(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, mes chers collègues députés, je vous souhaite une très bonne
séance. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration de députés, et je cède la parole à M. le député de Rimouski pour sa déclaration.
Souligner la Journée
internationale des personnes aînées
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Le 1er octobre, c'est la journée
internationale des personnes âgées.
Je profite de cette occasion pour rappeler la tenue de la consultation
Préparons l'avenir avec nos aînés, pilotée par l'ex-ministre Marguerite Blais et coprésidée par Sheila
Goldbloom et le Dr Réjean Hébert. Il y a 10 ans, cette démarche avait permis
de jeter un éclairage important sur les réalités que vivaient les aînés et
d'établir des priorités d'action.
Mme Blais
affirmait à l'époque qu'il ne revient pas au seul gouvernement d'agir, c'est
l'ensemble de la société qui doit se
mobiliser. Pour cette raison, la consultation publique sur les conditions de
vie des aînés visait à rejoindre le plus
de gens possible, les personnes aînées elles-mêmes, leurs proches, les
organismes communautaires, les intervenants dans les domaines de la santé
notamment, les bénévoles, les experts, et plus encore. 10 ans plus tard, cela a
encore tout son sens.
Dans 13 ans,
un Québécois sur quatre aura plus de 65 ans. Les nouvelles réalités que les aînés
et l'ensemble de la société auront à
faire face exigent plus qu'une consultation par Internet. 15 000 Québécois
et Québécoises et les représentants des
aînés demandent d'aller à la rencontre des personnes aînées et de l'ensemble de
la société civile. Il faut les écouter. Nous devons nous préparer au vieillissement de la population. Cela ne
doit pas être vu comme un problème, mais comme un beau défi collectif.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Rimouski. M. le député de Drummond—Bois-Francs, pour votre
déclaration.
Souligner le 10e
anniversaire de la Coopérative de
solidarité artistique de la MRC de Drummond
M. Sébastien
Schneeberger
M.
Schneeberger :
O.K. Bonjour, M. le Président. Aujourd'hui, je veux souligner le 10e
anniversaire de la Coopérative de solidarité artistique de la MRC de Drummond,
appelée Axart. Cette coopérative soutient la carrière de ses membres et
promeut leurs oeuvres à l'échelle locale et internationale.
Axart compte
une soixantaine de membres actifs et majoritaires investis en arts visuels et,
pour certains et certaines, en
métiers d'art. Axart contribue au développement culturel et économique du
Centre-du-Québec en proposant notamment des expositions solos ou collectives accessibles à divers publics. La
coopérative anime une galerie d'art et dispose d'une salle
multifonctionnelle.
Pour son 10e anniversaire, Axart bouillonne de
créativité, comme en témoignent son marché d'oeuvres et de produits dérivés en juillet dernier, sa participation
au mois de la photo en septembre, son activité-bénéfice le 12 octobre, son
marché aérien jusqu'à la fin d'octobre et son grand marché de Noël en décembre
prochain.
Alors, je félicite M. François Bolduc et toute
son équipe pour cette belle oeuvre d'art. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Drummond—Bois-Francs.
Mme la députée de Hull et vice-présidente, je vous cède la parole.
Souligner le 30e
anniversaire de la Résidence de l'Île
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, depuis maintenant trois
décennies, la Résidence de l'Île héberge des personnes âgées dans son établissement au cachet patrimonial et à
l'atmosphère chaleureuse de la rue Saint-Rédempteur. Fondée en 1987 par M. Sam Chowieri, un grand
bâtisseur de chez nous, la Résidence de l'Île a pu ouvrir ses portes suite
à de grands travaux d'aménagement et de rénovation de l'église
Très-Saint-Rédempteur.
Aujourd'hui, je tiens donc à souligner
cet important anniversaire ainsi que la contribution remarquable de M. Sam Chowieri et du Groupe Katasa, qui
s'affairent, depuis 30 ans, à assurer le confort et le bien-être de nos aînés.
Leur présence assidue et l'accueil
chaleureux qu'ils offrent à nos retraités sont un témoignage indéniable de leur
engagement au mieux-être de la population de l'Outaouais.
Félicitations
et bon 30e anniversaire à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, veillent
sur les résidents de la Résidence de l'Île! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Hull. M. le député de Saint-Jérôme, à vous la parole.
Rendre hommage à L'Association du baseball et
de la balle molle mineur de Saint-Jérôme
M. Marc Bourcier
M. Bourcier :
M. le Président, j'aimerais vous parler, ce matin, d'un groupe de personnes qui
s'implique à fond dans la promotion du sport et des saines habitudes de vie
chez nos jeunes : l'association de baseball mineur de Saint-Jérôme.
Depuis des années,
ces hommes et ces femmes, parents, mais aussi des amis du baseball, organisent
la saison d'été des enfants de 5 à 18 ans
pour qu'ils pratiquent ce noble sport dans des conditions optimales pour le
plus grand plaisir de tous. Opérer
bénévolement le restaurant du parc Melançon, entre autres choses, ce n'est pas
une mince affaire, c'est littéralement un don de soi, et ce, pour les
bonnes raisons. Attirer plus de 200 personnes dimanche dernier pour le gala du baseball par une chaleur suffocante est un
exploit, mais surtout le plus beau compliment qu'on puisse faire à ces
personnes dévouées à la cause du baseball à Saint-Jérôme.
Grâce
à Patrick, Maurice, Francis, France, Suzanne, Caroline et tous les membres de
l'organisation, les inscriptions montent à chaque année, et je leur offre toute
la reconnaissance de l'Assemblée nationale du Québec.
Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Saint-Jérôme.
Alors, M. le député de Laval-des-Rapides, je vous cède la parole pour votre
déclaration.
Féliciter la Fondation Droit au Talent pour sa
contribution à l'enseignement de la musique
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je souhaite souligner
le travail admirable d'une fondation qui porte merveilleusement bien son
nom.
La
Fondation Droit au Talent a essentiellement pour mission de permettre à des
jeunes de recevoir un enseignement musical
dès l'école primaire dans le cadre d'un programme arts-études dispensé dans
cinq écoles de la commission scolaire de Laval. Toutefois, il est
important de souligner que c'est en grande partie grâce à la générosité des
donateurs que la fondation soutient
notamment l'accompagnement personnalisé en musique depuis sa création en l'an
2000. J'ai eu le grand honneur d'être
président d'honneur pour la cinquième édition du concert-bénéfice de l'avenir,
spectacle au profit de la fondation
qui a eu lieu en mai dernier. J'ai alors pu témoigner une fois de plus des
bienfaits indiscutables de l'apprentissage de la musique sur
l'épanouissement de la jeunesse.
Merci
à la fondation et aux donateurs de croire en ce programme tout comme j'y crois
sincèrement et d'encourager un vivier de jeunes talents époustouflants.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Laval-des-Rapides. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
à vous la parole.
Rendre hommage à la Catalogne
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Le 11 octobre 1714 est le jour de
la chute de Barcelone. Le 8 septembre 1760
est le jour de la reddition de Montréal, entraînant la chute de la
Nouvelle-France. La langue catalane, qui avait été interdite sous la dictature de Franco, a souvent
été malmenée par Madrid. La langue française, interdite au Parlement suite
à l'Acte d'Union de 1840, a souvent aussi
été traitée avec peu de respect ici, au Québec. Les problèmes constitutionnels
que la Catalogne vit depuis si longtemps ne sont pas sans rappeler les nôtres.
Malgré le fait qu'il soit toujours difficile de faire des analogies entre des nations, car chacune d'entre elles a sa
propre histoire, je me dis que la Catalogne et le Québec sont peut-être
frères ou peut-être soeurs.
Quelques heures avant de m'envoler
vers la magnifique ville de Barcelone, je rends donc hommage à la Catalogne
et au peuple catalan et je me prends à rêver
que les Québécoises et Québécois s'en inspirent et se remettent en marche
vers notre projet de pays, le Québec.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci à vous, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M. le député de Maskinongé, à vous la parole.
Rendre un hommage posthume à M. Pierre Latraverse
pour son dévouement envers la conservation de la
faune et la protection de l'environnement
M. Marc H. Plante
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, aujourd'hui, je souhaite rendre un
hommage posthume à M. Pierre Latraverse, qui nous a, malheureusement, quittés
au cours des dernières semaines.
Homme
de conviction reconnu pour son dévouement envers la conservation de la faune et
la protection de l'environnement au Québec, M. Latraverse s'est engagé, toute sa vie, à la
protection et à la mise en valeur de l'écosystème du lac Saint-Pierre ainsi que de son archipel. Il
voulait que ses enfants et ses petits-enfants puissent comme lui grandir
en pouvant bénéficier des richesses de notre
fleuve. Grâce à ses qualités de leader, de rassembleur, par sa capacité de
mener à terme des projets
d'envergure, Pierre a agi à titre de président du Comité ZIP du lac
Saint-Pierre, président de la Fédération québécoise des chasseurs et
pêcheurs, en plus d'être un membre fondateur de l'Aire faunique communautaire
du lac Saint-Pierre. En guise de reconnaissance
pour son engagement, il a été récompensé du prix Roland-Michener 2017,
décerné par la Fédération canadienne de la faune.
Pierre, nous
n'oublierons jamais ton héritage que tu nous as légué. Merci et chapeau!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Maskinongé. M. le député de Nelligan, à vous la parole.
Souligner le 50e anniversaire de la Société d'habitation
du Québec
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Merci, M. le Président. Alors, l'année 1967 a été le théâtre de grands
changements sociaux au Québec. Parmi les
legs hérités de la Révolution tranquille, nous pouvons compter la création de
la Société d'habitation du Québec.
C'était un 27 septembre, il y a exactement 50 ans. Au cours de ces
50 années, elle a contribué à créer près de
125 000 logements sociaux communautaires dans toutes les régions du
Québec. Cette année seulement, plus de 231 000 ménages
vont profiter des différents programmes et services offerts par la SHQ. Grâce à
ces programmes, des milliers de familles profitent de meilleures
conditions de vie.
Le
travail ne s'arrête pas là. Comme vous le savez, mon collègue député de
Côte-du-Sud a fait le tour du Québec pour
connaître les meilleures façons de moderniser notre approche en habitation
sociale et communautaire. Le gouvernement compte aller de l'avant pour améliorer nos façons de faire et mieux
répondre aux besoins spécifiques de toutes les régions du Québec.
Pour
finir, je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont contribué à bâtir et à
façonner cette organisation et à servir les Québécoises et Québécois.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Nelligan. M. le député de Montmorency, je vous cède la parole pour votre
déclaration.
Souligner la présence de résidents du Manoir du
verger inc. en visite à l'Assemblée nationale
M. Raymond Bernier
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Ce matin, M. le Président, je désire
saluer des aînés qui nous rendent visite du Manoir du verger de Saint-Augustin-de-Desmaures. Donc, j'ai
l'occasion, ce matin, de les saluer. Ils vont être parmi nous durant la période des questions. Ils sont
déjà arrivés. Écoutez, c'est une résidence où on retrouve 137 appartements
et où les gens sont extrêmement dynamiques dans leurs activités. J'ai été à même de
constater, M. le Président, au cours des dernières semaines, plusieurs activités auxquelles j'ai assisté et je désire
saluer ces gens-là, qui viennent nous visiter ce matin et qui nous font
l'honneur de venir voir nos parlementaires.
Je
veux également souligner l'importance pour nous de recevoir des groupes d'aînés ici, à l'Assemblée
nationale, qu'ils puissent venir nous visiter et prendre contact avec
les parlementaires. Donc, j'invite, bien sûr, les gens de Louis-Hébert, les gens de Montmorency mais ceux de
tous les comtés à venir nous voir ici, à l'Assemblée nationale. Ça nous
fait grandement plaisir. Bienvenue ce matin!
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député de Montmorency, pour cette déclaration. Et enfin,
Mme la députée de Crémazie, je vous cède la parole.
Souligner le 25e anniversaire de l'organisme Service
de nutrition et d'action communautaire
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Le 1er octobre prochain, nous soulignerons les 25 ans
d'existence d'un organisme-phare d'Ahuntsic,
le Service de nutrition et d'action communautaire, affectueusement appelé le
SNAC. 25 ans de travail, de dévouement,
d'engagement et de compassion, des milliers de personnes qui ont été prémunies
contre la faim et l'isolement, c'est un fait d'armes remarquable qui
doit être souligné.
Chantal, Louise,
Antonio, toute l'équipe du SNAC, les nombreux bénévoles, il est essentiel de me
lever ici, à l'Assemblée nationale, pour
vous dire merci. Votre implication fait une différence tous les jours pour
nombre d'Ahuntsicoises et d'Ahuntsicois. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Crémazie. Voilà qui met un terme à la rubrique Déclarations
de députés.
Et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mesdames et messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Décision de la présidence sur
la recevabilité des demandes de débat
d'urgence concernant les droits compensatoires préliminaires
imposés aux appareils CSeries de Bombardier
Alors,
j'ai reçu, conformément aux dispositions des articles 88 et suivants du règlement,
une première demande de débat
d'urgence de la part du leader du deuxième
groupe d'opposition. Par la suite, j'ai reçu une deuxième demande de
la part du leader de l'opposition
officielle. Ces deux demandes portent
sur le même sujet, soit la décision du département du Commerce américain d'imposer des droits de
compensation préliminaires à la hauteur de 220 % aux appareils CSeries
de Bombardier.
Le
leader du deuxième groupe
d'opposition allègue que, comme
Bombardier est l'une des entreprises les plus importantes au Québec et que le gouvernement du Québec est maintenant un
actionnaire de la division CSeries à la hauteur de 1,3 milliard de dollars, cette décision aura des impacts
économiques majeurs pour le Québec et ses nombreux travailleurs de l'aéronautique. Il mentionne aussi, notamment,
que cette situation constitue une crise aiguë et soudaine qui justifie
la tenue d'un débat d'urgence.
Pour
sa part, le leader de l'opposition officielle souligne que la décision du département
américain marque une aggravation
subite de la situation. Il plaide aussi que ce débat d'urgence vise notamment à
rassurer la population québécoise, qui
manifeste de grandes inquiétudes sur les effets que pourrait avoir cette
décision sur l'économie du Québec en ce qui a trait à l'avenir de ce
fleuron québécois qu'est Bombardier.
Enfin,
les deux leaders justifient leurs demandes par le fait que l'Assemblée n'aurait
d'autres occasions prochaines de
discuter de cette situation; les sujets des affaires inscrites par les députés
d'opposition et d'interpellation de cette semaine sont déjà choisis.
Je
rappelle que, lorsque la présidence doit décider de la recevabilité d'une telle
demande, elle se base sur les critères prévus
à l'article 88 et suivants du règlement et à ceux qu'a élaborés la
jurisprudence parlementaire au cours des années. Ainsi, pour qu'une
demande de débat d'urgence soit recevable, elle doit porter sur un sujet précis
d'une importance particulière et qui relève
de la compétence de l'Assemblée. De plus, le sujet doit concerner une crise
aiguë et soudaine ou l'aggravation
d'une telle crise. Par ailleurs, la présidence doit également
considérer le fait que le sujet a été ou non discuté dans d'autres
circonstances et des occasions prochaines pour le faire.
En
l'espèce, la décision du département du Commerce américain d'imposer des droits
compensatoires préliminaires à la
hauteur de 220 % aux appareils
CSeries de Bombardier constitue un sujet précis, d'une importance particulière
et qui relève de l'Assemblée. Certes,
la décision rendue hier pourrait avoir des impacts importants sur l'économie du
Québec. Il s'agit donc d'une
situation majeure pour laquelle tout le monde, et au premier plan les
parlementaires, a un intérêt marqué. Compte
tenu de la grande importance de cette décision, les conséquences qui pourraient
en découler et considérant que la population
est en droit de s'attendre à une réaction des élus québécois, je considère
qu'il est de mon devoir de permettre que
les députés du Québec puissent s'exprimer sur le sujet. Par ailleurs, comme
nous sommes actuellement en tout début de
période des travaux, cela laisse suffisamment de temps pour que le menu
législatif du gouvernement puisse se réaliser.
Pour
toutes ces raisons, je déclare la demande de débat d'urgence recevable. Et
c'est une des premières fois, m'indique-t-on,
que nous avons deux demandes de débat d'urgence en même temps sur le même
sujet. Alors, nous avons une autre première ici.
Des voix :
...
Le Président :
J'entends qu'il n'y a jamais deux sans trois. Bien, on attendra la prochaine
fois.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre responsable des Relations
canadiennes et de la Francophonie canadienne
Rapport annuel du Centre de la
francophonie des Amériques
M.
Fournier : M. le Président, j'ai le plaisir de déposer le rapport d'activité 2016-2017
du Centre de la francophonie des Amériques.
Le Président :
Ce rapport est déposé. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel de la Société
de financement des infrastructures locales
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, je dépose aujourd'hui le rapport d'activité 2017
de la Société de financement
des infrastructures locales du Québec.
Le Président :
Ce rapport est déposé. M. le ministre de la Sécurité publique.
Ententes de financement
complémentaire pour la prestation des services
policiers dans les communautés de Lac-Simon et d'Opitciwan
M. Coiteux :
Oui. M. le Président, conformément à l'article 92 de la Loi sur la police,
je dépose l'Entente de financement complémentaire
pour la prestation des services policiers dans la communauté de Lac-Simon et
l'Entente sur le financement complémentaire pour la prestation des
services policiers dans la communauté d'Opitciwan.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Emploi.
Rapport annuel de la
Commission de la capitale nationale
M.
Blais : M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport
annuel 2016-2017 de la Commission de la capitale nationale du
Québec.
Le Président :
Ce rapport est déposé. Mme la ministre du Tourisme.
Rapport annuel du ministère du
Tourisme
Mme Boulet :
M. le Président, avec votre permission, je dépose le rapport annuel de
gestion 2016-2017 du ministère du Tourisme.
Le Président :
Ce rapport est déposé. M. le ministre des Forêts.
Rapports annuels de la
Fondation de la faune et de la
Société des établissements de plein air
M.
Blanchette : ...je
dépose aujourd'hui le rapport
annuel 2016-2017
de la Fondation de la faune du Québec et le rapport annuel 2016-2017
de la Société des établissements de plein air du Québec.
Le Président :
Ces rapports sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M.
Fournier : Je dépose les
réponses du gouvernement aux pétitions présentées par la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques le 29 mai 2017, la
députée de Taillon
le 9 juin, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve le 13 juin, le député de Berthier le 14 juin et le député de Mercier le
14 juin.
Réponse
à une question inscrite au feuilleton
Je
dépose également la réponse du gouvernement à la question
inscrite au feuilleton présentée par le député de Terrebonne
le 14 juin 2017.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports proposant que le projet de loi n° 137, Loi
concernant le Réseau électrique métropolitain, soit adopté.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période
de questions et de réponses orales,
et je cède la parole à M. le chef de
l'opposition officielle.
Droits compensatoires sur les
CSeries
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : La compagnie
Bombardier est aujourd'hui l'objet d'une attaque sans précédent de son
concurrent Boeing et du département
du Commerce américain. Ils veulent imposer à ses avions une surtaxe à l'entrée,
absurde, de 220 %. Pourquoi? Parce que Bombardier a produit un avion
sans pareil, la série C, plus performant, moins polluant que tout ce qui
se trouve sur le marché, parce que les
ingénieurs, les techniciens et les travailleurs de Bombardier ont fait preuve d'excellence, et ça fait peur à Boeing. Cette
compagnie géante, la plus subventionnée de l'histoire des États-Unis, avec des
dizaines de milliards de dollars de contrats
du Pentagone et d'incitatifs fiscaux, a peur. Malgré tous ses avantages, Boeing
veut bâtir un mur tarifaire pour empêcher
que Bombardier lui prenne des parts de marché. Boeing, c'est Goliath qui a
peur, avec raison, de David.
Tout
à l'heure, nous allons voter ensemble une motion déclarant que l'Assemblée
déclare abusive et sans fondement la
décision de Bombardier, qu'elle réitère son appui à tous les travailleurs et
qu'elle assure ces travailleurs que tous les membres de l'Assemblée
seront derrière eux.
Ma question au premier ministre : Quelle est
la stratégie de son gouvernement à partir de maintenant pour faire en sorte que
cette décision de 220 % sur les avions de Bombardier soit renversée par le
gouvernement américain ou retirée par Boeing?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vais d'abord dire à mon collègue que j'apprécie la
façon avec laquelle il aborde cette
question. C'est une journée pour l'unité des Québécois, l'unité à l'Assemblée
nationale, pas pour une entreprise autant que pour les travailleurs des familles qui nous écoutent. Ils ont écouté
son intervention, ils ont écouté la mienne plus tôt, et je vais répéter, encore une fois, ce qu'il a dit,
qui est tout à fait exact, que la
raison pour laquelle Boeing pose ce geste injustifié et arrogant — je pense qu'il n'y a pas d'autres mots à
employer que ceux-là — c'est qu'on a, au Québec, inventé, fabriqué, assemblé le
meilleur avion au monde dans sa catégorie, et ça, ils ne sont pas capables de
le supporter.
C'est
un très mauvais calcul. C'est un très mauvais calcul parce que la qualité du
produit va emporter sur toutes les basses considérations comme celle-là.
D'autant plus que, s'il y a une compagnie aéronautique au monde qui a été
littéralement nourrie et surnourrie par les subventions gouvernementales, c'est
bien Boeing.
Alors,
je crois que l'ensemble de mes collègues, on devrait parler d'une même voix, et
je crois qu'on le fera si j'en juge
d'après l'intervention de mon collègue ici, pour dire à M. Trudeau, qui
jusqu'à maintenant a bien tenu la ligne, je pense qu'il faut le dire honnêtement, et de façon correcte, mais je l'ai
résumé de la façon suivante : Pas un boulon, pas une pièce, pas un
avion de Boeing qui rentre au Canada jusqu'à la résolution de cette question.
Vous
avez vu également que la première ministre de Grande-Bretagne — donc, il n'y a pas que nous qui disons
ça, là — Mme May, a dit... même chose, elle va
réévaluer tous les liens entre la Grande-Bretagne et Boeing. Pour Boeing, il y aura lieu de se demander s'ils n'ont pas créé
quelque chose qui va leur échapper. Et, au bout de la ligne, la qualité du
génie québécois va faire ses preuves.
Pour
ce qui est de la stratégie, il va me pardonner certaines discrétions, parce que
c'est une stratégie, on ne peut pas tout mettre sur la table. Mais je
vais y revenir dans les questions qui vont venir.
• (10 h 10) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : On est dans un cas où c'est clair que l'intérêt
de la compagnie Boeing et l'intérêt des consommateurs américains sont en contradiction. C'est l'intérêt
des compagnies aériennes, pas des producteurs, des compagnies aériennes américaines et des citoyens américains qu'il y ait de la compétition sur le
marché et que donc la CSeries soit dans cette compétition. Et donc nous
avons des alliés à trouver et à mobiliser aux États-Unis.
Est-ce que
le premier ministre peut me l'indiquer, comment compte-t-il mobiliser
ces alliés en faveur des travailleurs
de Bombardier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard :
Alors, il est certain que cette décision, même si elle nous déçoit
profondément, elle n'est pas une surprise.
Je pense qu'on serait fort surpris si je disais que le gouvernement ne s'y
attendait pas et ne se préparait pas. Ça
s'est manifesté par de nombreux contacts diplomatiques. Il connaît le réseau
des représentations aux États-Unis, il connaît
également les démarches qu'on a faites, les rencontres qu'on a faites à
Washington, et on va continuer de faire ça.
Maintenant, la
prochaine étape concrète... En fait, il y a deux choses qui doivent arriver en
même temps. Concrètement, il faut qu'on
aille défendre, parce que la décision n'est pas encore définitive, il faut qu'on
aille défendre notre position à
Washington. Et je vais tout de suite lancer l'invitation à mes collègues. Si on
doit aller à Washington, je vais y
aller, puis je l'invite à venir avec moi pour parler aux Américains, puis
j'invite le chef de la deuxième opposition — on va l'entendre tantôt, on verra
comment il aborde la question — pour qu'on soit, tous les Québécois, à
Washington.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition. Merci.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Bien, je tiens à dire au premier ministre que je suis
parfaitement disposé à l'accompagner à Washington ou ailleurs pour faire la promotion de
l'excellence québécoise qui est incarnée dans la CSeries. Et effectivement je
pense qu'il faut jouer... il faut faire
du judo avec ça et démontrer, dans cette allégorie de David contre Goliath...
On sait comment ça s'est terminé,
hein? David était plus astucieux, il était plus innovateur, il a su comment
prendre son adversaire à revers. Et de faire en sorte que la CSeries et
Bombardier soient vus, dans le monde, comme l'innovateur, c'est notre tâche.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Et il faut même ajouter que — c'est le deuxième versant de ce que je
disais tantôt — on
continue à assembler l'avion, on
continue à en faire la promotion, on continue à le vendre. Il n'y a pas que les
États-Unis. C'est un énorme marché,
d'accord, mais il y a l'Asie, il y a l'Europe, il y a l'Afrique, il y a
l'Océanie. Ce sont de bons marchés pour l'avion, et on va s'assurer d'en
faire la promotion.
L'autre
erreur absolument fondamentale qui est commise par Boeing et les Américains qui
soutiennent Boeing, c'est qu'on
estime que, sur la durée de vie du programme de la CSeries, c'est plus de
22 000 emplois américains qui sont en jeu et des retombées
économiques de 30 milliards.
Alors,
comme c'est le cas pour le bois d'oeuvre, comme c'est le cas pour l'ALENA, ici,
l'Amérique se blesse elle-même, les États-Unis se blessent eux-mêmes.
Ils vont réaliser encore une fois qu'ils ont créé quelque chose...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...qui va leur échapper.
Le Président :
Principale, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Résultats scolaires des élèves
en difficulté
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Oui. M. le Président, au printemps dernier, j'ai interpellé
le ministre de l'Éducation dans le dossier des notes gonflées. Alors, le ministre a d'abord nié qu'une telle
pratique existait, pour finalement admettre qu'une directive
ministérielle était nécessaire à envoyer dans le réseau.
Alors,
le 30 mai 2017, lors du dépôt de la directive ministérielle, le
ministre nous a dit, et je cite : Ceci, je pense, va mettre fin à
cette histoire des notes gonflées.
Pourtant, deux mois
plus tard, cet été, la commission scolaire de la Capitale envoyait à tous les
enseignants la procédure à suivre pour les élèves inscrits aux cours
d'été. Écoutez bien ça, M. le Président :
«Pour
les résultats qui se situent entre 57 % et 60 %, avant d'entrer les
notes dans le système informatique de façon définitive, veuillez, s'il
vous plaît, en discuter avec la direction.»
Alors,
autrement dit, M. le Président, avant d'inscrire 57 % sur un bulletin, on
convoque les professeurs dans le bureau du directeur.
Comment le ministre cautionne-t-il... Est-ce
qu'il cautionne cette pratique de la commission scolaire?
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Merci, M. le Président. Le collègue me donne l'occasion de rappeler peut-être
les faits de l'histoire dont il rapporte la moitié.
Ce
qui a été fait par la commission scolaire de la Capitale, et ça a été dit,
alors je vais le répéter, M. le Président, c'est que c'est effectivement une demande qui a été envoyée aux
enseignants. C'est le directeur de la commission scolaire qui l'a dit, c'est rapporté dans les médias. Il y
a une autre partie qui n'a pas été rapportée, malheureusement, dans les médias,
mais ce qu'ils ont demandé, c'est de
rencontrer les enseignants. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de note sur les
bulletins pour des cours d'été. Tu
réussis ou tu es en échec. Il n'y a pas de 57 %, il n'y a pas de
58 %, il n'y a pas de 61 %, M. le Président.
Alors,
qu'un directeur d'école ait voulu parler avec son enseignant pour s'assurer que
l'équipe-école ensemble puisse être
en mesure de répondre aux questions des parents m'apparaît tout à fait normal. Là où je pense qu'il ne
faut pas aller, M. le Président, c'est dans la chose suivante. La directive, elle vient dire quoi? Tous
et chacun ont des rôles, ils doivent
respecter les rôles de chacun, ils doivent respecter l'espace d'autonomie. Mais
là j'ai l'impression aussi que les collègues, parfois, pensent que le directeur d'école, ça
ne sert à rien. Un directeur d'école, ça a aussi une prérogative, c'est
celle de travailler avec les enseignants, parce qu'ils connaissent aussi les
élèves. Et je pense que...
Le Président :
En terminant.
M. Proulx :
...quand tu es parent, c'est rassurant de savoir que c'est l'équipe-école qui
prend en charge ton enfant.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier : M. le
Président, le problème, c'est :
quand c'est écrit noir sur blanc dans la directive, c'est embêtant de dire après qu'il n'y a pas de résultats
qui sont écrits. Je vais vous la relire : «Pour les résultats se situant
entre 57 % et 60 %, avant
d'entrer les notes dans le système informatique de façon définitive, veuillez, s'il vous plaît, en discuter avec la direction
d'école.» Aujourd'hui, on apprenait également que, dans la région
de l'Outaouais, les résultats qui ont été écrits au mois de juin ne sont
plus les mêmes au mois d'août.
Trouvez-vous ça
normal, M. le ministre?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
En ce qui a trait à la région de l'Outaouais, peut-être fait-il référence à
l'entrevue qu'a donnée ce matin le
président du syndicat de la FAE. Il a dit qu'il était en cueillette de données
qu'il avait entendues. On verra si sa cueillette de données dit ce que
vient de dire le collègue. Moi, je n'aime pas affirmer les choses qui ne sont
pas à ma connaissance. Et le collègue n'a pas non plus ces informations-là, M. le
Président. Alors, qu'il l'émette comme une hypothèse, c'est une chose, qu'il
dise que c'est une vérité en est une autre.
Deuxièmement, on
parle d'élèves qui se retrouvent, là, à la frontière entre l'échec et la
réussite. Qu'est-ce qu'il y a de mal à ce
qu'une direction discute avec l'enseignant, comme doit le faire avec une
équipe-école, du cas d'un élève? Pourquoi? Pour être en mesure de
répondre aux questions du parent. Pas pour changer les notes...
Le Président :
En terminant.
M. Proulx : ...pas
pour se substituer à la place d'un enseignant, pour exercer un leadership...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, lorsqu'on prend le temps de lire la
directive ministérielle, on comprend pourquoi, au Québec, il n'y a absolument rien de changé sur les notes gonflées. Je
vais vous lire la recommandation que le ministre a envoyée dans le réseau, écoutez bien ça :
«Les évaluations des élèves sont effectuées dans le respect des droits et
obligations [...] des enseignants, du
directeur de l'école, du conseil d'établissement de l'école et de la commission
scolaire.» On ne dit nulle part, M.
le Président, que les notes ne doivent pas être modifiées et que l'enseignant a
un jugement professionnel.
Comment le ministre
justifie-t-il son échec à respecter le jugement des enseignants?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
Sébastien Proulx
M. Proulx :
M. le Président, je ne sais pas dans quel type d'État veut vivre le député de
Lac-Saint-Jean, mais je vais expliquer comment ça fonctionne. Une politique
d'évaluation, c'est pris localement, c'est fait par une direction, des enseignants et des parents. Il faut aussi
respecter l'autonomie des gens et le jugement des gens. Là où il fallait
intervenir, c'est de rappeler à ceux
et celles qui travaillent avec les enseignants qu'ils ont un espace
d'autonomie, qu'ils sont les mieux placés pour faire l'évaluation. Mais
jamais, au grand jamais, je ne vais demander à des gens de refuser de parler
des élèves avec leurs enseignants. Jamais je
ne vais refuser à des gens d'intervenir auprès d'eux dans l'accompagnement des
parents par la suite. Moi, je veux des équipes-écoles...
Le Président :
En terminant.
M. Proulx : ...impliquées, qui connaissent nos enfants, M. le Président, et qui
travaillent dans leur intérêt d'abord.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Investissement gouvernemental
dans le développement des CSeries
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, dans le dossier de Bombardier, le premier ministre sait que
j'étais en désaccord pour que le gouvernement investisse seulement dans
la série C plutôt que dans l'ensemble de l'entreprise. Je n'ai pas changé
d'idée. Cependant, aujourd'hui, ce qui est important, c'est d'être tous
ensemble pour défendre les travailleurs de Bombardier.
Oui,
j'accepte l'invitation du premier ministre d'aller avec lui à Washington. Mais,
M. le Président, il faut aussi se
demander qu'est-ce qu'on fait en attendant. Il n'y a rien de pire, en affaires,
que l'incertitude, et là on risque d'avoir une période d'incertitude qui va durer des mois. Au cours des dernières
semaines, le prix de l'action de Bombardier a baissé d'à peu près 40 %, ce matin on a une baisse
d'encore un autre 10 %. Donc, il va falloir aussi s'asseoir avec l'entreprise
puis voir qu'est-ce qu'on fait pour la suite des choses.
Le
gouvernement du Québec a décidé d'investir 1,3 milliard de notre argent en
capital-actions, le gouvernement fédéral a seulement investi
124 millions, et c'est un prêt.
Est-ce
que le premier ministre a l'intention de s'asseoir avec le gouvernement fédéral
pour rééquilibrer les risques? Quel est son plan avec le gouvernement
fédéral?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, je vais également saluer le ton et la façon dont le chef de la
deuxième opposition aborde la question.
On aura peut-être, une autre fois, la discussion sur le choix justifié, à notre
avis — moi non
plus, je n'ai pas changé d'avis — qui a été fait. Mais aujourd'hui on pense
aux travailleurs, on pense au secteur aéronautique avant tout, et je suis
content que ce soit de cette façon qu'on l'aborde.
Alors,
sur la question de l'attitude du gouvernement fédéral, je pense qu'il faut
diviser les commentaires en deux. D'abord,
ce que dit M. Trudeau, ce que fait M. Trudeau actuellement à
l'endroit de Boeing, c'est exactement ce qu'il doit faire. Et je me suis permis
de l'amener à continuer d'être ferme et même dur quant aux transactions que
Boeing voudrait faire avec l'État canadien, notamment dans le domaine
des avions militaires.
Sur
le choix, la façon d'intervenir du gouvernement fédéral auprès de la série C,
au moment où ça s'est fait — ou de Bombardier — on
avait déjà pris pas mal de terrain.
Alors,
j'ai toujours dit, et je vais répéter encore une fois aujourd'hui, et ce n'est
pas une nouvelle parce que ça a toujours
été dit : On est constamment à l'affût et à la recherche d'un nouveau
partenaire stratégique. Le rôle ultime d'un gouvernement, ce n'est pas de devenir un fabricant d'avions, c'est de
soutenir le secteur, soutenir l'économie, soutenir les emplois. Alors, s'il y a un partenaire stratégique de bonne foi, et
c'est certain qu'on ne sera pas passifs là-dedans, on n'attendra pas qu'il vienne nous voir, s'il y a un
partenaire stratégique de bonne foi qui va garantir, bien sûr,
non seulement la pérennité du programme, mais nos efforts de
commercialisation dans le reste du monde, certainement qu'on va être à
l'affût. Pour ce qui est de l'aide du fédéral, ils auront à décider au cours
des prochains mois, des prochaines semaines s'ils veulent en ajouter ou la
faire différemment. Pour ce qui est de la nôtre, ce qui a été fait a été bien
fait, comme ça devait l'être.
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : Maintenant, on défend les travailleurs.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le premier ministre dit... s'y attendait un peu à la décision. Donc, on s'attendrait
à ce qu'il y ait un plan concret. Par exemple, est-ce que le premier
ministre va demander au gouvernement fédéral de payer les droits compensateurs sur la commande de Delta?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Si on faisait ça
ou on disait ça aujourd'hui, M. le
Président, ça signifierait qu'on
accepte la décision et qu'on pense
qu'elle va être définitive. Moi, je crois que cette décision est tellement
saugrenue, loufoque même, à sa face
même, qu'il y a tous les arguments nécessaires pour la faire renverser à Washington. On le fera.
Puis je suis content qu'il veuille
participer à cette opération-là. Alors, ce n'est pas aujourd'hui qu'on va dire à quelqu'un : Tu vas payer la facture d'une
affaire qu'on conteste. Ce n'est pas de même que ça marche non plus en
affaires, à mon avis.
Alors, on va
continuer, bien sûr, à faire les représentations qu'il faut. On
n'accepte pas ces droits-là. D'ailleurs,
ils ne sont pas réels tant que le premier avion de Delta n'est pas livré aux États-Unis.
Et je peux dire que l'entreprise également travaille sur plusieurs scénarios, là-dessus.
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : Alors, plutôt
que de céder à la panique en termes
de réaction rapide et trop rapide,
prenons le temps de bien réfléchir.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, ce n'est pas une question
de céder à la panique, c'est une question d'avoir un plan. Actuellement, le gouvernement du Québec a mis 1,3 milliard de l'argent des Québécois en capital-actions.
Le gouvernement fédéral
a un prêt de 124 millions. Donc, il va passer avant nous autres. Quel est
le plan du premier ministre? En a-t-il un?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Mais bien sûr. Le premier plan, ça a été de sauver la série C puis Bombardier,
ce qu'on a fait malgré certaines résistances, hein, on va le dire entre
nous.
Maintenant,
je crois comprendre qu'il faudrait demander au fédéral de payer les droits
compensatoires éventuellement.
Comment pense-t-il que ce paiement serait
perçu par les organisations de commerce international? Comment pense-t-il que
ce serait perçu aux États-Unis? Est-ce qu'il pense que ça renforcerait la
position de Boeing ou est-ce qu'il pense que ça l'affaiblirait? Moi, je pense que ça serait une erreur majeure, hein,
au stade actuel, de même laisser entrevoir qu'on pourrait faire quelque chose comme ça. On va continuer à soutenir
l'entreprise et l'industrie. Au-delà
de l'entreprise, c'est l'industrie et nos travailleurs. Et ce que je
demande aujourd'hui à M. Trudeau, et je n'ai pas de doute qu'il va le
faire, je vais le répéter : Pas un boulon, pas une pièce, pas un
avion de Boeing au Canada...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...tant que ce n'est
pas réglé.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Exigences en matière de contenu local
dans les appels d'offres publics
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, l'imposition de droits
compensateurs de 220 % contre
les avions de Bombardier montre à quel point la vague de protectionnisme
aux États-Unis risque de faire mal à nos entreprises.
Hier, on
apprenait que l'entreprise française Alstom s'est associée avec l'entreprise
allemande Siemens pour avoir un géant
européen. Donc, ça va jouer dur dans les prochaines années. Les Américains
protègent leurs intérêts, les Européens protègent leurs intérêts, les Chinois protègent leurs intérêts, et une
des façons légales de protéger ses intérêts, c'est d'exiger du contenu local dans nos appels d'offres publics
pour des infrastructures. Le gouvernement ne doit pas être naïf. On ne
doit pas être le dindon de la farce.
Qu'est-ce
que le premier ministre attend pour exiger que la Caisse de dépôt pose des
conditions de contenu local dans le projet de REM?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Une question qui
finit très mal, et j'espère qu'il n'y a pas beaucoup d'agences de crédit
internationales ni d'autres
organisations financières à l'écoute, parce qu'elles pourraient penser que
c'est la nouvelle politique du gouvernement du Québec.
Ce que le
collègue me demande, c'est de prendre le téléphone puis donner à la Caisse de
dépôt une instruction sur la façon
dont elle conduit ses investissements et ses affaires. Quelle erreur
catastrophique ce serait pour le Québec! Immédiatement, la Caisse de dépôt est décotée, elle n'est plus crédible
sur les marchés financiers parce qu'il est perçu et connu que ce n'est
qu'une marionnette politique.
Est-ce que
c'est ça, pour le chef de la deuxième opposition, le destin de la Caisse de
dépôt, devenir sa marionnette politique?
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, la Caisse de dépôt gère les biens des Québécois. Le
gouvernement du Québec investit dans le REM, il a le droit de demander
des conditions de contenu local. Quelle naïveté de la part du premier ministre.
Quand va-t-il exiger du contenu local, comme le
font les Américains?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, ce matin,
M. le Président, en me levant, là, je me suis vraiment parlé, là, puis je me
suis dit : Même s'ils disent des
niaiseries, ne réponds pas. Ne réponds pas, ne va pas sur ce plan-là, reste sur
les enjeux. Alors, c'est ce que je fais.
Le Président : Alors,
évidemment...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vais vous
demander, à tout le monde, de faire attention dans ces épithètes. Je l'ai entendue, mais j'en ai entendu
une autre avant. J'en ai entendu une autre avant. Alors, je vais vous demander,
M. le premier ministre, de continuer mais de
faire attention. Je demande la même chose à notre collègue le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M.
Couillard : ...très simple à
ce que dit mon collègue : Qu'il en fasse un élément de sa plateforme
électorale. Qu'il annonce au monde
entier et à l'Amérique du Nord que la Caisse de dépôt et placement, sous un
gouvernement très théorique de la CAQ, va être une marionnette
politique, et on verra les réactions des marchés.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le ministre
des Transports nous a dit que lui, il aurait aimé que la Caisse de dépôt exige du contenu local. Est-ce que le premier ministre est en train
de dire que son ministre des Transports dit des niaiseries?
Des voix : ...
Le Président : Attention!
Attention!
M. Legault : M. le Président,
quand le premier ministre va-t-il se battre à armes égales avec les Américains?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, honnêtement, là, en fait, je n'ai pas besoin de rien dire. J'invite
juste la population à juger le style de politique que pratique le chef
de la deuxième opposition.
Maintenant, si on veut vraiment aider les
Américains à battre le Québec, transformons la Caisse de dépôt et placement du Québec en marionnette politique.
Soyons sûrs que tout le monde nous entend. Bien sûr qu'on le souhaiterait,
tout le monde le souhaite, mais il y a une
différence entre souhaiter et ordonner. Le jour où on ordonne quelque chose à
la Caisse de dépôt, on détruit sa réputation.
Le Président : Principale, M.
le député de Granby.
Conditions du renouvellement de l'entente
entre Uber et le gouvernement
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, Uber est un mode de transport moderne qui est né grâce au
développement de la technologie, et,
en provoquant le départ de l'entreprise, le gouvernement fait la démonstration
qu'il n'est pas capable de trouver
une place pour l'économie collaborative. Le premier ministre aime jouer à
l'homme du XXIe siècle, mais son gouvernement n'a aucun intérêt
pour l'économie moderne.
Aujourd'hui,
le gouvernement ferme la porte à Uber. Demain, est-ce qu'il va mettre des
bâtons dans les roues de Lyft, de
Didi, la voiture autonome Google? Qu'en sera-t-il des applications de
déneigement, de partage de repas, de stationnement? Ça viendra
bouleverser le modèle d'affaires qu'on connaît, les modèles d'affaires qu'on
connaît déjà.
Pourquoi la
nouvelle économie n'intéresse pas le premier ministre et encore moins le
ministre des Transports? Est-ce que le ministre des Transports va se
rasseoir avec Uber et trouver une piste de solution?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Moi, ma collègue de Développement économique me parlait que Google, Facebook,
etc., les grands de ce monde
choisissent Montréal pour son ouverture sur les technologies. Honnêtement, on
n'a pas non plus délégué la science
des applications mobiles à Uber. On a ouvert la porte pour faire un projet
pilote, Téo a une application mobile, les
taxis de Québec que j'ai rencontrés ont une application mobile. Honnêtement,
dans l'amélioration du service véhicules autonomes, intelligents, lors du dernier sommet mondial du transport à
Montréal, donc, qui se promènent actuellement sur le Parc olympique...
Alors donc, on est ouverts aux technologies.
Mais en même
temps l'ouverture fait en sorte aussi qu'on exploite quand même à certaines
conditions. Le véhicule autonome, intelligent
opère dans un environnement contrôlé, hein? Google s'installe au Québec, on
dit : Bien, il y a des règles d'admission, il y a des règles de
jeu. Pour ce qui est d'Uber, on a facilité, un, le renouvellement, on a permis
le renouvellement, avec certaines conditions et des exigences.
Là, ce que je
comprends, sur les habilitations sécuritaires, hier, la CAQ semble être
d'accord avec le gouvernement, puis,
sur le rehaussement de la formation, puisqu'ils atteignent difficilement
certains standards dans la conduite à tous les jours, d'être légal, de
s'identifier...
• (10 h 30) •
Le Président : En terminant.
M.
Lessard :
...d'avoir les autorisations et les habilitations, honnêtement, je ne comprends
pas, là...
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, Uber compte 900 000 utilisateurs uniques, les
citoyens de Montréal, et Québec, et
Gatineau principalement. En 12 mois, c'est 10 000 chauffeurs partenaires
qui ont réalisé près de 8 millions de courses.
Il parle
de formation. M. le Président, on va se comparer. Toronto, Ottawa, Mississauga,
Hamilton, London, Niagara, Waterloo,
Windsor, Edmonton, Calgary, Lethbridge et Red Deer, aucune de ces villes ne
demande de formation. Et même Vancouver va permettre cet hiver à ce
qu'Uber puisse opérer parce qu'on est en train de cartographier.
Est-ce que, minimalement, le ministre va
s'asseoir avec Uber?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, le bureau est toujours ouvert, à tous les jours. Il y a des
discussions qui ont lieu, alors...
Une
voix : ...
M.
Lessard : Oui, oui, oui. Alors, je pense que lui, il veut
être peut-être le premier ministre d'une autre province. Alors donc,
nous, on a choisi le Québec.
Je
tiens à lui rappeler aussi qu'il y a quand même 22 000 chauffeurs de
taxi au Québec qui, eux, avec les propriétaires, les quelque 8 000 détenteurs de permis, eux aussi, ont
travaillé dans cette province-là, regardent le traitement. Ils sont ouverts sur l'application de nouvelles
technologies, ils comprennent la réalité d'un Québec plus moderne avec l'entrée
d'Uber et, nécessairement, un
rehaussement quand tu n'atteins pas les standards. Honnêtement, êtes-vous en
train de me dire de baisser toutes les règles pour permettre de faire
n'importe quoi...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...parce que c'est une multinationale? La réponse, c'est non.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, on va continuer de défendre les
consommateurs. C'est 900 000 personnes qui utilisent Uber.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Bonnardel : C'est
10 000 partenaires chauffeurs
qui en font leur gagne-pain, à majorité à temps partiel, mais qui en
font leur gagne-pain. La formation n'existe nulle part ailleurs.
Est-ce
que minimalement vous pouvez penser vous asseoir avec Uber, trouver un terrain
d'entente? Parce que je ne peux croire que, le 14 octobre au matin,
Uber quittera le Québec à cause de vous.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Si ça n'existe pas ailleurs... Prenons tout ce
qu'il n'y a pas ailleurs, tu sais, puis c'est ça que ça serait, le Québec moderne. Bien non, au Québec, on a des
règles. Uber s'est engagée, dans le dernier décret, à faire de la formation.
Qu'est-ce que c'est que vous voulez que je
vous dise? Ils ont dit oui puis ils ont signé en bas. Qu'est-ce que vous avez à
dire contre ça? Ils ont signé en bas
l'entente de faire la formation pour les personnes à mobilité restreinte, pour
les gens, donc, pour les inspections
d'automobiles, pour la formation. Uber a signé en bas : Je suis d'accord.
Là, on dit : Hum! tu as de la
difficulté à atteindre tes standards. Parfois, la police intervient trop
souvent, puis, en général, tu peux être en infraction. Ça se peut-u
qu'on leur demande de faire un effort additionnel pour que lui qui est assis
dans l'auto...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...soit sûr que toutes les règles sont respectées puis que la sécurité est au
rendez-vous?
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Retrait de l'amendement visant
à assujettir les élus à certaines dispositions
du projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci. Nous allons voter
aujourd'hui l'idée antilibérale et saugrenue d'obliger les
élus à être soumis à la neutralité religieuse de l'État.
Au Parti québécois,
nous croyons que les élus ont le droit de pouvoir refuser des rencontres avec
des sectes. Au Parti québécois, on croit que nous pouvons être maîtres de nos opinions et de
critiquer, par exemple, le fait que des religions obligent des
petites filles à se soumettre à Dieu et à ses hommes.
Alors, est-ce que la ministre
de la Justice va retirer son idée antilibérale et saugrenue?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, l'amendement dont il est question ici, c'est un amendement qui assujettit les
élus de l'Assemblée nationale, des municipalités et des commissions
scolaires au projet de loi n° 62.
Donc,
le projet de loi n° 62, qu'est-ce
que ça fait? C'est un projet de loi qui prévoit d'abord la prestation de services à visage découvert. Je comprends que, du côté du Parti québécois, on est contre ça, que des élus travaillent et oeuvrent à visage
découvert. Lorsqu'on est contre l'application du projet de loi aux élus, c'est ça.
Donc,
notre collègue nous dit aujourd'hui, M. le
Président, qu'il est tout à fait adéquat pour un élu d'avoir le visage couvert parce qu'elle ne
souhaite pas que les élus soient assujettis aux dispositions du projet de loi n° 62.
Moi, j'entends. Et on
parle d'une formation politique qui, il y a quelques années, allait bien
au-delà de ça et souhaitait que la fonction publique soit constamment aseptisée
de toute forme de démonstration de signes religieux, mais là elle souhaite que les élus puissent offrir le service à visage
couvert. Parce que ce que ma collègue nous demande...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...c'est exactement que le projet de loi n° 62...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Vallée :
...sur la neutralité et la prestation de services couverts ne s'applique pas
aux élus.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
Pour citer un chroniqueur chevronné, je n'ai pas le goût d'être obligée de
prendre un thé avec Raël sous peine
de poursuite au Tribunal des droits de la personne et des droits de la
jeunesse. Ces questions-là auraient dû se régler au code d'éthique. Ça
fait un an qu'on se réunit là-dessus, et jamais elle n'en a parlé.
Est-ce
que vous allez abandonner votre idée antilibérale complètement saugrenue de
restreindre la liberté de parole des députés?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Le projet de loi et l'amendement que nous aurons la chance de débattre un peu
plus tard cet après-midi, et même cet avant-midi, ne prévoient aucune
restriction du droit de parole, M. le Président.
On
est conscients qu'ici, dans cette Assemblée, les élus ont un privilège
parlementaire, et le projet de loi ne vise aucunement à attaquer le
privilège parlementaire des élus, ce n'est pas ça. C'est un projet de loi sur
la prestation de services et la réception de
services à visage découvert. C'est un projet de loi qui vient encadrer un principe qui existe de neutralité
religieuse de l'État, mais qui est inscrit de façon claire, nette dans notre
corpus législatif.
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
M. le Président, c'est un projet de loi simple, d'application générale, et je
ne comprends pas...
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Financement du Centre
multiethnique de Québec
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Alors, le Centre multiethnique de Québec, qui
intervient auprès des personnes réfugiées, s'est vu couper ses budgets
de 25 %, soit près de 300 000 $, M. le Président,
300 000 $.
Alors, ma question
est très simple à la ministre. On a des gens qui interviennent sur le terrain,
qui font de l'action. La ministre, elle, a
déjà dépassé les coûts de sa fameuse consultation, qui sont passés de
500 000 $ à 900 000 $.
Pourquoi
la ministre ne réserve pas les sommes du gouvernement à l'action au lieu d'une
consultation bidon et surtout une consultation préélectorale?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme
Kathleen Weil
Mme Weil :
Bien, d'abord, je voudrais dire que c'est une consultation voulue, beaucoup de
participation, un engouement, d'ailleurs,
donc des budgets additionnels qui ont été rajoutés, justement, parce que des
gens dans différentes localités, 31 localités partout au Québec...
13 localités avec 31 organismes qui veulent participer à ce débat.
Et
je tiens à préciser, d'ailleurs, il y a, au collège de Rosemont, actuellement
un colloque sur cet enjeu parce que les chercheurs, les acteurs de la société
civile, les acteurs économiques, tous sont consentants pour dire que
l'exclusion a un coût. L'exclusion a
un coût économique, l'exclusion a un coût personnel, la détresse, des coûts
sociaux. Donc, c'est important de mieux comprendre pour mieux agir.
Alors, pour avancer, pour avoir une société réellement inclusive et totalement
inclusive, il faut mieux comprendre et se fonder sur des nouvelles recherches.
Pour répondre à la
question concernant l'organisme, je sais qu'il y a eu des discussions avec le
ministère de l'Immigration. Je ne sais pas où en sont rendus...
Le Président :
En terminant.
Mme Weil :
...mais c'est basé sur des critères très, très objectifs.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Le Centre multiethnique de Québec s'est vu couper de
300 000 $ sa subvention. Puis
savez-vous pourquoi, M. le Président? Bien, parce que la ministre a, tout
simplement, décidé que les services
que l'on donne aux réfugiés devaient s'arrêter. Alors, on a reçu des réfugiés
syriens en grande quantité l'année passée,
particulièrement dans la région de Québec, mais les groupes, eux, travaillent
avec les gens, les groupes font de l'action.
Est-ce
que la ministre peut s'engager à rétablir les sommes aux groupes qui
interviennent auprès des réfugiés et arrêter les histoires de...
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Oui. Tous les organismes qui ont accueilli, donc, un
grand nombre de réfugiés ces dernières années ont eu des budgets ajustés, tous
les organismes. Donc, il y a un principe d'équité puis il y a des règles quand
on attribue des sommes. Alors, tous les organismes sont traités de façon
équitable, selon des principes de prise en charge du nombre de réfugiés qu'ils ont. Donc, une année, lorsqu'il
y a une prise en charge plus importante, les budgets sont concordants au
nombre de réfugiés qui sont pris en charge.
Le Président :
Principale, M. le député d'Arthabaska.
Plan de relance de l'économie
de la municipalité
régionale de comté des Etchemins
M. Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : Merci, M. le Président. M. le Président, ça fait à peu près
quatre ans que le premier ministre a promis à la MRC des Etchemins qu'elle allait enfin obtenir de l'aide. En avril
dernier, j'ai rencontré le préfet de la MRC, mon chef a rencontré les maires, et ils avaient tous le
message, le même, pour le premier ministre : Assez, c'est assez! S'il vous
plaît, respectez vos promesses. La députée
de la région avait critiqué les maires pour cette sortie et avait dit qu'une
réponse allait bientôt être donnée dans les jours, dans les semaines qui
vont suivre. On parle du 4 mai dernier. Nous sommes maintenant près de cinq
mois plus tard, et toujours rien.
Encore
ce matin, 13 maires de la MRC dénoncent les promesses brisées par le premier
ministre. Est-ce qu'il peut se lever
ce matin, s'engager à ce qu'une aide spécifique soit accordée à la MRC des
Etchemins rapidement, tel que promis?
• (10 h 40) •
Le Président :
Mme la ministre du Travail.
Mme Dominique Vien
Mme
Vien : Merci beaucoup, M. le Président. Ça me fait plaisir de
répondre aujourd'hui à la question du député. La MRC des Etchemins est une priorité pour la députée, elle l'a toujours
été. La vitalité de la MRC est une priorité pour le gouvernement du Québec. Nous allons le démontrer.
Il est vrai que le premier ministre a pris un engagement solennel lors
de la dernière campagne électorale. Vous le connaissez, ce sera promesse tenue.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député d'Arthabaska.
M.
Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : M. le Président, ça fait 15 ans que les libéraux disent aux
gens des Etchemins que ça s'en vient. À
ce jour, aucune nouvelle, aucune annonce, et même tenus à l'écart des
discussions, même pas de suivi. Ce matin, ce matin même, moi, j'ai parlé aux maires, et ils me disent... Savez-vous
comment ils se sentent? Ils se sentent traités comme des moins que rien. C'est grave, M. le Président.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les maires de la MRC qui le disent.
Est-ce que c'est de cette façon-là qu'on veut
traiter nos régions, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Bien, je pense que notre collègue, ici, du côté de la
deuxième opposition, n'a pas pris note de la grande transformation des
relations entre le gouvernement du Québec et les municipalités et de...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Coiteux : Bien non, ils n'en ont tellement pas pris note qu'ils rient
parce que, pour eux, c'est une nouvelle qu'on vient de donner à la disposition des régions du Québec
30 millions de dollars cette année, 100 millions d'ici cinq ans
pour des projets, justement, qui appuient
leurs propres priorités — pas les priorités du gouvernement — en matière de vitalité des territoires. Ils n'en ont pas pris note. Ça les fait rire,
mais savez-vous quoi? Ce qu'on est en train de faire là, c'est une véritable révolution. Ça veut dire que
les régions vont nous dire quelles sont leurs priorités, et le gouvernement
va devoir travailler au service de leurs
priorités. Ça va être vrai dans toutes
les MRC et toutes les régions du Québec...
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : ...et ça va être vrai
dans la MRC d'Etchemins.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député d'Arthabaska.
M. Éric Lefebvre
M. Lefebvre : M. le Président, la
réponse est claire ce matin. On n'en a pas, de réponse. Le Parti libéral a
abandonné la population des Etchemins.
En mai
dernier, la ministre assurait qu'une réponse allait être donnée dans
les jours qui suivent, le 4 mai dernier, dans La Voix de l'Est,
en mai dernier. M. le Président, on dirait qu'il y a un problème avec le temps
au Parti libéral.
Été, automne, printemps, hiver, jour, mois,
année, quand, M. le Président?
Le Président : Mme la ministre
du Travail.
Mme Dominique Vien
Mme Vien : Le
député de la CAQ prétend connaître
Les Etchemins. Je ne l'y ai jamais vu. Moi, j'y suis depuis une vingtaine
d'années. J'y ai oeuvré comme journaliste pendant 12 ans, j'y suis élue comme députée
depuis 2003.
Il n'y a
pas un dossier, M. le Président, que le gouvernement
du Québec a échappé, que ce soit dans la MRC des Etchemins ou dans la MRC de Bellechasse. Le comté de Bellechasse est bien servi. Le comté de Bellechasse a de belles réalisations, que ce soit la réalisation
du gaz naturel, que ce soit le sauvetage de l'entreprise Exceldor à l'époque. Vous n'y étiez même pas, vous ne vous intéressiez
même pas à la MRC des Etchemins. Le quatre voies sur la 277, M. le Président, c'est une réalisation
majeure...
Le Président : En terminant.
Mme Vien : ...et c'est le gouvernement
du Québec d'un Parti libéral qui a réalisé ça, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Rimouski.
Accès au bloc opératoire à l'Hôpital Notre-Dame-de-Fatima
M. Harold LeBel
M.
LeBel : L'avenir de l'Hôpital
Notre-Dame-de-Fatima à La Pocatière inquiète, depuis plusieurs
mois, les citoyens de Kamouraska. En mai, près de 5 000 personnes ont marché dans les rues de La
Pocatière pour réclamer le maintien des soins de santé de proximité chez eux. J'y étais.
En juin, une pétition de plus de 9 000 noms a été déposée en cette Chambre
par le député de Côte-du-Sud
demandant à son propre gouvernement de réparer leurs erreurs. Depuis le
printemps dernier, La Pocatière s'est retrouvée sans anesthésiste deux
jours sur trois.
Le
ministre s'était engagé à trouver une solution avant le début de l'été. Comme
l'a fait remarquer le député de Terrebonne,
l'été est déjà fini, puis il n'y a pas eu plus de réponse du ministre. Le
ministre n'a pas respecté son engagement.
Qu'est-ce qu'il dit
aujourd'hui aux citoyens du Kamouraska?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, le député de Rimouski a raison de
souligner l'engagement de mon collègue, le député qui a pris à sa charge
de défendre ce dossier-là, et c'est grâce à lui qu'effectivement nous avons
fait tous les efforts, M. le Président, tous
les efforts pour faire en sorte que la couverture soit au rendez-vous,
découverture qu'il y a eu pour des
raisons de fatalité. Je vais rappeler à mon collègue, rappeler qu'il y a eu un
décès. Et ce décès-là, qu'est-ce que vous voulez, là? À un moment donné,
il faut prendre acte de la chose et faire en sorte qu'on puisse la corriger.
J'ai
rencontré, avec mon collègue, les maires, et c'est vrai qu'on travaille avec
l'association des anesthésistes, avec la Fédération des médecins
spécialistes pour mettre en place des mesures pour que ça ne se reproduise pas.
Alors,
cet été, pour des raisons circonstancielles, nous n'avons pas pu, pour des
raisons circonstancielles, parce qu'on
ne peut pas obliger les gens à venir, on n'a pas ce pouvoir-là... à mettre en
place des correctifs pour que ça ne se reproduise plus. Mais j'ai bon
espoir et j'en suis même fortement convaincu, que ça ne se reproduira plus.
Le Président :
En complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, ce n'est pas une question de se reproduire, c'est une question
de régler le manque d'anesthésistes actuel à La Pocatière qui
persiste depuis avril, où on avait donné les premières alertes. En juin,
j'étais présente quand les médecins sont
venus rencontrer avec des citoyens. Le ministre leur a promis qu'il trouverait
une solution, on est à la fin de septembre.
Comment le ministre
explique que sa réforme diminue l'accès aux anesthésistes dans Kamouraska au
lieu de l'améliorer? Et ce n'est pas le décès du médecin qui est principalement
implicable, monsieur, c'est sa réforme.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, M. le Président, j'invite, cet après-midi, à 15 heures, notre
collègue, pour une fois — ça serait une première dans le mandat — à
nous appuyer dans les propositions que l'on fait dans le projet de loi
n° 130.
Alors,
notre collègue, encore une fois — puis c'est l'habitude du Parti
québécois — se lève
et ne propose pas de solution concrète et applicable. Nous, M. le
Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Barrette :
Nous, M. le Président, nous en proposons. Et, encore une fois, cet après-midi,
pour une fois, ça sera une première, j'invite la collègue ainsi que le
collègue de la CAQ à nous appuyer...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...dans les propositions que l'on va faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Merci, M. le Président. J'invite le ministre à appuyer notre solution que je
vais déposer en motion dans quelques
secondes. Appuyez-là, et vous allez voir que c'en est une, solution immédiate
pour améliorer l'accès. On en revient toujours au même débat, M. le
Président.
Comment
se fait-il que ce gouvernement trouve 900 000 millions de dollars
pour les médecins de famille sans garantie
de services en retour, alors que, pour 23 millions de dollars, il pourrait
garantir des anesthésistes à La Pocatière, à La Sarre et
partout au Québec? Le gouvernement fait des choix, et le ministre les appuie.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, M. le Président, je pense que la population du Québec qui nous écoute
est estomaquée en ce moment précis.
Et elle est estomaquée pour deux raisons. On va le voir dans une minute parce
que la motion, M. le Président, que
la collègue va déposer est une motion qui veut donner un champ de pratique plus
grand aux infirmières. Aux dernières nouvelles,
les infirmières ne font pas d'anesthésie. Juste de même, elles ne font pas
d'anesthésie, et ce n'est pas dans la motion.
Ensuite, M.
le Président, notre collègue, qui vient de dire, toujours dans la succession de
son chef, qu'on donne trop d'argent
aux médecins, et là elle nous dit : Dépensez plus pour avoir une meilleure desserte de services, cet après-midi
je vous invite à nous appuyer...
Le Président : En terminant.
M.
Barrette : ...parce qu'on va
déposer des propositions qui vont faire exactement la même chose sans
dépenser un sou de plus.
Le Président : Principale, Mme
la députée de Taillon.
Horaires de travail des ambulanciers
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, depuis deux ans et demi, le ministre a volontairement créé un véritable chaos
chez les paramédics, du jamais-vu.
Est-ce qu'il
peut régler le dossier des horaires de faction qui obligent les paramédics à
être disponibles sept jours sur sept,
24 heures sur 24, une semaine sur deux? Est-ce qu'il peut enfin faire preuve de
respect envers les paramédics? Ce
sont des professionnels qui sauvent des vies chaque jour au Québec
et que, par des attitudes et des contextes particuliers, il a vraiment
mis dans une situation sans issue pour eux depuis deux ans et demi.
Est-ce qu'il peut régler la situation et faire
preuve de respect envers les paramédics?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, c'est quand même extraordinaire. Ce que notre collègue nous dit, c'est que, dans
une période de négociation... Parce que mettons les choses dans leur juste
perspective. Au moment où on se parle, les paramédics,
qui sont des professionnels de grande qualité qui donnent des services à la
population de grande importance et
que non seulement je respecte, mais que j'appuie professionnellement, bien, ils
sont quand même en négociation avec leurs
employeurs, qui ne sont pas... qui n'est pas le gouvernement. Notre collègue ne
dit pas ça, là, les paramédics sont employés par des employeurs, et
l'employeur, dans aucun cas, à l'exception d'Urgences-Santé, n'est le
gouvernement.
Alors, ce que
notre collègue me demande, c'est de m'ingérer dans la négociation entre un
employeur et un groupe d'employés.
C'est quand même extraordinaire, M. le Président! Encore une fois, on me
demande de faire de l'ingérence, celle
qu'on me reproche. Ma responsabilité est de faire en sorte, M. le
Président — et je
l'exerce à pleine capacité — que les conditions d'octroi
budgétaire pour les employeurs permettent une négociation saine...
• (10 h 50) •
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...et c'est ce qui se
passe maintenant, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Bien, en fait, le ministre, ce qu'il fait, c'est qu'il
refuse de donner le mandat aux négociateurs du gouvernement de s'attaquer à ce problème, à cet enjeu des horaires de
faction. Le ministre, en faisant ça, il envenime ce conflit.
Est-ce qu'il
peut enfin faire preuve de respect envers les paramédics, accepter de négocier
avec eux pour régler l'enjeu
des horaires de faction?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je vais répéter encore une
fois ce que je viens de dire :
Cette négociation-là se fait à l'étage de l'employeur et de
l'employé.
Pour
ce qui est des horaires de faction, M.
le Président, au moment où on se parle, il y a une négociation qui se fait, et cette négociation-là se fait, évidemment, sur la base d'une éventuelle formule à convenir
pour déterminer ce qui doit être
octroyé en honoraires de faction versus des quarts de travail réguliers. Mais
ça, ça se fait à l'étage approprié, qui est celui de l'employeur, des
employés et des centres intégrés de santé et de services sociaux.
Le Président : En terminant.
M. Barrette : Est-ce que je
dois m'ingérer et me substituer à ces autorités-là compétentes, M. le Président?
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le
Président, le ministre de la Santé a toujours participé aux
négociations entre les propriétaires des
ambulances et les paramédics. C'est une décision unilatérale que le ministre a
prise en décembre l'année passée. Il a envoyé
des réductions importantes dans leur rémunération et il a créé ce chaos et ce
conflit, et il contribue à ce qu'il se perpétue.
Et les ambulanciers et les paramédics, ils ont besoin à ce moment-ci de se
concentrer sur les citoyens qui sont blessés et qu'ils sauvent, et non
pas sur des enjeux qui les insécurisent dans...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Bien, M. le Président, alors ce n'est pas compliqué, selon le Parti québécois,
dès qu'une négociation n'est pas
conclue, c'est un chaos. Bien, non, il n'y a pas de chaos au Québec, il y a une
négociation qui est en cours, une négociation
qui se passe tout à fait normalement, avec des enjeux qui sont ce qu'ils sont,
qui sont exposés ici. Moi, je pense qu'on
doit laisser la négociation se faire correctement. Elle se fait correctement. Actuellement,
les enjeux qui sont mentionnés par la
collègue sont traités. Je peux vous assurer d'une chose, M. le Président, les
paramédics et les techniciens ambulanciers au Québec sont à pied d'oeuvre à tous les jours, donnent des services de
grande qualité et sont investis dans leur travail avec la plus grande
énergie...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...mais la
négociation, elle se fait à d'autres tables.
Le Président : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Dépôt de documents (suite)
Ceci étant
dit, à l'item Dépôt de documents, j'ai, malheureusement, sauté un dépôt, qui
est celui du ministre de l'Environnement.
Alors, si j'avais un consentement, je lui permettrais de faire son dépôt. Alors,
j'ai un consentement. M. le ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Je dépose aujourd'hui le rapport annuel de
gestion 2016‑2017 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Le Président : Alors, le
document est déposé.
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 137
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Et nous en sommes à la rubrique des votes reportés. Et, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au
vote reporté sur la motion de M. le ministre des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des
transports proposant que le projet de loi n° 137, Loi concernant le Réseau
électrique métropolitain, soit adopté.
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão
(Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux
(Nelligan), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency),
M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger
(Champlain), Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont),
M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc),
M. Matte (Portneuf), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher
(Ungava), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly),
M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
M. Lefebvre (Arthabaska), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis).
M. Surprenant
(Groulx), M. Sklavounos (Laurier-Dorion).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon
(Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. Rochon
(Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet),
M. Gaudreault (Jonquière), M. Pagé (Labelle), M. Bourcier
(Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), Mme Fournier (Marie-Victorin), M. Traversy
(Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean),
M. Roy (Bonaventure).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Ouellet (Vachon).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 82
Contre : 26
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, en conséquence, le projet de loi
n° 137, Loi concernant le Réseau électrique métropolitain, est adopté. Et
on peut applaudir le greffier. Et il a fait ça de façon admirable.
Motions sans préavis
Nous
en sommes à la rubrique Motions sans préavis, et, en fonction de nos règles et
de l'ordre de présentation, je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Taillon pour la présentation d'une motion sans préavis.
Mme
Lamarre : M. le Président, je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de Lévis, le député de Gaspé, le député de Mercier, la députée
de Vachon et le député de Groulx, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au ministre de la Santé de permettre aux
infirmières praticiennes spécialisées d'effectuer de manière autonome, dans
certaines situations, les actes suivants : poser certains diagnostics;
annoncer certains diagnostics; amorcer la prise
de médicaments pour traitement chronique; donner un congé de l'hôpital;
référer un patient à un spécialiste; remplir des attestations de santé.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Taillon. Alors, y a-t-il consentement pour débattre de la
motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement.
Deuxième motion sans préavis, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement avec le député de Lac-Saint-Jean, le
député de Gouin, la députée de Groulx, la députée de Vachon et le député de
Gaspé :
«Que l'Assemblée nationale
mandate la Commission de la culture et de l'éducation pour se pencher sur le
phénomène des notes modifiées dans les écoles du Québec et au ministère de
l'Éducation;
«Enfin, que les règles de procédure relatives
aux commissions permanentes s'appliquent à la commission.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci, M. le député de Chambly. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay : Pas de
consentement, M. le Président.
• (11 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Je
cède maintenant la parole à Mme la ministre de l'Économie, de la Science
et de l'Innovation. Mme la ministre.
Déclarer abusive et sans
fondement la décision du département du Commerce
américain d'imposer des droits compensateurs à Bombardier
pour la vente des avions de la CSeries aux États-Unis
Mme Anglade : Alors, M. le Président,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante, conjointement avec le député
de Sanguinet, le député de Johnson, le député de Mercier,
le député de Laurier-Dorion, la députée de Vachon, le député de Groulx
et le député de Gaspé.
«Que l'Assemblée nationale déclare abusive et sans fondement la décision du
département du commerce américain d'imposer des droits compensateurs à
Bombardier pour la vente des avions de la CSeries aux États-Unis;
«Qu'elle
affirme qu'il s'agit d'une attaque directe à un secteur de l'économie
québécoise ainsi qu'au génie et à la créativité du Québec;
«Qu'elle
réitère son appui et son soutien à [toutes] les travailleuses et [tous les]
travailleurs de Bombardier et à l'industrie [de] l'aérospatiale québécoise;
et
«Qu'enfin,
elle assure ces derniers que ses membres sont unis derrière eux et qu'ils ne baisseront
[jamais] les bras dans la défense de leurs intérêts.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : M. le
Président, nous proposons de
l'adopter sans débat et, le cas échéant, procéder par vote par appel
nominal.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté, et nous allons procéder au vote par appel nominal. Donc, que
les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão
(Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux
(Nelligan), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien (Bellechasse),
M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Reid (Orford),
M. Morin (Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard
(Laporte), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain),
Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà
(Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte
(Portneuf), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava),
M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay
(Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre),
Mme Melançon (Verdun).
M. Lisée
(Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette),
M. Marceau (Rousseau), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. Rochon (Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Pagé (Labelle), M. Bourcier (Saint-Jérôme),
Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Fournier (Marie-Victorin),
M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault (L'Assomption),
M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
M. Khadir (Mercier), M. Surprenant (Groulx), Mme Ouellet
(Vachon), M. Sklavounos (Laurier-Dorion).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Que les
députés contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions?
Sinon, pour le résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 108
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En conséquence, la motion présentée par Mme la
ministre est adoptée.
Et nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans
préavis. Je cède la parole à Mme la députée de Vachon pour la
présentation de sa motion.
Mme Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante conjointement avec le leader de
l'opposition officielle, le député de Gaspé et le député de Gouin :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la règle consacrée
en droit international est celle de l'uti possidetis juris, ce qui signifie
pour l'essentiel : "Tu posséderas ce que tu possèdes déjà" et
qu'advenant la souveraineté du Québec, les frontières du Québec telles
qu'elles étaient avant l'accession à la souveraineté, constitueront du nouvel
État;
«Qu'elle rappelle que les peuples autochtones ont des droits
reconnus par la communauté et droit international, et que tous les
textes juridiques concordent sur le fait que ces droits s'exercent au sein même
des États souverains, en particulier l'article 46.1 de la Charte des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que l'intégrité du
territoire québécois n'a jamais été remise en question par aucun premier
ministre [du Québec], peu importe le parti;
«Qu'en conséquent, que l'Assemblée nationale réitère
que l'intégrité du territoire du Québec est garanti par les principes
bien établis du droit international et que l'indivisibilité de ce territoire ne
saurait être remise en cause.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme
la députée de Vachon, pour cette motion. Y a-t-il consentement pour
débattre de la motion?
M. Tanguay : Pas de
consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement.
Y a-t-il d'autres motions sans préavis? Il n'y a pas d'autre motion sans
préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous passons
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions, et, M. le leader
adjoint du gouvernement, je vous cède la parole.
M. Tanguay : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 62, Loi favorisant le respect de la neutralité
religieuse de l'État et visant
notamment à encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains
organismes, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des finances publiques poursuivra les consultations particulières à l'égard du
projet de loi n° 135, Loi
renforçant la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des
organismes publics et des entreprises du gouvernement, aujourd'hui, de
15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif;
Enfin, la
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 130, Loi
modifiant certaines dispositions relatives à l'organisation clinique et à la
gestion des établissements de santé et de services sociaux, aujourd'hui,
de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci, M. le leader adjoint, pour la présentation de ces avis.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission de l'administration publique se réunira
aujourd'hui, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice
Pamphile-Le May; en séance de travail, après les affaires courantes vers
11 heures jusqu'à 13 heures, afin
de préparer l'audition du ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques sur le chapitre III du rapport du
printemps 2017 du Vérificateur général du Québec intitulé Réhabilitation
des terrains contaminés; en audition, de 15 heures à 18 heures,
afin d'entendre le ministère du Développement
durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques;
et enfin en séance de travail, de
18 heures à 18 h 30, afin de statuer sur les observations, les
conclusions et les recommandations à la suite de cette audition.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À
la rubrique, maintenant, des renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M.
le député des Chutes-de-la-Chaudière.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je demanderais aux collègues
qui doivent quitter l'enceinte du salon bleu de le faire en silence,
s'il vous plaît.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je l'apprécie grandement, Mme
la députée. Alors, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, je vous cède
la parole.
M. Picard :
Merci, M. le Président. À la rubrique Questions écrites, j'ai inscrit une
question le 29 mai 2017 qui s'adressait à la ministre du Travail,
qui faisait suite à nos entretiens que nous avons eus à l'étude des crédits, et
malheureusement je n'ai pas encore reçu de
réponse. Ça fait presque quatre mois. J'aimerais seulement savoir du leader
du gouvernement à quel moment je peux espérer avoir une réponse à cette
question importante.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Tanguay :
Merci, M. le Président. Question importante qui aura une réponse tout aussi
importante dans les meilleurs délais.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le
député des Chutes-de-la-Chaudière, pour un petit complément?
M. Picard :
Est-ce que je peux espérer l'avoir durant cette législature?
Affaires
du jour
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, la période
des affaires courantes étant maintenant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour.
Débat
d'urgence sur la décision du département du Commerce
américain d'imposer des droits compensatoires préliminaires
aux appareils CSeries de Bombardier
Et, aux affaires du
jour, l'Assemblée tiendra maintenant le débat d'urgence sur la décision du
département du Commerce américain d'imposer des droits compensatoires
préliminaires de près de 220 % aux appareils CSeries de Bombardier.
Et
donc je suspends brièvement les travaux afin de réunir les leaders pour
procéder à la répartition du temps de parole pour la tenue de ce débat.
Nous suspendons les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 10)
(Reprise à 11 h 13)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, à la suite de la réunion avec les leaders,
je vous informe de la répartition du temps de parole établie pour la durée de
ce débat : 55 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
32 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 22 min 55 s sont allouées
au deuxième groupe d'opposition, 10 minutes sont allouées aux députés
indépendants, six minutes sont réservées aux trois députés de Québec
solidaire, et la présidence répartira le reste de cette enveloppe de temps
entre les députés de Groulx, de Vachon, de
Gaspé, selon le nombre de députés qui se seront manifestés et sous réserve d'un
maximum de deux minutes chacun. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé
par les députés indépendants ou par l'un
des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, je rappelle aux
députés indépendants qui souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Alors,
M. le député de Granby, je vous cède la parole. Ça va être M. le député
Johnson? Alors, M. le député de Johnson, à vous la parole.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne : Merci beaucoup, M.
le Président. Il me fait plaisir d'intervenir aujourd'hui dans ce débat d'urgence là qu'on a demandé à la présidence en
réaction avec un geste sans précédent qui a été posé hier, que la commission
du commerce américaine a décidé de frapper toute vente de la série C d'une
taxe compensatoire, là, équivalant à 220 % du montant de vente de
l'appareil, à partir de la livraison d'un premier appareil. Ça veut dire qu'à partir de maintenant, si Bombardier livre un
CSeries, un appareil de la série C n'importe où sur le continent
américain, aux États-Unis, à un
client américain, peu importe le prix de vente qui sera fixé, il va être...
auquel on va ajouter 220 % de majoration comme une taxe
compensatoire.
On s'entend
que cette décision-là... première des choses, on s'entend que ce n'est pas
permanent, c'est sujet à revue, le
processus n'est pas terminé. Mais il
reste une chose, M. le Président, c'est que c'est certainement... c'est une
attaque sans précédent. Écoutez, ce
n'est pas acceptable, c'est injustifié. Notre gouvernement s'est exprimé là-dessus
à plusieurs reprises
au cours des derniers mois depuis qu'il a été annoncé que Boeing lançait cette
contestation-là envers la CSeries. C'est
sûr qu'avec ce qui se passe aux États-Unis, l'attitude du nouveau gouvernement, on pouvait appréhender que, dans
un premier temps, que ça soit accepté, cette requête-là de Boeing.
Mais, en toute bonne foi, en fonction
d'historiques des relations
commerciales, en fonction aussi... on va en parler plus tard, là, mais du
modèle de Bombardier, puis comment ça
a été construit au fil des années,
puis comment on en est arrivé à la CSeries, quand les partenaires commerciaux
sont de bonne foi,
on peut toujours espérer qu'en bout de ligne le bon sens va
prévaloir, c'est-à-dire qu'on voyait que Bombardier... pas Bombardier, mais Boeing faisait cette
demande-là, qui était complètement loufoque et injustifiée, puis ultimement on se dit : Écoute, ça passe par là, là, mais il y a
des gens qui vont entendre raison, puis, quand on va arriver au mois de septembre, puis ils vont rendre leur décision,
bien, l'avion de Bombardier ne sera pas frappé de cette sorte de tarifs là parce que, de toute façon, la base sur
laquelle ces tarifs-là sont demandés par Boeing, elle est tout à fait
injustifiée.
Mais ce qu'on
a vu hier, c'est que ce qu'on a pu espérer, hein, qu'il y ait des gens qui
entendent raison. Bien, ça ne s'est pas avéré. Et puis non seulement la
décision a été rendue vraiment à l'encontre de Bombardier, mais en plus le commerce américain a rendu une décision qui était
supérieure, même, je pense, à ce que Boeing demandait, c'est-à-dire une amende... pas une amende, mais un tarif compensatoire encore plus
élevé. Puis c'est clair que, si Boeing fait ça, c'est parce que,
un, ce que Bombardier offre sur le marché, qui est l'avion de la CSeries, c'est
vraiment, en
termes de... aujourd'hui, là, c'est l'avion le plus
performant, le plus prometteur dans sa catégorie. Alors, on peut comprendre
qu'après que Boeing ait vu que la
compagnie Delta, l'an passé, a signé un contrat important avec Bombardier, a vu
que Delta faisait une commande de cet
ordre-là auprès de Bombardier, Boeing a pu commencer à se dire : Bien,
écoute, éventuellement, ça pourrait
être une menace pour nous, alors, tout de suite, on va essayer de tuer
ça dans l'oeuf.
On s'entend
aussi que c'est une première étape, parce qu'il y a d'autres étapes. La
confirmation de tout ça devrait se faire
au début de 2018, mais, après ça, on peut aller en appel, et puis il y a des
très bonnes chances qu'ultimement — encore notre espoir que la raison
soit entendue — bien,
que la raison soit entendue.
Mais, d'ici
là, on s'entend que la décision qui a été rendue hier, ça peut causer un
préjudice important à Bombardier. Mais
aussi c'est que ça amène beaucoup, beaucoup, beaucoup d'insécurité pour l'entreprise, pour le marché,
pour les familles, pour les travailleurs. Alors, ça, c'est certain qu'on
déplore ça vivement.
On a pu être
en désaccord avec le gouvernement, comme mon chef l'a exprimé, sur la forme qu'a
prise le soutien à Bombardier il y a
quelque temps quand ça a été le temps de venir aider Bombardier, soutenir
Bombardier. Mais, au-delà de la forme,
de soutenir Bombardier, je veux dire, ce n'était pas une option, à
savoir : Est-ce qu'on le soutient ou on ne le soutient pas? L'impact et l'importance que Bombardier a non
seulement pour le Québec,
mais pour le Canada tout entier, je veux dire, de soutenir cette entreprise-là, ça allait de soi pour le Québec,
c'est un impératif. Alors, de voir aujourd'hui
une compagnie comme Boeing, qui est un
géant, s'attaquer comme ils font à Bombardier, c'est vraiment
déplorable. Il y a plein de noms que je pourrais dire que, de toute façon, vous allez me dire que ce n'est pas dans notre code de noms — je
vais vous épargner ça, M. le Président — mais c'est certainement, certainement
déplorable.
• (11 h 20) •
Et puis,
d'abord, il faut se dire une chose, c'est que l'entreprise qui est en arrière
de ça, Boeing, première des choses, ils
n'ont pas d'avion dans le secteur, là, de la CSeries, ils ne sont pas là.
Alors, ils vont devoir démontrer, quand ils vont avoir à aller en appel et tout ça, ils vont devoir démontrer qu'ils
subissent un préjudice de par l'avion que Bombardier a à vendre, la série C, et puis, après ça, bien, ils
vont essayer de démontrer que Bombardier a bénéficié de conditions qui sont
contre les marchés pour faire en sorte que
c'est un peu illégal, tout ce qui s'est passé, puis eux autres veulent avoir un
droit compensatoire. Puis ce qui est important,
M. le Président, dans la décision qui a été rendue, c'est qu'ils
viennent dire que des importations de
compagnies qui ont reçu des subventions qui ne sont pas acceptables de leur gouvernement sur la forme de prêts, sur la
forme d'investissements en équité, sur la forme de fiscalité, sur la
forme d'intrants au niveau de la production, tout ça ensemble, là, ils mettent tout ça dans le même tas puis ils
disent qu'en bout de ligne c'est du commerce illégal et puis que notre gouvernement
n'aurait pas eu le droit de faire ça.
Bien, juste
pour partir d'où on arrive, puis quelle sorte d'entreprise qui a déposé cette
plainte-là, M. le Président, j'ai
ici un rapport qui parle de l'hypocrisie de Boeing au niveau
des subventions puis qui date de 2015, puis qu'on explique
dans ce rapport, M. le Président, que Boeing a reçu, depuis 1992, là, 64 milliards en subventions
de toute façon un peu jugées
illégales quand on parle de... ils parlent ici de bénéfices, de bien-être
social de compagnies, quand on parle des prêts qui ultimement n'ont pas
à être remboursés, quand on parle carrément des subventions. Ça, c'est sans
compter, M. le Président, tout l'argent qui est pompé indirectement par le
domaine militaire dans une entreprise comme Bombardier...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Comme Boeing.
M.
Lamontagne : Comme Boeing,
excusez-moi, M. le Président. Alors, de venir chercher à faire la leçon et
puis s'indigner des pratiques de
notre gouvernement envers l'entreprise de Bombardier, déjà, au départ, M. le Président, on ne peut pas donner beaucoup, beaucoup, beaucoup de
crédibilité à la démarche de Boeing.
Puis ce qu'il
faut comprendre quand on vient aider une entreprise, M. le Président...
première des choses, là, il y a un
nombre limité de pays dans le monde qui ont des grands avionneurs, qui ont des
constructeurs d'aéronefs. Naturellement, si on s'en va en Europe, on a Airbus, qui est un consortium de plusieurs
pays européens, et puis Airbus, depuis le départ, a été soutenu par ce consortium-là de pays
américains. On a, plus près de chez nous, au Brésil, la compagnie Embraer, qui,
depuis des années et des années, a été soutenue par le gouvernement brésilien.
Chez nous, Bombardier, au fil des années, a été soutenue à un certain nombre
d'occasions par le gouvernement fédéral principalement, principalement via des
prêts qui, sans que j'en aie aujourd'hui
toute la nomenclature, là, au fil des années, ont été remboursés, O.K.? Dans le
cas qu'ils nous présentent, quand on
regarde l'investissement que notre gouvernement a fait dans Bombardier il y a
quelque temps, c'est sur la forme
d'équité dans l'entreprise. Et puis, après ça, on a le gouvernement fédéral qui
s'est engagé envers un prêt remboursable de Bombardier. Alors, on ne
parle pas de subvention, M. le Président.
Alors, ce qui
est important, c'est que, si chacun de ces pays-là supporte puis cherche à
soutenir leur industrie de l'aviation, c'est que, dans un registre plus large,
ça crée ce qu'on appelle tout un tissu d'une industrie aéronautique. L'industrie aéronautique, pour le Québec, ça
représente près de 15 % de nos exportations. Mais, au-delà de ça, M. le
Président, ça représente, pour le
Canada... je pense, c'est 65 000 emplois qui sont directs et indirects. Ça
représente, la compagnie, au total,
Bombardier, plus de 1 000 fournisseurs. Ça représente une contribution de
plusieurs milliards au PIB canadien. Ça représente des investissements
de milliards en termes de recherche et développement.
Puis là, un
peu, c'est le noeud aussi, M. le Président, parce que chacun de ces pays-là,
quand ils viennent supporter, soutenir
l'aviation, on vient soutenir la recherche, on vient soutenir des découvertes,
on vient soutenir la naissance de dizaines, voire de centaines
d'entreprises qui naissent des retombées de cette recherche-là. On vient
inviter d'autres recherches à faire. Alors,
en soutenant leurs entreprises dans le milieu de l'aviation, bien, les
différents gouvernements, ils
contribuent d'une façon extraordinaire à soutenir le développement de leur
économie, à soutenir la qualité d'emploi, à soutenir la qualité de la
recherche.
Puis c'est
certain, M. le Président, que, quand on regarde l'ampleur des investissements,
quand c'est le temps, exemple, de
développer un avion, si on regarde l'ampleur des investissements, M. le
Président, on s'entend pour dire qu'une entreprise toute seule, c'est un fardeau incroyable. Si elle avait à
supporter toute seule, de a jusqu'à z, les investissements qui sont
requis pour développer un avion comme la série C, c'est des missions quasiment
impossibles.
Que le
Québec, avec 8 millions d'habitants, puis à l'intérieur du Canada, ait
réussi à non seulement se maintenir parmi
les leaders mondiaux au niveau de l'aéronautique, mais qu'il ait réussi à
développer le CSeries, qui est reconnu aujourd'hui
comme un modèle en termes de performance, en termes d'économie puis qui
effectivement peut représenter un
défi pour d'autres avionneurs, bien, qu'on ait réussi à faire ça au Québec,
c'est extraordinaire. Puis c'est certain que ça aurait été difficilement possible ou ça aurait été carrément
impossible sans le soutien des différents paliers de gouvernement
au niveau de la recherche, au niveau de prêts, mais toujours à l'intérieur des
exigences, des règles de commerce
international. Et puis, quand le Québec s'est engagé, encore là, pour soutenir
Bombardier dans les dernières années, c'était toujours en respect de ces
règles de commerce international là, M. le Président.
Alors, nous
sommes très inquiets de ce qui vient d'arriver hier, nous sommes très déçus,
nous sommes très fâchés. Puis
j'écoutais notre premier ministre ce matin; honnêtement, ce n'est pas toujours
que je trouve qu'il a le bon ton, mais, ce matin, je l'entendais, puis il avait vraiment le bon ton. Puis, quand
il expliquait, un, qu'il supportait ce que le premier ministre canadien a dit par rapport à faire des
ententes possibles avec Boeing, de dire que, tant et aussi longtemps qu'on n'a
pas une résolution qui est correcte,
conforme aux règles commerciales, dans le monde, de ce dossier-là, c'est
certain qu'il ne faut pas qu'il y ait
un boulon, pour reprendre ses paroles, de Boeing qui rentre au Canada. Il faut
qu'à ce niveau-là, là, on soit très fermes puis que le gouvernement
canadien soit très, très, très ferme à ce niveau-là.
Une autre
chose qu'il serait important de souligner dans ce dossier-là, c'est que, oui,
là, il y a de l'insécurité au niveau
des employés, il y a de l'insécurité au niveau de l'entreprise, il y a de
l'insécurité au niveau des familles, mais, en même temps, il ne faut pas se le cacher, le Québec a investi
1,3 milliard de dollars dans l'appareil de la CSeries, et puis le fédéral s'est engagé pour un prêt remboursable
de 300 quelques millions de dollars, dont seulement qu'une partie jusqu'à
maintenant a été déboursée.
• (11 h 30) •
Puis, si on
regarde le contexte canadien, oui, Bombardier, écoutez, c'est très, très
important dans le tissu économique du
Québec, mais ce l'est tout autant pour le tissu économique du Canada.
Bombardier, ce n'est pas juste à Montréal. C'est à Vancouver, c'est à Thunder Bay, c'est à Toronto, c'est à Mississauga,
c'est à Kingston, c'est à Ottawa, puis il y a des milliers d'emplois dans le Canada qui dépendent de
Bombardier. Il y a des milliers
d'emplois aussi dans le Canada qui dépendent de la recherche qui se fait
chez Bombardier.
Alors, ce
sera très important, dans les temps qui s'en viennent... On parle, c'est sûr,
de se serrer les coudes, O.K., mais
il faut se rappeler, là, qu'ultimement, dans tout ce dossier-là de cet appareil-là, là,
le Québec a presque fait cavalier seul, le Québec a pris sur ses épaules quasiment la survie de l'industrie de l'aéronautique telle qu'on la connaît au Canada,
a pris ça sur ses épaules à hauteur de 1,3 milliard de dollars. Parce
qu'on se souvient, à l'époque, le gouvernement fédéral a été très,
très, très long à venir nous
accompagner là-dedans, puis en bout de ligne le résultat n'a pas été nécessairement des plus satisfaisants. Mais il sera important pour notre premier ministre puis pour le Québec, oui, d'encourager le gouvernement fédéral à être très, très ferme par
rapport à Boeing versus les possibles
transactions commerciales avec le Québec, mais ce sera aussi très, très important que le Québec...
qu'on soit assis à la table avec le gouvernement
fédéral, puis lui rappeler puis l'inviter à s'assurer qu'à travers la
tempête, parce que je vois ça comme une tempête qu'on a à traverser... bien, qu'il y ait de l'équité, de
l'équité qui soit manifestée par le gouvernement
fédéral envers le gouvernement du Québec. Parce que, comme je
vous le répète, on a pris sur notre dos, au Québec, de vraiment supporter l'industrie
aéronautique canadienne par ce qu'on a fait comme investissement dans Bombardier, bien, ce serait important qu'ultimement, à travers tout ce qui se passe, que ça nous soit rendu par le gouvernement fédéral, cette espèce de leadership là qu'on a assumé puis ce risque-là qu'on
a pris, M. le Président.
Ça
nous rappelle aussi, brièvement, qu'on vit dans une période où les gouvernements qui sont autour de nous, qui
sont nos partenaires, bien, ces gouvernements-là ne font pas de cadeau, ils ne font pas de
cadeau puis ils ont certaines mesures,
il y en a qui vont dire, de protectionnisme. Nous, dans
notre cas, on a rappelé à un certain nombre de reprises au gouvernement qu'en
vertu des contrats, des conventions
qu'on a signés avec d'autres juridictions dans le monde, avec l'Europe, en
vertu des contrats qu'on a signés
avec nos partenaires nord-américains,
on est en droit de demander d'avoir un
contenu local, M. le Président, quand on fait des appels d'offres pour de la
grosse infrastructure de transport. Puis on se rappellera que, jusqu'à aujourd'hui, notre gouvernement n'a pas choisi
ou plutôt a abdiqué ce droit-là qu'on a. Alors, ce qui se passe, là, présentement, peut quand même
nous rappeler à tous qu'il ne faut pas être naïfs, qu'il y a un contexte
de commerce dans le monde, et puis, quand on
a des opportunités de chercher à favoriser non seulement la pérennité de
nos entreprises, mais leur développement,
pour qu'après ça ils puissent aller rayonner dans le monde, bien, M. le
Président, il faut saisir ces opportunités-là.
Puis jusqu'à maintenant, bien, ce n'est pas ça qu'on a fait, M. le Président,
notre gouvernement semble avoir abdiqué ça.
Mais,
ceci étant dit, le dossier, actuellement, avec la réponse à Boeing, ce matin on
a notre chef de la deuxième opposition
qui a offert au premier ministre toute sa collaboration s'il y a des
représentations à faire. Il est important, là, vraiment qu'il se bâtisse une coalition. Puis là, la coalition, là je
comprends que, là, le Québec est en état de choc, là, ça fait que tout le monde veut travailler ensemble,
là, mais c'est une coalition qui va tenir compte du fait qu'aux États-Unis,
là, il y a plus... je pense que c'est 20 000 ou 25 000 emplois qui
découlent des activités de Bombardier; qu'aux États-Unis, là, peut-être
que, Boeing, ça ne fait pas son affaire de voir un avion comme le CSeries qui
vole, même si aujourd'hui il n'y a pas
d'avion pour concurrencer la CSeries, mais ça ne veut pas dire que les
compagnies aériennes, elles, n'ont pas intérêt
à ce que le CSeries se retrouve sur leur marché puis qu'elles puissent
l'acheter. Alors, on a une coalition à faire non seulement ici, au
Québec, avec les différents intervenants, une coalition à faire avec aussi nos
partenaires canadiens là-dedans à partir de
notre premier ministre et le ministre du Développement économique du Canada,
qu'on soit solidaires, mais en même
temps on a une coalition à former avec les gens aux États-Unis qui sont
sensibles ou qui pourraient être pénalisés fortement si ultimement les
pénalités imposées à Bombardier devaient s'avérer.
Alors,
aujourd'hui, oui, il y a un état de choc qui est là, mais ce qu'on appelle, on
appelle vraiment à ce qu'il y ait une
coalition qui se forme à partir d'aujourd'hui, puis une coalition qui va se
manifester sans relâche, M. le Président, jusqu'à ce qu'on réussisse à obtenir une réparation et puis un... Je ne
veux même pas dire un jugement, parce qu'ultimement ce que Boeing demande, c'est infondé. Alors,
jusqu'à temps qu'on ait la confirmation que tout ça, c'est un petit peu un
cirque qui a été provoqué par Boeing, bien,
d'ici là, M. le Président, c'est qu'on ait cette coalition-là, que tout le
monde travaille ensemble dans un seul
but, c'est de s'assurer que, quand on va arriver à la vraie étape finale, là,
bien, ce qui va être rendu envers Bombardier, ça va être juste et équitable
envers l'entreprise puis les règles du commerce mondial, puis qui va venir confirmer que l'avion de CSeries est
une merveille dans le monde, c'est le meilleur avion au monde présentement,
puis aussi que cet avion-là, sous des
conditions normales, correctes et qu'on retrouve partout dans le monde, va
pouvoir être vendu sur tous les
marchés dans le monde, M. le Président. Alors, c'est ça qu'on souhaite, une
coalition, faire en sorte que notre avion soit vendu à la grandeur du
monde selon des règles commerciales acceptables partout dans le monde, M. le
Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Johnson, pour cette intervention. Mme la ministre de l'Économie, de
la Science et de l'Innovation, je vous cède la parole.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord de commencer,
M. le Président, en saluant les propos qui ont été tenus par mon collègue de
Johnson, des propos lourds de sens. Il tend la main pour une coalition,
et je lui tends la mienne également pour
cette coalition pour Bombardier. J'ai toujours trouvé les propos du député de
Johnson plutôt nuancés, et
aujourd'hui encore il fait preuve de cette nuance dont nous avons besoin,
jusqu'à un certain point, pour que tous les partis puissent travailler
ensemble.
Le
secteur de l'aérospatiale est un secteur qui est névralgique pour le Québec,
névralgique parce qu'il s'y trouve énormément
d'innovation, parce que notre créativité s'exprime beaucoup par le secteur de
l'aérospatiale. Et nous avons au-delà
de 40 000 personnes qui oeuvrent dans ce secteur. C'est la raison
pour laquelle le gouvernement n'a jamais hésité à investir de manière
importante dans ce secteur.
Je rappelle que la
stratégie que nous avons lancée, de l'aérospatiale, vise justement à consolider
le secteur au complet. Évidemment, dans ce secteur, il y a des dizaines... près
de 200 organisations qui évoluent dans le secteur de l'aérospatiale, mais il y a une ancre, une ancre
qui s'appelle Bombardier, une ancre qui fait en sorte qu'elle donne des emplois à des milliers de personnes ici, au
Québec, et qui fait en sorte qu'on a pu développer les capacités de nos PME à
croître au niveau national et au niveau
international. Il est donc primordial pour nous de veiller à ce que cette ancre
puisse déployer toute sa force sur
l'échiquier international. C'est dans ce contexte-là que nous avons décidé
d'investir dans la CSeries, qui,
encore une fois, est le plus grand projet d'innovation au Canada, et, je le
rappelle, Bombardier, la plus grande société industrielle du Canada.
Nous avons donc posé des gestes très clairs, très concrets.
• (11 h 40) •
La
nouvelle d'hier n'était pas une nouvelle qui était parfaitement inattendue.
Voilà des mois, je dirais même des années que la compétition, la concurrence,
elle est féroce dans le secteur de l'aérospatiale. Et, avec le développement de
la CSeries, plusieurs personnes auraient voulu que cette CSeries ne voie
jamais le jour.
Pourtant, à force d'acharnement, de
détermination, de travail, on a été en mesure, au Québec, la compagnie Bombardier au premier chef, de développer cet
avion, qui bat tous les records en termes de performance. Les gens sont extrêmement satisfaits. D'ailleurs, j'ai eu
l'opportunité de rencontrer, la dernière fois que j'étais au salon du Bourget,
cette année, les gens qui
l'utilisent, AirBaltic qui venait témoigner de la performance de l'avion, qui
venait témoigner de la satisfaction
de sa clientèle. On avait des gens
qui utilisaient l'avion, des utilisateurs qui venaient également
partager avec nous les perspectives qu'ils avaient sur cet avion, qui
étaient fort positives.
Donc, beaucoup
de personnes ont voulu étouffer la naissance de ce CSeries. Et pourtant il a vu
le jour. Et pourtant il a des clients. Et pourtant, aujourd'hui, il
vole.
La décision
qui a été prise hier, du département du Commerce américain, n'est pas une
surprise, mais son ampleur, par
contre, est encore plus significative
que ce à quoi nous nous serions attendus. Et c'est la raison pour laquelle nous
n'avons pas hésité à juger la décision qui a été prise comme étant non
seulement insensée, mais également abusive, d'imposer
des droits compensateurs de 220 % à Bombardier pour la vente des avions de
CSeries aux États-Unis. Cela signifie, au bout du compte, que
l'avion va être vendu à trois fois le prix sur le marché américain.
La plainte
qui a été formulée par Boeing est une attaque frontale à l'économie du Québec,
parce qu'évidemment, avec un secteur
aussi névralgique, on ne peut pas penser que le développement économique du Québec
n'est pas intimement lié avec ce
secteur. On n'a qu'à voir, d'ailleurs, les chiffres des exportations. Au premier chef,
le premier vecteur d'exportation au Québec,
c'est le secteur de l'aérospatiale. Donc, non seulement, lorsqu'on
frappe Bombardier, on frappe le secteur dans son entièreté, mais il y a un effet domino qui impacte de manière
significative également nos exportations, et c'est pour ça qu'il faut non seulement être vigilants, mais il faut être à l'attaque et ne céder aucun... pas un iota
qu'on devrait céder, justement, à la pression qui nous est faite de
l'extérieur.
Nous allons
donc poursuivre... Nous savons que, la plainte qui a été déposée, la décision
qui a été prise est une décision qui
est préliminaire. Il y a donc une décision finale qui doit être prise. C'est la
raison pour laquelle nous allons encore une fois mobiliser tous les
acteurs.
Et je pense
qu'on peut reconnaître que le gouvernement a agi de manière extrêmement proactive dans ce
dossier. Vous l'avez vu comme nous
avons pu l'observer, que non
seulement le premier ministre du Québec, au premier chef, a été extrêmement impliqué et dédié dans le développement de la CSeries, dans la défense des intérêts
du secteur de l'aérospatiale, par
rapport à la plainte, mais d'autres
personnes sont sorties : le premier
ministre du Canada, bien sûr,
la première ministre de l'Ontario qui a défendu la CSeries, la première ministre de la Grande-Bretagne. Nous avons également des élus américains
qui sont sortis. Rappelons qu'il y a des employés de Bombardier dans
17 États américains, 17 États américains. On a également
des transporteurs qui sont sortis pour dire qu'ils ne voyaient dans la plainte
de Boeing que simplement une attaque
à la concurrence injustifiée, injustifiable. Alors, nous n'avons ménagé aucun
effort. Nous avons demandé à nos délégations dans toutes les régions des États-Unis
d'être proactifs, d'aller rencontrer les leaders d'opinion, d'aller rencontrer les élus pour vraiment
faire part de la situation et pour faire aussi de la pédagogie, parce qu'il
y a encore un travail de pédagogie,
et, malgré le fait que presque unanimement tout le monde ait déploré la
tactique abusive de Boeing, on en vienne à un résultat final avec
220 % de droits compensatoires.
Alors, il ne
faut pas être naïfs parce que les prochaines semaines, dans la défense des intérêts
du Québec, ce ne sera pas facile, mais nous allons être présents, et nous allons redoubler
d'ardeur, et nous allons faire la défense qu'il faut que l'on fasse pour
démontrer à quel point cette attaque, elle est injustifiée. Rappelons que
Boeing... Deux choses. Rappelons que
Boeing attaque Bombardier sur deux fronts, le premier étant de dire qu'ils sont
en concurrence avec leurs avions, ce qui est faux; le second étant de dire qu'il y a des avions qui ont été
vendus à rabais, ce qui est une pratique commerciale courante dans le secteur de l'aérospatiale, et Boeing, au
premier chef, l'utilise. Alors, nous n'allons ménager aucun effort pour
défendre les intérêts des travailleurs de l'industrie aérospatiale.
C'est le génie et la créativité québécoise qui
nous ont permis de percer les marchés et de faire notre place sur l'échiquier international, et c'est avec ce même
génie, cette même créativité que nous allons continuer à développer de nouveaux marchés. L'Asie, l'Europe, l'Afrique sont
autant de régions du monde en lesquelles nous pouvons performer et nous pouvons nous démarquer. Les États-Unis,
par la voix du DOC, hier, ont dit non à l'innovation québécoise,
non à la créativité québécoise,
non au génie québécois et non à la concurrence, mais j'aimerais
m'adresser particulièrement aux travailleurs de l'industrie de l'aérospatiale ici, j'aimerais m'adresser particulièrement aux familles qui dépendent de ce secteur névralgique pour le Québec et leur dire que jamais, jamais que le gouvernement ne va baisser les bras,
jamais nous n'allons abdiquer. Nous
allons nous tenir aux côtés des travailleurs, nous allons nous tenir aux côtés
de l'industrie et nous assurer qu'elle continue de prospérer.
Je disais
tout à l'heure que la décision qui a été rendue était préliminaire, nous allons
faire toutes les représentations nécessaires. Tout à l'heure, on parlait
de possibilité de stratégie sur le long terme, le chef de la deuxième
opposition mentionnait : Quel est le plan? Ça fait des mois que nous
travaillons avec le CSeries pour nous assurer qu'il y a des développements qui
seront positifs, et on va continuer, et on va continuer ce travail.
Au cours des
dernières semaines, nous avons vu, donc, plusieurs voix s'élever contre
l'attaque de Boeing envers Bombardier
et nous pensons que nous sommes capables de rallier d'autres joueurs à cette
cause, parce qu'aujourd'hui, et il
faut que les Américains l'entendent, il y a aussi un impact sur le marché
américain, il y a aussi un impact pour les travailleurs américains. Et ça, il faut qu'ils en soient conscients, il
faut qu'ils intègrent ça, qu'ils comprennent que la notion de protectionnisme, telle qu'elle est développée
par les États-Unis aujourd'hui, n'a pas de sens pour nous, certainement, mais
n'a pas de sens pour eux non plus.
Et
je me permets de rappeler que dans bien des dossiers, on parle de l'acier, on
parle du bois d'oeuvre, on parle du papier
surcalandré, on parle du papier non couché, nous voyons des relents accentués
de protectionnisme dans ces secteurs et
nous devons combattre ça. Mais de quelle manière devons-nous combattre ça? Pas
en pratiquant ce que l'autre pratique en
face de nous, mais en renforçant encore une fois notre stratégie, d'être plus
agressifs sur les marchés internationaux, parce que le Québec gagne
lorsqu'il est à l'attaque, le Québec gagne lorsqu'il est proactif.
Il a été
question de la participation du gouvernement du Québec dans le projet de la
CSeries. Je rappelle que c'est un
investissement. Dès le départ, nous avons dit : Nous allons investir dans
la CSeries comme deuxième partenaire important, sachant fort bien
qu'ultimement on serait très intéressés à avoir un troisième partenaire.
Évidemment, s'il devait y avoir un troisième
partenaire, il faut que des principes de base soient respectés, notamment la question
des emplois que nous avons ici, au
Québec, notamment la question de l'ingénierie, de l'innovation que nous voulons
conserver ici, au Québec, mais la performance de l'avion fait en sorte
qu'il pourrait y avoir des gens qui veulent se joindre à nous.
Boeing veut
de toute évidence bloquer la concurrence sur le marché américain, et, à terme,
ça risque de causer un sérieux
préjudice à l'industrie. Nous sommes un partenaire de la première heure de la
CSeries, et l'investissement que nous
avons fait a su créer un momentum, et sans notre participation, aujourd'hui...
Les gens disaient hier : Bien, si vous n'aviez pas investi 1,3 milliard, aujourd'hui il n'y aurait pas de
débat d'urgence. Si nous n'avions pas participé, M. le Président, il n'y aurait pas de débat d'urgence
parce qu'il n'y aurait pas de programme CSeries. Et, sans programme CSeries,
je vous laisser imaginer ce que ça signifie pour toute l'industrie de
l'aérospatiale.
• (11 h 50) •
Donc, la
raison pour laquelle nous sommes debout, aujourd'hui, en train de discuter de
ça, c'est justement parce que le gouvernement a été extrêmement proactif à
défendre les intérêts de ce que l'on aime beaucoup appeler ici les fleurons québécois, et c'est un fleuron québécois,
un fleuron canadien d'ailleurs aussi. Le CSeries est l'appareil le plus avancé technologiquement dans sa catégorie, et
c'est le plus grand projet de recherche et de développement au Canada.
Et donc, au-delà de nuire simplement à
l'industrie, aux transporteurs et aux consommateurs, c'est l'ensemble de
l'innovation qui est rejetée dans la plainte de Boeing, et qui vise
particulièrement les investissements en recherche et développement.
Je rappelle encore une fois pourquoi les
Américains sont perdants. Bombardier emploie 7 000 personnes aux États-Unis dans des États comme West Virginia, le
Kansas et l'Arizona. Au cours des
cinq dernières années, Bombardier a
généré des retombées de 14 milliards
de dollars pour ses fournisseurs
américains et, en plus, a augmenté de manière importante le développement
du programme de la CSeries.
Je rappelle également
que l'attaque de Boeing a généré des pétitions de la part de Delta, de
Pratt & Whitney, de Honeywell, de Rockwell Collins, de Parker,
Goodrich, de Spirit et de nombreux autres fournisseurs de la CSeries.
L'ensemble de l'industrie aérospatiale est réellement mobilisé.
Tout à l'heure, le député de Johnson mentionnait l'importance de la coalition. Bien,
cette coalition-là, elle est aussi avec
l'ensemble des partenaires que je viens de nommer. Le programme de la CSeries
va générer plus de 30 milliards
de dollars en affaires pour les fournisseurs américains et plus de 22 000 emplois aux États-Unis pendant la
durée du programme. La série C est également testée en vol à
Wichita, au Kansas.
M. le
Président, nous allons unir notre voix, encore une fois, à celles des
travailleurs, nous allons l'unir à celle du gouvernement fédéral dans la lutte contre cette plainte, mais en aucun
cas nous n'allons baisser les bras. Tout à l'heure, le député de Johnson disait : Je suis déçu, je
suis inquiet. Moi, je ne suis pas déçue, M. le Président, je ne suis pas
inquiète. Je suis fâchée, je suis
vraiment fâchée parce que j'estime qu'il n'y a aucune raison légitime de vivre
ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui. Mais j'ai confiance. J'ai
confiance dans le génie québécois, j'ai confiance dans les travailleurs de l'aérospatiale, j'ai confiance dans notre capacité
de nous réinventer. Si le Québec est une société prospère aujourd'hui, qui est reconnue internationalement pour sa
capacité à inventer, c'est parce qu'on a été capables, justement, de faire des
choix judicieux dans l'histoire, et
justement ce que j'aimerais dire, c'est qu'avec la coalition que nous avons
créée et avec laquelle nous allons
continuer de travailler, encore une fois, jamais nous n'allons baisser les
bras. Et, au bout du compte,
l'ouverture, la confiance, le long terme, ce sera payant. Et, au bout du
compte, vous savez quoi, M. le Président? Avec les travailleurs de l'industrie aérospatiale, nous serons collectivement
du bon côté de l'histoire, du côté de l'innovation, du côté des marchés ouverts, du côté de la confiance,
et nous saurons gagner le coeur des gens à l'international, qui verront
dans ce génie québécois toute la force de frappe dont nous sommes capables.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre de
l'Économie, de la Science et de l'Innovation, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Sanguinet pour son intervention sur ce débat d'urgence. M. le député.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. D'abord, je salue les gens qui ont participé au débat
ou qui vont participer au débat, de tous les partis confondus. On est
tous d'accord.
J'étais à la manifestation,
je pense, c'est voilà deux semaines, vendredi voilà deux semaines, avec les
employés d'Unifor, qui sont des
employés de l'aéronautique. Et entre autres il y avait Unifor, mais il y avait
d'autres syndicats qui étaient présents aussi, et j'ai saisi le message, à ce
moment-là, qui était très clair : Face à la menace... Parce qu'on n'était
pas encore certains du dénouement. On s'en
doutait, et la ministre l'a mentionné aussi, on se doutait bien de ce qui
allait se produire. Mais ce
message-là que j'ai reçu et qu'on a reçu des travailleurs, c'était : C'est
important. C'est des emplois, oui,
mais c'est des emplois de qualité. Ces gens-là sont bien, sont heureux à
travailler là où ils sont. Ils sont bons, M. le Président. Si jamais ils perdaient leurs emplois, ce n'est pas parce
qu'ils ne sont pas bons, c'est parce que c'est injuste.
Alors,
ces gens-là, on sentait leur détresse, M. le Président, puis surtout on sentait
qu'ils nous disaient : Travaillons ensemble, trouvons une solution ensemble. Il faut qu'on se tienne
ensemble parce qu'on est petits. On est 8 millions, mais ensemble on peut contrer un acte injuste qui
frappe de plein fouet l'économie québécoise, les travailleurs québécois. On est
frappés de plein fouet actuellement. L'heure est à l'union, M. le Président, l'heure est à tendre la main et faire en sorte, oui, et faire en sorte qu'on puisse trouver une
solution gagnante pas seulement pour Bombardier, pas seulement
pour le Québec, la ministre et mon
collègue le député de Johnson l'ont mentionné, mais pour l'ensemble des
intervenants, qu'ils soient
québécois, canadiens ou américains... et même anglais, irlandais. Les gens qui
sont impliqués dans ce dossier
litigieux sont des gens de partout, M. le Président, parce que c'est une entrave au commerce international.
C'est injuste, ce qui se passe, il faut se soulever contre ça.
Vous savez, le
commerce international — et
j'entendais souvent la ministre vanter les vertus du commerce international, elle l'a fait encore et avec
justesse — le
commerce international permet l'éclosion des peuples, l'émancipation des peuples. Même les petits peuples, qui sont peu
nombreux, ça leur permet de devenir plus puissants, plus riches. La porte vers le monde, c'est une porte vers la
prospérité, M. le Président. C'est Adam Smith, en 1776, dans son livre sur
la richesse des nations, qui nous l'a enseigné la première fois, alors que tous
les gens qui étaient impliqués dans le commerce,
à l'époque, c'étaient des mercantilistes qui disaient que plus on exporte, plus
on est heureux; plus on importe, plus
on est malheureux. C'est une vision tronquée de ce qu'est vraiment
un commerce international, qui est actuellement
florissant et bénéfique pour tout le monde.
Là,
actuellement, ce qu'on a aux États-Unis — et là je ne vous apprends rien, M. le
Président — c'est
une montée du protectionnisme, c'est
un peuple extrêmement protectionniste. Ils l'ont fait, ils ont fait la preuve à
plusieurs reprises. Que ce soit dans
le bois d'oeuvre, que ce soit avec les quotas de lait, présentement, qui
menacent des fermes québécoises,
que ce soit l'aéronautique, les preuves sont faites.
Et donc, vous
savez, M. le Président, il y a des tribunaux qui servent justement
à s'assurer que le commerce soit juste,
que les pays fassent un commerce qui soit juste les uns par rapport aux autres. Ces tribunaux-là ont mis des moyens pour punir les pays ou les producteurs qui vont
avoir et vont faire de la concurrence déloyale, c'est prévu dans les ententes
commerciales. Donc, à la seconde où est-ce que
tu fais du commerce et que tu es déloyal dans ta façon de procéder, que tu
fasses du dumping ou que tu aies des subventions
du pays où est-ce que tu es, où tu résides, où tu produis, à ce moment-là les tribunaux te pénalisent, avec des tarifs compensatoires entre
autres. C'est ce que Boeing a utilisé, c'est ce que Boeing a fait. Il
s'est inventé un motif.
Écoutez, les
tribunaux puis les tarifs compensatoires, c'est justifié dans certains cas,
dans le cas où un pays va baisser son
pris en bas du prix coûtant, et le tarif compensatoire va tout simplement viser
à éliminer l'avantage indu qui a été
donné par l'État qui... ou par le gouvernement où réside le producteur. Alors,
par exemple, si on vend à 30 % en bas, le tarif compensatoire sera de 30 % pour équilibrer et faire en sorte
que le pays d'accueil ne sera pas frappé par une concurrence déloyale.
• (12 heures) •
Est-ce que c'est le cas actuellement avec
Bombardier? Non. Surtout que la plainte vers Bombardier vient de Boeing, on
s'entend.
Dans l'industrie de l'aviation, tout le monde
sait que, dans l'industrie de l'aviation, il y a des façons de faire particulières, que tous les pays investissent de
différentes façons dans l'industrie aérienne, et c'est correct. Boeing a reçu,
en 15 ans, plus de 13 milliards
juste en subventions, et ça, c'est sans compter toute l'aide qui découle de la
défense nationale, qui est
astronomique, aux États-Unis, et qui va en partie financer les activités de
Boeing. Alors donc, ce sont eux qui font la plainte, M. le Président, eux qui ne sont même pas des concurrents directs de Bombardier, ils ne produisent
et ne vendent pas le même type
d'appareil que la série C. Ils ont soulevé cette plainte-là suite à ce qui
a été fait en vente par Bombardier à
Delta. Ils n'étaient même pas sur la demande de Delta, ils n'étaient même pas
en concurrence avec Bombardier tellement qu'ils ne sont pas dans ce créneau-là, M. le Président, et, malgré
tout, ils ont fait une plainte. Boeing a fait une plainte. Pourquoi?
Parce que Bombardier a vendu, à un prix inférieur à ses coûts, des avions à
Delta.
L'industrie
de l'aéronautique, M. le Président, c'est une industrie particulière, et ça
se fait toujours. Pourquoi? Quand tu as un nouvel appareil — ils
appellent ça le consommateur de lancement — quand tu
as un nouvel appareil, le premier consommateur qui va l'utiliser prend
des risques, parce que, veux veux pas, on n'a pas testé à grande échelle l'utilisation de cet appareil-là. Alors, pour
encourager ce consommateur-là, oui, on va vendre à un prix en bas du prix
coûtant dans bien des cas. Et ça, ça
a été fait par Bombardier, mais c'est
fait par tous les acteurs de l'industrie de l'aéronautique, y compris
Boeing. M. le Président, il fait la même chose. Alors, il accuse Bombardier de
faire quelque chose qu'il fait lui-même. Ça va bien. Ça, c'est Boeing, M. le
Président.
Alors donc,
le tarif compensatoire souvent va découler d'une subvention du gouvernement. Le gouvernement offre une
subvention à une entreprise, l'entreprise utilise la subvention pour baisser son
coût de production, même pour baisser son
prix de vente même en bas du coût de production. Dans ce cas-là, ce n'est pas
une subvention. L'aide que le gouvernement du Québec a apportée à la série C, c'est un placement en
équité. Ils ont acheté des actions, ils détiennent une partie de la série C : 49,5 %, pour
1,3 milliard de dollars. Je souligne que le député
de Johnson l'a dit avec raison, que
1,3 milliard de deniers publics, c'est important,
on en convient, il a raison de le mentionner, mais il reste que ce n'est
pas une subvention. L'aide du gouvernement fédéral, c'est un prêt sans intérêt, ce n'est pas une subvention. Alors, l'idée
qu'un tarif compensatoire soit mis en
réaction à une subvention comme on le fait généralement, cette idée-là
n'est pas valable dans le dossier qui nous concerne.
Et donc, à
partir de ce moment-là, vu que tout
le monde le fait, que Boeing n'est
pas impliquée dans le deal avec Delta,
pourquoi Boeing fait ça? Bien, parce qu'on est bons, parce qu'on est menaçants,
parce que la série C, éventuellement, est peut-être
la pointe de l'iceberg, M. le
Président. C'est une entrée en
matière pour Bombardier dans ce genre de secteur de
l'avion civil. Alors, c'est pour ça qu'ils ont peur, M. le Président. Ils ont
peur parce qu'on est bons, mais, dans le commerce international, c'est normal
que les bons puissent vendre des produits partout dans le monde. C'est normal et c'est bénéfique. Si une entreprise
vend à l'étranger, c'est parce qu'elle est meilleure que les entreprises
étrangères. Ça, là, regardez, tu n'as
pas besoin d'être John Maynard Keynes pour comprendre ça, là. Et donc, si on
enlève la possibilité à Bombardier de vendre aux États-Unis,
qui va payer pour ça? Bombardier, les travailleurs québécois, les fournisseurs québécois pour Bombardier, les
travailleurs de Bombardier à l'extérieur du Québec, en Irlande du Nord, aux États-Unis, M. le
Président. Bombardier engage des
Américains. Tel est pris qui croyait prendre. Alors donc, les travailleurs
américains vont se retrouver en
chômage parce que les Américains ont décidé de punir injustement un producteur
élite québécois. Ça n'a pas de sens, soulevons-nous,
puis eux vont se soulever. Ces gens-là le savent. On a des alliés l'autre bord
de la frontière, M. le Président, ce ne sont pas tous des Donald Trump,
heureusement, heureusement.
Qui perd? Les
entreprises. Puis là il y a beaucoup d'entreprises aériennes qui ont manifesté
leur frustration, de dire : Nous,
on aimerait ça acheter des Bombardier, on trouve ça bon. Delta se frotte les
mains en attente de ses Bombardier, M. le Président. Les
compagnies aériennes attendent pour acheter des Bombardier. Puis, s'ils
n'achètent pas Bombardier, bien, ils vont perdre aussi, parce que,
si tu arrives avec un concurrent comme Bombardier, ça veut dire que les autres entreprises,
là, ils vont se grouiller le derrière pour faire des produits aussi bons, sinon
meilleurs.
C'est ça, la
saine concurrence. Si tu veux exceller dans un domaine, amène de la
concurrence, et c'est comme ça que tu vas t'améliorer. C'est une règle
d'or en économie. Si tu empêches des gens d'aller chez vous puis dire : Regarde, on est bons, veux-tu l'acheter?, ça fait
en sorte que les gens chez vous vont devenir somnolents. Il faut les stimuler,
dire : Regarde, ailleurs,
ce qu'on fait, c'est bon, bien, nous, on est capables de faire du bon puis peut-être
du mieux. Ça nous stimule, on se
spécialise, on va s'enrichir, on fait de la valeur ajoutée. C'est la clé du
succès en économie. Alors, les Américains vont perdre, les entreprises
aériennes vont perdre. Les consommateurs de ces entreprises-là, ceux qui se promènent à travers le monde, bien, ils vont se
perdre... bien, ils ne vont pas se perdre, mais ils vont perdre. Vous savez,
c'est des règles fondamentales, il ne faut pas les oublier.
Je reviens
aux Américains. On n'est pas surpris de ce qu'ils font. Bizarrement,
bizarrement, et je vous dis ça avec tristesse,
M. le Président, ils attaquent beaucoup le Québec
depuis un certain temps. Le Québec est foudroyé par la montée du protectionnisme américain exacerbé par Donald
Trump. On l'a vu avec le bois d'oeuvre. Des milliers d'emplois dans l'industrie forestière ont été perdus, M.
le Président, possiblement à jamais. Il y a des régions qui
souffrent des décisions injustifiées de la part du gouvernement
américain.
Là, on
voit, au niveau de l'aéronautique, la même chose. C'est 200 000 emplois
au Canada, et 45 % de ces emplois-là sont au Québec, M. le Président. L'aéronautique, c'est notre fer de
lance économique, c'est un pan majeur de l'industrie du Québec, c'est un pan majeur de la région de
Montréal. Dans tous nos comtés, là, les gens de la région de Montréal,
il y a des gens qui travaillent là-dedans.
J'en ai toujours, j'en rencontre tout le temps — je ne sais pas, les autres députés,
j'imagine aussi qu'ils en
rencontrent — c'est
fou, les gens qui me disent qu'ils travaillent chez Bombardier,
Pratt & Whitney, et ainsi
de suite, et qui me disent à quel point c'est important, l'aéronautique, à quel
point il faut les défendre. Alors, c'est ça qu'on a présentement comme
menace au niveau de l'aéronautique.
Puis là
qu'est-ce qu'on a et qu'est-ce qui va suivre? Bien, c'est les quotas de lait.
On veut renégocier l'entente de l'ALENA.
Et, dans tous ces gestes injustifiés et injustifiables, le Québec est foudroyé.
Qu'est-ce qu'il faut qu'on espère, M.
le Président? Bien, souvent, ceux qui s'assoient à la table de négociation dans
ces cas-là, c'est le gouvernement canadien. Alors, on espère que le gouvernement canadien va nous protéger à travers
l'ALENA, évidemment, mais surtout actuellement dans l'aéronautique. Il faut que le gouvernement canadien se relève les
manches et fasse comme nous à l'Assemblée nationale, fasse en sorte de faire comprendre aux États-Unis
que c'est injustifié et que, dans cette guerre commerciale, qui est presque
une guerre politique, tout le monde perd
là-dedans et il n'y a pas de gagnant. Il faut que les Américains, il faut que
Boeing comprenne ça.
Et donc
qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse? Puis là, je vous avoue, Justin Trudeau — c'est un souverainiste qui parle, quand même, là — il fait une bonne job là-dedans, hein? Il a
mis le poing sur la table puis il s'est dit menaçant, et moi, j'ai bien aimé. Il dit : Écoutez, tant et
aussi longtemps que ça ne sera pas réglé avec Boeing, on n'achète plus rien de
Boeing. Les avions de chasse, il
n'est pas question qu'on les achète. J'ai aimé entendre le premier ministre. Je
ne suis pas tout le temps content de l'entendre, tu sais, des fois il
nous choque, tu sais, mais là je l'ai aimé ce matin. Je l'ai aimé, parce qu'il nous a dit : On va se tenir debout, on
va faire en sorte que les Québécois soient respectés. Et, moi, quelqu'un qui
parle de faire respecter les Québécois, là,
moi, M. le Président, je lui lève mon chapeau. Et c'est ce que j'ai entendu ce
matin. C'est ça que j'ai entendu.
Alors, il
faut absolument que le gouvernement fédéral continue dans cette lancée-là. Il
faut le surveiller, il faut lui dire
qu'on est là puis qu'on le surveille, qu'on lui donne une tape dans le dos,
puis, si ça ne marche pas, on lui donnera une tape ailleurs. C'est ça qui va arriver. Il faut qu'il reste droit
comme un chêne, et notre premier ministre, même chose, et même chose
pour les partis d'opposition.
• (12 h 10) •
Vous voyez,
M. le Président, aujourd'hui, là, ceux qui disent que je suis un sanguinaire de
Sanguinet s'aperçoivent que ma main
tremblante et douce se tend vers le gouvernement et offre justement ses
lumières, ses efforts pour qu'on puisse aller de l'avant dans ce projet et dans ce dossier-là, parce que notre
avenir en dépend en partie. Et donc il faut continuer comme ça.
À court
terme, on sait que les tarifs compensateurs, c'est des tarifs provisoires, que
la décision finale se prendra plus
tard, alors il faut s'activer. J'ai entendu la ministre tantôt nous dire... elle
va faire des représentations, elle va aller aux États-Unis. Qu'est-ce qu'il faut faire? C'est exactement ça, faire
comprendre au tribunal qui a posé ce geste injuste que c'est un geste injuste. Ils ne sont pas fous à
temps plein, ce monde-là, là. On a une condition gagnante. On les cherchait
souvent, au PQ, là.
Bien là, on en a une, une condition gagnante, dans les mains. Mais, si on veut
gagner, il faut se battre, il faut
aller au front. Il faut absolument que le gouvernement se tienne debout devant
les Américains, parce qu'on va gagner, c'est
sûr, parce qu'on a... Tout le monde le dit, les experts dans le domaine, tout
le monde nous le dit : Ne soyez pas tristes, vous avez une victoire proche parce que vous avez
tout pour remporter la victoire. Et là, évidemment, si ce tribunal-là continue dans cette veine, bien là, on peut aller
au tribunal de l'ALENA en arbitrage. Là, le problème, c'est que Donald Trump
veut enlever ça, l'arbitrage. Il se
dit : Bien là, mais on n'a pas besoin d'arbitrage à l'ALENA. C'est
comme — moi,
j'ai déjà vu ça — des joueurs-entraîneurs. Tu sais, on a déjà
vu ça, là. Tu sais, au hockey, il y a le joueur-entraîneur, comme dans Slap Shot, tu sais. Mais lui, c'est le
joueur-arbitre. Lui, il se dit : Je n'ai pas besoin d'arbitre, je suis
capable de m'arbitrer moi-même. Ça,
c'est Donald Trump, ça. Alors donc, on a un problème majeur, c'est que, si, à
l'ALENA, on a une négociation puis qu'on ne se tient pas debout dans la
négociation de l'ALENA, on perd une pogne, parce qu'on peut, à travers les tribunaux de l'ALENA, conclure et de
faire en sorte de retrousser cette mauvaise décision. Évidemment, on
peut aussi aller à l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, mais ça, c'est
beaucoup plus long.
Et déjà — les effets à court terme vont se faire
sentir, M. le Président — c'est l'achat d'avions de Delta qui est en péril à l'heure actuelle. Là, vous avez vu,
Bombardier, c'est une entreprise qui est toujours face à une concurrence
féroce. Bien, il faut qu'elle réussisse à vendre où les gens veulent
bien en acheter.
Alors donc,
pour ces raisons-là, M. le Président, nous, le Parti québécois, là, on va
travailler avec le gouvernement, on
va travailler avec les autres oppositions, et je suis convaincu... J'ai
entendu, là, le chef de la seconde opposition tantôt. Il ne faut surtout pas paniquer. Je vous le dis,
on a une situation gagnante entre les mains, on a une situation gagnante.
Il ne faut pas paniquer, il ne faut pas commencer à...
Il faut que
je revienne sur ce que le chef de la deuxième opposition a mentionné tantôt
quand il disait : Bien, il faudrait
que le fédéral mette plus d'argent, il faudrait qu'il subventionne les tarifs
compensatoires. Il ne faut pas faire ça, parce qu'un tarif compensatoire vient éliminer des subventions. Ça fait
que, tu sais, fais une équation bien simple. Un tarif compensatoire sert
à éliminer les avantages d'une subvention. Bien, si tu mets une subvention pour
éliminer le tarif compensatoire qui veut
éliminer une subvention, comprends-tu, tu t'enlignes, là... Puis là moi, en
tout cas, je n'avais jamais vu ça en
économie internationale. Ça fait que tu arrives avec quoi? Tu vas avoir un
autre tarif compensatoire puis tu as une autre subvention, puis ainsi de suite. Alors là, écoute, tu vas te
retrouver avec une situation complètement folle. Puis ça ne fait pas
très sérieux, pour vrai. Il ne faut pas faire ça, il ne faut pas faire ça.
Ce qu'il faut
faire, c'est travailler le dossier, aller chercher des avis d'experts, puis ça,
ils sont nombreux. Écoutez, on en a
lu, là. Je veux dire, on a des documents déjà beaucoup. On a beaucoup de
documents. Il faut faire en sorte que les gens de Bombardier puissent rencontrer ces gens-là puis bien leur
expliquer la situation puis il faut faire en sorte que la situation dans cette industrie aérienne, qui est
particulière, M. le Président... Ce n'est pas n'importe quelle sorte
d'industrie. Parce qu'un avion, ça
coûte cher. Un avion, aussi, qui tombe, bien, c'est ordinaire, parce qu'il y a
du monde dedans, souvent. Ça fait
qu'à ce moment-là il faut que tu aies la sécurité, il faut que tu sois assuré
de ce que tu vas acheter, ce soit efficace.
Et donc il
faut faire en sorte que les premiers acheteurs, entre autres, aient des avantages
d'être le premier acheteur puis de
faire en... si on veut, de confirmer... Confirmer quoi? D'abord, que la
compagnie est capable de livrer. Tu sais, je vous dis, là : Je vais vous acheter 75 avions. Ils n'en ont pas
fait encore. Bien là, vous dites : Est-ce qu'ils vont être capables
de remplir la mission de faire 75 avions?
Premier risque, M. le Président. Est-ce que l'avion va être efficace? Est-ce
qu'il va avoir un taux de dangerosité
qui soit acceptable dans le domaine de l'aviation? Est-ce qu'il sera assez
économique, sécuritaire?
Alors, c'est
normal que Bombardier ait vendu à Delta à un prix inférieur à son coût de
production, c'est normal.
Alors, quand
Boeing nous dit qu'il faut mettre un tarif compensatoire de 220 %... Ça,
je ne me rappelle pas d'avoir vu un
tarif aussi... pour vrai, là, un tarif compensatoire aussi gros que ça, là. Ça,
ça veut dire que Bombardier aurait vendu au tiers du prix. C'est ça que ça veut dire. Ça veut dire que, si tu as
un tarif compensatoire de 220 %, il faut que tu montes le prix fois trois. C'est complètement aberrant,
M. le Président. Vous êtes stoïque devant moi, là, vous n'avez pas l'air à
voir à quel point c'est... Ça veut dire que
c'est divisé par trois, ça veut dire que Bombardier aurait divisé par trois du
coût de production de l'appareil pour
le vendre au tiers du prix. Alors là, on s'aperçoit qu'à quelque part
220 %... Puis les gens qui
s'attendaient... Puis la ministre, elle l'a mentionné tantôt, puis je pense que
tout le monde ici s'attendait à ça, qu'on ait un tarif compensatoire qui soit, justement, décidé par les Américains.
Bien, moi, j'aimerais ça savoir, dans le lot, ici, là, puis la ministre, puis le premier ministre, puis
vous, M. le Président, est-ce que vous vous attendiez à 220 %? Quand j'ai
eu la nouvelle hier soir, j'étais en
train de manger, j'ai eu des problèmes de digestion, parce que c'était au-delà
de ce que j'aurais imaginé.
Mais ça, M.
le Président, c'est les États-Unis, le plus gros pays, en termes économiques,
au monde. Alors, ils s'en permettent,
parce qu'ils sont la nation la plus puissante sur la planète à à peu près à
tous les niveaux. Ils ont toujours été protectionnistes,
historiquement. Vous savez, la crise économique dans les années 30 a commencé
aux États-Unis puis elle a rapidement
déferlé à travers la planète. Pourquoi? Parce que les Américains, quand ils ont
vu que ça allait mal dans leur économie, ils ont décidé de mettre des
barrières protectionnistes, et c'est le reste de la planète, parce que c'est le
poumon économique du monde, c'est le reste
de la planète qui s'est trouvé étouffé, M. le Président. Alors, ce n'est pas
d'hier, là, que les Américains sont des gens protectionnistes. Et, même quand
on a eu les ententes de Bretton Woods à
l'époque, en 1944, vous n'étiez pas né, là, mais, bon... En 1944,
bien, ceux qui ripostaient le plus contre la création de quelque chose qui protégeait le commerce
international en 1945, c'étaient les Américains. Et, à l'époque, ils parlaient
de l'Organisation internationale du
commerce. Ils voulaient créer ça en 1945, l'ensemble des pays de la planète.
C'est les Américains qui ont dit non,
parce que ça serait trop une grande entrave au commerce international puis à
notre volonté, justement, d'imposer notre loi à travers le monde. Et
c'est deux ans plus tard, avec la création du GATT, du General Agreement on Tariffs and Trade, qui a été signé
par 23 pays en 1947, c'est là qu'on a vu les limites déjà du commerce
international, de la
promotion du commerce international avec un outil aussi imparfait que le GATT.
Et c'est les Américains qui avaient
voulu ça. Et finalement, en 1995, on a créé l'OMC pour justement faire en sorte
d'avoir quelque chose qui a beaucoup
plus de mordant, beaucoup plus de dents pour, entre autres, mordre les
Américains, M. le Président. Alors, ce n'est pas d'hier, ça. Et,
malheureusement, bien, c'est une bonne nouvelle.
Moi, j'ai
l'air de quelqu'un qui n'aime pas les... moi, j'adore les États-Unis, là. Je
vais là souvent, puis j'aime bien ça,
puis j'écoute du football américain, puis, bon, qu'ils aient le genou à terre
ou non, moi, j'aime ça, pour vrai. Puis en plus c'est notre principal partenaire commercial, en plus. Une grande
partie de notre économie dépend des Américains, et, évidemment, on est probablement le... je pense, il faudrait que je
vérifie, mais je pense qu'on est le plus grand partenaire commercial des Américains. Je ne sais pas si je
fais une erreur, mais, en tout cas, si on n'est pas les plus grands... on est
proches des plus grands, là. Mme la
ministre, oui? Oui ou non? On est les plus grands, oui? Elle dit oui. Ça fait
que, si jamais ce n'est pas vrai, c'est à cause de la ministre. Bon,
voilà.
Alors,
écoutez, je m'en voudrais, avant de terminer, pour vrai, M. le Président...
D'abord, je suis content d'avoir entendu
les questions de mon chef, le chef de l'opposition, et je suis convaincu que
les amis libéraux de l'autre côté ont apprécié
aussi les questions de notre chef, ils ont apprécié, justement, sa grandeur
d'âme, de faire en sorte qu'il était le temps de se serrer les coudes.
Notre chef a
montré l'exemple à suivre pour l'ensemble des Québécois dans ce dossier-là, M.
le Président, notre chef a tendu la
main, et je vous avoue aussi que le premier ministre... et je n'ai pas toujours
dit ça, mais le premier ministre a eu
l'air, aujourd'hui, du premier ministre de la nation québécoise. Là, j'espère que vous ne mettrez pas ça sur Facebook,
là, juste ce petit bout là, là, mais,
bon, là, ça va rouler pendant la campagne électorale. Je les connais, eux
autres, là. Et je salue aussi la ministre de l'Économie, qui s'est battue depuis un
bout de temps, là, pour justement qu'on n'arrive pas avec cette mauvaise
nouvelle, cette très mauvaise nouvelle là. Et j'ai confiance que, si le premier
ministre, la ministre de l'Économie... Bon,
je lui ai dit tantôt... Mme la ministre, vous étiez peut-être ailleurs ou vous
étiez ailleurs, mais je n'ai pas le droit de dire qu'elle n'était pas
là, hein? Vous étiez là, mais pas là, mais, en tout cas, vous étiez là.
Bon. Alors, juste vous dire, Mme la ministre,
que nous, on vous conseille, justement, avec un dossier gagnant comme ça, de
vous battre. J'ai le droit de lui parler comment ça, hein, vis-à-vis? Oui?
• (12 h 20) •
Une voix : ...
M.
Therrien :
Oui. Bien, je dis à la ministre qu'elle doit se battre et qu'elle a tout pour
gagner, elle a les acquis entre ses
mains pour gagner la partie, et, pour célébrer la victoire éventuellement, il
faut que ça se fasse vite, parce que les conséquences peuvent être très,
très difficiles. C'est la série C, là, ce n'est pas encore... On a beau dire
qu'il y a une construction d'avions, que ça
vole, qu'il y a eu des achats, mais c'est encore fragile, d'une certaine façon.
Il faut qu'on puisse avoir un élan,
un élan de production qui nous permette, justement, que le produit soit
plus connu à travers le monde et que
l'acceptabilité par rapport à cette ingéniosité québécoise
soit connue de la plus grande partie de la population mondiale. Et
moi, j'ai confiance qu'à travers l'expérience de la CSeries le Québec va
s'enrichir, évidemment.
Bon, écoutez,
on parlait de chercher de nouveaux partenaires à l'intérieur de la série C dans
le montage financier. Moi, je pense
qu'à partir de ce moment-là, dans cette recherche-là, c'est évident que, si on
est capables d'éliminer toute forme
de geste oppressant de la part du gouvernement américain ou de l'État
américain, bien, à ce moment-là, ça sera beaucoup plus facile et ça veut dire que le 1,3 milliard qu'on a... mais
là il n'est pas perdu, hein, il est encore là, il est encore présent. Il ne faut pas crier au loup, il faut
juste souhaiter que ça se règle vite. Et nous serons, à l'opposition,
des spectateurs de cette démarche-là.
On est prêts à collaborer. De toute façon, le premier
ministre a invité le chef de l'opposition et le chef de la deuxième opposition à justement collaborer dans la démarche pour qu'on puisse ensemble
dire que le Québec aura gardé son plus grand pôle industriel au Québec, que la ville de Montréal ou la région de Montréal va garder son 40 000 emplois qui est branché presque directement sur la compagnie Bombardier et faire
en sorte que, nous, les Québécois,
nous nous enrichissions et qu'on puisse finalement avoir un monde
meilleur. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Sanguinet.
Je vais aller du côté de M. le
député de Laval-des-Rapides — la règle de l'alternance — et, par la suite, je vais vous reconnaître,
M. le député de Mercier. Alors, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait grand plaisir de prendre la parole aujourd'hui à un débat d'urgence qui, selon moi, est à propos, selon moi. Je
suis également encouragé de la teneur des propos de notre collègue de Sanguinet,
de notre collègue de Johnson, bien sûr, de notre ministre de l'Économie.
Je suis encouragé de voir que, dans les temps
difficiles, on sait reconnaître, bien sûr, les propos de notre premier ministre mais également l'importance de s'unir ici, à l'Assemblée nationale, pour défendre les intérêts du Québec
et, aujourd'hui, défendre les intérêts de milliers d'hommes
et de femmes, travailleurs, travailleuses qui
vivent, à tous les jours, de leur
travail, de leur ingéniosité, de leur capacité d'innovation et qui font
rayonner le Québec à l'international à travers cette industrie, l'industrie aéronautique,
et, en tout premier lieu, le fer de lance de cette industrie, qui est
Bombardier.
M. le Président, j'aimerais commencer, en comprenant bien que c'est un sujet très
sérieux aujourd'hui, par vous partager
une anecdote, une belle anecdote, en fait, parce que ça fait déjà
depuis trois ans et demi que j'ai le privilège de siéger dans cette Chambre, et, vous savez, à tous
les jours, on est sollicités de la part de différents organismes, citoyens,
événements. On est
invités à participer à différents événements. Dans mon cas, j'ai le privilège,
depuis trois ans et demi, d'être adjoint parlementaire anciennement au ministre
de l'Économie et, depuis un an et demi, auprès de la ministre de l'Économie et, au mois de mai dernier, j'ai reçu une belle invitation, en fait, du
cabinet, c'était le 26 mai dernier, une invitation à représenter la ministre dans une annonce dans une école primaire du comté
de Fabre, de ma collègue de Laval, qui m'a accompagné.
La
belle coïncidence de cette expérience-là ou de cette anecdote-là, M. le Président, c'est que cette annonce-là servait,
suite à la stratégie aérospatiale
annoncée par la ministre de l'Économie au mois de mai 2016, souhaitait...
annonçait, à ce moment-là, le
financement, dans 10 écoles primaires de Laval, auprès de 500 jeunes de Laval,
d'un programme initié par Bombardier
et par la suite développé sur le territoire au complet au Québec grâce à l'aide
d'Aéro Montréal et, bien sûr, du ministère de l'Économie, un programme qui
s'appelle Passion naissante. Passion naissante est un programme qui cherche
justement, à travers des ateliers, à stimuler
l'intérêt de nos jeunes, des jeunes d'âge primaire, de cinquième année primaire
à s'intéresser non seulement aux sciences, mais spécifiquement à l'industrie
aéronautique.
Je
vais vous présenter une image, M. le Président, du petit Adam, Adam El Houbba.
Cette journée-là, ma collègue de
Fabre et moi étions présents avec Mme Suzanne Benoît, la présidente d'Aéro
Montréal, dans une salle de classe de cinquième année primaire, la salle
de classe de Mme Karina Demontigny, avec Mme Judith Cagelais, enseignante et animatrice, qui a animé un bel atelier qui sert
non seulement à susciter cet intérêt-là, cette curiosité de nos enfants, de nos
jeunes garçons et de nos jeunes filles, mais
également à leur enseigner certains aspects fondamentaux — la ministre de l'Économie est elle-même formée en sciences,
connaît très bien le domaine scientifique et de l'ingénierie — et des éléments comme la circulation
de l'air, la portance, la poussée, la gravité, la traînée, des éléments qui
leur ont été inculqués.
Pourquoi
je vous raconte cette anecdote-là? Parce que, bien souvent, on a l'occasion,
dans nos comtés, dans nos régions,
dans nos différents mandats, d'annoncer ou d'être présents pour des annonces
qui valent des milliers puis des millions
de dollars. Et, bien souvent, on se pose la question : Comment est-ce
qu'on peut simplifier les annonces qu'on fait? Comment est-ce qu'on peut rendre ça tangible? Comment est-ce qu'on
peut démontrer l'impact final, l'impact concret que ça a pour nos citoyens, nos jeunes de demain, nos travailleurs,
travailleuses de demain? Bien, voilà un exemple parfait de quel impact peut avoir un enjeu d'une
importance capitale pour l'économie québécoise sur l'avenir d'un jeune comme
Adam, qui s'intéresse, peut-être avant ou depuis cette annonce-là, à cette
industrie.
Pourquoi
je tenais à vous raconter cette anecdote-là, M. le Président? Parce que
l'industrie aéronautique, c'est une industrie, comme Mme la ministre l'a
mentionné, c'est une industrie qui réunit près de 200 entreprises sur tout le territoire québécois. En fait, c'est vraiment les
17 régions qui peuvent se vanter d'avoir une entreprise associée directement
ou indirectement à l'industrie aéronautique.
Mais, plus que cela, c'est une industrie qui existe au Québec depuis plus de
100 ans. Marconi Canada a été créée en 1903.
Plusieurs autres entreprises ont été, bien sûr, créées depuis cette année-là,
mais c'est une industrie qui a surtout pris
son envol au Québec grâce au rachat de Canadair par Bombardier en 1986. C'est à
partir de ce moment-là qu'on a pu vraiment développer et consolider la présence
de cette industrie-là au Québec.
On
fait souvent référence et on a fait souvent référence, suite à l'investissement
qui a été fait par le gouvernement du Québec
sur la série C, que l'industrie aéronautique pour le Québec est l'équivalent de
l'industrie de l'automobile pour l'Ontario.
Dans
notre cas, à Laval, nous comptons sur un grand nombre de PME qui y sont
directement associées. Le premier ministre
et la ministre sont venus notamment, le printemps dernier, visiter une
entreprise dans le comté de Sainte-Rose, de mon collègue de Sainte-Rose, une entreprise italienne, Mecaer, qui
fabrique des trains d'atterrissage pour hélicoptère et quelques modèles d'avions également. La ministre
des PME a également fait une annonce, le printemps dernier, pour la dernière
cohorte de PerforME. Où a-t-elle fait son annonce? L'annonce a été faite chez
M1 Composites, une PME avec un
potentiel de croissance presque exponentiel, qui existe depuis à peu près cinq
ans, si je me rappelle bien, qui a tout près de 40 employés et qui est
également associée au programme PerforME.
• (12 h 30) •
Nous
avons également à Laval des entreprises comme Héroux-Devtek, également de
renommée internationale. Un peu plus
au nord de Laval, nous avons Bell Helicopter, CAE. Sur la Rive-Sud, nous avons
Pratt & Whitney. Ce sont toutes des entreprises qui font
rayonner notre économie à l'international, mais surtout qui démontrent notre
capacité, justement, à développer les talents québécois et à faire rayonner
cette innovation et cette créativité québécoises.
Pourquoi
je le mentionne? Parce qu'il a bien
fallu, il y a à peu près 30 ans, qu'une entreprise prenne la décision
de faire un achat important, de s'associer
au gouvernement du Québec à l'époque également pour, justement, stimuler la
création d'une nouvelle grappe, qui
aujourd'hui est la grappe aéronautique. Vous savez, depuis le début de l'année,
on parle beaucoup de la supergrappe en intelligence artificielle, qui
est peut-être l'économie du futur. Mais nous avons aujourd'hui des milliers d'hommes et de femmes qui travaillent grâce à
cette grappe industrielle et qui est directement et indirectement
associée au futur et à l'avenir de Bombardier.
Quel
est le débat que nous avons aujourd'hui? Quelle est la discussion, le pourquoi
de la discussion que nous avons aujourd'hui?
Il faut bien comprendre, M. le Président, que la série C, c'est le
projet-phare de Bombardier aéronautique depuis 2008. 2008, c'est l'année où Bombardier a décidé d'aller de
l'avant, après des années, là, d'évaluation du projet, a décidé d'aller
de l'avant et d'investir dans un projet de plus de 3,4 millions de dollars
pour la création, justement, le développement
de la gamme d'avions... biréacteurs de grande ligne, la série C, le CS100,
le CS300, des avions avec une capacité supérieure de déplacement, avec
une consommation inférieure à la moyenne pour des avions équivalents, également des avions d'une capacité de 150 à
300 places au niveau de ces avions-là. Et, il y a de cela deux ans, feu
l'ancien ministre de l'Économie, que
nous avons souligné sa contribution hier ici même, à l'Assemblée nationale, a
été directement impliqué dans cet investissement que notre gouvernement
a effectué pour s'assurer de la pérennité non seulement de Bombardier, non
seulement de la série C, mais de Bombardier en tant que tel.
Je salue les
propos du député de Johnson et également du député de Sanguinet, parce que
c'est un sujet qui a généré beaucoup de débats ici. Bien sûr, ce n'est
pas tous les jours que le gouvernement du Québec décide d'investir plus de 1 milliard de
dollars dans un projet d'une seule entreprise, mais il en convient aujourd'hui
que nous constatons l'importance, et
les retombées, et les impacts de ce projet, et surtout l'impact économique pour
les différentes régions dans lesquelles, non seulement au Québec, mais
aux États-Unis, ce programme-là est implanté.
Je voulais
également vous parler, M. le Président, de l'impact économique de façon plus
large et où nous en sommes rendus
aujourd'hui. Nous en sommes rendus aujourd'hui, grâce aux différentes décisions
que le gouvernement a effectuées au
cours des dernières années, où le Québec se distingue à l'intérieur du Canada.
Sur le plan économique, nous avons un taux de chômage qui oscille entre
5,8 % et 6,1 %, plus de 190 000 emplois créés grâce aux
gestes et aux décisions posés par
notre gouvernement depuis les trois dernières années, principalement des
emplois à temps plein, principalement des emplois dans le secteur privé.
Le secteur aéronautique n'est pas exempt de cette contribution, de ces
résultats.
Pourquoi je
vous mentionne cela? Parce que nous avons pris des décisions difficiles, M. le
Président, que ce soit le contrôle de
la croissance des dépenses, que ce soit aussi la révision de certains
programmes, que ce soient aussi des décisions précises pour s'assurer que notre
économie non seulement continue à accroître, mais justement développer de
nouvelles sources de croissance économique.
Au niveau de
notre croissance économique, M. le Président, il faut saluer... il faut
mentionner que nous avons développé
des stratégies spécifiques au secteur aéronautique, des stratégies spécifiques
aussi au soutien à l'exportation et des stratégies spécifiques à la
croissance du secteur du manufacturier innovant.
Laissez-moi
juste vous souligner quelques éléments d'information sur la vigueur économique
que nous avons au Québec depuis le
début de l'année. Au niveau de la croissance du PIB, le produit intérieur brut,
la croissance du PIB réel par industrie augmente de plus de 2,8 % en 2017.
Il s'agit de la meilleure progression depuis le début de la décennie. Après huit mois, la création d'emplois se poursuit
à un rythme vigoureux de 98 000 emplois de plus par rapport à la même
période en 2016. La plupart de ces gains,
tel que mentionné, sont à temps plein et dans le secteur privé également. Le
taux de chômage se situe à 6,1 %
au mois d'août, 5,8 % au mois de juillet également. Et, particulièrement
au niveau de la vente de détail, on
voit une hausse de 6,3 % face à la... depuis 2010 pour... 2010. Et, au
niveau de l'activité sur le marché de l'habitation, c'est
43 000 mises en chantier que nous avons constatées.
Ça, c'est le
résultat de gestes que nous avons posés, M. le Président. Les autres gestes que
nous avons posés, c'est ce que la
ministre de l'Économie a effectué au mois de mai dernier, au mois de
mai 2016, lorsqu'elle a annoncé la Stratégie québécoise de l'aérospatiale 2016-2026. C'est
250 millions de dollars dans un cadre financier de cette stratégie-là,
avec des interventions
gouvernementales de 510 millions de dollars et des investissements estimés
de près de 3 milliards de dollars. Quand nous regardons spécifiquement la Stratégie québécoise de
l'aérospatiale, c'est 33 mesures réparties sur quatre axes d'intervention : renforcer et diversifier la
structure de l'industrie, soutenir la croissance dans l'industrie par rapport à
l'appui des projets et
l'investissement dans la main-d'oeuvre, accompagner les PME dans leur
développement, et miser sur l'innovation.
Spécifiquement,
ce que nous avons constaté, depuis la dernière année, c'est des projets et des
investissements, notamment au niveau
de GE Aviation, 237 millions de dollars, pour la création et la
consolidation de 115 emplois spécialisés. C'est 159 millions de dollars aussi dans la Corporation MacDonald
pour la création et la consolidation de 170 emplois. C'est presque
31 millions de dollars chez AP&C pour l'implantation d'une deuxième
usine de fabrication de poudres avancées, permettant la création d'une centaine
d'emplois spécialisés.
Je vous
raconte tout ça, M. le Président, pourquoi? Parce que ce sont des gestes qui
expliquent l'importance non seulement
de la série C de Bombardier, mais l'importance de cette industrie dans
l'ensemble de l'économie québécoise.
Ce que
j'aimerais également vous mentionner, M. le Président, c'est que ces
entreprises-là se retrouvent un peu partout
au Québec, mais surtout la série C est le fer de lance de ce débat. Alors, je
salue les propos du député de Johnson, du
député de Sanguinet lorsqu'ils nous invitent, tel que le premier ministre l'a
également mentionné, à nous unir à défendre les intérêts du Québec sur
cet enjeu-là.
En
terminant, M. le Président, pourquoi on fait ça? Pourquoi on le fait? Puis je
vais vous dire la citation du petit Adam, que je vous ai parlé tout au début de mon intervention. Le petit Adam
souhaite devenir un spécialiste en robotique. Il a adoré son expérience cette journée-là, cet avant-midi,
et il nous a dit, à ce moment-là : «"C'était assez facile pour moi de
construire un planeur", [...]en
haussant les épaules. "Mon père est un ingénieur mécanique. Il m'a
inspiré."» À la fin de la journée, M. le Président, nous posons les gestes, et ce débat-là est important
parce que nous voulons assurer un avenir pour Adam dans cette
industrie-là, mais également pour les futures générations. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Laval-des-Rapides, pour cette intervention. Mme la députée de Vachon,
vous aviez demandé, je pense, à prendre la parole.
Une voix : ...
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vais céder la
parole à M. le député de Mégantic pour son intervention. M. le député de
Mégantic.
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je suis heureux de prendre la parole
sur la situation, qui vaut la peine d'être discutée dans ce débat d'urgence là, sur l'imposition de droits compensatoires
sur la série C de 220 % par le secrétariat du commerce américain. Il est clair et très évident
que cette taxe compensatoire là, elle est injustifiée. Je ne pourrais pas
donner de qualificatifs suffisants
pour expliquer les caractéristiques de cette imposition-là, mais il est très
important de réaliser qu'elle est
faite sur une base commerciale, qu'il y a des enjeux très, très larges, et je
vais essayer d'en expliquer quelques-uns.
Mais,
fondamentalement, avant d'aller plus loin, je voudrais remercier les
oppositions aujourd'hui de supporter le
gouvernement dans le fait de contester et de décrier, finalement, cette imposition de droits compensatoires aussi élevés
que 220 %. Et, comme mon collègue de Sanguinet l'a bien mentionné, ça
représente trois fois le prix de l'avion, et il n'y a rien qui peut
expliquer un tel comportement.
Je voudrais tout d'abord un peu expliquer la
saga de Bombardier. Le 27 avril 2017, le Boeing a déposé au département du Commerce américain une plainte
contre les pratiques d'affaires de Bombardier. Donc, ça a été le départ de
cette situation-là. Le 18 mai, le département de Commerce américain a commencé une enquête. Le
9 juin 2017, l'ITC a donné son
feu vert à Washington pour poursuivre l'enquête sur les ventes de la série C.
Le 28 juin, à la demande de Boeing, le département du commerce accepte de relancer... de regarder pour deux
mois, jusqu'au 25 septembre, le dévoilement de la
décision préliminaire. Le 4 septembre, le président de la division
internationale de Boeing affirme que le géant américain
n'a aucune intention de faire marche arrière. Le 5 septembre, le président
Donald Trump, en discussion avec Mme May,
d'Angleterre, se fait dire qu'il, vraiment, frappe de plein fouet la Grande-Bretagne. Le
13 septembre, il y a des manifestations
au centre-ville de Montréal par les employés de l'aéronautique pour dénoncer
la démarche. Et naturellement,
hier, nous avons cette imposition des droits compensatoires de 220 %,
imposés par Bombardier.
Cette
saga-là, elle est importante aussi dans le genre de contexte où on va le voir.
Naturellement, Mme May, avec les 4 000 emplois que Bombardier
possède en Irlande, il y a clairement un impact direct qui est formulé dans ce
débat-là. Et je salue aussi, de la
part de Mme May, cette résistance qu'elle proclame pour empêcher les
produits de Boeing d'aller vers le Royaume-Uni dans les conditions où
les Américains mettent des droits compensatoires injustifiés.
Maintenant,
je pense qu'il faut faire un petit tour en arrière pour essayer de comprendre
un peu tout ce qui se passe là. Tout
d'abord, je voudrais dire que Boeing, actuellement, ont des ventes autour d'à
peu près 100 milliards de dollars; Airbus, autour de 80 milliards; Bombardier, 16 milliards;
Embraer — parce
qu'Embraer, au Brésil, aussi a une certaine importance — on est
de l'ordre de 6 milliards; et, en Chine actuellement, depuis huit ans, ils
ont lancé une entreprise de fabrication
d'avions qui s'appelle COMAC, qui a commercialisé, l'année passée, un avion qui
s'appelle l'ARJ21 et qui est actuellement
en train de fabriquer un nouvel avion, le C-919, qui sera, lui aussi, un avion
commercial de la grosseur de la série
C, qui a pour objectif, définitivement, de servir le marché asiatique. Ça,
c'est un peu le contexte dans lequel on se trouve aujourd'hui.
Pourquoi
Boeing fait ça? Premièrement, ils ont regretté amèrement de ne pas avoir
combattu Airbus il y a plusieurs décennies.
Parce que la montée d'Airbus, qui avait été initialement financée par les
gouvernements américains, leur a permis de se créer un compétiteur
formidable, qui aujourd'hui, je dois le dire, engrange près de 40 % des
ventes qui étaient initialement contrôlées
par Boeing. Donc, ça leur a fait mal. Plusieurs modèles d'avion, comme la série
d'A320, le 340 et maintenant le 380,
ont pénétré directement dans leur champ d'expertise, et ça a été douloureux
pour eux. Ils ont dû se réinventer,
se moderniser, et ça leur a fait mal. Donc, l'arrivée d'un troisième joueur
comme Bombardier dans ce type d'industrie
là, où ils avaient finalement avalé la peine d'avoir un deuxième compétiteur,
ils en voient arriver un troisième,
donc... Et, derrière Bombardier, il y a
COMAC, qui, lui aussi, a des visions directement dans le marché asiatique via le gouvernement
chinois. Donc, ce contexte-là, je pense que c'est très, très clair.
Et, comme
nous l'avons réalisé très malheureusement dans la dernière année, les Américains ont élu un
président populiste qui ne regarde
pas vraiment l'ensemble du commerce mondial et à l'ensemble
des biens de la société, mais plutôt
l'impression que la population
retire du commerce international, ce qui a créé pour Boeing une opportunité un
peu unique de porter plainte contre
la série C, et en espérant que le gouvernement américain frapperait de plein fouet une industrie qui
est en émergence, qui risque de devenir un compétiteur sérieux pour l'industrie traditionnelle de Boeing. Et, sans grande surprise, M. Trump se paie la traite avec des droits
compensatoires absolument faramineux qui n'ont aucun sens avec la commune mesure d'une tarification qui pourrait représenter au moins un taux de change ou quelque chose de similaire.
L'ironie de
ça est encore pire quand on considère que Bombardier, via ses fournisseurs et
ses filiales américaines, emploie presque une personne pour deux
employés canadiens, et l'incidence de faire des tarifications et des droits compensatoires sur Bombardier va avoir un effet
détriment négatif directement aux États-Unis. C'est très ironique quand on se met à
réfléchir à cette situation-là.
Mais, pour
Bombardier... pas pour Bombardier, mais pour Boeing, c'est une opportunité
unique de faire imposer des droits
excessifs sur une entreprise qui risque de devenir un compétiteur. Et je ne
crois pas que Boeing ferait beaucoup
de pleurnichage si la compagnie Bombardier
se trouvait dans des problèmes financiers assez sérieux. En fait, c'est leur
objectif. Ils comprennent très bien qu'ils ont tort. Le gouvernement américain,
j'imagine, réalise que, dans les conditions de globalisation de développement de technologie, ce droit compensatoire là est absolument
abusif. Mais, en attendant, la
compagnie Bombardier peut avoir des problèmes financiers qui risquent de ralentir,
au moins de créer des problèmes de pénétration
de marché. Dans ma façon de voir les choses, j'espère que ça va avoir un effet
contraire, parce que ce matin l'ensemble de l'industrie
mondiale a un regard vers Bombardier, vers la série C.
Puis personnellement je me dis aussi : Si Boeing a si peur de Bombardier et si peur de
la série C, quelles en seraient les raisons? Parce que, si
Bombardier avait construit un citron, est-ce que Boeing serait en train
d'essayer de tuer la compagnie qui a
fabriqué un citron? Je pense que de se poser la question, c'est un petit peu
d'y répondre, c'est un petit peu de
mettre sur la table un enjeu qui, à la fin, va peut-être être un élément pas
très positif pour Boeing et pas très positif pour le marché américain. C'est-à-dire que, si on voit un compétiteur
dangereux, on va lui donner un coup de marteau sur la tête en espérant de l'assommer assez longtemps pour qu'on puisse
les devancer et ne plus être là. Ça, c'est un peu la grande ligne
politique de l'enjeu.
• (12 h 50) •
Il faut aussi
se rappeler que l'industrie aéronautique n'est pas une industrie facile. On
peut regarder des cas comme Rolls-Royce,
on peut regarder des cas comme McDonnell Douglas, Boeing, eux aussi, qui ont
fait des développements de nouveaux modèles d'avion, de nouvelles technologies, et ça a souvent
été très pénible, ça a souvent été très pénible en termes de coûts, en
termes d'impact technologique, en termes de pénétration de marché, parce que
l'ensemble des paramètres et des variables,
la somme du développement technologique et commercial fait que les points
d'entrée sont extrêmement difficiles. La pénétration, le recouvrement
des capitaux investis, etc., rend pénible cette pénétration-là.
On doit se
dire : Pourquoi les industries le font si c'est si compliqué? L'avantage
qu'on en retire à long terme est extrêmement
important. Premièrement, rappelez-vous de toute l'industrie militaire qui va de
forts parallèles avec l'industrie civile,
et l'ensemble de ces paramètres technologiques là sont très importants des deux
côtés de l'industrie, autant militaire que
civile. Ça, c'est un premier point. Le deuxième point, c'est l'évolution
technologique, la compréhension, l'avantage technique, la capacité de
créer des nouvelles façons de faire. La créativité et l'innovation dans
l'industrie passent par certains créneaux
fondamentaux. Dans nos programmes, le gouvernement parle énormément
d'innovation, de créativité, d'intelligence
artificielle, on parle de génomique, on parle de robotique, on parle d'éléments
nouveaux dans lesquels la créativité est un élément fondamental au
succès de ces entreprises-là.
Donc,
l'aéronautique est un de ces sujets qui n'apparaît pas très, comment je dirais,
nouveau, mais qui est une somme de créativité extrêmement intense,
extrêmement importante et qui permet à l'industrie d'avoir des retombées considérables dans l'ensemble du milieu. On n'a
qu'à penser aux réacteurs pour les avions commerciaux qui, depuis une ou
deux décennies, ont à peu près divisé par trois en dimensions pour avoir des
niveaux de propulsion encore plus importants, ce qui permet des économies très
substantielles.
Il faut aussi
se rappeler que le gouvernement américain, en mettant des droits compensatoires
sur Bombardier, peut se créer un
fabuleux beau problème, et j'espère qu'ils vont l'avoir, parce que, si l'avion,
le Bombardier C, est de si bonne
qualité, le marché mondial va s'en procurer, et l'industrie civile américaine
ne pourra pas avoir les moyens de se le payer à cause des droits compensatoires, et ils vont se retrouver en
désavantage compétitif. Et je souhaite ardemment, M. le Président, que cette situation-là va arriver
parce que ça nous permettrait, un, de démontrer que des droits compensatoires
abusifs, c'est très négatif, ça nous
permettrait aussi de démontrer la qualité de ce que Bombardier a créé au Québec
avec une nouvelle technologie, une
nouvelle façon de faire et le savoir-faire québécois, et, à quelque part dans
cette équation-là, de façon fondamentale.
Donc, en revenant à la conclusion de mon
intervention, j'apprécie encore que les oppositions supportent le gouvernement pour décrier cette demande de droits
compensatoires abusifs contre Bombardier puis la série C. Rappelons-nous
que, pour Boeing, c'est une décision
d'affaires, mais, pour le gouvernement américain, c'est absolument injustifié,
et que l'ensemble de l'industrie
mondiale va se lever et nous aider à démontrer que le Bombardier et la série C
sont un avion de qualité et de créativité québécoise à grand succès.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Mégantic,
pour cette intervention. M. le
député de Mercier, vous disposez de six minutes. À vous la parole.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. Bien entendu, on nous a déjà
entendus dans le passé beaucoup critiquer les décisions du gouvernement dans le type d'appui, la manière de négocier ses
appuis, de s'assurer de la gestion des fonds accordés en appui à Bombardier. Il
faut rappeler quand même
que Bombardier est sous assistance sociale, c'est le plus grand bénéficiaire de
bien-être social au Québec et sans doute au Canada, et nous ne sommes pas toujours
convaincus que les dirigeants de cette
entreprise méritent le traitement
privilégié que nous leur avons, en fait, donné la liberté de s'octroyer.
Il est
entendu, et il faut le dire, au départ là-dessus, que, le génie qui a toujours
été à l'oeuvre sur le plancher des
usines, dans les ateliers des ingénieurs de
Bombardier, ce génie-là, tout le
monde est prêt à le reconnaître, ce
qui a rendu possible un avion, le
CSeries, qui est reconnu pour sa qualité exceptionnelle. Mais ce génie-là n'a
pas été... malheureusement, on ne
peut pas le retrouver à la direction de Bombardier, qui peine, après des
années, à trouver des moyens de faire valoir les mérites de la CSeries et donc d'organiser sa mise en marché ordonnée
pour qu'on ne soit pas dépendant du marché américain.
Quoi qu'il en
soit, au moment où on se parle, il
faut le reconnaître, nous avons
besoin d'un front commun de tout le monde.
Donc, nonobstant cette critique de la manière dont les choses se sont passées
et de la direction très questionnable de
Bombardier, il nous apparaît évident que les pouvoirs publics, que le Parlement
du Canada, que l'Assemblée nationale
du Québec, que toute la classe politique
et économique du Québec et du Canada doivent faire front commun pour contester cette décision du département du Commerce
américain, qui est une décision avant tout politique, il va de soi, c'est
l'évidence même.
Je crois que,
devant une cour de compétence juste en matière économique, il serait facile
de démontrer que les arguments de
Boeing sont tout à fait fallacieux, ou, en tout cas, ces arguments-là
doivent être largement compensés par l'assistance publique que reçoit
Boeing aux États-Unis, de manière directe et indirecte.
Je
soulignerais à ma collègue ministre qui m'écoute en Chambre : Il suffirait que
son ministère fouille un peu les milliards de dollars en appui à la recherche fondamentale et appliquée
qu'ont reçus plusieurs universités, notamment le MIT et plusieurs autres universités, Caltech, au cours des, je ne
sais pas, 20, 30 dernières années — c'est
des souvenirs qui me reviennent — on
l'entend régulièrement, des contrats octroyés par divers fonds de
recherche publique pour de la recherche
appliquée directement dans le domaine qui concerne Boeing. Il n'y a
qu'un constructeur d'avions commerciaux aux États-Unis. C'est une situation
de monopole.
Tout ça, les
différents aspects ont été mentionnés par mes collègues. Je souligne l'exposé
remarquable de mon collègue de Mégantic.
Bien sûr, des deux côtés de la Chambre, on ne s'entend
pas, la plupart du temps, sur une analyse des choses ou enfin une interprétation des choses,
mais, sur l'établissement des faits, je pense que sa contribution doit
être notée. Cependant, il y a quelque
chose qu'on oublie dans tout ça, là : tout ça, ce n'était pas supposé se
produire lorsque l'ALENA a été signé il y a 25 ans.
Les
défenseurs de l'ALENA qui sont ici réunis, de part et d'autre de la Chambre,
là, nous assuraient que, dans le
fond,
tout ça, c'était pour s'assurer qu'il n'y aura pas ce genre de situation
où le géant américain, qui est une... C'est un empire, c'est un empire commercial, c'est un empire militaire. Alors,
quand il le faut, pour ses intérêts, il s'en va en guerre militairement, ou, quand il n'en a pas besoin, de
ça, comme avec le Canada, il va en guerre commerciale. Et c'est une
guerre commerciale que les États-Unis
ont déclarée non seulement au Québec et au Canada, mais à l'ensemble du monde sous l'impulsion de la nouvelle direction des États-Unis,
avec M. Trump qui veut remettre à l'agenda une guerre commerciale
impitoyable dans laquelle l'empire exerce tout son rapport de force pour
éliminer toute forme de concurrence.
Or, les
défenseurs du capitalisme qui ont mérité... qui ont chanté les mérites et les
vertus de l'ALENA tout au cours de
ces trois dernières décennies ont pris bien soin de ne pas dire que ces situations
de monopole sont insurmontables dans le cadre de ce type d'échange où on laisse
tous les droits aux capitaux et aux grandes corporations de poursuivre les
États, de loger des plaintes de cette
nature, de contester la décision des États nationaux en toute souveraineté,
d'appuyer ou non des secteurs économiques névralgiques pour le développement de leur nation, pour la création de leurs
emplois. C'est ce genre de droit
qu'on a accordé aux corporations, qui nous revient dans la face aujourd'hui, y compris dans l'histoire du bois d'oeuvre.
• (13 heures) •
Et là je ne
voudrais pas m'étaler sur les nombreux exemples qui existent, mais j'espère
qu'une critique des bases et des
fondements des accords de libre-échange qui donnent tous les droits aux grandes
corporations et aux multinationales commence
à germer dans l'esprit des défenseurs du capitalisme qui ont appuyé ces termes
d'accords commerciaux qui donnent,
dans le contexte du néolibéralisme qui nous a gouvernés au cours des 30 dernières années, autant de
droits aux capitaux, aux corporations
et privent d'autant plus, de manière parallèle, l'autonomie, la souveraineté et
la liberté des peuples et des États de se prendre en main et de décider
de leur avenir économique. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Mercier.
Donc, compte
tenu de l'heure, je vais suspendre les travaux. Nous allons revenir à
15 heures. Alors, les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 2)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, chers collègues, veuillez vous asseoir.
L'Assemblée
poursuit le débat d'urgence sur la décision du département du Commerce
américain d'imposer des droits compensatoires préliminaires de près de
220 % aux appareils CSeries de Bombardier.
Avant de
céder la parole au prochain intervenant, je vous indique qu'il reste
15 minutes au débat, donc 13 minutes au groupe parlementaire
formant le gouvernement et deux minutes pour Mme la députée de Vachon.
Alors, je suis prêt à céder la parole et je la
cède à Mme la députée de Vachon. À vous la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci, M. le
Président. Hier, on a assisté, M. le Président, à ce qui ressemble ni plus ni
moins à une tentative d'assassinat commercial
contre Bombardier : 220 % de droits compensatoires contre Bombardier
qui sont annoncés par le département de Commerce des États-Unis, trois
fois plus que ce que Boeing demandait, Boeing qui, elle-même, n'a pas de leçons à donner à ses concurrents, M. le
Président. Et tout ça en plein milieu de la troisième ronde de négociations de l'ALENA, l'accord Canada—États-Unis—Mexique. Pendant que les trois pays sont en train
de négocier, bien, il y a une
décision qui vient complètement à l'encontre de cet accord-là, une décision
protectionniste complètement abusive.
Et là, bien,
on se rend compte, M. le Président, que c'est vraiment l'histoire qui se
répète, parce qu'on a vécu, au
Québec, exactement la même histoire avec le bois d'oeuvre. Et, même s'il y a eu
des poursuites en vertu des ententes et des tribunaux internationaux et de commerce, et que le Canada a gagné
ces poursuites-là, bien, l'industrie du bois d'oeuvre en a quand même payé le prix, un prix extrêmement
élevé, au-dessus de 1 milliard de dollars, M. le Président. Et là
l'histoire se répète.
C'est
totalement inacceptable de voir comment les États-Unis se conduisent à
l'intérieur de ces accords-là, et je pense
que, M. le Président, il serait temps, il serait le temps que le Canada donne
un signal clair que ça n'a pas de bon sens de faire des affaires comme ça lorsqu'il y a des accords internationaux,
de ne pas les respecter et de mettre comme ça des droits compensatoires totalement abusifs qui
viennent mettre en péril une industrie et des milliers d'emplois au Québec.
Et ça serait peut-être le temps, M. le
Président, que le Canada se lève de la table des négociations de l'ALENA en
disant : Ça ne marche pas comme ça et ça n'a pas de bon sens. On
recommencera à négocier...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, Mme la députée de Vachon, je vous remercie pour votre
intervention. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Trois-Rivières.
Il reste 13 minutes à votre formation politique. M. le député.
M.
Jean-Denis Girard
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, c'est un privilège pour moi d'intervenir
aujourd'hui sur ce débat d'urgence concernant Bombardier.
Permettez-moi,
pour les gens qui nous écoutent, de passer un petit peu en revue qu'est-ce que
l'aérospatiale au Québec, comment
c'est important pour les Québécois au niveau de l'aérospatiale. On pense à Bombardier, bien sûr,
mais nous avons également
de très grandes entreprises reconnues de façon internationale qui sont ici, au Québec, on pense à Bell
Hélicoptère Textron, on pense à CAE, Pratt & Whitney, donc des entreprises
de catégorie mondiale qui sont ici, au Québec.
Les gens ne
le savent peut-être pas, mais Montréal fait partie des trois
principales capitales de l'aéronautique à travers le monde avec Seattle et
Toulouse. L'aéronautique, c'est tout près de 205 sociétés
au Québec qui travaillent au niveau de l'aérospatiale, qui travaillent que ce soit au
niveau de la recherche, que ce soit au
niveau de la fabrication, etc.
39 130 personnes,
au Québec, 39 130 familles ont un revenu, sont capables de vivre au
jour le jour grâce à un travail relié au domaine de l'aviation, au
niveau du Québec.
On a une capacité également de développement en
R&D, en recherche et développement, on investit plus de 700 millions de dollars par année en
recherche et développement au niveau de l'aéronautique. Nous avons des
technologies à la fine pointe mais également des formations à la fine pointe,
on pense à nos universités, nos collèges, nos écoles techniques. C'est plus de 4 800 étudiants à chaque année qui
sortent de nos écoles avec des formations pour travailler au niveau de
l'aéronautique.
Donc,
l'aéronautique, au Québec, c'est extrêmement important, et Bombardier est un
des fleurons que nous avons au Québec.
Ce que l'on
vit aujourd'hui, M. le Président, la raison est fort simple, de cette
situation, c'est que la CSeries de Bombardier, c'est le meilleur appareil de sa
catégorie. C'est un appareil qui a été développé, qui a été conçu, qui a été
pensé par le génie québécois, et nous avons
le meilleur. Et les gens ont de la misère à nous concurrencer, et on trouve des
façons de tenter de concurrencer un appareil
qui est vraiment un des plus avancés au niveau technologique. On sait qu'AirBaltic, Swissair ont déjà le CSeries en vol
à l'heure actuelle, et les performances sont non seulement à la hauteur,
mais dépassent les attentes des différents
avionneurs. Nous sommes un exemple pour le reste du monde, et, ce reste du
monde, il faut le conquérir avec cet
appareil. Donc, oui, c'est certain qu'il faut continuer à travailler fort avec
les États-Unis, la ministre en
parlait ce matin, nous ne baisserons pas les bras, au bénéfice des employés, au
bénéfice de ces familles-là chez
Bombardier, mais il ne faut pas oublier que l'Europe, l'Asie sont des marchés
très intéressants et potentiels pour Bombardier.
Donc, il faut continuer à travailler. Il faut continuer à regarder vers
l'avenir pour développer le marché de notre appareil, qui est vraiment
un bijou de technologie, qui est un appareil hors du commun.
Il ne faut
pas avoir peur de mentionner que c'est le savoir, c'est l'innovation du Québec,
c'est notre génie qui est mis à contribution dans cet appareil. Et je
disais tout à l'heure que Montréal est une des trois principales capitales de
l'aéronautique à travers le monde, mais on a également un impact important sur
l'ensemble du Québec.
J'ai eu le
bonheur de travailler, dans ma carrière, au développement économique dans la
région de la Mauricie, dans la région
de Trois-Rivières. L'aéronautique a un impact extrêmement important dans les
différentes régions du Québec. Je
vais prendre des exemples qu'il y a chez nous, à Trois-Rivières, et également
en Mauricie. Je pense à des entreprises comme Premier Aviation, des
entreprises comme MF2 Aéro, qui est basée à Trois-Rivières, Placeteco à
Shawinigan, Delastek à Shawinigan, des entreprises qui emploient des dizaines,
voire des centaines d'employés et qui sont des sous-traitants de Bombardier, qui fabriquent que ce soit du câblage, que
ce soient des pièces électroniques, que ce soit des pièces pour les
tableaux de bord, etc.
Donc,
beaucoup de sous-traitance qui se fait dans les régions du Québec. Donc,
chacune des régions du Québec est touchée par ce que l'on vit
aujourd'hui, parce que Bombardier, c'est le Québec tout entier.
• (15 h 10) •
Je veux vous
parler d'une entreprise plus spécifique à Trois-Rivières qui s'appelle MF2
Aéro. C'est une entreprise que je connais
bien, son propriétaire, Frédéric Tremblay, que je connais très bien, une
entreprise qui a su se développer, qui a su se diversifier. Je vais vous
citer une petite portion du journal Les Affaires du 7 juin
2014 : «L'entreprise de Trois-Rivières
s'est transformée en diversifiant sa clientèle, mais aussi ses secteurs
d'affaires. [Un] changement [qui] l'a relancée sur la voie du succès.
«[...]une [...] métamorphose qu'a vécu MF2
Aéro[...].
«[...]L'entreprise
fournit des services d'usinage à différents clients. [...]elle travaille avec
RTI-Claro, de Laval, sur le [...]
Boeing 787 en fabriquant des pièces [de] support [pour les] sièges. Elle usine
aussi plusieurs modèles de bras d'articulation
pour Bombardier en usinant plusieurs modèles de — excusez l'anglicisme — "hinge arm", notamment pour
la CSeries. La firme collabore également
avec Mecachrome sur le programme de développement du nouveau pylône de moteur pour les 320neo d'Airbus.» Une belle petite
PME qui est basée à Trois-Rivières, qui travaille avec Boeing, avec Bombardier, avec Airbus. C'est ça, l'aéronautique,
c'est ça, le développement des régions, et c'est pour ça qu'on va continuer
à soutenir Bombardier.
Le
département de R&D, par exemple, de MF2 Aéro travaille sans cesse pour
trouver des nouvelles pièces. On consacre
un gros budget pour continuer à développer des nouvelles pièces pour les
différents avions-vedettes, que ce soit le 787 Dreamliner, le Global de Bombardier ou encore le
Airbus 320neo, chez Airbus. L'entreprise de Trois-Rivières vise une
croissance de 40 % dans les prochaines années.
Donc, c'est
un leader dans le domaine de l'usinage et c'est un leader qui a su se
démarquer. Cette entreprise est devenue
la première à accéder au prestigieux niveau d'excellence Mach 4 décerné
par Aéro Montréal dans la catégorie des
entreprises de 125 employés et moins. Donc, Mach 4, c'est un des plus
hauts niveaux de reconnaissance pour les entreprises qui travaillent en
aéronautique.
Cette
entreprise-là travaille également avec des sous-traitants chez nous, je pense à
l'entreprise Marmen, Atelier d'usinage
Gomex. Donc, beaucoup de sous-traitance qui se fait dans les différentes
régions du Québec, M. le Président. Et
moi, je pense aujourd'hui à toutes ces familles, à tous ces gens qui amènent le
pain et le beurre sur la table de la famille avec des emplois au niveau
de l'aéronautique, et je pense également au potentiel, à l'avenir.
On
parle souvent de marchés, au Québec, qui ont été en déclin. Je peux vous parler
de Trois-Rivières au niveau du papier journal, à l'époque, où on a connu
des périodes extrêmement difficiles dans notre région.
L'aéronautique,
c'est un secteur d'avenir, c'est un secteur en développement, c'est un secteur
dans lequel on doit continuer à
investir. C'est un secteur dans lequel nous avons vraiment développé une
spécialisation. Nous avons développé un
appareil incroyable, un appareil qui est un des meilleurs et, soit dit en
passant, qui ne compétitionne même pas avec Boeing. La situation qu'on
vit aujourd'hui est un peu spéciale parce que Boeing ne fabrique pas la même
grosseur d'appareil, on n'est même
pas dans le même marché que Boeing. Mais, Bombardier, on se doit de continuer
de travailler avec lui.
La
ministre de l'Économie parle souvent du manufacturier innovant. On travaille à
développer le manufacturier innovant, c'est ce qui va nous permettre de
pouvoir continuer notre croissance.
Les
exportations vont nous permettre de créer de la richesse au Québec. On le sait,
le principal levier d'exportation, ce
que l'on exporte le plus, au Québec, c'est l'aéronautique, c'est ce qui nous
rapporte le plus d'argent, au Québec, en termes d'exportation, d'où l'importance de continuer à travailler à ce
niveau-là, et une création de richesse pour l'ensemble du Québec.
Donc, ce secteur d'activité... qui n'est pas un
secteur facile, qui est un secteur, partout à travers le monde, je pense
à Airbus, je pense à Boeing, dans lequel les
gouvernements ont investi dans le passé. Et je dis bien «investir», parce que
le gouvernement du Québec a investi dans Bombardier, des prises de
participation à l'intérieur de Bombardier, sans nécessairement être des
subventions. Et on sait pertinemment que, dans le passé, autant Airbus, autant
Boeing ont bénéficié de subventions énormes de la part de leurs gouvernements
respectifs. C'est un secteur d'activité qui est très compétitif, et aucune entreprise privée qui fabrique des avions, à
l'heure actuelle, ne pourrait survivre sans avoir l'aide des gouvernements, et l'ensemble des gouvernements
en sont conscients. Donc, ce que l'on vit aujourd'hui avec cette surcharge de
220 %, qui est absolument illogique, à mon sens, ça ne tient pas la route,
ça ne tient vraiment pas la route, sachant que Boeing a eu dans le passé
des subventions énormes, eux aussi.
Donc,
la ministre le disait ce matin : Nous, comme gouvernement, n'allons pas
laisser tomber les employés de Bombardier.
Nous n'allons pas laisser tomber ce fleuron de haute technologie, cet appareil
écoénergétique, cet appareil économique
extrêmement performant pour lequel nous n'avons que de bons commentaires, nous
n'allons pas baisser les bras face à
ce qui nous arrive au niveau des États-Unis. Ce ne sera pas facile, on va
devoir travailler très fort. Et on a vu aujourd'hui que... Je crois que les oppositions veulent travailler avec
nous dans ce sens-là. J'espère que tout le monde va pouvoir travailler avec nous, qu'on va pouvoir travailler tous
ensemble, main dans la main, pour faire en sorte que l'on puisse gagner la guerre. C'est-à-dire on a perdu
une bataille cette semaine; la guerre est loin d'être terminée. Il faut
continuer de se battre.
Il faut continuer à travailler avec le fédéral, le gouvernement fédéral a un travail à
faire. Notre premier ministre avec le
premier ministre du Canada vont travailler ensemble. On a vu que, dans les deux
cas, il y a eu des déclarations rapides,
c'est inacceptable d'un côté comme de l'autre. On a vu le premier ministre du
Canada remettre en doute l'achat d'avions de chasse de Boeing
éventuellement, et c'est tout à fait normal.
Et
ce que le gouvernement américain ne se rend pas compte, c'est qu'il y a
plusieurs emplois, plusieurs dizaines de
milliers d'emplois aux États-Unis qui sont reliés à la CSeries de Bombardier.
Donc, indirectement, je crois sincèrement que le gouvernement américain
se tire dans le pied, à l'heure actuelle, avec la décision qui a été prise.
Donc, M. le
Président, c'est certain que cette situation-là, c'est un début de bataille que
l'on doit livrer. Nous n'abandonnerons pas, nous allons continuer à cheminer,
parce qu'on croit sincèrement en notre produit qui a été développé chez nous, on croit sincèrement aux
capacités de cet avion de pouvoir conquérir le monde dans ce marché, on croit aux emplois et au futur de l'aéronautique au
Québec. On a vu toutes les entreprises, tout ce qui est relié, toutes les
PME à travers le Québec qui relèvent de
l'aéronautique; c'est un secteur que l'on doit continuer à soutenir, que l'on
doit défendre.
Et,
on le sait, le Québec est reconnu à travers le monde pour sa capacité
d'invention, pour son génie inventif, pour son innovation. On parle de
manufacturier innovant. C'est un exemple flagrant de manufacturier innovant au
Québec, la CSeries de Bombardier, un avion hors du commun que l'on va
continuer à pousser.
Et
je me répète un peu, M. le Président, mais je pense que c'est extrêmement
important : Il faut penser aujourd'hui aux emplois, aux employés de Bombardier qui ont travaillé très fort, aux
gens qui ont créé cet appareil qui est vraiment un bijou, comme tel, et également à tous les employés au Québec, tous
les gens qui travaillent de près ou de loin dans l'aéronautique, pour lesquels on veut... on va travailler et on va
sauver ces emplois-là. On va continuer à faire en sorte que ces gens-là puissent avoir un emploi très bien
rémunéré pour les prochaines années. Et la CSeries va pouvoir continuer
de vivre et la CSeries va pouvoir conquérir le monde, M. le Président.
Donc, soyez assurés
que nous allons être au rendez-vous pour livrer bataille et pour gagner la
guerre. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Trois-Rivières. Alors, cela met fin au débat d'urgence sur la décision du département du Commerce américain d'imposer
des droits compensatoires préliminaires de près de 220 % aux
appareils CSeries de Bombardier.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée rappelle les risques
associés aux forages
d'hydrocarbures et demande au gouvernement de modifier la réglementation
afin d'interdire la fracturation hydraulique, la stimulation chimique
et tout autre procédé similaire sur le territoire québécois
Nous
passons maintenant aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Et,
à l'article 90 du feuilleton, aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition, M. le député de Richelieu présente la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle
les risques associés aux forages d'hydrocarbures sous les rivières, les lacs
et le fleuve Saint-Laurent, à proximité des
maisons et des édifices publics, dans l'habitat essentiel d'espèces en péril ou
à la périphérie de parcs nationaux;
«Qu'elle
exige le retrait immédiat des règlements sur les activités d'exploration, de
production et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de rédiger sans délai un autre projet de règlement
prévoyant notamment l'interdiction de la fracturation hydraulique, de la
stimulation chimique ainsi que de tout autre procédé similaire sur l'ensemble
du territoire du Québec.»
Je vous informe que
la répartition du temps de parole pour le...
Alors,
je vais suspendre les travaux pour déterminer la répartition du temps de
parole, compte tenu de l'heure. Alors, je suspends les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 19)
(Reprise à 15 h 20)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, après la rencontre brève avec les leaders
des différentes formations politiques, je vous informe que la répartition du temps de
parole pour le débat restreint sur la motion inscrite par M. le député de Richelieu s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique,
environ 41 minutes sont allouées
au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ
23 min 55 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, environ
17 min 5 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, huit
minutes sont allouées aux députés indépendants.
Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis
à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps.
Enfin, je rappelle
aux députés indépendants qui souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Alors, M. le député
de Richelieu, vous avez l'honneur de nous présenter cette motion. Je vous cède
la parole.
M.
Sylvain Rochon
M. Rochon :
Oui, merci, M. le Président. Alors, M.
le Président, s'il y avait
un championnat des coches mal taillées par
ce gouvernement, ces règlements-là le remporteraient sans doute. Et ce n'est pas
faute de compétition, parce qu'il y en a eu, des coches mal taillées.
Et
c'est coche mal taillée par-dessus coche mal taillée d'affirmer comme l'a fait
le ministre de l'Environnement, jeudi dernier, en répondant à nos questions,
et je le cite : «Évitons les élans [de] catastrophisme. Nous sommes devant
un projet de règlement. Ce projet de règlement fait l'objet présentement d'une
période de 45 jours de commentaires, la population va s'exprimer. Il reste du
travail à faire[...]. Attendons le produit final avant de parler — je le
cite toujours — d'apocalypse pétrolière au Québec.» Alors,
je dis : Coche mal taillée par-dessus coche mal taillée, de dire cela comme il l'a dit, M. le Président, parce qu'à
travers nos questions c'est la population qui s'exprime. Je ne sais pas si le
ministre s'en rend compte, mais c'est elle qu'il taxe de faire du
catastrophisme et de parler d'apocalypse pétrolière. Ce sont des voix de
partout qui s'élèvent, M. le Président, pour condamner ces règlements-là, des voix
que nous faisons résonner — même si je suis en train de perdre la
mienne, là — nous,
députés du Parti québécois, parce que nous voulons qu'elles soient entendues dans cette enceinte, ces
voix-là, dans cette enceinte où s'est votée une loi sur les hydrocarbures
sans que nous en connaissions la portée, vous vous en souvenez.
La portée se retrouve
dans ces règlements. Nous avons voté en pleine nuit, sous bâillon, une loi dont
nous ne connaissions pas la portée. C'est un
déni démocratique qui se poursuit tristement, scandaleusement avec le refus du
ministre de nous voir examiner en
commission, publiquement, devant les caméras, devant les journalistes,
projecteurs allumés, en plein jour ces règlements pour faire la lumière.
Je souhaite,
M. le Président, si le ministre, si le gouvernement ne souscrivent pas à cette
motion qui demande le retrait des
règlements, qu'au moins, M. le Président, qu'au moins, ces règlements-là,
qu'ils sont les seuls à trouver bons, peut-être
avec l'industrie pétrolière et gazière, ils consentent à leur examen. Le
ministre me dira que c'est prévu, que tous ceux qui le veulent peuvent faire parvenir leurs commentaires par écrit,
que c'est la procédure standard pour les règlements. Eh bien, ça ne suffit pas, M. le Président, dans
le cas de règlements comme ceux-ci, qui déterminent la portée d'une loi
qui, sans eux, n'en a aucune, portée, tellement cette loi est économe de mots.
Vous
aurez du mal à me croire, M. le Président : L'éléphant dans la pièce,
durant l'étude du projet de loi n° 106, se nommait fracturation
hydraulique. Ce procédé, le ministre le savait tant honni qu'il n'apparaissait
pas au projet de loi. Ce sont
aujourd'hui ces règlements qui formellement l'autorisent. Voilà le débat dont
veut se passer le ministre. Bien, c'est bien dommage, M. le Président,
mais ses voeux ne seront pas récompensés. Il peut bien rejeter notre motion aujourd'hui, il peut bien refuser de soumettre à
l'examen public d'une commission parlementaire ces règlements, il nous
aura toujours devant lui pour relayer les inquiétudes légitimes de la
population québécoise, de la population et des municipalités.
Fédération
québécoise des municipalités, écoutez ça : «C'est avec surprise et
désappointement que la Fédération québécoise des municipalités a pris
connaissance des projets de règlements sur les hydrocarbures publiés dans la Gazette officielle[...]. Proposant des normes qui suscitent de vives
inquiétudes — c'est la
FQM, là, ce n'est pas moi, là — et qui
constituent un recul, ces nouveaux règlements entrent en contradiction avec le
Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection en permettant
des forages à 150 mètres d'une résidence.
«"J'ai
de la difficulté à comprendre — ce n'est pas moi qui parle, c'est le
président de la FQM — comment
le gouvernement peut autoriser la publication de tels règlements, qui auront un
impact direct sur les municipalités et leurs citoyens, deux jours avant le déclenchement des élections municipales.
Nous disposons d'à peine 45 jours pour formuler des commentaires sur près de 300 pages de
règlements, alors que les conseils municipaux ne siégeront pas d'ici la fin de
la période de consultation. C'est
tout simplement — de
déclarer le président de la fédération, M. Richard Lehoux — aberrant"[...].
«Outre
les contradictions avec le RPEP qui stipule des distances séparatrices de
500 mètres, et non pas de 150 mètres comme le propose le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles,
ces projets de règlement [là, ils] autorisent des activités de sondage en milieu hydrique, à
40 mètres de la voie navigable du [...] Saint-Laurent et à 180 mètres
d'un barrage à forte contenance. Il
autorise aussi la fracturation hydraulique pour le forage et l'utilisation de
produit chimique pour la stimulation
des puits, allant à l'encontre de la demande répétée de la Fédération
québécoise des municipalités à l'effet qu'un
moratoire soit imposé sur ces types de pratique. En plus, le ministre se
réserve le droit de réduire les distances stipulées dans les
règlements.»
Il n'y a rien
pour rassurer les municipalités et leurs citoyens dans ces projets de
règlement. Ils ne suscitent que des questions,
ils ne soulèvent que des craintes. Pour un ministre, là, qui avait érigé
l'acceptabilité sociale au rang des vertus à respecter dans le livre
vert de 2016, c'est un échec complet.
Et
M. Lehoux ajoute : «...je peux vous garantir que notre congrès annuel
[...] va se pencher sur cette question.» Alors, qu'est-ce que le ministre
de l'Environnement va lui dire, à M. Lehoux? Qu'il est catastrophiste,
M. Lehoux? Qu'il annonce
l'apocalypse pétrolière? Ce qu'il annonce, le président de la FQM, ce qu'il vous annonce, c'est qu'il ne carbure
pas au même carburant que vous. Ce qu'il
vous annonce, c'est que ce n'est pas sérieux, cette publication et cette période
de 45 jours pour des commentaires
écrits seulement alors que le Québec est en pleine campagne électorale. Vous dites aux maires et aux mairesses... ils disent aux maires
et aux mairesses, M. le Président : Écrivez-nous entre deux plages de porte-à-porte que vous faites. Comme si ce n'était
pas déjà suffisant de fermer la porte à un examen en commission, il a
aussi fallu que ce gouvernement choisisse le pire des moments pour la consultation
écrite. Il faut vraiment qu'il se ressaisisse, M. le Président.
Pour des
forages en milieu hydrique ou encore pour une éventuelle production commerciale
de gaz et de pétrole, les entreprises pourraient techniquement creuser aussi près qu'à
60 mètres d'un parc national comme le parc national Forillon ou à 40 mètres du Saint-Laurent, à
175 mètres d'un quartier résidentiel, commercial ou industriel ou à
150 mètres d'une résidence isolée.
Alors :
«Si le gouvernement voulait s'assurer que l'acceptabilité sociale ne
soit pas au rendez-vous, il s'y [est pris] de la bonne façon.» Ce n'est pas le député de Richelieu
qui vient de dire cette dernière phrase, c'est le maire de Gaspé qui l'a dite, c'est Daniel Côté. «C'est clair,
dit-il, qu'ils n'ont rien compris des expériences des 10 dernières années
sur les incidences et les
problématiques qui ont été vécues à Haldimand, à Ristigouche Sud-Est — ça vous dit quelque chose, ça? — ou
dans les basses terres du Saint-Laurent avec les gaz de schiste. On
dirait — c'est
toujours M. Côté qui parle — qu'ils n'ont rien compris sur le principe
d'acceptabilité sociale [lié aux] hydrocarbures.»
• (15 h 30) •
Des maires et
des mairesses, là, je pourrais vous en citer tout l'après-midi : «La
mairesse de Batiscan en Mauricie Sonya
Auclair est découragée de voir que le gouvernement souhaite permettre la
recherche de pétrole et de gaz dans
les rivières et les lacs. «Je suis vraiment
découragée», a-t-elle lancé. «Depuis 2014 qu'on fait valoir de respecter les
distances.» Le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, les conseillers
municipaux, de nombreux citoyens sont en furie contre le gouvernement du Québec. Ils ont réagi vivement
à la publication de quatre projets de règlement de mise en oeuvre de la
Loi sur les hydrocarbures.
M. le
Président, le gouvernement se rend-il compte de la colère qui gronde? Est-ce
qu'il l'entend, cette colère-là? J'étais,
tout à l'heure, avec le collègue de Jonquière et celui de Berthier, en
compagnie de citoyennes et de citoyens de tous les coins du Québec qui sont venus lancer ici un cri du coeur. Il
faut que, ces règlements, le gouvernement les mette à la poubelle, qu'il se remette à la rédaction, que,
cette fois, il produise un bon devoir. Je ne sais pas s'il a eu de l'aide aux
devoirs pour les règlements qu'il a déposés, mais je suggérerais qu'il passe à
quelqu'un d'autre pour le supporter, parce
que, là, vraiment, c'est n'importe quoi. Le Parti libéral et la Coalition
avenir Québec, pendant l'étude du projet de loi n° 106, ont affiché leurs vrais visages en votant en faveur de
la fracturation hydraulique et des autres procédés chimiques similaires
sur l'ensemble du territoire du Québec. Ils auraient pu souscrire à notre
amendement visant à interdire la fracturation. Eh bien, non. On dirait qu'ils n'ont
retenu aucune leçon de la saga du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Il faut, M. le Président, tourner
la page sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures, mettre
résolument en place les mesures pour permettre la transition énergétique
du Québec.
M.
le Président, considérant les risques associés aux forages d'hydrocarbures sous
les rivières, les lacs, le fleuve Saint-Laurent,
à proximité des maisons et des édifices publics, dans l'habitat essentiel
d'espèces en péril ou la périphérie de
parcs nationaux, le gouvernement doit retirer immédiatement les règlements sur
les activités d'exploration, de production et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois. Il doit
rédiger sans délai un autre projet de règlement prévoyant notamment l'interdiction de la fracturation
hydraulique, de la stimulation chimique ainsi que tout autre procédé similaire
sur l'ensemble du territoire du Québec.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Richelieu, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles. À vous la parole.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
Merci, M. le Président. Vous savez, M. le Président, nous avons, depuis les
derniers mois, parlé abondamment de la question de la politique énergétique du
Québec. Cette politique énergétique du Québec parle de transition, parle de transition énergétique vers une économie nouvelle,
une économie forte, une économie à faible empreinte carbone, et nous
croyons que cette transition va justement se traduire par des améliorations
considérables sur le plan, évidemment, des énergies renouvelables. Nous avons
adopté la loi. Nous avons créé Transition énergétique Québec, qui va disposer d'un budget de 4 milliards de
dollars d'ici les prochains 15 ans. Et, encore une fois, c'est une
occasion d'affaires, nous le croyons, pour à la fois les consommateurs,
pour les entreprises.
Nous croyons
également que la stabilité financière dont jouit le Québec actuellement,
jumelée à notre vision de développement
énergétique, nous permet de maximiser les retombées positives pour la
population québécoise. Nous avons des programmes qui existent, le programme ÉcoPerformance, le programme
Technoclimat, des programmes de biomasse forestière résiduelle, tous des
programmes dans le but, évidemment, de réduire notre dépendance aux carburants et aussi pour nous permettre
d'investir encore davantage dans les énergies nouvelles.
Les projets
d'exportation d'éolien sont là. La filière éolienne au Québec
est une filière importante. Elle représente plus de 150 entreprises
qui fournissent des services ou des composantes d'éolienne. C'est une industrie
qui engendre 2 000 emplois directs au Québec, dont 1 200 en Gaspésie, et
cette filière a généré des investissements de plus de 10 milliards de dollars. Encore une fois, lorsqu'on regarde ce
qui se passe, on voit jusqu'à quel point ces efforts ont été particulièrement
importants. Et des appels de propositions
vont venir dans les prochains mois. Est-ce qu'on aura, par exemple, aux Îles-de-la-Madeleine, une éolienne? Est-ce qu'on
aura d'autres projets de ce type-là aussi en Gaspésie? Évidemment, j'ai même rencontré ce matin les producteurs d'éolien,
et évidemment on travaille à améliorer la situation pour eux et les aider,
d'une part, à exporter, les aider à participer à des appels d'offres
conjointement avec Hydro-Québec dans le cas, par exemple, du projet vers le Massachusetts, entre autres. Et évidemment on
travaille à stimuler aussi la demande industrielle pour permettre d'en arriver à d'autres projets
éoliens. C'est donc une filière qui offre, encore une fois, là aussi comme
ailleurs, une solution de rechange aux énergies fossiles.
Et puis il y
a ce que nous faisons en termes d'électrification des transports. Nous nous
sommes fixé une cible de réduction de
la consommation des produits pétroliers de 40 % d'ici 2030. On a des
incitatifs qui fonctionnent très bien. En
fait, quand on regarde les augmentations, en un an, des véhicules qui sont à la
fois hybrides, rechargeables ou électriques, ils ont augmenté, en 2016‑2017,
de 55 % par rapport à 2015‑2016, M. le Président. Donc, ce plan d'action
positionne clairement le Québec, le
positionne comme le leader dans le domaine des transports électriques, et notre
gouvernement compte bien continuer
dans cette voie, surtout que des véhicules électriques, par rapport à des
véhicules à essence, c'est beaucoup
plus payant, parce qu'entre autres on calcule que payer de l'essence pendant un
an pour un véhicule de taille moyenne
peut coûter au-delà de 2 000 $, alors qu'un véhicule électrique va en
coûter, en termes d'électricité, environ 450 $ par année. C'est
donc quelque chose d'important pour le consommateur, et je pense qu'on va
bientôt aller de l'avant.
Il y a toute
la question, actuellement, de l'hydrogène. Aujourd'hui, j'ai assisté, avec
certains promoteurs qui veulent emmener
ici, au Québec, une automobile à l'hydrogène... Eh bien, on travaille avec eux
parce qu'on n'a pas, nous, comme gouvernement,
à dicter les choix du marché. On va donc dans la direction des énergies
renouvelables. Ça a toujours été la volonté
du gouvernement. Puis on travaille aussi pour des carburants renouvelables,
hein? On veut doubler, dans notre politique énergétique, tout ce qui
touche, entre autres, les bioénergies, tout ce que... quand on parle de gaz
naturel renouvelable. Ce sont toutes des choses qu'on essaie de faire.
On sait qu'il
y a un enjeu actuellement dans le domaine de la forêt. Ce qui existait en
termes de papier journal, de
fabrication de panier journal doit être remplacé, et une des possibilités qui
est particulièrement intéressante, c'est toute la question, évidemment, de ces carburants renouvelables qu'on peut faire
à ce niveau-là. Il y a un plan d'action également qui aussi parle de biométhane, qui prévoit
contribuer aux projets de biométhanisation. On en a des exemples à
Saint-Hyacinthe, on en a des exemples
également à Rivière-du-Loup, et il y a même des projets qui vont jusqu'à
Kuujjuaq, où on prend, évidemment,
les matières résiduelles et on fait de ces matières résiduelles des sources
d'énergie. C'est bioénergétique.
C'est donc
des cibles et un projet ambitieux pour le Québec qui s'inscrivent dans la volonté
du gouvernement de soutenir cette
filière, d'augmenter la production d'énergie renouvelable. Et également,
évidemment, on va travailler tous
ensemble pour arriver à cette réduction de gaz à effet de serre, parce qu'on
veut que le Québec soit, évidemment, un
leader absolument incontournable en matière, évidemment, de réduction de gaz à
effet de serre. Je rappelle aux citoyens que notre objectif, d'ici 2030,
c'est de réduire de 37,5 % nos émissions de gaz à effet de serre sous
1990.
• (15 h 40) •
On a,
évidemment, travaillé sur d'autres
éléments. Hydro-Québec travaille à l'amélioration, à l'efficacité
énergétique. Hydro-Québec, c'est une source d'énergie renouvelable, la
première source d'énergie renouvelable pour les Québécois. Il y a la production d'électricité solaire qui commence à
avoir un impact significatif dans plusieurs pays. La capacité solaire mondiale a augmenté de 30 % par rapport à l'année précédente. Et donc les objectifs qui sont poursuivis
par l'introduction, maintenant, de l'industrie et de l'énergie solaires sont le remplacement, là aussi, des énergies fossiles. Il y a même des projets pilotes de production d'énergie solaire
même au Nunavik. On a des projets même d'hydrolienne dans ces régions, et Hydro-Québec a déjà construit aussi, dans ce domaine-là, deux maisons
à la fine pointe en matière d'énergie verte, entre autres, à Shawinigan, qui sont dotées maintenant de technologies
solaires.
Donc,
il y a beaucoup d'actions, il y a beaucoup
de possibilités pour l'ensemble des Québécois
dans ce domaine, qui est particulièrement important. Et, quand on regarde les résultats jusqu'ici,
bien, on s'aperçoit que nos résultats sont extrêmement positifs. Il n'y
a pas une personne qui ne constate pas que, dans le domaine des énergies
renouvelables, M. le Président, le Québec est certainement un leader en Amérique du Nord. Je pense que
la démonstration a été faite et refaite au cours des derniers temps.
Maintenant
arrive la question des hydrocarbures. Qu'est-ce qu'on fait avec les hydrocarbures? Le Québec, pendant des
années, avait même créé une société qui s'appelle la SOQUIP, qui était une société québécoise
d'initiatives pétrolières. On pensait, à un moment donné, à une certaine période, dans les années 80,
90... on a pensé, pendant toutes ces années-là, à faire en sorte que peut-être il pourrait y avoir du pétrole au Québec.
Alors, les ministères qui étaient là dans ces années-là, où on était moins portés sur les questions
renouvelables, évidemment on décidait de donner certains permis, certaines
possibilités à des gens qui voulaient exploiter éventuellement du pétrole québécois,
on voulait leur donner la possibilité d'investir au niveau des hydrocarbures, et évidemment ça n'a jamais donné de résultats très importants.
Il n'y a jamais eu véritablement d'intérêt de la part de multinationales au fil de ces
années pour pouvoir investir, comme tel, dans les hydrocarbures. Ceux qui ont de l'intérêt, ce sont des sociétés juniors québécoises,
de façon générale, qui ont été intéressées à faire de l'exploration dans le but, évidemment, de découvrir peut-être
du pétrole non pas pour de l'exportation, mais pour remplacer certains
pétroles importés qui étaient au Québec.
Et
donc, aujourd'hui, on se retrouve véritablement, parce que c'est
de ça dont on parle... on se retrouve
aujourd'hui avec trois projets, trois projets d'exploration. Il n'y a
pas encore véritablement de production commerciale. Il y a trois projets d'exploration qui sont actuellement
en fonction, si on veut, que les entreprises travaillent sur ces questions-là,
c'est-à-dire le projet Haldimand, le projet
Galt et le projet Bourque. Ce sont les trois projets qui sont actuellement les
projets les plus sérieux. Mais le
Québec, au fil des années, n'a jamais eu de politique, n'a jamais eu de loi sur
les hydrocarbures, contrairement à toutes les juridictions où il y avait
des possibilités d'avoir des hydrocarbures. Il était donc nécessaire, d'une part, M. le Président, d'adopter une loi sur
les hydrocarbures, il était nécessaire, en plus, M. le Président, de faire
en sorte que cette loi-là soit la plus
claire possible avec des règlements qui allaient nous permettre évidemment
d'être parmi les plus sévères, sinon les plus stricts, même, en Amérique
du Nord.
Alors,
M. le Président, qu'est-ce qu'il y a dans ce règlement? Parce que, quand
j'écoute, évidemment, le député de Richelieu, c'est évidemment
l'apocalypse. Alors là, on est dans un moment où le Québec est envahi par
toutes les compagnies pétrolières du monde, et la réalité, évidemment, M. le
Président, elle est tout autre.
Notre
objectif, dans ce règlement, il est clair, c'est de mettre en place, en fait,
un cadre extrêmement sérieux, ce n'est
pas pour faire la promotion des hydrocarbures. Mais nous constatons
aujourd'hui, et on a fait des études à profusion dans ce domaine... Ces études-là, d'ailleurs, en passant, sont prêtes
depuis de nombreuses années. Il n'y a jamais eu un gouvernement qui a eu le courage de s'embarquer
dans l'adoption d'une loi sur les
hydrocarbures et qui a eu le courage de faire des règlements extrêmement
stricts. Et qu'est-ce qu'il y a dans ces règlements qui sont devant nous? Bien,
on a identifié ce qui nous semblait, M. le Président, être les meilleures
pratiques. On a une équipe, au ministère, de 14
personnes — ingénieurs,
juristes, techniciens en la matière — et
on a des ententes avec les principales juridictions en la matière,
et ces gens-là, évidemment, travaillent de concert pour qu'on ait le
règlement le plus sévère, le plus solide en ce domaine.
Alors,
qu'est-ce que c'est comme encadrement strict, M.
le Président? Bien, d'abord, les MRC
qui vont pouvoir délimiter les
territoires incompatibles avec les activités pétrolières et gazières. Donc, ça,
c'est la première des choses. Je pense
que la fédération des municipalités du Québec n'a pas tellement d'inquiétudes à avoir si elle regarde la situation de près.
Des
règlements sur les distances
séparatrices. On a pris ce qui existait ailleurs et on en a ajouté davantage,
basé, évidemment, sur la science. Obligatoirement, tout projet d'hydrocarbures
au Québec doit être soumis à un BAPE. C'est obligatoire. Il n'y a pas de projet qui peut se faire sans qu'il y ait
un BAPE. Au niveau des distances séparatrices, évidemment, le règlement est en ligne avec le règlement du
ministère de l'Environnement et du ministre de l'Environnement sur les
distances, et, comme il l'a dit lui-même, c'est basé, là aussi, sur la science,
c'est basé sur les études qui ont été faites à maintes et maintes reprises dans
le but de veiller à la meilleure protection pour les citoyens.
Qu'est-ce qu'il y a
également? Bien, nous sommes dans une première au Canada, parce que tout le
territoire québécois est maintenant couvert
par un régime sans égard à la faute, et c'est un régime, donc, qui est tout à
fait nouveau et qui n'existait pas
auparavant. Les compagnies seront donc, dorénavant, responsables jusqu'à
potentiellement 1 milliard de dollars, et, si elles sont fautives,
leur responsabilité sera illimitée.
Alors,
M. le Président, je peux vous dire qu'il n'y a pas de règlement comme ça aussi
sévère qui existe n'importe où en
Amérique du Nord et probablement aussi dans le monde. Les compagnies devront
garantir toutes les sommes nécessaires également
pour fermer adéquatement les puits si, demain matin, il devait y avoir,
évidemment, exploitation éventuelle d'hydrocarbures.
Je vous dirais également que, sur un des points qu'il me semble très important
de souligner aussi, c'est que les
entreprises qui sont devant nous nous ont déjà commencé à faire des
commentaires et, évidemment, trouvent que c'est quand même très
important et significatif, ce qui leur est demandé.
Deuxièmement, je vous dirais — et
j'ai eu l'occasion de le dire et de le redire, mais le député de Richelieu ne
me croit pas — s'il
n'y a pas d'acceptabilité sociale, il n'y a pas de projet — c'est
aussi simple que ça — il
n'y a pas de
certificats d'autorisation qui sont donnés par le ministère de l'Environnement,
il n'y a pas de permis qui seront donnés par le ministère de l'Énergie
et des Ressources naturelles.
Alors, quand
on voit cette situation-là, je pense qu'on peut dire que ce règlement, bien
sûr, peut être amélioré. On attend
d'ailleurs, au cours des prochains mois, les discussions sur ces questions. Et,
vous savez, quand j'ai préparé le
règlement, on m'a dit : Écoutez, on ne veut pas que vous le fassiez en
plein été. Là, on nous dit : On ne veut pas que vous le fassiez,
parce qu'il y a des élections municipales. Alors, à un moment donné, il faut le
passer à quelque part, parce que, l'an
prochain, on va être en élection, puis ils vont dire : Vous ne pouvez pas
non plus passer le règlement durant une
période électorale. Alors, à quel moment voulez-vous qu'on puisse passer et
diffuser ce règlement pour les citoyens?
La vérité, M.
le Président, c'est que l'opposition officielle est très mal prise parce
qu'elle a un passé qui n'est, évidemment,
pas très reluisant en cette matière. On est passé, au niveau du Parti
québécois, d'une situation de volonté de
faire de l'exploitation très importante, le projet d'Anticosti et d'autres
projets... on est passé sur la question, maintenant, d'un moratoire et, vers la fin, évidemment, là,
maintenant, on se demande... je ne sais pas si c'est le rapprochement avec
Québec solidaire, mais on ne veut plus d'hydrocarbures comme tels au Québec.
• (15 h 50) •
Cette
incohérence, M. le Président, elle a déjà coûté des millions de dollars aux Québécois, des millions de dollars, parce que,
justement, nous avons été obligés, particulièrement dans le cas d'Anticosti, de nous entendre avec ces compagnies
pétrolières et de faire en sorte qu'on puisse passer à autre chose, M. le
Président.
Je pense que tout le monde reconnaît le travail qui a
été fait par le premier ministre du Québec, les déclarations qu'il a pu faire, les ententes que nous avons
signées avec les différents intervenants sur l'île d'Anticosti. Et donc,
aujourd'hui, on a une loi sur les
hydrocarbures, on a un règlement qui est clair. C'est un règlement qui, fondamentalement,
M. le Président, protège les
citoyens. Il protège les citoyens maintenant et pour l'avenir, M. le Président.
Alors, je crois que c'est véritablement, encore une fois, ce qu'il y a
de mieux pour l'ensemble des Québécois. Les Québécois, ils sont intelligents,
ils savent très bien qu'on doit vivre cette
transition énergétique, qu'on doit passer d'une situation où il y a beaucoup de
pétrole à une situation où il va y
avoir moins de pétrole. Puis d'ailleurs, en passant, l'endroit où il y a le plus
de pétrole au Québec, c'est dans le
comté de Richelieu, parce qu'il y a actuellement des capacités de stockage
extrêmement importantes avec, évidemment, une entreprise qui est là et
qui, au port de Sorel, exporte, chaque jour, des quantités importantes de
pétrole.
Mais nous, M.
le Président, on ne veut pas, et je le répète, faire la promotion des
hydrocarbures, on veut l'encadrer correctement.
On a utilisé, encore une fois, les faits, la science et, encore une fois, pour
le mieux-être des Québécois, nous voulons
travailler maintenant dans l'avenir vers une transition qui va nous amener à
des énergies 100 % renouvelables, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Saint-Hyacinthe pour son intervention. Mme la députée, vous
disposez de 16 min 30 s.
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. En fait, je suis étonnée que le Parti
québécois ait déposé cette motion-là, étant donné que c'est quand même
eux qui ont donné naissance au projet d'Anticosti.
Cela dit, sur
plusieurs points nous sommes d'accord avec la motion du Parti québécois,
d'accord sur le premier paragraphe, entre autres, qui se lit comme
suit : «Que l'Assemblée nationale rappelle les risques associés aux
forages d'hydrocarbures sous les rivières,
les lacs et le fleuve Saint-Laurent, à proximité des maisons et des édifices
publics, dans l'habitat essentiel
d'espèces en péril ou à la périphérie de parcs nationaux.» Nous sommes d'accord
avec cette portion de la motion,
parce qu'évidemment, s'il y avait forage, il ne serait pas acceptable que ça
soit réalisé trop près des écoles, des
résidences, des édifices publics. Il faut également éviter à tout prix de
mettre en péril des espèces, ou nos cours d'eau, ou nos terres
agricoles.
Le deuxième paragraphe aussi, nous sommes d'accord avec le
Parti québécois d'exiger «le retrait immédiat des règlements sur les activités d'exploration, de
production et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois». On
s'entend pour dire que le gouvernement a
déposé, la semaine dernière, un projet de règlement qui n'a aucun bon sens.
Sans aucune explication, le gouvernement libéral a fixé, dans son projet de
règlement sur les forages pétroliers, des distances minimales de forage moins
contraignantes que ce qu'elle s'était fixé elle-même l'année dernière.
Vous savez, j'entendais le ministre tantôt dire : On a
une réglementation ici qui est beaucoup plus stricte qu'ailleurs. Bien, je dois vous dire, M. le ministre, qu'on est
plus permissifs que dans l'État du Texas en ce qui a trait aux distances.
Vous savez, mon collègue de Masson et moi
étions très surpris de voir le gouvernement Couillard voulant permettre des
forages à 150 mètres des habitations,
alors qu'il y a à peine un an les libéraux avaient fixé eux autres mêmes une
distance séparatrice de
500 mètres dans leur premier projet de règlement. Qu'est-ce qui s'est
passé exactement avec le ministre de
l'Énergie et le ministre de l'Environnement pour que, tout à coup, ils
acceptent une distance de 150 mètres puis, je le répéterai, qui est
beaucoup plus permissive que l'État du Texas?
Le Québec est
en terre inconnue en ce qui a trait aux questions d'exploitation pétrolière et
gazière, alors c'est la moindre des
choses qu'on s'inspire des juridictions qui possèdent déjà une expertise dans
le secteur et qui démontrent qu'il est possible... parce qu'il est
possible de lier développement économique et protection de l'environnement.
On constate
que le premier ministre nage en pleine contradiction. Alors qu'il prétextait le
manque d'acceptabilité sociale sur
Anticosti, une île presque déserte, voilà maintenant qu'il est prêt, celui qui
disait que l'acceptabilité sociale n'était
pas là sur l'île d'Anticosti... maintenant il est prêt à autoriser un forage à
275 mètres d'une garderie ou d'une école en plein coeur de la vallée du Saint-Laurent.
Quelle contradiction! Vous savez, il y a un minimum — un minimum — à respecter
quand même pour la santé et la sécurité publiques, ce que le premier ministre
ne respecte même pas avec ces distances-là.
Tout au long
du projet de loi n° 106, le ministre de l'Énergie a répété à maintes fois
qu'une distance minimale de 500
mètres allait être respectée dans ses règlements, parce que, comme mon collègue
député de Richelieu mentionnait tantôt,
pendant le projet de loi, on ne les avait pas, les règlements, mais on se fiait
à la bonne volonté et aux dires du ministre. Et il a dit à plusieurs reprises que la distance allait être, minimum,
500 mètres, alors qu'il dépose un projet de règlement puis c'est loin d'être 500 mètres, puis, je vous
dirais, même pas 500 mètres de la limite de l'eau, là, 500 mètres de l'école
ou de la résidence. Est-ce que nous sommes
obligés aujourd'hui de rappeler au gouvernement qu'en autorisant des forages
trop près des résidences ou des écoles ça a
son lot de complications qu'on veut absolument éviter, des problèmes respiratoires, des troubles de concentration?
Alors, si les libéraux sont prêts à prendre le risque, nous, à la CAQ, on
refuse de prendre ce risque-là. Depuis le début, ma formation politique,
nous avons la même position, le même discours. Malheureusement, il y a un parti politique qui a un discours lorsqu'il
est au pouvoir et un discours lorsqu'il est en opposition.
Tantôt,
j'écoutais le député de Richelieu se donner à fond pour critiquer, mais je vais
vous rappeler que le Parti québécois
était au pouvoir en 2012, et c'est eux qui ont délivré le certificat
d'autorisation à la compagnie Kildair qui permet de stocker, à Sorel et Tracy, du pétrole provenant des sables bitumineux
de l'Alberta, du pétrole qu'eux-mêmes qualifient de pétrole sale. Alors,
aujourd'hui, le Parti québécois propose, et je cite, «le retrait immédiat des
règlements sur les activités d'exploration,
de production et de stockage d'hydrocarbures». Alors, il faut en prendre et en
laisser. Il ne faut pas avoir un discours avant et un discours pendant
le pouvoir.
M. le
Président, j'aimerais déposer une proposition d'amendement pour le deuxième
groupe d'opposition, et ça se lit comme suit, pour remplacer le
troisième paragraphe de la motion par les suivants :
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de rédiger sans délai un autre projet de
règlement prévoyant des normes
beaucoup plus strictes, notamment quant aux distances de forage [et] celles
dévoilées la semaine dernière dans la Gazette officielle;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec d'interdire l'utilisation de la fracturation
hydraulique et de ses dérivés sur le
territoire de la vallée du St-Laurent, et dans les secteurs où il y a une forte
densité de population ou une absence d'acceptabilité sociale.»
• (16 heures) •
Je vais lire maintenant la motion amendée par le
deuxième groupe d'opposition :
«Que l'Assemblée nationale rappelle les risques associés aux
forages d'hydrocarbures sous les rivières, les lacs et le fleuve Saint-Laurent, à proximité des
maisons et des édifices publics, dans l'habitat essentiel d'espèces en péril ou
[en] périphérie de parcs nationaux;
«Qu'elle exige le
retrait immédiat des règlements sur les activités d'exploration, de production
et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de rédiger sans délai un autre projet de
règlement prévoyant des normes
beaucoup plus strictes, notamment quant aux distances de forage[, ce qu'elle a
dévoilé] la semaine dernière dans la Gazette officielle;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec d'interdire l'utilisation de la fracturation
hydraulique et de ses dérivés sur les territoires de la vallée du
Saint-Laurent et dans les secteurs où il y a une forte densité ou une absence
d'acceptabilité sociale.»
Alors, je vais déposer...
Alors, je
vais continuer pour le troisième paragraphe, pour expliquer pourquoi que nous
ne sommes pas d'accord à appuyer la
motion telle que présentée par le Parti québécois. C'est, évidemment, à cause
du troisième paragraphe. La CAQ n'est
pas entièrement d'accord avec cette portion de cette motion-là. Nous sommes,
évidemment, favorables à l'idée de
demander au gouvernement de refaire ses devoirs en rédigeant un autre projet de
règlement. Par contre, à la Coalition avenir
Québec, on croit qu'il faut interdire la fracturation hydraulique, la
stimulation chimique ainsi que tout autre procédé similaire dans la vallée du Saint-Laurent, dans
les zones densément peuplées où est-ce qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale.
Le Parti
québécois va beaucoup trop loin de la façon dont il a rédigé son troisième
paragraphe parce qu'il compromet de
futurs projets d'exploration ou d'exploitation de nos ressources naturelles sur
l'ensemble du territoire québécois. Certains projets pourraient nous permettre de développer une économie et
d'enrichir le Québec et pourraient même nous sortir de la péréquation. Il ne faut pas jouer à l'autruche.
Parce que le pétrole que vous mettez dans vos voitures à essence, le pétrole
sale à l'extérieur, ne respecte pas les
normes environnementales, et les normes d'extraction sont loin d'être aussi
strictes que celles que nous avons au
Québec. En plus, il faut quand même se dire, le pétrole exporté ne compte pas
dans le total de nos GMF accumulé au
Québec. Donc, certaines formations politiques pensent avoir la vertu, mais il
faut quand même se dire que le
pétrole qui est exploité ailleurs fait également des émissions de GES.
Peut-être pas au Québec, mais ils en font ailleurs, et on n'a pas de
contrôle sur la méthode.
Il va de
soi, cependant, que tout projet d'exploration de nos ressources doit se faire
dans le respect de l'environnement, avec
une optique de développement durable et d'acceptabilité sociale. Et je le
répète parce que c'est important, que ces projets doivent obtenir l'acceptabilité sociale pour aller de l'avant.
Pour ces raisons, nous sommes opposés à l'utilisation de la fracturation hydraulique ou ses dérivés sur
le territoire de la vallée du Saint-Laurent et dans les secteurs où il y a une
forte densité de population. Dans ce
territoire de la vallée du Saint-Laurent, il y a beaucoup de terres agricoles à
protéger. Comme la vallée du Saint-Laurent, elle est très populeuse, les
projets d'exploration ou d'exploitation seraient situés beaucoup trop près des habitations ou des lieux fréquentés par les
habitants du territoire. Alors, il est évident que les projets ne
pourraient pas obtenir l'acceptabilité sociale.
Donc, je conclurais, M. le Président,
en vous disant que nous, à la CAQ, nous ne sommes pas dogmatiques, nous ne changeons pas de discours, nous avons à coeur
l'environnement, la sécurité publique et le développement de l'économie
dans le respect de l'environnement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci. Merci à vous,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Et, bien sûr, votre motion d'amendement, elle est déposée sous réserve de la
permission de l'auteur de la motion. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour une intervention de six minutes. À vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Alors, nous le disons depuis toujours, depuis
longtemps, et on continue à le répéter,
les changements climatiques exigent une remise en question urgente des
fondements de l'ordre économique, politique et social du monde. Le Québec n'y échappe pas non plus, et nous croyons
qu'il s'agit d'une occasion unique de nous mobiliser vers une société plus juste et respectueuse des
droits humains, dont plusieurs sont menacés par les changements climatiques.
Avec la signature des accords de Paris, la
communauté internationale se voulait encourageante. Mais la vérité, c'est que
les États refusent toujours de faire le lien direct entre exploitation d'hydrocarbures et changements climatiques.
C'est tellement plus simple de jouer
à l'autruche et de jouer dans le même film qu'on connaît depuis toujours.
Au cours des 20 dernières années, le Canada
est devenu le plus grand producteur de pétrole au monde... de pétrole sale, de
pétrole qu'ici, au Québec,
on qualifie d'extrême. Dans cette ruée vers l'or, vers l'or noir, le Québec
semble déterminé à avoir sa part du
gâteau malgré l'opinion de sa population. Dans les dernières années, on ne compte plus le
nombre de compagnies pétrolières avec
leurs projets, que ce soit au niveau des gaz
de schiste, qu'on pense à Chaleur
Terminals, Kildair, Bourque, Haldimand, Galt, sans oublier, bien sûr, la
saga d'Anticosti, et j'en oublie.
Mais
ce n'était pas suffisant, M. le
Président, pour l'industrie.
Pour répondre à leurs besoins, le gouvernement
a eu l'odieux de faire adopter sous le
bâillon la loi sur les hydrocarbures en décembre dernier sans même donner un aperçu
de ses intentions réglementaires, puis je comprends pourquoi. La semaine
dernière, le gouvernement libéral a choqué l'ensemble du Québec lorsqu'il a
publié ses quatre règlements. Pourtant, les attentes n'étaient pas très
élevées, on s'attendait à voir des règlements
complaisants avec l'industrie. D'ailleurs, on l'avait dit durant la commission parlementaire. Mais
personne ne croyait que le gouvernement oserait aller aussi loin. Ces règlements
sont incompatibles avec nos cibles de
diminution de gaz
à effet de serre, avec nos lois qui
affirment le caractère collectif de l'eau, sur le développement durable aussi. Ils ne tiennent compte ni de l'acceptabilité sociale, ni du principe de
précaution au coeur de la Loi sur la protection de l'environnement, ni de l'autonomie des municipalités. On comprend
maintenant que le ministre des Ressources naturelles ne voulait pas présenter ces règlements avant.
Sinon, il sait fort bien que la grogne et la contestation populaire auraient
été là.
Selon
le ministre, c'est la science qui a dicté les règles du jeu. Croyez-vous
vraiment que la science nous dit que c'est
acceptable de forer dans les rivières et au niveau des plans d'eau du Québec,
de forer à 150 mètres d'une résidence, de
forer à 60 mètres d'une aire protégée, de forer à 40 mètres de la voie
navigable du Saint-Laurent, notre Saint-Laurent, de laisser une
entreprise pétrolière poursuivre une petite municipalité gaspésienne — je
pense notamment à Ristigouche Sud-Est — voulant protéger l'eau potable de ses
concitoyens, de faire passer des règlements ayant autant d'impact sur les
municipalités en pleine élection municipale?
Non,
M. le Président, non, ce n'est pas la science qui parle, ce sont les lobbys du
pétrole, les lobbys du gaz et les intérêts
économiques qui parlent. À qui appartiennent ces entreprises-là? Qui possède
ces entreprises-là? À qui profite lorsqu'on
donne, comme ça, tout cuit dans le bec, des règles du jeu qui sont, ma foi,
profondément illogiques? 150 mètres d'une
résidence, en sachant que, la fracturation, il y a le puits central et il y a
deux kilomètres de fracturation possible dans tous les sens, ça pose un
problème sérieux. Alors, si ce n'est pas la science qui parle, si c'est
l'intérêt des lobbys, eh bien, là, on peut
se dire une chose, c'est que l'économie du XXe siècle vient nous rattraper. Et
je ne comprends pas que des gens intelligents qui comprennent les
enjeux, qui comprennent les impacts, qui comprennent l'effet des changements climatiques sur la santé, sur nos frontières, sur
les migrations internationales, sur la biodiversité... bien, je ne comprends
pas pourquoi on nous fait accroire que c'est
de la science, parce que la science nous dit qu'il faut laisser tout le pétrole
qui n'est pas sorti du sol, le laisser dans
le sol si on ne veut pas... Pas que nous, M. le Président, en 2050, là, je vais
être probablement en train de
composter dans la terre. Ce n'est pas ça, l'enjeu. L'enjeu, c'est que mes
enfants, mes petits-enfants, mes arrière-petits-enfants vont être encore
là.
Alors,
soyez assurés que ma formation politique va appuyer complètement la motion de
la deuxième opposition pour le
bien-être de notre environnement, de nos générations futures et d'adopter... Et
je pense qu'on pourrait essayer d'aller plus loin collectivement pour protéger nos aires, c'est d'adopter dès
maintenant un moratoire définitif sur l'exploration et l'exploitation pétrolière parce que le pétrole,
M. le Président, dans 150 ans, dans 50 ans, quand la planète en aura
besoin, il va être encore dans le sol québécois. Merci, M. le Président.
• (16 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pour cette intervention. M. le député de Maskinongé, à vous la parole.
M. Marc H. Plante
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, écoutez, M. le Président, cet
après-midi, je prends la parole en
cette Chambre sur la motion présentée par le député de Richelieu. Vous dire, M.
le Président, j'ai assisté, moi aussi, à la période de questions la semaine
dernière et j'ai bien entendu les réponses qui ont été données par le ministre
de l'Environnement aux questions des collègues des oppositions.
Premièrement,
M. le Président, aujourd'hui, on nous dit presque que le gouvernement veut
faire la promotion des hydrocarbures, faire la promotion du pétrole, ce
qui n'est pas du tout le cas. Et je vais juste rappeler aux collègues qu'ensemble on a voté, tous ensemble, une loi qui
révise la Loi sur la qualité de l'environnement, donc unanimement. On a
travaillé là-dessus pendant près de deux ans. Il y a eu un livre vert, on a
travaillé là-dessus en commission parlementaire
et on en est venus unanimement à en faire la modification et à travailler sur
une loi qui n'avait pas été modifiée depuis les 44 dernières années,
M. le Président.
Dans cette
loi, ce que ça nous dit et ce qu'il est très important de rappeler à toute la
population du Québec... et c'est
important de miser sur le fait que tous les projets d'hydrocarbures au Québec
vont être soumis au BAPE. Vont être soumis au BAPE, pourquoi? Parce
qu'on le sait et on est conscients, M. le Président, que les hydrocarbures, ça
a des impacts importants sur l'environnement. Et, en mettant de fait dans la
Loi sur la qualité de l'environnement que tout projet au Québec devra être soumis à un BAPE, donc, M. le Président, ça
prouve qu'ici, de ce côté-ci de la Chambre, on n'est pas pour les
hydrocarbures. Par contre, on a une vision, une vision de protection de
l'environnement, une vision de transition
énergétique et on veut travailler, M. le Président, sur des projets qui
respectent l'environnement. Mais,
pour ça, M. le Président, il faut d'abord les encadrer dans une loi et
dans des règlements.
Vous dire
aussi que la volonté de notre gouvernement, c'est, bien sûr, de réduire notre
dépendance aux hydrocarbures. Premièrement,
on a adopté — encore
une fois, unanimement — en cette Chambre, la loi zéro émission. La loi zéro émission,
pour ceux à la maison qui ne savent pas
c'est quoi, ce qui veut dire, c'est de favoriser la vente et l'acquisition de
véhicules 100 % électriques, donc qui ne produisent aucun gaz à effet de
serre, par une majorité de Québécois et forcer, justement, les compagnies, les constructeurs automobiles à
mettre en marché des véhicules zéro émission et des véhicules hybrides rechargeables pour que les Québécois, partout dans
les régions, aient accès à ces véhicules-là. Parce que, souvent, ce qu'on
nous disait, c'est : Bien, écoutez,
nous, on aimerait bien faire le choix d'un véhicule électrique, nous, on y croit
beaucoup, nous, on voudrait avoir un véhicule électrique, mais il n'y en
a pas de disponibles.
Et, d'un
autre côté, les gens nous disaient : Oui, mais, écoutez, les
concessionnaires, dans certaines régions, bien, ils n'auront pas de marché pour ça. Bien, je vous annonce, M. le
Président, que le plus grand concessionnaire de véhicules électriques au Québec, le plus grand vendeur de
véhicules électriques au Québec se situe à Rawdon, M. le Président, dans
une région, dans Lanaudière. Une région,
quand même, qui est assez loin de la périphérie de Montréal est, tout de même,
le plus gros vendeur au Québec de véhicules électriques.
Vous dire
qu'on travaille aussi — et dans la loi du ministre des Ressources naturelles et de
l'Énergie — on
travaille ensemble sur la transition
énergétique, le renouvellement. Tantôt, le ministre vous a parlé de l'éolien,
il vous a parlé aussi de la politique d'électrification des transports, qui est
très importante. Parlons des entreprises comme eLion qui produisent des
autobus 100 % électriques qu'on voit de plus en plus sur nos routes.
Vous dire
aussi, M. le Président, qu'on s'est dotés d'un objectif ambitieux. Le ministre
l'a mentionné tantôt, on s'est dotés
d'un objectif ambitieux de 37,5 % de réduction de gaz à effet de serre,
sous la cote de 1990. Ça, M. le Président, ce que ça veut dire, c'est
qu'on va combiner tous les efforts possibles pour atteindre cette cible-là. Les
efforts, oui, gouvernementaux, que ça soit
par la politique de développement durable, que ça soit par la modification de
la Loi sur la qualité de
l'environnement, que ça soit même par la nouvelle politique énergétique du
Québec. On va combiner ensemble, M. le Président, tous ces efforts pour
éloigner de plus en plus notre dépendance aux hydrocarbures.
Mais, pour dire que c'est le capharnaüm et que
le règlement n'a pas de sens, il faut tout d'abord se dire, bien, pourquoi on en est venus à un règlement et à une
loi. Le ministre l'a mentionné
tantôt, il n'y avait aucune loi au Québec, aucune loi dans une société comme la nôtre, qui édictait comment des
hydrocarbures pouvaient être captés en sol québécois. Il n'y avait aucune loi, aucun règlement qui nous
disait et qui indiquait comment régir au niveau des hydrocarbures. Mais ce qu'on a fait, nous,
M. le Président, on a pris notre bâton de pèlerin et on a
travaillé, travaillé. Et les collègues étaient là — j'ai
assisté quelques fois à la commission — et
on a travaillé, justement, pour encadrer, pour avoir un règlement strict — et
un des plus stricts, sans vous dire le plus strict — en
Amérique du Nord sur l'exploitation des hydrocarbures.
Vous dire
qu'il était important pour nous qu'on ait une loi claire, une loi
définie, une loi, justement, qui disait aux gens qui veulent produire... ou s'il y avait
des projets potentiels au niveau des hydrocarbures, une loi qui dirait justement : Mais, au Québec, pour
exploiter les hydrocarbures, ça prend des conditions essentielles. Et une de
ces conditions-là, M. le Président, le
ministre l'a mentionné à quelques reprises tantôt, c'est l'acceptabilité
sociale. Ça, M. le Président, ce que ça
veut dire, c'est que les gens, s'ils n'en veulent pas chez eux, si ça ne passe
pas, si les projets ne sont pas... il n'y en aura pas, M. le Président.
Vous dire
aussi qu'il est important de mentionner que, dans le règlement, ce qu'ils
disent... et c'est important de le répéter parce que, tantôt, le
ministre en a fait l'état, mais que les MRC pourront désormais délimiter les
territoires incompatibles avec les activités pétrolières et gazières.
D'ailleurs, sur le règlement de prélèvement des eaux et leur protection, on impose des distances séparatrices
extrêmement strictes, allant de 500 mètres à 15 kilomètres. Vous dire — et je
l'ai dit, puis je vais le redire encore une fois — que la Loi sur la qualité de l'environnement
soumettra tous les projets d'hydrocarbures
à un BAPE, M. le Président. Vous dire que tous les partis devront dorénavant
être mieux informés par le biais de
comités de suivi. Ça, c'est important. Vous dire que les entreprises vont
devoir se soumettre à un encadrement additionnel,
spécifiquement pour les lacs, les rivières. Une première, M. le Président, au
Canada. Quand j'entends des gens dire
qu'on en fait la promotion, je n'ai pas le quart des lignes de lues au niveau
de la restriction, et, déjà là, je trouve que c'est bien restrictif.
Vous dire
aussi que les compagnies seront désormais responsables jusqu'à un potentiel de
1 milliard de dollars si elles sont fautives, et leur
responsabilité sera illimitée. Ça, M. le Président, c'est une grande avancée.
C'est de dire qu'au Québec, quand on a un
projet, quand on fait des choses au Québec, c'est important de les faire comme
il faut. Puis, si on ne les fait pas
comme il faut, bien, on est responsables de nos actes. Et ça, M. le Président,
c'est une avancée. Je n'ai pas entendu ça tantôt du collègue de l'opposition, de Richelieu, de
dire... Bien, il y a peut-être des bouts qui ne font pas son affaire, puis c'est correct de le mentionner, puis
c'est correct de se faire la voix des citoyens. D'ailleurs, c'est pour ça qu'un
règlement est soumis pendant une
période de temps, pour que la population puisse s'exprimer. Par contre, il faut
dire ce qu'il y a de bien aussi.
Et
l'important, M. le Président, de rappeler, c'est qu'au final — puis je l'ai dit tantôt — l'acceptabilité sociale est au coeur
du plan gouvernemental en matière d'hydrocarbures et qu'aucun projet n'ira sans
elle. Et ça, je tiens à rassurer... Parce
que moi aussi, je me promène dans ma circonscription, puis il y a des gens qui
m'en ont parlé, il y a des gens qui
m'ont fait part de leurs craintes, et, quand je leur ai expliqué vraiment le
cadre réglementaire, quand on est allé plus
loin que ce qui se dit ou des envolées de paroles, quand on va au fond des
choses et qu'on regarde comme il faut le règlement, on s'aperçoit qu'effectivement le gouvernement ne veut pas
faire aucune promotion des hydrocarbures, mais il veut vraiment les encadrer. Ils s'aperçoivent, les
citoyens, qu'on a pris, justement, un vide législatif, parce qu'il n'y en
avait pas, M. le Président, et qu'on essaie d'encadrer le plus strictement
possible les hydrocarbures.
Et ce qui est important, c'est de ne pas
regarder en silo, mais c'était de regarder l'ensemble de l'action du gouvernement. Et je vous dirais que, de ce côté-ci
de la Chambre, depuis 2014, on travaille pour la transition énergétique,
on travaille pour la transformation de
l'économie du Québec et on travaille ensemble pour les générations futures, M.
le Président. Donc, M. le Président,
aujourd'hui, j'ai été content de prendre la parole pour vous témoigner,
justement, moi aussi, de la voix de
mes citoyens et de mes concitoyennes, vous dire que le règlement a été mis dans
un cadre strict, que la volonté du gouvernement, c'est d'avoir un
encadrement le plus rigide possible.
Et de vous
dire aussi que notre vision est claire, on veut travailler et on travaille déjà
vers la transition énergétique, on
travaille vers la modernisation de notre économie. On l'a fait au niveau des
véhicules électriques, on l'a fait au niveau de la Loi sur la qualité de
l'environnement, on l'a fait avec la nouvelle politique énergétique, puis on va
continuer, M. le Président, à travailler
ensemble pour les citoyens du Québec, pour que la nouvelle économie soit de
plus en plus verte, de plus en plus
sobre en carbone, pour atteindre nos objectifs qu'on s'est fixés ensemble.
Merci, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Maskinongé. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Bonaventure. Il reste 11 min 30 s à votre formation
politique.
M. Sylvain Roy
M. Roy : Merci,
M. le Président. Ça fait longtemps
qu'on n'a pas eu une petite jasette ensemble, n'est-ce
pas? Écoutez, vous allez me permettre
de prendre mon coeur puis le mettre dans la poche d'en arrière. Donc, vous
voyez la nature de l'intervention que je vais faire.
Premier
malaise dans le problème du projet
de loi n° 106 et de sa réglementation, lorsque nous avons siégé sur le 106, souvent on trouvait que c'était un projet de loi qui avait l'air d'une coquille vide, c'est-à-dire que le gouvernement se gardait le droit de procéder par règlement sur de nombreux
articles que nous jugions extrêmement importants et que le gouvernement jugeait, bon, non
essentiels dans la lecture du projet
de loi, O.K.,
comme les zones de sécurité, qui, selon nous, étaient les enjeux les plus importants, mais là, le gouvernement s'est gardé le droit de procéder par réglementation.
Je vais vous
donner un exemple. Lorsque nous avons siégé pour le projet de loi sur les armes à feu, dans le projet
de loi on a même statué sur les amendes si
une personne n'avait pas son immatriculation, et là on arrive avec un projet
de loi sur les hydrocarbures où on ne veut
pas statuer sur les zones de sécurité. En plus que le projet de loi donnait des
droits d'expropriation aux entreprises et
avait préséance sur les plans d'aménagement des MRC, ce qui n'était pas, pour
nous, acceptable. Donc, cela correspond à une forme de détournement de la
démocratie.
Et là le
deuxième malaise dans le problème, le chat est sorti du sac, une partie de la
réglementation a été annoncée, et, à
première vue, c'est une réglementation qui est laxiste et permissive. Bon, le
gouvernement se targue d'avoir une des réglementations
les plus dures au monde, permettez-nous d'en douter, hein? Et c'est à se
demander qui a fait la réglementation. Je pense que les entreprises
n'auraient pas pu avoir une meilleure réglementation en fonction de leurs
besoins.
Quand on
parle de zones de sécurité, 175 mètres d'une concentration humaine ou
150 mètres d'une résidence isolée, qu'est-ce qui va arriver avec les évaluations municipales? Quelle valeur
ces maisons-là vont avoir dans l'avenir si une entreprise pétrolière planifie des forages à proximité de ces
résidences-là? Elles vont perdre de la valeur. Et poursuivons l'analyse. S'il y a expropriation, et elles ont
perdu de la valeur, qui gagne? Ce n'est pas le propriétaire, hein? Donc, on
voit qu'il y a des situations cyniques qui peuvent se manifester.
60 mètres
d'un parc national, 40 mètres d'une tête de puits, et là, autre élément
que, là, je ne comprends pas, mais qui
va être défini, on parle d'une imputabilité de 1 milliard. Nous, ce qu'on
a vu dans la réglementation, c'est 10 millions sur terre,
25 millions sur l'eau. Donc, il va falloir statuer là-dessus, être plus
clair.
Donc, on va
permettre l'exploration et l'exploitation dans les cours d'eau, dans les lacs,
dans la baie de Gaspé, de La Malbaie
et de la baie des Chaleurs, et même dans le lac Saint-Jean — on a un problème, c'est majeur, comme dirait
mon collègue — aux portes du parc national de la Gaspésie,
dans les réserves fauniques. J'aimerais vous rappeler que, les réserves fauniques, il y a des orignaux dans les
réserves fauniques et il y a des chasseurs. La chasse, au Québec, et la pêche,
ça représente 1,6 milliard de revenus,
c'est 700 000 pêcheurs, 300 000 chasseurs. C'est une
activité qui est très importante. Et
là c'est à se demander, lorsqu'on regarde le décor, quand on voit le ministère
de la Faune déstructurer son offre de service dans le milieu faunique,
si on n'a pas un autre plan pour le territoire faunique du Québec.
Puis on
revient à ce que mes collègues ont dit aussi, on est dans une situation où on
est en campagne électorale au niveau
municipal. Pensez-vous que les maires, actuellement, ont vraiment le temps
d'analyser tout ça? Absolument pas,
ils sont sur le terrain de jeu, ils sont en train de faire leur campagne et ne
peuvent mettre toute l'énergie nécessaire pour décrypter les petites écritures où ils vont
perdre un pouvoir sur leur contrôle de leur développement et de leur
municipalité, hein, et là nous, on trouve ça extrêmement cynique.
Donc,
écoutez, c'est comme si on essayait de nous dérober le sol sous nos pieds puis
de faire de nous un peuple de surface, hein? On veut nous exproprier quand ça va
faire leur affaire, on veut contrôler la planification des MRC — droit
de préséance des pétrolières — on
veut forer à peu près dans tous les plans d'eau. C'est du grand
n'importe quoi, là. Et ce gouvernement-là déteste tellement le concept de souveraineté qu'ils attaquent directement notre capacité à planifier notre développement, à protéger nos cours d'eau et à protéger notre vivre-ensemble sur le
seul territoire qu'on a, c'est-à-dire
le nôtre.
Le
premier ministre parle d'acceptabilité
sociale. S'il y a un concept qui est galvaudé puis qui est flou, c'est bien
celui-là. Ça commence où puis ça finit où? Est-ce que ça va être les
entreprises qui vont avoir le plus de voix dans l'acceptabilité sociale? Nous, on n'y croit pas. On sait que c'est
tellement flou que je ne suis pas sûr que ça va être un déterminant dans
le refus de certains projets qui sont actuellement contestés par l'ensemble de
la population.
Bon,
fracturation hydraulique puis stimulation chimique, ça, c'est pareil, là, on
s'entend qu'on n'en veut pas. Donc, la
motion, c'est ça, on ne veut pas de ça, puis moi, je... Écoutez, en Gaspésie,
dans les cours d'eau, là, ça ne passe pas.
Donc,
il y a un élément aussi qui nous chicote un tantinet, c'est celui... Écoutez,
on jase, M. le Président, il y a de quoi
de surréaliste dans tout ça. De donner des droits d'exploration et
d'exploitation dans le lac Saint-Jean, dans la baie des Chaleurs, la
baie de Gaspé, la baie de La Malbaie, dans le parc de la Gaspésie, c'est
surréaliste. Le tourisme, en Gaspésie, là,
c'est une industrie extrêmement importante. La pêche, c'est 300 millions,
ça rapporte beaucoup plus que n'importe
quel puits de pétrole pourrait rapporter dans notre région en termes de
redevances, etc. Ça ne marche pas, cette affaire-là, c'est impossible,
les gens ne laisseront jamais ça faire.
Donc,
encore une fois, qu'est-ce qui se cache en arrière de tout ça, hein? On sait
bien que, des fois, quand tu pointes la
lune, tu regardes le doigt, là. Bien là, il faudrait voir en arrière. Est-ce
que ces droits-là qu'on donne aux entreprises, qui sont, selon moi, ahurissants, qui sont contre toute logique, ces
droits-là qu'on donne à des entreprises par règlement, est-ce qu'ils vont perdurer dans l'avenir? Est-ce
que ces droits-là vont être là pour permettre aux entreprises de structurer
leur occupation du territoire plus que celle
des populations? Et, si un gouvernement, un nouveau gouvernement, et quand
le nouveau gouvernement sera élu... Et, si
notre gouvernement change les règles, est-ce qu'on ne donne pas la prise aux
entreprises ou on ne donne pas la
possibilité aux entreprises de nous actionner parce qu'on va avoir ramené un
équilibre dans l'occupation du
territoire? C'est quoi, la stratégie du gouvernement libéral actuellement?
Est-ce que c'est de donner le pouvoir
à des entreprises de nous actionner comme État si on revient sur des décisions
très malhabiles et qui contreviennent, je dirais, à l'avenir du Québec?
Donc, beaucoup de
questions, peu de réponses. Un projet de réglementation qui correspond aux
besoins des entreprises et qui est, selon
moi, irréaliste parce que c'est pratiquement impossible d'aller forer dans la
mer, en Gaspésie entre autres. Donc,
selon moi, il faut refaire la réglementation ou, à tout le moins, recommencer
les devoirs parce que ça ne correspond pas, absolument pas à la réalité,
aux besoins des Québécois et à leur volonté de souveraineté territoriale. Merci
beaucoup.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député, de votre intervention. Maintenant, je vais céder la parole à Mme
la députée de Vachon. Et vous disposez d'un temps de parole de deux minutes.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'entrée de jeu, je vous dirai, Mme la Présidente, que
j'appuie la motion de mes collègues
du Parti québécois. Je pense qu'il faut se rappeler pourquoi qu'on se retrouve
actuellement avec ces projets de
règlement là. On se retrouve avec ces projets de règlement là, qui sont en
consultation, parce qu'il y a eu le projet de loi n° 106. Et je
vous rappellerai, Mme la Présidente, qu'il a été adopté sous bâillon au petit
matin, projet de loi n° 106, projet de
loi sur la Loi sur les hydrocarbures qui est pire que ce qu'il y avait avant.
Parce qu'il y avait des dispositions
pour les hydrocarbures, et ce que le gouvernement libéral a fait, c'est pire,
c'est moins bon que ce qu'on avait avant.
Puis ce qu'on avait avant, ce n'était déjà pas bon. Ça fait que, là, on a
reculé pas mal loin par en arrière, là. On est rendus vraiment dans la
préhistoire avec le Parti libéral. C'est dommage. C'est dommage parce qu'il
avait une belle occasion de pouvoir
redresser la situation. Et donc, suite à, je vous dirais, une odieuse loi sur
les hydrocarbures, on se retrouve avec des affreux règlements sur les
hydrocarbures. Ce n'est pas trop surprenant.
Je
pense que la moindre des choses, ce serait justement de retirer les règlements,
d'être plus transparent. Ce serait bien qu'au niveau des
consultations... Et là je le demande au ministre qui est présent : Est-ce
qu'il accepterait que les commentaires soient
rendus publics, de l'ensemble des consultations? Parce que c'est une
consultation sur les règlements, et
l'information n'est pas nécessairement publique. Est-ce que le ministre
accepterait que l'ensemble des commentaires soient rendus publics? Je
pense que ce serait une très bonne chose parce que ce sont des règlements qui
ont beaucoup d'impact, qui ont beaucoup
d'impact sur l'environnement, mais pas juste sur l'environnement, sur la santé,
qui ont beaucoup d'impact sur l'eau
potable. On le sait, à quel point la fracturation peut avoir des impacts, et on
n'en veut pas, de fracturation, au Québec. Je pense que ça devrait être
assez clair et que ça devrait être inscrit dans les règlements.
Et
donc je pense que ça, c'est assez clair. On est rendu en 2017 aujourd'hui, et
la fracturation devrait être interdite. Un point c'est tout.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Vachon. Maintenant,
pour la suite de ce débat, je vais
céder la parole à M. le député de Sainte-Rose, tout en vous indiquant que votre
formation politique dispose
d'un temps de parole de 11 min 30 s.
M. Jean Habel
M.
Habel : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je serai très, très bref, étant
donné que je veux laisser aussi la
parole à mes autres collègues.
Donc,
simplement pour vous dire qu'on a présenté une politique énergétique qui
était très ambitieuse en 2030 avec une
volonté d'améliorer tout l'aspect au
niveau des énergies renouvelables. On
est passés de 47,6 % à une volonté, en 2030, d'atteindre 60 % au
niveau des énergies renouvelables. On
est un gouvernement qui est responsable, un gouvernement qui veut mettre l'emphase sur
l'encadrement.
Et,
parlant d'encadrement, on a le cadre réglementaire le plus strict en Amérique du Nord. On va avoir
aussi des personnes qui vont être
amenées à regarder la situation au
niveau de l'acceptabilité sociale, et ça, pour moi, Mme la Présidente, c'est très important. Je pense qu'avec le
cadre qu'on a présenté, qui est le plus strict, il va y avoir ce souci-là au niveau de l'acceptabilité sociale.
Alors,
il va y avoir aussi, avec la Loi sur
la qualité de l'environnement... Tous
les projets qui vont être soumis au niveau des hydrocarbures vont l'être
au BAPE. Et ça, c'est très important.
Donc,
on est transparents, on a un cadre réglementaire qui est strict, et ce, pour l'avantage de tous
les Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Sainte-Rose. M. le
député de Johnson,
je vous cède la parole, et vous disposez... votre formation politique dispose
d'un temps de parole de 4 min 30 s.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Déjà, ma collègue de Saint-Hyacinthe a manifesté
que nous avons déposé un amendement
à la motion qui a été présentée par l'opposition
officielle. D'entrée de jeu, ce que je voudrais dire,
c'est que moi, je suis d'une nature où je fais confiance aux gens. Au départ,
moi, je fais confiance. Ça fait que,
quand le gouvernement, sous bâillon, a adopté le projet de loi n° 106, il a quand même
pris soin de nous expliquer que les
règlements qui allaient venir allaient être les plus sévères, et tout ça. Puis,
en bout de ligne, je me dis : Écoute, ils ont adopté leur projet de
loi, on va quand même faire confiance à la bonne nature des gens.
Et
puis là quelle ne fut pas notre surprise, la semaine passée, quand les quatre
règlements ont été déposés par le gouvernement,
qui... honnêtement, c'est... je ne dirais pas que c'est scandaleux, mais c'est
tellement rompre avec l'engagement qu'il avait pris!
Puis on a eu le
ministre de l'Environnement qui est venu nous dire... il s'est levé en Chambre
pour nous dire : Écoutez, c'est
seulement qu'un projet de règlement, puis on s'en va en consultations. Bien, si
on le sait au départ, que le projet
qu'on dépose, Mme la Présidente, n'est pas bon ou que ce qu'on propose, ça n'a
pas de sens, bien, on ne part pas avec
ça pour faire des consultations, on dépose notre meilleur puis on dit : En
faisant les consultations, notre meilleur va être encore meilleur. Mais là ce qu'il nous a dit, finalement,
c'est : Non, non, c'est une joke, on vous a déposé de quoi qui
n'avait pas d'allure, mais, vu que vous êtes réveillés, vous avez vu ça, bien
là, on va aller en consultations puis probablement qu'on va faire des
changements.
Alors, nous, on
invite le gouvernement, effectivement, à en faire, des changements, hein? Une
chose, pour la coalition... on n'est pas
dogmatiques. Si, sur le territoire du Québec, il y a des projets liés à
l'exploitation des hydrocarbures qui
pourraient, un, être un enrichissement significatif pour les Québécois,
deuxièmement, qui pourraient se faire dans le respect de l'environnement, puis, troisièmement, que, dans les
communautés où ça se passerait, il y aurait une acceptabilité sociale — puis ça, il y a moyen de définir ça pour répondre au député de
Bonaventure — bien,
il pourrait y avoir des projets au Québec.
Mais il faut certainement encadrer ça. Puis, avec les règlements
qui ont été déposés par le ministre, ça part bien mal, Mme la Présidente. On
n'a pas la base pour être capables d'avoir ce consensus-là.
Alors,
nous, ce qu'on veut faire par l'amendement qu'on a déposé, ultimement... Le premier paragraphe
qui a été déposé, qui touche les
risques associés aux forages, on est tout
à fait d'accord avec l'opposition officielle. Quand l'opposition
officielle exige le retrait immédiat des
règlements sur les activités d'exploration, de production et de stockage
d'hydrocarbures sur le territoire
québécois, on est effectivement d'accord avec ça. Par contre, quand il demande
de rédiger sans délai un autre
projet, bien, nous, on pense qu'il faut qu'on soit un peu plus précis. On veut
faire référence aux règlements qui ont déjà
été déposés. On trouvait un peu que ce que l'opposition officielle demandait,
c'était un peu trop large. Ça fait qu'on voudrait encadrer ça, Mme la Présidente. Et puis naturellement tout ce
qui touche la fracturation hydraulique, nous, à la coalition, ce qu'on dit, c'est que, un, dans la
vallée du Saint-Laurent, il ne doit pas y avoir de fracturation hydraulique.
Ça devrait être interdit. Dans les zones
densément peuplées, à l'extérieur de la vallée du Saint-Laurent, encore là, ça
devrait être interdit. Et ailleurs, s'il devait y avoir des projets, ça
doit rencontrer l'acceptabilité sociale des gens.
Alors,
textuellement, ce qu'on propose, le libellé une fois que notre motion sera
adoptée, notre amendement adopté, la motion se lirait comme-ci, Mme la
Présidente :
«Que l'Assemblée nationale rappelle
les risques associés aux forages d'hydrocarbures sous les rivières, les lacs et
le fleuve Saint-Laurent, à proximité des
maisons et des édifices publics, dans l'habitat essentiel d'espèces en péril ou
à la périphérie de parcs nationaux;
«Qu'elle
exige le retrait immédiat des règlements sur les activités d'exploration, de
production et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
rédiger sans délai un autre projet de règlement prévoyant des normes beaucoup plus strictes, notamment quant
aux distances de forage, que celles dévoilées la semaine dernière dans la Gazette
officielle; et finalement
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec d'interdire l'utilisation de la fracturation
hydraulique et de ses dérivés sur les
territoires de la vallée du Saint-Laurent, et dans les secteurs où il y a une
forte densité de population ou une absence d'acceptabilité sociale.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Johnson. Maintenant, je suis prête
à reconnaître un prochain intervenant, et ce sera M. le député de
Lac-Saint-Jean. Et vous disposez d'un temps de parole de deux minutes.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, vous aurez compris, Mme la
Présidente, la semaine dernière,
lorsqu'on a vu dans le journal que le lac Saint-Jean était clairement ciblé
comme faisant partie des cours d'eau où
éventuellement, il faut le dire, il pourrait y avoir de l'exploitation
pétrolière ou gazière, on est vraiment... on n'en revenait pas. Je dois dire qu'on n'en revenait pas dans
notre région. Comment le premier ministre du Québec, le député actuel de
Roberval, ne s'est-il pas assuré que, dans
les règlements, d'emblée la région du Lac-Saint-Jean soit exclue, un de nos
joyaux, un des plus importants lacs au Québec?
Mme la
Présidente, au moment où on se parle, au large de Métabetchouan, proche de
Desbiens, un peu au large de Mashteuiatsh,
il y a des zones qui sont déjà sous permis, qui ont été octroyés à des
entreprises, et inévitablement le projet de règlement qui est sous
analyse présentement pourra permettre éventuellement de l'exploitation.
J'entendais le premier ministre dire :
Oui, mais inquiétez-vous pas, ça va prendre des cautions importantes. Ça prend...
Il y aura des conditions qui sont strictes. On ne veut pas des
conditions strictes, Mme la Présidente, on ne veut pas des cautions importantes, on n'en veut juste pas, de pétrole,
au Lac-Saint-Jean, Mme la Présidente. Il me semble que ce n'est pas dur
à comprendre.
Y a-t-il
vraiment quelqu'un qui pense que le premier ministre du Québec va avoir l'appui
des gens de Roberval, va avoir
l'appui des gens de Dolbeau-Mistassini, va avoir l'appui des gens de
Mashteuiatsh, va avoir l'appui des autochtones dans son comté pour de l'exploitation pétrolière dans le lac Saint-Jean?
Il me semble que, sur le plan purement politique, Mme la Présidente, si j'avais été à sa place,
j'aurais demandé à mon ministre des Ressources naturelles : M. le
ministre, pouvez-vous, s'il vous
plaît, au moins exclure un de nos joyaux, le lac Saint-Jean? D'autant plus que,
notre identité régionale, Mme la
Présidente, dois-je vous le rappeler, nous nous identifions comme des gens du
lac, des gens du Saguenay. Mais nous faisons référence à quoi? À nos
cours d'eau, que nous aimons tant. Jamais de l'exploitation pétrolière dans le
lac Saint-Jean, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le député de LaFontaine, la parole est à
vous. Vous disposez d'un temps de parole de 10 minutes.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
10 minutes. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je vais prendre la balle
au bond de notre collègue qui s'est exprimé, le collègue du
Lac-Saint-Jean, avec beaucoup de véhémence alors que, le régime actuel, il dit : On n'en veut pas, on n'en veut pas.
Bien, bravo! Je pense que, là, il y a un bel aveu, Mme la Présidente, de la
façon dont ça fonctionne. Les élus,
élus municipaux, auront l'occasion de déterminer s'ils en veulent ou pas. Puis,
s'ils n'en veulent pas, il n'y en aura pas, Mme la Présidente, premier
élément.
Deuxième
élément, au niveau de l'acceptabilité sociale, ça vient rajouter une
couche : s'il n'y a pas d'acceptabilité sociale, ça ne se fera pas, il n'y en aura pas. Alors, je suis heureux
de constater que... Parce que c'était le point. Je sais qu'il avait juste deux minutes, mais il a pris son
deux minutes à faire ce point que les gens doivent être entendus et ce
qu'ils ont à dire doit être respecté. Bien, je suis content de le rassurer,
content de voir que, comme il est rassuré sur ce
point-là, il va être en accord et il va souligner l'à-propos de ce qui a été
mis en place par le gouvernement, soit un régime qui respecte les élus municipaux, et qui fait en sorte que, s'ils n'en
veulent pas, il n'y en aura pas — ça ne peut pas être plus clair que ça — et qui tient en compte de l'acceptabilité
sociale. Si les gens n'en veulent pas, il n'y en aura pas. Alors, ça, je
pense que ça clôt ce débat sur cet aspect-là.
Mme la
Présidente, j'aurai l'occasion... Et je fais miens, évidemment, les propos
qu'ont tenus mes collègues le ministre,
le député de Maskinongé et le député de Sainte-Rose, qui ont parlé avant moi et
qui ont eu l'occasion d'étayer le
régime qui a commencé à être mis en place. Évidemment, ça touchait d'abord
l'Environnement, et après ça, aussi, il y a des éléments qui touchent, bien évidemment, le ministère de l'Énergie et
des Ressources naturelles, et ces deux ministères-là sont capables d'avancer main dans la main,
en collaboration, et faire en sorte de se doter, au Québec, du régime d'encadrement le plus strict en Amérique du Nord
en matière notamment d'hydrocarbures, tout en protégeant l'environnement,
Mme la Présidente. On est capables de faire du développement durable.
Et aussi vous
me permettrez, donc, d'y aller sur... Parce que c'est important. Celles et ceux
qui aujourd'hui poussent à hauts cris
en disant que ça n'a pas de bon sens... Puis j'entendais un peu plus tôt la
collègue de Vachon, Mme la Présidente, qui
le disait : Ce qu'il y avait avant... Elle a eu un aveu, Mme la Présidente.
Elle était ministre responsable sous le gouvernement de la première ministre Pauline Marois, elle était
ministre responsable à l'époque, puis là, de sa banquette, elle vient de
nous dire, il y a quelques minutes, Mme la
Présidente, un aveu, elle dit : Je considère que ce qu'il y a là, ce n'est
pas bon, mais ce qu'il y avait avant, ce n'est encore pas bon, Mme la
Présidente. Alors, il y a un aveu que, quand elle était là, ministre en fonction, ce qui était en place, ce
n'était pas bon. C'est elle qui vient de le dire, Mme la Présidente. Les gens
à la maison l'ont entendue de le dire : Ce n'était pas bon sous un
gouvernement du Parti québécois.
Évidemment,
Mme la Présidente, je vais vous rajouter un élément, ce qu'il y avait sous le
gouvernement du Parti québécois, elle
peut le qualifier de pas bon, mais il n'y avait rien, Mme la Présidente. Alors,
en ce sens là, je la trouve un petit
peu candide et dure avec ce qui n'existait pas, mais elle disait que ce n'était
pas bon. Alors, peut-être qu'elle voulait dire : Parce qu'il n'y
avait rien, ce n'était pas bon. Bien, c'est ça, l'héritage du Parti québécois.
Et là, depuis
avril 2014, on s'est dotés de lois et de règlements, et, les règlements,
Mme la Présidente, quand on pousse le
collègue de Richelieu, à hauts cris, il dit : C'est un déni de démocratie.
Un déni de démocratie, des règlements qui
découlent d'une loi qui a été adoptée, oui, sous la procédure d'exception, mais
la loi qui a été adoptée sous la procédure d'exception... Puis là je ne vous parle pas de la Loi sur les mines
adoptée sous cette même procédure en décembre 2013, où il n'y avait
pas eu de consultation. Le projet de loi n° 106, oui, qui a été adopté
sous la procédure d'exception le 9 décembre dernier, Mme la Présidente,
avait fait l'objet — puis
c'est ça, le déni de démocratie, imaginez-vous donc — d'une
présentation d'abord en juin 2016 et de consultations particulières,
consultations particulières, 30 groupes avaient été entendus,
58 mémoires avaient été reçus, lus, et analysés, et considérés. Par la
suite, Mme la Présidente, continuons dans ce
haut cri de déni de démocratie, il y avait eu un débat de principe. Débats de
principe, on en voit passer, certains
projets de loi pas moins importants, tout aussi importants, qui prennent deux, trois,
quatre heures, cinq heures, 10 heures.
10 heures, je vous dis que c'est tout un débat de principe. Il y avait eu
30 heures, Mme la Présidente, de débat de principe. Il est là, le
déni de démocratie?
Par la suite, étude détaillée article par
article, par article, par article. Je me rappelle, moi, de ma collègue de Saint-Hyacinthe qui, le 9 décembre, avait
dit, puis on l'a entendue un peu plus tôt, que, dans le débat article par
article sur le projet de loi
n° 106 en vertu duquel découlent les règlements, dont on dit que c'est un
déni de démocratie, mais qu'on veut les remplacer par d'autres
règlements... Alors là, il faut faire son lit. Si le procédé de règlement est
un déni de démocratie, pourquoi, dans leur
motion, ils disent : Faire le retrait immédiatement des règlements,
rédiger sans délai un nouveau projet
de règlement? Alors, allo la cohérence, Mme la Présidente. Si procéder par voie
réglementaire, c'est un déni de
démocratie, qu'ils ne viennent pas nous demander d'en faire un autre. Le
règlement, le processus réglementaire va suivre son cours, les gens ont jusqu'au 6 novembre, 45 jours,
les groupes, les individus, les personnes, pour venir faire leurs commentaires et bonifier. Ça arrive à tous les
ans, Mme la Présidente, que des règlements sont bonifiés par ce processus-là.
Mais je
reviens au déni de démocratie, parce que ça, c'est l'aspect réglementaire. On
dit : Par règlement, déni de démocratie,
mais faites un règlement. O.K., je reviens en amont, la loi en vertu de
laquelle les règlements ont été rédigés. Mme la Présidente, je viens de
dire : 30 groupes, 58 mémoires, 30 heures de débats de
principe.
Étude détaillée en commission parlementaire, ce
que j'étais en train de dire, la collègue de Saint-Hyacinthe avait fait l'aveu en cette Chambre, lors du débat
dans le contexte de la procédure d'exception, qu'elle n'était pas capable
d'en glisser une entre le collègue de
Richelieu qui allait amendement, sous-amendement, sous-amendement... Elle
l'avait dit à l'époque, Mme la
Présidente, qu'elle n'était pas capable d'intervenir. Parce que ça n'a pas duré
50 heures, ça n'a pas duré
90 heures, ça avait duré 110 heures, Mme la Présidente, soit du
18 octobre au 7 décembre 2016. Donc, ultimement, le déni de démocratie aura été par une procédure
d'exception qui est prévue en vertu de notre règlement depuis avril 2009.
C'est une procédure qui avait été adoptée unanimement et dans un contexte où,
un projet de loi, beaucoup de gens et organismes
avaient été entendus et sur laquelle... le projet de loi sur lequel nous avions
investi, cette Assemblée nationale, les
élus du peuple, plus de 140 heures en tout de débat et d'analyse. Alors,
on repassera pour ce qui est du déni de démocratie.
Important, Mme la Présidente, également de se
dire : Bien, celles et ceux... Et la motion vient du collègue de
Richelieu, il fait partie de la formation parlementaire du Parti québécois.
Important de dire : Bon, bien, qu'elle est la crédibilité? Puis je ne veux pas dire qu'ils n'ont pas de crédibilité,
je ne leur prête pas d'intentions, Mme la Présidente, mais c'est important, pour les gens à la maison
qui nous écoutent, de dire : Bon, bien, j'écoute le collègue député du
Parti québécois, de Richelieu, puis
je trouve que qu'est-ce qu'il dit, ça a de l'allure. Les gens pourraient peut-être
penser ça.
Mais faisons
un petit historique, Mme la Présidente. Le gouvernement de Mme la première
ministre Pauline Marois a été au pouvoir, j'y vais de mémoire, de
septembre 2012 à avril 2014, pendant 18 mois. La collègue de
Vachon, qui était ministre sous
Mme Marois, a dit que ce n'était pas bon. Moi, je dis : Bien, vous
êtes sévère. Ce n'est pas que ce n'était pas bon, il n'y avait rien. Je referme la parenthèse. Elle était
ministre sous le gouvernement de Mme Marois. Aujourd'hui, elle siège comme députée indépendante et elle est
chef du Bloc québécois, mais évidemment il y a une communauté d'esprit
puisqu'elle appuie, évidemment, la motion présentée par son groupe
parlementaire, par ses anciens collègues.
On parle du
projet d'Anticosti. Mes chers collègues du Parti québécois viennent nous
dire : Ça n'a pas de bon sens, vous ne devez pas faire ça. Mais
d'où viennent-ils, Mme la Présidente? Et attardons-nous parce qu'on parle ici d'hydrocarbures, on parle de forages, on parle de
protection, on parle de ne pas agir sans fondement, sans assurance que ce que
l'on pose comme gestes ce soient les bons gestes. Bien, Mme la Présidente, la
collègue de Vachon, à l'époque, elle était ministre dans le Conseil des
ministres de Mme Marois et elle disait à l'époque... au départ, elle
n'était pas convaincue. C'était une
décision qui avait été prise par le gouvernement du Parti québécois de
Mme Marois : Anticosti, on va de l'avant, forages,
vérification, exploration. Puis le gouvernement s'était engagé pour 57 millions.
La ministre a dit, dans une entrevue récente,
9 septembre 2017... L'ex-ministre des Ressources naturelles,
Mme la députée de Vachon, n'était pas convaincue que l'enjeu en valait la
chandelle. Ah bon! À l'époque, elle était ministre,
faisait partie d'un gouvernement du Parti québécois, on y va de l'avant à
Anticosti, forages, 57 millions, puis elle vient d'avouer qu'elle n'était pas convaincue. Mme la Présidente.
Là, on est passés finalement du pas convaincue à...
Finalement, elle disait, toujours dans cette
entrevue, que le contrat de son gouvernement signé en 2014 n'autorisait pas les forages sur l'île
d'Anticosti, on la cite, d'aucune espèce de façon. Or, Mme la Présidente, le
contrat a été obtenu, et ce qui est
révélé par le journaliste : trois forages avec fracturation étaient prévus
dans ce contrat-là. Et plus tard on peut lire,
évidemment lorsqu'on regarde les découpures de journaux... Mai 2013, son
collègue à l'époque, Yves-François Blanchet,
ministre de l'Environnement disait... Pour le ministre de l'Environnement... en
entrevue au Devoir, a affirmé que le forage avec
fracturation sera permis sur l'île d'Anticosti. Dès mai 2013, il la
contredisait.
Or,
Mme la Présidente, on ne peut pas dire que c'est un gouvernement aujourd'hui
qui n'a plus d'influence quant à
l'analyse de la crédibilité de nos collègues. Le gouvernement de
Mme Marois a toujours... ce qu'a fait le gouvernement de
Mme Marois a toujours une influence sur la crédibilité de ce que
proposent, de ce qu'avancent les collègues du Parti
québécois, parce qu'après une courte vérification, sur les 28 députés du
Parti québécois, il y a 20 qui étaient avec Mme Marois et 11 qui
étaient ministres, dont deux qui sont exclus présentement du caucus, se sont
retirés du caucus.
Alors,
Mme la Présidente, il faut vivre avec cet historique-là, et ça démontre bien
toute la non-crédibilité, en tout respect, de mes collègues qui plaident
sur cette motion...
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
LaFontaine. Maintenant, nous en sommes
à la réplique de l'auteur de cette
motion. Mais, avant de vous permettre d'intervenir, M. le député, j'ai besoin de savoir si vous acceptez l'amendement proposé par
votre collègue de Saint-Hyacinthe.
M. Rochon :
Non, Mme la Présidente, et je vous expliquerai pourquoi.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Vous avez 10 minutes pour
votre réplique.
M. Sylvain Rochon (réplique)
M. Rochon :
Merci. Alors, je maintiens le déni de démocratie. Que le leader adjoint du gouvernement m'entende bien. La loi sur les hydrocarbures a été adoptée sans que nous en
connaissions la portée, qui se trouve dans les règlements qui ont été publiés récemment et qu'on nous
refusait de voir. Et savez-vous quoi? Petite surprise pour mon ami d'en face.
Qui, qui, outre moi, a parlé de déni de la
démocratie? Qui a parlé de déficit démocratique? Savez-vous quel organisme?
Le Barreau du Québec, auquel il appartient, Mme la Présidente, a noté qu'il
s'agissait d'un déficit démocratique.
Le
ministre nous répète que les règlements, ceux qu'il ne consentait pas à nous
montrer et qu'on voit aujourd'hui, puis
on comprend aujourd'hui pourquoi il ne voulait pas qu'on les voie avant qu'on
adopte ce projet de loi... il se plaît à nous répéter qu'ils constituent
les plus sévères en Amérique du Nord. Ce n'est pas le cas du tout, Mme la
Présidente. Pas du tout. À l'international,
les règles les plus sévères ne sont pas celles du Règlement sur le prélèvement
des eaux et leur protection, mais
celles du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve, du Vermont,
de l'État de New York, du Maryland.
Ces territoires, tout comme la France, l'Allemagne, l'Irlande et d'autres pays,
ont interdit la fracturation hydraulique. Ça, ce sont des décisions
prises par des États soucieux des faits et de la science.
Le
Parti libéral et la CAQ ont rejeté, pendant l'étude du projet de loi
n° 106, notre amendement visant à interdire la fracturation hydraulique et autres procédés similaires sur l'ensemble
du territoire du Québec. Les Québécoises et les Québécois les ont vus à l'aise avec la fracturation hydraulique, mettant
à risque le climat — c'est
les études scientifiques qui disent ça, là — l'environnement, la
santé publique.
On
leur fournit la chance de se reprendre. Nous fournissons à cette Assemblée la
chance d'affirmer d'une même voix que
la page est tournée sur la fracturation hydraulique. La CAQ a soumis un
amendement auquel des trois paragraphes de la motion d'aujourd'hui? Devinez. Évidemment sur le paragraphe
portant sur la fracturation hydraulique. Et, si je résume sa position sur la fracturation hydraulique, ce
n'est ni oui ni non, c'est «peut-être», c'est «noui». Elle identifie, oui,
une région où là il n'y en aurait
pas : la vallée du Saint-Laurent. Eh bien, c'est pas mal smatte, ça, pour les Gaspésiens puis les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Vraiment, vraiment, ce sera certainement bien accueilli. Alors, c'est non, Mme la Présidente, à cet amendement, comme
c'est non à la fracturation hydraulique.
L'un
des risques les plus importants pour l'environnement, il a été identifié par le BAPE : la
contamination de l'eau et de
l'atmosphère par des gaz fugitifs remontant les puits de forage et le long des
milliers de fissures créées par la fracturation. Ces émissions
fugitives, elles sont essentiellement composées de méthane. Et ce GES, il est
88 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 20 ans et il aggrave donc les changements
climatiques. Puis, en zone isolée, bien, il y en a, du méthane qui
s'échappe aussi. Ça, c'est une gaffe de la CAQ. Elle n'avait pas pensé à ça.
Eh bien,
le règlement du ministre, là, le plus sévère des règlements,
il fixerait le seuil de risque acceptable pour le débit d'émissions fugitives de chaque puits à 50 mètres cubes
par jour. Vous allez me dire : C'est quoi, ça? Eh bien, 35 litres
à la minute. Mais, pour vous donner une meilleure idée, je vais vous imager ça.
La bonbonne de gaz que vous utilisez
pour votre barbecue, eh bien, le gouvernement considère sans risque que chaque puits de forage
pourrait libérer un débit équivalent
à deux bonbonnes de gaz à la minute pour chaque puits de forage. Allo la
sévérité des règlements du ministre!
Les
projets de règlement présentés dans la foulée de l'adoption
de la loi sur les hydrocarbures, ils ouvrent les lacs, les rivières du Québec aux projets de forage.
Ça inquiète, ça inquiète. Ils sont surpris que ça inquiète. En fait, ça
inquiète tout le monde, sauf
les pétrolières, les gazières et le ministre.
Et
pourquoi ça n'inquiète pas le ministre? Bien, je vais vous servir sa propre explication : «Les dossiers qui sont actifs
présentement ne sont pas près des lacs et des rivières. Alors,
attendons que les projets surviennent [puis on va] les analyser au fur et à mesure. [...]Si des gens
veulent présenter d'autres projets, [bien,] ils devront obtenir un permis [puis
on va] analyser [ça].» C'est le ministre
qui dit ça. On est loin du principe de précaution, là. On est à cent lieues de
ça. Le ministre ne paraît pas se
rendre compte que cette possibilité de forage dans des lacs ou des rivières,
elle est bien réelle, puisque des
dizaines de permis d'exploration recouvrent des cours d'eau, notamment entre
Montréal et Québec, dans le Bas-Saint-Laurent,
en Gaspésie, dans le cas du Lac-Saint-Jean aussi. Dans le comté du premier
ministre, deux permis recouvrent en partie le plan d'eau.
Il
reste du travail à faire sur ce règlement, disait le ministre du Développement
durable, de l'Environnement et de la
Lutte aux changements climatiques la semaine dernière. Savez-vous, je me suis
demandé si son collègue, qui est pourtant assis juste à côté de lui au salon bleu, lui avait montré à l'avance ces
projets de règlement là. Il avait l'air un peu gêné, je trouve, le ministre de l'Environnement. Bien, je
comprends, je l'aurais été à sa place. Il minimisait, hein? Il nous disait :
C'est juste un projet, c'est un projet, énervez-vous pas, les gens vont pouvoir
commenter. Bien, oui, ils vont pouvoir commenter par écrit, et puis ce ne sera
pas devant les caméras, ça, c'est bien trop risqué, pas devant les
journalistes, Mme la Présidente. Non, non,
ils vont écrire ça chez eux, là, sur le coin de la table, puis ils vont envoyer
ça, puis on ne verra pas ça, ces
commentaires-là, et ils se satisfont de ça. Ils estiment ça raisonnable. Ils
répondent aux gens qui s'inquiètent : Bien, vous nous écrirez, vous
nous écrirez.
Puis c'est
vrai, ce n'est pas parfait, notre devoir. Je rappelle ce que je disais d'entrée
de jeu, tantôt : Est-ce qu'ils ont
eu de l'aide aux devoirs, tu sais, cette aide aux devoirs qu'on a dans les
écoles, là? Et qui leur a fourni l'aide aux devoirs, Mme la Présidente? Bien, je garde pour moi la
réponse parce que je ne veux pas faire de procès d'intention au gouvernement, mais j'ai une petite idée. Il y a
tellement de corrections à apporter, Mme la Présidente, à ces projets de
règlement que ce sera bien plus simple de reprendre
à zéro pour, cette fois-ci, présenter aux Québécoises et aux Québécois autre chose qu'un travail aussi bâclé, qui paraît
faire rougir le ministre de l'Environnement. Le gouvernement, il devrait
réviser ses devoirs avant de les remettre. Je crois qu'il ne l'a pas fait.
Alors, il
faut qu'il présente aux Québécoises et aux Québécois de nouveaux projets qui
interdiront notamment la fracturation
hydraulique. Et, dans son envolée oratoire, mon vis-à-vis, leader adjoint du
gouvernement, s'étonnait que nous
demandions de retirer ces règlements au gouvernement et, du même souffle, au
gouvernement d'en rédiger d'autres, hein,
faisant référence à ce déni de la démocratie que nous voyons, que nous avons vu
et que nous continuons de voir dans le
fait que l'Assemblée nationale adopte un projet de loi sans en connaître la
portée qui se retrouve dans les règlements.
Eh bien,
j'ajouterai à ce souhait émis par l'entremise de la motion que le gouvernement
présente de nouveaux projets de
règlement bien faits, sérieux, bien révisés, que ces projets de règlement
soient soumis à l'examen de la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale, hein, d'une commission parlementaire de
l'Assemblée nationale, que les gens
puissent publiquement se prononcer sous les projecteurs, caméras allumées,
journalistes dans la salle qui vont informer les Québécoises et les Québécois
des commentaires qu'ils auront entendus. Ainsi, nous pourrons
parler de démocratie
au Québec, parce
qu'encore une fois j'ai le sentiment vilain qu'elle a été clairement bafouée
cette nuit où nous avons adopté, sans
en connaître la portée, la loi sur les hydrocarbures, dont nous voyons les
malheureux règlements.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Richelieu. Ceci met fin à ce débat. Et je vais maintenant
mettre aux voix la motion de M. le député de Richelieu, qui se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle les risques associés aux
forages d'hydrocarbures sous les rivières, les lacs et le fleuve Saint-Laurent, à proximité des
maisons et des édifices publics, dans l'habitat [naturel] d'espèces en péril ou
à la périphérie de parcs nationaux;
«Qu'elle exige le
retrait immédiat des règlements sur les activités d'exploration, de production
et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire québécois; et
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
rédiger sans délai un autre projet de règlement prévoyant notamment
l'interdiction de la fracturation hydraulique, de la stimulation chimique ainsi
que de tout autre procédé similaire sur l'ensemble du territoire du Québec.»
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Oui, Mme la
Présidente, je vous demanderais un vote par appel nominal et, conformément à
l'article 223 du règlement, de reporter ledit vote à la période des
affaires courantes de jeudi 28 septembre 2017.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Conformément à la
demande du leader du gouvernement, le vote sur la motion de M. le député
de Richelieu sera tenu à la période des affaires courantes de demain.
Maintenant, pour la suite des choses, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Je vous prierais
d'appeler l'article 13, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 133
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
À l'article 13 du feuilleton, M. le ministre de la Sécurité publique propose l'adoption du principe du projet de loi
n° 133, Loi obligeant le
port de l'uniforme par les policiers et les constables spéciaux dans l'exercice de leurs fonctions. Et, M. le ministre de la Sécurité publique, je
vous cède la parole à l'instant.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir
aujourd'hui de prendre la parole devant vous pour l'adoption du principe
du projet de loi n° 133, Loi obligeant le port de l'uniforme
par les policiers et les constables spéciaux dans
l'exercice de leurs fonctions, suite aux consultations particulières du
6 septembre dernier. D'ailleurs, j'en
profite pour remercier l'ensemble des groupes qui sont venus nous expliquer
leurs différents points de vue en commission parlementaire de même que
ceux qui ont déposé leurs mémoires.
Le projet de
loi n° 133 propose de modifier la Loi sur la police et abroger le Règlement sur les uniformes des corps de police municipaux. Si ce projet
de loi a fait couler beaucoup d'encre, je crois que l'adoption de principe du
projet de loi est une excellente occasion de rappeler justement quels
sont les principes à la base de ce projet de loi.
J'aimerais
quand même commencer par rappeler ce qui devrait être une évidence : les
policiers et les constables spéciaux sont des représentants de la loi et, en ce sens, ils possèdent
des pouvoirs extraordinaires que les autres citoyens ne possèdent pas. Pensons par exemple au pouvoir
de détention et d'arrestation. Pensons au pouvoir de perquisition, au pouvoir de fouille, même au pouvoir de mise sous
écoute. Ces pouvoirs, évidemment,
sont nécessaires dans une société de droit comme la
nôtre. Même si cela, d'ailleurs, peut sembler paradoxal, ces mêmes pouvoirs,
qui sont intrusifs, servent à
protéger les droits et libertés de chacun d'entre nous. En effet, les policiers
et les constables spéciaux apportent une
aide et une protection de première ligne pour de nombreux citoyens,
et ce, jour après jour. C'est pourquoi le travail de nos policiers et de
nos constables mérite notre respect, et je tiens d'ailleurs à les remercier sincèrement
pour le travail difficile, complexe, qu'ils accomplissent.
Ceci étant dit, il y a une contrepartie aux pouvoirs extraordinaires conférés aux policiers et aux policières. En effet, il est de notre devoir, en tant que gouvernement, mais aussi du devoir des policiers eux-mêmes de tout mettre en oeuvre
pour assurer leur autorité et maintenir le lien de confiance avec la population.
Et, à cet égard, le port de l'uniforme réglementaire, symbole de leur autorité, est essentiel afin que
nos policiers puissent continuer de protéger et servir adéquatement nos concitoyens, et ce, pour
trois raisons en particulier.
D'abord,
parlons de la nécessité de garantir la sécurité de la population
en toutes circonstances. En effet, bien que certaines personnes puissent
s'être habituées au non-respect de l'uniforme standard, il n'en demeure pas
moins qu'en situation d'urgence — une
situation d'urgence que l'on ne souhaite jamais mais
qui pourrait malgré tout survenir — bien, il est absolument essentiel que les
citoyens puissent rapidement identifier, sans l'ombre d'un doute, qui sont les
membres des forces de l'ordre.
Maintenant, parlons du lien de confiance entre
les services policiers, les constables spéciaux et la population. L'uniforme représente non seulement la fonction,
mais aussi le fait que les gens qui ont cette fonction détiennent de larges
pouvoirs en matière de respect de la loi, et le lien de confiance avec la
population est essentiel dans notre démocratie.
Le respect,
maintenant, envers nos agents de la paix, en lien, donc, avec ce lien de
confiance dont je viens de parler et
compte tenu des larges pouvoirs qui sont conférés aux policiers et aux
constables spéciaux, les actions de nos corps de police, de nos constables spéciaux, sont souvent scrutées à la loupe,
analysées par la population. Ils se doivent donc d'être respectés par la
population afin de mener à bien leur mission, ils doivent être respectés pour
être capables de mener à bien leur mission, et le port de l'uniforme
est, à mon avis, également essentiel quant au maintien constant du respect de
la population à leur égard.
Les constables spéciaux, les policiers aussi,
jouent un rôle important dans l'administration de la justice, et le respect de l'uniforme, important pour les raisons
que je viens d'évoquer, est également important pour assurer la sérénité
des débats en cour, le plein exercice des
droits des justiciables et, de manière générale, donc, la saine administration
de la justice.
Il s'agit,
Mme la Présidente, d'un projet de loi équilibré, équilibré dans la mesure où
les policiers et les constables spéciaux
pourront continuer de faire valoir leurs positions à travers une panoplie de
moyens légitimes, bien que plusieurs policiers
et constables spéciaux qui ont mis fin à leurs moyens de pression récemment, et
notamment, en particulier, au port
d'autre chose que l'uniforme réglementaire, même si la pression en d'autres
termes a diminué récemment... Il y a encore lieu d'agir, Mme la Présidente, puisque la possibilité de retourner à ce
type de comportement pourrait toujours se reproduire.
Et on
légifère aussi lorsqu'on propose un tel projet de loi. Ce qu'on propose de
faire, c'est d'agir non seulement pour l'immédiat, pas agir en réaction
à ce qui vient de se passer, mais essentiellement légiférer pour le long terme.
Maintenant,
dans ses grandes lignes, le projet de loi n° 133, ce qu'il fait, c'est
qu'il apporte «l'obligation pour les policiers
et les constables spéciaux, dans l'exercice de leurs fonctions, de porter
l'uniforme et l'équipement fournis par leur employeur», et ce, dans leur intégralité et sans les altérer. «Le projet
de loi [introduit] une nouvelle obligation aux directeurs des corps de police et aux autorités de qui
relèvent les constables spéciaux...» Cette obligation est de transmettre un
rapport d'infraction au Directeur des poursuites criminelles et pénales
lorsque l'un des leurs contrevient à ces nouvelles dispositions. Il «prévoit des [sanctions] pénales en cas d'infraction à
ces nouvelles dispositions» législatives pour toute personne concernée, de même que pour toute
association représentative de policiers ou de constables spéciaux reconnus
coupables d'avoir enfreint la loi.
Et d'ailleurs je l'avais déjà mentionné dans mes
remarques d'ouverture lors des consultations particulières du 6 septembre dernier, je souhaite proposer
ultérieurement quelques amendements qui font suite, entre autres, à certains
constats formulés au cours des derniers mois. En particulier, nous souhaitons
introduire de nouvelles dispositions législatives
qui viendraient imposer l'exclusivité de fonctions aux policiers détenant un
poste d'encadrement, à moins d'y être
préalablement autorisés par le directeur du corps de police concerné. Vous
savez, les responsabilités qui incombent aux policiers détenant un poste d'encadrement exigent une très grande
disponibilité. Dans les faits, une disponibilité en tout temps lorsque requis. Et le cumul de
fonctions ou d'emplois nous apparaît incompatible avec un tel mandat, avec de
telles responsabilités. Vraiment, ici, Mme
la Présidente, il en va de la sécurité de tous, mais encore une fois aussi du
lien de confiance des citoyens envers leurs services de police.
En terminant,
je crois que ce projet de loi est nécessaire pour assurer la crédibilité de nos
corps policiers, de nos constables
spéciaux et le respect de la population envers ceux-ci, d'autant plus que
ceux-ci jouent un rôle tout à fait unique dans notre société. Je demeure convaincu que le
port de l'uniforme aidera d'abord et avant tout nos policiers et constables
à accomplir leurs missions de maintien de
l'ordre, de la paix et de la sécurité publique, et ce, en toutes circonstances,
dans le meilleur intérêt de l'ensemble
de nos citoyens et de nos citoyennes. Et, sur ce, je vous remercie, Mme la
Présidente.
• (17 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre de
la Sécurité publique. Maintenant, je
vais céder la parole à M. le député de Matane-Matapédia, qui est aussi le
porte-parole de l'opposition officielle pour la sécurité publique.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Concernant le projet de loi n° 133, Loi obligeant le port de l'uniforme par les policiers et les constables
spéciaux dans l'exercice de leurs fonctions, j'écoutais avec attention le ministre lors des
auditions. Je l'ai écouté attentivement à
nouveau. Deux termes qu'il utilise : crédibilité, sécurité. Et, lorsqu'un
gouvernement fait un choix législatif
de prioriser une loi par rapport à une autre, ça nous donne des indicateurs. Le
ministère de la Sécurité publique a
choisi de prioriser le projet de loi n° 133 sur le port de l'uniforme des
policiers une fois que tout le monde a signé, les policiers de la Sûreté
du Québec, du SPVM, d'ailleurs. C'est pour l'avenir, ce n'est pas pour
maintenant.
Il a choisi également de ne pas prioriser le projet de loi n° 128 sur les chiens dangereux : péril maintenant,
danger actuel. C'est le choix que le gouvernement fait, de ne pas appeler le projet
de loi n° 128, mais d'y aller
pour le 133. C'était plus pressant
d'intervenir sur un hypothétique moyen de pression, dans plusieurs années, des
policiers que d'intervenir sur les chiens dangereux maintenant. C'est le
choix du gouvernement du Québec.
Il aurait pu également
appeler le projet de loi n° 107, qui traite notamment de l'indépendance de
l'Unité permanente anticorruption de la Sûreté du Québec. Peut-être que ça sera le prochain choix suite au projet de loi n° 133; pas d'indicateur à cet effet, pourtant déposé en juin 2016. Ça non
plus, ça ne presse pas, malgré les inquiétudes de la population
quant au travail de l'Unité permanente anticorruption. C'est un choix que le gouvernement a fait. Donc, quant à la sécurité, je ne crois pas qu'on atteint
aujourd'hui l'objectif. Alors, si c'est ça, là, la priorité du ministre, on en
prend acte.
Les policiers ont eu le malheur, Mme la
Présidente, de défier l'autorité — ça, je pense que ça a fatigué le gouvernement — mais surtout faire valoir leurs droits.
Leurs moyens sont limités, et les moeurs ont bien changé. Moi, j'ai souvenir, Mme la Présidente, en 1999, lors
d'un conseil national du Parti québécois à Drummondville, de voir une
haie d'honneur de policiers en uniformes armés accueillir les ministres du
gouvernement du Québec, les députés, les délégués.
C'était vraiment quelque chose de très perturbant, je vous le dis. Les choses
ont changé, et un des seuls moyens à
la disposition des policiers, c'est ces pantalons. Bien sûr, on est conscients
que ça agace des gens dans la population. Alors, je vous dirais, Mme la Présidente, qu'il est dommage qu'on
intervienne dans ce domaine pour un peu télégraphier les moyens que les policiers peuvent utiliser ou
ne peuvent pas utiliser. Mais je dirais une chose : La liberté syndicale
est touchée. Mais, oui, on est sensibles aux sentiments de la population
à l'effet que c'est agaçant. Mais les moyens sont limités, il faut le dire ici, les policiers ne peuvent pas se faire
entendre ici. Nous allons poursuivre les travaux, nous sommes d'accord avec le ministre que ce moyen n'est pas
apprécié par la population. Mais, si c'est un enjeu de crédibilité, ce n'est
pas seulement l'uniforme qui le fait, la crédibilité, il y a bien d'autres
moyens.
Je veux
terminer en disant au ministre qu'on va participer de façon très attentive à la
suite des travaux. On aura des
propositions à faire. On note également que le ministre a choisi d'ajouter en
fin de parcours des dispositions sur le double emploi des cadres dans le domaine policier. Ça pourrait être de
nature à dénaturer le projet de loi, c'est possible, mais on va le regarder quand même. On comprend
l'objectif, on comprend que ça provient du cafouillage de l'autoroute 13,
c'est de là que ça provient. Alors, c'est de cette façon-là qu'on va aborder la
question.
Mais je
reviens encore une fois sur la priorité du gouvernement : Si c'est ça, sa
priorité, j'ai bien hâte de voir quel sera
le deuxième projet de loi qui sera amené durant la session, si c'est le cas,
par le ministère de la Sécurité publique. Je répète que le projet de loi
n° 128 sur les chiens dangereux — surtout avec ce qu'on a appris cette
semaine, il y a un drame qui est
arrivé à La Sarre — on n'en entend pas parler. Le projet de loi n° 107 sur l'UPAC
non plus, alors à suivre. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Matane-Matapédia. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Beauce-Nord, qui est aussi
porte-parole de la sécurité publique pour la deuxième opposition.
M. André Spénard
M.
Spénard :
Merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de m'exprimer sur le projet de loi
n° 133, obligeant le port de l'uniforme par les policiers
et les constables spéciaux dans l'exercice de leurs fonctions. D'entrée de jeu,
et comme je l'avais souligné lors de
l'audition, lors des remarques préliminaires après les auditions, on est ici
devant un dilemme. Les six groupes qui sont venus déposer des
mémoires, qui sont venus se faire entendre à la période de consultations, évidemment, trois, qui représentaient les
employés, étaient contre ce projet de loi, et trois groupes, qui représentaient
les employeurs, si je peux m'exprimer
ainsi, étaient pour le projet de loi. Donc, il faut en conclure que nous sommes
dans une négociation de type standard où les employeurs et les employés
s'affrontent de par leurs associations.
Le projet de
loi sur le port — j'appelle
ça le projet de loi, moi, des culottes de clown, là — ce n'est pas un projet de loi... Comme le disait mon confrère de
Matane-Matapédia, il y avait des urgences un peu plus à l'ordre du jour pour
ce gouvernement, lorsqu'il nous passait les
projets de loi, que ce soit le 128 ou le 107. Mais il me semble qu'il y avait
des projets un peu plus urgents que ça.
L'autre
chose qui est venue un peu mettre un point d'interrogation sur ce projet de loi
et la nécessité de ce projet de loi
là... Je lui ai posé une question, moi, à la Sûreté du Québec, une seule
question : Est-ce que vous avez, dans votre code de déontologie ou dans votre code disciplinaire, des articles qui
disent que l'officier ou le représentant de la Sûreté du Québec — et c'est les mêmes à la SPVM — est obligé de porter son uniforme en tout
temps? Et ça, c'est une mesure disciplinaire, on s'entend — même
pas dans le code de déontologie — c'est une mesure disciplinaire qui doit
être appliquée à l'intérieur des rouages administratifs de la Sûreté du Québec.
Et M. Bélanger, de la Sûreté du Québec, M.
Patrick Bélanger, lorsque je lui pose la question... Je lui disais : Ce
que je comprends, c'est que les officiers de la Sûreté du Québec n'ont
pas été capables de faire respecter leur propre code de discipline à l'intérieur
de leurs rangs.
Voici ce
qu'il me répond : «Comme j'exposais un petit peu plus tôt, on parle ici
d'une notion qui est disciplinaire. Lorsque
nous nous retrouvons devant un mouvement de masse, lorsque nous avons une
action concertée de la part des 5 525 policiers
de la Sûreté du Québec, il serait, je dirais, impossible d'amener ces
5 525 policiers là devant une audience disciplinaire, devant un officier de poursuite disciplinaire pouvant
être capable de faire valoir les droits de l'organisation par rapport à l'uniforme. Donc, c'est pour ces
raisons que la Sûreté du Québec, notamment, est favorable à un tel projet
de loi...» Ça, ça veut dire que le projet de
loi vient faire la job de la Sûreté du Québec, qui n'est pas capable de faire
la sienne. Ça me dépasse un peu, Mme
la Présidente. Ça me dépasse un peu, une réponse comme ça. Pourquoi que ça me
dépasse un peu? Parce qu'on sait très bien...
et la fraternité des policiers et l'association des policiers municipaux sont
venues nous dire qu'ils vont contester inévitablement ce projet de loi là en
cour de justice.
• (17 h 20) •
Alors, la
question je me pose à présent, c'est : Si ça engorge trop le côté
administratif des corps policiers de la Sûreté du Québec, est-ce qu'on ne vient pas déplacer le problème dans
les cours de justice comme telles et engorger encore plus les cours de justice, selon la Charte des
droits et libertés de la personne, sur le port de l'uniforme ou sur un moyen
qui est légal, la Cour suprême en a statué
ici, et le tribunal administratif aussi, qu'il est légal de porter un
uniforme contraire à l'uniforme
réglementaire à l'intérieur des différents corps policiers. Ça me pose beaucoup
de questionnements, beaucoup de questionnements sur ce projet de loi là,
Mme la Présidente.
L'autre chose, en dernier, c'est que les groupes
qui sont venus nous présenter leurs mémoires, trois pour, trois contre, il y en a un seul qui m'a dit que ça
s'était réglé à la SPVM. Et c'est ça que je reproche au ministre comme tel,
ça s'était réglé dans l'espace de quelques
semaines avec un nouveau mécanisme de négociation, avec un arbitre-conseil
nommé et accepté par les deux parties. Mon
interrogation encore, Mme la Présidente, est celle-ci : Pourquoi le
ministre, puis on considère que le
ministre de la Sécurité publique et des Affaires municipales est un ministre
dit sénior dans ce gouvernement,
pourquoi le ministre accouche-t-il d'un projet de loi aussi simpliste, alors
qu'on devrait s'attaquer en tout premier lieu aux relations de travail
en ce qui concerne les personnes qui n'ont pas le droit à la grève et qui
doivent exécuter les services essentiels?
Pourquoi qu'on n'a pas été travailler des nouveaux mécanismes de négociation
avec ces groupes de personnes là, que
ça soit les policiers, que ça soit les ambulanciers, que ça soit n'importe qui,
ceux qui doivent assurer les services essentiels et qui n'ont pas le
droit à la grève? Pourquoi, si ça s'est réglé si rapidement, et ça, c'est Me Roy qui est venu nous dire ça, de la SPVM, si
ça s'est réglé si rapidement après trois ans de négociation, grâce à un nouveau mécanisme de négociation avec la SPVM,
pourquoi qu'on n'a pas travaillé dans un projet de loi pour le futur?
Là, il va
arriver un autre mécanisme de grève chez les policiers que je ne sais pas trop
quoi, là. Ils sont pleins d'idées, les
corps policiers, là. Alors, il peut arriver un autre moyen de grève. Est-ce
qu'on va faire une autre loi? Écoutez, M. le ministre nous a passé une loi sur les empreintes digitales, je m'en
souviens très bien, moi, pour sortir les prisonniers de prison. Suite à quoi? Suite à l'évasion d'un seul,
d'un seul membre. Puis on ne sait pas encore pourquoi. On a toujours posé la question. On ne sait pas encore comment il
s'est évadé. Mais, lorsque Francis Boucher a pris la clé des champs par la grande porte, woup! on va passer une loi
pour tout le monde sur les empreintes digitales. Moi, je trouve que c'est
d'agir à la pièce, comme ce projet de loi
n° 133 là, c'est d'agir à la pièce pour un ministre aussi sénior que le
ministre de la Sécurité publique. Je le déplore.
Cependant, écoutez, on est pour la bonne loi, on
est pour... On va voter pour le principe de ce projet de loi. Par contre, on a hâte à l'étude article par
article, et, comme je le disais, à ses amendements qui viennent nous parler du
double emploi pour les officiers de
direction de la Sûreté du Québec à cause du cafouillage sur l'autoroute 13
cet hiver dernier pour un officier de
la Sûreté du Québec qui a pris sa retraite depuis. Alors, on va appuyer le
principe du projet de loi. Et je termine ainsi, Mme la Présidente. Et je
vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Beauce-Nord. Je vais permettre maintenant à M. le député d'Ungava de faire son intervention. Et, M. le
ministre, vous pouvez faire une réplique à la fin des interventions. M.
le député, la parole est à vous.
M. Jean Boucher
M. Boucher :
Alors, bonne fin d'après-midi, Mme la Présidente. «Unusakut», «wachiya», «kwe».
On est aujourd'hui, bon, à l'adoption
du principe du projet de loi n° 133 concernant le port de l'uniforme par
les policiers et les constables spéciaux dans l'exercice de leurs
fonctions.
Vous savez,
Mme la Présidente, il y a des projets de loi qui sont plus agréables que
d'autres. Celui-là, bon, est un projet de loi qui s'avère nécessaire,
mais qui, malheureusement, bon... on était forcés, là, d'agir à ce moment-ci.
Vous savez que c'est depuis 2007 que les
policiers utilisent, bon, l'altération de leurs moyens vestimentaires conformes pour protester contre des conditions de
travail qu'ils jugent déraisonnables. Vous savez, bon, dans la police, ils n'ont pas le droit de grève, puis fort
heureusement, hein, on n'aimerait pas être mal pris, puis appeler les
policiers, puis... dire : Bien, désolé, on est en grève aujourd'hui, rappelez la
semaine prochaine, peut-être. Donc, ce sont des gens qui ont des moyens de pression qui sont limités,
contrairement aux autres travailleurs, qui peuvent exercer, bon, des moyens de
grève, de débrayage, etc. Donc, du côté des
policiers, c'est plutôt limité. Les policiers, bon, avaient décidé d'altérer
leurs vêtements, de porter un
vêtement non conforme que certains appelleront, bon, les culottes de
clown — moi,
personnellement, je n'aime pas
tellement ce terme-là, je préférerais plutôt parler d'uniforme non
conforme — puis qui
fait en sorte que, bon, les policiers
pouvaient ainsi exprimer leur désaccord quant à la lenteur des négociations ou
à la façon, bon, que ça se passait à la table, et puis protester contre
leurs conditions de travail.
Vous savez,
bon, être policier, ce n'est pas un travail facile, Mme la Présidente, puis
tout le monde, ici, en convient. Je
pense que certains des députés sont des ex-policiers, puis ils pourraient en
témoigner sûrement beaucoup mieux que moi.
Un métier ingrat, hein, vous savez, les policiers, on les aime beaucoup quand
ils nous viennent en aide puis on les aime un petit peu moins quand
c'est le temps de recevoir une contravention qui, la majorité du temps, est
largement méritée, malgré nos protestations.
C'est des gens qui sont des personnes-clés dans la société. Être policier, ce
n'est pas un simple métier comme
n'importe quel autre corps de métier, c'est des gens qui représentent
l'autorité, c'est un métier que
j'appellerais de dignité et de prestance, hein? Ce qui fait qu'on respecte un
policier, quand on le voit, ce n'est pas simplement parce qu'il porte
une calotte, ou qu'il a une arme à la ceinture, ou qu'il peut nous sortir un
badge, une belle pièce, souvent en métal,
pour dire : Bien, voici, moi, je suis l'agent Untel, de tel corps de
police. Ce qui impose le respect et donne le respect, c'est l'uniforme.
Une chemise bien pressée, un pantalon bien pressé font en sorte qu'on a tendance à plus écouter ces gens-là puis à
respecter leur autorité. M. le ministre de la Sécurité publique l'a déjà
mentionné, bon, les policiers puis
les constables spéciaux jouent un rôle essentiel en matière de sécurité
publique puis doivent respecter les plus hauts standards en matière de prévention.
Vous savez,
Mme la Présidente, les vêtements que portent les policiers ne sont pas de
simples vêtements choisis, là, dans
une boutique quelconque... on dit : Bon, des pantalons comme ça, c'est
beau, on va acheter ça, ça, c'est pratique, il y a une poche en arrière, les agents vont aimer ça. Ce sont des
vêtements qui sont étudiés, autant pour la résistance à la déchirure, l'inflammabilité, etc., ce sont autant
des vêtements d'utilité, de sécurité que de prestance et puis de respect de la
justice. Les pantalons qui sont portés, dans
la majorité des cas, lors de moyens de protestation, les pantalons non
conformes sont les pantalons qu'on
met dans la vie de tous les jours, que ce soient des jeans ou des pantalons,
style, en coton ouaté, des genres de
choses comme ça, qui ne possèdent pas ces caractéristiques-là de résistance à
l'inflammabilité, etc., et puis qui peut même représenter un danger pour
le policier lui-même dans l'exercice de ses fonctions.
Donc, on
disait aussi, lors d'une manifestation ou lors d'un événement, les policiers
arrivent sur une scène de crime, une
scène où un drame est en train de se jouer, du premier coup d'oeil, parfois, ce
n'est peut-être pas toujours facile de dire :
Bien, cet individu-là est un policier, l'autre, c'est un agent de sécurité,
puis l'autre, bon, c'est le facteur qui passe son courrier. Donc, du premier coup d'oeil, on doit
être capable d'identifier qui est le policier, ce qui faisait cette
identification-là plus difficile avec les moyens de pression. Il faut
que la population ait foi en ses policiers puis puisse facilement les
reconnaître. C'est très important, Mme la Présidente.
Le
non-respect, bon, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, malgré tous ceux
qui en disent le contraire, le non-respect
de l'uniforme affecte directement leur autorité puis la crédibilité des
policiers, notamment lors des opérations policières. Ça augmente les
risques, comme je vous l'ai dit tout à l'heure.
Le
gouvernement du Québec, bon, c'est sûr qu'on respecte le droit d'expression, le
droit à l'association de travailleurs, le
droit de négocier des conditions de travail qu'ils estiment justes et puis,
quand ça ne fonctionne pas, de fournir, bon, les moyens de pression qu'ils jugent à propos, mais tout ça dans le respect
de certains critères, dont le respect de l'uniforme, qui est important pour autant assurer la sérénité
de la population, le plein exercice des droits des justiciables et aussi la
saine administration de la justice.
Vous savez,
même dans les cours de justice, moi, j'étais et je suis toujours un avocat qui
a plaidé devant les cours. On ne peut
pas arriver devant un juge habillé comme on veut, avec des pantalons d'une
manière, une chemise d'une autre. C'est
sûr que le juge va nous dire : Maître, où vous pensez-vous aujourd'hui?
Allez donc vous habiller convenablement puis vous reviendrez. Dans un procès criminel, on voit arriver un
policier qui, lui, bon, vient témoigner de l'opération ou de sa participation lors d'un événement habillé
d'une façon, bon, je ne dirai pas de qualificatif, mais d'une façon qui ne reflète pas la noblesse de sa profession puis
de son métier, je pense que c'est dichotomique un peu, là, les choses ne
rentrent pas.
• (17 h 30) •
Donc, c'est
un projet de loi important, Mme la Présidente, qui devait être appelé, qui
devait être passé. Ça n'enlève pas
aucunement, bon, le droit aux policiers à négocier des conventions collectives,
ça n'enlève pas aucunement le droit à ces
policiers-là de s'exprimer, ça vient le restreindre, oui, j'en conviens, mais
je pense que, dans le cadre d'une société libre et démocratique, c'est
quelque chose qui est tout à fait acceptable.
Vous savez,
bon, lors des consultations particulières, on a rencontré des syndicats, des
regroupements de policiers, de
constables spéciaux puis ainsi que des chefs. C'est sûr que, curieusement, bon,
quand c'était la partie syndicale, on était contre, quand c'était la partie patronale, on était pour. Ça, je pense
que ce n'est pas besoin d'être un grand philosophe pour voir la différence.
Et puis, là-dessus, c'est de bonne guerre puis c'est bien naturel.
Mais, je vous dirais, bien, on parle de la
Sûreté du Québec, bon, mon collègue de Beauce-Nord nous parlait tout à l'heure de la Sûreté du Québec ou des
plaintes en matière disciplinaire, etc. Mais il n'y a pas seulement la Sûreté
du Québec, il y a d'autres corps policiers
de villes comme Montréal, Trois-Rivières, Québec, etc., qui, eux aussi, font
face au même problème. Et puis est-ce qu'on va, à la pièce, chaque
ville, dire : Bien là, moi, j'agis contre mon syndicat de policiers parce qu'ils font un moyen de pression
que je juge inacceptable? Je pense que tout ça vient bien outiller autant
les villes que le gouvernement pour que le
métier de policier puisse être considéré avec toute la noblesse qu'il mérite.
Je vous le disais tout à l'heure,
d'entrée de jeu, puis je vous le répète encore : Être policier, ce n'est
pas facile, essayer de contrôler des
gens en crise, contrôler des dangereux criminels, contrôler des gens qui
parfois préfèrent mourir que de se
faire arrêter. Puis ces gens-là doivent affronter ça. Je vous dis que ce n'est
pas de tout repos puis ce n'est pas un métier,
là, qui se compare à n'importe quel autre. Chaque semaine, à la télévision, on
a l'occasion de voir, bon, toutes sortes
d'événements puis toutes sortes de situations dans lesquels on ne peut
qu'admirer le travail des policiers, et puis autant du côté, là, de leur courage que du professionnalisme avec lequel
ils s'acquittent de leurs fonctions qui leur sont confiées par la
société.
Donc,
Mme la Présidente, vous comprendrez bien que, oui, effectivement, je vais
appuyer le principe du projet de loi n° 133. Je pense que c'est un projet
de loi qui est nécessaire. Pourquoi maintenant plutôt que dans deux ans, dans
trois ans, plutôt que l'année passée? Je
pense qu'on est dans un mouvement de paix sociale, un moment de paix sociale
où on peut appliquer ce, comment dire...
voter ce projet de loi là dans un moment de sérénité, où chacun peut regarder
ça à tête reposée, la tête froide, et
puis faire en sorte, là, que les droits de la société, puis de nos
justiciables, et des gens qui nous ont élus pour les représenter soient
respectés. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député d'Ungava. Et maintenant je crois que, s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais céder la parole à M.
le ministre de la Sécurité publique pour sa réplique.
M.
Martin Coiteux (réplique)
M. Coiteux :
Oui. Mme la Présidente, ça va être très court. Et c'est vraiment par courtoisie
que je vais utiliser mon droit de
réplique et c'est surtout à l'attention de mon collègue de Beauce-Nord, qui
parlait de ce que le gouvernement n'aurait pas fait pour améliorer le
processus de négociation entre les parties dans le domaine policier. J'aimerais
simplement... Puis je comprends parce que
c'est dans une autre commission, c'était dans la Commission de l'aménagement
du territoire, et c'était son collègue de
Blainville qui travaillait dans cette commission à l'adoption de ce projet de
loi. L'Assemblée nationale a adopté
un projet de loi qui justement revoit l'ensemble des mécanismes de négociation
et de règlement des différends dans le secteur municipal et prévoit des
mécanismes spécifiques pour les policiers et les pompiers, c'est déjà fait. Alors, on ne peut pas nous reprocher de ne pas
avoir agi là-dessus, on a agi avant de présenter le projet de loi n° 133.
Et,
en toute amitié à nouveau, je dirais, Mme la Présidente, à l'attention de mon
collègue de Beauce-Nord, que c'est
postérieurement à l'adoption de ce projet de loi qui instituait un nouveau
mécanisme dans le secteur municipal que la Fraternité des policiers et
la ville de Montréal ont conclu une entente.
Alors,
écoutez, on peut faire les deux, on a fait effectivement les deux, et nous
continuerons de faire beaucoup de choses pour le restant de cette
législature. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie de ces
précisions, M. le ministre de la Sécurité publique.
Mise
aux voix
Alors,
le principe du projet de loi n° 133, Loi obligeant le port de l'uniforme par les
policiers et les constables spéciaux dans l'exercice de
leurs fonctions, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Maintenant, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la Commission des
institutions
M.
Tanguay : Oui, Mme la Présidente. Conformément à
l'article 243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de
loi soit déféré à la Commission des institutions pour étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Très bien. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Pour la suite.
M. Tanguay :
Oui. Je vous prierais, Mme la Présidente, d'appeler l'article 24.
Projet
de loi n° 99
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, à
l'article 24 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission de la santé et des services sociaux sur le projet de
loi n° 99, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres
dispositions. Et, sans plus tarder, je cède la parole à Mme la ministre responsable de la Protection à la jeunesse.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, bonsoir, Mme la Présidente. Merci beaucoup
de me laisser la parole, justement, pour parler du projet de loi n° 99.
Vous savez,
le 20 septembre dernier, c'est avec une grande satisfaction qu'on a
terminé, en fait, l'étude détaillée
du projet de loi n° 99, loi intitulée
la Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres
dispositions. Et d'entrée de jeu, Mme
la Présidente, je veux remercier l'ensemble de la commission pour son excellent
travail, tous ceux qui nous ont accompagnés, mais je veux transmettre
mes plus sincères remerciements, Mme la Présidente, à l'ensemble des membres de la commission, tant du gouvernement...
On a souvent des suggestions qui nous arrivent de côté, et c'est nos collègues du gouvernement qui nous les passent.
J'ai même eu une suggestion, dans la dernière séance, de la députée de Fabre qui nous a été fort utile. Mais je veux
aussi remercier les gens du côté de l'opposition, on a eu, Mme la Présidente,
une excellente collaboration aux travaux. Et
tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l'élaboration du projet de
loi, ceux qui ont participé aux
consultations, mais tout le monde, tout le monde, tout le monde avait un esprit
constructif, et ça a été agréable parce qu'on a pu bonifier le projet de
loi à plusieurs égards en ce sens-là.
Alors,
aujourd'hui, Mme la Présidente, on est ici pour la prise en considération du
rapport de la Commission de santé et
services sociaux sur l'étude du projet de loi n° 99. Et vous vous
rappellerez que nous l'avons déposé le 3 juin 2016 et que le principe a été adopté le 19 octobre
2016. Se sont tenues ensuite des consultations particulières sur le projet de
loi, qui se sont tenues entre le
20 septembre et le 5 octobre 2016, et ces consultations-là nous ont
permis d'entendre une multitude de points de vue de plus de
22 groupes, qui nous ont proposé des modifications mais aussi plein de
choses que nous pourrions bonifier.
Alors, la Commission de santé et services
sociaux a donc procédé à l'étude détaillée, ensuite, du projet de loi, du 9 au 16 juin 2017, et nous nous sommes
activés au mois d'août, Mme la Présidente, on a aussi étudié des articles du
14 au 21 août. Alors qu'il y en avait
plusieurs en vacances, nous, on était au travail. Et, les 19 et
20 septembre, nous avons déposé
des amendements, et ces amendements-là, Mme la Présidente, visaient à répondre
aux préoccupations exprimées par les
participants qui sont venus en consultations particulières et visaient aussi à
répondre à d'autres difficultés qui nous avaient été présentées au ministère de la Santé et des Services sociaux
et qui ont été aussi présentées auprès du ministère de la Justice après
le dépôt du projet de loi.
Alors, les
difficultés dont je vous parle, Mme la Présidente, c'est, entre autres, sur les
situations de fugue — je n'ai pas besoin de vous dire que nous avions une
réalité là — pour les
jeunes hébergés en centre de réadaptation. Alors, il fallait apporter
des modifications pour nous permettre de faire mieux auprès de ces jeunes-là.
Il y avait aussi la question de la participation
des familles d'accueil au processus judiciaire et aux décisions concernant les enfants qui leur sont confiés.
J'entends ici les familles d'accueil, qui souhaitaient pouvoir donner leur avis
lorsqu'il y avait séance tenante en cour.
Ils n'étaient pas, avant, avisés, premièrement, et, deuxièmement, ils n'avaient
pas la chance de pouvoir donner leur point de
vue, alors qu'ils vivent avec les jeunes. Alors, on est venus apporter des
amendements. On a échangé avec les collègues de l'opposition, on est
venus à la meilleure formule possible.
• (17 h 40) •
Et aussi un
amendement qui était très important à nos yeux, c'est l'obligation de
fréquentation scolaire, Mme la Présidente.
Ici, nous souhaitons tous, tous les 125 parlementaires, que nos jeunes au
Québec puissent avoir chance à la même
éducation, et ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait une intervention de la
direction de la protection de la jeunesse. Bref, c'est devenu maintenant
un motif de compromission.
Alors, ce projet
de loi a été modifié de façon
substantielle et va modifier la Loi de la protection de la jeunesse. Il modifie également, dans une moindre
mesure, par contre, sept autres lois, Mme
la Présidente, ainsi que quatre règlements.
Il comprend plusieurs mesures se rapportant à
sept grands objectifs.
Premièrement,
harmoniser les dispositions de la Loi de la protection de la jeunesse visant
les enfants confiés à un milieu de
vie substitut et la notion de famille d'accueil aux fins de l'application de la
Loi de la protection de la jeunesse.
Deuxièmement,
favoriser la continuité et la stabilité pour les enfants, notamment par les
nouvelles dispositions visant plus
particulièrement la préservation de l'identité culturelle des enfants
autochtones et leur implication dans les communautés autochtones — et ça, ça nous a été beaucoup demandé, de
tenir compte de l'identité culturelle des populations autochtones — le passage à la vie autonome des jeunes
soumis à l'application de Loi de la protection de la jeunesse et la participation des familles d'accueil et des
personnes à qui un enfant est confié au processus judiciaire et à la prise de
décision.
En troisième lieu, on favorise les ententes
entre les parties.
Quatrièmement, ce que nous visons, c'est
concilier la protection des enfants et le respect de la vie privée en apportant diverses modifications au régime de
confidentialité. Et ici, Mme la Présidente, je vous donne un exemple très
positif : un jeune qui se démarquerait
dans une compétition quelconque ou qui aurait le goût, lui, de se faire valoir,
bien, on ne peut pas, en ce moment,
parce qu'il y a un statut de confidentialité. Et ça nous permettra... ou en
tout cas ça va permettre au jeune et
à ses parents de pouvoir dire : Bien, moi, je me suis démarqué dans tel
sport, ou dans telle activité littéraire, ou dans n'importe quoi. Mais les jeunes sous la protection de la Loi de la
protection de la jeunesse ne sont pas différents des autres. Quand ils ont des succès, ils veulent
pouvoir le dire au monde entier, c'est normal. Alors là, on va leur permettre
ça.
On va aussi moderniser le processus judiciaire,
mieux répondre aux besoins des jeunes hébergés en centre de réadaptation
notamment en révisant certaines règles relatives à l'hébergement en unité
d'encadrement intensif et en introduisant
une nouvelle mesure qui permettra d'assurer la protection d'un jeune lorsqu'il
présente des risques de fugue, pendant laquelle il pourrait se trouver en
situation de danger. Exemple — et là je prends le temps de l'expliquer
parce que, pour quelqu'un qui écoute, il ne comprendra pas la nuance si on
n'est pas dedans tout le temps : en ce moment, avant l'adoption éventuelle de ce projet de loi là, on a
l'encadrement régulier ou l'encadrement intensif. Encadrement intensif, là,
Mme la Présidente, c'est que le jeune rentre
là puis il ne peut plus en sortir, il est avec son éducateur, il fait sa classe
en dedans puis il a des échanges
juste avec les jeunes qui sont en encadrement intensif, alors que,
l'encadrement régulier, le jeune peut
sortir, aller suivre ses cours à l'école, faire tout ce qu'il a à faire. Ce
qu'il nous manquait, c'est l'entredeux. C'est-à-dire que, si un jeune... Puis vous savez que — j'ai oublié de mentionner cet
aspect-là — quand un
jeune se retrouve à l'encadrement intensif, en ce moment, il faut qu'il
soit signalé au directeur de l'établissement, puis le directeur de l'établissement avise la commission des droits de
la personne et de la jeunesse, mais ce n'est pas tous les jeunes qui ont
besoin d'être là. Parfois, cependant, ceux qui sont en encadrement régulier,
notamment les jeunes à risque de fugue, ont
besoin d'un cadre un petit peu plus serré mais pas pour être en encadrement
intensif et pas pour longtemps. Et le jeune lui-même, souvent, va nous dire : En ce moment, je me sens
vulnérable, il y a tel événement qui se déroule autour d'où est mon centre de réadaptation, il y a tel... je
me sens plus vulnérable. Puis, il va avoir des échanges avec son éducateur.
Souvent, l'éducateur va dire, le travailleur
social va dire : On va te garder ici. Alors, il y a des mesures
intermédiaires entre les deux, c'est
ce qu'on vient... en fait c'est ce dont nous avons proposé, d'éviter aux jeunes
de se ramasser en encadrement intensif
mais de pouvoir le garder pendant un certain temps à l'intérieur de
l'établissement sans nécessairement le mettre en encadrement intensif, qu'il puisse vivre comme les autres. Dès que la période
de vulnérabilité est terminée, bien, il peut reprendre sa vie comme les
autres jeunes.
Il y a une autre mesure qui vise à assurer la protection
des enfants victimes de certaines formes d'abus, notamment aux enfants victimes
d'exploitation sexuelle et aux enfants victimes de négligence sur le plan
éducatif, en lien avec l'instruction qu'ils
reçoivent et l'obligation de la fréquentation scolaire, c'est un petit peu ce que je vous parlais un peu
plus tôt. Et, en ce sens-là, je pense qu'on vient de faire une grande
avancée. On va permettre à tous nos jeunes du Québec d'avoir minimalement une éducation. On va essayer que ce
soit équitable pour tout le monde et au même niveau, mais c'est sûr
qu'on va s'améliorer grandement avec cette mesure-là.
Et je veux
vous dire qu'entre autres, par ailleurs, le projet de loi va modifier aussi la
Loi sur les services de santé et
services sociaux et la loi sur la santé et les services sociaux pour les
familles autochtones cries afin d'y introduire la notion de famille d'accueil
de proximité. Et là c'est quoi, Mme la Présidente? C'est qu'on va permettre aux
familles entourant la famille où est
l'enfant d'accueillir cet enfant-là. Plutôt que de le sortir de son milieu
naturel, de son milieu de vie et de
l'envoyer dans une communauté où il ne se reconnaîtra pas, on va faire
l'inventaire des ressources autour de lui
puis on va le garder dans un milieu qui lui ressemble. Et ça va être beaucoup
plus adapté aux besoins du jeune, et ça va lui permettre de grandir, et
ça va permettre à tout le monde de retrouver sa place, de faire les travaux
nécessaires pour améliorer leur situation,
et par la suite ils pourront réintroduire l'enfant sans qu'il y ait eu, j'ai
presque le goût de dire... sans qu'il
perde ses sources, son milieu, ce à quoi il se rattache le plus. Parce qu'on le
sait, un enfant, il a des liens dans
sa communauté. Il a des liens avec sa famille immédiate, il a des liens avec la
famille qui l'entoure, mais il a des liens avec la communauté dans laquelle il
vit. Alors, c'est ça qu'on vient introduire pour les familles, comme je vous
disais, les familles cries, mais c'est la
notion de famille... Les familles de proximité, c'est une famille qui est près
du milieu familial, qui va pouvoir aider l'enfant temporairement,
jusqu'à ce que les situations se rétablissent.
Alors, Mme la
Présidente, les modifications réglementaires les plus importantes concernent le
remplacement du règlement sur les
conditions du recours à l'hébergement en unité intensif par le règlement des
conditions applicables au recours de certaines mesures d'encadrement. Je
vous en ai parlé un peu plus tôt.
Je veux aussi
vous souligner les modifications apportées au Règlement sur la révision de la
situation d'un enfant afin d'associer plus formellement les familles
d'accueil et les personnes à qui un enfant est confié au processus de révision. C'est un peu ce que je vous disais
tantôt aussi, ces familles d'accueil là connaissent très bien l'enfant. C'était
ce qui était demandé depuis longtemps. C'est
une mesure qui ressemble un peu à une mesure qui existe en Ontario, quoique
nous avons modifié pour l'adapter aux
couleurs du Québec, et le délai de six mois n'est pas là comme en Ontario. Il y
a plusieurs choses qui sont
différentes, mais à la fois... sur le principe de base, il y a des choses qui
se ressemblent là-dedans.
On a aussi
modifié le règlement sur les services éducatifs, et ça, c'est très important,
Mme la Présidente, services éducatifs
à l'enfance, parce qu'ici on vient préciser les situations qui entraînent une
suspension immédiate d'une personne responsable de service de garde en
milieu familial. En ce moment, avant l'adoption de cette loi-là, que nous
ferons éventuellement, parce que, là, on est
à l'adoption du rapport, en ce moment, si un enfant, pour une raison ou pour
une autre, fait un... il y a un
signalement qui est prononcé et il y a un responsable de service de garde qui a
des problèmes x avec cet enfant-là, puis, bon, il est établi qu'il y a
eu vraiment des choses qui ont endommagé l'environnement de l'enfant et même sa capacité à interagir, en ce moment, si le parent retire son enfant, le responsable de service de garde peut rester à l'intérieur des services
de garde, mais il reste d'autres
enfants à l'intérieur du service
de garde. C'est là où il y a
un enjeu, à notre sens; l'ensemble
des députés, on avait un enjeu avec cette situation-là. Alors, ce qu'on
vient faire avec ce projet de
loi là, c'est dire qu'à partir du moment où un responsable de service de garde
est signalé, s'il y a une prétention, s'il y
a un examen sur un responsable de service de garde, le responsable va être suspendu, donc, en milieu familial, perd
son permis, les enfants sont retirés au complet; même si celui qui faisait
l'objet d'un signalement est retiré avant, les quatre autres ou cinq autres
seront protégés aussi. C'est, à mon avis, superimportant pour la suite des
choses.
Des fois, il y a
des petites coquilles qu'on ne voit pas, hein, mais, quand ils arrivent dans
nos bureaux, on peut sentir
l'importance qu'a chaque article. Des fois, on ne les voit pas passer au moment où
on fait une loi, puis on a la chance de rectifier, et c'est ce qu'on a
fait, les parlementaires, ensemble.
Alors, Mme la Présidente, on a toutes les
raisons d'être fiers d'adopter ce rapport-là. J'ai plus que hâte de vraiment
adopter la loi comme telle, mais tout ce qu'on a eu à coeur tout au long de
cette étude-là du projet de loi
n° 99 et le rapport que nous vous
déposons ici, Mme la Présidente, ça a été ce qui nous a guidés tous en commission parlementaire, c'est vraiment le
mieux-être des jeunes partout au Québec, et les nombreux échanges qu'on a eus
en ont fait foi.
Mme la Présidente, je veux encore remercier les collègues du gouvernement, les collègues des oppositions, mais vous allez me
permettre de remercier les gens au ministère, qui ont mis tout leur coeur sur
la table. Les collègues de l'opposition ont eu la chance de voir ça parce que...
Je dis que c'est une chance. Souvent, nos fonctionnaires sont maltraités dans l'opinion publique, mais je
dois vous dire que, quand on a fini l'étude du projet de loi, si les gens
avaient eu la chance de voir ça, là...
Il y avait une juriste qui partait à la retraite qui a
retardé sa retraite pour pouvoir terminer l'adoption du projet de loi. C'est tout à son honneur. Je veux la saluer et la remercier encore. Et il y a
des gens au ministère, en
tout cas, ça pleurait, Mme la Présidente, quand on a
fini l'étude article par article. C'est donc dire que tous les gens qu'il y avait là étaient vraiment
dédiés, je veux les remercier personnellement.
Puis je suis certaine — j'en
parle un peu avec émotion — que
mes collègues étaient tout aussi émus que moi de les voir, parce qu'ils ont vraiment tout mis sur la table
pour améliorer la situation.
Est-ce que, dans quatre, cinq ans, on aura
besoin de la rebonifier? Sûrement, sûrement qu'on va retrouver des choses, mais c'est la beauté de l'histoire. La
société évolue, puis il faut que les parlementaires soient capables de se poser
des questions. Je pense qu'on est allés
aussi loin qu'on le pouvait pour en ce moment et je veux vraiment remercier la
collaboration de tous. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation, la Protection de la jeunesse, de la
Santé publique et des Saines habitudes de vie.
Maintenant, je vais céder la parole à M. le
député de Saint-Jean, qui est aussi le porte-parole de l'opposition officielle
pour les services sociaux et la protection de la jeunesse.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Merci, Mme la Présidente. Donc, il me fait plaisir aujourd'hui d'intervenir au
nom de l'opposition officielle, du Parti québécois, sur la prise en
considération du rapport de la commission.
Donc,
nous avons passé un certain nombre d'étapes dans l'étude du projet de loi.
Heureusement ou malheureusement pour
la ministre, ce n'était pas moi qui étais au début du projet de loi, c'était le
chef de l'opposition officielle qui était le porte-parole à ce moment. Mais, lors de sa nomination comme chef de
l'opposition officielle, chef du Parti québécois, il m'a demandé de prendre la relève dans les
dossiers qu'il occupait à titre de porte-parole, et je suis arrivé dans le
dossier avec beaucoup d'intérêt parce
que, comme la ministre l'a mentionné, c'est un projet de loi qui... une loi
qu'il est assez rare, hein, que nous
modifiions. Je pense, la dernière modification, il y a environ 10 ans que
la modification a été faite. Et
c'était un projet de loi, disons-le,
assez costaud, assez technique sur le plan juridique, avec beaucoup
d'articles, un certain nombre d'articles
que j'avais le goût de refuser mon consentement pour que les juristes puissent l'expliquer, pour
que la ministre nous explique et nous démontre ses talents de juriste,
mais finalement nous ne l'avons pas fait. Nous avons plutôt préféré, justement,
utiliser les forces de chacun, notamment la force de nos juristes de l'État, et
je les remercie beaucoup, d'ailleurs, Mme la Présidente.
Donc,
d'emblée, effectivement, remercier l'ensemble de nos collègues,
remercier l'ouverture de la ministre dans un grand nombre de nos demandes que nous avons faites, elle a trouvé
écoute et a accepté un grand nombre de nos demandes. Nous aurions aimé avoir l'ensemble
de nos demandes, c'est toujours comme ça, Mme la Présidente, mais disons
qu'on est somme toute satisfaits du travail qui a été fait.
J'aimerais
aussi, à mon tour, mentionner un certain nombre d'éléments qui ont été
améliorés dans le projet de loi à l'étude. Notamment pour les familles
d'accueil, c'était une bataille que nous avons menée, effectivement, et la ministre, finalement,
s'est rendue, là, aux arguments des familles d'accueil, à nos arguments, et faire en sorte que les familles d'accueil puissent
avoir effectivement un certain statut, là, dans le processus
judiciaire, pour éviter toute la complexité que les familles d'accueil vivent au quotidien, là. Lorsqu'il y a, justement,
des causes devant les tribunaux, ils devaient aller se présenter devant le juge, se battre pour être reconnus,
d'avoir l'information, de pouvoir être entendus, pouvoir donner leur
opinion sur la cause qui était en litige, et là, maintenant, bien, ils
auront justement une facilité plus grande. Donc, il y a un automatisme, là, qu'ils seront reconnus, si on
peut dire, là, si on résume beaucoup, Mme la
Présidente, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, mais, ayant un certain statut, là, devant le
tribunal, donc, de pouvoir témoigner et présenter leurs observations, dans le but d'améliorer la situation
du jeune. Parce que dans toute l'étude du projet de loi, du début à la fin, le critère premier des amendements, des
discussions, tant du côté du gouvernement que des oppositions, de notre part,
c'était le bien de l'enfant, faire en sorte que l'enfant, le jeune puisse
sortir de cette situation-là mieux positionné, pour être un citoyen à part entière, mais aussi d'avoir une meilleure
enfance, une meilleure jeunesse. Donc, c'est un gain important pour les
familles d'accueil. Mais aussi, la possibilité pour les familles d'accueil
d'être consultées ou être informées à
l'avance lors d'un transfert d'une famille d'accueil à une autre ou d'un
transfert d'une famille d'accueil au centre
jeunesse, par exemple, ce qui n'était pas toujours le cas, donc là il y a une
obligation d'informer la famille d'accueil et qu'elle soit... même elle peut donner ses commentaires, à moins — et ça, Mme la ministre y tenait, puis je
comprends puis je suis d'accord avec
elle — que ce
soit la famille d'accueil en question qui soit la cause du transfert, là, donc
que ce ne soit pas dans l'intérêt de l'enfant.
Un gain
important aussi, bien, pour nous, pour moi, qui était important... Pour tout ce
qui est le dossier du jeune, donc, le dossier est détruit après cinq ans
d'inaction, donc, quand le jeune est sorti, là, du processus de la protection
de la jeunesse, après cinq ans le
dossier est détruit, ou jusqu'à l'atteinte de 18 ans. Avec les amendements
qui étaient amenés, le projet de loi,
c'est de ça qu'on parlait. Moi, je trouvais qu'au moment de 18 ans, lorsque le
jeune sort du centre jeunesse pour... ou de la famille d'accueil, et là il prend
un appartement ou il essaie de se trouver un endroit pour vivre, il y a
tellement de choses à penser, de se
trouver un emploi, un travail, la vie sociale, il y a un risque, bon, de plein
de tentations qu'il pourrait avoir,
et il ne veut surtout pas avoir l'étiquette d'être un enfant de la DPJ. Donc, moi, j'ai l'impression qu'à ce moment-là ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour lui dire : Est-ce que
tu veux garder ton dossier puis tout ton pedigree de ce qui s'est passé?
Je pense que beaucoup de ces jeunes-là vont dire : Non, je ne veux rien
savoir de ça. Mais à un moment donné peut-être que le jeune en
question pourrait, après un certain nombre de semaines, de mois — nous, on aurait souhaité d'années, mais, bon, on s'est entendus pour étirer
jusqu'à 19 ans, donc une année charnière, donc — passé toutes les premières tentations, les premières étapes de l'émancipation,
de la transition entre centre jeunesse, famille d'accueil et la vie en société... et faire en sorte que,
bien, le jeune puisse avoir quelques mois, finalement, de plus de réflexion
puis dire : Bien, finalement,
j'aimerais ça l'avoir, le dossier, pour me souvenir de telle famille d'accueil
où que j'ai été puis que j'ai bien aimée, puis etc., et le tribunal
pourrait décider de prolonger ce délai-là.
L'autre
demande que nous avions aussi, c'est, pour toute l'utilisation des mesures,
donc, en unité fermée, donc les mesures transitoires que la ministre a
mentionnées, toute l'utilisation de ces mesures-là, qu'il y ait un compte rendu
des statistiques, donc le nombre — là, je pourrais les nommer — le nombre d'hébergements en unité
d'encadrement intensif, le nombre
d'enfants ayant fait l'objet de cette mesure selon l'âge et le sexe, le
pourcentage d'enfants ayant fait l'objet de cette mesure parmi
l'ensemble des enfants hébergés dans les installations de l'établissement, le
nombre moyen d'hébergements de ce type
d'unité par enfant ayant fait l'objet de cette mesure, la durée moyenne de
l'hébergement de ce type d'unité, donc que ces données-là soient
transmises aux membres du conseil d'administration du CISSS ou du CIUSSS pour faire en sorte que le conseil
d'administration puisse avoir un portrait d'ensemble d'est-ce qu'il y a
utilisation abusive ou non d'une
mesure quand même, disons-le, là, qui brime à un certain moment de sa vie le
jeune dans sa liberté, comme un peu ça se fait, que c'est étudié en ce moment
dans le projet de loi n° 130 pour toute la question des gens ayant des troubles de santé mentale, donc, il y a ce
genre de rapport là qui doit être envoyé au conseil d'administration. Donc,
nous avions demandé que ce soit fait aussi pour la protection de la jeunesse.
On a aussi discuté de la question de la
contribution parentale lors de... bon, on a donné l'exemple du centre Marie-Enfant, mais aussi, pour les enfants qui
sont en famille d'accueil, en centre jeunesse, les parents doivent avoir une
certaine cotisation. Dans certains cas, il y
avait certains litiges, où les gens disaient qu'il y avait une injustice. La
ministre a reconnu, effectivement,
cet élément et elle nous a rappelé... elle nous a mentionné, plutôt, qu'il y
avait un comité de travail avec le ministère des Finances justement pour
étudier ces questions-là. Donc, j'espère que les questions... entre autres pour les parents qui paient pour leur
enfant en centre mère-enfant... pas mère-enfant, Marie-Enfant, versus ceux
qui sont à Sainte-Justine, là, faute de places, bien, que cette inéquité-là
soit réglée.
La question
des fugues, effectivement, a été abordée, Mme la Présidente, et disons que
plusieurs mesures ont été ajoutées dans le projet de loi pour faire en
sorte que justement les situations que nous avons vues à Laval ou dans d'autres régions ne se reproduisent plus.
L'exploitation sexuelle est finalement ajoutée dans les motifs de compromission
à la protection de la jeunesse.
Effectivement, plusieurs gains pour les communautés autochtones et les enfants
autochtones. Le fait que la
scolarisation ou l'instruction inadéquate est inscrite aussi dans la loi comme
motif de compromission, c'est un
gain, effectivement. Et, Mme la Présidente, un certain nombre, là, d'autres
sujets qui ont été abordés dans le projet de loi et... j'aurai l'occasion de revenir lors de l'adoption finale, pour
parler notamment de la question de l'adoption, qui est un enjeu
important et que j'aurai l'occasion de revenir à la prochaine étape, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de Saint-Jean.
Ajournement
Maintenant, compte tenu de l'heure, je vais
ajourner nos travaux au jeudi 28 septembre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)