaux au mercredi 28 mai 2025, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 01)