43e législature | 2e session

Transcription

Point de presse de M. Alexandre Cloutier, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainiste

Version finale

Le jeudi 17 octobre 2013, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures seize minutes)

M. Cloutier : Alors, bonjour à vous tous. Plusieurs d’entre vous étiez présents la semaine dernière lorsque j’ai fait connaître les attentes du gouvernement du Québec par rapport au discours du trône du gouvernement fédéral. Je vous rappelle que le gouvernement d’Ottawa a pris de nombreuses décisions qui sont mauvaises pour l’économie du Québec. Si le gouvernement fédéral se préoccupait réellement des consommateurs, il serait revenu sur ses mauvaises décisions qui nuisent à l’économie du Québec, parce que, si on veut que les citoyens aient plus d’argent dans leurs poches, encore faut-il qu’ils aient des emplois de qualité, encore faut-il que l’économie soit bonne. Or, le discours du trône rate la cible. Le gouvernement fédéral s’entête et persiste dans des décisions qui sont nuisibles pour le Québec.

En plus, dans le discours du trône, il nage en pleine contradiction. Il dit, d’une part, reconnaître la nation québécoise, il dit qu’il va respecter les compétences du Québec et, dans la phrase suivante, il dit qu’il veut mettre fin à notre Commission des valeurs mobilières, il dit qu’il veut mettre fin à l’entente sur la formation de la main-d’œuvre, alors qu’il s’agit pourtant de compétences du Québec.

S’il y a un consensus et s’il y a un sujet sur lequel on se serait attendus à des avancées de la part du gouvernement fédéral, c’est certainement sur celui du dossier de la main-d’œuvre. Il y a un consensus, autant du côté du syndicat, du patronat, des commissions scolaires, de tous ceux et celles qui ont à travailler dans les programmes de formation de la main-d’œuvre. Alors, je peux vous le dire, il n’y aura pas de subvention canadienne à l’emploi au Québec. Ottawa va frapper un mur. Nous avons une entente qui fonctionne bien, et je veux rappeler que l’entente de 116 millions s’intéresse aux gens les plus vulnérables, c’est donc dire les gens qui sont immigrants, les personnes handicapées de même que les gens qui sont retirés du marché du travail.

Sur le fonds des travailleurs, dans le discours du trône, on a réitéré la volonté de mettre fin au fonds des travailleurs québécois en réitérant la nécessité, pour le fédéral... cette volonté de vouloir créer un nouveau fonds de capital de risque. Dois-je rappeler qu’on va ramasser 312 millions dans la poche des Québécois pour créer un nouveau programme pancanadien pour le capital de risque? Alors, pour dire autrement, on va financer un nouveau programme fédéral de capital de risque à même l’argent des Québécois. C’est 312 millions sur 355 qui vont être pigés dans la poche des Québécois.

Autre élément, Commission des valeurs mobilières, vous l’avez vu hier également, on a réitéré cette volonté de créer une commission des valeurs mobilières dans la grande région de Toronto, alors qu’il y a pourtant 150 000 personnes qui travaillent dans le secteur financier à travers le Québec. Alors, ce qu’on souhaite, c’est effriter, petit à petit, le secteur financier, particulièrement de la grande région de Montréal, et ça, c’est hautement préoccupant.

Également, dossier du pont Champlain, le gouvernement s’entête à vouloir piger à nouveau dans la poche des... dans les poches, pardon, des Québécois en voulant imposer un péage. On reste muet sur la hauteur de la contribution qu’on souhaite apporter pour la construction du pont Champlain. Ce n’est pas par hasard s’il y a un consensus, au Québec, pour s’opposer à un tel péage, c’est parce que ça va complètement déséquilibrer l’ensemble de la circulation pour l’ensemble du territoire de la grande région de Montréal.

Je veux vous dire un mot concernant la lutte à l’itinérance. Dans le discours du trône, hier, on a réitéré la volonté de cibler un seul projet, un seul volet de l’itinérance, soit le logement. Cette volonté d’aller de l’avant de la sorte pourrait avoir des conséquences sur les services offerts, à l’heure actuelle. Alors, ce que le gouvernement du Québec demande, c’est de maintenir l’entente avec Ottawa telle qu’elle existait pour les différents services qui sont offerts en frais d’itinérance.

Je veux vous glisser un mot concernant aussi le logement social. Vous avez vu qu’Ottawa a réitéré sa volonté, sans doute suite à la visite de l’inspecteur des Nations unies, de contribuer à la construction de logements sociaux, mais on veut s’assurer que les Inuits québécois ne seront pas exclus, comme ça a été le cas par le passé, parce que la politique du développement arctique s’intéresse en haut du 60e parallèle. Et ce qu’on réclame de la part du gouvernement fédéral, c’est que les Inuits québécois puissent bénéficier de ces nouvelles enveloppes, considérant que le Québec vient d’annoncer 80 millions, donc la construction de 300 logements sociaux supplémentaires sur le territoire inuit.

Je vous rappelle les conditions de vie carrément exécrables dans lesquelles vivent les Inuits sur le territoire québécois et je vous rappelle, au cas où vous l’auriez oublié, qu’il y a des cas de tuberculose à un niveau alarmant, malheureusement, chez la population inuite.

Je veux, bien évidemment, aussi vous parler du transport des matières dangereuses. D’abord, on se réjouit que le gouvernement fédéral donne suite à la demande formulée par la première ministre du Québec à l’effet que les compagnies devraient contracter des assurances suffisamment élevées pour assurer qu’en cas de catastrophe on ne se retrouve pas dans la même situation que celle qui prévaut à Lac-Mégantic. Mais, en même temps, c’est bien beau de reprocher à l’entreprise privée de ne pas avoir pris les assurances nécessaires, encore faut-il que le gouvernement fédéral reconnaisse sa propre culpabilité dans le laxisme de l’application des règles.

Je vous rappelle que nous avons demandé qu’il y ait davantage d’inspections sur les trains, mais aussi sur les rails. On veut une meilleure identification des matières dangereuses. On veut aussi un meilleur partage de l’information, entre autres, avec les différentes autorités concernées, dont évidemment les maires des municipalités. Et on veut des mesures spécifiques pour les trains blocs, parce que le transport du pétrole est en croissance de façon assez exceptionnelle, il y a neuf fois plus de trains blocs sur les rails qu’il y a quatre ans. Enfin, je vous rappelle que le gouvernement américain s’est engagé à revoir l’ensemble des règles d’ici avril 2014, alors que le gouvernement fédéral, hier, reste muet et demande qu’on attende la fin de l’enquête sur la sécurité des transports, alors qu’on sait que ça pourra prendre encore de nombreux mois, voire des années.

Je veux vous parler aussi du partage de la facture. Je vous rappelle que le gouvernement fédéral s’est engagé à la hauteur de 60 millions. Les ententes ou les projets d’ententes qui ont été soumis au Québec sont carrément inapplicables, sont d’une lourdeur administrative qui rend l’application tellement complexe qu’on a dû les revoir. Alors, dès demain, il y aura un nouveau projet d’entente qui sera envoyé au gouvernement fédéral pour le 60 millions, mais je veux quand même vous faire part de notre préoccupation à l’effet qu’Ottawa joue sur les mots lorsqu’on leur demande précisément s’ils seront au rendez-vous pour la décontamination, au-delà de l’engagement du 60 millions. On maintient un flou artistique à l’effet qu’ils seront au rendez-vous pour la décontamination, mais on ne précise jamais si ça sera au-delà des sommes de 60 millions.

Je veux aussi vous dire que nous allons réclamer l’équité pour la construction d’un nouveau navire de la garde côtière, parce que je vous rappelle que dans le dernier contrat de 2010, sur les 33 milliards annoncés par le gouvernement fédéral, le Québec a eu zéro en contrat. Alors, zéro sur 33 milliards, vous aurez compris que, pour le prochain appel d’offres, on va défendre nos travailleurs québécois, on va défendre, entre autres, les travailleurs de la Davie.

Enfin, je veux partager une préoccupation, je veux vous faire remarquer que le gouvernement fédéral souhaite retrouver l’équilibre budgétaire à compter de 2016, et, comme par hasard, c’est au même moment où on coupe les transferts fédéraux en matière de santé. Pour le Québec, cette coupe de transferts représente 8,6 milliards en réduction pour le gouvernement du Québec. Alors, vous aurez compris qu’on va continuer de faire entendre notre voix et de s’assurer que les Québécois aient leur juste retour sur les 50 milliards qui sont envoyés annuellement au gouvernement fédéral.

Je termine en vous disant que nous sommes en réaction aujourd’hui au discours du trône, mais, tant et aussi longtemps que les Québécois n’auront pas décidé de se donner un pays, nous serons toujours en réaction de ces mauvaises décisions qui sont prises au gouvernement fédéral et que, si nous voulons prendre en main nos priorités et choisir ces priorités, la solution pour les Québécois, c’est la souveraineté du Québec. Et, encore une fois, le discours du trône nous rappelle le dysfonctionnement du fédéralisme actuel.

Le Modérateur : Alors, merci. Nous allons prendre des questions en lien avec le discours du trône. M. Paul Journet.

M. Journet (Paul) : Bonjour. Quelles seront les différences entre le projet d’entente actuel, là, ou le… et le nouveau projet d’entente que vous entendez envoyer demain?

M. Cloutier : Bien, essentiellement, le gouvernement fédéral avait toute une série de conditions qui étaient inapplicables sur le plan administratif et qui complexifiaient sa mise en œuvre. On souhaitait faire deux ententes : une de 25 millions avec Sécurité publique, une de 35 millions avec le ministère des Finances. On veut repartir à zéro pour une entente globale de 60 millions et simplifier les règles du jeu.

Mais, pour les gens de Lac-Mégantic qui nous écoutent, je veux être très clair. Peu importe les négociations avec le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec va continuer d’être au rendez-vous, parce que, nous, on a déjà déboursé plus de 45 millions de dollars. À chaque semaine qui passe, ça coûte essentiellement 4 millions, la tragédie de Lac-Mégantic.

M. Journet (Paul) : Lorsque vous nous aviez parlé il y a quelques jours, la semaine dernière, je crois, vous sembliez avoir bon espoir que M. Lebel aille au-delà du 60 millions et participe aussi aux coûts de la décontamination. Là, vous semblez dire que c’est moins clair. Est-ce que vous avez perçu un recul de leur part? D’où viennent vos inquiétudes à cet égard-là?

M. Cloutier : En fait, si quelqu’un d’entre vous est capable d’avoir une déclaration du ministre Lebel où, dans la même phrase, il dit : Nous serons au rendez-vous pour la décontamination au-delà du 60 millions actuel, c’est exactement la déclaration que je souhaite obtenir et qui viendrait clarifier le partage des coûts pour la suite des choses. Alors, on joue sur les mots. Ce qu’on nous dit, c’est : On va être là pour la décontamination, on est là pour le 60 millions, mais on ne fait pas de… on ne distingue pas les deux, alors qu’on doit le faire.

Le Modérateur : Julien Lafille.

M. Lafille (Julien) : Justement, le ministre Lebel dit qu’il y a un engagement ferme d’Ottawa de participer financièrement au-delà des 60 millions, notamment pour la décontamination, mais ce qu’il ajoute, c’est qu’il n’a pas reçu de facture de votre part, que le problème vient de votre part, dans le fond.

M. Cloutier : Bien, vous savez très bien, je vous ai répondu la semaine dernière sur ce sujet. Alors, si vous avez la déclaration de M. Lebel, je vous invite à l’écrire pour qu’on clarifie cette fameuse question. Et ensuite, dans un deuxième temps, pour ce qui est du partage des factures, normalement, la façon que ça fonctionne, c’est qu’on s’entend sur l’entente, puis, ensuite, chacun paie. Là, pour le moment, il y a juste le gouvernement du Québec qui assume la totalité des factures. L’engagement actuel du 60 millions est nettement insuffisant, mais, comme j’ai dit au ministre Lebel, je suis prêt à lui envoyer des factures de 45 millions, voire même presqu’à la hauteur de 50 millions dès cet après-midi s’il le souhaite, puis qu’on mette de côté les ententes, puis qu’il paie le 50 millions.

M. Lafille (Julien) : Il y a aussi été question de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. Est-ce que les producteurs de fromages québécois ont raison de s’inquiéter?

M. Cloutier : Bien, en tout cas, d’abord, moi, je ne peux pas parler au nom du ministre des Finances et j’ai moi-même… je n’ai pas, moi-même, vu et lu le texte. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’on ne laissera certainement pas tomber les producteurs laitiers. On ne laissera pas tomber l’expertise qu’on a su développer ici, au Québec, et qu’on entend faire valoir leurs droits et certainement défendre ce secteur important de notre industrie.

Le Modérateur : Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce qu’une nouvelle entente peut provoquer des délais? Parce que les gens de Lac-Mégantic qui vont entendre ça vont s’inquiéter.

M. Cloutier : Bien, pas du tout. Peu importe les négociations avec le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec sera au rendez-vous. On ne veut pas que les citoyens de Lac-Mégantic soient victimes de négociations entre Québec et Ottawa et ils ont la parole de notre gouvernement à l’effet qu’on va être au rendez-vous.

Mme Prince (Véronique) : Puis aussi, vous êtes un expert en constitution. Le fait que la Commission des droits de la personne critique et dise que c’est la position la plus radicale qui sera adoptée, votre charte des valeurs, ça doit quand même venir vous chercher, là.

M. Cloutier : Bien, on doit absolument tenir compte de l’avis de la Commission des droits de la personne. C’est un apport important au débat qui a cours à l’Assemblée nationale, mais permettez-moi quand même de vous rappeler que lorsque nous sommes dans l’univers juridique, il y a parfois des divergences sur la question de qu’est-ce qui est rationnel et qu’est-ce qui ne l’est pas. Et le projet de charte, dans sa forme actuelle, a reçu l’appui d’éminents juristes, dont l’ancienne juge de la Cour suprême du Canada et aussi l’ancienne juge en chef de la Cour du Québec.

Alors, c’est donc dire que c’est une opinion juridique supplémentaire, importante, qui doit être prise en compte, mais, en même temps, il faut l’insérer dans son contexte où d’autres éminents juristes se sont prononcés. Et je rappelle que le gouvernement du Québec a aussi collaboré et travaillé en collaboration avec des juristes pour la mise en oeuvre de la charte des droits.

Mais je vais me permettre un commentaire supplémentaire. Pour avoir lu l’avis du début à la fin, je suis quand même surpris que la Commission des droits de la personne ne reconnaisse pas le droit à l’Assemblée nationale d’y inscrire les valeurs québécoises dans la Charte des droits et libertés parce qu’il ne s’agit pas là d’une idée nouvelle. Dès 2007, notre formation politique et même le Conseil du statut de la femme avaient proposé des amendements en ce sens, et plusieurs juristes avec qui on a travaillé n’y voient absolument aucun problème.

Le Modérateur : M. Chouinard.

M. Chouinard (Tommy) : Juste une précision là-dessus. Donc, tenir compte de cet avis-là, pour vous, ce n’est pas modifier… aller jusqu’à modifier la charte pour satisfaire, au moins en partie, les critiques, répondre aux critiques de la commission.

M. Cloutier : Bien, je veux dire, c’est une institution importante du Québec, c’est une institution sérieuse. C’est un avis qui mérite aussi une réflexion approfondie, mais, en même temps, il faut aussi accepter que c’est un avis qui s’inscrit avec d’autres avis, et notre collègue et le ministre de la Justice auront à tenir compte de ces différents points de vue qui sont exprimés.

M. Chouinard (Tommy) : Très bien. Maintenant, sur… j’aimerais revenir sur une déclaration que vous avez faite tantôt au sujet des inquiétudes des producteurs laitiers. Vous avez dit qu’on va faire valoir leurs droits, on ne les laissera pas tomber. Est-ce qu’à l’heure actuelle les droits des producteurs laitiers sont en péril avec cette entente de principe imminente?

M. Cloutier : Bien, je ne peux pas vous répondre, très sincèrement, parce que je n’ai pas vu ni lu l’entente. Mon collègue ministre des Finances aura sans doute la chance de répondre à l’ensemble de vos questions. Mais, pour avoir été porte-parole aux affaires internationales lorsque j’étais dans l’opposition et pour avoir suivi quand même le dossier de près, il a toujours été clair pour nous qu’on devait accompagner nos producteurs laitiers, parce qu’on sait depuis le début que, pour le France, c’est un secteur où ils souhaitent pouvoir développer le marché.

Alors, moi-même, comme député de Lac-Saint-Jean et pour produire d’excellents fromages dans mon comté, je peux vous assurer qu’on va continuer de faire entendre la voix de ces gens-là, puis il n’est pas question de les laisser tomber.

M. Chouinard (Tommy) : J’aimerais savoir si, pour le gouvernement, votre gouvernement, c’est une bonne nouvelle, la conclusion imminente d’une entente de principe visant un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.

M. Cloutier : Je pense que, de façon générale, la réponse, c’est oui, mais je vous invite à garder… Je m’invite moi-même à la prudence, parce que, moi-même, je n’ai pas lu et vu l’entente finale, alors je ne suis pas en position de porter un jugement final. Mais nous avons un préjugé favorable pour le libre-échange. Nous avons supporté notre négociateur, M. Johnson, dans la poursuite de ses activités, nous avons toujours soutenu et espéré qu’il y ait cet accord dans les meilleurs délais, mais pas à n’importe quelles conditions et pas au détriment de l’économie. Alors, tout ça est une question d’équilibre.

Maintenant, je vais laisser la chance à mes collègues qui, eux, ont travaillé plus directement le dossier de...

M. Chouinard (Tommy) : Juste une dernière petite chose. Est-ce qu’à votre connaissance il y a encore des obstacles, des écueils, des problèmes?

M. Cloutier : Très honnêtement avec vous, je ne peux pas répondre à cette question.

M. Chouinard (Tommy) : Pourquoi?

M. Cloutier : Bien, parce que je n’ai pas cette information, tout simplement.

M. Chouinard (Tommy) : Mais donc vous n’avez eu aucun écho, même si... sans avoir lu le texte, aucun écho de problème, ou de sable dans l’engrenage, ou quelque chose...

M. Cloutier : Comme je viens de vous dire, je n’ai pas d’information en ce sens.

Le Modérateur : M. Bergeron.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, M. Cloutier. Concernant Lac-Mégantic, vous dites que vous allez continuer à être en rendez-vous et à payer. Ça coûte 4 millions de dollars par semaine au gouvernement du Québec. Est-ce que vous ne craignez pas que ça devienne un peu comme ce qui est arrivé avec la crise du verglas, puis qu’on accumule des comptes, puis que ça ne soit finalement jamais payé?

M. Cloutier : C’est justement pourquoi il doit y avoir une date limite. À un moment donné, les négociations doivent se terminer avec le gouvernement fédéral, et à très court terme, et, dans la mesure où ces négociations seront terminées, on va exiger le paiement de la part du gouvernement fédéral. Mais, encore une fois, on en a déjà pour 45 millions. S’ils veulent faire un premier versement de 45 millions, ils sont les bienvenus à le faire. Mais la dernière chose qu’on veut, c’est que ça devienne une nouvelle crise du verglas et que, finalement, le Québec ne voie jamais l’argent.

M. Bergeron (Patrice) : Actuellement, entre ce qui se déroule... donc à Bruxelles, les négociations se poursuivent, en particulier entre le fédéral et le gouvernement du Québec, sur les derniers détails concernant les producteurs laitiers?

M. Cloutier : Je ne peux pas vous donner davantage d’informations que celles que j’ai exprimées jusqu’à maintenant.

M. Bergeron (Patrice) : Parce que, les producteurs laitiers, vous les avez entendus, émettre, donc, des inquiétudes sérieuses. Ils veulent savoir qu’est-ce qu’il reste comme détails. Il reste des choses qui se discutent actuellement entre le gouvernement et...

M. Cloutier : Je vais laisser mon collègue aux Finances répondre, mais, encore une fois, je tiens à réitérer notre soutien et dire aux producteurs qu’on entend leurs préoccupations hautement justifiées, c’est-à-dire que, nous, on va être derrière eux pour appuyer leurs demandes. On ne veut pas les laisser tomber.

M. Bergeron (Patrice) : Il serait possible de les indemniser, éventuellement, ou...

M. Cloutier : Je vais laisser mes collègues en parler.

Journaliste : Bonjour, M. Cloutier. En tant que ministre des Affaires intergouvernementales, est-ce que vous êtes satisfait de la consultation qu’a fait Ottawa dans la négociation, justement, du traité de libre-échange?

M. Cloutier : Encore une fois, vous me posez beaucoup de questions sur le traité de libre-échange. Vous aurez compris qu’à titre de ministre des Affaires inter, c’est un dossier qui est piloté par le ministre des Finances ainsi que le ministre des Relations internationales. Alors, à ma connaissance, il y a une bonne collaboration, et je n’ai pas eu d’écho à l’effet qu’il y a eu des frictions quant au partage d’informations. Alors, je vous le dis très, très ouvertement et très simplement, comme je comprends l’état des négociations.

Journaliste : Jusqu’à preuve du contraire, vous êtes toujours favorable à ces accords-là parce que c’est indispensable?

M. Cloutier : Absolument.

Le Modérateur : Jessica Nadeau.

Mme Nadeau (Jessica) : Bonjour. Vous avez parlé des producteurs de fromage, vous avez dit que vous alliez continuer à les supporter. Est-ce qu’il y a quelque chose de concret qui s’en vient pour eux?

M. Cloutier : J’aimerais répondre à vos questions, mais, honnêtement, je n’ai pas cette information à ce stade-ci. Tout ce que je peux exprimer, c’est que nous sommes en soutien, nous comprenons leurs préoccupations, et on ne doit pas les laisser tomber.

Mme Nadeau (Jessica) : Donc, il n’y a rien de prévu actuellement.

M. Cloutier : Non, vous ne pouvez pas conclure ça de mes propos. Ce que je vous dis, c’est que je n’ai pas d’information, je ne peux donc pas répondre à votre question.

Mme Nadeau (Jessica) : Sur un autre sujet, est-ce que vous entendez déposer une motion sur l’affaire du juge Nadon?

M. Cloutier : Il y a plusieurs enjeux concernant le juge Nadon. D’ailleurs, je vous invite, nos amis journalistes, à répondre à la question, de savoir : Il habite en Ontario depuis quand? Parce qu’on est toujours en attente de cette réponse. Il y a le processus judiciaire… le processus de nomination qui est dysfonctionnel. On a utilisé une procédure qui est contraire à ce que tout le monde avait compris jusqu’à maintenant. Et c’est certain qu’on va s’assurer maintenant que la voix du Québec soit entendue à la Cour suprême. On a droit à trois juges et on va l’exiger.

Mme Nadeau (Jessica) : Est-ce que vous entendez donc déposer une motion à cet effet à l’Assemblée?

M. Cloutier : C’est-à-dire qu’il y a plusieurs scénarios qui sont envisagés présentement, et je ne peux pas vous dire lequel sera privilégié. Mais c’est évident qu’il y aura une décision à très court terme qui devra être prise.

Le Modérateur : Alors, nous passons aux questions en anglais.

Journaliste : Hello, Mr. Cloutier. Again, on the cheese producers, again, they’re extremely worried. What do you mean by… When you say : We’ll support them, what do you mean by that?

M. Cloutier : Well, I’m saying that we totally understand that preoccupation and we won’t let them go. I mean, it’s a very important aspect of our industry. We know the good quality and the good products they do produce and we know the importance of that. And, as a member of the National Assembly but I’m also representant of the riding of Lac-Saint-Jean where there is a lot of production of cheese, so I can tell you that we do understand the necessity to promote and develop the industry and make sure they don’t suffer from the agreement.

Journaliste : Do you think it could mean job losses? I know that it employs… the dairy sector employs about 80,000 Quebeckers...

M. Cloutier : Well, I cannot comment on the agreement itself because I haven’t read it. What I’m saying is that we don’t want them to be the victims of the agreement. This is why we need to find a way to make sure they can develop and…

Journaliste : If I’m not mistaken, the final deal has to be ratified by the provinces and the EU member States.

M. Cloutier : Absolutely.

Journaliste : Is there a chance that you could block the deal on the basis of this, you know, the cheese…

M. Cloutier : Again, that will be an answer given by my colleague. But there will be a vote. There will be a vote at the National Assembly. But, on a general line, you know that we’re in favor of free trade. So, for now, I have no other information to comment further.

Le Modérateur :Kevin Dougherty.

M. Dougherty (Kevin) : Yes. Mr. Cloutier, is it possible… on judge Nadon, is it possible that Québec could join in the case of Rocco Galati?

M. Cloutier : Well, that’s one of the possibilities, definitely. There’s also the possibility that Québec asks the court of appeal itself to pronounce. I mean, there are different scenarios and I don’t want to speculate too much on what we can do, but, obviously, this is a ridiculous situation. Why we only have two Supreme Court judges, and the Constitution says Québec has the right to have three? I mean, obviously, we need to do something, we need to fix that, and I think… Well, I think, obviously, we need to do something and we will do something very shortly.

M. Dougherty (Kevin) : On the commission’s avis today, they say that, you know, the values charter goes against the fundamental human rights. Now, you say it’s an opinion among others of Mme L’Heureux-Dubé and anybody else. Don’t you think it’s more important than that?

M. Cloutier : Well, I didn’t say it was an opinion among the others. I said also it was an important institution for Québec, and we need to give them credit for their opinion. But, in the same time, I mean, can we treat the opinion of justice L’Heureux-Dubé… I mean, she has given a few judgments on the Supreme Court. For her, it’s reasonable, and, for the Commission, it seems it is not. So what I’m saying, obviously there is space between all of that. And who has the right interpretation, that’s the decision that has to be made by the Québec’sGovernment.

Le Modérateur : Merci. M. Lyons.

M. Lyons (Shawn) : Mr. Cloutier, just to returning to the Throne Speech from yesterday, the two aspects that seem to be bothering your Government, let’s start with… In general, we heard the homage to Québec’s nationhood at the end, but I guess you’re not that impressed with how the federal Government is treating Québec’s demands.

M. Cloutier : In general, well, of course, not. I mean, with that taking decisions that affect badly the economy of Québec, and, I mean, they have to take notice of that, and we defend consensus. It’s very important. We defend the consensus of the National Assembly, but also of Quebeckers in general. I mean, it’s not a question between sovereignists and federalists. It’s real cases that are being defended by everyone actually.

M. Lyons (Shawn) : And can you cite me a couple of examples of things in the speech yesterday that are problematic?

M. Cloutier : Well, yes. I tried to do so with my… I just try to remember all the vocabulary in English. What is «main-d’oeuvre»? Sorry? Main-d’oeuvre?

Journaliste :

M. Cloutier : …thank you. But the training agreement is a great example on what the federal Government should just reconduct the agreement we do at right now. Employment, EI programs, as you now, Québec has been targeted as one place who has big impact of the new… the modifications of the insurance program as well. The «pont Champlain», I mean, they want to put… they want to ask Quebeckers to pay each time they go across the bridge. I mean, for us, it’s totally ridiculous and unapplicable, because they don’t take in… they don’t really impact, they don’t know the impact on the rest of the way to go across in the city centre. It’s all examples of bad decisions from the federal Government.

M. Lyons (Shawn) : And finally, on rail safety, the other aspect that was in the Throne Speech yesterday and getting back to Lac-Mégantic, still no dollar figures on what Ottawa might put up to help decontaminators. Are you at all concerned, as well as my colleagues ask earlier, of this becoming another ice storm scenario where we… where the Québec doesn’t paid back for the money that…

M. Cloutier : Well, that’s exactly what we don’t want, and this is why, at a certain point, we will have to say we need an agreement before… I don’t know which date but it has to be anytime soon to make sure Quebeckers get paid. And I want to be clear with people living in Lac-Mégantic, we will pay. The Government will pay and continue to pay. We do so, we have paid more than $45 million so far and we’ll be there for the next $5 million that cost each week.

But, in the same time, it’s under the federal… that’s the federal Government who has the responsibility of the transportation of goods, but, in the end, it’s Quebeckers that is paying for that. That just doesn’t make sense. This is why we need the federal Government to jump in and say they will pay and share the bill.

M. Lyons (Shawn) : Would you go to court if they don’t meet your deadline?

M. Cloutier : Well, we’re not there. We want the agreement. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 44)