43e législature | 2e session

Transcription

Point de presse de M. François Bonnardel, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de ressources naturelles

Version finale

Le jeudi 22 août 2013, 10 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-sept minutes)

M. Bonnardel : Alors, suite aux informations que le journal a obtenues ce matin concernant un conflit d’intérêts assez grave du côté du cabinet du ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, il est important de souligner que ce problème d’éthique, pour nous, est important. Qu’un ancien lobbyiste puisse être engagé et défendre une position de son employeur, qui le payait, et qui a toujours un contrat de lobbyiste qui était effectif jusqu’au mois de décembre prochain, et qui est double rémunération, dans tout ça, pour nous, c’est un manque de jugement flagrant de la part de Yves-François Blanchet.

Est-ce qu’il était au courant des activités de lobbyisme de M. Éric Cardinal? Sûrement. S’il n’a pas fait le boulot pour savoir qu’est-ce qu’il faisait comme travail avant, bien ça, le Commissaire à l’éthique pourra y répondre.

Au final, ce qu’on dit ce matin, c’est qu’on demande une enquête du Commissaire à l’éthique pour être capable de faire la lumière sur cette situation. On le sait, le projet Strateco, le projet du mont Otish est important pour le Québec, est important pour l’économie du Nord-du-Québec. Il y avait des dizaines, sinon des centaines d’emplois qui allaient être créés, des millions de dollars en redevances qui allaient être perçus aussi dans les prochaines années. On connaît l’idéologie du Parti québécois et certains des ministres concernant les projets d’uranium ou, peu importe, l’amiante, Gentilly, le déclassement qui a eu lieu dans les derniers mois.

Alors, je pense que, là-dessus, suite aux articles 6, 9 et 10 du Règlement concernant les règles déontologiques applicables aux membres du personnel d’un cabinet ministériel qui ont été enfreints, je demande donc, par cette lettre que j’ai envoyée ce matin au Commissaire à l’éthique, M. Jacques St-Laurent, qu’il puisse faire enquête, donc, sur cette embauche faite par le ministre Blanchet et surtout sur la position qui a été prise par le Parti québécois par la suite. On sait qu’Éric Cardinal a été engagé le 7 juin dernier et subitement, 14 jours plus tard, bien, on a envoyé une lettre à Strateco leur indiquant qu’ils n’auraient pas le permis pour être capables de commencer ce projet d’exploration qui allait être un des plus importants au Canada, sinon dans le monde, dans les prochaines années. Voilà.

M. Caron (Régys) : Avez-vous la conviction, M. Bonnardel, que M. Cardinal a influencé le ministre concernant le dossier Matoush?

M. Bonnardel : Vous savez, monsieur, je le cite, M. Cardinal dit : «Je n’ai pas fait d’activités de lobbyiste avec ma nouvelle fonction depuis le 7 juin dernier». Pour moi, là, un directeur des communications qui travaille avec un ministre, là, ce directeur des communications ou directrice parle à son ministre 15 fois, 20 fois par jour. Vous allez me faire croire à moi que le directeur des coms ne va pas dire à son ministre : Bien, tu sais, j’ai parlé à la gang des Cris concernant Strateco. La position que, moi, je défendais puis qu’eux veulent bien que je défende, bien, c’est ça, ça, ça, puis, au final, la décision, elle a été négative.

On se doutait que le ministre n’allait pas mettre de l’avant ou donner l’autorisation à court terme à Strateco parce qu’on connaît l’idéologie du Parti québécois. Alors, moi, je ne crois pas qu’Éric Cardinal n’a pas fait mention des rencontres qu’il a eues avec la communauté crie concernant ce projet important dans le Nord-du-Québec, et que, suite à ça, bien, le ministre a mis sa signature en bas d’une lettre indiquant à Strateco qu’il n’allait pas leur donner leur permis. Et, par la suite donc, Strateco a décidé de poursuivre le gouvernement du Québec pour ça.

M. Caron (Régys) : Et quand M. Cardinal dit qu’il n’a pas fait de lobbyisme en tant que tel, même quand il l’était, pour influencer le gouvernement, il ne faisait que jouer l’entremetteur pour que ses clients aient l’oreille attentive du gouvernement, vous ne le croyez pas non plus?

M. Bonnardel : Pas du tout. Quand vous parlez d’une activité de lobbyiste, ça veut dire quoi? Bien, je pense que, moi, là, le gars en question, Éric Cardinal, là, quand il devient directeur des coms, vous ne me ferez pas croire qu’il n’a pas, minimalement, une fois, dit à son ministre : Tu sais, j’ai été rémunéré.

Premièrement, Yves-François Blanchet, s’il n’était pas au courant des activités de lobbyiste, il y a un méchant problème du côté de la direction de son cabinet. Puis, de l’autre côté, quand le gars est lobbyiste puis il s’en vient défendre un de projets uranifères les plus importants que le Québec va avoir dans les prochaines années, moi, je pense qu’Éric Cardinal a sûrement mentionné une ou deux fois au téléphone, sinon face à face, à son ministre : Tu connais ma position, je défendais les Cris, j’étais rémunéré par les Cris pour dire non à ce projet.

Au final, le gouvernement et le ministre Blanchet a mis sa signature dans le bas pour entériner exactement ce que son directeur des coms défendait du côté de la communauté crie dans les derniers mois.

M. Caron (Régys) : Quelle devrait la conséquence d’une situation comme ça?

M. Bonnardel : Je pense que M. Cardinal, premièrement, présentement, là, si le ministre Blanchet était de bonne foi, il devrait le retirer de son emploi jusqu’à temps que le Commissaire à l’éthique puisse terminer son enquête. Il faut bien savoir une chose, là, c’est que le rapport d’enquête, moi, je ne pourrai pas l’obtenir à la fin. Le ministre, lui, va l’obtenir. Là, il est en Conseil des ministres, ce matin, là, bien, qu’il nous dise que, quand cette enquête sera terminée, il puisse rendre public ce rapport d’enquête qui va être donné à son ministère par M. Saint-Laurent, le Commissaire à l’éthique.

M. Caron (Régys) : M. Cardinal me disait hier qu’il a demandé hier, après m’avoir parlé, au Commissaire au lobbyisme que son inscription soit retirée parce qu’il ne savait pas, m’a-t-il dit, qu’il devait la retirer après son embauche au cabinet. Vous pensez quoi de cette affirmation-là?

M. Bonnardel : Quand on a un directeur de… quand on a une firme de communication et qu’on s’enregistre au Registre des lobbyistes, on doit être au courant des lois. Et, quand on devient directeur des coms du gouvernement, d’un ministère aussi important que celui de l’Environnement, on doit être au courant. Alors, si, malheureusement, il enfreint ce code d’éthique, bien, ce sera au commissaire, M. Saint-Laurent, de faire suite à cette demande d’enquête que je fais ce matin. Et Yves-François Blanchet doit dire à son directeur des communications ce matin : Tu te retires de l’emploi que je t’ai donné le 7 juin dernier jusqu’à temps que la demande d’enquête et que cette enquête soit terminée. Merci.

(Fin à 10 h 52)