(Dix heures quarante-sept minutes)
M.
Bonnardel : Alors,
suite aux informations que le journal a obtenues ce matin concernant un conflit
d’intérêts assez grave du côté du cabinet du ministre de l’Environnement,
Yves-François Blanchet, il est important de souligner que ce problème d’éthique,
pour nous, est important. Qu’un ancien lobbyiste puisse être engagé et défendre
une position de son employeur, qui le payait, et qui a toujours un contrat de
lobbyiste qui était effectif jusqu’au mois de décembre prochain, et qui est
double rémunération, dans tout ça, pour nous, c’est un manque de jugement
flagrant de la part de Yves-François Blanchet.
Est-ce qu’il était au
courant des activités de lobbyisme de M. Éric Cardinal? Sûrement. S’il n’a
pas fait le boulot pour savoir qu’est-ce qu’il faisait comme travail avant,
bien ça, le Commissaire à l’éthique pourra y répondre.
Au final, ce qu’on dit
ce matin, c’est qu’on demande une enquête du Commissaire à l’éthique pour être
capable de faire la lumière sur cette situation. On le sait, le projet Strateco,
le projet du mont Otish est important pour le Québec, est important pour
l’économie du Nord-du-Québec. Il y avait des dizaines, sinon des centaines
d’emplois qui allaient être créés, des millions de dollars en redevances qui
allaient être perçus aussi dans les prochaines années. On connaît l’idéologie
du Parti québécois et certains des ministres concernant les projets d’uranium
ou, peu importe, l’amiante, Gentilly, le déclassement qui a eu lieu dans les
derniers mois.
Alors, je pense que, là-dessus,
suite aux articles 6, 9 et 10 du Règlement concernant les règles déontologiques
applicables aux membres du personnel d’un cabinet ministériel qui ont été
enfreints, je demande donc, par cette lettre que j’ai envoyée ce matin au
Commissaire à l’éthique, M. Jacques St-Laurent, qu’il puisse faire enquête,
donc, sur cette embauche faite par le ministre Blanchet et surtout sur la
position qui a été prise par le Parti québécois par la suite. On sait qu’Éric
Cardinal a été engagé le 7 juin dernier et subitement, 14 jours plus tard,
bien, on a envoyé une lettre à Strateco leur indiquant qu’ils n’auraient pas le
permis pour être capables de commencer ce projet d’exploration qui allait être
un des plus importants au Canada, sinon dans le monde, dans les prochaines
années. Voilà.
M. Caron (Régys) : Avez-vous
la conviction, M. Bonnardel, que M. Cardinal a influencé le ministre concernant
le dossier Matoush?
M.
Bonnardel :
Vous savez, monsieur, je le cite, M. Cardinal dit : «Je n’ai pas fait
d’activités de lobbyiste avec ma nouvelle fonction depuis le 7 juin dernier».
Pour moi, là, un directeur des communications qui travaille avec un ministre,
là, ce directeur des communications ou directrice parle à son ministre 15 fois,
20 fois par jour. Vous allez me faire croire à moi que le directeur des coms ne
va pas dire à son ministre : Bien, tu sais, j’ai parlé à la gang des Cris
concernant Strateco. La position que, moi, je défendais puis qu’eux veulent
bien que je défende, bien, c’est ça, ça, ça, puis, au final, la décision, elle
a été négative.
On
se doutait que le ministre n’allait pas mettre de l’avant ou donner
l’autorisation à court terme à Strateco parce qu’on connaît l’idéologie du Parti
québécois. Alors, moi, je ne crois pas qu’Éric Cardinal n’a pas fait mention
des rencontres qu’il a eues avec la communauté crie concernant ce projet
important dans le Nord-du-Québec, et que, suite à ça, bien, le ministre a mis
sa signature en bas d’une lettre indiquant à Strateco qu’il n’allait pas leur
donner leur permis. Et, par la suite donc, Strateco a décidé de poursuivre le gouvernement
du Québec pour ça.
M. Caron
(Régys) : Et quand M. Cardinal dit qu’il n’a pas fait de lobbyisme en
tant que tel, même quand il l’était, pour influencer le gouvernement, il ne
faisait que jouer l’entremetteur pour que ses clients aient l’oreille attentive
du gouvernement, vous ne le croyez pas non plus?
M.
Bonnardel :
Pas du tout. Quand vous parlez d’une activité de lobbyiste, ça veut dire quoi? Bien,
je pense que, moi, là, le gars en question, Éric Cardinal, là, quand il devient
directeur des coms, vous ne me ferez pas croire qu’il n’a pas, minimalement,
une fois, dit à son ministre : Tu sais, j’ai été rémunéré.
Premièrement,
Yves-François Blanchet, s’il n’était pas au courant des activités de lobbyiste,
il y a un méchant problème du côté de la direction de son cabinet. Puis, de
l’autre côté, quand le gars est lobbyiste puis il s’en vient défendre un de
projets uranifères les plus importants que le Québec va avoir dans les
prochaines années, moi, je pense qu’Éric Cardinal a sûrement mentionné une ou
deux fois au téléphone, sinon face à face, à son ministre : Tu connais ma
position, je défendais les Cris, j’étais rémunéré par les Cris pour dire non à
ce projet.
Au
final, le gouvernement et le ministre Blanchet a mis sa signature dans le bas
pour entériner exactement ce que son directeur des coms défendait du côté de la
communauté crie dans les derniers mois.
M. Caron
(Régys) : Quelle devrait la conséquence d’une situation comme ça?
M.
Bonnardel : Je pense
que M. Cardinal, premièrement, présentement, là, si le ministre Blanchet était
de bonne foi, il devrait le retirer de son emploi jusqu’à temps que le
Commissaire à l’éthique puisse terminer son enquête. Il faut bien savoir une
chose, là, c’est que le rapport d’enquête, moi, je ne pourrai pas l’obtenir à
la fin. Le ministre, lui, va l’obtenir. Là, il est en Conseil des ministres, ce
matin, là, bien, qu’il nous dise que, quand cette enquête sera terminée, il
puisse rendre public ce rapport d’enquête qui va être donné à son ministère par
M. Saint-Laurent, le Commissaire à l’éthique.
M. Caron (Régys) : M. Cardinal
me disait hier qu’il a demandé hier, après m’avoir parlé, au Commissaire au
lobbyisme que son inscription soit retirée parce qu’il ne savait pas, m’a-t-il
dit, qu’il devait la retirer après son embauche au cabinet. Vous pensez quoi de
cette affirmation-là?
M.
Bonnardel : Quand on
a un directeur de… quand on a une firme de communication et qu’on s’enregistre
au Registre des lobbyistes, on doit être au courant des lois. Et, quand on
devient directeur des coms du gouvernement, d’un ministère aussi important que
celui de l’Environnement, on doit être au courant. Alors, si, malheureusement,
il enfreint ce code d’éthique, bien, ce sera au commissaire, M. Saint-Laurent,
de faire suite à cette demande d’enquête que je fais ce matin. Et Yves-François
Blanchet doit dire à son directeur des communications ce matin : Tu te
retires de l’emploi que je t’ai donné le 7 juin dernier jusqu’à temps que la
demande d’enquête et que cette enquête soit terminée. Merci.
(Fin à 10 h 52)