43e législature | 2e session

Transcription

Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française

Version finale

Le mardi 5 décembre 2023, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente minutes)

M. St-Pierre Plamondon :Alors, bonjour à tous. Bonne dernière semaine de session. Alors, je veux prendre un moment pour dénoncer de manière très claire le choix de la haute direction CBC et Radio-Canada de couper de manière égale le service anglophone et francophone. Donc on parle d'une coupure de 250 emplois de part et d'autre. C'est une décision qui est injuste, incompréhensible, dans un contexte où le français est en déclin au Québec et, évidemment, dans les autres provinces canadiennes.

Notre information régionale est en crise, au Québec, et là, quand on regarde qu'est-ce qui motive potentiellement ces coupures-là, c'est essentiellement le service de la CBC qui retient de moins en moins d'auditeurs, donc génère de moins en moins de revenus publicitaires. Et qui paierait la note? Le Québec, alors que, juste pour vous donner des chiffres, là, ici, Radio-Canada télé a à peu près 25 % de l'audience, côté francophone, pendant que ce sont seulement 6 %, à la CBC, et les chaînes spécialisées, même chose. C'est trois fois plus élevé à Radio-Canada qu'à la CBC. Donc, on a une CBC qui ne perce pas, notamment en raison d'un contenu fortement campé, sur le plan idéologique, alors que, clairement, le travail de la Radio-Canada est apprécié, et ce serait à Radio-Canada, au Québec de payer pour les déboires de la CBC.

Juste pour vous donner une idée des revenus publicitaires, la baisse des revenus publicitaires, elle est quatre fois plus marquée à la CBC qu'à Radio-Canada. Donc, ce n'est pas juste, ce n'est pas équitable. Est-ce que c'est lié au débat, à savoir est-ce que les sommes obtenues par Google devraient être octroyées à Radio-Canada? Est-ce qu'il y a un lien ou pas? Nous, on pense que, non seulement Radio-Canada ne devrait pas toucher les sommes découlant de Google, mais devrait réduire sa part de publicité. C'est un service public. Aux dernières nouvelles, le gouvernement Trudeau ne s'enfarge pas dans les déficits. Et là, pour le service francophone, on ferait payer Radio-Canada pour les déboires de la CBC. Ce n'est pas défendable. Donc, ça ressemble à une mise en scène politique, dans la mesure où la ministre et la P.D.G. de Radio-Canada semblent encore négocier publiquement en se disant : Ce n'est peut-être pas final, ce n'est peut-être pas ça. Incompréhensible et injuste, c'est ce que c'est.

Journaliste : Vous parlez des contenus...

M. St-Pierre Plamondon :Ah! un petit ajout, ici. Je m'excuse.

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Alors, en matière de langue, le gouvernement devait nous déposer cet automne son plan d'action pour l'avenir de la langue française. Donc, on l'attendait de la part de Jean-François Roberge. On pensait qu'il allait nous déposer le plan sur l'avenir de la langue, on a été surpris, c'est un roman de pirates à la place qu'on a eu. En tout respect, ça peut faire partie de ses priorités, puis je le lirai, mais j'aimerais aussi lire le plan sur l'avenir de la langue française.

Alors, c'est attendu. Il reste peu de jours avant la fin de la session parlementaire. Qu'est-ce qui arrive? Ils ne s'entendent pas sur les conclusions? Si c'est si important, si c'est si urgent pour la langue, pourquoi on n'a toujours pas eu le plan sur l'avenir de la langue française? Alors, on l'attend puis on est prêts à le lire dès qu'il sera là. Merci.

Journaliste : Vous avez dit que les contenus de la CBC étaient clairement campés idéologiquement. Qu'est-ce que vous voulez dire exactement et quel lien vous faites avec la situation actuelle?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, on a vu entre la SRC puis la CBC certains débats sur, par exemple, l'obligation d'aller manifester, des instructions sur les mots qu'on ne peut plus utiliser ou des directives... pas une obligation, mais c'était une directive d'aller manifester, alors que le journaliste est absolument libre et doit demeurer libre et objectif. Je fais juste constater qu'il y a une désaffection, du côté de la CBC, qu'on ne constate pas du côté radio-canadien, de la SRC, dans quel cas on ne peut pas arriver à la conclusion qu'on va couper un nombre égal d'employés, alors que ce ne sont pas les mêmes budgets et ce ne sont pas le même nombre d'employés.

La CAQ a aussi une responsabilité dans tout ça, hein? J'ai retrouvé un article, justement, de la SRC, daté de 2019, qui s'intitule Vers un Télé-Québec de la presse écrite?, c'est indiqué : «Alors que la crise des médias se poursuit — donc ça ne fait pas... ce n'est pas d'hier que la crise des médias existe — la ministre de la Culture et des Communications suggère une piste de réflexion : utiliser la plateforme numérique de Télé-Québec pour diffuser de l'information. "Je souhaite que nous nous servions de Télé-Québec pour l'ouvrir sur l'information."»

C'est une proposition que j'ai faite à la course à la direction du Parti québécois. On est revenus là-dessus lors de la campagne électorale. Nous devrions garantir à chaque région du Québec un service de haute qualité à Télé-Québec, donc dépourvu de biais ou de ligne éditoriale venant de la CBC, et c'est toujours notre position. Et évidemment qu'un Québec indépendant récupérera sa part du financement de la SRC, et ça permettra ce financement-là et de garantir à toutes les régions une information qui soit le plus... la plus objective et la plus fiable possible.

Journaliste : À Ottawa, est-ce qu'il serait temps de mener une grande réflexion sur ce que doit être et faire ici CBC/Radio-Canada? Parce que, là, à l'autre extrême, vous avez M. Poilievre qui veut carrément couper le financement de CBC.

M. St-Pierre Plamondon :Oui, en fait, les prochaines élections fédérales vont forcer cette réflexion-là parce qu'autant il y a des réformes...

Journaliste : Mais il ne faut pas l'avoir avant les prochaines élections? Vous pensez que c'est juste un enjeu électoral?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, ça va le devenir. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a une échéance qu'on ne peut pas contourner. Je suis de ceux qui croient à l'importance cruciale de l'information publique, qui donne des gages d'objectivité. J'ai soulevé, par le passé, certains enjeux de biais idéologiques, surtout à la CBC, dans une moindre mesure à la SRC, mais je demeure d'avis, contrairement à M. Poilievre, qu'on doit avoir des sources d'information publiques, objectives, avec des garanties de fiabilité, et on doit le financer, quant à moi, à travers un Télé-Québec qui offrira toutes ces garanties-là.

Journaliste : Vous êtes donc pas mal à la même page que Mathieu Lacombe quand il dit qu'il ne faudrait pas que CBC/Radio-Canada touche une partie des 100 millions de dollars de Google et...

M. St-Pierre Plamondon :Oui, je pense qu'il a raison, je pense que sa position est juste. Maintenant, comme dans tous les autres dossiers, est-ce que la CAQ sera entendue à Ottawa? Poser la question, c'est y répondre. Mais il y a quelque chose de vraiment choquant à voir que la solution à un problème de la CBC, c'est de pénaliser la SRC alors que le français est fragile puis que l'information régionale au Québec est fragile. Puis regardez bien, parce qu'on n'a toujours pas eu les données, où seront les coupures. Parce que vous savez qu'il y a un service francophone qui est obligatoire dans les autres provinces canadiennes, qui roule déjà avec le strict minimum. Donc, on se doute bien que les coupures auront lieu au Québec, alors que les cotes d'écoute et le rôle essentiel, par exemple en région, est indéniable.

Journaliste : Mais je veux juste m'assurer de bien comprendre votre proposition. Vous proposiez... proposez de rapatrier une partie du financement de la CBC pour l'allouer, au Québec, à Télé-Québec et faire de l'information en région?

M. St-Pierre Plamondon :Donc, dans la dernière campagne, et c'est toujours notre proposition, on double le financement de Télé-Québec et on donne à Télé-Québec le mandat de donner une information régionale stable et fiable, la plus objective possible.

Journaliste : Mais ce que fait déjà Radio-Canada en région.

M. St-Pierre Plamondon : Évidemment, et un Québec indépendant ensuite rapatriera tous ces services-là en un seul service très, très bien financé, très, très stable, très, très fiable.

Journaliste : O.K., donc... plus de station régionale... excusez-moi, je veux juste comprendre, il n'y aurait plus de station régionale de Radio-Canada, donc ce ne serait que des stations de Télé-Québec.

M. St-Pierre Plamondon : Dans un Québec indépendant, il n'y aura pas de station régionale de Radio-Canada, mais, physiquement, la station puis le personnel fera partie d'une nouvelle entité, et nous, on s'est engagé à le faire à travers un Télé-Québec qui voit son financement doubler avec une mission de donner un écosystème d'information régional le plus fiable possible. Et, quand on coupe à parts égales entre le Canada anglais puis le Québec, c'est l'information régionale à laquelle on s'attaque.

Journaliste : Comment vous expliquez la perte de vision là-dessus, là? Juste une précision là-dessus, là, vous venez de dire : Il n'y aura pas de station régionale de Radio-Canada. Donc, le gouvernement canadien n'aurait pas le droit de faire de l'information au Québec, s'il est indépendant, c'est ça que vous venez de dire.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, de toute évidence, c'est ça, Radio-Canada peut faire ce qu'ils veulent, mais je doute que le gouvernement du Canada, une fois que le Québec est un pays, continue à placer 168 millions de dollars par année en financement de la SRC, là.

Journaliste : ...des correspondants partout dans le monde, là.

M. St-Pierre Plamondon : Oui, mais pas à hauteur de 168 milliards, avec une station dans chaque ville de chaque région, là. La mission de Radio-Canada, dans un Québec indépendant, évidemment, elle va changer. Puis elle va laisser la place à un Télé-Québec qui offrira des garanties de qualité de service et un rehaussement du niveau d'information que je juge essentiel. Ça va aller aussi avec la baisse des publicités qu'on prône, pour moi, un service public devrait être beaucoup moins axé sur la publicité parce que c'est un service étatique payé déjà par les citoyens.

Journaliste : ...le sondage Angus Reid, hier, M. St-Pierre-Plamondon, comment vous expliquez la dégringolade de l'opinion publique vis-à-vis François Legault?

M. St-Pierre Plamondon : Je pense que... c'est un sondage qui parle de François Legault, du premier ministre du Québec, et donc, je vais m'abstenir. Je vais lui laisser, à lui, s'il le désire, le soin de commenter, mais déjà qu'on est en général, on peut dire, prudents avec les sondages, là, là, c'est un sondage qui porte sur François Legault, je lui laisse le soin de commenter, s'il le désire.

Journaliste :  ...présenté son comité des sages, aujourd'hui, là, il n'y a personne des communautés qui sont à l'intérieur du comité. Puis est-ce que vous craignez que ce soit tabletté, là, que c'est juste un exercice de relations publiques?

M. St-Pierre Plamondon : Puis c'est ce que je vous avais dit il n'y a pas si longtemps. On demandait une commission parlementaire, de sorte qu'une pluralité de voix puisse être entendue, de sorte aussi que la population puisse suivre, pour ceux qui ont de l'intérêt pour le sujet. C'est sûr que, si on limite à trois individus, puis honnêtement ce sont trois individus aguerris avec un C.V. qui est parfaitement adéquat, mais ça demeure trois personnes qui vont travailler suivant je ne sais pas quels critères, avec un degré de transparence qui est moindre, et évidemment que ça offre moins de place à une diversité des voix au niveau de ce qui va être publié. Donc, est-ce que c'est pour pelleter par en avant ce sujet-là? Nous, on prônait une commission parlementaire, on pense encore que c'était la meilleure solution.

Journaliste : Est-ce que vous pensez qu'il aurait dû y avoir des personnes trans ou des personnes non-binaires sur ce comité-là?

M. St-Pierre Plamondon : Je n'aurais... on n'aurait jamais fait un comité de trois personnes, on aurait fait une commission parlementaire, dans quel cas ces voix-là auraient été évidemment entendues. C'est pour ça que ça prenait une commission parlementaire.

Journaliste : Sur le biais que vous avez évoqué par rapport aux directives de CBC, est-ce qu'en d'autres mots, CBC est trop « woke » et ils en paient le prix?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, je vous laisse... je laisse aux chroniqueurs... je laisse aux chroniqueurs le soin d'analyser ça. Ce que je dis, c'est qu'il y a bel et bien une désaffection de la CBC, avec très peu de remise en question de leur côté, ce n'est pas à la SRC, qui a de bons résultats et qui joue un rôle essentiel dans toutes les régions du Québec, ce n'est pas à la SRC d'en payer le prix. C'est injuste.

Journaliste : Juste une précision, je comprends que ce n'est pas votre position, là, le comité des sages, mais là il est en place. Est-ce qu'aujourd'hui vous demandez à ce qu'on ajoute des voix sur ce comité-là, entre autres une voix d'une personnalité des minorités sexuelles?

M. St-Pierre Plamondon : Le gouvernement a pris un chemin avec lequel on est en désaccord, confier à trois personnes dans le cadre d'un comité de sages. On est en désaccord avec cette façon de faire. C'est aux élus de prendre la responsabilité d'entendre tout le monde. Les élus n'ont pas à prendre leurs responsabilités puis à la... à lancer la rondelle à des personnes qui n'ont pas cette reddition de comptes. C'est à nous de prendre nos responsabilités et d'entendre tout le monde. On continue à prôner que ça doit être une commission...

Journaliste : ...à cette responsabilité-là, à votre avis, là?

M. St-Pierre Plamondon : Oui, on prend un enjeu qui mérite d'être bien examiné puis on envoie ça à des non-élus, qui vont travailler dans des paramètres qu'on ne connaît pas, puis ce n'est pas du tout ce qu'on prône. Depuis le début, on dit que c'est la responsabilité des élus, puis que les commissions parlementaires, c'est fait pour entendre la population et réfléchir, bien faire le travail.

Journaliste : Donc, si je comprends bien, là, vous avez l'impression que la composition de ce comité-là, à première vue, est déconnectée de la réalité?

M. St-Pierre Plamondon :Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit que c'est la... ce n'est pas la manière de fonctionner si on veut que toutes les voix soient entendues et qu'on ait un travail rigoureux et complet. Ça n'enlève rien à ces trois personnes-là. En termes de compétences, ce sont trois personnes compétentes, mais la manière de procéder, à mon avis, ne convient pas, puis c'est ce que je vous dis depuis le début.

Journaliste : Mais qu'est-ce que vous craignez précisément? Vous pensez que les conclusions sont écrites à l'avance? Vous dites qu'il n'y a pas assez de voix qui vont être entendues, donc... puis que ce n'est pas assez transparent.

M. St-Pierre Plamondon :C'est une façon de procéder qui ne convient pas. Je l'ai dit depuis le début. Ça donnera le résultat que ça donnera. Ça n'enlève rien à ces trois personnes-là, mais, de mon point de vue, sur des questions comme celle-là, il faut entendre tout le monde puis il faut le faire de manière transparente.

Journaliste : Bien, Mme Lavallée, c'est une ancienne candidate du Parti québécois, quand même. Vous ne lui faites pas confiance pour présider ce comité-là.

M. St-Pierre Plamondon :Non, au contraire. Je vous dis que ce sont trois personnes compétentes. C'est la façon de faire qui est erronée, puis on vous l'a dit il y a plusieurs mois maintenant.

Journaliste : Mme LeBel a fait une nouvelle proposition hier. Est-ce que vous croyez que le gouvernement a vu de la lumière?

M. Bérubé : Écoutez, on va juger les résultats... Je veux dire, à chaque fois qu'il y a une offre ou une contre-offre, on n'est pas là, alors on ne peut pas spéculer. Ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait de la bonne foi, puis qu'on trouve une entente satisfaisante pour les enseignants, les enseignantes, les employés du secteur public. Il faut savoir que le gouvernement a tardé avant de s'intéresser aux négociations, donc je ne sais pas s'il a chanté tout l'été. Mais les syndicats s'organisaient, eux, avec leurs demandes légitimes, et la population les a suivis parce qu'ils s'étaient bien organisés, parce qu'ils ont démontré en quoi ça serait utile au quotidien. La prochaine fois qu'on va commenter, ça va être sur les résultats. Entre les deux, on ne veut pas contribuer à augmenter la pression sur la place publique. C'est important que les gens s'assoient ensemble puis trouvent une situation.

Ceci étant dit, il arrive qu'il y a des choses malheureuses qui sont dites. Je pense qu'on peut tous convenir que ce que le premier ministre a dit vendredi dernier, c'était malheureux. C'était comme la dernière cartouche du premier ministre de dire qu'il ne devrait plus y avoir de grève. Personne ne l'a écouté. Je veux dire, si l'autorité de ton gouvernement te demande quelque chose de façon formelle, puis les syndicats ne suivent pas, qu'est-ce qui reste après?

Alors, je pense que ce qui reste au gouvernement, c'est de régler de façon satisfaisante pour qu'on puisse avancer puis passer à d'autres choses. Et les malheurs du gouvernement ne sont pas juste liés à ça. C'est la priorité des dossiers, la façon d'aborder les dossiers puis la sensibilité. C'est trois enjeux très importants qui devraient préoccuper un gouvernement qui est en phase avec les Québécois.

Journaliste : C'est la dernière semaine où ça siège... La semaine dernière, après l'intervention de Christine Labrie, «exploiter les femmes» a été ajouté à la liste des propos non parlementaires. Est-ce que c'est de la censure, selon vous?

M. St-Pierre Plamondon :On l'a examiné de près parce que sur le coup l'annonce soulevait la question. Par exemple, on a fait une motion il n'y a pas si longtemps sur le fait que le Grand Prix, c'est de l'exploitation sexuelle au détriment des femmes. Donc, de pouvoir nommer l'exploitation des femmes est essentiel au salon bleu. Ce qu'on comprend toutefois de la décision... Ce qui est interdit, ce n'est pas de parler de l'exploitation des femmes, mais bien de sous-entendre que l'État québécois, le gouvernement, ses politiques sont de l'exploitation des femmes. Donc, c'est un contexte plus restreint.

En d'autres mots, la présidence considère, je pense, que c'est juste, qu'on ne peut pas présumer de l'intention du gouvernement, donner l'intention pour chaque loi, là, qualifier d'exploitation... Donc, c'est à voir comment ça va être appliqué, mais nous, on pense que la décision permet... puis on pense que c'est nécessaire, là, permet de nommer l'exploitation des femmes dans des contextes qui seront appropriés.

Journaliste : M. Bérubé, vous êtes là depuis longtemps quand même, là, à l'Assemblée nationale. Avez-vous déjà vu quelque chose de semblable? Il me semble que ça va loin quand même, là, pour limiter la parole des...

M. Bérubé : Non. C'est à la discrétion des différentes présidences de l'Assemblée nationale. J'ai vu et surtout entendu un peu de tout. Écoutez, il faut se conformer aux règles. C'est des règles de civilité. Alors, la langue française est suffisamment riche pour pouvoir exprimer ce qu'on veut exprimer au gouvernement. Évidemment, il y a des balises. Il faut que ça se fasse de façon courtoise. Mais c'est la décision de la présidence. Elle l'a balisé. Elle l'expliquera peut-être. Mais nous, vous remarquerez que c'est rare qu'on nous reprend sur nos propos. Peut-être parce que notre volonté, c'est vraiment d'aller au fond des choses davantage que de faire des effets de toge.

Journaliste : Sur les urgences, M. St-Pierre Plamondon il y a deux décès qui sont survenus, la semaine dernière, aux urgences d'Anna-Laberge, qui étaient débordées à ce moment-là. Là, il y a de plus en plus de voix qui s'élèvent sur le plancher pour dire : Il faut que soit on réactive la cellule de crise ou il faut que le ministre intervienne, là. Qu'est-ce que vous pensez de cette situation-là, puis qu'est-ce que le gouvernement devrait faire aujourd'hui face à la crise dans les urgences?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, premièrement, il y avait une cellule de crise. Je pense qu'elle a été remplacée par un coordonnateur qui a cette responsabilité-là, mais dont on n'a jamais entendu parler, à ma connaissance, depuis sa nomination.

Écoutez, l'enjeu, il est complexe, mais les solutions existent depuis longtemps. Le Parti québécois a plusieurs propositions pour donner une première ligne forte et désengorger les urgences : soins à domicile, CLSC, des cliniques de superinfirmières, de manière à ce que tout le monde ne converge pas à l'urgence, mode de rémunération des médecins. Il y a plusieurs réformes... Évidemment, sous-financement de la santé par le fédéral, rappelons-nous qu'on a obtenu 1 milliard sur 6, si on avait 6 sur 6, probablement que la situation serait différente. C'est pour ça, parmi tant d'autres raisons, que je pense qu'on devrait gérer nous-mêmes ces budgets-là, plutôt que de les envoyer à Ottawa.

Donc, on a un projet qui contient... un plan qui contient beaucoup de solutions, et ces solutions-là ne sont pas envisagées dans le p.l. 15. Le p.l. 15 porte sur davantage des structures, une centralisation des structures. On met beaucoup d'énergie là-dessus, en ce moment, mais, pendant ce temps-là, les urgences, la première ligne, ça ne s'améliore pas. On parle d'entre 125 % à 250 % de la capacité, et ça, le gouvernement en a la responsabilité. C'est le gouvernement qui choisit il met ses énergies sur quoi.

Journaliste : Mais qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? Je comprends tout ça, là, mais là il y a une crise, en ce moment, là.

M. St-Pierre Plamondon :Bien, il y a un coordonnateur puis il y avait une cellule de crise. Là, moi, je m'attends à ce que les gens qui avaient cette responsabilité-là nous expliquent ce qui se passe, parce que M. Dubé, il est très présent lorsqu'il fait des annonces de top guns, puis de cellule de crise, puis de trucs, mais là, moi, je veux savoir, le coordonnateur, il est où, puis comment on se retrouve dans une situation aussi tragique, puis pourquoi les choses ne s'améliorent pas, même se détériorent. Ce sont des questions parfaitement légitimes. Le gouvernement a la responsabilité de répondre.

Journaliste : Vous avez peut-être lu la lettre, M. St-Pierre Plamondon, d'anciens membres d'Option nationale qui disent que le meilleur véhicule pour l'indépendance, c'est votre parti, pas Québec solidaire. Est-ce que vous avez constaté un exode d'anciens membres de Québec solidaire qui se sont ralliés à votre parti depuis, je ne sais pas, la dernière élection?

M. St-Pierre Plamondon :Ce qu'on sait avec certitude, c'est que le nombre de cartes de membre du Parti québécois n'a jamais été aussi élevé, en tout cas, dans les dernières années. Donc, il y a vraiment une accélération du nombre de membres. Même chose pour les dons, on le constate. Maintenant, d'où viennent chacun des membres, non, on n'a pas d'information spécifique, mais je répondrai tout simplement ce que Jacques Parizeau a déjà dit : Que le dernier entré laisse la porte ouverte.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : On the gender committee, why is a committee not the right way to go?

M. St-Pierre Plamondon : So, we have stated on several occasions that we should have a parliamentary commission. Why? Because we would listen to everyone, experts, citizens, and there would be space and transparency in trying to determine what is the right public policy. And by giving all the power to three non elected members, of course, it raise legitimate questions of representativity, of the process that will be followed. And so we don't think that's the right way to go.

It doesn't meant that those three persons are not competent, they are competent, but the way the CAQ is proceeding right now is not the right way to deal with the issues that ought to be taken with care and seriously.

Journaliste : And Mme LeBel presented another offer to the FAE, are you hoping to see some movement in this?

M. Bérubé : It sure is. They should stick to the negotiation, and when they're done with that, they told us what it's the outcome of that. So, we just wait for that and we wish that the Government doesn't put any more oil on the fire, on different interventions, like he did last Friday when he asked every syndicate to stop the strike. It didn't work, they don't think it's the way... should be. So, we want a negotiation, a fair negotiation, and want a fair agreement for the workers, this is what we're expecting. And it's time to negotiate, not time to fight in front of cameras or in front of journalists or politicians as well.

Journaliste :  Just going back on the gender identity committee, Marie-Michèle Sioui asked Mrs. Lavallée if a committee on women, when she was responsible of the status of women, would have been possible without having women on that committee…

M. St-Pierre Plamondon : Good question.

Journaliste : …but now this is... and there was a malaise to her question and the answer. And now you've got this committee on gender identity and you don't have a person on that committee from the LGBTQ committee... community. Is this the recipe to fail?

M. St-Pierre Plamondon : It doesn't help. Obviously, it's just the wrong way to proceed and, of course, it has an impact on the credibility of the final outcome. And it doesn't mean that the three persons are at fault. I mean, they're competent, they'll do the best job they can, but the way the Government has chosen to proceed lacks… or hinders the credibility of the final work.

Journaliste : So, it's not the right way to go, as you said, and...

M. St-Pierre Plamondon : We said it, now five times, that we should go with a parliamentary commission and we still stand our ground.

Journaliste :  The two patients who died at the emergencies, the ERs at Anna-Laberge, in Châteauguay, there's something that Dr. Boucher is saying in La Presse, it's that the crisis cell for the ERs that was created a year... more than a year ago... then Mr. Dubé took back the control of that crisis cell when he tabled Bill 15. So, is this what's happening in ERs, the fact that we had a mean, we were doing well on the ground and, now taking back the control to the Government, we see a result that it failed? The cell crisis failed.

M. St-Pierre Plamondon :  And we had, last week, the situation in a  supernurse clinic that opened in my riding, two «superinfirmières», IPS, who said : We are not consulted in any management decision and we don't have the means to work, so we're out of here. They left.

So, this idea that more centralisation, more power under the hand of the Minister, and that's true in education and in health care, I think it's flawed, because you deprive people who are facing the situation, who are close to the problem, you deprive them from any power to react appropriately and you give the power to someone who's very far from those realities.

So, the Parti québécois has always been a party close to decentralisation, and I think a model like the CLSC was designed to give freedom and flexibility to adapt to the situation in all regions. But it is up to a point now… people are dying, and the feedback we get is : We don't know who's in charge up there, but obviously that person was not aware of what's going on, otherwise this would not have happened.

So, I mean, minimally, at this point, I want to hear the coordinator who was following the crisis cell. Who is this person? What has been done so far? Why have we not heard of that person? And someone needs to take responsibility for those two people who died.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

Journaliste : Merci.

M. St-Pierre Plamondon : Merci.

(Fin à 10 h 57)