(Trois heures de l'après-midi)
M. PAUL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre, messieurs
!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées.
Comité des bills publics
M. LAPORTE: M. le Président, j'aurai une motion à
présenter pour remplacer certains membres du comité des bills
publics en général, étant donné que le bill du
Barreau y sera étudié. Malheureusement, et je m'en excuse
auprès de la Chambre, j'ai oublié les noms en haut. Si on me
permettait, je les donnerais au greffier. Il s'agit d'y inclure MM. Wagner,
Pinard, Mme Kirkland-Casgrain, M. Jérôme Choquette et
moi-même.
M. BERTRAND: Aucune objection. M. JOHNSON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable député de
Chambly est-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adopté, dès qu'on en aura le texte.
M. LE PRESIDENT:
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Hommage au chanoine Groulx M. Daniel Johnson
M. JOHNSON: M. le Président, je remercie mes collègues de
manifester par leurs applaudissements leur plaisir de me voir de retour sain et
sauf. Mais je me lève sur un sujet qui n'a rien de réjouissant...
J'ai appris ce matin, comme vous et toute la population, le décès
du chanoine Lionel Groulx, qui fut, pour plusieurs générations de
Canadiens français, un admirable professeur d'énergie. L'oeuvre
immense et à nulle autre pareille du chanoine Lionel Groulx, son
humanisme, sa grande culture et sa science de l'histoire lui ont
mérité une réputation internationale qui fait honneur aux
Canadiens français et lui ont acquis au Québec même,
au-delà des passions du moment, un prestige sans égal.
Il laisse à ses compatriotes le témoignage du labeur
incessant qu'il a continué,même dans la retraite. Son
dévouement a doté la nation d'une chaire d'enseignement de
l'histoire à l'université de Montréal, de l'Institut
d'histoire de l'Amérique française, de la revue L'Histoire,
rattachée à l'Institut; de l'Académie
canadienne-française, toutes réalisations prestigieuses qui
s'ajoutent aux centaines de traités historiques et volumes, de brochures
et conférences qui sont désormais le patrimoine collectif de la
nation dont il a été aux jours sombres un infatiguable animateur
de fierté et de courage.
Son nationalisme était essentiellement positif. Il
procédait de l'amour des siens et non de la haine des autres.
D'ailleurs, per sonne ne peut oublier qu'il était prêtre et qu'il
l'était admirablement. Pour lui, les valeurs chrétiennes occupent
une place pour le moins aussi importante que les valeurs culturelles dans les
composantes du nationalisme canadien-français.
Aussi, M. le Chanoine Groulx n' a-t-il jamais demandé à
ses compatriotes de s'isoler, de se replier sur eux-mêmes. Au contraire,
il les a constamment incités à se dépasser, à se
réaliser toujours davantage comme nation de langue française et
de foi chrétienne. Dans tous les domaines, y compris le domaine
économique, il n'a jamais cessé de secouer la léthargie,
de dissiper la peur, de prêcher le culte de l'excellence.
Il a demandé à ses compatriotes de se donner tous les
instruments nécessaires à la réalisation de leur destin.
Même ceux qui prétendaient être d'une autre école de
pensée n'en ont pas moins subi l'influence de sa doctrine et de ses
directives. Plus que tout autre, M. le Chanoine Groulx a contribué
à susciter chez les Canadiens français la formation d'une
véritable conscience nationale. C'est pour mieux éclairer le
chemin de l'avenir que M. le Chanoine Groulx a étudié avec un
intérêt passionné les fastes de notre histoire.
Au nom du gouvernement et en mon nom personnel, je tiens à dire
l'émotion et le chagrin qui nous étreignent tous à la
pensée que ce grand serviteur de l'Eglise et de la nation
canadienne-française n'est plus. Son souvenir et son oeuvre
perpétueront sa présence parmi nous. L'espérance qu'il a
fait lever est de celles qui ne s'éteignent jamais.
A sa soeur, à ses frères, nièces et neveux et
particulièrement à Mme Rémillard qui lui servit de
secrétaire depuis très longtemps, les sympathies de toute cette
Chambre sont acquises.
Je voudrais, M. le Président, vous faire part du fait que la
veille des funérailles, dont le jour n'est pas encore fixé, je
proposerai
que la Chambre s'ajourne en signe de deuil. Dans tous les
édifices du Parlement, des instructions seront données afin que
le drapeau flotte en berne et nous proclamerons le jour des funérailles
jour de deuil officiel. Nous incitons nos concitoyens à assister aux
funérailles. J'ai l'intention d'y assister moi-même en compagnie
d'un très grand nombre de collègues de l'exécutif et de
députés, je l'espère.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, je viens d'apprendre le
décès de celui qui, dans son humilité, se refusait
lui-même à porter le titre de chanoine et insistait pour que nous
l'appelions l'abbé Groulx, nom sous lequel il a été si
bien connu. Le premier ministre et la Chambre peuvent être assurés
que l'Opposition collaborera par tous les moyens pour bien faire sentir la
perte que nous subissons tous.
L'abbé Groulx aura connu plusieurs générations de
jeunes Canadiens français. Il aura vu de son vivant ses disciples
prendre la relève, Il aura assisté à l'évolution
profonde de la pensée au Canada français et il aurait pu se dire,
s'il avait été le moindrement vaniteux, qu'il était en
bonne partie responsable des événements des quelques
dernières années. Ses oeuvres sont multiples.
Ecrivain, il a donné plus de trente volumes à ses
compatriotes québécois. Il devait assister cet après-midi
même au lancement d'un nouveau volume. Il fut un des fondateurs de
l'Action française devenue depuis l'Action nationale.
Historien, il a été l'un des piliers de la section
d'histoire de la faculté des lettres de l'Université de
Montréal.
Il a fondé l'Institut d'histoire d'Amérique du Nord et il
a lancé une revue d'histoire d'une très haute qualité dont
il aura été l'animateur jusqu'à sa mort.
Il était un historien éminent, soucieux de
l'objectivité et de l'authenticité de l'histoire et il a fait
grand oeuvre de ce côté. L'abbé Groulx incarnait, si je
puis dire, le nationalisme positif dont il a toujours été un des
inspirateurs et un tenant irréductible. Sa pensée féconde
n'a pas manqué d'inspirer plusieurs hommes de la politique, plusieurs de
ceux qui siègent en cette Chambre. Et je reconnais pour ma part que son
influence m'a profondément marqué.
Sa pensée claire, riche, lucide aura été l'aliment
de quelques générations successives de jeunes Canadiens
français dont, je le répète, un grand nombre occupent
aujourd'hui des positions de grande responsabilité. Le Canada
français et le Québec perdent en lui un homme qui a toujours
été, et qui était, et qui demeurera, une inspiration pour
nous tous.
Je me joins au premier ministre et à tous les
députés de cette Chambre pour offrir à ses frères,
à sa soeur, à ses neveux et à tous ses proches,
l'expression de notre profonde condoléance et encore une fois, nous
concourrons dans les décisions prises par le gouvernement pour marquer
ce deuil qui nous touche tous.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de St-Hyacinthe.
M. Denis Bousquet
M. BOUSQUET: M. le Président, je voudrais rendre hommage
aujourd'hui à l'un de mes amis les plus intimes. Le chanoine Groulx m'a
reçu chez lui à plusieurs reprises au cours des quinze
dernières années et j'ai eu l'occasion de me rendre compte qu'il
était un des plus grands Canadien français qui aient
existé.
Le chanoine Groulx est un homme qui s'est bâti lui-même,
c'est un homme d'un courage extraordinaire, d'une intelligence
extrêmement vive, un animateur comme peu de Canadiens français
l'ont été au cours de notre histoire, Il est de la lignée
des Papineau, de la lignée de ces gens qui ont symbolisé le
vouloir-vivre de notre nation. Ses idées ont pu être
controversées, mais ce qui est indéniable, c'est qu'il a
manifesté un vouloir-vivre extraordinaire, une vitalité
débordante. Je pense que le meilleur hommage que je puisse lui rendre,
maintenant qu'il n'est plus parmi nous, c'est de vous lire rapidement quelques
phrases qui, à mon sens, caractérisent le mieux l'homme qu'a
été le chanoine Groulx. « Je suis de ceux qui
espèrent. Parce qu'il y a Dieu, parce qu'il y a notre histoire, parce
qu'il y a la jeunesse; j'espère. J'espère avec tous les
ancêtres qui ont espéré; j'espère avec tous les
espérants d'aujourd'hui. J'espère pardessus mon temps et
par-dessus tous les découragés. Qu'on le veuille ou non, notre
Etat français nous l'aurons; nous l'aurons jeune, fort, rayonnant et
beau, foyer spirituel, pôle dynamique de toute l'Amérique
française. Nous aurons aussi un pays français, un pays qui
portera son âme dans son visage. Les snobs, les bon-ententistes, les
défaitistes peuvent nous crier tant qu'ils voudront: Vous êtes la
dernière génération de Canadiens français. Je leur
réponds avec toute la jeunesse: Nous sommes la
génération
des vivants. Vous êtes la dernière génération
des morts. »
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable député de
Verchères,
Questions et réponses
Grève du Richelieu
M. LeCHASSEUR: Je voulais poser une question au ministre du Travail. Je
constate son absence...
UNE VOIX: Le premier ministre.
M. LeCHASSEUR: ... je ne sais pas si le premier ministre a reçu
un « briefing » à son arrivée dans la province de
Québec. En tout cas, peut-être que le vice premier ministre qui a
tenu la flamme allumée, je présume, si flamme il y a, pourra nous
répondre. Il s'agit de la vallée du Richelieu, de la grève
chez les constructeurs. La situation est devenue complètement
intolérable, nous avons reçu des télégrammes, mon
collègue de Richelieu et moi; c'est la deuxième fois
de l'Association provinciale des constructeurs, Richelieu, Beloeil, etc. On
parle de « mon gouvernement » là-dedans, on dit: « On
insiste pour que votre gouvernement prenne immédiatement position contre
la situation intolérable qui s'aggrave de jour en jour. » Un
autre, « mon gouvernement » aussi: que « Votre gouvernement
fasse immédiatement face à ses responsabilités. »
Troisième « mon gouvernement » encore: « Il est
incompréhensible que votre gouvernement n'ait pas le courage de faire
face à une situation qui s'aggrave. »
Alors, qu'est-ce que « mon gouvernement » va faire, M. le
Président?
M. JOHNSON: Votre gouvernement prend note de votre question, M. le
Président. Voilà la réponse que j'ai à donner au
député de Verchères. Dès que j'aurai atteint le
ministre du Travail ou son sous-ministre, je tenterai de faire part à
cette Chambre des mesures qu'on compte prendre.
M. DOZOIS: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
rapport annuel du ministère des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. JOHNSON: Trente.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion est-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Comité des subsides
M. LEBEL (Président du comité des subsides): A l'ordre.
Ministère de la Voirie. Article premier. Sous-article premier.
Crédits du ministère de la
Voirie
M. LACROIX: Vendredi midi dernier, je demandais à l'honorable
ministre de la Voirie combien son ministère comptait parmi ses 1,722
employés d'ingénieurs, de chimistes, de techniciens,
d'aides-technique s. Après la réunion, j'ai été
surpris, lorsque j'ai rencontré certains députés
ministériels, de leur attitude quand ils s'étonnaient de voir un
député de l'Opposition s'intéresser au nombre de
techniciens, d'aides-techniciens, d'ingénieurs ou de chimistes au
service du ministère.
Quant à moi, si j'ai posé la question, c'est que je
voulais savoir exactement combien le ministère avait à son
service de personnes compétentes afin que le système routier de
la province se développe le mieux possible. Et quand on sait qu'il y a
108 circonscriptions électorales dans la province de Québec,
quand on sait qu'on a besoin dans nos comtés d'un ingénieur
compétent pour diriger les travaux de voirie, quand on connaît les
besoins du ministère même en personnes compétentes pour la
préparation de plans, pour la surveillance et le contrôle, je dois
avouer que le nombre de 237 ingénieurs que le ministre nous a dit avoir
à son service me semble fort conservateur et j'ose espérer que,
pour le plus grand bien de l'administration de son ministère, il verra
à s'assurer les services d'un plus grand nombre d'ingénieurs
compétents, ce qui sera certainement de nature à lui faciliter la
tâche de l'administration de son ministère, la tâche aussi
d'améliorer le réseau routier aux quatre coins de la
province.
J'espère également qu'il interviendra auprès des
autorités compétentes, soit à la Commission de la fonction
publique ou auprès du Conseil de la trésorerie et même du
cabinet, pour que les traitements qui sont donnés aux ingénieurs
et aux autres fonctionnaires du ministère soient
assez alléchants afin que les ingénieurs qui sortent de
nos universités, les plus compétents, se dirigent vers la
fonction publique et à ce moment-là, je suis convaincu que ce
sera de nature à améliorer la situation qui prévaut au
sein de son ministère.
M. LAFONTAINE: Je pense bien que ce serait une redondance que de
répéter ce que j'ai dit vendredi matin. C'est que, de 1965
à 1966, il y a eu perte de vitesse pour ce qui est du personnel
technique travaillant pour le ministère de la Voirie et ce pour diverses
raisons. Depuis 1966, il y a un regain d'activité dans ce secteur.
Disons qu'en 1965, il y avait 253 ingénieurs au service du
ministère de la Voirie; en 1966, 225 et présentement, 237. Les
raisons qui ont motivé le départ des ingénieurs en 1965 et
1966 sont multiples. Il y a eu par exemple la grève des
ingénieurs. Je me souviens d'un ingénieur qui, m'écrivant
une lettre, a dit: M. le ministre, je me vois dans l'obligation
c'était quelques jours après le 16 juin de donner ma
démission parce que je ne crois pas qu'il soit professionnel
évidemment, c'était son avis, à lui de faire la
grève.
Alors, le monsieur en question s'est orienté ailleurs, Il y en a
d'autres qui, probablement suivant certaines tendances naturelles en vue de
leur avenir, ont peut-être aussi quitté. Mais, je pense que, dans
les mois à venir, le nombre des ingénieurs au service de la
Voirie va encore continuer à augmenter.
Maintenant, le député peut être aussuré que
nous faisons tout, de ce côté-ci de la Chambre, pour tenter de
retenir les ingénieurs au ministère de la Voirie et d'en
augmenter le nombre, d'ailleurs, tous comme l'ancien ministre de la Voirie
faisait.
M. KENNEDY: M. le Président, sur les douze ingénieurs que
le ministre a mentionnés, semblant être revenus à son
service, est-ce que ce sont des ingénieurs qui étaient
déjà au service du ministère, qui ont laissé et qui
sont revenus, ou si ce sont des nouveaux?
M. LAFONTAINE: La difficulté pour les ingénieurs qui ont
quitté le ministère de la Voirie et qui seraient
Intéressés à y revenir, en est une de salaire. C'est une
question de salaire qui les a amenés à quitter le service
gouvernemental pour aller travailler pour des firmes d'ingénieurs
conseil, et, aujourd'hui, ces gens doivent revenir au ministère de la
Voirie avec une baisse de salaire. Alors cela crée certaines
difficultés sociologiques dans ces cas.
J'ai, par exemple, le cas d'un ingénieur qui est parti du
ministère de la Voirie, dont le salaire a été
considérablement augmenté dans l'industrie privée et qui,
voulant revenir au ministère de la Voirie, voudrait qu'on lui paie le
même salaire qu'il a obtenu dans l'industrie privée. Evidemment
les normes présentement en vigueur dans la classification, fonction
publique et autres, ne nous le permettent pas, même si son cas est
extrêmement sympathique. Disons qu'il est assez difficile de discuter de
façon globale. Je pense bien que pour chacun des ingénieurs qui
veut revenir au ministère de la Voirie, c'est plutôt un cas
particulier qu'il faut tenter d'analyser et résoudre avec la meilleure
volonté du monde.
M. KENNEDY: Le ministre n'a pas exactement répondu à ma
question. Je lui ai demandé si, sur les douze ingénieurs, nombre
qui est l'augmentation de 1966 jusqu'à maintenant, ce sont des anciens
ingénieurs du ministère de la Voirie?
M. LAFONTAINE: On prétend de ce côté-ci qu'il y en a
une couple.
M. KENNEDY: Le ministre a dit qu'en 1966 il y avait 225
ingénieurs au ministère de la Voirie et, présentement, il
y en a 237.
M. LAFONTAINE: Il y en a deux ou trois, M. le Président.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le
mécanisme de recrutement du personnel technique, que nous avons mis en
marche il y a quelques années au ministère de la Voirie, continue
et si les hauts fonctionnaires qui avaient été chargés de
faire le recrutement des ingénieurs dans les universités,
continuent à faire ces approches, auprès de l'Ecole
polytechnique, auprès de l'université de Sherbrooke, de Laval, de
McGill et de Montréal aussi?
M. LAFONTAINE: Le sous-ministre m'informe que, cette année, cette
procédure n'a pas été suivie justement parce que nous
croyons qu'à cause de la diminution des grands projets dans la
région métropolitaine, beaucoup d'anciens ingénieurs du
ministère de la Voirie vont tenter de revenir au ministère de la
Voirie. Evidemment nous sommes limités par les effectifs de la fonction
publique.
M. PINARD: Une coupure aussi draconnien-ne que $94 millions au chapitre
des immobilisations du ministère va-t-elle entraîner un
départ des ingénieurs du ministère de la Voirie,
parce qu'il n'y aurait pas suffisamment de travaux à entreprendre
au cours de la présente année ou des années à
venir?
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond interprète mal
mes paroles, M. le Président. J'ai dit: à cause du ralentissement
dans la région métropolitaine dû, première des
choses, à l'Expo et dû, deuxième des choses, à
l'achèvement de la plupart des grands travaux dans la région
métropolitaine, il faut absolument orienter notre action ailleurs.
Maintenant, cela n'a aucune sorte de relation avec le nombre des
ingénieurs travaillant au ministère de la Voirie parce que, pour
faire les grands travaux de la région métropolitaine, le
ministère de la Voirie du temps avait confié les projets à
des firmes d'ingénieurs-conseils. Nous tentons de
récupérer certains ingénieurs qui veulent revenir au
ministère de la Voirie.
Comme je le disais tout à l'heure au député de
Châteauguay, il y a beaucoup de ces ingénieurs qui veulent
revenir. Il est question de quantum de salaires et de conditions
générales de travail. Pour répondre directement à
la question du député de Drummond, le sous-ministre m'informe que
cinq nouveaux ingénieurs sortant de l'Ecole polytechnique, je crois,
cette année, ont demandé un emploi et nous les avons
acceptés. La seule chose changée c'est que les hauts
fonctionnaires ne sont pas allés dans les universités pour tenter
de faire du recrutement. Nous avons pensé ne pas le faire cette
année, parce que nous avions plus d'offres que de capacité
d'emplois prévue.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre pourrait nous donner les raisons qui
ont motivé la rotation d'un grand nombre de divisionnaires de
comtés, comme la chose s'est produite assez récemment?
M. ALLARD: Si nous avions eu les débats enregistrés de la
Chambre nous aurions pu faire reproduire les déclarations du ministre de
cette époque, parce qu'il avait expliqué à ce
moment-là qu'il y avait avantage, à certaines périodes, de
changer d'un district à l'autre les ingénieurs. C'est à
l'avantage des ingénieurs d'abord, et aussi à l'avantage de la
population en général. Le système de rotation a
été préconisé il y a déjà assez
longtemps. Il y a aussi les mutations, les promotions. C'est tout un
système qui s'intègre dans la routine ordinaire du
ministère de la Voirie que le ministre connaît très
bien.
M. PINARD: Combien d'ingénieurs ou de techniciens routiers ont
été envoyés dans des divisions autres que celles où
ils avaient l'habitude de travailler, disons à partir de l'automne 1966
ou à partir de cette saison? Combien y en a-t-il qui ont
été déplacés pour aller travailler dans d'autres
divisions?
M. LAFONTAINE: Disons, qu'il y a eu treize promotions ou mutations.
D'abord, je dois dire que nous avons nommé sous-ministres les deux
ingénieurs régionaux, celui de la région Est et celui de
la région Ouest. L'un est devenu sous-ministre en titre et l'autre,
sous-ministre adjoint. Pour les remplacer nous avons pris des ingénieurs
de districts qui sont devenus des ingénieurs de régions et pour
remplacer ces deux ingénieurs de districts, nous avons pris des
divisionnaires qui étaient ingénieurs, ce qui a encore
créé tout de suite un déplacement dans les treize
nominations,
Il y a eu aussi d'autres promotions, d'autres ont été
nommés ingénieurs adjoints de districts. Ce qui a amené
cette rotation, c'est justement les promotions et la formation du
dixième district, parce qu'un nouveau district a été
formé, le district numéro 10, dans la région de
Trois-Rivières, Il y a eu formation aussi d'une nouvelle division
à Montmagny.
M. CHOQUETTE: M. le Président, on m'a informé que, dans
seize divisions du ministère de la Voirie, sur les 44 qui existent dans
le Québec, on a, depuis le mois de juin 1966, nommé à
côté des contremaîtres généraux dans chacune
de ces divisions...
M. LAFONTAINE: M. le Président... M. CHOQUETTE: ... un
nouveau...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je demanderais de suivre l'ordre
de la Chambre. Présentement, nous sommes au poste budgétaire
numéro 1, article 1, « traitements, salaires »...
M. LESAGE: Bien, c'est ça, « traitements et salaires
»...
M. CHOQUETTE: C'est ça.
M. LAFONTAINE: ...non, ces gens apparaissent au poste budgétaire
numéro 2, article 2, au lieu du poste budgétaire numéro 1,
article 1.
M. LESAGE: Bien, 2, 1 et 2. Poste budgétaire numéro 2,
articles 1 et 2.
M. CHOQUETTE: Je suis prêt à attendre, ce sera aussi bon
tout à l'heure que tout de suite.
M. LAFONTAINE: Aucune objection. Que le député ne se
réjouisse pas tout de suite.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. LAFONTAINE: Que le député ne se réjouisse pas
tout de suite. J'ai des petites nouvelles pour lui.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre soutient que la question des fonctions
des cantonniers et des contremaîtres généraux devrait, dans
l'ordre, être soulevée au poste budgétaire 2 et non au
poste 1?
M. LAFONTAINE: Voici, c'est ce que je crois. Maintenant, si je
permettais ce débat encore au poste 1... Nous avons permis, vendredi, le
débat sur les enseignes symboliques du ministère de la Voirie,
à propos de la circulation. Je pense bien que nous devrions pour montrer
que nous faisons du progrès au ministère de la Voirie, dans
l'étude des crédits, passer à chaque poste
budgétaire, à chaque article. D'après moi, la question des
contremaîtres généraux se poserait au poste
budgétaire numéro 2, article 1 et article 2.
UNE VOIX: Poste budgétaire 2, article 2?
M. LAFONTAINE: Poste budgétaire 2, article 2.
M. KENNEDY: Quel est présentement le salaire maximum payé
pour un ingénieur d'expérience au ministère de la
Voirie?
M. LAFONTAINE: Disons que, si l'ingénieur du ministère de
la Voirie peut se rendre au rang de sous-ministre il pourra être
payé $22,500, M. le Président.
M. KENNEDY: Je n'ai pas compris la réponse du ministre.
M. LAFONTAINE: Si l'ingénieur du ministère de la Voirie
peut se rendre au titre de sous-ministre, il peut gagner jusqu'à
$22,500.
M. KENNEDY: Ce ne sont pas tous les ingénieurs qui vont se rendre
au poste de sous-ministre.
M. LAFONTAINE: J'aimerais avoir des pré- cisions sur la question
du député, M. le Président.
M. KENNEDY: Dans le contexte normal de la fonction d'ingénieur,
quel est le salaire maximal qu'il peut s'attendre d'atteindre? Est-ce $15,000,
$18,000?
M. LAFONTAINE: Disons qu'un ingénieur divisionnaire peut gagner
$12,000, $12,300. C'est entre $12,000... disons que la question du
député est un peu floue...
M. KENNEDY: Oui, oui, j'aimerais...
M. LAFONTAINE: Je saisis le sens de sa question, M. le Président.
Disons de $12,000 à $14,000.
M. LACROIX: M. le Président, le 29 novembre dernier, le ministre
de la Voirie visitait à Charlesbourg-Ouest les nouveaux locaux du
service de l'outillage et du service de la circulation de son ministère.
A ce moment-là le ministre avait déclaré qu'il
enquêtait pour savoir si 500 mécaniciens au service de l'outillage
devaient retourner à l'école.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LACROIX: Est-ce que le ministre a terminé son
enquête?
M. LAFONTAINE: A l'ordre!
M. LACROIX: Et quel en est le résultat?
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député aura tout
le loisir de me poser cette question à 2-2.
M. LACROIX: A 2-2?
M. LAFONTAINE: A 2-5, plutôt.
M. LACROIX: A 2-5.
M. LAFONTAINE: A 2-5, oui.
M. LACROIX: J'en prends note, merci.
M. PINARD: M. le Président, le ministre sait sans doute que nous
avions amorcé, au ministère de la Voirie, la préparation
d'un nouvel organigramme pour mieux définir les fonctions des hauts
fonctionnaires du ministère, mieux définir aussi les services que
devaient rendre chacun des grands directeurs des grands services.
Est-ce que le ministre pourrait me dire si l'étude entreprise
conjointement par les hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie
avec Woods and Gordon est arrivée à parachèvement et si le
ministère a donné suite à l'organigramme
suggéré ou s'il s'apprête à le faire dans un avenir
rapproché? Je me souviens que j'avais confié au sous-ministre du
temps, M. Roger Labrèque, ainsi qu'à son assistant, M. Marcel
Laperrière, une étude très poussée de ce
problème primordial de l'organisation du ministère de la Voirie
et que M. Laperrière a soumis aux autorités du ministère
des documents très importants, très bien préparés,
très bien fouillés sur le sujet, documents qui ont
été ensuite transmis à la firme Woods and Gordon pour
permettre à cette firme de conseillers en administration de faire
l'étude des documents soumis et de suggérer un nouvel
organigramme au ministère de la Voirie avec aussi des suggestions qui
pourraient faire du ministère de la Voirie un ministère moderne,
capable de rencontrer les responsabilités d'avoir à doter le
Québec d'un réseau routier moderne, efficace et sûr et
capable aussi de donner suite aux autres politiques mises en place dans les
ministères économiques du gouvernement de la province pour
être en mesure d'amorcer au Québec une véritable
planification dans tous les domaines.
J'ai conservé à l'époque certains documents qui
m'ont permis d'étudier la situation avec les hauts fonctionnaires.
J'aimerais savoir du ministre actuel si ces travaux ont progressé et si
le ministère en est arrivé à une décision.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le rapport de Woods and Gordon
dont fait mention le député de Drummond a été
présenté au ministre de la Voirie au temps où le
député de Drummond était ministre de la Voirie.
Après mon assermentation du 16 juin 1966, à une date dont je ne
me souviens pas, j'ai soumis à M. Monette, sous-ministre, ce rapport
demandant de consulter tous les hauts fonctionnaires ainsi que les chefs de
service du ministère de la Voirie et de me faire rapport sur le son de
cloche ou la façon dont les hauts fonctionnaires du ministère de
la Voirie envisageaient les recommandations du rapport Woods and Gordon. La
décision a été unanime chez les hauts fonctionnaires du
ministère de la Voirie, le rapport a tout simplement été
refusé et rejeté.
Partant de là, j'ai chargé... Oui, M. le Président,
refusé et rejeté.
M. PINARD: Qu'est-ce que vous dites?
M. LAFONTAINE: Le rapport de Woods & Gordon a été
refusé et rejeté.
M. PINARD: Par qui?
M. LAFONTAINE: Par le comité que j'ai formé composé
de tous les chefs de service et des sous-ministres et qui se réunit
chaque mardi matin à Québec. J'ai demandé au comité
de me faire rapport sur un organisme qui ferait l'affaire de tous et qui
permettrait au ministère de la Voirie d'agir dans le vingtième
siècle. J'attends d'ici quelques semaines le rapport des hauts officiers
du ministère de la Voirie.
M. PINARD: Alors est-ce que le ministre dit qu'il a mis de
côté la firme Woods & Gordon, conseillers en
administration?
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas mis de
côté le rapport Woods & Gordon, j'ai demandé aux
officiers du ministère de la Voirie d'en faire une étude
objective et de me faire rapport. Et, unanimement, les officiers du
ministère de la Voirie présents m'ont dit qu'ils n'avaient jamais
été consultés comme le député de Drummond le
prétendait tout à l'heure, pour étudier un nouvel
organisme. Ils ont étudié les recommandations contenues dans le
rapport Woods & Gordon, ils l'ont refusé et ils l'ont
rejeté.
J'ai demandé au comité qui se réunit tous les
mardis matin de faire l'étude du problème et de me faire des
suggestions concrètes à ce sujet. Je dois vous dire que, d'ici
peut-être deux ou trois semaines, nous aurons des suggestions assez
intéressantes venant de ce comité formé, comme je le
disais tout à l'heure de tous les sous-ministres, de l'ingénieur
en chef, de tous les chefs de service et des ingénieurs
régionaux.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait me dire qui fait partie du
comité qui a eu à étudier et à rejeter les
suggestions faites par la firme de conseillers en administration Woods &
Gordon à la suite des études faites par les hauts fonctionnaires
du ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le comité est
formé, comme je viens de le dire au député de Durmmond, de
tous les sous-ministres, de l'ingénieur en chef, de tous les chefs de
service et des deux ingénieurs régionaux.
M. PINARD: Alors, est-ce que le ministre est favorable ou non à
la modernisation du ministère de la Voirie et veut-il faire des services
de la planification et du personnel des directo-rats séparés
relevant du sous-ministre? Est-ce que le ministre actuel est en faveur
d'assigner la responsabilité immédiate des douze districts...
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'Inviterais...
M. PINARD: ... au directeur général des travaux...
M. LAFONTAINE: ... le député de Drummond...
M. PINARD: ... ces douze districts recevant cependant des directives
techniques de la part des directeurs...
M. LAFONTAINE : Si le député de Drummond, comme je le
pense, est bien intentionné et qu'il veut réellement la
modernisation du ministère de la Voirie, il peut rencontrer les hauts
fonctionnaires du ministère de la Voirie en ma présence, je
l'invite, et toutes les suggestions qu'il est en train de lire et qui sont
contenues dans le rapport Woods & Gordon, il aurait peut-être
l'occasion, à ce moment-là, de souligner le bien fondé de
l'argumentation de Woods & Gordon à ce sujet.
M. PINARD: Je n'ai pas à questionner les hauts fonctionnaires du
ministère de la Voirie lorsque vient la discussion du budget du
ministère. C'est le titulaire du ministère qui a la
responsabilité d'expliquer ses politiques en Chambre...
M. LAFONTAINE: Alors pourquoi le député de Drummond
n'a-t-il pas accepté le rapport Woods & Gordon du temps qu'il
était ministre de la Voirie?
M. PINARD: ... et c'est ma responsabilité de poser directement
les questions au ministre et c'est à lui de donner les réponses.
Je voudrais savoir du ministre s'il est favorable à la suggestion de
faire des services de la planification et du personnel du ministère de
la Voirie des directorats séparés relevant du sous-ministre? S'il
est favorable à assigner la responsabilité immédiate des
douze districts au directeur général des travaux, ces douze
districts recevant cependant des directives techniques de la part des
directeurs d'entretien et de construction?
M. LAFONTAINE: Une suggestion que je pourrais faire au
député de Drummond, ce serait de lire tout le rapport en Chambre,
je n'ai aucune objection.
M. PINARD: Est-ce que le ministre est en faveur de placer le service des
contrats sous la juridiction du directeur de l'administration?
Est-ce que le ministre est en faveur de placer le service des immeubles
sous la juridiction de l'ingénieur en chef?
M. LAFONTAINE: Pour l'information du député de Drummond,
les immeubles vont être transférés au ministère des
Travaux publics, M. le Président.
M. PINARD: Est-ce que le ministre est favorable à la suggestion
de grouper en un cabinet de sous-ministre les assistants et les
secrétaires de l'officier de l'information et le contentieux?
C'était là cinq suggestions contenues dans le rapport de Woods
& Gordon, et cette étude de Woods & Gordon, conseillers en
administration, ne faisait que faire le point, la synthèse des travaux
de réorganisation du ministère entrepris par une équipe de
hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie qui a été
mise sur pied alors que j'en étais titulaire.
Elle était composée du sous-ministre de l'époque,
de l'assistant du sous-ministre, M. Laperrière, de l'ingénieur en
chef du service de la planification, de M. Perron qui en faisait
également partie comme directeur du service des études techniques
de la circulation. J'ai ici tous les rapports de ces hauts fonctionnaires qui
ont étudié à fond le fonctionnement de leur directorat, de
leur propre service et qui, librement, volontairement, ont soumis aux
autorités du ministère à l'époque, les
recommandations qu'ils jugeaient les plus utiles, pour faire du
ministère de la Voirie un instrument moderne de planification
routière et pour aussi se doter...
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que le
député de Drummond...
M. PINARD: ... des structures administratives et techniques afin de leur
permettre d'arriver aux fins proposées.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député de
Drummond me permet, j'ai dit tout à l'heure que le rapport, globalement,
avait été rejeté. Toutefois, en entendant le
député de Drummond lire certains passages sur la forme
interrogative du rapport Woods & Gordon, je dois lui préciser ceci:
Les organigrammes des différents services n'ont pas été
changés et je ne crois pas qu'ils soient changés. Il s'agit
plutôt de l'organigramme général du ministère.
Il reste encore à établir des lignes d'autorité, ce
qui n'est pas encore tout à fait au point, mais j'espère
à la suite des nombreuses réunions qui ont eu lieu au sein du
ministère de la Voirie, depuis trois ou quatre mois que je
se-
rai en mesure d'informer le député de Drummond d'ici deux
ou trois semaines que l'organigramme sera complété. Quand bien
même le député de Drummond arriverait avec certaines
particularités du rapport de Woods & Gordon, que voulez-vous, M. le
Président, que je lui dise?
C'est sous étude présente ment. Je tiens à vous
dire qu'en bloc, le rapport Woods & Gordon a été
refusé, ce qui ne veut pas dire que nous n'avons pas retenu certaines
recommandations, telles que contenues dans le rapport Woods & Gordon.
Maintenant il ne faudrait pas que le député de Drummond
prenne un ton pour blâmer le ministre actuel quand on sait que le rapport
lui a été présenté du temps que lui était
ministre de la Voirie et qu'il n'a pas posé de geste administratif
concret. Mais, vous comprendrez qu'à titre de ministre de la Voirie, je
n'ai pas voulu brusquer les choses et j'aimais mieux qu'on analyse à
fond ce problème, de telle sorte que le ministère de la Voirie
donne par son organigramme non seulement l'impression, mais aussi la conviction
que le ministère de la Voirie est en train de se moderniser pour faire
face aux problèmes du XXe siècle.
Je ne veux pas critiquer la loi parce qu'il est défendu de
critiquer une loi sans en demander le rappel, mais je me souviens que le
député de Drummond alors qu'il était ministre de la Voirie
et qu'il était de ce côté de la Chambre, avait promis en
plusieurs circonstances de faire amender la loi de la Voirie. La loi n'a pas
été amendée, M. le Président. Je tiens à lui
dire que j'ai les mêmes intentions que lui à cet égard. La
loi ne correspond pas à ce qui existe aujourd'hui. Quand on sait que
l'ingénieur en chef du ministère de la Voirie est appelé
dans la loi, l'inspecteur général de l'entretien et de la
réparation, et que le travail principal de l'ingénieur en chef
est de bâtir des chemins, ce qui n'est pas la même chose que
l'entretien et la réparation. Je pense qu'il y a quelque chose qui n'est
pas tout à fait conforme à 1967, C'est une tâche qui est
immense que de rebâtir la loi, Mais je tiens à vous le
préciser, M. le Président, qu'avec l'aide des hauts
fonctionnaires du ministère de la Voirie et la compréhension du
député de Drummond, je suis assuré que j'arriverai
à un résultat concret.
M. PINARD: M. le Président, je veux bien qu'il soit compris que
je n'ai aucune intention de chicaner le ministre sur ce qu'il a fait ou sur ce
qu'il n'a pas fait. D'abord, je voudrais dire à cette Chambre que le
mandat confié à la firme Woods & Gordon Cie, conseillers en
administration, l'a été au cours de septembre 1965 si ma
mémoire est fidèle et que le mé- moire contenant les
recommandations de Woods & Gordon est en date du 11 mai 1966.
Alors, c'est bien évident que l'ancien titulaire du
ministère de la Voirie n'a pas eu le temps de l'étudier en
profondeur ni de donner suite immédiatement aux recommandations de ce
rapport.
M. LAFONTAINE: Le député...
M. PINARD: Alors, pour cette raison, c'est facilement
compréhensible...
M. LAFONTAINE: Et que faisait le député du motif...
M. PINARD: ... l'intervention auprès du nouveau ministre pour
savoir s'il a l'intention de donner suite à ces recommandations de Woods
& Gordon et s'il n'a pas l'intention d'y donner suite, pourquoi? Qu'est-ce
qui ne va pas dans le rapport Woods & Gordon?
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: En quelque sorte, c'est la synthèse et les
recommandations des hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Pour une dernière fois, je vais préciser au
député de Drummond que le rapport de Woods and Gordon a
été soumis a un comité formé de tous les
sous-ministres, de tous les chefs de service et des deux ingénieurs
régionaux, M. le Président, que le rapport a été
étudié par ce comité, que le comité ne m'a pas
recommandé de l'accepter tel qu'il était présenté,
et j'ai demandé au comité de me faire des suggestions
concrètes de telle sorte que nous puissions présenter avant
longtemps un organigramme bien défini. Je tiens à vous dire que,
lorsque les recommandations seront faites et les décisions
administratives posées, nous ne recommencerons pas l'année
suivante.
M. PINARD: Oui, mais alors en quoi les recommandations de Woods and
Gordon ne font-elles pas l'affaire du ministre actuel? Qu'est-ce qui ne va
pas?
M. LAFONTAINE: Mais ce n'est pas le ministre, je viens de dire au
député de Drummond...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: ... que c'est le comité formé de tous les
hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie qui ne l'a pas
accepté com-
me tel, M. le Président. Je ne dis pas que les hauts
fonctionnaires n'ont pas retenu certains détails ou certaines prises de
position, mais globalement, il n'a pas retenu l'attention des hauts
fonctionnaires du ministère de la Voirie. Qu'est-ce que le
député de Drummond veut que je lui dise de plus?
M. PINARD: Alors, M. le Président, je m'en tiendrai au document
qui a fait la base du travail confié à Woods and Gordon.
M. LAFONTAINE: M. le Président, c'est un document de travail, ce
n'est pas une chose qui a été acceptée.
M. PINARD: Alors à ce moment-là, les hauts fonctionnaires
recommandaient au ministre de réorganiser le ministère.
M. LAFONTAINE: Par les hauts fonctionnaires, M. le Président.
M. PINARD: Non, non, le document que j'ai entre les mains, c'est un
document préparé par les hauts fonctionnaires.
M. LAFONTAINE: Woods and Gordon?
M. PINARD: Le document de Woods and Gordon c'est celui-ci. Celui que
j'ai entre les mains...
M. ALLARD: C'est peut-être là qu'il y a eu un...
M. PINARD: ... c'est le document préparé par les hauts
fonctionnaires du ministère de la Voirie.
M. ALLARD: ... manque d'entente. C'est que le travail fait par Woods and
Gordon l'a été en vase clos et sans tenir compte de ceux qui
connaissaient réellement les problèmes de la voirie. On a fait
sur papier un programme qui ne correspondait pas aux besoins réels de la
voirie. C'est pourquoi il a fallu reprendre certains de ces points et les
étudier. Personnellement, j'ai passé plusieurs séances
à la préparation d'un organigramme qui répondrait aux
exigences du ministère.
M. PINARD: Le document préparé par les hauts
fonctionnaires à l'époque recommandait la réorganisation
du ministère de la Voirie sur la base suivante: Au niveau des cadres
supérieurs, le directorat des finances serait composé du service
des contrats et du service du budget. Au niveau du service de génie, on
avait recommandé une direction de la planification et une direction des
services techniques. Au niveau des opérations, les hauts fonctionnaires
chargés de cette étude recommandaient la mise sur pied d'une
direction de l'entretien, d'une direction de la construction, d'une direction
de l'outillage et aussi d'un service des projets spéciaux. Au niveau de
l'administration, les hauts fonctionnaires à qui j'avais confié
l'étude de réorganiser le ministère ont recommandé
la mise sur pied d'une direction d'organisations et méthodes, d'une
direction des services administratifs, d'une direction du personnel, d'une
direction des expropriations, d'une direction du contentieux, d'une direction
de l'information, d'une direction des immeubles, alors...
M. ALLARD: M. le Président, avant d'aller plus loin, si le
député veut me dire de qui vient ce rapport, qui l'a
signé, quels sont ceux qui l'ont préparé...
M. PINARD: Le travail de synthèse a été fait par M.
Marcel Laperrière, assistant du sous-ministre, qui travaillait sur les
instructions du ministre.
M. ALLARD: Justement, M. Marcel Laperrière a fait ça en
vase clos et n'a pas consulté ceux qu'il devait consulter et, pour nous,
ce document-là n'a absolument aucune valeur à cause de ça.
Il l'a fait dans son bureau, sans tenir compte des exigences, des
recommandations, des connaissances de ceux qui sont en place et M.
Laperrière d'ailleurs, pouvait avoir certaines qualifications, mais il y
en avait une qui lui manquait, c'était d'être un homme de
voirie.
M. PINARD: M. le Président, je vais m'inscrire en faux contre les
propos du ministre qui veut tout simplement se justifier d'avoir laissé
M. Laperrière dans l'ombre pendant cinq mois après la prise du
pouvoir, le 5 juin 1966. Et, comme M. Laperrière qui était un
homme d'honneur, un homme de responsabilité, quand il a constaté
qu'il n'était pas persona grata auprès du ministre et du ministre
associé, il a repris son chapeau et il s'en est allé et il a bien
fait.
M. ALLARD: Il a offert sa démission, ce n'est pas nous qui la lui
avons demandée. Il a offert sa démission.
M. PINARD: Il y a une façon de faire en sorte de ne pas garder
quelqu'un à son emploi; ou bien on lui dit de s'en aller ce que
les deux ministres n'ont pas eu le courage de faire ...
M. ALLARD: Pardon?
M. PINARD: ... ou bien on s'arrange pour ne pas...
M. ALLARD: Si on veut parler de courage, je vais vous parler de
quelqu'un qui a manqué de courage, c'est celui qui parle, qui ne
s'entendait pas ni avec son sous-ministre ni avec d'autres et qui avait dit
publiquement devant témoin: Il y en a un qui va partir, soit le ministre
ou le sous-ministre. Et vous parlez de courage?
M. PINARD: Le ministre rapporte des ragots d'autres personnes...
M. ALLARD: Placotage pour placotage.
M. PINARD: ... à qui il se fie et qui ne connaissent pas du tout
la situation. Je parle du cas de M. Laperrière. Alors, on n'a jamais su
pour quelle raison M. Laperrière était parti.
M. ALLARD: Demandez-le lui, c'est lui qui le sait, il a donné sa
démission.
M. PINARD: Ce qui est certain c'est que les documents que j'ai en ma
possession et que j'ai eu l'occasion d'étudier prouvent qu'il s'agissait
là d'un homme compétent qui a travaillé en équipe
avec les hauts fonctionnaires du ministère. Peut-être qu'ils ont
différé d'opinion à certains moments. Peut-être
qu'ils ne se sont pas entendus complètement sur certaines
recommandations et sur la façon de réorganiser certains grands
services du ministère, mais il reste quand même qu'il s'agissait
à la base d'un travail valable puisque le bureau de conseillers en
administration, Woods and Gordon, a pris la peine de signaler l'importance et
la qualité du travail entrepris. Ce n'était pas la seule
responsabilité de M. Laperrière à l'époque qui,
lui, l'a fait comme chef d'une équipe...
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond me permet.
M. PINARD: Il a consulté l'ingénieur en chef,
Il a consulté le directeur de la planification,
Il a consulté M. Perron, Il a consulté tous ceux qui
étaient chargés de ces services.
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond va exactement
comprendre mon point de vue. Il vient de mentionner le nom de M.
Laperrière, je n'en veux pas à M. Laperrière que je
connais à peine, mais je tiens à souligner au
député de
Drummond que si M. Laperrière est parti du ministère c'est
parce qu'il avait bien voulu donner sa démission en partant.
Deuxième chose, si je comprends bien, M. Laperrière était
le trait d'union entre les hauts fonctionnaires du ministère de la
Voirie et peut-être le travail que la maison Woods and Gordon
exécutait. Aujourd'hui, au lieu de demander aux hauts fonctionnaires de
parler par un haut-parleur, s'appelant qui que ce soit, ce sont eux-mêmes
qui se réunissent et qui discutent des problèmes qu'ils
rencontrent dans leur service respectif. De cette façon, c'est
très rentable pour le ministère de la Voirie, parce qu'à
toutes les semaines, il y a des contacts humains qui s'établissent entre
les chefs de service, Il y en a eu ce matin comme le sous-ministre me le
précise. De telle sorte qu'aujourd'hui, nous ne craignons pas que
s'établissent entre différents services des barrières
idéologiques ou des barrières psychologiques.
Je pense que ce n'est pas de nature à donner un complexe
d'infériorité aux fonctionnaires du ministère de la Voirie
que de se réunir et de discuter des problèmes communs, mais
c'était peut-être une façon de leur donner un complexe
d'infériorité que de prendre une personne qui parlait en leur
nom. Quels que soient les mérites et la compétence de M.
Laperrière, j'aime mieux que l'organigramme du ministère de la
Voirie se fasse non pas en vase clos, mais avec des horizons ouverts sur la
province de Québec et sur les objectifs de 1967-1970 que de demander
à une personne : Bien, va donc voir ce qu'un chef de service pense, ci
ou ça. Non. Maintenant, le rapport que Woods and Gordon a
présenté n'est pas rejeté dans tous ses moindres
détails; il contient certainement des parties qui sont valables.
D'ailleurs, je pense bien qu'en affirmant une chose semblable, les
officiers du ministère de la Voirie ne nous contrediront pas. C'est
exact. Il y a des choses valables, mais je pense que, grosso modo, en bloc, il
ne pouvait s'appliquer au ministère de la Voirie. C'est tout simplement
ça. Je comprends qu'il est du devoir del'Opposi-tion de critiquer le
gouvernement, mais je comprends mal que le député de Drummond
veuille s'attarder sur un point semblable lorsque, de notre côté,
nous avons donné loyalement et sincèrement tous les
renseignements que nous connaissions à ce sujet.
M. PINARD: Est-ce que le ministre a annulé le contrat qui
était intervenu entre le ministère de la Voirie et la firme de
conseillers en administration Woods and Gordon? Est-ce que ce travail est
terminé?
M. LAFONTAINE: Oui, il est terminé. On m'informe que le contrat
était terminé et que la firme Woods and Gordon a
été payée.
M. PINARD: Quelles sont les lignes essentielles que le ministre va
retenir des recommandations faites par Woods and Gordon et qui tombaient
sensiblement dans les propres recommandations du comité?
M. LAFONTAINE: Disons, M. le Président, que ce qui reste à
établir au ministère de la Voirie, c'est la ligne
d'autorité et de coordination du travail. C'est ce qui est important
pour éviter que les services ne se chevauchent. Comme je le disais tout
à l'heure, il n'existe pas de barrière idéologique ou de
barrière psychologique. Tout simplement ça. Alors, je pense que
le problème de base présentement est le problème de la
ligne d'autorité. Et je sais que tous les hauts fonctionnaires du
ministère de la Voirie travaillent dans un climat de bonne entente et
j'espère que, d'ici deux ou trois semaines, un projet concret et
définitif me sera présenté après étude. Je
pense bien qu'après avoir été étudié aussi
longuement par les hauts fonctionnaires du ministère, avoir fait le
sujet d'une étude par la firme Woods and Gordon, je pense bien que le
ministre ne prendra pas beaucoup de temps avant de l'accepter.
M. PINARD: De toute façon, il est survenu des changements dans la
hiérarchie du ministère de la Voirie. Est-ce que le ministre
pourrait me dire, par exemple, de qui relève maintenant le service des
contrats et son directeur, qui n'est plus le même d'après ce que
j'ai pu savoir?
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond vient d'affirmer ce qui m'a surpris que le directeur du
service des contrats n'était plus le même. C'est toujours le
même, c'est M. Roch Bergeron qui est juste ici, près de la
porte.
M. PINARD: A toute fin pratique, est-ce qu'il est encore le directeur du
service?
M. LAFONTAINE: Certainement, M. le Président. Il est même
encore le beau-frêre de l'ancien ministre. Cela n'a pas changé.
C'est exactement le chef du service des contrats, avec les mêmes
pouvoirs, et c'est encore le beau-frère de l'ancien ministre.
M. PINARD: Est-ce que le directeur du service des contrats conserve les
mêmes pouvoirs qu'il avait autrefois?
M. LAFONTAINE: Exactement.
M. PINARD: Est-ce qu'il s'occupe de la préparation des demandes
de soumissions publiques, de l'ouverture de la demande des soumissions
publiques, de l'analyse des...
M. LAFONTAINE: M. le Président, combien de fois dois-je dire au
député de Drummond qu'il a exactement les mêmes fonctions
qu'avant le 5 juin 1966?
M. PINARD: Le ministre affirme qu'il n'y a rien de changé.
M. LAFONTAINE: Non seulement j'affirme, mais si le député
de Drummond pense qu'il y a quelque chose de changé, qu'il mette son
siège en jeu, moi, je suis prêt à mettre le mien.
M. PINARD: Je n'affirme pas qu'il y a quelque chose de
changé...
M. LAFONTAINE: Alors, pourquoi, M. le Président, le
député de Drummond commence-t-il à questionner d'une
façon suggestive après lui avoir dit qu'il n'y a rien de
changé?
M. ROY: Ils sont tellement surpris qu'on n'ait pas pendu tout le monde,
comme ils ont fait en 1960.
M. PINARD: Laissez discuter les grandes personnes.
M. ROY: Vous êtes tout à fait surpris. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait me dire de quelle
autorité relève le directeur du service des contrats?
M. LAFONTAINE: Il relève de son supérieur immédiat,
M. Morissette, directeur des travaux. Ce qui est normal, plus normal
qu'auparavant.
M. PINARD: Alors cette suggestion de Woods and Gordon de faire un
service distinct, un directorat des finances composé du service des
contrats et du service du budget, cela n'a pas été retenu? Cela
reste attaché au service des opérations, dont le directeur est M.
Antonio Morissette. A l'époque, certains hauts fonctionnaires avaient
admis que c'était plein de bon sens de rattacher le service des contrats
au service des finances en même temps qu'au service du budget.
M. LAFONTAINE: Alors, si cela avait bien du bon sens de rattacher le
service des contrats au service des finances pourquoi le ministre, dans le
temps, ne l'a-t-il pas fait quand le directeur du service des contrats
dépendait directement de lui?
M. PINARD: Voilà une question assez surprenante de la part du
titulaire actuel du ministère de la Voirie,..
M. LAFONTAINE: Bien voyons, depuis au moins une demi-heure que vous
êtes là-dessus...
M. PINARD: ... il vient d'apprendre de ma bouche que le contrat a
été confié à Woods & Gordon au cours de
septembre 1965 et que le rapport de Woods & Gordon a été
soumis le 11 mai 1966. Il ne peut quand même pas me faire le reproche de
ne pas avoir entériné tout de suite les recommandations du
rapport. Mais, moi, j'ai le droit de lui demander s'il a accepté en tout
ou en partie les suggestions»
M. LAFONTAINE: J'ai dit tout à l'heure...
M. PINARD: ... et, s'il ne l'a pas fait, pourquoi et dans quel
sens...
M. LAFONTAINE: On prétend dans mon entourage...
M. PINARD: ., les corrections ou les réorganisations vont
être entreprises?
M. LAFONTAINE: ... que ça fait quatre fois que je réponds
au député de Drummond. Je pense que ça fait au moins dix
fois que je lui répète la même chose. Certaines
recommandations contenues dans le rapport Woods & Gordon ont
été retenues par les hauts officiers du ministère, et
d'autres ont été rejetéés. En ce qui concerne le
directeur du service des contrats, qui relève de M. Morissette, je tiens
à vous dire que cette recommandation a été faite justement
par le comité que je viens de mentionner qui se réunit à
toutes les semaines. Ils m'ont fait cette recommandation que j'ai
acceptée avec plaisir, parce que, comme on dit à la
télévision, lui, il connaît ça. Les fonctionnaires
du ministère de la Voirie, les chefs de service, ils connaissent
ça plus que le député de Drummond, et plus que le
député de Labelle, les deux ensemble multipliés par deux.
Alors je leur laisse cette responsabilité.. Par contre, quelques fois,
je leur fais certaines demandes, d'étudier certains points en
particulier. De l'é- tude que ces gens font, bien mon dieu seigneur, je
prends les dispositions administratives pour faire aboutir le problème
en question. Qu'est-ce que le député de Drummond veut que je lui
dise de plus relativement au rapport Woods & Gordon? Il a été
étudié par le comité, certaines recommandations ont
été retenues, certaines ont été rejetées.
Mais chose certaine, le rapport, globalement, n'a pas été retenu.
Et partant de là, les problèmes soulevés dans
l'enquête faite par Woods & Gordon sont connus au ministère de
la Voirie, et les officiers du ministère de la Voirie travaillent
continuellement, semaines après semaines, sur le sujet.
Réellement là, si le député de Drummond pose encore
d'autres questions là-dessus, je vois mal ce que je peux lui donner
comme renseignements pour l'informer plus, je pense que j'ai tout dit ce que
nous savons de ce côté-ci de la Chambre.
M. PINARD: Alors il est intéressant de noter que le ministre
actuel du ministère de la Voirie n'attache pas beaucoup d'importance aux
recommandations d'une firme de conseillers en administration aussi
qualifiée que Woods & Gordon & Co..,
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond
prétend...
M. PINARD: ... qui a travaillé à l'époque, il y a
une vingtaine d'années...
M. LAFONTAINE: ... que les hauts officiers du ministère de la
Voirie ne sont pas des gens compétents?
M. PINARD: Que le ministre me laisse continuer, il verra où je
veux aller.
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: Alors je suis surpris de voir qu'il n'attache pas plus
d'importance que cela...
M. LAFONTAINE: Non.
M. PINARD: ... aux hautes qualifications de cette firme de conseillers
en administration qui a eu la responsabilité, alors qu'il y a eu une
enquête royale au ministère de la Voirie en Ontario, il y a une
quinzaine d'années, de faire l'étude de la réorganisation
complète du ministère de la Voirie en Ontario. C'est Woods &
Gordon & Co. qui a fait les recommandations qui a proposé
l'organigramme et qui a permis à la province d'Ontario d'avoir un
ministère moderne, efficace...
M. ALLARD: Est-ce que vous êtes au courant qu'ils n'ont pas suivi
toutes les recommandations du rapport?
M. PINARD: ... et qui a donné des preuves d'efficacité en
dotant cette province d'un réseau routier fonctionnel, moderne et
sécuritaire qui a amené une industrialisation rapide de plusieurs
régions de la province d'Ontario, et je dis que ce qui était
possible, pour la province d'Ontario, c'est possible pour le Québec.
Nous avions et nous avons encore au ministère de la Voirie un personnel
hautement qualifié...
M. LAFONTAINE: C'est ça.
M. PINARD: .. dévoué, compétent, capable de
rencontrer des défis..
M. LAFONTAINE: C'est ça. D'accord.
M. PINARD: ... aussi extraordinaires que celui qui nous a
été apporté par la décision de faire l'Expo
internationale en 1967, et nous avons donné la preuve qu'au
ministère de la Voirie ce n'était pas le personnel
compétent et qualifié qui manquait.
M. LAFONTAINE: D'accord.
M. PINARD: Cependant nous avions des structures un peu vieillottes, un
peu désuètes, et ce n'est que grâce au dévouement et
à la haute compétence du personnel en place que nous avons pu
arriver si rapidement dans les grands projets routiers que nous avons
élaborés, que nous avons conçus, que nous avons
décidés à partir de 1960; mais ce n'est pas une raison
pour le ministre...
M. LAFONTAINE: Les projets depuis 1960 ne concernent pas Woods &
Gordon...
M. PINARD: ... de refuser du revers de la main les recommandations qui
sont contenues dans un rapport aussi bien fouillé que celui de Woods and
Gordon et qui est passablement en accord avec les recommandations même du
comité formé des hauts fonctionnaires que j'avais nommés
à l'époque pour en faire l'étude. Je suis surpris...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. PINARD: ... d'entendre le ministre me répondre aujourd'hui que
les principales recommandations du rapport de Woods and Gordon sont mises de
côté et que le ministre préfère prendre celles
faites par son comité. Je ne sais pas qui compose ce
comité...
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond, soit qu'il ne
veuille pas comprendre, ou j'ai peur d'être obligé de tirer
l'autre conclusion.
M. PINARD: Je ne dis pas que je ne veux pas comprendre mais...
M. LAFONTAINE: Voyons! Le député n'a encore rien
compris.
M. PINARD: ... je ne suis certainement pas en mesure de
comprendre...
M. LAFONTAINE: Il fait semblant de ne pas comprendre!
M. PINARD: ... la situation avec les réponses qui m'ont
été faites par le ministre.
M. LAFONTAINE: Bien voyons donc!
M. PINARD: Ce sont des réponses laconiques, ce sont des
réponses incomplètes et le ministre passe complètement
à côté des questions que je lui ai posées.
M. LAFONTAINE: Du tout, M. le Président, du tout.
M. PINARD: Il ne répond de façon précise à
aucune des questions qui lui ont été posées, absolument
pas.
M. LAFONTAINE: Article 1, M. le Président.
M. LACROIX: M. le Président...
M. THEBERGE: Le ministre a mentionné tout à l'heure qu'il
y avait eu 14 mutations parmi les ingénieurs. C'est normal. Je crois
qu'on a mentionné aussi qu'il y avait une pénurie à
l'embauchage des ingénieurs à la voirie; très bien, cela a
toujours existé. Mais est-ce la raison qui a amené les dirigeants
et le ministre responsable de la Voirie à garder l'ingénieur de
Ville-Marie au sujet duquel on a fait une enquête assez serrée et
sur qui des jugements assez sévères ont été
portés, et même qu'il a été prouvé qu'il
avait eu une conduite inacceptable? Comment se fait-il que le ministère
n'a pas procédé, comme le député de Joliette l'a
dit...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je ne saisis pas très,
très bien. Est-ce que le député me permet?
M. THEBERGE: Oui.
M. LAFONTAINE: Est-ce que ce serait le cas, par exemple, de la donation
par le député d'un rouleau à vapeur à la ville de
Témiscamingue que le député veut mentionner?
M. THEBERGE: Non, M. le Ministre. La question du rouleau à
vapeur...
M. LAFONTAINE: Non? Je m'excuse.
M. THEBERGE: ... il n'y avait absolument rien de malhonnête
là-dedans. Seulement quand un ingénieur demande des ristournes
aux entrepreneurs...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. THEBERGE: Je n'ai pas fini, M. le Ministre, si vous me
permettez...
M. LAFONTAINE: ... quand le député dit qu'il n'y a rien de
malhonnête de donner un rouleau à une ville, je n'ai pas
prétendu qu'il était malhonnête mais je pense bien qu'il
n'est pas dans les attributions d'aucun député de donner le bien
qui appartient au ministère de la Voirie.
M. THEBERGE: Non, M. le Ministre, le député du
Témiscamingue n'a jamais donné aucun rouleau. Cela a
été fait par l'entremise de la voirie, d'ailleurs le ministre est
très bien au courant! Cela ne règle absolument pas le cas de
l'ingénieur de la voirie de Ville-Marie au sujet duquel une
enquête a été faite. L'enquête s'est
avérée très sérieuse, avec des accusations
très sérieuses et prouvées, et c'est connu à la
grandeur du comté de Témiscamingue. C'est ça qui est
grave. Tous les gens de Témiscamingue savent ce qui a été
fait et en dépit de ça je ne fais pas de politique, M. le
Président, avec ça si j'avais su dans le temps moi, avant
juin 1966, ce qui se passait, je peux garantir au ministre que
l'ingénieur en question ne serait pas resté longtemps. Je ne le
savais malheureusement pas, c'est comme un ballon. On ne sait jamais ce qu'il y
a dedans tant qu'il n'est pas crevé. Bien il a crevé, et puis il
y a eu une enquête.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le chef de l'administration
m'informe qu'il y a eu plainte, en effet, portée contre le divisionnaire
en question, que rien n'a été prouvé contre ce
divisionnaire et qu'il a été muté à Montréal
à titre d'ingénieur résidant sur des contrats.
M. THEBERGE: Bien, M. le Président, dire que rien n'a
été prouvé, c'est une affirmation absolument gratuite
parce que ç'a été prouvé, c'est connu. Des
témoins ont témoigné à l'enquête. Alors,
qu'est-ce que vous voulez comme preuve?
M. LAFONTAINE: M. le Président, il y en a qui ont
témoigné blanc et puis d'autres ont témoigné noir.
Le chef de l'administration m'informe et c'est la première fois
que je prends connaissance du problème jamais on ne m'en a
informé. Je savais qu'il y avait eu transfert du Témiscamingue
à Montréal, sans connaître les raisons profondes. Je
regrette, je vois le député me faire signe qu'il est surpris.
Qu'il ne soit pas surpris, j'ignorais tout du cas jusqu'à ce que le
député le soulève en Chambre. Le chef de l'administration,
M. Simard, dit qu'il y a eu enquête sur les accusations portées
contre le divisionnaire en question et que rien n'a été
prouvé ni d'un côté ni de l'autre, mais on a jugé
qu'il n'avait peut-être pas les qualités pour être
divisionnaire et on l'a transféré à Montréal lui
confiant l'ouvrage d'ingénieur résidant sur les différents
travaux que le ministère de la Voirie fait dans la région
métropolitaine de Montréal.
M. THEBERGE: M. le Président, dans ce cas-là il n'y a plus
rien à comprendre dans une enquête!
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense bien que le
député va comprendre. Je ne sais pas ce qu'il y a en
arrière de ça, mais si le député a vraiment des
accusations et des preuves à apporter, je l'invite à venir les
donner au ministère de la Voirie et si les preuves que le
député du Témiscamingue apporte se révèlent
vraies, objectives, qu'il n'en doute pas, le ministre de la Voirie prendra
toutes les dispositions nécessaires afin que justice soit rendue.
M. THEBERGE: M. le Président, j'ai dit que je n'étais pas
au courant avant le 5 juin, alors, ce n'est pas moi qui avais les preuves. Si
j'avais eu les preuves, je n'aurais pas attendu le 5 juin pour essayer de voir
le ministre de la Voirie du temps, et lui expliquer cela. Je ne les avais pas
les preuves; les preuves ont été données à
l'enquêteur, réellement données à
l'enquêteur.
M. LAFONTAINE: M. le Président, jusqu'au 5 juin 1966, ce
divisionnaire était dans le comté du député
concerné?
M. THEBERGE: Oui.
M. LAFONTAINE: ...et lui-même admet que, jusqu'au 5 juin, il ne
s'est rendu compte de rien.
M. THEBERGE: Non, c'est vrai.
M. LAFONTAINE: Lui qui vivait dans ce milieu...
M. THEBERGE: C'est vrai.
M. LAFONTAINE: ... et il voudrait, aujourd'hui, que le ministre à
brûle-pourpoint en Chambre lui dise: Vous n'avez pas retenu les
accusations. M. le Président, je ne suis pas l'enquêteur officiel
du ministère de la Voirie. Il y a des gens qui sont mandatés au
ministère de la Voirie pour faire cette sorte de travail; ils
relèvent du chef de l'administration, M. Simard, qui est à mes
côtés. M. Simard m'informe qu'il y a eu enquête, il y a eu
dépositions pour, dépositions contre. Qui a tiré la
conclusion? Je n'en sais rien, ils lui ont donné le
bénéfice du doute. Ils l'ont déplacé de la division
du Témiscamingue à Montréal et on lui a donné le
poste d'ingénieur résident. Maintenant, je dis ceci au
député: Si le député en connaît plus que le
ministère de la Voirie, je l'invite à venir au ministère
de la Voirie c'est son devoir...
M. ROY: Bien oui.
M. LAFONTAINE: ... non seulement comme député, mais comme
simple citoyen et à poser des gestes concrets. Qu'il prenne ses
responsabilités d'homme, qu'il porte les accusations, qu'il apporte les
preuves voulues et je vous dis, M. le Président, que si à ce
moment-là les allégations du député du
Témiscamingue se révèlent vraies, le ministre de la Voirie
prendra toutes les dispositions voulues afin que justice soit faite.
M. ROY: Très bien.
M. THEBERGE: M. le Président, je ne suis pas ici pour accuser; je
suis ici simplement pour mentionner le rapport qui a été fait par
l'enquêteur. Si le ministre est de bonne foi, je suis prêt à
aller avec lui et on va lire le rapport de l'enquêteur et je connais
plusieurs détails qui existent dans le rapport de l'en- quêteur.
Ces choses-là ne sont pas en blanc et noir, c'est en noir. Alors, si le
ministre est prêt, n'importe quand, j'irai à son bureau, on
examinera le rapport de l'enquêteur, puis je me fierai au jugement du
ministre pour dire si oui ou non on avait raison.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je viens d'entendre le
député de Témiscamingue dire: Si le ministre est de bonne
foi. Moi, je dis ceci, M. le Président: Si le député avait
été de bonne foi, il m'en aurait parlé avant de venir en
Chambre et je l'aurais écouté. Nous aurions regardé
ensemble le rapport sur le divisionnaire en question, nous l'aurions
analysé et si jamais des preuves qui sont apportées dans ce
rapport que je n'ai pas vu remarquez-le bien, M. le Président, je
n'ai pas vu le rapport, c'est le chef de l'administration qui m'informe
à l'heure actuelle qu'on a donné dans le rapport le
bénéfice du doute au divisionnaire, mais que rien ne pouvait
être prouvé Maintenant, si le député a des
preuves, je l'invite. Qu'il vienne me voir, nous ferons sortir le rapport, nous
le ferons venir; je ne le rencontrerai pas seul, je le rencontrerai avec
plusieurs de mes hauts fonctionnaires, nous regarderons ces accusations, nous
rouvrirons l'enquête et, si le député a raison, je vous dis
moi que le divisionnaire en question entendra parler de quelque chose.
Maintenant, il y a un autre point. Vu que le député
soulève la question en Chambre, si les accusations portées
à son endroit se révèlent fausses, qu'est-ce que le
député a l'intention de faire à ce sujet-là? C'est
un autre côté de la médaille ça, M. le
Président.
M. THEBERGE: M. le Président, je n'ai pas voulu le mentionner
avant, mais puisque la question du rouleau est soulevé elle
était venue dans une conversation intime je me vois obligé
de rappeler au ministre que je lui en ai parlé du cas de cet
ingénieur. Maintenant, je n'avais nullement l'intention de parler de
cette question aujourd'hui; je suis arrivé il y a une heure par avion,
je ne savais même pas que c'était le budget de la Voirie, Alors,
il n'y avait aucune préméditation, je n'avais pas du tout cette
intention, mais c'est venu sur le tapis, c'est comme ça que j'en ai
parlé. Alors, comme je vous le dis, j'en ai parlé
déjà au ministre, puisqu'il parle du rouleau...
M. LAFONTAINE: Si le député me permet...
M. THEBERGE: Non, non, je vous en ai parlé
déjà.
M. LAFONTAINE: ... tout simplement comme précision.
M. THEBERGE: Oui.
M. LAFONTAINE: Le député m'a dit; Il paraît que
c'est un bon divisionnaire, que c'est un bon gars. J'ai dit: Je pense que oui,
il a passé quelque temps dans mon comté et j'ai été
très satisfait. C'est quelqu'un qui a à coeur de rendre service
à la population. Pour ce qui est des accusations concernant le
divisionnaire, il n'en a jamais été question entre le
député et moi-même. Maintenant, je déplore que le
député amène une conversation privée...
M. THEBERGE: Non, justement je ne voulais pas...
M. LAFONTAINE: ... qui a duré trente secondes entre le
député de Témiscamingue et moi-même, M. le
Président.
M. THEBERGE: Non, je le regrette infiniment mais seulement je n'aurais
pas aimé que vous ameniez la question du rouleau qui est une question
bien honnête. Ce n'était pas plus juste de votre part d'apporter
la question du rouleau que pour moi d'apporter la conversation. Je n'en aurais
pas parlé. Seulement, vous avez voulu apporter ça, monsieur le
ministre; évidemment, il fallait que je me défende. De toute
façon, il reste que l'enquête est là... Puis j'avais fait
une offre au ministre. J'aimerais lire l'enquête si c'est permis, le
rapport de l'enquêteur...
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'invite le député
à venir à mon bureau, je lui soumettrai le rapport de
l'enquêteur...
M. THEBERGE: Oui.
M. LAFONTAINE: Il en prendra connaissance, M. le Président, et si
dans ce rapport certaines choses se révèlent inexactes, j'aurai
énormément de reconnaissance à son endroit s'il voulait me
compléter la cause et me donner les informations ou les
explications...
M. THEBERGE: J'accepterai l'invitation du ministre avec plaisir.
M. LAFONTAINE: Très bien. Maintenant,le député
remarquera que tous ces ennuis que le ministre a, ce sont des ennuis qui datent
d'avant le 5 juin 1966.
M. THEBERGE: Oui, oui, d'accord.
M. LACROIX: M. le Président, au tout début de
l'étude des crédits du ministère de la Voirie, vendredi
matin, j'ai demandé à l'honorable ministre s'il ne voulait pas
dire à cette Chambre s'il avait effectué à son
ministère des transformations majeures depuis le 16 juin dernier, s'il
avait donné une orientation nouvelle à la politique de la voirie
au Québec et je lui avais également demandé de nous
exposer le plan ou les plans que son ministère désirait
réaliser dans les années à venir. Je lui demandais aussi
d'informer la Chambre des projets immédiats et futurs de son
ministère afin de doter la province d'un réseau routier
adéquat et répondant aux exigences actuelles.
A ce moment-là, M. le Président, le ministre a dit qu'il
n'avait pas de réponse à donner et qu'il étudierait le
budget article par article. Je lui faisais remarquer qu'étant
donné que le rapport du ministère de la Voirie cette année
ne contenait pas de rapport du sous-ministre ni des responsables des
différentes sections, ou secteurs de son ministère, il
était essentiel pour la bonne marche de l'étude des
crédits de son ministère qu'il nous fasse un exposé. Et le
ministre a dit que ce n'était pas l'habitude, la coutume. Je voudrais le
rapporter à la page 2147 du journal des Débats du jeudi, 13
avril, alors que son maître en procédure, le député
de Champlain, ministre de l'Industrie et du Commerce, déclarait: Comme
il est coutume dans cette Chambre depuis plusieurs années, le ministre
responsable, avant l'étude de ses crédits, fait toujours une
déclaration et je voudrais vous transmettre mon message. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour remplir son mandat qui est
de promouvoir, etc.
M. LAFONTAINE: La on est loin de l'article.
M. LACROIX: Et le ministre de l'Industrie et du Commerce donnait un
rapport...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LACROIX: ... sur les activités de son ministère, sur ce
qu'il entrevoyait pour l'avenir. Il parlait des activités actuelles, du
bureau de recherche économique, de la direction du commerce, du bureau
de la statistique. Il parlait des directions, des pêcheries. Je crois
qu'il serait raisonnable et normal que le ministre de la Voirie, pour
suppléer au manque du rapport du ministère, pour remplacer le
rapport du sous-ministre et des responsables des différentes sections de
son ministère, informe cette Chambre s'il a réellement des
projets et ce qu'il
entend réaliser dans les prochaines années pour
améliorer le réseau routier. Je ne peux pas croire qu'un ministre
responsable d'un secteur aussi vital pour l'économie de la province ne
possède pas un plan de réalisation. Pourquoi le ministre
refuse-t-il de dire à cette Chambre quels sont les projets
immédiats du ministère? Est-ce qu'il a effectué des
changements majeurs dans la direction de son ministère? Est-ce qu'il a
donné une nouvelle orientation à la politique de la Voirie?
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il a été convenu, je
pense...
M. LACROIX: Vous ne comprenez rien. Tachez donc de vous en retourner,
nous avions la paix tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il a été convenu, à
deux reprises au moins au cours du débat, que l'on procéderait
article par article et l'on s'est éloigné un petit peu de la
question traitements. Je conseille donc, si cela peut se faire, à
l'honorable député d'en revenir à cette question de
traitements pour...
M. PINARD: ... administration...
M. LACROIX: Mais, M. le Président, nous sommes à l'article
administration, et je viens de vous donner...
M. LAFONTAINE: M. le Président,...
M. LACROIX: ... ce que le maître du côté...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ... ministériel de la procédure parlementaire
a déclaré le 13 avril. Est-ce que ce qui était vrai...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LACROIX: ... pour le ministre de l'Industrie et du Commerce n'est pas
vrai pour les autres membres de cette Chambre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je veux bien prendre les déclarations
faites par certains honorables ministres, mais j'aime encore mieux m'en
rapporter aux règlements eux-mêmes.
Les règlements nous ordonnent, à moins qu'il y ait
consentement du contraire, de procéder article par article et je demande
aux honorables députés de bien vouloir se soumettre à ce
règlement.
M. LACROIX: M. le Président, bien respectueusement, je voudrais
vous demander de me mentionner l'article du règlement qui défend
à un ministre d'informer la Chambre de la politique de son
ministère.
DES VOIX: A l'ordre! UNE VOIX: Article 381.
M. LE PRESIDENT: J'attire l'attention de l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine sur les articles 342 et 381. 381
notamment, Comité des subsides: « Chaque article du budget des
dépenses est pris en considération séparément, etc.
» Alors, je voudrais qu'on s'en tienne à l'article: «
traitements ».
M. PINARD: M. le Président, si vous me permettez d'intervenir, je
pense que nous sommes à l'article général: «
administration »...
M. LACROIX: C'est ça.
M. PINARD: ... et l'article général: administration, il y
a des sous-articles, traitements, frais de voyages, frais de bureau, etc.
Je pense que nous en sommes encore aux remarques préliminaires,
à la période des questions qui permettent aux
députés de cette Chambre de savoir quelles sont les grandes
lignes de l'administration du ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... quelles sont les grandes lignes d'un plan directeur
routier pour les prochaines années, s'il en existe un...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... quelles sont les réformes que l'Etat a
apportées sur le plan administratif au ministère de la Voirie,
s'il y en a eu. Ce sont autant de questions, je pense, qui sont
régulières, qu'il est dans l'ordre de poser. Je pense que nous ne
pouvons quand même pas trahir le mandat qui nous est confié
déposer ces questions de façon à nous informer
nous-mêmes et à mieux informer la population.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine, disant que j'ai refusé
de répondre à une question vendredi matin, a biaisé
un peu et a parlé du rapport présenté par le
ministère de la Voirie, ne contenant pas de commentaires de la part des
différents chefs de service. Je dois lui dire qu'au cours des
dernières années, à diverses reprises, il y a eu rapport
des chefs de service dans le rapport du ministère de la Voirie. Le
député des Iles-de-la-Madeleine pourra toujours consulter le
rapport de la Voirie de 1965, de 1964, de 1963, de 1962, de 1961, de 1960;
c'est toujours à peu près les mêmes rapports qui se
répètent, mais je lui dirai cependant qu'il ne vérifie pas
l'année précédente, qui était la dernière
année de l'ancienne administration de l'Union Nationale, parce qu'il va
se rendre compte, à ce moment-là, qu'il n'y a pas eu de rapport
de fait. Quand le député de Drummond m'a souligné que,
dans le rapport de cette année, il n'y avait pas de commentaires venant
de la part des chefs de service, je suis allé voir le chef du bureau de
l'information au ministère de la Voirie, M. Quinty et M. Quinty dit:
C'est une tradition qui existait au ministère de la Voirie. Lorsqu'il y
avait un changement de gouvernement, on ne donnait pas le rapport des chefs de
service. J'ai dit: Pourquoi avoir maintenu cette...
Il a dit: Voici, M. le ministre, en 1960... Mais qui a donné les
ordres en 1960? Je n'accuserai pas le député de Drummond, mais
c'était le sous-ministre du temps, à ce moment-là, M. le
Président, qui avait donné les ordres dans ce sens-là. Je
regrette, mais le député de Drummond pourra, s'il le veut,
vérifier et le député des Iles-de-la-Madeleine
également tous les rapports du ministère de la Voirie depuis
1960, 1961, 1962. Il verra que le rapport des chefs de service est sensiblement
le même d'année en année.
On demande l'orientation du ministère, quels sont les grands
projets que le ministère de la Voirie envisage. Je dirai au
député des Iles-de-la-Madeleine qu'il attende à l'article
6. Le député de Drummond dit: Bien, c'est de l'administration.
Oui, d'accord, M. le Président, c'est de l'administration, mais
normalement les crédits d'un ministère sont votés article
par article. Nous sommes présentement au poste 1, article 1, ce qui
regarde les traitements, ça ne regarde pas à ce moment-là,
si vous voulez, globalement, le ministère.
Il est évident que certains ministres font certaines
déclarations lorsqu'on discute de leur budget, de leurs crédits.
Il en a été ainsi avec le ministre du Travail ou le ministre de
l'Industrie et du Commerce. La Chambre l'a accepté, bien mon dieu
seigneur, je ne vois aucune objection, mais je dis au député des
Iles-de-la-Made- leine que s'il veut me questionner sur les projets que le
ministère de la Voirie envisage pour l'année qui vient, il aura
tout le loisir de le faire à l'article 6-1. Si ça regarde, par
exemple,la reconstruction de la route 6, Matane-Gaspé, c'est à
l'article 6-2. Si ça regarde la construction du boulevard
Métropolitain, ça sera à l'article 6-3. Pour la protection
du public aux passages à niveau, ce sera le poste 6, article 4. Si
ça regarde l'établissement des terrains de camping, ce sera 6, 6.
Si ça regarde la route transcanadienne, ça sera l'article 7.
C'est pour cela qu'on a prévu des articles. S'il fallait que les travaux
de la Chambre s'opèrent suivant la mentalité du
député des Iles-de-la-Madeleine, il n'y aurait qu'un article dans
le livre des prévisions budgétaires, ce serait l'article 1-1, et
on discuterait généralement de tous les éléments.
Si on a voulu diviser article par article, et avec des sous-articles, c'est
parce que le législateur a voulu procéder par ordre.
J'apprécierais grandement que, du côté de l'Opposition, on
comprenne mon point de vue, qu'on ne tente pas de me faire faire des
déclarations quand je ne veux pas en faire. Je n'en ferai pas de
déclarations quand je ne veux pas en faire. Mais qu'on me pose des
questions bien concrètes, il y aura toujours une réponse
concrète au bout de la question.
M. LACROIX: C'est que, depuis quatre ans, j'ai été assez
assidu en cette Chambre, et j'ai vu de quelle façon
particulièrement le député de Labelle et le
député de Beauce ont participé à l'examen des
crédits du ministère de la Voirie. J'ai ici le rapport 1965 et le
rapport 1964 de la Voirie. Il y a, dans ce rapport, celui du sous-ministre,
celui de la direction générale du génie, sous
l'autorité de l'ingénieur en chef. Il y a celui de la direction
de la planification et particulièrement à cet article ce qui
était particulièrement intéressant, c'est qu'on avait
l'importance des investissements, le plan directeur, les travaux que le
ministère entendait réaliser, continuer ou entreprendre au cours
de l'année ou au cours des années à venir, ce qui avait
été réalisé, ce qui était en cours de
réalisation, et cela facilitait énormément le travail des
députés d'alors qui savaient ce qui était dans les plans
du gouvernement.
Je pense qu'à l'heure actuelle, le rapport du ministère de
la Voirie nous donne seulement des statistiques comté par comté,
nous disant: les sommes qui ont été dépensées soit
pour l'entretien des chemins d'hiver, soit pour l'entretien normal ou pour la
construction et l'amélioration des routes. Je suis convaincu que, si,
à l'heure actuelle, l'honorable ministre res-
ponsable de la Voirie, ou le ministre associé, ou le ministre
d'Etat à la Voirie, nous donnaient un aperçu du ou des plans que
le ministère a l'intention de réaliser au cours de l'année
qui vient ou au cours des prochaines années, cela hâterait de
beaucoup l'étude des crédits et je suis assuré que ce
serait profitable et pour le côté ministériel et pour le
côté de l'Opposition. Surtout cela serait de nature à
éclairer davantage la population du Québec sur ce que le
ministère de la Voirie est en voie de réaliser ou ce qu'il a
l'intention de faire pour améliorer le réseau routier de la
province de Québec dans les années à venir.
C'est une question de détail très importante, et je crois
qu'en refusant de nous livrer ce que le ministère a l'intention de
réaliser, on prive la population de renseignements qu'il serait
certainement dans l'ordre de lui donner.
M. LAFONTAINE: Je dois répondre d'abord que, relativement au
rapport que le ministère de la Voirie présentera l'an prochain,
on le fera en deux parties: Un rapport pour la vulgarisation des choses de la
Voirie et un rapport statistique. Alors le député des
Iles-de-la-Madeleine choisira entre les deux. S'il ne comprend pas le rapport
statistique, il prendra le rapport vulgarisé.
M. LACROIX: Je pense que le ministre pourrait être gentil. De
toute façon, j'ai procédé de façon assez gentille
jusqu'à présent.
M. LAFONTAINE: Je suis assez gentil.
M. LACROIX: Quant aux statistiques, à l'heure actuelle, je n'ai
pas besoin d'explications particulières venant du ministre, je sais que
deux et deux font quatre. Quant aux autres informations qui proviennent des
responsables, des directeurs de chacune des sections, je préfère
avoir les rapports qui sont fournis par l'ingénieur en chef, par les
responsables des différentes sections, quand ils écrivent en noir
sur blanc. J'aime bien la parole du ministre, mais j'ai bien les écrits
des fonctionnaires.
M. LAFONTAINE: Article 1.
M. PINARD: Encore à l'article « Administration », la
Chambre se souviendra qu'au cours de janvier 1966, j'avais envoyé en
France une mission technique composée de certains hauts fonctionnaires
du ministère de la Voirie qui devaient là-bas rencontrer les
responsables du cinquième plan français, de façon à
ce qu'il y ait une source féconde de colloques,de rencontres et de
discussions qui auraient pour conséquence la mise sur pied
éventuelle au Québec d'un véritable ministère ou
office du plan.
Nous avons réalisé au ministère de la Voirie qu'il
est absolument important d'avoir un ministère moderne capable d'aller du
côté de la planification routière, mais capable aussi de
donner les services nécessaires à d'autres organismes
gouvernementaux, à d'autres ministères qui ont pour fonction plus
précise de s'occuper de planification économique et de
décentralisation industrielle. A l'époque, la mission technique
était dirigée par le sous-ministre de la Voirie, M.
Labrèque, qui était également accompagné de son
assistant, M. Laperrière; de M. Henri Perron, directeur des services
techniques et de la circulation; de M. Jean-Paul Matte, directeur du service
des tracés et projets; de M. Raymond Désy, directeur du service
des ponts et structures et de M. Jean-Paul Quinty, directeur de
l'information.
Est-ce que le ministre pourrait nous faire un rapport
évidemment pas dans tous ses détails mais un rapport assez
général de cette mission technique, de ses activités et
des recommandations que ses hauts fonctionnaires ont faites à leur
retour au ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: M. le Président, des officiers du ministère
de la Voirie m'informent, parce que je ne le savais pas, que chacun des
fonctionnaires faisant partie du voyage a présenté un rapport au
chef de la délégation qui, à ce moment-là,
était le sous-ministre de la Voirie mais que le sous-ministre du temps
n'aurait jamais fait de rapport global qui aurait renfermé, en
chapitres, les rapports des fonctionnaires l'accompagnant. Partant de
là, je ne peux en dire plus long au député de Drummond. Il
y a peut-être dans les dossiers du ministère... je demande au
sous-ministre actuel de vérifier si M. Labrèque aurait fait un
rapport officiel, mais dans la mesure où je suis
concer-néf je n'ai jamais reçu de rapport officiel de
M. Labrèque relativement au voyage en France.
M. PINARD: Je me souviens que chacun des hauts fonctionnaires qui ont
fait partie de la délégation technique du ministère de la
Voirie à Paris a fait son propre rapport, selon sa
spécialité et selon sa sphère de compétence et
aussi selon le cadre des rencontres et des négociations entreprises avec
ses préopinants du ministère du Plan français et des
services gouvernementaux. Mais au retour, un rapport de synthèse a
été préparé par M. Laperrière, je crois,
à l'intention du sous-ministre, rapport
qui devait reprendre sensiblement les principales recommandations
contenues dans chacun des rapports des hauts fonctionnaires du
ministère. Est-ce que le ministre a pris connaissance de ce rapport de
M. Laperrière au sous-ministre? J'imagine facilement que ce rapport est
dans les dossiers du ministère.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si l'ingénieur en chef,
qui m'informe présentement, n'a pas pris connaissance du rapport, si le
sous-ministre adjoint n'a pas pris connaissance du rapport et si le voyage a eu
lieu en 1965, comment voulez-vous que le ministre actuel en ait pris
connaissance?
M. PINARD: M. le Président, le rapport de M. Jacques Charland,
directeur adjoint du service technique de la circulation est daté du 10
mars; le rapport de M. Jean-Paul Matte est daté du 3 mai 1966.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je viens de préciser au
député de Drummond que chacune des personnes accompagnant le
sous-ministre dans la tournée avait présenté un rapport au
sous-ministre, mais qu'il n'avait pas eu de résumé d'un rapport
fait par M. Labrèque ou M. Laperrière déposé au
comité des hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie. Si les
hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie n'ont pas pris
connaissance de la systhèse du rapport des différents
fonctionnaires, comment voulez-vous que moi, qui ai été
assermenté le 16 juin 1966, c'est-à-dire après cela, M. le
Président, j'aie pu en prendre connaissance? Le député de
Drummond est peut-être mieux placé que moi. Si le
député de Drummond a une réponse, j'apprécierais
grandement qu'il m'en fasse parvenir une copie.
M. PINARD: M. le Président, je suis quand même surpris des
remarques faites par le titulaire actuel du ministère de la Voirie.Le
rapport de synthèse préparé par M. Laperrière est
daté du 25 février 1966 et je me souviens fort bien que c'est le
sous-ministre du temps qui m'en avait remis une copie, parce que ce rapport
avait été directement remis au sous-ministre de l'époque,
M. Labrèque. Je vois mal que le ministre vienne affirmer aujourd'hui en
cette Chambre que ces documents n'existent pas dans les dossiers du
ministère, que personne dans la hiérarchie du ministère
n'en a pris connaissance.
Peut-être que le ministre n'en a pas pris connaissance, parce
qu'il n'en a pas eu le temps, mais je n'accepte pas son affirmation à
l'effet que les rapports ou que les documents n'existent pas.
M. LAFONTAINE: M. le Président, M. Quinty, chef du service
d'information, vient de m'informer qu'il faisait partie du groupe. M. Quinty
avait présenté son rapport, et il devait y avoir une
réunion subséquente de tous les hauts officiers du
ministère de la Voirie pour en préparer une synthèse, mais
cette fameuse rencontre n'a jamais eu lieu. Alors, il n'y a pas eu de rencontre
pour faire une synthèse des rapports. Le député de
Drummond prétend avoir, dans ses dossiers, un rapport signé par
M. Laperrière. Le rapport est adressé à qui?
M. PINARD: Au sous-ministre.
M. LAFONTAINE: Au sous-ministre,
M. Labrèque. Alors, je demande au sous-ministre actuel d'appeler
M. Labrèque pour qu'il nous fasse parvenir le rapport qui n'a jamais
été soumis aux hauts officiers du ministère de la Voirie
Le député de Drummond dit: Je ne chicane pas le ministre de la
Voirie, le député de Labelle, je trouve ça curieux que le
ministre de la Voirie n'en ait pas de copie. Quand l'ingénieur en chef
vient de m'informer, il y a trois minutes, que, lui non plus, il n'a pas vu le
rapport dont le député de Drummond fait mention
présentement. Alors, vous comprendrez que le ministre actuel n'a
certainement pas eu connaissance d'un rapport, d'une visite qui se sont faits
avant que lui-même soit assermenté à titre de ministre de
la Voirie. Mais si le député de Drummond veut collaborer avec le
gouvernement pour accélérer la procédure et la marche des
travaux en Chambre, j'apprécierais grandement qu'il me fasse parvenir
une copie de ce rapport, qui n'a jamais été porté à
la connaissance de la plupart des hauts fonctionnaires du ministère de
la Voirie, à l'exception peut-être, de M. Labrèque, si le
rapport lui était adressé.
M. PINARD: Vous comprendrez que ce n'est pas ma responsabilité de
documenter le ministre actuel de la Voirie. Il n'a qu'à demander aux
hauts fonctionnaires qui l'entourent, de lui fournir les documents dont il a
besoin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Et je ne suis pas responsable non plus des changements qui
sont survenus au niveau hiérarchique du ministère de la
Voirie.
M. LAFONTAINE: Le rapport...
M. PINARD: Le ministre de l'époque s'il voulait faire des
modifications...
M. LAFONTAINE: ... le rapport que le ministre a, serait-ce le
rapport...
M. PINARD: ... s'il voulait changer de sous-ministre ce pourquoi
je ne le chicane pas ça le regarde. Le sous-ministre a
certainement laissé des documents au ministère de la
Voirie...
M. LAFONTAINE : Ce n'est pas un ministre qui change un sous-ministre,
c'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. PINARD: ... au ministère de la Voirie.
M. ALLARD: Vous l'aviez apporté avec vous, ça!
M. LAFONTAINE: ... c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui change
un sous-ministre et non pas le ministre.
UNE VOIX: C'est très subtil.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le rapport dont fait mention le
député de Drummond était un rapport qui venait du dossier
du ministre de la Voirie?
M. PINARD: Non.
M. LAFONTAINE: Le rapport adressé, à M.
Labrèque?
M. PINARD: Moi, j'ai des photocopies de rapports...
M. LAFONAINE: Bon.
M. PINARD: ... qui ont été soumis à
l'autorité responsable à l'époque, au sous-ministre...
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond pourrait
me dire où il l'a pris, ce rapport?
M. PINARD: Ces rapports m'ont été donnés par les
officiers du ministère avant que je parte.
M. LAFONTAINE : Avant que vous partiez. Alors, je dois dire...
UNE VOIX: De la Voirie?
M. PINARD: Le rapport de M. Laperrière est daté du 1er
février.
M. LAFONTAINE: ... et préciser que le député de
Drummond vient d'admettre en Chambre qu'il est parti avec une partie des
dossiers appartenant au ministre de la Voirie. Aujourd'hui, il arrive en
Chambre, tente de faire une querelle et prétend que le ministre n'en a
pas pris connaissance, quand lui-même est parti avec le rapport.
M. PINARD: M. le Président, vous aurez remarqué la
gravité de l'accusation qui vient d'être portée par le
ministre de la Voirie, qui accuse l'ancien titulaire d'être parti avec
les dossiers appartenant au ministère de la Voirie. Je proteste
énergiquement contre cette affirmation mensongère du ministre et
je lui demanderais de bien vérifier auprès de M. Simard, le
régistraire du ministère de la Voirie qui est encore en fonction,
pour savoir si M. Simard, à mon départ, ne m'a pas signé
un certificat attestant que je n'étais parti avec aucun document
appartenant au ministère de la Voirie, et que les documents sont
restés en place. Je demande au ministre de retirer son accusation, parce
qu'elle est fausse et qu'elle est grave de conséquences aussi. Qu'il
vérifie auprès du régistraire, M. Léonce Simard, et
qu'il se fasse montrer le certificat attestant que l'ancien titulaire du
ministère de la Voirie n'est pas parti avec les documents appartenant au
ministère. Les documents que je possède sont les miens...
M. ALLARD: Ou des photocopies du ministère de la Voirie?
M. PINARD: ... et j'ai le droit d'en avoir. Je me suis fait faire des
doubles des documents...
UNE VOIX: Ah!
M. PINARD: ... que j'avais à l'époque la
responsabilité d'avoir. Je les ai conservés et je n'ai pas
à m'excuser auprès du ministre si je le questionne à
l'aide de ces documents. C'est à lui de rechercher les documents sur
lesquels je lui pose des questions: c'est à lui de s'informer
auprès des hauts fonctionnaires qui l'entourent. Ces documents-là
ne sont pas disparus. Les fonctionnaires qui, à l'époque, ont
préparés ces documents, sont pour la plupart en fonction:
d'autres ne sont pas tellement loin. L'ancien sous-ministre n'est pas tellement
loin du ministère de la Voirie; il est conseiller technique
auprès du conseil exécutif. Qu'on demande à M.
Labrèque si c'est vrai ou si ce n'est pas vrai que M. Laperrière
lui a fait rapport de cette mission technique en France et si ce n'est pas vrai
que chacun des membres
de cette mission technique a fait son propre rapport, lesquels ont fait
l'objet de la synthèse préparée par M. Laperrière
et qui devait servir de document de travail au ministère de la
Voirie.
M. LAFONTAINE: M. le Président, pour répondre au
député de Drummond, disons que nous allons faire une
synthèse du débat qu'il vient d'ouvrir sur un document pour lui
préciser que certains hauts fonctionnaires, faisant partie de la
délégation québécoise à Paris et ce
sont les mêmes fonctionnaires qui étaient en place lorsque le
député de Drummond était ministre me
précisent, premier point, qu'il n'y a jamais eu de rencontre
subséquente pour composer un résumé des différents
rapports. Le député de Drummond me dit: Il y a eu un rapport.
Présenté à qui? A M. Labrèque qui était
sous-ministre dans le temps. Le rapport signé par M. Laperrière
qui était conseiller technique du sous-ministre et non pas
assistant du sous-ministre, comme le député de Drummond l'a
mentionné à plusieurs reprises au cours de
l'après-midi.
M. PINARD: Ne nous chicanons pas sur les termes!
M. LAFONTAINE: Non, on ne se chicanera pas sur les termes...
M. PINARD: Il était assistant du sous-ministre.
M. LAFONTAINE: .. mais il y a tout de même une
différence au point de vue du titre,
M. PINARD: D'accord.
M. LAFONTAINE: Le conseiller du sous-ministre a fait une
synthèse, un résumé, des différents rapports, mais
il l'a fait seul, parce que les fonctionnaires qui ont fait partie de la
délégation à Paris n'ont jamais été
consultés sur la teneur du rapport présenté au
sous-ministre. Non seulement ils n'ont pas été consultés
quant à la teneur, mais ils n'en ont jamais pris connaissance, et le
député de Drummond dit au ministre de la Voirie: Bien c'est
curieux, vous n'avez pas de rapport. Je lui demande, au député de
Drummond: Est-ce qu'il y en a un rapport? Le député de Drummond
me dit: Oui, j'ai un rapport. Signé par qui? Signé par M.
Laperrière, adressé à M. Labrèque. Où le
député de Drummond l'a-t-il pris? Il dit: Au ministère de
la Voirie. Je lui dis au député de Drummond que, dans les
papiers, dans les dossiers relevant directement du ministre de la Voirie, il
n'y a pas de rapport signé par M. Laperrière adressé
à M. Labrèque. C'est là que je suis en droit de dire au
député de Drummond, que, s'il veut m'aider à
accélérer les travaux de la Chambre, s'il veut collaborer avec le
gouvernement pour être objectif, j'apprécierais grandement
recevoir une copie du rapport qu'il a, lui, et que moi je n'ai pas à
titre de ministre.
Je regrette d'avoir dit au député de Drummond qu'il est
parti avec les documents du ministère. Vu que le député de
Drummond m'informe que je pourrais l'avoir de M. Labrèque, je
consulterai M. Labrèque, et je tenterai d'obtenir une copie de ce fameux
rapport. Mais vous admettrez en même temps qu'il serait illogique
présentement de demander au ministre de la Voirie de commenter un
rapport qu'il n'a même pas vu et dont les hauts fonctionnaires du
ministère n'ont pas pris connaissance.
M. PINARD: M. le Président, cette partie de l'affirmation du
ministre à l'effet qu'il n'a pas pu prendre connaissance de ce document
parce qu'il ne lui a jamais été remis est peut-être la
conséquence de son refus, pendant cinq mois, de recevoir M.
Laperrière à son bureau malgré ses nombreuses demandes
d'entrevue, ce qui s'est terminé par le départ de M.
Laperrière. M. Laperrière, à mon avis, était un
personnage important au ministère de la Voirie, et sur le plan de la
compétence et sur le plan du travail qu'il avait à accomplir, et
cela ne minimise en rien la compétence et l'importance du travail qui
était exécuté par les autres hauts fonctionnaires du
ministère de la Voirie, mais ça explique
précisément pourquoi il y a eu une brisure dans l'administration
du ministère de la Voirie pendant cinq mois. C'est qu'après
l'arrivée du nouveau titulaire de la voirie, il n'a eu des consultations
qu'avec les personnes de son choix et il a laissé de côté
des personnes à qui on avait confié, à l'époque,
des responsabilités considérables, qui ont demandé des
entrevues, qui ne les ont pas eues. Lorsque finalement ces entrevues ont eu
lieu, le climat n'était pas tellement favorable pour permettre à
celui qui demandait l'entrevue d'avoir, dans un seul jet, le temps de mettre
sur la table du ministre une série de rapports d'études qui
avaient été confiées par l'ancien titulaire. A ce
moment-là, le climat n'était plus bon, il était temps de
partir. C'est peut-être ça l'explication que le ministre devrait
nous donner aujourd'hui plutôt que de nous donner celle qu'il nous a
donnée.
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président, si le député
de Drummond me le permet, après ces brèves remarques, je promets,
à l'avenir, de
soumettre mon agenda au député de Drummond avant de
consulter ou être conseillé par ces gens de mon choix,,
M. LACROIX: M. le Président...
M. ALLARD: Il était très facile pour n'importe quel
fonctionnaire de rencontrer le ministre et de lui remettre un rapport. Il
n'avait pas besoin d'une entrevue de deux heures pour remettre un rapport.
J'aimerais savoir dans quelles conditions le député de Drummond a
eu le rapport. Est-ce qu'il l'a reçu à son bureau pendant une
demi-heure ou s'il l'a tout simplement trouvé sur son bureau une
journée ou l'autre?
M. PINARD: M. le Président, la réponse est bien facile.
C'est qu'ayant pris les arrangements avec le ministère de l'Education
dans le cadre des échanges techniques prévus entre le
gouvernement français et le gouvernement du Québec, je me suis
intéressé personnellement à mettre sur pied cette mission
technique et à envoyer de bons représentants du ministère
de la Voirie à Paris rencontrer ceux qui avaient la
responsabilité de la conception et de la mise à exécution
du cinquième plan français. Comme je me suis
intéressé à mettre cette mission technique sur pied au
Québec, je me suis intéressé au travail qu'elle a fait
là-bas et je me suis intéressé aussi à savoir si
des rapports seraient préparés par les membres de cette mission
technique, rapports qui ont été effectivement
préparés par chacun d'eux et remis au sous-ministre. Ce sont ces
documents-là que j'ai en ma possession.
Je n'ai pas à en rougir, je les ai eus de la façon normale
et j'étais le titulaire du ministère à l'époque. Je
les ai demandés, ces rapports, on me les a donnés. Qu'on me dise
aujourd'hui qu'ils n'existent pas, ça me surprend, qu'on me dise que
c'est M. Laperrière qui n'a pas remis le rapport au nouveau titulaire de
la Voirie, c'est faux...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'aime pas la façon
avec laquelle le député de Drummond présente et aborde la
question...
M. PINARD: ... parce qu'il n'a pas pu obtenir d'entrevue pendant cinq
mois, c'est la raison pour laquelle il est parti du ministère de la
Voirie.
M. LAFONTAINE: ... quand je dis que M. Quinty n'a jamais
été consulté pour écrire le rapport, M. Quinty est
ici en Chambre, il n'a pas le droit de parole, mais c'était tout de
même le chef du département de l'information lorsque le
député de Drummond était ministre de la Voirie. Quand
l'ingénieur en chef qui est en arrière ici, qui était en
arrière il y a quelques minutes, M. le Président, me dit qu'il
n'a jamais été consulté, qu'il n'a jamais vu le rapport,
ce sont tout de même des gens qui vivent dans l'ambiance du
ministère de la Voirie, ce ne sont pas des incarnés du
ministère de la Voirie, ce sont des gens en place. Ils n'ont jamais vu
le rapport de M. Laperrière, ils n'ont jamais été
consultés...
M. PINARD: Est-ce que le ministre...
M. LAFONTAINE: ... quant à la teneur du rapport de M.
Laperrière. Alors je comprends mal le député de Drummond
de toujours revenir sur la même question et de laisser porter un odieux
sur le ministre actuel. Si les officiers du ministère de la Voirie n'ont
pas été consultés quant à la teneur du rapport, si
les officiers du ministère de la Voirie n'ont pas lu le rapport, comment
voulez-vous que le ministre actuel qui a été assermenté le
16 juin l'ait lui, lui, le rapport? Tant mieux si le député de
Drummond en a une copie entre les mains. Je tiens à lui dire que le
ministre actuel de la Voirie n'en a pas entre les mains et n'en a pas dans ses
documents non plus. C'est ma mise au point, et je pense bien que le
député de Drummond va comprendre à ce moment-là. Il
n'est pas question de faire le procès de M. Laperrière, il n'est
pas question de faire le procès de M. Labrèque. Je me suis
abstenu jusqu'à ce moment-ci, M. le Président, d'être
désagréable contre quelqu'employé que ce soit du
ministère de la Voirie actuel ou passé. Je pense bien que le
député de Drummond va comprendre. Ce n'est pas une question de
personnalité.
Le député de Drummond part sur un prétendu rapport
passant par Paris, par Québec et par Montréal, il est en train de
blâmer le ministre de la Voirie de ne pas avoir reçu M.
Laperrière. Mais, le député de Drummond a
déjà été ministre de la Voirie. Si le ministre de
la Voirie acceptait de recevoir tous les gens qui demandent une entrevue, il
n'aurait pas assez de 24 heures par jour, de sept jours par semaine puis de 52
semaines par année, surtout dans une période où le nouveau
gouvernement a été assermenté. C'est-à-dire lorsque
j'ai été assermenté à titre de ministre de la
Voirie, évidemment j'ai hérité du passé, j'ai
hérité d'une grève de professionnels, tous les travaux
étaient bloqués à la grandeur de la province et nous
avions l'urgence de l'Expo. Il fallait à ce
moment-là bâtir ou finir de bâtir les réseaux
routiers entourant la ville de Montréal...
M. PINARD: Cela a été bien commencé.
M. LAFONTAINE: ... pour que ce soit prêt à temps pour
l'Expo, et je pense bien que tous les efforts du gouvernement et du ministre de
la Voirie, en tant que je suis concerné, ont porté sur ce point
particulier. Alors je comprends mal la chicane du député de
Drummond autour du nom de M. Laperrière et je dis au
député de Drummond: s'il a une copie du rapport de M.
Laperrière, j'apprécierais l'avoir. Est-ce que le
député de Drummond peut rendre ce service au ministre de la
Voirie?
M. PINARD: M. le Président, ce serait beaucoup plus simple pour
le ministre de demander à chacun des membres...
M. LAFONTAINE: Je parle du condensé, M. le Président, le
condensé.
M. PINARD: ... de cette mission technique, de leur demander si chacun a
produit un rapport au sous-ministre de l'époque, M. Labrèque.
Alors ces documents-là existent...
M. LAFONTAINE: La synthèse du rapport, M. le
Président.
M. PINARD: ... demandez à M. Labrèque, si M.
Laperrière, son conseiller technique, ne lui a pas remis un rapport de
synthèse de ces différents rapports préparés par
les membres de la division technique. Je pense qu'il n'y a rien de
mystérieux là-dedans.
M. LAFONTAINE: Je vais poser les gestes, mais ce serait tellement plus
simple si le député de Drummond me faisait parvenir cet
après-midi une copie du rapport qu'il possède.
M. PINARD: Ce sur quoi je ne suis pas d'accord avec le ministre, c'est
quand il prétend qu'il n'a pas en main les documents ou qu'ils
n'existent pas au ministère. Ce qui aurait comme signification...
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond, qui est avocat, connaît la valeur des mots...
M. PINARD: Ce qui pourrait signifier...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas dit qu'il n'existait pas au ministère
de la Voirie, j'ai dit qu'il n'existait pas dans les dossiers du ministre de la
Voirie et j'ai dit, de plus, M. le Président, qu'aucun des hauts
fonctionnaires du ministère de la Voirie n'a vu le rapport que le
député de Drummond a sur son bureau. L'ingénieur en chef
m'informait tout à l'heure qu'il n'a jamais vu ce rapport-là. M.
Quinty, qui faisait partie de la délégation, m'a aussi
affirmé qu'il n'a jamais vu la synthèse du rapport de tous les
chefs de services ou de tous les fonctionnaires qui...
M. PINARD: M. le Président...
M. LAFONTAINE: ... ont accompagné M. Labrèque en
France.
M. PINARD: Ce n'est pas le rapport de M. Quinty, parce qu'à
l'époque...
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond qui est avocat
connaît la valeur des mots, M. le Président.
M. PINARD: Le rapport de M. Quinty n'était pas
préparé au moment de mon départ du ministère,
alors, je ne l'ai pas.
M. ALLARD: Si le rapport n'était pas préparé, vous
avez le rapport synthétique de M. Laperrière. Sur quoi s'est-il
basé pour préparer la synthèse?
M. PINARD: C'est le seul rapport...
M. ALLARD: Et qui l'a eu? Pas un député ici ne l'a vu.
M. PINARD: C'est le seul rapport qui manquait, et M. Laperrière
dit dans son rapport qu'il lui manque un rapport, celui de M. Quinty.
M. ALLARD: M. Quinty a remis son rapport, comme chacun des membres.
M. PINARD: ... Il avait le rapport des autres membres...
M. ALLARD: M. Laperrière a, lui aussi, fait son rapport, mais le
rapport de synthèse préparé par M. Laperrière, vous
êtes le seul avec M. Labrèque à l'avoir vu. Il n'y a pas un
des employés ici qui l'a vu. C'est là que je me demande comment
il a pu faire un rapport de synthèse, lorsqu'il n'avait pas celui des
autres.
M. PINARD: M. le Président, qu'on ne fasse pas de drame avec
rien, il manque un rapport, celui de M. Quinty. M. Quinty...
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député de
Drummond...
M. PINARD: ... qui a le sens des responsabilités, dira...
M. LAFONTAINE: ... ne veut pas faire de drame, qu'il m'envoie donc une
copie du rapport, cela va simplifier les choses.
M. PINARD: De toute façon, je pense bien que c'est assez
incroyable de penser pour un seul instant que l'ingénieur en chef, par
exemple, que je connais bien, qui a le sens des responsabilités et une
haute compétence, n'ait pas été au courant, au dire du
ministre c'est ce que j'ai compris de son affirmation de cette
mission technique des membres de son personnel en France.
M. LAFONTAINE: Non, non, M. le Président...
M. PINARD: Qu'il n'ait pas été au courant non plus des
rencontres des membres de cette délégation...
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond...
M. PINARD: ... avec les membres...
M. LAFONTAINE: ... qui est avocat connaît la valeur des mots. Il
n'a pas le droit de supposer qu'un haut fonctionnaire ne savait pas que
certains membres de son personnel se rendaient en France.
M. PINARD: C'est vous qui l'avez dit.
M. LAFONTAINE: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit, M. le
Président. Ce que j'ai dit au député de Drummond, c'est
que la synthèse des rapports, faite par M. Laperrière à M.
Labrèque, l'ingénieur en chef n'en a pas pris connaissance, ne
l'a jamais vue...
M. PINARD: Cela est possible.
M. LAFONTAINE: C'est que M. Quinty, le chef de l'information, n'en a pas
pris connaissance, ne l'a jamais vue. Alors, pourquoi le député
de Drummond prend-il un ton dramatique pour tenter de blâmer le ministre
actuel de la Voirie? Je ne peux pas l'avoir vue, M. le Président, aucun
des hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie ne l'a vue. Dans
cette Chambre, M. le Président, il y a un homme qui l'a vu, le rapport,
c'est le député de Drummond, ancien ministre de la Voirie. Tirons
nos conclusions, M. le Président.
M. PINARD: C'était mon affaire, c'était ma
responsabilité d'en prendre connaissance aussi, M. le Président.
Mais ce n'est pas une raison parce que M. Labrèque n'est plus titulaire
du poste de sous-ministre à la Voirie, ce n'est pas une raison parce que
M. Laperrière est parti après cinq mois de demandes d'entrevue
qu'il n'a pas eue avec le nouveau titulaire de la Voirie...
M. LAFONTAINE: Mais ce n'est pas...
M. PINARD: ... ce n'est pas une raison pour prétendre que les
rapports n'existent pas et que ces documents-là n'ont pas
été préparés, tel que je viens de
l'expliquer...
M. LAFONTAINE: Ils existent les rapports, M. le Président, ils
sont dans les dossiers du député de Drummond.
M. ALLARD: Pour vérifier, on va demander le rapport.
M. PINARD: Je dis cependant que la raison probable...
M. ALLARD: On va tirer l'affaire au clair...
M. PINARD: ... du fait que le ministre ne connaît pas l'existence
du rapport qui était convenu...
M. ALLARD: M. le Président, on va faire venir le dossier au
complet, on va vérifier pour voir s'il y a une copie du rapport de M.
Labrèque.
M. PINARD: ... c'est qu'il n'y a pas eu de rencontre entre le
sous-ministre de l'époque, M. Labrèque et M. Laperrière
pour les raisons que j'ai énumérées tantôt. C'est
tout, je ne chicane pas le ministre. Je le mets au courant de l'existence de
ces rapports; qu'il en prenne connaissance maintenant et il nous dira un peu
plus tard...
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond ne chicane pas, il
parle longtemps, M. le Président.
M. PINARD: ... ce qu'il entend faire avec les recommandations qui y sont
contenues, c'est tout.
M. LACROIX: M. le Président, ce qui me semble un peu
extraordinaire, c'est qu'à la lumière des propos tenus par
l'honorable ministre de la Voirie, il semble que depuis qu'il a
accédé aux responsabilités du ministère de la
Voirie, il y a eu très peu de communications entre lui et l'ancien
sous-ministre de la Voirie qui a assumé ces responsabilités de
1960 à 1966.
M. LAFONTAINE: 1961, M. le Président.
M. LACROIX: De 1961 à 1966. Puisque l'ancien sous-ministre est
aujourd'hui conseiller technique auprès du cabinet du conseil
exécutif, il me semble que le ministre aurait avantage à demander
à son sous-ministre s'il n'y aurait pas des rapports au ministère
concernant certains travaux et certaines études qui ont
été poursuivis et dont le ministre n'aurait pas pris connaissance
jusqu'ici.
Il est certain, si M. Laperrière a donné un rapport au
sous-ministre, que le rapport était là, mais le sous-ministre a
été envoyé dans une autre direction. Si le ministre ne
s'est pas informé auprès de l'ancien sous-ministre s'il y avait
dans les dossiers du ministère des rapports concernant des
études, à ce moment-là ces rapports moisiront sur les
tablettes et il y aura une épaisse couche de poussière dessus
avant qu'on les étudie. Les raisons pour lesquelles le ministère,
l'honorable ministre a recommandé que son sous-ministre soit
permuté au poste de conseiller technique auprès du Conseil
exécutif ne devraient tout de même pas constituer une
barrière étanche, une clôture empêchant les
communications entre le ministre actuel et l'ancien sous-ministre et je pense
que le ministre actuel devrait communiquer avec le conseiller technique et lui
demander quels étaient les projets en marche lorsqu'il a quitté
le ministère afin que le ministre puisse connaître ce qui se passe
chez lui.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je dois encore préciser
que la nomination des sous-ministres relève du lieutenant-gouverneur en
conseil...
M. LACROIX: Je suis certain que vous étiez
complètement...
M. LAFONTAINE: ... et que le président du conseil, c'est le
premier ministre.
M. LACROIX: Je suis convaincu que vous ignoriez complètement que
votre sous-ministre était permuté une autre fois.
M. LAFONTAINE: Partant de là, je connais bien M. Labrèque,
j'ai même le plaisir de le compter comme un confrère de profession
parce qu'il est ingénieur comme moi. C'est un de mes amis, M. le
Président, nous nous entendons très bien et je pense bien que M.
Labrèque va peut-être être l'homme le plus malheureux
d'apprendre...
M. LACROIX: Est-ce que vous avez demandé au premier ministre de
vous libérer de vos amis?
M. LAFONTAINE: ... que du côté de l'Opposition on n'avait
pas d'autre chose à dire sur le ministère de la Voirie que de
tenter de ramener son nom, sa position, les rapports qu'il avait, les rapports
qu'il n'avait pas, les contacts qu'il avait eus avec moi. Je connais M.
Labrèque, c'est un gentilhomme, un de mes amis, puis il est certain que
M. Labrèque...
M. LACROIX: C'est pourquoi vous avez demandé au premier ministre
de vous libérer de vos amis.
M. LAFONTAINE: ... sera fâché des gestes que l'Opposition
pose à son endroit aujourd'hui.
M. le Président, M. Labrèque a accédé
à de plus hautes fonctions, Il est devenu conseiller technique
auprès du Conseil exécutif dont le chef et le
président...
M. LACROIX: Il doit être surchargé de travail.
M. PINARD: Ils l'ont placé haut sur les tablettes.
M. LAFONTAINE: ... est le député de Ba-got. Or, partant de
là, ça relève du Conseil exécutif. Pour autant que
je suis concerné, lors de la première rencontre que j'aurai avec
M. Labrèque, je lui soulignerai les paroles que l'on a eues à son
endroit aujourd'hui et je sais que ça ne lui fera pas plaisir parce que
M. Labrèque et moi-même, nous nous entendons très,
très bien.
M. PINARD: M. le Président, comme le ministre a dit tantôt
qu'il n'était pas au courant des rapports faits par les fonctionnaires
du ministère de la Voirie qui sont allés en mission technique en
France, mais que par contre il a fait une conférence au club Renaissance
de Montréal, le 20 mars 1967, pour annoncer la création future
d'un ministère de l'Equipement, pourrait-il nous dire comment il a pu se
faire rédiger un discours...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas dit que je
n'étais pas au courant du voyage. J'ai dit que je n'avais pas pris
connaissance du rapport signé par M. Laperrière et envoyé
à M. Labrèque. Cela fait au moins cinq fois que j'apporte cette
précision et le député de Drummond récidive
à chaque fois. On dirait qu'il n'est pas avocat, parce qu'un avocat,
normalement, connaît la valeur des mots. Je lui demanderais au moins
d'être loyal vis-à-vis de celui qui parle. Quand je dis que
j'étais au courant du voyage, mais que je n'ai pas pris connaissance du
rapport de M. Laperrière à M. Labrèque, c'est une autre
chose.
M. PINARD: M. le Président, il est quand même important de
souligner que le ministre, n'ayant pas pris connaissance de ce rapport et ne
connaissant pas son contenu, se soit lancé quand même dans un
discours au club Renaissance le 20 mars 1967 et ait annoncé la
création future d'un ministère de l'Equipement avec force
détails.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député de
Drummond avait lu le programme électoral de l'Union Nationale, il se
serait rendu compte que dans un des articles de ce programme, il y avait la
création d'un ministère de l'Equipement.
M. PINARD: Pour faire suite fort probablement à l'initiative
prise par l'ancien gouvernement et par l'ancien titulaire du ministère
de la Voirie...
M. LAFONTAINE: Les initiatives de l'ancien gouvernement, je vous les
laisse.
M. PINARD: ... qui avait mis sur pied cette mission technique et qui a
justement fait penser aux organisateurs de l'Union Nationale que c'était
une bonne chose que de mettre ça dans un programme électoral.
M. LAFONTAINE: C'était une politique de bon patronage en
même temps. Cela, c'était votre politique. Le député
de Drummond qui n'était pas au courant de ça, c'est
épouvantable, Il pensait qu'il avait inventé la lune.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2, « Entretien de routes
».
M. PINARD: Un instant. Pas trop vite.
M. ALLARD: Articles 1 et 2 adoptés? « Frais de voyage
», c'est le même montant, $600,000.
M. PINARD: Un instant. A l'article 1, j'ai une question à poser.
Est-ce que la mécanisation, les réformes à ce nouveau
service sont complétées?
M. ALLARD: La mécanisation? M. PINARD: Oui.
M. ALLARD: Cela relève, d'après ce qu'on me dit, du
Conseil de la trésorerie.
M. PINARD: Oui, je comprends que maintenant que la responsabilité
est passée au ministère des Finances c'est le Conseil de la
trésorerie qui en a la responsabilité au point de vue de
l'administration générale; mais, sur le plan des
conséquences, je veux savoir si la mécanisation est un
système qui est maintenant bien rodé et dont toutes les
structures ont été complétées au ministère
de la Voirie.
M. ALLARD: A partir du 1er avril, je crois que tout était
complété pour l'organisation définitive. On va voir un peu
les résultats avec l'application. Elles est censée être une
méthode supérieure à ce qui existait avant. On le verra
avec le temps suivant l'expérience. Cela devait être pour le 1er
avril.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. Article 2, « Frais de voyage
».
M. PINARD: Quelle est la justification de l'augmentation des frais de
voyage?
M. ALLARD: Seulement à « Frais de voyage »,
concernant l'administration à l'article en question.
M. PINARD: C'est le même montant?
M. ALLARD: C'est exactement le même montant.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté? Article 3, « Frais de
bureau ».
M. PINARD: Avant d'adopter l'article général. «
Administration », je veux savoir si ce serait le temps de poser une
question sur le comité d'enquête du transport et des
communications qui a été mis sur pied au cours de 1965 par le
ministère de la Voirie et qui a pour objet, pour fonction, de faire
l'inventaire des besoins routiers du Québec métropolitain qui
comprend, je crois, 33 municipalités? Le ministère de la Voirie,
alors que j'étais titulaire, a accor-
dé un contrat à une firme du nom de De Leuw, Cather,
Vandry et associés par l'entremise de la commission d'aménagement
avec une subvention spéciale payée ou payable par le
ministère de la Voirie, et ce bureau d'ingénieurs conseil avait
pour mission spécifique de faire l'inventaire des besoins routiers de la
région métropolitaine de Québec, de faire des
enquêtes de provenance et de destination, de faire des enquêtes sur
la rue auprès des piétons, auprès des automobilistes, et
avait aussi pour mission de rencontrer les autorités municipales en
place pour connaître leur plan d'urbanisme, leur plan directeur de
réseau routier municipal et intermunicipal. Est-ce que ce comité
fonctionne bien? Est-ce que les enquêtes vont bon train?
M. ALLARD: Oh! Il n'a pas été tellement vigoureux.
Evidemment, il y avait un président qui était un peu
fatigué. Actuellement, les enquêtes sont
complétées.
M. PINARD: Je ne parle pas du président de la commission
d'aménagement, je parle du bureau d'ingénieurs conseil de Leuw,
Cather, Vandry et Associés.
M. ALLARD: Le rapport définitif n'est pas terminé, mais
les enquêtes elles-mêmes sont terminées. Il y a eu des
rapports fragmentaires, mais le rapport définitif n'est pas encore
produit.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. PINARD: Est-ce que ce bureau d'ingénieurs conseil, dans son
mandat, a pour objectif d'étudier le problème de la
traversée Québec-Lévis?
M. ALLARD: Cela comprend toute la circulation métropolitaine et
également ce problème est inscrit dans cette étude. Toute
la circulation métropolitaine de la région de Québec. Cela
comprend, je crois, l'étude dans 32 municipalités.
M. PINARD: Est-ce qu'un rapport préliminaire a été
soumis par le bureau d'ingénieurs conseil aux autorités du
ministère de la Voirie?
M. LAFONTAINE: Oui, il y a un rapport, mais très
préliminaire.
M. PINARD: Est-ce que des recommandations plus ou moins précises
sur la traversée sans...
M. LAFONTAINE: C'est plutôt sur la statistique.
M. PINARD: Statistique de quoi?
M.LAFONTAINE : Démographique. Circulation économique, tout
simplement au point de vue statistique.
M. ALLARD: C'est la partie uniquement d'information concernant la
circulation, l'économie et ce sont les statistiques nécessaires
pour arriver à la présentation d'un rapport. C'est de
dégager les lignes nécessaires.
M. LAFONTAINE: Maintenant, l'étude continue mais le
député de Drummond doit comprendre que cette étude est
faite, disons que la partie technique, c'est peut-être le
ministère de la Voirie qui en a la responsabilité. Elle est faite
par la Commission d'aménagement du Québec et ne dépend
nullement du ministère de la Voirie, mais du Conseil des ministres, du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. PINARD: Oui, mais si ma mémoire est fidèle, je pense
que les travaux entrepris par cette firme d'ingénieurs restent quand
même sujets à la surveillance ou à
l'appréciation...
M. LAFONTAINE: Oui, disons que le ministère de la Voirie agit
comme coordonateur des travaux.
M. PINARD: L'ingénieur du ministère de la Voirie. Surtout
les services techniques de la circulation qui doivent faire en quelque sorte
l'inventaire des données recueillies sur place par ce bureau et qui
doivent faire l'extrapolation, si le terme est exact...
M. LAFONTAINE: Disons que, présentement, les officiers du
ministère sont en possession des rapports de statistiques, sur la
sociologie, le logement. Ce sont plutôt des rapports d'ordre
général. Il n'y a aucune recommandation donnée à
l'heure actuelle.
M. PINARD: A quel moment le rapport final de ce bureau
d'ingénieurs conseil doit-il être soumis?
M. LAFONTAINE: Pas avant un an. C'est un contrat qui a été
passé dans le temps que le député de Drummond était
ministre de la Voirie.
M. PINARD: Est-ce que l'ingénieur en circulation de la ville de
Québec M.Laliberté, participe activement à ces
études?
M. LAFONTAINE: Il a été consulté.
M. PINARD: Il a été consulté. Est-ce que, dans le
rapport préliminaire, des recommandations ont été mises de
l'avant par le service de la voirie de la ville de Québec en ce qui
concerne ses propres besoins au point de vue moyens de communication?
M. LAFONTAINE: Je l'ai dit au député de Drummond: il est
consulté, Il fait partie des colloques que les officiers du
ministère ont de temps à autre sur le sujet avec les
ingénieurs conseil .
M. PINARD: Est-ce que le bureau d'ingénieurs conseil a
réussi à obtenir tous les plans directeurs des
municipalités concernées par cette étude?
M. LAFONTAINE: Je m'informerai auprès des ingénieurs
conseil et j'en dirai un mot au député de Drummond.
M. PINARD: Je pense bien qu'il est illusoire de penser être
capable de mettre sur pied un plan directeur métropolitain si le
ministère n'est pas informé au départ que tous les plans
directeurs... déjà conçus ou déjà mis en
place par les municipalités...
M. LAFONTAINE: M. le Président, lorsqu'on connaît l'esprit
de collaboration et de coopération qui animent les différentes
administrations municipales de la région métropolitaine de
Québec, il n'y a aucun doute possible dans mon esprit que les
ingénieurs conseil, s'ils ont demandé ces plans, ont dû les
recevoir avec beaucoup de célérité. Ils sont
intéressés et ensuite, ce sont des gens qui collaborent
très bien.
M. PINARD: Tout dépend de leur localisation et de leur pôle
d'attraction.
M. LAFONTAINE : Non, non. Réellement, on a un travail de
collaboration qui se fait et je dois en rendre hommage à tous les
intéressés; comme je le disais tout à l'heure au
député de Drummond, l'ingénieur de la ville de
Québec participe au colloque et je pense bien que les ingénieurs
conseil n'ont pas dû avoir beaucoup de difficulté à obtenir
les plans désirés pour leur permettre de compléter leur
travail.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe 3, adopté? Adopté. Paragraphe
4, adopté? Adopté. Paragraphe 5, adopté? Adopté.
Paragraphe 6, adopté?
M. PINARD: M. le Président, le service d'outillage, à quel
article pourrait-on en discuter? Est-ce que c'est au poste budgétaire 2,
article 2?
M. LAFONTAINE: Poste budgétaire 2, article 4.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2, paragraphe 1.
M. CHOQUETTE: M. le Président, article 1, adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté.
M. CHOQUETTE: Je suis informé que, dans seize divisions du
ministère de la Voirie sur les 44 qui existent dans la province de
Québec, l'on a, depuis le mois de juin 1966, nommé à
côté des contremaîtres de comté, dans chacune des
divisions du ministère de la Voirie, un nouveau cantonnier ou
contremaître parallèle chargé de faire le travail de celui
qui est en place. Ces contremaîtres parallèles auraient
été nommés par le ministère de la Voirie sans la
recommandation de la Commission de la fonction publique, et ceci contrairement
à la Loi de la fonction publique, article 11, alinéa 1, et
article 34, qui prescrivent que toute nomination d'un membre de la fonction
publique doit se faire après la préparation d'une liste
d'éligibilité par cette commission.
La Commission de la fonction publique n'aurait donc pas
été consultée suivant la loi. Le ministre pourrait-il
confirmer si ceci est exact et si demande avait été faite par le
ministère de la Voirie à la Commission de la fonction publique
pour qu'elle prépare des listes d'éligibilité, tienne les
concours nécessaires, et recommande des candidats à ces poste? Le
ministre pourrait-il nous dire également les noms et les divisions
où de tels contremaîtres généraux ou cantonniers ont
été nommés dans les conditions précitées? Le
ministre pourrait-il nous dire quelles sont les attributions de ces
contremaîtres généraux? Ont-ils le pouvoir d'engager des
ouvriers saisonniers ou temporaires ou occasionnels? Ont-ils des pouvoirs
disciplinaires sur les employés du ministère de la Voirie dans
leurs divisions? Pourrait-il nous dire également si les
contremaîtres généraux...
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député
d'Outremont, au lieu de lire un communiqué fait d'avance,
procédait question par question ce serait plus simple pour le ministre
de la Voirie d'y répondre.
M. CHOQUETTE: Mais je vais terminer puis je reprendrai mes questions,
pour vous donner une idée générale où je vais.
Pourrait-il nous dire également...
M. LAFONTAINE: Pourquoi continuer à lire, M. le
Président...
M. CHOQUETTE: ... si les contremaîtres généraux
précédents ont été maintenus en place et s'il est
exact qu'il y a maintenant deux contremaîtres généraux dans
les seize divisions dont il s'agit? Finalement, pourrait-il nous dire quels
sont les salaires de ces contremaîtres généraux
parallèles et quel est le total de leurs salaires ensemble?
M. LAFONTAINE: Alors, je pense bien que, pour simplifier la question du
député d'Outremont, il n'y a pas beaucoup de voirie dans son
comté...
M. CHOQUETTE: Non, mais ça m'intéresse ailleurs, parce que
je me promène en automobile.
M. LAFONTAINE: Mais je pense bien qu'il a lu ça, il ne
connaît pas le problème des cantonniers, des cantonniers-chefs,
des contremaîtres de divisions. Je ne pense pas que le
député... Mais toutefois, je pense bien que c'est son droit de
député qu'il exerce librement...
M. CHOQUETTE: Oui, c'est certainement ça.
M. LAFONTAINE: ... en lisant un texte préparé. Pour
répondre globalement au député d'Outremont, je lui dirai
que, relativement à la nomination de contremaîtres
généraux, de contremaîtres ordinaires, de chefs cantonniers
ou de cantonniers ordinaires, dans l'ensemble de la province, il y a 99.2% de
tous ces gens, contremaîtres généraux, cantonniers,
cantonniers-chefs, contremaîtres ordinaires, 99.2% qui ont
été nommés avant le 5 juin 1966...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas la question...
M. LAFONTAINE: ... qu'il y en a 0.8% nommés depuis le 5 juin
1966.
M. CHOQUETTE: Le ministre répond à côté de la
question.
M. LAFONTAINE: Cela c'est une réponse... très bien
répondue...
M. GRENIER: C'est drôle hein? Très bien
répondue.
M. LAFONTAINE : C'est pour répondre globalement à la
question globale soulevée par le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas soulevé de question globale, j'ai
parlé...
M. GRENIER: ... ce point-là...
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais parler sans être interrompu?
J'ai soulevé la question de seize contremaîtres
généraux nommés dans les 44 divisions du ministère
de la Voirie. Je parle de ces seize-là.
M. GRENIER: Qui rentrent dans le 0.8%.
M. LAFONTAINE: Présentement, dans la province, il y a 147
contremaîtres généraux. On a fait mention à un
moment donné, que c'était le ministre actuel qui avait
institué le doublage, le parallélisme dans le fonctionnarisme de
la province de Québec, ce qui est faux.
Présentement dans la province, sur 147 contremaîtres
généraux, il y en a 103 nommés avant le 5 juin 1966; sur
216 contremaîtres ordinaires, il y en a 209 nommés avant 1966; sur
52 cantonniers chefs, 50 ont été nommés avant le 5 juin
1966.
M. GRENIER: Ah bien, c'est drôle, ça!
M. LAFONTAINE: Sur les 119 cantonniers ordinaires de la province, 118
ont été nommés avant le 5 juin 1966.
M. GRENIER: Voyons donc! Ils n'ont pas fait ça, les purs!
M. LAFONTAINE: M. le Président, sur les 254 chefs
d'équipe...
M. GRENIER: Ah non! Pas les rouges, ce ne sont pas des « patroneux
» !
M. LAFONTAINE: ... de la province, 245 ont été
nommés avant le 5 juin.
UNE VOIX: Des galanteries!
M. LAFONTAINE: Ce qui veut dire que 725 employés ont
été nommés avant 1966 et qu'il y a 63 nouveaux cantonniers
généraux, cantonniers
chefs, contremaîtres généraux, contremaîtres
ordinaires depuis le 5 juin 1966, ce qui fait une proportion...
M. GRENIER: Qu'est-ce que c'est ça, cette affaire-là?
M. LAFONTAINE: ... de 99.2% des gens qui sont en place dans les
divisions à titre de contremaîtres ou de cantonniers qui ont
été nommés avant le 5 juin 1966 et seulement 0.8% qui
l'ont été depuis le 5 juin 1966.
M. GRENIER: Les « patroneux »!
M. LAFONTAINE: Le député d'Outremont, dans sa question,
qui est globale.., évidemment on a pris le député
d'Outremont pour poser cette question.
M. CHOQUETTE: Personne ne m'a pris.
M. LAFONTAINE: Sa question est globale mais je sais vers quoi elle tend;
elle tend à faire passer le gouvernement actuel pour un gouvernement de
« patroneux » mais je vous demande lesquels sont patroneux...
M. GRENIER: C'est faux!
M. LAFONTAINE: ... quand 99.2% ont été nommés avant
le 5 juin 1966.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai posé une question
spécifique au ministre et il répond à côté de
la question.
M. LAFONTAINE: J'ai répondu globalement.
M. CHOQUETTE: Vous ne répondez pas globalement du tout. Vous
répondez à côté de la question. Voici ce que je
voudrais savoir. Dans le cas des nominations des contremaîtres
généraux et des fonctionnaires que vous avez mentionnés et
qui ont été nommés depuis le 5 juin 1966, je veux savoir,
premièrement, si ces gens-là ont été nommés
d'après des listes d'éligibilité dressées par la
Commission de la fonction publique.
M. ALLARD: Pas plus que l'autre!
M. CHOQUETTE: Je ne demande pas « pas plus que l'autre », je
demande si ces gens-là...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Répondez de votre administration!
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministère de la Voirie
a procédé dans la nomination de ces gens de la même
façon que l'ancien gouvernement libéral. Exactement, il n'y a
rien eu de changé. Et si le député d'Outremont n'est pas
au courant de la loi de la fonction publique...
M. CHOQUETTE: Certainement que je suis au courant.
M. LAFONTAINE: ... je l'inviterais à lire l'article 33 qui dit
que les sous-chefs et les fonctionnaires permanents sont nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et que les fonctionnaires temporaires ou
occasionnels ainsi que les ouvriers sont nommés par un écrit du
ministère dont ils relèvent. C'est de cette façon que les
contremaîtres généraux ont été nommés.
C'est de la même façon que l'ancien ministre les nommait et
j'aurais peut-être dû donner un petit conseil au
député d'Outremont: de consulter l'ancien ministre de la Voirie.
Il aurait peut-être été dégagé de
l'obligation de poser une telle question en Chambre.
M. CHOQUETTE: Ne prenez donc pas cette espèce de faux air
paternel à mon égard; ça ne vous convient pas et ça
ne me convient pas parce que, quand je regarde votre âge, je ne pense pas
que ça convienne beaucoup dans les circonstances. Mais c'est vrai que
quand on est à court d'argument, c'est peut-être une technique
à employer...
M. LAFONTAINE: Non, non, mais pour un avocat, connaître l'article
33 de la loi de la Fonction publique, ce serait peut-être utile.
M. CHOQUETTE: Mais vous, connaissez-vous l'article 34? Je vais vous le
lire pour vous refrafchir la mémoire: « Aucun fonctionnaire ou
ouvrier n'est nommé ou promu à moins que, d'après une
liste d'éligibilité fournie par la commission, il ne soit
éligible à la fonction à laquelle il est nommé ou
promu ». C'est clair ça: ça veut dire qu'aucun
fonctionnaire ou ouvrier ne peut être nommé sans qu'il y ait eu
une liste d'éligibilité dressée par la Commission de la
fonction publique.
M. LAFONTAINE: Alors, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Laissez-moi finir, je n'ai pas fini. M. le
Président, j'ai la parole et je demande de continuer.
M. LAFONTAINE: .. que le député lise donc...
M. CHOQUETTE: J'ai la parole et je demande à continuer, M. le
Président.
M. LAFONTAINE: M. le Président, simplement pour demander au
député de lire l'article 35 aussi, et non seulement l'article 34,
l'article 35, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
UNE VOIX: Ce n'est pas un bon jour. M. LAFONTAINE: Lisez-le fort. UNE
VOIX: Lisez fort.
M., LAFONTAINE: L'article 35, M. le Président,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'article 35 n'a aucune
application dans le cas actuel, puisque, lorsqu'on nomme des
contremaîtres généraux ou des cantonniers, on nomme
évidemment des employés qui ont un titre permanent et qui tombent
sous la loi de la fonction publique» Ce ne sont pas des ouvriers
saisonniers ou occasionnels.
Je dis donc que, dans le cas de toutes les nominations... Je ferai
remarquer à la Chambre que moi j'avais le rapport quant à seize
contremaîtres généraux, mais le ministre de la Voirie, dans
sa grande amabilité, en a ajouté toute une série d'autres.
Non seulement il a ajouté les contremaîtres
généraux, les cantonniers et tous ces gens-là...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas fini, j'en ai une
liste ici.
M. CHOQUETTE: ...qui ont été nommés sans qu'on
demande à la Commission de la fonction publique de faire une liste
d'éligibilité. Alors, je prends donc la réponse du
ministre comme étant oui. Est-ce que c'est bien le cas?
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Votre réponse, c'est que j'avais raison.
M. LAFONTAINE: ... j'ai voulu informer le député tout
à l'heure qui m'a dit: J'aile droit de parole, je suis en train de
parler, je ne veux pas que le ministre m'interrompe. Est-ce que le
député a fini son intervention?
M. CHOQUETTE: Oui, mais, là, vous avez le droit de m'interrompre,
parce que je vous invite.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député a fini
son intervention, je vais lui répondre sur les articles.
M. CHOQUETTE: Non. Justement, là, je vous demande de
m'interrompre pour confirmer si j'ai bien compris la pensée du ministre
parce que je ne voudrais pas la déformer,,
M. LAFONTAINE: M. le Président, il est tellement difficile de
faire comprendre un membre de l'Opposition...
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas difficile.
M. LAFONTAINE: ... je n'ai pas l'ambition de tenter de le faire
comprendre, pas du tout.
M. CHOQUETTE: Non, non, on est capable de comprendre, mais on est
capable de comprendre que le gouvernement actuel est en train de violer la loi
et entend le faire dans l'avenir.
M. GRENIER: Vous avez lu le Devoir de ce matin?
M. ALLARD: Vous l'avez tellement fait souvent.
UNE VOIX: il a lu le Devoir. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: C'est ce que je comprends, M. le ministre?
M. LE VEILLE: C'est tout, ça? M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai attiré l'attention du
député d'Outremont sur l'article 33 qui dit: « Les
sous-chefs et les fonctionnaires permanents sont nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil; les fonctionnaires temporaires ou
occasionnels ainsi que les ouvriers sont nommés par un écrit du
chef du ministère dont ils relèvent. »
M. CHOQUETTE: Et l'article 34, qu'est-ce qu'il fait?
M. LAFONTAINE: Maintenant j'ai lu l'article 33. Le député
d'Outremont a lu l'article 34. Alors, je vous dispense, M. le Président,
de l'entendre, mais j'attirerai son attention sur l'article 35 au point de vue
permanence qui dit: « Aucun fonctionnaire ouvrier n'est nommé
à titre permanent qu'après une période d'au moins six mois
d'emploi continu à titre temporaire dans la fonction publique.
»
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre prétend...
M. LAFONTAINE: Et je dois dire, si le député d'Outremont
me le permet, que tous les contremaîtres généraux qui ont
été engagés l'ont été à titre
temporaire...
M. CHOQUETTE: Cela n'a pas de sens.
M. LAFONTAINE: .. en vertu de l'article 33 et ils ne deviendront
permanents, en vertu de l'article 35, qu'au bout de six mois. A ce
moment-là, la Commission de la fonction publique interviendra, M. le
Président. En attendant, c'est du ressort du ministre et le ministre
prend ses responsabilités.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, la position du ministre est que les
contremaîtres généraux, les cantonniers, toute la liste des
employés qu'il nous a mentionnés tout à l'heure n'ont
été engagés qu'à titre temporaire. Mais je
demanderai ceci: Est-ce qu'il y a un règlement de la Commission de la
fonction publique à l'effet que ces emplois-là ne sont que des
emplois temporaires? Ou est-ce que ces emplois-là ne se trouvent pas
justement à la classification des ouvriers qui a été faite
par la Commission de la fonction publique et alors ce ne sont pas des emplois
temporaires?
M. LAFONTAINE: M. le Président, les gens que nous avons
employés sont présentement à l'essai et s'il est
prouvé qu'ils peuvent remplir leur travail à la satisfaction des
officiers du ministère, à ce moment-là, il y aura une
demande de transmise à la Commission de la fonction publique pour les
rendre permanents.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'il y a un règlement de la Commission
de la fonction publique qui vous permette de faire exception pour ces
classes-là, de les engager temporairement comme ça?
M. ALLARD: La loi.
M. LAFONTAINE: Je ne vois pas pourquoi le ministre d'un ministère
n'aurait pas le droit d'engager des fonctionnaires quand l'article 33 dit:
« Les fonctionnaires temporaires ou occasionnels ainsi que les ouvriers
sont nommés par un écrit du chef du ministère dont ils
relèvent. » Le ministre de la Voirie respecte l'article 33 de la
Loi de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Pas du tout. M., GRENIER: Un autre...
M.LACROIX: M. le Président, vous avez mentionné tout
à l'heure qu'il y avait 700 fonctionnaires...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ... soit contremaîtres en chef, cantonniers, tout
ça et qu'il y en avait environ soixante qui ont été
engagés depuis le 16 juin dernier. Je voudrais premièrement
corriger vos statistiques. Vous dites 99.2. Est-ce que de 63 jusqu'à
700, ce n'est pas plus proche de 10% que 0.8% ou huit dixièmes de 1%?
Tout de même, on ne se chicanera pas là-dessus, mais je voudrais
demander au ministre: Les contremaîtres généraux, les
cantonniers-chefs, les cantonniers qui sont au service du ministère, les
700 que vous avez actuellement à votre emploi sont-ils
compétents, oui ou non?
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas compris ce que le
député veut. S'il veut recommencer sa question, je n'ai pas
compris.
M. LACROIX: Les contremaîtres généraux, les
cantonniers chefs, les autres cantonniers, le ministre a mentionné tout
à l'heure un nombre approximatif, si ma mémoire est fidèle
à peu près 700 qui sont à l'emploi du ministère,
soit avant le 5 juin ou après le 5 juin, est-ce que ces
employés-là sont compétents et s'acquittent-ils bien de
leur fonction?
UNE VOIX: Pas tous.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je ne répondrai pas en
bloc et je ne me porterai pas garant de tous les employés qui
travaillent dans les divisions au ministère de la Voirie, surtout ceux,
M. le Président, qui continuent à l'heure actuelle de faire une
campagne pour le parti libéral.
M. BINETTE: Nommez-les.
M. LAFONTAINE: Ils leur disent, M. le Président, même sur
leur heure de travail: Ne làchez pas, on va reprendre le pouvoir.
Excepté qu'on a un peu de trouble au ministère de la
Voirie...
UNE VOIX: Lesquels?
M. LAFONTAINE: Et là, je suis en train, M. le Président,
de mettre de l'ordre là-dedans, et je vais y mettre de l'ordre.
M. LACROIX: Lesquels?
M. LAFONTAINE: Malgré l'obstination entêtée du parti
libéral, M. le Président, le ministère de la Voirie va
organiser un véritable ministère des ponts et chaussées,
M. le Président, avec en vue de rendre service à la population et
non pas un endroit où l'on garde et fait vivre les anciens patroneux du
parti libéral, comme il y en a trop à l'heure actuelle.
UNE VOIX: Incompétent.
M. GRENIER: Pour les incompétents, c'est le refuge.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Ne continuez pas, vous allez...
M. TREMBLAY (Bourassa): Faites attention à ce que vous allez
faire dans vos comtés. On les connaît vos comtés, faites
attention à votre refuge...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SIMARD: Occupez vous de vos problèmes et on s'occupera des
nôtres.
M. CHOQUETTE: Le ministre à qui ses subalternes passent la loi de
la fonction publique pour qu'il débite des articles sans les
connaître,
Il connaît peut-être l'article 36 et l'article 37 de la loi
de la fonction publique. Je vais les lire.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
laisser continuer le député d'Outremont qui tente de m'amener sur
une analyse de fond de la loi de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Non.
M. LAFONTAINE: Tout ce que j'ai à lui dire...
M. CHOQUETTE: Je voudrais connaître...
M. LAFONTAINE: ... je l'ai dit et je tiens à lui redire que,
comme critique officiel du parti libéral sur la question des cantonniers
chefs, des contremaîtres généraux, on n'a pas mieux
trouvé, M. le Président. Le député
d'Outremont...
UNE VOIX: Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: La seule chose que vous savez faire, ce sont des
personnalités. Avouez que c'est une réponse plutôt
insignifiante.
M. LAFONTAINE: Mais, je demanderais au député d'Outremont
de parler à la troisième personne. Comme avocat, il devrait
savoir, M. le Président...
M. CHOQUETTE: M. le Président, je trouve que le ministre se
comporte d'une manière insignifiante. L'article 36...
M. LAFONTAINE: Je ne demanderai même pas, M. le Président,
le retrait de ses paroles, parce que je sais de quelle place ces paroles
peuvent avoir été pensées, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Je voudrais simplement rappeler à la Chambre
l'article 36 et l'article 37 de la loi de la fonction publique. Le
règlement peut fixer des emplois ou classes d'emploi pour lesquels une
période d'emploi continue à titre temporaire de plus de six mois
est requise avant la permanence ou pour lesquelles une nomination
immédiate à titre permanent est permise nonobstant l'article 35.
Alors, je voudrais savoir du ministre s'il sait, si la commission de la
fonction publique a adopté un règlement exemptant les emplois
dont il nous parlait, de la permanence pendant six mois. Est-il au courant de
ça?
M. LAFONTAINE: Alors, M. le Président, oui je vais informer le
député d'Outremont qu'il ne semble pas vivre dans la province de
Québec. Il ne parait pas saisir les problèmes...
M. CHOQUETTE: Ah, je les saisis.
M. LAFONTAINE: ... je lui dirai, M. le Pré-
sident, que chaque employé dolt être, s'il est
employé à titre temporaire, doit être employé sur un
écrit du chef du ministère qui est le ministre de la Voirie, M.
le Président...
M. CHOQUETTE: Mais vous dites toujours la même chose.
M. LAFONTAINE: Devant ces faits, M. le Président, le
ministère des Finances, l'auditeur de la province, le conseil de la
trésorerie ont demandé la signature du ministre de la Voirie, de
telle sorte que du moment qu'on engage quelqu'un dans la province de
Québec, pour être légal, on mettait sa signature et c'est
à ce moment-là, M. le Président, si le
député s'en souvient que ma signature a disparu.
M. CHOQUETTE: Ah, je me rappelle qu'à un moment donné, on
a volé votre signature.
M. LAFONTAINE: Le député doit s'en souvenir. J'ai fait des
déclarations en Chambre à ce sujet-là, que je ne me
portais pas garant, M. le Président, lorsque ma signature était
disparue. Mais n'empêche, M. le Président, ce n'est
qu'après moultes interventions de la part des fonctionnaires du
ministère des Finances que j'ai accepté de donner ma
signature.
Je calcule que, si le ministre de la Voirie doit être
obligé de signer 50,000, ou 60,000 engagements pour des employés
temporaires, il y a quelque chose qui manque quelque part.
M. CHOQUETTE: Vous êtes à côté de la «
track ».
M. LAFONTAINE: Avant le 5 juin, M. le Président, tous les
employés qu'on engageait dans les divisions à la grandeur de la
province n'était pas engagés sur la signature du ministre,
malgré que la loi le forçait. Ce n'est qu'au commencement de
février que le Conseil de la trésorerie ou le ministère
des Finances a commencé à faire des pressions sur le ministre de
la Voirie de telle sorte qu'il donne sa signature parce qu'on a dit: L'auditeur
ne les paiera pas. Alors il est physiquement impossible pour un ministre de
signer 40,000, 50,000, 60,000 engagements temporaires. Et c'est pour
ça...
M. CHOQUETTE: Combien d'engagements temporaires?
M. LAFONTAINE: Cinquante mille, soixante mille, cela
dépend...
M. CHOQUETTE: Je ne parle pas de ça, je parle...
UNE VOIX: Vous n'êtes pas plus au courant que ça.
M. ALLARD: Il y en a qui sont temporaires pendant six ans.
M. CHOQUETTE: On a parlé des
contremaîtres-généraux et des cantonniers-chefs. Cela en
fait combien?
M. LAFONTAINE: C'est du personnel temporaire, à ce moment-ci, M.
le Président. Si c'est vrai que le Conseil de la trésorerie ou le
ministère des Finances a besoin du tampon du ministre de la Voirie pour
payer, c'est au ministre de la Voirie qu'on vient le demander. C'est la
même chose pour les cantonniers-chefs, les
contremaîtres-généraux, c'est du personnel temporaire
présentement.
M. CHOQUETTE: Mais le ministre ne fait aucune distinction entre de
simples ouvriers, des cantonniers-chefs et des
contremaîtres-généraux, dans son esprit, d'après ce
que je vois, puisqu'il identifie...
M. LAFONTAINE: C'est du personnel temporaire ou occasionnel.
M. CHOQUETTE: Bon, c'est justement, mais vous n'avez pas répondu
à ma question. Est-ce que la Commission de la fonction publique a
adopté un règlement exemptant le ministre de l'obligation
d'engager à ces emplois-là, non pas d'une façon
temporaire, mais d'une façon permanente? Est-ce qu'il y en a un
règlement adopté par la Commission de la fonction publique, qui
permet...
M. LAFONTAINE: On demandera à la Commission...
M. CHOQUETTE: ... au ministère de la Voirie d'engager des
contremaîtres-généraux et des cantonniers-chefs qui soient
sur une base purement temporaire.
M. LAFONTAINE: Tout ce que je peux dire au député
d'Outremont, c'est que les employés du ministère de la Voirie
connaissent plus le ministère de la Voirie que lui ou la Commission de
la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Ah, ah! Bien là vous som-
brez. Je demande une réponse précise. Quand le
ministère de la Voirie engage des
contremaîtres-généraux ou des cantonniers, il devrait
savoir s'il pouvait les engager sur une base temporaire ou s'il n'a pas le
droit. Or je pense que, d'après les réponses du ministre, il ne
le sait pas.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Parce qu'il prétend qu'ils ont été
engagés sur une base temporaire.
M. LAFONTAINE: ... j'en suis toujours à l'article 33, qui dit que
les fonctionnaires temporaires ou occasionnels ainsi que les ouvriers sont
nommés par un écrit du chef du ministère dont il
relève.
M. CHOQUETTE: Mais lisez donc l'article 6.
M. LAFONTAINE: Tout le reste, si le député ne veut pas le
comprendre, c'est de la foutaise, tout simplement. L'article 33 donne le
pouvoir au ministre de la Voirie ou à ceux qu'il déléguera
son sous-ministre par exemple d'engager des fonctionnaires
temporaires ou occasionnels.
M. CHOQUETTE: Bien oui, tout le monde admet que c'est le
lieutenant-gouverneur qui nomme les fonctionnaires et que c'est le chef du
ministère de la Voirie... Un instant, un instant...
M. LAFONTAINE: Alors qu'est-ce que le député d'Outremont a
à parler des règlements de la Fonction publique?
M. CHOQUETTE: Tout le monde admet que c'est le lieutenant-gouverneur en
conseil qui nomme les fonctionnaires du gouvernement et que c'est le chef du
ministère de la Voirie qui nomme les employés de son
ministère qui ne sont pas des fonctionnaires. Mais il faut que ces
nominations, suivant la Loi de la fonction publique, qu'elles ne soient
effectuées qu'après avoir passé entre les mains de la
Commission de la fonction publique. Or, est-ce que je comprends que le
ministre, suivant son attitude se rit de la Commission de la fonction publique
et trouve que c'est...
M. LAFONTAINE: Je trouve que c'est exactement comme l'ancien ministre de
la Voirie a procédé, exactement de la même
façon.
M. LESAGE: Non, non, non.
M. CHOQUETTE: Alors, par conséquent, je tiens pour acquis que les
nominations qui ont été faites illégalement, et le
ministre le reconnaît.
UNE VOIX: Non.
M. LAFONTAINE: A moins que le député d'Outremont veuille
accuser l'ancien ministre de la Voirie d'avoir agi d'une façon
illégale.
M. CHOQUETTE: Vous vous trompez d'année, on est rendu en
1967.
M. LAFONTAINE: Si c'était vrai et si c'était bon dans la
nomination des contremaîtres, c'est encore vrai aujourd'hui. Il y a une
chose de changée dans la province, nous n'avons pas pendu, comme
l'ancien gouvernement libéral l'a fait en 1960, une multitude
d'employés. Nous n'avons pratiquement engagé personne.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous n'avez pas eu le courage.
M. LAFONTAINE: Voulez-vous savoir combien d'employés ont
été guillotinés en 1960? La voilà la liste.
M. LESAGE: Ce n'est pas là la question. M. LAFONTAINE: La
voilà la liste.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous n'avez pas eu le courage de le faire. Vous
êtes à faire mourir les cantonniers à petit feu dans les
campagnes. C'est ça que vous êtes àfaire. Vous n'avez pas
eu le courage de le faire.
M. GRENIER: Elle est là, votre défaite de 1966.
M. CHOQUETTE: Je n'ai toujours pas eu de réponse à ma
question: Est-ce que la Commission de la fonction publique a
adopté...
M. GRENIER: Elle est là votre défaite de 1966.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Je n'ai toujours pas eu de réponse à ma
question: Est-ce que le Commission de la fonction publique a adopté un
règlement?
M. GRENIER: Il vous a répondu quatre fois.
M. CHOQUETTE: Criez tous ensemble, vous avez l'air intelligents.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: J'ai posé la question suivante au ministre de la
Voirie qui ne m'a pas encore donné de réponse.
M. GRENIER: Il vous a répondu quatre fois. Lisez le journal.
M. CHOQUETTE: Il ne m'a pas répondu. Je répète ma
question, puisque cela a de la difficulté à
pénétrer dans le cerveau des membres du gouvernement.
M. LAFONTAINE: Pour répondre au député d'Outremont,
je vous dirai que le ministre agit d'une façon légale et qu'il
connaît l'article 33. Je demanderais au député d'Outremont
de l'apprendre une fois pour toutes de telle sorte qu'il arrête la
répétition de ses questions. Les fonctionnaires temporaires ou
occasionnels ainsi que les ouvriers sont nommés par un écrit du
chef du ministère dont ils relèvent et ces gens-là sont
engagés à titre temporaire. Ils relèvent du ministre de la
Voirie et c'est le ministre de la Voirie, soit directement ou par personne
interposées par ordre d'autorité, qui engage ces gens. Est-ce que
le député d'Outremont a besoin d'autre chose? Est-ce qu'il veut
faire certains commentaires sur la Loi de la fonction publique? Si c'est
là son intention, je lui dirai que nous ne sommes pas à l'heure
actuelle à étudier les crédits de la présidence du
conseil. Nous sommes au ministère de la Voirie et le ministre de la
Voirie agi en fonction de l'article 33. Si le député d'Outremont
a à se plaindre d'un geste posé par la fonction publique, par une
réglementation votée par la Commission de la fonction publique,
il aura tout le loisir de le faire lors de l'étude des crédits du
Conseil exécutif et non pas lors de l'étude des crédits du
ministère de la Voirie.
M. CHOQUETTE: Le ministre se trompe. Les nominations peuvent être
faites, comme on le sait, dans les conditions de l'article 33, mais
après qu'elles sont passées par la Commission de la fonction
publique. Or, nous savons que, dans le cas actuel, les nominations ont
été faites sans que ça passe à la Commission de la
fonction publique, ce à quoi le ministre me répond: Ce sont des
nominations temporaires. Or, l'article 36, pour des nominations temporaires,
oblige la Commission de la fonction publique à adopter un
règlement permettant au ministère de la Voirie de nommer cette
classe de gens-là sur une base temporaire. Je demande au ministre:
Est-ce que la Commission de la fonction publique avait adopté un
règlement permettant au ministère de la Voirie d'engager ces
gens-là sur une base temporaire?
M. LAFONTAINE: M. le Président, réellement le
député d'Outremont n'est pas compréhensif. Cela fait au
moins quatre ou cinq fois que je lui répète qu'à titre de
ministre de la Voirie, j'ai agi en vertu de l'article 33, comme le
député de Drummond a agi dans le passé.
M. CHOQUETTE: Alors, vous vous occupez de l'article 33.
M. LAFONTAINE: Comment se fait-il que maintenant c'est devenu un
scandale, une réglementation de la Commission de la fonction publique et
bla, bla, bla?
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il y en a eu ou non?
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député
d'Outremont a des observations à faire relativement à la loi de
la fonction publique, il aura tout le loisir, tout le temps voulu pour le faire
et pourra y mettre toute l'énergie qu'il voudra lorsque viendront les
prévisions budgétaires du conseil exécutif.
M. CHOQUETTE: Mais qu'on ne s'inquiète pas, je le ferai en temps
et lieu. Mais je voudrais savoir si le ministre, en faisant ses nominations,
s'est assuré auprès de la Commission de la fonction
publique...
M. LAFONTAINE: Je me suis assuré...
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il s'est assuré ou non?
M. LAFONTAINE: M. le Président, je me suis assuré de la
bonne marche du ministère de la Voirie, pour autant que je suis
concerné.
M. CHOQUETTE: Alors, vous êtes-vous assuré qu'il y avait un
règlement de la commission qui vous permettait de les nommer?
M. LAFONTAINE: Je me suis assuré de la bonne marche du
ministère de la Voirie.
UNE VOIX: Le député de Drummond est en train de...
UNE VOIX: Il s'en est assuré, article 33.
UNE VOIX: Si vous prenez le pouvoir, vous perdez votre
ministère.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre pourrait dire aux membres du
comité quelles sont exactement les fonctions que remplissent les
contremaîtres généraux qui ont été
nommés dans les divers comtés?
M. LAFONTAINE: Les mêmes fonctions que les contremaîtres
généraux qui étaient en place,nommês par l'ancienne
administration.
M. LESAGE: Non, un instant. Ce n'est pas une réponse. Je pense
que le ministre devrait raisonnablement décrire les fonctions que
remplissent, les responsabilités qu'assument les contremaîtres
généraux qui ont été nommés dans divers
comtés de la province au ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Si le chef de l'Opposition m'assure qu'il n'est pas au
courant du travail fait par ces gens, cela me fera plaisir de le lui
décrire.
M. LESAGE: Que je sois au courant ou non, M. le Président, cela
n'a aucune espèce d'importance. Nous sommes ici non seulement pour nous
renseigner, mais nous sommes ici également pour que la population soit
renseignée sur la dépense des deniers publics. C'est le devoir du
ministre de répondre.
M. LAFONTAINE : Alors, M. le Président, vu que c'est le public
qui doit être renseigné, je dois dire au public que les
contremaîtres généraux nommés depuis le 16 juin 1966
font exactement le même travail que les cantonniers nommés par
l'ancienne administration...
M. LESAGE: Que les cantonniers!
M. LAFONTAINE: ... que les contremaîtres-généraux,
le même travail que les contremaf-tres-généraux
nommés par l'ancienne administration avant le 5 juin 1966.
M. CHOQUETTE: Je voudrais poser une question au ministre de la Voirie,
qui relève un peu du questionnaire qu'il a subi auparavant et que je
veux le moins désagréable possible. Il pourrait peut-être
nous dire quels sont les salaires qui sont payés à ces
contremaîtres généraux engagés depuis le 5 juin
1966, et leurs noms.
M. LAFONTAINE: Les mêmes salaires payés par l'ancien
gouvernement aux contremaîtres généraux qui étaient
en place avant le 5 juin et que nous avons gardés en place.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre voudrait me dire s'il y a une
différence de responsabilité entre le contremaître et le
contremaî-tre général et si cette responsabilité
entrafne un salaire différent dans les conventions de travail?
M. LAFONTAINE: Il est évident qu'un contremaître
général est plus élevé qu'un contremaître et
à ce moment-là il est normal, évidemment, dépendant
des lieux où cette personne travaille, parce que ce n'est pas toujours
pareil, il y a de grands comtés, de petits comtés, de grandes
divisions, de petites divisions...
Alors, si un contremaître général a 25
contremaîtres sous ses ordres, c'est évident que sa
responsabilité est plus grande qu'un contremaître
général qui n'aurait que deux contremaîtres ordinaires sous
ses ordres.
M. MAILLOUX: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait me
dire quels sont les salaires qui sont payés et à un
comtremaître et à un contremaître général,
suivant les dernières conventions collectives qui ont été
signées dans la province?
M. LAFONTAINE: M. le Président, suivant les régions,
ça varie entre $86 et $96 par semaine.
M. LACROIX: Tout à l'heure, je demandais à l'honorable
ministre de la Voirie si les fonctionnaires, cantonniers, les
contremaîtres généraux, les cantonniers-chefs et les
cantonniers étaient compétents et s'acquittaient bien de leur
devoir et des fonctions inhérentes à leurs charges?
M. GRENIER: Pas tous.
M. LACROIX: Le ministre a répondu à côté de
la question, Il a dit qu'il y en avait qui continuaient à faire de la
politique dans l'exercice de leurs fonctions...
M. GRENIER: Oui, c'est vrai. DES VOIX: C'est vrai...
M. LACROIX: La chose leur est défendue par la Commission de la
fonction publique...
M. GRENIER: Les rouges.
M. LACROIX: ... et elle est défendue par le contrat de travail
qui est intervenu entre les fonctionnaires et le gouvernement...
M. ALLARD: Mais allez sur les lieux...
M. LACROIX: ... mais je connais suffisamment les députés
ministériels, les candidats défaits et les organisateurs de
l'Union Nationale pour savoir...
M. GRENIER: Les rouges!
M. LACROIX: ... qu'ils surveillent les employés du
ministère de la Voirie, comme un chat guette une souris, pour pouvoir
les prendre en défaut et les fouter dehors. Mais je crois que le
gouvernement devrait se rendre compte....
M. CROISETIERE: C'est faux...
M. LACROIX: ... que, lorsque les personnes s'acquittent bien de leurs
responsabilités, elles doivent cesser d'être le sujet de pression
de la part des organisateurs.
M. ALLARD: Ils ont tellement moins de pression sur eux qu'ils rient de
tout le monde, puis qu'ils disent: On se sacre de n'importe qui, il n'y a
personne pour nous décoller, on va faire ce que l'on veut. C'est
l'attitude actuelle de vos personnes placées là. Cela ne restera
pas comme ça.
M. LACROIX: Je suis convaincu que les personnes qui ont cette attitude
vont se faire couper le cou ce ne sera pas long.
M. ALLARD: Qu'ils s'attendent à quelque chose...
M. LAFONTAINE: M. le Président. Où vont les travaux de la
Chambre présentement? Je tente de sonder les coeurs du côté
libéral. Savez-vous quelle est ma conclusion? On tente de faire un gros
« show » à la grandeur de la province. Voici les gens qui
ont été démis du ministère de la Voirie depuis le 6
juin 1966.
M. BINETTE: Combien y en a-t-il?
M. LAFONTAINE: Ils ont été démis ou suspendus de
leurs fonctions par la Commission de la fonction publique sur rapports de
plaintes parvenant au ministère de la Voirie. Ils entrent tous, ces
noms-là, dans une seule feuille. Le député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. PINARD: Dans quelle catégorie d'employés?
M. LAFONTAINE: ...se souvient peut-être...
M. LACROIX: Dans quelle catégorie d'employés?
M. LAFONTAINE: A la grandeur, M. le Président. Cette
liste-là, c'est toute la liste du ministère de la Voirie,
mais.».
M. CROISETIERE: Cela devrait être
télévisé!
M. LAFONTAINE: ... en 1960, on dit que le ministre de la Voirie...
M. CROISETIERE: Cela devrait être
télévisé!
M. LAFONTAINE: ... a installé un fonctionnarisme
parallèle. Voici la liste des gens démis de leurs fonctions entre
le 5 juin et le 9 décembre 1960. C'était une question qui
était préparée au ministère de la Voirie. Je ne
voudrais pas que les gens de l'Opposition ou le public en général
pensent que c'est moi qui ai fait lever cette liste-là. Non,
c'était une question qui était posée au feuilleton en 1960
par le député de Chicoutimi du temps, M. Talbot. La
réponse était toute prête au ministère de la Voirie,
mais le ministre de la Voirie du temps a été gêné de
déposer les documents.
UNE VOIX: Patroneux! M. GRENIER: Patroneux!
M. LESAGE: M. le Président, la question que j'ai à poser
n'a absolument rien à voir avec les renvois, les démissions ou
quoi que ce soit du genre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Changez de sujet.
M. LESAGE: Non, je ne changerai pas de sujet. Je voudrais purement et
simplement demander au ministre de la Voirie de bien vouloir nous
décrire sommairement s'il le veut, premièrement quelles sont les
fonctions et responsabilités d'un cantonnier-chef dans un comté
et deuxièmement quelles sont les fonctions et responsabilités
d'un contremaître général chargé des travaux dans un
comté?
M. LAFONTAINE: M. le Président, le cantonnier-chef est la
personne chargée des can-
tonniers et le contremaître général est la personne
chargée des contremaîtres ordinaires.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. PINARD: Un cas précis, M. le Président...
M. GRENIER: Enfin! il est revenu!
M. CROISETIERE: Il reconnaît le paquet!
UNE VOIX: Patroneux!
M. GRENIER: Il a reconnu son paquet! Cela lui rappelle des
souvenirs!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: J'aimerais savoir la différence entre les fonctions
qui sont...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: J'aimerais connaître la différence des fonctions
actuellement entre le poste détenu par M. Gérard Bergeron de
St-Germain-de-Grantham, comté de Drummond...
M. LAFONTAINE: Qui?
M. PINARD: Gérard Bergeron, et les fonctions détenues par
M. Tessier de St-Germain-de-Grantham, comté de Drummond. M. Tessier
était cantonnier en chef, et je veux savoir quel est le poste de M.
Gérard Bergeron.
M. LAFONTAINE: M. le Président, évidemment le
député de Drummond admettra qu'il entre dans des détails.
Il me demande un tel, un tel... Il y a je ne sais pas combien d'employés
au ministère de la Voirie, je peux lui dire... Même le
député de Drummond, du temps qu'il était ministre de la
Voirie, quand il a démis au-delà de 5,000 fonctionnaires au
ministère de la Voirie, si je lui demandais qui il a démis, je
pense bien qu'il ne se souvient pas de la liste par coeur. Pour l'aider, je
peux peut-être lui dire...
UNE VOIX: Posez la question.
M. LAFONTAINE: ... que Gabriel Fortin de Québec a
été remplacé par un nommé Lafrance qui avait 14
années de service. Marcel Bilodeau, Berthier-en-bas, Montmagny, avait
sept ans de service. M. Philippe Bouchard, 13 ans de service. Jean Sauriol, 14
années de service, mis à la porte. Joseph Tremblay, St-Joachim de
Mont- morency, 16 ans de service. Laberge, 8 1/2 ans, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Bourassa): Vousn'avezpas la liste de 1938 puis de 1944?
M. LAFONTAINE: Je sais que le député de Drummond n'est pas
capable de me donner cette liste-là par coeur. Il ne connaît pas
tous les employés du ministère de la Voirie. Il se lève en
Chambre puis il me dit: Un tel à telle place, puis un tel à telle
place.
M. PINARD: M. le Président...
M. LAFONTAINE: Je ne le sais pas, M. le Président. Si le
député de Drummond connaît la réponse, pourquoi ne
pas donner la réponse au lieu de poser la question?
M. PINARD: Il y a une question bien précise qui a
été posée par le chef de l'Opposition. Le chef de
l'Opposition a demandé la différence de fonction entre la
fonction de cantonnier en chef et la fonction de contremaître
général. Alors je pense que c'est une question bien polie, et je
demanderais au ministre une réponse polie.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le contremaître
général, c'est la personne en charge des contremaîtres, et
le cantonnier chef...
M. LESAGE: Non!
M. LAFONTAINE: ... c'est la personne en charge des cantonniers. Il y a
une différence d'optique entre les deux, et c'est là que je
demandais tout à l'heure au chef de l'Opposition s'il savait ce que
c'était. Il m'a dit: oui qu'il le savait.
M. LESAGE: Non, M. le Président, j'ai dit: Que je le sache ou ne
le sache pas, ça n'a aucune espèce d'importance.
M. LAFONTAINE: Pour informer le public, M. le Président? Le
public le sait. Tout à l'heure, j'ai dit à l'Opposition que le
député d'Outremont est peut-être la personne la plus mal
placée pour parler de voirie rurale, parce que je pense bien que, dans
Outremont, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Je ne suis pas mal placé du tout, je suis
élu comme tout le monde ici.
M. LAFONTAINE: ... il n'y a pas de cantonnier, il n'y a pas de
contremaître, il n'y a pas de permis de voirie, M. le
Président.
M. CHOQUETTE: Mais le ministre se trompe complètement, le
ministre ne s'est pas aperçu que j'ai été élu.
M. LAFONTAINE: Si le député d'Outremont me permet, le
député de Drummond sait par exemple qu'il y a une
différence entre un cantonnier et un contremaître.
M. CHOQUETTE: Il y a des routes, vous savez, dans Outremont.
M. LAFONTAINE: Sa question c'est...
M. CHOQUETTE : Il y a un bureau, vous savez dans Outremont.
M. LAFONTAINE: C'est la question équipes versus le système
des cantonniers. C'est une thèse qui est vieille de vingt ans au
ministère de la Voirie, peut-être plus. Certains sont en faveur
d'un système de cantonniers où c'est une personne en place avec
un camion qui va boucher des trous. Il y a une autre mentalité au
ministère de la Voirie et je suis de ceux qui partagent cette
mentalité-là, M. le Président, que les équipes
deviennent des équipes qui se promènent à la grandeur d'un
comté. C'est une équipe spécialisée par exemple,
sur les ponceaux, une équipe spécialisée sur les ponts,
une équipe spécialisée sur les garde-fous suivant les
besoins d'une division, M. le Président, ce qui rend le personnel du
ministère de la Voirie beaucoup plus souple. C'est la différence
entre cantonnier et contremaître.
Maintenant pour répondre à la question du chef de
l'Opposition tout à l'heure, il m'a demandé quels sont les
devoirs d'un contremaître général. Bien mon dieu seigneur,
M. le Président, c'est d'être contremaître, le grand
contremaître de tous les contremaîtres.
M. LESAGE: Oui, mais le cantonnier chef?
M. LAFONTAINE: Le cantonnier chef c'est d'être le cantonnier de
tous les autres cantonniers, M. le Président. Le chef des
cantonniers.
DES VOIX: Six heures.
M. LESAGE: Je vais simplement poser ma question. Alors, lorsque nous
reprendrons l'étude des crédits, le ministre sera peut-être
en mesure de me répondre.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LESAGE: Je vais poser ma question. Combien y a-t-il de comtés
dans la province où, depuis le 16 juin, il y a à la fois un
cantonnier chef et un contremaître général des travaux?
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LESAGE: Bien non, je ne demande pas une réponse tout de suite,
il est six heures et cinq. Nous ne continuons pas l'étude des
crédits ce soir. Quand nous reprendrons jeudi, le ministre pourra me
donner la réponse.
M. LAFONTAINE: Je peux peut-être regarder, M. le Président,
mais je peux affirmer au chef de l'Opposition qu'il n'y a pas de
cantonnier-chef ni de contremaître général dans le
comté d'Outremont.
M. LESAGE: Pardon?
M. LAFONTAINE: Je dois affirmer au chef de l'Opposition qu'il n'y a pas
de cantonnier ni de cantonnier chef ni de contremaître
général dans le comté d'Outremont.
M. LESAGE: Non, je ne crois pas qu'il y en ait. Je ne crois pas qu'il y
en ait non plus dans le comté de Louis-Hébert. Je ne crois pas
mais je suis intéressé pour les autres comtés de la
province. Ma question est une question normale, et il me semble que, lorsque le
comité se réunira de nouveau pour l'étude des
crédits du ministère de la Voirie, le ministre devrait donner une
réponse à la question que je viens de poser.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je demanderai également au
ministre, pour qu'il soit en mesure de se préparer...
DES VOIX: Six heures.
M. CHOQUETTE: ... dans l'intervalle, je lui demanderai une liste de
toutes les dates où ces employés auxquels il a
référé cet après-midi ont été
engagés par le ministre de la Voirie, ainsi que leur nom.
M. LAFONTAINE: M. le Président, la liste est si courte...
M. LESAGE: Nonobstant...
M. CHOQUETTE: C'est facile alors.
M. LAFONTAINE: .. c'est facile mais...
M. CHOQUETTE: On ne veut pas vous prendre par surprise.
M. LAFONTAINE: M. le Président, pour compléter cependant
les informations que le député d'Outremont veut, je peux,
peut-être, déposer ce rapport-là; j'ai demandé aux
officiers de la Chambre qu'ils l'intercalent...
M. CHOQUETTE: C'est la petite liste.
M. LAFONTAINE: ... dans les débats de la Chambre afin que la
population soit informée des gestes posés par l'ancienne
administration libérale en 1960, quand la guillotine fonctionnait, chose
qui n'arrive pas depuis le 5 juin 1966.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LAFONTAINE: Six heures.
M. CHOQUETTE: ... je ne ferai pas de discours.
DES VOIX: Six heures.
M. CHOQUETTE: J'espère que le ministre a noté ma
question.
M. LAFONTAINE: M. le Président, vendredi, j'ai voulu prendre la
parole pour trente secondes et on m'a dit qu'il était midi et demi.
Présentement, il est six heures et cinq.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait apporter aussi les renvois de 1936 à 1944, pas seulement ceux
de 1960?
DES VOIX: Six heures.
M. LEBEL (président du comité des subsides): A l'ordre! M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté une résolution et qu'il demande la permission de
siéger de nouveau.
M. LE PRESIDENT: Quand le comité pour-ra-t-il siéger de
nouveau? A la même séance?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: A huit heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que la
résolution acceptée par le comité soit reçue et
adoptée. Cette proposition est-elle adoptée? Adopté, Il
est six heures, la Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit heures, ce
soir.
Reprise de la séance à 8 h 3 p.m.
Crédits du ministère des Transports et
des Communications
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides.
M. LAPORTE: Nous n'avons aucune objection à la motion.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEBEL (Président du comité des subsides): Transports et
Communications, article premier.
M. LIZOTTE: Vous me permettrez, au tout début de l'étude
de ce budget, de vous présenter quelques considérations
générales sur ce qui a été fait, ce que nous
faisons et ce que nous avons 1' intention de faire. Depuis ma nomination comme
ministre des Transports et des Communications, je me suis efforcé de
prendre connaissance tout d'abord des différents problèmes
auxquels j'aurai à faire face au cours des prochains mois et des
prochaines années. Ces problèmes, ils sont nombreux et je me
rends facilement compte de la complexité de quelques-uns d'entre
eux.
Je sais que je pourrai compter sur la collaboration de tous mes
officiers dans la recherche de leur solution. Ici, je dois rendre un hommage
bien mérité aux ministres qui m'ont précédé
à la tête du ministère. Ils ont accompli, bien souvent avec
des moyens de fortune, un travail remarquable. Le député de
Marguerite-Bourgeoys entre autres a fait beaucoup dans le domaine de la
sécurité routière et, sans aucune flagornerie, je crois
qu'il est bon de souligner la chose à cette Chambre.
Comme médecin, il m'a été trop souvent donné
de constater de visu les conséquences effroyables des accidents routiers
pour ne pas attacher une importance très grande à ce
problème qui est, à mon sens, celui de l'heure non seulement chez
nous dans le Québec, au Canada, mais dans le monde entier. Rien ne sera
négligé pour tenter d'améliorer la situation. Nous avons
continué et intensifié cette année les cliniques de
sécurité. Elles ont été suivies par des milliers et
des milliers de personnes qui ont certes appris une foule de renseignements qui
leur seront d'une très grande utilité et ce travail
d'éducation, nous l'avons entrepris également chez les jeunes. Il
a été poussé et, à la suite de nombreuses
dé-
marches, nous avons maintenant la certitude que le ministère de
l'Education va lancer dans nos écoles des cours théoriques et des
cours pratiques. Ceux de notre génération, malheureusement, n'ont
pas eu cet avantage, avec le résultat que l'on connaît.
Au moins, préparons la génération qui monte.
L'inspection des véhicules automobiles sur une base volontaire a
déjà donné de bons résultats. Nous désirons
intensifier ce programme, particulièrement en ce qui a trait aux autobus
scolaires. L'automne et l'hiver derniers, nos équipes ont parcouru un
grand nombre de districts. Il nous a fallu retirer de la route nombre de
chauffeurs et juger des réparations majeures à des
véhicules automobiles transportant des écoliers.
Personnellement, je vois une solution permanente à ce
problème dans un contrôle plus sévère tant de
l'octroi des contrats de transport que des conditions dans lesquelles ils
doivent être exécutés. Une section spéciale
devrait-elle être établie à notre ministère? Est-ce
qu'une régie devrait être créée ou si la
Régie des transports doit s'en charger en entier?
Il m'est bien difficile, à ce moment, de donner une opinion
définitive. D'autant plus qu'une commission est présentement
à faire des études et est censée faire, d'ici quelques
mois, des recommandations au cabinet. Après ces recommandations, vous
comprendrez donc que je doive réserver mes commentaires, bien que je
sois tenté d'exprimer mon idée personnelle dès ce
soir.
Au sujet des régies, je me dois de dire que j'aimerais y voir un
système plus expéditif et un rendement accru. Il n'est pas
concevable que des délais aussi longs existent entre l'audition d'une
cause et l'ordonnance qui y fait suite. On cause ainsi des préjudices
graves à des individus et à des sociétés, de
même qu'au grand public. N'a-t-on pas tendance dans ces régies
à faire un trop grand état du strict point de vue légal,
tout en négligeant le côté pratique? On en est rendu
à exiger une foule d'informations légales et financières
où se perd facilement le pauvre transporteur du public. Délais et
frais légaux s'accumulent et font conséquemment l'objet de
plaintes au ministère sans que malheureusement, nous puissions faire
grand-chose.
Dans le but d'obtenir plus de rendement et d'efficacité, je me
demande s'il ne serait pas pratique de diviser les juridictions des
régies. Ainsi, tout le camionnage serait régi par un organisme et
le transport des passagers irait sous la juridiction d'un autre organisme.
Même chose à la Régie des services publics où les
expropriations nombreuses iraient sous une régie et les services
téléphoniques sous une autre. A tout événement,
dans ce siècle de la vitesse, il est inconcevable de songer plus
longtemps à laisser une certaine paralysie s'emparer de quelque secteur
de l'administration que ce soit. C'est donc mon intention de faire
procéder le plus rapidement possible à une certaine
réorganisation dans ce domaine, le tout, bien entendu, avec
l'assentiment du premier ministre, de mes collègues, de même que
de la Chambre.
Je désire faire l'impossible pour hâter l'expédition
du travail dans ce service. C'est dans ce but que, grâce à de
multiples efforts, nous avons réussi jusqu'à maintenant à
procéderà la mécanisation de l'émission des permis
de conduire ou de l'enregistrement des véhicules automobiles. Le bureau
des véhicules automobiles est maintenant doté d'un centre de
données électroniques et tous les efforts nécessaires sont
déployés pour roder le système, bien entendu assez
compliqué, mais qui, j'en suis sûr, donnera des résultats
des plus satisfaisants une fois tous les travaux d'aménagement
exécutés. Je suis convaincu que je pourrai toujours compter sur
la coopération de tous pour mener à bien l'oeuvre entreprise par
mes prédécesseurs, tout comme j'entends bien compter sur la
coopération et sur la collaboration de tous les membres de cette Chambre
et également de l'Opposition.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est pratiquement la
première fois que nous avons l'avantage d'entendre le nouveau ministre
en cette Chambre. Je voudrais, au nom de l'Opposition, lui dire que nous
n'avons, à son endroit et à l'endroit du ministère qu'il
dirige, que les meilleures intentions du monde. Je n'apprendrai rien à
cette Chambre en rappelant les liens d'amitié qui, depuis plusieurs
années déjà, m'unissent au ministre des Transports et des
Communications. J'ai été heureux de l'entendre insister sur
l'aspect sécurité dans le transport.
Nous traversons une année qui restera célèbre pour
plusieurs choses; elle restera célèbre parce que c'est le
centenaire de la Confédération, elle restera
célèbre parce que c'est l'Expo à Montréal, mais il
ne faudrait pas qu'elle demeure célèbre à cause du nombre
d'accidents qu'elle aura produits dans la province de Québec. S'il ne
s'agissait que de l'aspect humain, et je sais que cet aspect intéresse
très particulièrement le ministre médecin, ce serait
déjà plus que suffisant pour que nous attachions au
problème de la sécurité routière une attention sans
précédent. Mais, malheureusement, ce qui frappe parfois davantage
l'esprit des conducteurs d'automobiles, ce n'est pas l'aspect du danger
public.
Traditionnellement, on s'imagine toujours que les accidents c'est pour
les autres, ce n'est
jamais pour soi-même. Ce qui les frappe le plus, c'est le
coût des assurances-automobiles. Il est évident que le coût
de l'assurance-automobile est en relation directe avec le nombre des accidents
dans un lieu donné. Or, il arrive que chez nous, malheureusement, nous
avons atteint, dans ce domaine de l'assurance-automobile, des prix très
élevés et, dans certaines régions du Québec, l'on
peut même dire que c'est presque astronomique. Si l'on ajoute, à
ce coût accru pour les citoyens du Québec, les dommages
matériels qui sont causés par le nombre effarant d'accidents que
nous avons chez nous, nous avons trois excellentes raisons de seconder les
efforts que le ministre veut faire, de rappeler ce que ses
prédécesseurs ont tenté dans ce domaine d'une
extrême importance et de nous permettre de lui faire, lorsque nous
arriverons à l'étude de ces articles particuliers qui traitent de
sécurité routière, de lui faire des suggestions et
même de lui dire notre regret devant certains postes de son budget. Ceci
dit, M. le Président, nous souhaitons, en 1967, bonne chance à ce
ministère. La bonne réputation et la santé des
Québécois sont en jeu.
M. LE PRESIDENT: Article premier, paragraphe 1.
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais demander au ministre
quel est le nom de son sous-ministre.
M. LIZOTTE: C'est un nom universellement connu, c'est M. Jacques
Verreault...
M.LAPORTE: M. Jacques Verreault.
M. LIZOTTE: ... qui a rendu service à la province pendant
peut-être trois générations.
M. LAPORTE: Est-ce que M. Jacques Verreault était à
l'emploi du ministère avant que le gouvernement ne changeât?
M. LIZOTTE: Evidemment.
M. LAPORTE: Est-ce que d'autres sous-ministres ont été
nommés depuis le 16 juin 1967?
M. LIZOTTE: Non.
M. LAPORTE: Non. Alors, je voulais souligner ce nom de Jacques
Verreault, M. le Président, pour dire que le ministère des
Transports est doté d'un excellent sous-ministre, qui est un homme
extrêmement travailleur et progressiste...
M. JOHNSON: Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?
M. LAPORTE: ... et s'il en va de même pour les autres
fonctionnaires, le personnel est excellent.
M. JOHNSON: Il doit y avoir anguille sous roche!
M. LAPORTE: Non, non. Je veux demander au ministre, comme l'a
suggéré un de ses collègues de l'autre côté
du fleuve, en face de chez lui, s'il a l'intention d'opérer une purge
à l'intérieur de son ministère.
M. LIZOTTE: Quand un ministère va déjà bien, c'est
ce que nous avons entendu dire lorsque le dernier budget de nos amis d'en face
a été présenté, que le ministère avait tout
ce qu'il lui fallait, qu'il allait très bien, je ne vois pas la
nécessité d'opérer de purge à ce
moment-là.
M. LAPORTE: Très bien.
M. LIZOTTE: Ce serait un mauvais acte médical.
M. LAPORTE: Je remercie le ministre, et je suis certain que le
député auquel je me réfère va être de plus en
plus déçu parce que nous avons obtenu la même
réponse de tous les ministres à qui nous avons posé la
question.
M. JOHNSON: Est-ce que ce serait une tactique, par hasard?
M. LAPORTE: Une tactique de la part du député de
Montmorency? C'est à lui qu'il faudrait le demander, pas à
nous.
M. JOHNSON: De la part de l'Opposition.
M. LAPORTE: Ah! c'est une tactique de savoir s'il y a des
ministères où l'on se prépare à faire une purge,
c'est clair. C'est une tactique qui va durer...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je regrette, vous employez le mot «
purge »...
M. LAPORTE: Un instant, M. le Président, nous allons avoir une
déclaration.
M. TREMBLAY (Montmorency): Vous employez le mot « purge »
qui ne vient pas de moi, M. le député de Chambly.
M. LAPORTE: Alors, je remercie le député, qui s'est
reconnu. A moins que mes collègues n'aient d'autres questions à
l'article 1, je n'en ai pas d'autres moi-même.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe 2 , adopté?
Adopté. Paragraphe 3, adopté?
M. LAPORTE: Paragraphes 1, 2, 3,4, 5, pas de problème.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, adopté. Poste 2.
M. LAPORTE: Au poste budgétaire 2, M. le Président, je
voudrais demander au ministre de nous expliquer le plus brièvement
possible ce qu'est le service d'inspection.
M. LIZOTTE: Le service d'inspection, de façon
générale, surveille les détenteurs de permis qui sont
donnés par la Régie des transports, de sorte qu'un camionneur qui
aura un permis pour transporter, par exemple, des libéraux, mais qui
transportera des nationaux, on pourra lui enlever son permis.
M. LAPORTE: Est-ce que ça participe de cette même tactique
que l'on m'a racontée, venant évidemment de l'Union Nationale qui
transportait des électeurs? On voulait savoir s'ils votaient rouge ou
s'ils votaient bleu. Il parait que le truc prenait à tout coup. On
demandait à la personne: Est-ce que je vous conduis au « poil
» rouge ou au « poil » bleu et ça répondait
presque à tout coup. Quand ils disaient le « poil » rouge,
on disait: Excusez-moi, vous vous êtes trompé d'automobile.
Descendez ici, puis ils vont venir vous prendre dans quelques minutes. Est-ce
que ça prenait un permis spécial pour ça?
M. LIZOTTE: Pardon?
M. LAPORTE: Alors, le service d'inspection, M. le Président, pour
parler d'une chose qui me semble très sérieuse, est-ce que ceci a
quelque chose à voir avec l'inspection périodique, obligatoire ou
volontaire, des véhicules automobiles dans la province de
Québec?
M. LIZOTTE: C'est le service d'éducation qui s'occupe de
l'inspection dont parle mon honorable ami.
M. LAPORTE: Oui, mais est-ce que c'est à cet
article-là?
M. LIZOTTE: Non, ce n'est pas là-dedans.
M. LAPORTE: Alors, ce service d'inspection, ce sont des inspecteurs qui
sont sur la route pour savoir si les camionneurs détenteurs de permis
respectent les prescriptions de leur permis?
M. LIZOTTE: C'est ça. S'ils se conforment à leur permis,
tel que demandé et accordé par la régie.
M. LAPORTE: Est-ce que le ministre voudrait nous expliquer si le nombre
de permis a diminué, si les inspections vont être moins nombreuses
ou si les inspecteurs vont faire plus de travail, puisque le budget de ce
poste, qui était de $574,000, est ramené à $467,000, que
le nombre des employés, qui était de 88 a été
ramené à 75 et que le budget des traitements, qui était de
$390,000, sera maintenant de $363,000?
M. LIZOTTE: L'an dernier, M. le Président, les cadres n'ont pas
tous été remplis et c'est pour cette raison qu'il y a une
diminuation cette année et nous allons les remplir aussitôt que
possible.
M. LAPORTE: Là, je voudrais bien comprendre.
M. LIZOTTE: Vous n'avez pas compris?
M. LAPORTE: L'an dernier, est-ce qu'il y avait, oui ou non, 88
employés à ce poste-là, au service des inspections?
M. LIZOTTE: Pour bien renseigner la Chambre, actuellement, nous avons 29
inspecteurs dans la région de Québec et 27 dans la région
de Montréal, ce qui fait un total de 56, le grand total serait de 61.
Alors, il en manquerait 5 à l'heure actuelle.
M. LAPORTE: M. le Président, je regrette. Si le ministre voulait
se référer à son budget à la page 163 du
détail, article 2, « service d'inspection », sous-article 1,
« traitements», c'est marqué 75, et j'imagine que cela veut
dire 75 employés à cet article. Entre guillemets, il y en avait
88, ce qui veut probablement dire qu'il y avait 88 employés l'an
dernier.
M. LIZOTTE: Vous devez vous imaginer, M. le Président, que je
n'ai pas appris le code par coeur. Vous avez non seulement des inspecteurs,
mais les inspecteurs ne travaillent pas seuls, ils ont des secrétaires,
des assistants. C'est ce qui fait que le chiffre qui est inscrit ici, en marge
des traitements et salaires, n'est
pas exactement la réponse que posait le député de
Chambly. Le député de Chambly a parlé d'inspection. Il
voulait savoir le nombre d'inspecteurs, nous le lui avons donné. Les
chiffres sont 75 et 88: 88 ce serait le nombre normal d'inspecteurs et de
secrétaires, tandis qu'à l'heure actuelle, nous en avons 75. Il
reste cet écart à remplir.
M. LAPORTE : Alors, si je comprends bien, 88 c'est le chiffre
prévu...
M. LIZOTTE: Oui.
M. LAPORTE: ... dans vos cadres. Mais comment se fait-il, dans ce
cas-là, que le budget général des traitements part de
390,000 et descend à seulement 363,000?
M. LIZOTTE: Les cadres n'ayant pas été remplis l'an
dernier, cette année, ils ne l'ont pas accordé.
M. COITEUX: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait nous dire si le
secteur de la route 15 entre Tadoussac et Sept-Iles, est couvert par un ou deux
inspecteurs?
M. LIZOTTE: Tadoussac, deux inspecteurs. M. COITEUX: Deux
inspecteurs.
M. CHOQUETTE: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
nous dire si l'inspection dont il s'agit est simplement l'inspection des
véhicules automobiles au point de vue mécanique ou est-ce que
cela comprend également l'inspection du transport qui est sous
l'autorité de la Régie des transports?
M. LIZOTTE: J'ai donné la réponse antérieurement.
Nous avons dit que l'inspection dont il s'agit, à l'heure actuelle, est
celle des détenteurs de permis qui sont autorisés à faire
un certain genre de transport.
M. CHOQUETTE: C'est ce que je veux dire. Alors, par conséquent,
c'est...
M. LIZOTTE: Alors il ne s'agit pas de la mécanique.
M. CHOQUETTE: ... la vérification...
M. LIZOTTE: Ce n'est pas de la vérification, c'est de
l'inspection de permis.
M. CHOQUETTE: ... effectuée pour les transports de marchandise
n'est-ce pas?
M. LIZOTTE: C'est ça.
M. BINETTE: M. le Président, si j'ai bien compris le ministre des
Transports il y a quelques instants, il a mentionné que le chiffre 88
était celui du nombre d'employés prévu pour l'année
qui vient et que le chiffre 75 était pour le nombre d'employés de
l'an dernier. C'est bien ça?
M. LIZOTTE: Non. 88, l'an dernier.
M. BINETTE: Oui. Et cette année?
M. LIZOTTE: Bien là, il nous en reste 75.
M. BINETTE: il y en aura 75 cette année?
M. LIZOTTE: Il y en avait 88 et il en reste 75.
M. BINETTE: Oui, j'avais compris le contraire, c'est parce que
j'étais pour référer le ministre à la page 7,
où c'est expliqué...
M. LIZOTTE: Actuellement, il en manque 13.
M. BINETTE: ... que le chiffre en italique indique le nombre de l'an
dernier.
M. CHOQUETTE: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait nous dire
combien d'accusations ont été logées par ce service
d'inspection à l'égard de ceux qui auraient enfreint les permis
de transport accordés par la Régie des transports?
M. LIZOTTE: M. le Président, le nombre de vérifications
effectuées en 1967, pour Québec et Montréal, c'est
11,305.
M. CHOQUETTE: Entre Québec et Montréal?
M. LIZOTTE: Résidents de la province de Québec 8,096, non
résidents 159. Dans le district de Québec, pour un total -de
8,255. Dans le district de Montréal est-ce que le
député veut entrer dans la question ou dans la
réponse?
M. TREMBLAY (Bourassa): Allez, allez.
M. LIZOTTE: Dans le district de Montréal, résidents de la
province 2,527, non résidents 523, pour un total de 3,050. Maintenant
ici j'ai la liste: catégorie et nombre de véhicules automobiles
ayant fait l'objet de vérification.
Pour les autobus, voulez-vous que je vous donne toute la liste?
M. CHOQUETTE: Je n»ai pas d'objection.
M. LIZOTTE: Autobus 192 Québec, 57 Montréal, total 249.
Autobus scolaires, 374 à Québec, 126 à Montréal,
total 500. Véhicules de livraison sans permis de la régie, 2,729
pour Québec 994 pour la région de Montréal, total, 3,723.
Véhicules de ferme, 349 à Québec, 64 dans la région
de Montréal, total 413. Véhicules de commerce, 4,060
région de Québec, 1,109 région de Montréal, total
5,169. Véhicules taxis, 87 région de Québec, 58 pour la
région de Montréal, total 145. Véhicules de promenade, 238
pour la région de Québec, 112 pour la région de
Montréal, total 350. Véhicules propriété du
gouvernement, 35 pour la région de Québec et 6 pour la
région de Montréal, total 41. Véhicules appartenant
à des non-résidents, 159 pour la région de Québec
et 523 pour la région de Montréal, total 682. Véhicules
utilisés pour la navigation, 32 pour la région de Québec,
1 pour la région de Montréal, total 33. Le grand total pour la
région de Québec, 8,255; pour la région de
Montréal, 3,050, et le total des deux fait 11,305.
M. CHOQUETTE: Mais comment se fait-il qu'il y ait un si grand
déséquilibre entre les chiffres pour la région de
Québec et ceux de la région de Montréal?
M. LIZOTTE: Ah ça...
M. CHOQUETTE: Je vois que vous avez 8,000 vérifications pour la
région de Québec et 3,000 pour la région de
Montréal.
M. LIZOTTE: Tout dépend du nombre de permis qu'il y a dans une
région déterminée. Quand dans une région il y a
plus de permis, alors nécessairement...
M. CHOQUETTE: Non. Mais vous nous disiez tout à l'heure que vous
aviez 29 inspecteurs pour la région de Québec et 27 pour la
région de Montréal. Je m'étonne que nous arrivions
à 8,000 vérifications pour la région de Québec et
3,000 pour la région de Montréal.
M. LIZOTTE: Vous avez la région de Montréal, c'est celle
des ports où les camions sont peut-être en plus petit ou en plus
grand nombre. A tout événement, ça réclame beaucoup
plus d'inspecteurs pour faire un travail assez souvent beaucoup moindre que
celui qu'ils font dans une autre région.
M. CHOQUETTE: Quelles sont les limites de la région de
Québec et celles de la région de Montréal?
M. LIZOTTE: Pardon?
M. CHOQUETTE: Les limites des deux régions?
Trois-Rivières.
M. LIZOTTE: Trois-Rivières-Montréal, c'est la
région de Montréal, Trois-Rivières-Québec, c'est la
région de Québec.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre pourrait nous informer, M. le
Président, du nombre de causes qui ont résulté de ces
quelque 11,000 vérifications?
M. LIZOTTE: Est-ce que l'honorable député m'a
demandé le nombre de causes?
M. CHOQUETTE: Le nombre de causes qui ont été
instituées à la suite de ces 11,000 vérifications. Le
nombre de mises en accusation ou d'infractions?
M. LIZOTTE: 1,500 causes ont été
référées au ministère de la Justice. C'est le
ministère de la Justice, évidemment, qui prend action, ce n'est
pas le ministère des Transports et des Communications.
M. CHOQUETTE: 1,500 causes ont été instituées
à la suite de ces vérifications. Est-ce que l'honorable ministre
pourrait nous dire combien de ces causes se sont soldées par des
résultats positifs?
M. LIZOTTE: Qu'est-ce que le député entend par
résultats positifs? Est-ce qu'il entend des condamnations?
M. CHOQUETTE: Bien, je veux parler des causes bien fondées.
M. LIZOTTE: Le bien-fondé ou la condamnation?
M. CHOQUETTE: Bien, enfin soit par des plaidoyers de culpabilité
ou par des condamnations.
M. LIZOTTE: 90% d'après notre...
M. CHOQUETTE: Bien non, écoutez. Là, des pourcentages,
à peu près, je ne pense pas qu'en Chambre on puisse accepter des
réponses approximatives comme ça. J'aimerais bien avoir des
chiffres précis. L'honorable ministre devrait avoir devant lui, n'est-ce
pas, les états lui permettant de répondre aux questions.
M. LIZOTTE: M. le Président, je proteste
contre cette façon de parler du député. Le
député, qui est avocat ou qui devrait l'être, doit savoir
ceci, c'est que nous prenons un certain nombre de causes. J'ai dit que 1,500
ont été inscrites.
C'est le ministère de la Justice qui nécessairement fait
les plaidoiries. Là-dessus, on prétend que 90% ont
été menées à bonne fin, d'autres où il y a
eu des retraits pour des raisons légales ou autres. A tout
événement, la réponse c'est que sur 1,500 causes qui ont
été faites, 90% ont abouti de façon positive. C'est
ça la réponse.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vousn'avezpas plus de détails à
nous donner que ça?
M. LIZOTTE: Il faudrait s'adresser au ministre de la Justice.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que vous pourriez nous expliquer le
service d'inspection? En quoi ça consiste exactement? Est-ce que c'est
pour ceux qui n'ont pas de permis? Est-ce que c'est pour les taux ou est-ce que
c'est pour les distances, pour les pesanteurs?En quoi consiste le travail de
l'inspecteur à la régie?
M. LIZOTTE: Le camionnage se résume à ceci. Pour faire du
transport, il faut avoir un permis. Nos inspecteurs font les inspections afin
de déceler ceux qui font du transport sans permis. C'est un point.
Maintenant, il y a la question des taux. Ceux qui ont des permis doivent
opérer en vertu de certains taux qui sont fixés par la
régie et s'ils opèrent avec des taux plus bas ou plus
élevés, encore à ce moment-là, c'est le travail de
l'inspecteur de les prendre en flagrant délit et de leur faire une cause
d' infraction. Il existe à part ça ceux qui n'ont pas de permis
et qui opèrent de la même façon. Il s'agit de faire des
causes d'infractions à ceux qui n'ont pas de permis.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que le ministre prévoit dans les
ports soit le port de Montréal, le port de Trois-Rivières
ou le port de Québec les déchargements de bateaux qui se
font par camions à bascule? En 1954, on a enlevé la loi du permis
de transport qui était accordé aux camionneurs à bascule,
disons, pour le transport de la bière et le transport des
ingrédients qui venaient des bateaux. En 1954, on a donc enlevé
les permis à nos camionneurs dans la province mais maintenant, des
compagnies qui ont 50, 75 et 100 camions, ont des permis de transport
général et ceci après avoir enlevé les permis du
petit camionneur on leur demande maintenant un permis de transport. Souvent,
ça arrive à Montréal, ça doit arriver à
Québec, comme ça peut arriver à Trois-Rivières. Il
y a des déchargements de bateaux, de bateaux de 15,000, 20,000 tonnes.
Ils chargent les camions des compagnies mais le pauvre petit camionneur qui a
un camion depuis 25 ans, 30 ans, s'il va au port pour travailler, se fait
arrêter parce qu'il n'a pas de permis.
M. ROYs Il est temps qu'il change son camion.
M. TREMBLAY (Bourassa): On parle toujours des amis d'en face mais
là, on va parler de vous autres un peu. En 1954, c'est l'Union Nationale
qui était là et c'est elle qui a enlevé les permis
à ce moment-là. C'est elle qui a enlevé les permis aux
petits camionneurs et maintenant, on fait des infractions aux petits
camionneurs, sur le port. Cela c'est vous autres. Je vous demande si vous avez
prévu quelque chose pour venir en aide à nos camionneurs à
bascule, pour accorder un permis suivant lequel ils pourront charroyer tout ce
qui est transportable et qui se bascule.
M. ROY: C'est un avant-gardiste du parti.
M. GRENIER: La pitoune rouge.
M. ROY: C'est l'aile gauche ou l'aile droite?
M. LIZOTTE: L'honorable député a déjà
parlé de cette chose en dehors de la Chambre et je lui avais dit
à ce moment-là...
M. ROY: C'est un gros cas.
M. TREMBLAY (Bourassa): Occupe-toi de Joliette. T'en as assez!
M. LIZOTTE: ... que l'article 33 de la loi de la régie les
empêche de basculer comme il dit. Alors, actuellement, il faudrait
prévoir un amendement à l'article 33 de la loi de la régie
afin de permettre d'employer ce système dont il parlait tout à
l'heure.
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui parce que sûrement le sous-ministre
des Transports a une expérience dans ce domaine et est au courant que
c'est un problème sur tous les ports. C'est seulement les grosses
compagnies qui peuvent transporter dans les ports et l'artisan camionneur,
encore une fois, est exclu.
Est-ce qu'on peut s'attendre à une nouvelle du ministère
des Transports d'ici quelque temps à ce sujet? Disons d'ici deux ou
trois mois?
M. SIMARD: Cela ne prendra pas cinq ans.
M. LIZOTTE: Je viens de prendre une note à cet effet, et
j'espère que l'honorable député sera satisfait du travail
que nous allons faire dans ce sens-là parce que je pense comme lui.
M. LEDUC (Taillon): Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
pourquoi, au service des traitements, il y a une diminution de personnel?
Est-ce que le personnel est plus compétent ou est-ce qu'on s'entend
à éliminer certaines personnes à ce stade-ci?
UNE VOIX: Pour la troisième fois.
M. LIZOTTE: Nécessairement, je ne suis pas maître de la
mort. Il y en a qui meurent, il y en a qui prennent leur retraite.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avions un budget dont
il fallait tenir compte. Nous avons décidé de vivre selon nos
moyens. Nous avons été aux priorités, nous avons
été aux urgences et, à l'heure actuelle, nous allons
administrer en vertu du budget que, dans l'intérêt des citoyens de
la province, nous pensons devoir offrir à la population.
M. CHOQUETTE: M. le Président, tout à l'heure, je posais
des questions sur le nombre de vérifications à l'honorable
ministre et, réellement, je suis étonné qu'il ait
répondu: « Nous avons eu 3,000 vérifications l'année
dernière dans le district de Montréal, tandis que 8,000 l'ont
été dans le district de Québec. » Et pourtant c'est
avec le même nombre d'inspecteurs. Je me demande ce que font les
inspecteurs dans le district de Montréal puisque les inspecteurs, dans
le district de Québec, ont réussi à faire 8,000
inspections. Il me semble que les inspecteurs du district de Québec
travaillent beaucoup plus fort que ceux du district de Montréal. Il doit
y avoir une explication à ça.
M. LIZOTTE: Tout à l'heure, j'ai donné des détails.
J'ai mentionné les résidents de la province et les
non-résidents. Les non-résidents, dans le district de
Québec, il y en avait 159, et dans le district de Montréal, 523.
Or, comme ces non-résidents viennent d'outre-frontière, assez
souvent ils arrivent peut-être dix, quinze, vingt ou vingt-cinq dans la
même journée. Alors j'imagine que ça prend plus
d'inspecteurs pour faire des inspections massives, qu'il en faut pour faire 159
inspections de non-résidents qui arrivent de différents points
dans le district de Québec, de Trois-Rivières à
Gaspé.
M. CHOQUETTE: Oui, mais écoutez, cela me semble être le
contraire, parce que, dans le district de Québec, on a fait beaucoup
plus d'inspections. Or, suivant la réponse que j'ai comprise de
l'honorable ministre, il me semble que le transport est beaucoup plus
centralisé à Montréal. Par conséquent, il doit
falloir moins d'inspecteurs à Montréal pour faire l'inspection du
transport que dans le district de Québec.
M. LIZOTTE: Je voudrais faire comprendre au député ceci:
tout dépend de la situation où se trouve l'inspecteur. Vous avez
un inspecteur au rond-point à Lévis, il peut en inspecter un dans
une journée tandis que, dans une autre région, il y en aura
peut-être dix à inspecter. C'est ce qui occasionne le
déséquilibre dans les chiffres. On ne peut pas établir une
chose mathématique et dire: ici, il y a 500 inspections à faire
et il faut trois inspecteurs. Là-bas, s'il y en a 500, il faudra trois
inspecteurs aussi. C'est comme pour les inspections d'hôtel. Si vous avez
des inspections d'hôtel, d'ici à Gaspé par exemple, dix
hôtels sur une distance de 500 milles, il est évident que
ça prend beaucoup plus de temps que d'inspecter une dizaine
d'hôtels qui sont dans une circonscription d'un mille carré.
M. CHOQUETTE: Oui, c'est sûr. Cela, je l'admets facilement, mais,
à Montréal, comme tout le monde le sait, le transport est
beaucoup plus centralisé. Cela arrive à des terminus, et les
compagnies de transport convergent toutes au même endroit. C'est
centralisé et même monopolisé. Tandis que dans la
région de Québec, le transport est beaucoup plus diffus, et c'est
pour ça que je m'étonne que ce soit le contraire dans les
chiffres, que les vérifications soient beaucoup plus nombreuses à
Québec qu'elles ne le sont à Montréal.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, j'aurais une question qui
s'adresserait au ministre des Transports et Communications. Depuis le
début de l'Expo, sur les camions qui transportent des produits de la
frontière américaine, est-ce qu'il y a eu un plus grand nombre
d'inspections sur les camions dit Gypsy? Est-ce qu'on pourrait nous dire
exactement combien d'inspections ont été faites depuis le
début de l'Expo?
M. LIZOTTE: Voici, je serais malhonnête si je donnais une
réponse affirmative avec un chiffre parce...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Dans la mesure du possible.
M. LIZOTTE: ... qu'à l'heure actuelle, il est évident que
l'ancien ministre a déjà assez bien manoeuvré son budget
pour savoir ces choses-là. Je pourrai vous donner les chiffres demain,
si vous le voulez, mais pas ce soir.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Est-ce que des précautions
particulières ont été prises? Est-ce qu'on a
augmenté le nombre des inspecteurs dans la région de
Montréal à cause des activités commerciales qui se
produisent présentement?
M. LIZOTTE: Nous avons à l'heure actuelle onze nouveaux
inspecteurs qui sont sur le point d'entrer en fonction.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Alors, ce serait une augmentation de onze? Est-ce
que ces onze inspecteurs remplaceraient des personnes...
M. LIZOTTE: ... non, non.
MME KIRKLAND-CASGRAIN:... qui auraient quitté le
ministère?
M. LIZOTTE: ... que nous allons ajouter.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... qui vont être ajoutés en plus du
nombre actuel? Et pourriez-vous me rappeler le nombre exact de ceux qu'il y a
présentement dans la région de Montréal?
M. LIZOTTE: 56.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Alors, on aurait...
M. LIZOTTE: 27 pour la région de Québec et 56 pour la
région de Montréal.
M. CHOQUETTE: Non, non, c'est le total.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je pense que c'est le total.
M. CHOQUETTE: Vous vous trompez dans vos chiffres, vous lisez mal.
M. LIZOTTE: M. le Président, écoutez. Le
député est en train de s'acheminer vers une leçon de
politesse. Je dirai au député beaucoup plus aimable de
Marguerite-Bourgeoys que le total pour le district de Montréal est de
27, le total pour la région de Québec est de 29 et le total
général est de 56.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Alors, avec cette augmentation, le total serait
de 37, c'est exact?
M. LIZOTTE: Si on ajoute onze, ça va faire ça.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Merci.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, est-ce que cette
augmentation de onze nouveaux inspecteurs est incluse dans le nombre total
d'employés qu'on voit à l'article: « traitements/salaires
»et qui est de 75? Et si oui, on augmente de onze ce qui existait avant,
mais, en fait, on diminue de treize ce qui existait avant, Il n'y a pas une
anomalie dans les chiffres actuellement?
M. LIZOTTE: A l'heure actuelle, nous avons un effectif possible de 75
évidemment et nous allons rester dans ces limites-là. Vous m'avez
demandé ce que nous faisions pour la région de Montréal?
Nous avons dit qu'il y avait dans la région de Montréal onze
nouveaux postes et ce sont ces onze nouveaux là que nous allons
ajouter.
M. TREMBLAY (Bourassa): Maintenant, M. le ministre, vous m'avez dit tout
à l'heure que vous feriez quelque chose pour le port de Montréal.
Il y a une chose, c'est au sujet du transport du sel durant l'hiver. Je crois
que vous êtes au courant que durant l'hiver nous avons du transport de
sel un peu partout dans la province. A un moment donné, on vient
chercher un voyage de sel à Montréal, puis c'est encore la
même chose, on ne part même pas chargé, on est obligé
de s'en retourner chez soi et puis c'est encore certaines compagnies qui ont
encore le fameux permis « L », qui doivent faire le transport du
sel. Encore une fois, le pauvre petit artisan dans son comté, n'est
même pas capable de charger un voyage de sel. Est-ce que vous
prévoyez, en même temps que le transport du port de
Montréal, faire quelque chose pour le transport du sel sur l'île
de Montréal et dans tous les comtés?
M. LIZOTTE: Encore une question que nous avons pratiquement
étudiée ensemble. A l'article 33, la Loi de la régie qui
est entrée en vigueur, je crois, de 1960 à 1966, a
entraîné ce dont se plaint le député. A l'heure
actuelle, nous pensons que nous, nous allons l'amender de nouveau et
tâcher de rétablir le statu quo.
M. TREMBLAY (Bourassa): Mais ce n'est
pas depuis 1960/66, c'est de 1954 à 1966, il ne faudrait pas se
tromper là.JH faudrait donner les chiffres exacts, parce que des
chiffres à peu près ça laisse toujours à
désirer, Il faudrait dire de 1954 à 1966.
M. LEDUC (Taillon): C'est ça, il faut être
honnête.
UNE VOIX: Qu'est-ce vous avez fait pendant six ans?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne vous ai pas demandé l'heure, M. le
député! Bon, bien mêlez-vous de vos affaires! Si vous
voulez répondre, venez en avant et parlez. J'ai demandé ça
au ministre et le ministre m'a répondu. Si vous voulez parler,
levez-vous et parlez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne vous ai pas demandé l'heure.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LIZOTTE: Adopté, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Adopté, mais le ministre n'a pas donné de
réponse à la question du député.
M. LIZOTTE: Oui, oui, j'ai répondu. Pour moi, vous seriez mieux
d'écouter quand je parle, parce que vous n'avez pas l'air d'avoir
l'oreille trop fine.
M. CHOQUETTE: Vos collègues nuisent à votre voix.
UNE VOIX: Il est le seul qui se parle dans le parti.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Poste 2. A l'ordre! Poste 2, adopté,
Poste 3, article 1.
M. LAPORTE: Service aérien. M. le Président, est-ce que je
puis demander au ministre combien il y a actuellement d'avions qui sont la
propriété ou qui sont à l'usage ou qui sont
administrés par le ministère des Transports et Communications de
la province de Québec?
M. LIZOTTE: La réponse, c'est treize.
M. LAPORTE: La réponse est treize.
M. LIZOTTE: C'est un chiffre malchanceux.
Mais, que voulez-vous? Ce n'est pas moi qui l'ai inventé.
M. LEDUC (Taillon): Vendez-en un au plus vite!
M. LAPORTE: Est-ce que parmi ces treize avions il y a neuf avions
amphibies qui servent principalement pour la lutte contre les feux de
forêt?
M. LIZOTTE: Il y a sept amphibies.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre, M. le Président, qu'il
y a sept avions amphibies qui sont la propriété du
gouvernement?
M. LIZOTTE: Oui.
M. LAPORTE: Est-ce que je puis demander au ministre des Transports et
Communications comment il se fait et j'apprends la réponse ce
soir comment il se fait que, dans une réponse de M. Lizotte
à une question posée par le député de Taillon, il
répondait le 3 mai 1967 qu'il y avait neuf avions amphibies.
M. LIZOTTE: Il y en a sept qui servent à la protection des
forêts et les deux autres amphibies aussi, ce qui fait neuf
ne servent pas à la protection des forêts.
M. LAPORTE: M. le Président, je dois comprendre, pour qu'on ne
joue pas inutilement sur les mots, qu'il y a neuf avions amphibies qui sont la
propriété du gouvernement. D'accord?
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LAPORTE: Bon. Est-ce qu'il y a un hélicoptère qui est
également la propriété du gouvernement?
M. LIZOTTE: Oui.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il y a un DC-3 qui sert pour le transport du
personnel du gouvernement au ministère des Transports et
Communications?
M. LIZOTTE: Oui.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il y a également un avion Beechraft qui
sert pour le transport du personnel du gouvernement?
M. LIZOTTE: Effectivement, oui.
M. LAPORTE: Cela ce sont des avions qui je pose la question au
ministre datent d'un certain nombre d'années? Quel est
l'âge du DC-3?
M. JOHNSON: Il y en a qui ont perdu leurs dents!
M. LIZOTTE: Il a 24 ans.
M. LAPORTE: Il a 24 ans. Est-ce qu'on me dira également quel est
l'âge du Beechraft?
M. LIZOTTE il a neuf ans.
M. LAPORTE: Il a neuf ans. Est-ce que ces deux avions, de 24 ans pour le
DC-3 et de 9 ans pour le Beechraft sont, les avions les plus récents qui
sont actuellement la propriété du ministère des Transports
etCornmunications?
M. LIZOTTE: Pas précisément.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il y a un avion qui serait beaucoup plus
récent? Ou je vais poser une question différente. Est-ce qu'il y
a, propriété du gouvernement, un avion qui ne serait pas mu par
des moteurs à pistons?
M. LIZOTTE: Il existe un avion qui a été acheté
plus récemment que les autres.
M. LAPORTE: Plus récemment que les autres. Je vais me permettre
de donner encore un coup de main au ministre, de l'aider» Est-ce qu'il ne
s'agirait pas d'un avion de type DH-125?
M. GRENIER: C'est ça!
M. LAPORTE: On a toujours dit que les meilleurs questions sont
posées quand on connaît les réponses. Est-ce que cet avion
a été utilisé par le gouvernement depuis le 16 juin 1967,
ou plutôt 1966?
M. JOHNSON: Je l'espère.
M. LIZOTTE: Oui. Il a été utilisé par le
gouvernement et par les membres de l'Opposition.
M. LAPORTE: Cet avion a été utilisée par le
gouvernement et par des...?
M. LIZOTTE: Des membres de l'Opposition.
M. LAPORTE: Oui, oui, par des membres de l'Opposition, Est-ce que le
ministre aurait l'obligeance de me dire à quel moment un membre de
l'Opposition a pu noliser l'un quelconque des avions du gouvernement pour un
voyage?
UNE VOIX: Le député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LESAGE: Pas nolisé. M. LIZOTTE: Pas nolisé.
M. LAPORTE: Bon! Alors est-ce que le ministre me dirait combien de
voyages le DH-125 a effectués du 16 juin 1966 jusqu'à
récemment?
M. PINARD: Plusieurs.
M. LIZOTTE: Au 24 janvier inclusivement, 356 vols auraient
été effectués et actuellement il y en a environ de 800
à 850.
M. LAPORTE: Combien? M. LIZOTTE: De 800 à 850. M. LAPORTE : De
800 à 850.
M. LIZOTTE: Je ferai remarquer que ceci couvre tous les
ministères et même les vols pour aller chercher les malades.
M. LAPORTE : Je prends pour acquis, suivant la réponse qui a
été fournie à cette Chambre par le ministre à une
question posée le 19 avril 1967, que du 16 juin 1966 jusqu'au 16 avril
1967, le DH-125 a effectué 269 voyages dans la province de
Québec. Est-ce qu'il s'agirait du même avion auquel se
référait un journaliste de Québec dans l'édition de
l'Action Catholique d'aujourd'hui même, mardi le 23 mai, et qui
était décrit comme ceci: « Rayonnant comme le soleil
printanier qui faisait flamboyer les ailes du réacté
acheté par le gouvernement Lesage, M. Daniel Johnson en descendit la
serviette bourrée de promesses. » Est-ce que dans cette serviette
je pose la question au ministre des Transports et Communications
est-ce que dans cette serviette bourrée de promesses il y avait encore
celle de vendre le DH?
M. LIZOTTE: M. le Président, le député de Chambly
vient de faire allusion à une serviette bourrée de promesses qui
ne m'appartient pas. Comme je ne sais pas ce qu'il y a dedans, elle appartient
au premier ministre, il répondra pour moi.
M. LAPORTE: Alors je vais poser une autre question au ministre. Est-ce
que, dans sa serviette à lui, il y a...
M. JOHNSON: Non, mais est-ce que je pourrais répondre?
M. LAPORTE: Je vais vous poser la question à vous
après.
M. JOHNSON: Non, non.
UNE VOIX: Vous la poserez après?
M. LAPORTE: Je voudrais simplement demander au ministre s'il
retrouverait dans sa serviette à lui cette déclaration qu'il
faisait quelques jours après avoir été assermenté
à l'effet qu'il n'avait pas l'intention de vendre le DH-125.
M. LIZOTTE: Je ne l'ai pas vendu non plus.
M. LAPORTE: Alors comment puis-je je le demande toujours au
ministre comment puis-je réconcilier cette déclaration
qu'il avait faite et ce fait qu'il constate ce soir avec ce qu'avait
déclaré le premier ministre en Chambre à l'effet que
bientôt il allait demander des soumissions pour la vente de l'avion?
M. JOHNSON: M. le Président...
DES VOIX: Ah!
M. LAPORTE: Il va atterrir.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de Chambly
vient de dire que je vais atterrir, j'ai un conseil à lui donner:
Otez-vous de la piste, vous allez vous faire écraser.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il n'y a pas de danger, nous ne sommes pas
là.
M. JOHNSON: M. le Président, dans le gouvernement actuel il y a
des ministres, il y a un cabinet. La décision que j'ai annoncée
en cette Chambre, c'est la décision du cabinet.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre, M. le Président, que
le gouvernement de la province de Québec décision du
cabinet dans un gouvernement qui se veut progressiste qui a à sa
disposition un DC -3 qui a 24 ans, qui a à sa disposition un Beechcraft
qui a 9 ans, songe à vendre un avion tellement utile que, du 16 juin
1966 au 16 avril 1967, il a effectué dans la province de Québec
289 voyages? Je voudrais poser au ministre la question suivante:
Quelle est, à son avis et je vais comprendre qu'il
consulte les fonctionnaires autour de lui quelle est, à son avis,
la proportion des voyages, sur 300 par exemple, faits par des ministres et la
proportion de voyages faits pour d'autres fins dans la province de
Québec?
M. JOHNSON: M. le Président, pendant que le ministre consulte ses
officiers, je voudrais dire à cette Chambre que la décision du
cabinet de mettre en vente ou de demander des offres pour l'achat du jet
était une décision à laquelle nous en étions venus
à la suite d'études préliminaires. Mais on nous a
représenté qu'il fallait attendre, qu'il ne pouvait être
question de vendre le jet pendant la période de l'Expo, à cause
du besoin croissant de transport, entre Montréal et Québec
particulièrement...
M. WAGNER: Quel patinage! M. JOHNSON: Mais...
M. CHOQUETTE: Qui a fait ces représentations-là?
M. JOHNSON: ... les officiers du ministère des Transports et
Communications...
M. CHOQUETTE: Vous ne vous en êtes pas aperçu par vous
même? Cela vous prenait des représentations?
M. JOHNSON: Il y avait d'autres... M. LAPORTE: Est-ce surtout
pour...
M. JOHNSON: ... façons et aussi d'autres avions.
M. LAPORTE: ... transporter des visiteurs?
M. JOHNSON: Non, mais, entre autres, évidemment. On comprend
qu'à cause de l'Expo, il y a beaucoup plus de trafic. On sait par
exemple que la province de Québec a gracieusement offert un voyage de
quatre jours à Leurs Altesses royales de Belgique qui se sont servi du
jet pour aller dans le Grand-Nord. Et il y a d'autres voyages projetés
pour des visiteurs de marque. Tout cela vient s'ajouter déjà
à un trafic assez considérable. Evidemment, l'avion ne pourrait
pas être livré avant d'être remplacé par un au-
tre avion qui pourrait être d'un autre type et qui pourrait
coûter probablement meilleur marché.
Mais toute cette question est à l'étude, M. le
Président. Il y a un problème de portée
générale dans la province, c'est celui de l'accessibilité
de tous les gens à des moyens de transport. Nous avons une vue assez
globale de tout le problème. Des études se poursuivent
actuellement...
M. CHOQUETTE: Vous parlez comme le général de Gaulle. Ce
n'est pas si mal.
M. JOHNSON: Attention au colonialisme. M. CHOQUETTE: Il ne faut pas
critiquer.
M. JOHNSON: Comme diraient vos complices d'Ottawa: Attention au
colonialisme.
Je m'excuse auprès du député d'Outremont, il est
peut-être dans le groupe pro-québécois et non pas dans le
groupe fédéral.
M. CHOQUETTE: Non, mais vous suivez les journaux, d'après ce que
je vois.
M. JOHNSON: Pardon?
M. CHOQUETTE: Vous suivez les journaux, malgré vos voyages.
M. JOHNSON: Ah oui! on se renseigne vite.
M. le Président, il y a, dans la province, un problème
majeur, c'est celui dutransport. Personnellement, je crois que les routes de
l'avenir, c'est l'avion, les voies aériennes, surtout quand on songe au
développement du Grand-Nord. Nous voulons mettre en valeur nos
ressources naturelles de l'Ungava. Nous sommes conscients du fait que le
travail de prospection et de développement est actuellement au ralenti
pour diverses causes, dont les unes dépendent d'une politique fiscale
éventuelle, de l'incertitude dans laquelle se trouvent certaines
compagnies, mais une autre cause dépend de la province, en partie du
moins, c'est cette question de transport. Nous aimerions que le Québec
se développe rapidement et nous aurons besoin de plusieurs
aéroports, nous aurons besoin d'un système intégré
de transport aérien si nous voulons réellement mettre en valeur
tout le territoire.
M. CHOQUETTE: C'est pour l'atterrissage du satellite.
M. JOHNSON: J'ai hâte, M. le Président...
Non, le satellite... Ah! nous étudions la suggestion du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui voulait nous faire
acheter des installations à Highwater.
M. CHOQUETTE: Le Secrétaire de la province l'avait traité
de lunaire, quand le député de Notre-Dame-de-Grâce avait
parlé de ça.
M. JOHNSON: Pardon?
M. CHOQUETTE: Le Secrétaire provincial l'avait traité de
« lunaire » quand le député de
Notre-Dame-de-Grâce avait parlé de ça en Chambre.
M. JOHNSON: Non, non.
M. LEDUC (Taillon): Oui, oui.
M. JOHNSON: Cela doit être une faute de frappe, dans la
transcription des débats, parce que ce n'est pas « lunaire »
que je disais.
M. CHOQUETTE: Qui est frappé?
M. LEDUC (Taillon): C'est amusant, M. le Président, de constater
que nos idées sont assez souvent acceptées.
M. KIERANS: Trois ou quatre mois après.
M. JOHNSON: Non, mais le député de Taillon ne va pas
s'imaginer que les installations de Highwater sont organisées pour
lancer des satellites de communication de 500 livres 1,000 livres ou 15
livres.
M. KIERANS: Pour les stagiaires de nos universités, c'est mieux
que votre arrangement.
M. JOHNSON: Pardon?
M. KIERANS: On va en discuter, quand on parlera de votre budget.
M. JOHNSON: M. le Président, donc, le problème de
transport aérien doit être envisagé d'une façon
globale, il doit aussi être envisagé de façon pratique.
J'ai l'impression,en surface du moins, qu'il y a là un travail à
faire, qui ne dépend pas nécessairement du ministère des
Transports et Communications. C'est un peu plus de rationalisation dans tout le
transport. Nos officiers voyagent beaucoup, les ministres sont appelés
à voyager très souvent; nous songeons à coordonner le
transport et les réservations.
Nous songeons à utiliser les services professionnels, sans qu'il
en coûte plus cher à la province, de façon à assurer
plus d'efficacité à un coût moindre. En
résumé, l'avion qui n'est pas à piston...
M. LAPORTE: Qui n'est pas quoi?
M. JOHNSON: ... qui n'est pas à piston, comme a dit le
député de Chambly, cet avion sert actuellement...
M. LAPORTE : il sert même beaucoup.
M. JOHNSON: ... et il serait tout simplement stupide j'utilise
une comparaison que tout le monde comprend bien d'avoir dans sa corn-une
voiture très dispendieuse et de ne pas s'en servir.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: Si elle est dispendieuse, elle se déprécie
quand même, M. le Président, et il faut évidemment
l'utiliser pendant qu'on l'a.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'on peut se l'acheter?
UNE VOIX: Est-ce qu'elle est moins dispendieuse que le DC-3?
M. JOHNSON: Cela ne veut pas dire cependant qu'on a...
M. ROY: il n'a rien compris à tout ça.
M. JOHNSON: ... eu raison d'acheter une voiture dispendieuse. Une fois
qu'on est collé avec, il serait stupide de ne pas s'en servir, c'est
aussi simple que ça.
M. LAPORTE: M. le Président, j'ai été fort
impressionné par les déclarations et la dialectique du premier
ministre sur la nécessité d'améliorer le transport
aérien dans la province de Québec, mais je suis en même
temps extrêmement étonné des conclusions auxquelles il en
vient. Quant au DH, je vais maintenant tenter d'illustrer la logique de son
point de vue en posant quelques questions au ministre des Transports.
Le ministre des Transports nous dirait-il quel est, par comparaison avec
le DC-3 à piston, le coût de fonctionnement du DH
réacté au mille?
M. LESAGE: Au mille.
M. LAPORTE: Enfin, si vous connaissez ça, donnez-nous la
réponse, autrement laissez-nous...
M. LIZOTTE: $0.55 pour celui qui n'a pas de piston, puis $1.00 pour
l'autre.
M. LESAGE: $1 pour le DC-3, puis $0.55 pour le DH.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, si je comprends bien, le DH
coûte $0.55 le mille et le DC-3 coûte $1 le mille.
M. LIZOTTE: C'est ça.
M. LAPORTE: Et on veut garder le DC-3, et vendre le DH! Etant
donné premièrement que la décision de vendre le DH est
prise par le cabinet, étant donné, deuxièmement, que le
premier ministre vient d'annoncer qu'on va augmenter la flotte d'avions, je
veux demander au ministre quel avion on a décidé d'acheter pour
remplacer le DH.
M. LIZOTTE: Ce sont des décisions qui se prendront au conseil des
ministres, il n'y a rien dans les crédits à l'heure actuelle pour
acheter des avions.
M. LAPORTE: Oui, oui, d'accord. Est-ce que je dois comprendre? Bon,
très bien, il n'y a absolument rien, si je comprends bien, au budget
pour acheter des avions.
M. LIZOTTE: Pas à cet article-là.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre que la décision de
vendre le DH a été prise avant même qu'on ait fait
enquête pour savoir par quoi on allait le remplacer?
M. LIZOTTE: Non, M. le Président.
M. LAPORTE: Alors, je dois conclure qu'une enquête a
été faite par le ministère des Transports et
Communications sur le type d'avion qui allait remplacer le DH.
M. LIZOTTE: Une enquête a lieu. Elle continue, elle n'est pas
terminée.
M. LAPORTE: Elle n'est pas terminée. Alors, j'en viens encore une
fois à la conclusion que la décision de vendre le DH, qui
coûte $0.55 le mille alors que le DC-3 coûte $1 le mille, a
été prise avant que l'enquête sur le remplace-
ment ne soit terminée, avant que le ministre n'en soit venu
à des conclusions.
M. LIZOTTE: Tout à l'heure, le député de Chambly
m'a posé une question. Je lui ai répondu. Il a fait allusion
à une déclaration que j'ai faite à l'effet que le DH-125
ne serait pas vendu, et je lui ai répondu à ce moment-là.
Quelques minutes après, il nous revient et il me prête des
déclarations que j'aurais faites et qui seraient contraires à
celles auxquelles il a fait allusion.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois tenir pour acquis que le ministre va
avoir raison contre le premier ministre qui dit qu'il va être vendu alors
que le ministre dit qu'il ne sera pas vendu? Est-ce qu'on peut savoir qui des
deux a raison?
M. JOHNSON: Nous allons nous entendre. Je pense que le
député de Chambly aurait été bien inspiré de
laisser le député de Marguerite-Bourgeoys débattre cette
question,
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'aurai des questions à poser, ça
s'en vient.
M. JOHNSON: Parce que le député de Marguerite-Bourgeoys en
connaît certainement plus sur le sujet que le député de
Chambly.
M. LAPORTE: On va voir ça tout à l'heure.
M. JOHNSON: D'abord, quand on parle de $0.55 le mille et de $1 le mille,
il faut bien s'entendre. Cela est le prix du carburant, des dépenses
d'exploitation, ça ne tient pas compte de la dépréciation,
ça ne tient pas compte d'une foule d'autres facteurs.
M. LESAGE: C'est ça.
M. KIERANS: Donnez-nous le coût exact.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Et de l'économie du temps des
ministres.
M. JOHNSON: Pardon?
M. KIERANS: Donnez-nous le coût exact dans ce cas. Est-ce que vous
l'avez?
M. JOHNSON: Oui. D'ailleurs le coût a été
calculé du temps de nos honorables amis. Quand le DH est employé
pendant une heure par un ministère, on envoie un compte au
ministère en question pour un montant de $200.
M. LESAGE: C'est le conseil de la trésorerie, ça.
M. JOHNSON: Sept personnes, huit passagers... en tout cas, c'est $200
l'heure.
M. LAPORTE: Vous leur chargez $145 de trop!
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'aurais une question.
M. JOHNSON: J'ai la parole. Si on veut bien attendre un peu, être
un peu patient. Le DC-3, qui transporte...
M. LESAGE: Vingt.
M. JOHNSON: ... vingt personnes ne coûte au ministère qui
l'emploie que $100 l'heure.
M. LESAGE: Oui, mais combien de milles?
M. LAPORTE: Combien de milles à l'heure? On va venir à
ça aussi. Est-ce que le premier ministre pourrait demander au monsieur
qui est à côté de lui quelle est la moyenne de passager par
avion par voyage? Il va se faire répondre que c'est quatre ou cinq
personnes par voyage. Si l'avion a vingt places, la moyenne par voyage est de
quatre ou cinq.
M. JOHNSON: Tout dépend.
M. LAPORTE: Tout dépend? Mais ça dépend du nombre
de gens qui montent à bord.
M. JOHNSON: Encore là, il y a vingt façons de calculer
ça. Il reste qu'il y a d'autres provinces... il y en a une entre autres,
aussi considérable que la nôtre, plus considérable i tous
points de vue, population, richesse, budget, revenu per capita, où on
s'est contenté d'un avion de $500,000....
M. LAPORTE: Quel type d'avion?
M. JOHNSON: ... qui peut atterrir sur une piste de 500 pieds.
M. LESAGE: Quelle sorte d'avion?
M. LAPORTE: Est-ce que c'est un turbo-réacté?
M. JOHNSON: ... qui va un peu moins vite...
M. LESAGE: Quelle sorte d'avion?
M. LAPORTE: Est-ce que le premier ministre sait quel type d'avion?
M. JOHNSON: .. qui peut atterrir pratiquement à tous les
endroits dans la province.
M. LESAGE: Non, c'est faux.
M. JOHNSON: ... qui est certifié pour aller partout, alors que le
DH...
M. LESAGE: Quel type d'avion?
M. JOHNSON: ... lui, évidemment, il a certains caprices. Il ne
peut atterrir que sur des pistes de 3,500 pieds, 3,200 pieds.
M. LESAGE: Non, non. Il prend moins long que le DC-3.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Moins d'espace que le DC-3.
M. JOHNSON: Jusqu'à tout récemment, il n'était
certifié que pour des pistes pavées. Je comprends que, depuis un
certain temps, il est certifié pour des pistes qui ne sont pas
pavées.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas un turbo qui peut atterrir
là.
M. LAPORTE: L'un des problèmes qu'ils se sont posés; on a
probablement étudié quelques avions avant d'acheter
celui-là.
Vous l'imaginez bien! C'est que le turbo-réacté ne peut
pas se poser sur nos pistes en gravier, parce qu'il endommagerait ses
hélices. Alors, si c'est ce que le premier ministre veut acheter, un
turbo-réacté, cela ne fonctionnera pas.
M. JOHNSON: On a étudié très fort. La où on
a étudié aussi, on a engagé la province dans une
dépense de $20 millions...
M. LAPORTE : Ah! les « water bumper », on va y venir tout
à l'heure. On éteindra le feu tout à l'heure.
M. JOHNSON: On a fait ça en hâte, on a signé
ça en coupant tout le « red tape », en ne faisant pas
autoriser selon les formalités normales...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est absolument faux, M. le
Président.
M. JOHNSON: Cela pressait, le 27 avril, cela...
M.LAPORTE: Est-ce qu'on peut demander au premier ministre de ne pas
provoquer un débat dans un débat?
M. JOHNSON: ... pressait de donner une commande...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Patinage de fantaisie!
M. JOHNSON: ... de $20 millions. Cela pressait, ça.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, le ministère des Terres et
Forêts trouvait ça.
M. JOHNSON: Oh oui! cela pressait. C'était une urgence capitale
et pratiquement électorale.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, est-ce que le
député de Bagot pourrait revenir aux avions dont on discute
actuellement?
M. JOHNSON: Oui, oui. Mais on va regarder tout le problème des
avions. On aurait pu évidemment étudier d'un peu plus près
ses possibilités d'utilisation et de location. On immobilise $20
millions. Je dois dire cependant à cette Chambre que les plans sont
actuellement en élaboration pour l'utilisation optimale ou maximale de
cette flotte dont nous deviendrons propriétaire.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est pas nouveau, M. le Président!
M. JOHNSON: Oui, c'est nouveau.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non! On savait que cela pouvait être
utilisé pour le transport quand le contrat a été
signé. Oui, et que c'était facilement convertible.
M. JOHNSON: Oui? Cela s'est signé bien vite, donc, ça.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, je regrette infiniment. Le premier ministre
n'est pas renseigné sur l'époque.
M. JOHNSON: L'ancien ministre pourrait peut-être nous
expliquer...
M. LESAGE: Cela a été extrêmement long.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cela a été très, très
long. Deux ministres sont passés à ce ministère avant que
cela se décide.
M. LESAGE: Oui, cela a pris plusieurs mois.
M. JOHNSON: Oui, mais c'est drôle, mais à un moment
donné, il y a eu une accélération.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, il y a eu une décision de prise.
M. LEDUC (Taillon): Et ça marchait dans le temps qu'on
était là, aussi.
M. JOHNSON: Entre le 18 avril et le 28 avril, ah! là, on a
fonctionné vite. La, on était dans l'ère du jet, à
partir du...
M. LAPORTE: Vous êtes encore en DC3, vous autres.
M. LACROIX: Pour un gars qui parle de satellite, il ne faudrait pas
embarquer dans ce sujet-là.
M. JOHNSON: A partir du déclenchement... UNE VOIX: Non, ils sont
en Otter.
M. JOHNSON: A partir du 18 avril, qui était la date
d'émission des mandats...
M. LAPORTE: Nous étions seulement en réacté et ils
sont rendus en satellites, eux!
M. JOHNSON: Oui, oui. La date du déclenchement des
élections est le 28 avril, et il y a eu une accélération
formidable...
M. LESAGE: Non, le 18 avril.
M. JOHNSON: Oui, entre le 18, date du déclenchement des
élections, et le 28, date de signature du contrat par l'honorable
ministre, ah! là, on a fonctionné rapidement; là, on y est
allé à fond de train.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Le contrat a été signé
avant, M. le Président.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, cela a bougé pendant
six ans.
M. JOHNSON: Avec qui le ministre du temps a-t-il
négocié?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Prési- dent, il faut que je
rétablisse les faits. Ce contrat a été signé avant
que l'élection ne soit déclenchée, et je dirais plus, le
sous-ministre des Terres et Forêts était présent lors de la
signature du contrat.
M. JOHNSON: A quelle date a-t-il été signé?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je n'ai pas ça en mémoire. Vous
l'avez devant vous, sûrement que le ministre des Transports et
Communications peut se référer aux informations qu'il a devant
lui. Je me souviens pertinemment que le sous-ministre des Terres et
Forêts était parti de Québec et venu à
Montréal pour assister à la signature de ce contrat, et je me
souviens que ce n'était pas dans une période
électorale.
M. JOHNSON: Ah, non! le 3 mai, ce n'était pas une période
électorale!
UNE VOIX: Elle parle trop, elle, là.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je m'en souviens.
M. LESAGE: Est-ce que vous avez l'arrêté
ministériel?
M. JOHNSON: La mauvaise mémoire dont fait preuve, ce soir, le
député de Marguerite-Bourgeoys...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Ah non! pas du tout. Si je n'étais pas
sûre, je ne le mentionnerais pas.
M. JOHNSON: M. le Président, avec cette mauvaise mémoire,
évidemment, elle ne se souviendrait pas avec qui elle a
négocié si rapidement entre le 18 avril et le 3 mai.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Ah! c'est absolument faux!
M. JOHNSON: Qu'est-ce qui pressait tant pour signer ça avant les
élections?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, il y a eu un travail
considérable de fait par le ministre des Terres et Forêts et par
le ministre de l'Industrie et du Commerce, le député de
Bonaventure, et le travail s'est poursuivi pendant des mois.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce du temps a
travaillé également, à cause de ses connaissances dans le
domaine financier et à cause de
ses talents d'administration. J'étais très contente
d'avoir sa collaboration à cette occasion.
M. JOHNSON: Est-ce, en parlant du député de
Notre-Dame-de-Grâce, « connaissances » dans le sens de
relations dans le domaine des finances? Non?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Pardon, M. le Président?
M. LESAGE: Non, le député de Notre-Dame-de-Grâce
avait vu à la négociation de ce contrat à titre de
vice-président du Conseil de la trésorerie...
M. JOHNSON: Ah bon!
M. LESAGE: ... où l'affaire avait été
discutée à fond. La question était assez urgente, parce
que le gouvernement français était disposé à
s'engager pour dix avions, à la condition que le gouvernement du
Québec s'engage pour vingt avions. Il fallait prendre l'engagement, il
fallait le prendre rapidement vis-à-vis Canadair, si nous voulions avoir
les conditions convenables et avantageuses qui étaient offertes. C'est
la raison pour laquelle à une date dont je ne me souviens pas
exactement, le contrat a été signé, ça n'avait rien
à voir avec les élections. C'était surtout pour s'assurer
de la participation du gouvernement français et du gouvernement d'autres
provinces qui s'étaient engagés à acheter un certain
nombre d'avions. Ces avions, avec les 20 que le gouvernement du Québec
s'engageait à acheter, faisaient le nombre minimum requis par
Canadair.
C'était une question d'affaires, purement d'affaires.
C'était pour la protection des forêts, non pas pour le transport
du premier ministre actuel ou de l'ancien premier ministre, mais ces avions,
comme l'a dit tout à l'heure le député de
Marguerite-Bourgeoys, étaient convertibles et, l'hiver, pouvaient
être employés pour le transport et de personnes et de
marchandises. Le gouvernement d'alors escomptait que ces avions pourraient
être utilisés l'hiver pour le transport des malades, pour le
transport des policiers, des prisonniers etc, lorsqu'ils n'étaient pas
utilisés comme hydravions pour l'extinction des feux de forêts.
C'était une question d'affaires, c'était une excellente affaire
comme l'achat, d'ailleurs, du DH-125 a été une excellente
affaire.
Je suis sûr que, si le gouvernement aujourd'hui n'est pas en
mesure de ce côté de remplir sa promesse électorale de
vendre cet avion, mais songe plutôt, d'après ce que nous en sa-
vons, à en acheter un autre de même nature, c'est à cause
du coût très peu élevé de fonctionnement de cet
avion au mille, à cause du fait qu'il exige une piste moins longue
même que le DC-3, à cause du fait que les avions, par exemple,
comme les F-27 dont on a parlé, les avions turbopropulsés ont des
hélices qui touchent presque à terre. Alors, l'hiver, sur les
pistes de gravier, c'est très dangereux, et il est presque impossible de
les utiliser. Je comprends que l'utilisation du DH-125 sur les pistes de
gravier est aussi difficile parce qu'il y a le risque, à cause de
l'aspiration qui se fait dans les moteurs. On aspire ainsi des cailloux et il
faut être prudent. Bien oui, d'accord. Mais quand même il est
certain, que l'avion qui s'est avéré le plus utile quand on
constate la moyenne de passagers qui voyagent dans les avions du gouvernement,
lorsqu'il s'agit de passagers, c'est encore le DH-125, c'est celui qui est le
plus économique, surtout au prix où il a été
payé, parce qu'il a été payé très bon
marché. Aujourd'hui, le gouvernement actuel pourrait le vendre beaucoup
plus cher, c'est vrai. Mais si le gouvernement actuel voulait acheter un avion
qui donnerait un service comparable, eh bien, il devrait également le
payer beaucoup plus cher comparativement que cet avion toutes choses
étant relatives a été payé dans le temps.
Nous considérons que le gouvernement d'alors a fait un excellent
marché. Le gouvernement actuel hésite beaucoup, et je le
comprends, je le comprends parfaitement.
Ce n'est pas moi qui va reprocher au premier ministre actuel de ne pas
tenir ses promesses électorales de ce côté parce que s'il
tenait cette promesse électorale ce serait au détriment des
intérêts des contribuables. Mais il le réalise et il
l'admet tacitement en ne le vendant pas...
M. LAPORTE: Le ministre des Transports l'admet.
M. LESAGE: ... et le ministre des Transports l'a admis lui-même.
Je suis convaincu que, le premier ministre y songe sérieusement, et il
attend plutôt la fin de l'Expo pour prendre les dispositions
nécessaires pour en acheter un deuxième qui rendrait les
mêmes services.
M. JOHNSON: A mesure que le chef de l'Opposition avance en âge il
s'approche...
M. LESAGE: Le premier ministre avance exactement de la même
façon.
M. JOHNSON: J'avance de la même façon,
mais seulement il arrive que le chef de l'Opposition s'approche de son
maître et qu'il a lui aussi une boule de cristal, apparemment, comme le
regretté ancien premier ministre du Canada. Le chef de l'Opposition a
l'air de vouloir prendre pour nous des décisions. Je ne veux pas entrer
dans les détails techniques. D'ailleurs, je ne m'y connais pas
tellement, je ne veux pas faire de comparaisons sur les turbopropulsés
avec...
M. LESAGE: Vous êtes plus avancés que nous, c'est en haut,
les satellites.
M. JOHNSON: Une chose dont, je me suis rendu compte...
M. LAPORTE: Imaginez-vous, ils nous ont dit que nous autres on
était dans les nuages, imaginez-vousl On va atterrir à part de
ça!
M. JOHNSON: L'ancien gouvernement faisait tout à moitié.
Quant à se lancer en l'air, allons-y donc pour vrai!
M. LAPORTE: C'est ça, quand ils ne vous voient plus vous
êtes très bien.
M. JOHNSON: L'ancien gouvernement avait peur de se lancer en l'air et
arrêtait dans les nuages. Nous on saute par-dessus les nuages.
M. LAPORTE: C'est ça, on ne les voit plus! M. JOHNSON: Cela
c'est...
M. LAPORTE: On ne les voit plus... et à un moment donné on
ne les retrouvera plus jamais!
M. LACROIX: Vous allez pouvoir rester immobiles!
M. JOHNSON: Avant longtemps, nous serons rendus avec les anges, mais je
ne verrai aucun membre de l'Opposition dans ce groupe-là.
M. LAPORTE: C'est vrai, parce qu'on sait que qui veut faire l'ange fait
la bête souvent.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LAPORTE: Alors vous ne nous trouverez pas là!
M. JOHNSON: Alors ils sont retombés dans l'Opposition, les
bêtes, on voit ça.
M. LEDUC (Taillon): Celle-là est moins drôle!
M. JOHNSON: M. le Président, dans une autre province qui a une
population plus nombreuse que la nôtre, on a acheté pour ce
service un avion qui peut atterrir sur des pistes très courtes, des
pistes même en herbe.
M. LAPORTE: En herbe?
M. JOHNSON: Oui, 500 pieds en plein centre, je ne nommerai pas la
province mais en plein centre de Toronto...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est de l'utopie ça!
M. JOHNSON: ... et c'est un avion qui peut transporter 14 passagers et
qui en moins de vingt minutes peut être transformé...
M. LAPORTE: A 500 pieds, un par pied. M. JOHNSON: ... et servir à
la lutte... M. LAPORTE: En chaloupe!
M. JOHNSON: ... contre les feux de forêt. Alors vous voyez que
c'est une question de mesure, mais une fois qu'on l'a la grosse voiture
dispendieuse...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. LESAGE: Elle n'est pas grosse, elle est petite.
M. JOHNSON: ... cela ne serait pas pratique de ne pas l'utiliser...
M. CHOQUETTE: Alors gardons-là!
M. JOHNSON: ... car, j'apprendrai ça au député de
Bourassa, ça se déprécie quand même.
M. LEDUC (Taillon): Mais c'est pratique quand même de s'en
servir!
M. JOHNSON: Il y a danger que ça rouille.
M. PINARD: C'était le temps d'en parler durant l'élection
par exemple!
M. JOHNSON: Il faut quand même garder l'installation de garage,
d'espace, tout cela ça nous coûte quand même de l'argent.
Alors, quand on a un jouet dispendieux, alors mon Dieu on s'en sert.
M. PINARD: Bien oui!
M. LAPORTE: Quand on a promis de le vendre, on l'oublie.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LAPORTE: Quand on a promis de le vendre, on l'oublie!
M.JOHNSON: En temps et lieu on verra!
MME KIRKLAND-CASGRAIN: A la veille de la prochaine élection!
M. LAPORTE: Vendez donc le DC-3.
M. JOHNSON: Quelle page ça du programme?
M. LAPORTE: Quoi donc? Que vous allez vendre ça?
M. JOHNSON: La promesse.
M. LAPORTE: Dans toutes les pages des journaux dans toute la
province.
M. PINARD: Au chapitre des promesses démagogiques!
M. LAPORTE: Vous ne vous êtes pas entendu?
M. JOHNSON: Non, non.
M. TREMBLAY (Bourassa): L'enquête n'était pas faite.
M. JOHNSON: Elle n'était pas terminée!
M. PINARD: C'est pour ça qu'ils en promettaient.
M. JOHNSON: Maintenant disons que je compte sur les prières de
l'Opposition qu'il ne nous arrive pas d'accident.
M. LAPORTE: C'est ça. Où est-ce qu'on va mettre
ça...
M. JOHNSON: Nous avons d'excellents pilotes...
M. LAPORTE: A côté des pistes...
M. LEDUC (Taillon): C'est vrai ça, il n'y a pas de
problème avec la fonction publique de ce
côté-là.
M. JOHNSON: ... d'excellents pilotes qui n'ont pas plus envie de mourir
que nous autres.
M. LAPORTE: Je pensais qu'ils n'avaient pas pu se décider
à vous permettre de le vendre!
M. JOHNSON: Non, je ne peux pas dire qu'ils ont fait une enquête
pour le vendre. Il semble que le capitaine Gagnon a un faible pour cet
avion.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. PINARD: Il a raison aussi.
M. JOHNSON: Ils sont bons compagnons. Réellement il le manipule
bien, mais il reste quand même, le capitaine Gagnon l'admettrait s'il
pouvait parler en Chambre, que nous avons toujours hâte d'être
arrêtés.
M. LAPORTE: Est-ce que c'est lui qui l'a fait flamboyer au soleil?
M. JOHNSON: C'est l'atterrissage qui me fatigue toujours un peu.
M. LAPORTE: Qui ça, le capitaine?
M. JOHNSON: Non.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. JOHNSON: Le DC-8 atterrit beaucoup mieux...
M. LESAGE: Tout de même.
M. JOHNSON: ... que ce petit avion qui est porté à danser
un peu en atterrissant.
M. LESAGE: Oui, mais c'est curieux, c'est un DC-8 qui est tombé
à Ottawa avant-hier et non un DH-125.
M. JOHNSON: C'est une autre...
M. LAPORTE: Mais imaginez-vous celui qui atterrit dans 500 pieds, il
descend à la verticale. Vous n'aimerez pas mieux ça.
M. JOHNSON: Il ne danse pas.
M. LAPORTE: Parce que les hélicoptères, je pense que le
premier ministre n'aime pas ça.
M. JOHNSON: Non, franchement ce n'est pas ma veine les
hélicoptères. Celui que j'avais pris récemment s'est
écrasé et le pilote et le mécanicien sont morts tous les
deux dans cet accident. Je sais que certains membres de l'Opposition auraient
peut-être... non, non, ils ne sont pas méchants à ce
point-là.
M. LAPORTE: Non, non.
DES VOIX: Non, non.
M. LEDUC (Taillon): Chacun son tour.
M. PINARD: Nous savons qu'il n'était pas prêt à
partir.
M. JOHNSON: Oui, j'ai déjà été victime d'un
accident d'hélicoptère et c'est moins drôle. Mais, à
tout événement, avec les bons pilotes que nous avons, tant que
nous l'aurons nous l'utiliserons pour les fins auxquelles il est
destiné.
M. LEDUC (Taillon): Mais, M. le Président, est-ce qu'il ne serait
pas plus pratique, étant donné tous les défauts du DH-125,
de le vendre tout de suite et le remplacer immédiatement plutôt
que d'attendre? Parce qu'à écouter parler le premier ministre,
c'est épouvantable les défauts qu'il a, l'avion.
M. JOHNSON: C'est à cause de la période de l'Expo d'abord,
et deuxièmement, le député de Taillon aurait dû
écouter le député de Marguerite-Bourgeoys; ça prend
du temps les négociations, la livraison...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, non, c'est le premier ministre qui a dit
ça.
M. LEDUC (Taillon): Ah non! J'imagine que vous étudiez
peut-être encore la possibilité de le remplacer.
M. JOHNSON: Oui, il y a d'autres solutions et il y a des plans aussi qui
intéresseront cette Chambre quand nous pourrons les rendre publics, des
plans...
M. LEDUC (Taillon): En temps et lieu, j'imagine.
M. LAPORTE: Ah, le premier ministre, plus il va, plus il m'épate.
C'est un vrai « ti-reux de plans ».
M. JOHNSON: M. le Président, c'est la fa- çon de
travailler de l'Union Nationale, nous ne faisons pas de conférences de
presse...
M. LAPORTE: Presque pas.
M. JOHNSON: ... nous préparons tranquillement notre travail, nous
prenons un peu plus de temps...
M. LEDUC (Taillon): Tranquillement, pas vite.
M. LAPORTE: ... dans le soleil flamboyant.
M. JOHNSON: ... mais quand ça déboule, ça bouge
pour vrai. Ce n'est pas seulement une belle grande conférence de presse,
mais ça débouche sur des choses pratiques qui vont se faire.
M. CHOQUETTE: Je pense que le ministre des Transports et Communications
n'est pas content du premier ministre, il est en train de lui voler le «
show » ce soir.
M. JOHNSON: C'est une question de forme. Le ministre des Transports et
Communications connaît son affaire...
M. CHOQUETTE: Bien oui, mais vous l'empêchez de parler.
M. JOHNSON: Non, j'ai parlé parce qu'il s'agissait d'une question
de politique générale du gouvernement. Le ministre des Transports
et Communications n'était pas tellement heureux de la décision,
mais il a de la discipline, lui.
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, vous, on vous entend souvent, mais le
ministre on ne l'entend pas souvent.
M. JOHNSON: Il a de la discipline, celui-là.
M. LAPORTE: Il a de la discipline et puis il a toujours son avion
à part ça.
M. JOHNSON: Imaginez un parti, même dans l'Opposition, qui impose
une discipline: « Toi, tais-toi ou sors du parti, reste dans le corridor
ou tu es dehors ». Imaginez, M. le Président, si ce parti nous
envie d'avoir une certaine discipline; pas parfaite, non...
M. CHOQUETTE: Le député de Montmorency est souffrant pas
mal.
M. ROY: Quand ils ne se promènent pas
dans le corridor, ils amènent les enfants à l'Expo.
M. CHOQUETTE: Le député de Montmorency...
M. JOHNSON: Mais il n'est pas encore dans le cabinet, je parle du
cabinet.
M. CHOQUETTE: Oui, mais ça ne fait rien, il est quand même
député.
M. JOHNSON: Non, non, il y a de la liberté dans le parti de
l'Union Nationale...
M. LAPORTE: De quoi?
M. JOHNSON: ... une liberté qu'envient le député
d'Outremont, le député de Dorion. Le député de
Gouin aimerait ça être dans un parti où il pourrait
s'exprimer librement.
M. KENNEDY: Voulez-vous les avoir? UNE VOIX: Que Dieu nous en garde!
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai entendu le député
de Châteauguay me dire: Voulez-vous l'avoir en parlant du
député de Gouin, du député de Dorion, du
député d'Outremont, lequel des trois?
M. LAPORTE: On vous les échangerait pour qui?
M. KENNEDY: Je n'ai pas mentionné le député
d'Outremont.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LAPORTE: Non, on les garde!
M. JOHNSON: M. le Président, je prends note de l'offre du parti
libéral de nous passer des députés...
M. LAPORTE : Tiens, il traverse.
M. TREMBLAY (Bourassa): On va le prendre.
M. JOHNSON: Je voudrais avertir l'Opposition de ne pas s'en faire,
dès qu'il y aura des élections partielles ou autres...
M. LAPORTE: Oui.
M. JOHNSON: ... nous irons chercher des députés à
notre goût.
M. LAPORTE: A votre gout! Parce que vous n'en avez pas actuellement? M.
le Président, je proteste au nom de tous les députés de
l'Union Nationale.
UNE VOIX: Il vous en manque.
M. JOHNSON: M. le Président, vous savez, je doute fort qu'on
améliorerait le parti en incorporant le député de Gouin.
D'ailleurs, c'est le député de Châteauguay qui nous l'a
offert de même, comme si c'était un homme qu'on pouvait se
transporter, se donner l'un à l'autre...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas gentil de parler ainsi d'un
collègue.
M.JOHNSON: Non, non, je proteste au nom du député de
Gouin.
M. CHOQUETTE: Ah oui! protestez. M. LAPORTE: Vous faites bien.
M. JOHNSON: Tout de même, le député de Gouin absent
de cette Chambre, qui se fait dire et qui va apprendre demain que le parti
libéral nous a offert sa personne sans nous demander un seul sou. Il
nous l'a offert gratuitement, mais je pense bien qu'il nous l'a offert à
charge aussi d'assumer l'hypothèque.
M. LESAGE: Etes-vous prêts à payer avec le DH125?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président...
M. ROY: C'est une hypothèque à court terme.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... je n'étais pas ministre des Transports
et Communications lorsque l'achat du DH 125 a été fait.
Cependant, je dois dire à cette Chambre que, si je l'avais
été, et avec les renseignements que j'ai obtenus par la suite et
les études que j'ai faites, j'aurais signé la même
transaction. M. le Président, personnellement, je n'ai aucune objection
à ce que le présent gouvernement garde le DH-125...
M. JOHNSON: Merci.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... parce que je considère que c'est de la
saine administration que d'utiliser ce type d'avion. Quand on voit des
compagnies comme Simpson-Sears, comme Morgan, comme les grosses compagnies,
No-
randa Mines et d'autres qui ont quand même des budgets bien
plus limités que le budget de la province Quebec North Shore, et
je pourrais en donner toute une liste de gens qui ont justement mis de
côté le DC-3 parce qu'il coûte trop cher à
réparer lorsque les parties sont usagées. Et, en même
temps, M. le Président, tout à l'heure le premier ministre a
mentionné que ce type d'avion coûtait $200 l'heure. $200 l'heure
pour le DH-125. Justement, je me suis renseignée, et un jet d'un type
semblable, qui peut être nolisé et loué à
Cartierville, coûte $350 pour le voyage entre Québec et
Montréal, $350 pour un jet qui pourrait amener un ministre de
Montréal à Québec et qui serait pris à
Cartierville, alors que pour $200, le DH-125 peut vous amener à
Montréal et vous ramener dans le même temps, pourvu que les
conditions atmosphériques soient propices.
Alors, pour toutes ces raisons, M. le Président, je ne vois
pas... D'ailleurs, il est clair que le chef de l'Opposition du temps, durant la
période électorale avait fait de l'électoralisme, et les
Québécois se rendent compte de cela, M. le Président. Il
continue à en faire en disant qu'il va vendre... Il va être
très gêné tout à l'heure quand il va essayer de le
vendre, parce qu'il va pouvoir obtenir le même montant que le
gouvernement de la province a payé dans le temps, et peut-être
plus, M. le Président. J'espère qu'il aura au moins la franchise
de le dire.
M. JOHNSON: Pourquoi pas?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: En plus, M. le Président, le premier
ministre a mentionné que cela coûtait $200 l'heure, mais il ne
semble pas avoir calculé l'économie du temps que cela apporte aux
ministres qui sont responsables quand même de l'administration d'un
budget considérable, et je sais que même le ministre des
Transports et Communications, si mes renseignements sont exacts ils ne
viennent pas du gouvernement, je dois le dire, ni des fonctionnaires que
lui-même l'a utilisé et c'est bien normal, et je le
félicite. Je le félicite de continuer la politique progressive
que le ministère des Transports et Communications avait lancée en
1960 et par la suite. Et maintenant, pour parler du...
M. LIZOTTE: Vous allez me mettre à la gêne.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Qu'est-ce qu'il dit?
M. LAPORTE: Il dit que vous allez le mettre à la gêne.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Ah! M. le Président, quand on continue une
politique progressive, il ne faut pas être gêné. Au
contraire, c'est le premier ministre actuel qui devrait être
gêné ce soir.
J'aimerais maintenant parler de l'avion CL-215. Quand cet avion a
été acheté, c'està la suite durant des mois
et des mois des demandes que nous recevions du ministère des
Terres et Forêts, parce que les avions-citernes qui étaient
utilisés, les Canso, on sentait qu'il fallait les remplacer dans peu de
temps. Comme dans plusieurs pays, il y avait un besoin d'avions-citernes. Si
cette commande n'avait pas été placée à
Montréal, à Canadair, il y avait une forte possibilité que
De Havilland ait eu un contrat similaire pour peut-être un autre type
d'avion-citerne amphibie, pour combattre les feux de forêt. Je pense que
c'est pour ça qu'il y a eu une étroite collaboration du ministre
de l'Industrie et du Commerce avec le ministère des Terres et
Forêts et celui des Transports et Communications.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je suis très
fière d'avoir signé ce contrat qui a amené des
activités, du travail dans la région de Montréal, et je
considère que c'est une économie considérable, parce que
le Canso actuellement utilisé ne peut pas être transformé
pour transporter des passagers, ni pour transporter du fret, alors que le
CL-215 peut l'être.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je félicite le
ministre des Transports et Communications d'avoir continué la politique
du ministère que j'ai dirigé pendant environ un an et demi.
M. COITEUX: M. le Président...
M. KIERANS: The négociations dealing with the water bombers, Mr.
President, began in the previous Fall. As Captain Gagnon well knows, he had
received information from Mr. Hyndman of la maison du Québec à
Paris, et je peux citer une lettre du 28 octobre 1965: « Cher capitaine
Gagnon,
Je viens d'apprendre que le gouvernement français a pris la
décision d'acheter quatre appareils CL-215 de Canadair en 1967 avec des
options de trois autres appareils supplémentaires pour chacune des
années 1968 et 1969. »
Comme vous le constaterez, nous avons gagné la partie. The Prime
Minister of the time asked to me to take a look at the costs of these
transactions, I consulted with a number of people; we also employed as
advisers, in the purchase of these water bombers, the firm of R. Dixon Speas
Associates of New York which was the
firm responsible, if some of you remember for the report that advised
the Federal Government that the reparations and the facilities for repairing
airplanes, including the Viscount, should be moved from Winniped to Montreal in
the interest of reducing the costs of Air Canada. « We consulted with
them, we had a very lengthy report from Dixon Speas in which they examined the
needs of the Province of Quebec, in which they related these requirements to
the following different planes which might have served our needs. They examined
the possibilities or the suitability for Quebec requirements of the Piper
plane, a Beaver float, a Stearman, a Beaver turbo-prop, a Cessna, an Otter,
five others types of Cessnas, a Douglas, a Ford trimotor, a Beechcraft, a
Transland, a Douglas DC-3, a Grummann, serveral kinds of Grummann aircraft, a
Douglas B-26, a Lockheed, a PBY-5A, a Canadair CL-215, a PB-4Y, a North
American AG-1, a Boeing and a Martin Mars.
At the end of this examination, they recommended to us without reserve
the purchase of the Canadair CL-215. In November 1965, the 16th, we also had
our negociations with the French Government, however, I think we were more
concerned with negociations which lead to increasing employment and increasing
revenues for the workers of the Province. We were not as much in the air as in
recent negociations; I telephoned to Mr. Hyndman to make him aware of certain
decisions taken by the Quebec Government. il a répondu, le 16 novembre,
ce qui suit: « M. le ministre, je vous remercie de votre
téléphone de la semaine dernière qui m'a permis de
documenter à bon escient le comité de fonctionnaires
français qui est chargé de réaliser l'achat de dix avions
Canadair CL-215 destinés à combattre les feux de forêt. Je
leur ai présenté l'offre du gouvernement provincial de
contrôler pour eux la réalisation d'un contrat qu'ils passeraient
directement avec Canadair. « Mon collègue de l'ambassade, M.
Charbon-neau, avait obtenu essentiellement la même chose de la section de
production pour la défense du ministère de l'Industrie. De toute
manière, ils sont extrêmement désireux qu'il y ait une
étroite coopération entre la France et le Québec pour
l'entretien des avions et la gestion des pièces de rechange. «Il a
été entendu, à la réunion à laquelle j'ai
assisté, qu'une lettre d'intention serait envoyée à
Canadair vers le 15 novembre avec le texte qui serait acceptable par la France,
une convention de location pour les quatre Canso qui leur seraient loués
en 1966 par la société Canadair. De plus, quatre hauts
fonctionnaires français se rendront au Canada dans la semaine du 28
novembre au 4 décembre. Au cours de cette semaine, nous prendrons
contact non seulement avec Canadair, mais aussi avec les gouvernements
fédéral et provincial. Vous aurez donc l'occasion de les
convaincre, s'ils y a lieu, d'adopter la formule du contrôle par la
province pour la réalisation de leur contrat avec Canadair. « Je
vous tiendrai naturellement au courant de tout nouveau développement qui
pourrait survenir avant le départ pour le Canada des quatre
fonctionnaires français. « Veuillez croire, et. »
As my colleague, the Depute for Marguerite-Bourgeoys has emphasized,
during all of this period of négociations, the Governement was very
conscious of the fact that there were many competitors seeking to supply the
needs of water bombers for compagnies across the world. Canadair was only one
of them, De Havilland in Ontario was an other and there was an other company in
the United States whose name,... and South America, I forgot.
M. JOHNSON: The Hounourable Member...
M. KIERANS: Now, the point we want to make is that...
M. JOHNSON: The Honourable Member might be ready to answer this
question. How come that he has those documents? Where are they coming from?
M. KIERANS: These are all copies. These are all reports. Dozen of these
folders were distributed around the Cabinet and if you wanted them all, you
have copies. There is no problem with this. There are just copies. Dozens of
them.
M. JOHNSON: What more documents does the Minister have that belong to
the Government as such...
M. KIERANS: Well, you can examine my files if you want. Now, the problem
that we were trying to secure was, for the Province of Quebec and for Canadair
in particular, a new industry, or an industry which would undertake a new
venture. The Government of France was in the biggest hurry because they had had
a very serious forest fire in which I think six lives were lost - a nomber of
lives were lost - and they were extremely anxious to renew their equipment. The
sale of the French order, and I can cite from the copy of a letter which I had
from Canadair, the French order for ten of these aircraft, the 215, is
conditional upon our first
obtaining a commitment from Quebec for twenty. This is from
Canadair.
In addition, we are obliged to procure and supply as we have seen from
the other letter from Mr. Hyndman, four water bombers to be used by France on
an interim basis pending delivery of the new aircraft. At the moment, after
many weeks of protracted negotiations in Montreal and Paris, an understanding
has been reached between the Canadian Government acting on behalf of France,
and Canadair, which we are not able to conclude until we have obtained the
Cabinet approvals, that is the approval of the Province of Quebec.
Now, what were some of the economic considerations guiding us in this?
Canadair had projected a market, a minimum market of 120 planes, which meant
that the sales in the Province of Quebec would be someting of the order of $94
million, which meant that Canadair would earn possibly, on these sales, a gross
profit of something like $12 million or $14 million of which considerable taxes
would accrue to the Province of Quebec. But when one considers the hundreds of
people that would be provided with continuing employment, and the consequent
salaries that would be paid, the taxes that would be gained from the increasing
employment, it was mandatory that the Government undertake a number of studies
and try to bring the negociations to a successful conclusion. And this was done
in the first or second week of May, I can cite a personal letter from the
President of Canadair in which he said to me, in which he thanked me for
whatever small part I played in these negociations... really with the Deputy
Minister of Finance, Mr. Cazavan, and the Deputy Minister of Revenue, Mr.
Després, we examined the cost structures of these contracts... and in
thanking me for whatever I had done in this area, he said as follows : «
As each day goes by we are growing more optimistic about the future of this
program. Just in the past ten days this was in May, and we made no
electoral fuss about this two serious additional and unsolicited
inquiries have come in to Canadair, from the state of California and the
government of Germany for proposals on thirty and ten Canadair crafts
respectively. The German inquiry particularly is a very urgent one and we are
hopeful of bringing it to an early conclusion. It is my firm conviction that
the province of Quebec by its action in puchasing the first twenty aircrafts
has launched what will become a highly successful new Canadian
c'est-à-dire Québec Canadian aircraft program with a
lengthy production life; continuous employment which in time, means substantial
employment of Quebec workers and considerable inflow of dollars from export
sales. »
It was not taken in haste, it was not an election measure, no one made
election capital out of it, it was one of the ordinary continuing initiatives
of the former government and of which we are waiting for some signs from the
present government.
M. LACROIX: M. le Président, je voudrais faire une remarque
concernant l'avion DH-125 qui en plusieurs occasions s'est montré fort
utile pour le comté tout particulièrement des
Iles-de-la-Madeleine. Je comprends que le premier ministre actuel de la
province est lié par de nombreuses déclarations qu'il a faites
à l'effet que l'avion était quelque chose de trop dispendieux
pour la province de Québec. On se rappelle toutes les envolées
oratoires du député de Bagot lorsqu'il parlait du « jet
» à Lesage.
M. JOHNSON: Non, non.
M. LACROIX: Mais il reste un fait. Je crois qu'un gouvernement qui a le
moyen d'investir plus d'un quart de million de dollars pour rénover le
Café du Parlement a certainement les moyens de garder en
opération un avion comme le DH-125 qui permet de franchir rapidement des
distances considérables. Seulement, dans le cas des
Iles-de-la-Madeleine, j'ai à la mémoire deux situations
très urgentes qui se sont présentées ou des malades ont
été transportés d'urgence des Iles vers des hôpitaux
de Québec et de Montréal, et je suis assuré qu'au moins
dans ces deux cas-là, on a sauvé la vie de deux malades. C'est
déjà une chose extrêmement valable.
J'ai moi-même eu l'occasion assez récemment de faire un
voyage avec l'avion aux Iles-de-la-Madeleine en compagnie de fonctionnaires du
gouvernement, et à cette occasion pour le travail qu'avaient à
faire les fonctionnaires du ministère, s'ils avaient fait le voyage avec
le DC-3 il aurait fallu qu'ils passent deux jours aux Iles-de-la-Madeleine
alors qu'avec le DH-125 on a quitté l'aéroport de Québec
à 9 heures le matin et à 9 heures cinquante-cinq minutes, on
était aux Iles-de-la-Madeleine, et on a quitté à 6 heures
le soir pour arriver ici à Québec à 7 heures. Autrement,
au lieu de se rendre aux Iles en 55 minutes, avec le DC-3 ça prend entre
deux heures et demie et trois heures quand les conditions atmosphériques
sont favorables. Si vous prenez le coût à l'heure
d'opération, à ce moment-là le ministère de la
Voirie a fait une bonne affaire parce qu'au lieu d'avoir six heures
de voyage à $100 il a eu à peine deux heures et vingt
minutes de vol, ce qui fait, qu'il a dû être facturé pour
quelque chose comme $440 ou $450 au lieu de $600, comme auparavant.
De toute façon, je crois que le gouvernement devra
considérer dans l'achat éventuel d'avions, comme semble vouloir
le faire le gouvernement, la possibilité d'utiliser des pistes d'envol
comme nous en avons aux Iles-de-la-Madeleine, des pistes qui ont moins de 3,000
pieds comme il y en a à Gaspé, à Bonaventure et à
plusieurs autres endroits de la province. Le DH-125 peut utiliser avec avantage
ces pistes, même si un accident est arrivé aux
Iles-de-la-Madeleine, lors du premier voyage de DH-125, je crois.
Il s'agit là d'un accident tout à fait malheureux, mais
qui ne peut se répéter à plusieurs reprises. Etant
donné tous les services que peut rendre cet avion,
particulièrement à la population du comté des
Iles-de-la-Madeleine, je demanderais au gouvernement de considérer la
possibilité de le garder, parce que non seulement pour les
Iles-de-la-Madeleine, mais pour la basse Côte-Nord et pour plusieurs
autres endroits de la province, cet avion rapide, utile et peu dispendieux est
une nécessité.
M. COITEUX: M. le Président, juste un mot avant de terminer cet
article. Premièrement, une remarque. L'on disait tantôt $1 le
mille pour un DC-3; bien, je vais prendre la parole du ministre, mais je n'y
crois pas parce que j'ai vu des DC-3 à l'oeuvre pour le transport lors
de la construction du chemin de fer de Sept-Hes. Il y avait 25 à 30 de
ces appareils. Je sais ce que coûte un DC-3, c'est infiniment plus qu'un
dollar le mille. Deux dollars le mille serait plus près de la
vérité. De toute façon, passons. Pour ajouter, comme
forestier, quelques arguments aux arguments économiques que M. Kierans,
le député de Notre-Dame-de-Grâce, vient de donner à
cette Chambre au sujet des avions pour la protection des forêts.
J'étais quelque peu surpris de voir que le premier ministre semblait
trouver extravagant et trouvait toutes sortes de raisons politiques qui avaient
motivé l'achat de ces avions. Il est exact que nous du ministère
des Terres et Forêts, nous demandions des avions depuis très
longtemps, et en deux minutes, je vais prouver à cette Chambre que
l'Investissement de $20 millions dans des avions pour protéger les
forêts est un investissement qui est à peu près le meilleur
que la province puisse faire, parce que, si vous prenez un mille carré
de territoire, soit 640 acres boisés à 10 cordes l'acre,
ça vous fait 6,400 cordes.
Placez-le au prix du marché, la valeur en capital-bois
aujourd'hui à $30 la corde, vous arrivez à quelques $200,000 le
mille carré, et tout le monde sait, ceux qui en ont l'expérience,
que pour brûler 100 milles carrés de territoires, il faut environ
trois heures, tout dépend évidemment des vents. Alors, si,
même avec les vingt avions, de $20 millions, le gouvernement
réussit à éteindre un feu de forêt et je vois
le député de Dubuc qui me regarde il sait pertinement bien
que, dans sa région, on a vu brûler souvent des milles et des
milles et des centaines de milles carrés de territoire. Alors, si les
avions du gouvernement sauvent, seulement, sur un feu, 100 milles carrés
de territoire boisé, le capital est déjà amorti.
Je crois donc qu'en plus des raisons économiques, il pressait que
le gouvernement sedote d'une flotte plus efficace que celle que nous avions. Il
ne faut pas s'en faire, caria province de Québec a été
l'initiatrice dans ce domaine de la protection forestière, et
aujourd'hui plusieurs pays suivent l'exemple donné par la province de
Québec. Je suis convaincu que, même si nous avions 30 avions, une
certaine partie de ce capital serait payée parce que les autres
provinces, comme elles l'ont fait dans le passé, feront certainement
appel à nous lorsqu'elles auront des feux de forêt à
combattre.
Je félicite l'ancien gouvernement d'avoir passé ce
contrat, et je remercie comme forestier, le gouvernement actuel de l'avoir
maintenu.
UNE VOIX: Adopté.
M. LAPORTE: M. le Président, avant qu'il n'y ait une longue
digression sur les avions pour combattre les feux de forêts et d'autres
digressions auxquelles on a assisté et pour lesquelles je veux dire que
le premier ministre est vraiment un expert, j'avais posé une question au
ministre, et le chef du gouvernement lui a dit qu'il aurait le temps d'y
réfléchir pendant qu'il interviendrait brièvement. Ma
question était la suivante: Sur le nombre d'envolées du DH, 269
voyages, du 16 juin 1966 au 16 avril 1967, quelle est, de l'avis du ministre et
de ses fonctionnaires, la proportion d'utilisation par des membres du
gouvernement et l'utilisation pour d'autres fins de la province de
Québec?
M. LIZOTTE: 10% pour les ministres et 90% pour des fonctionnaires.
M. LAPORTE: Merci. M. le Président,nous constatons donc que 90%
des voyages, c'est-à-dire à peu près 250 sur 269, ont
été effectués pour l'administration de la province de
Québec et non pas pour l'usage des membres du gouvernement.
Partant de cette constatation, est-ce que le ministre est d'avis qu'avec
le nombre de voyages qui doivent être effectués dans la province
de Québec, il pourrait, sans désorganiser les services du
ministère des Transports, n'avoir que deux avions au lieu de trois?
M. LIZOTTE: J'ai déjà répondu, M. le
Président, à une question qui était à peu
près tortillée dans le même sens. J'ai répondu que
nous avons étudié, que nous étudions et que nous attendons
les rapports de nos spécialistes pour vous donner une réponse
à ce sujet-là.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné que nous
sommes à étudier les crédits du ministre et je le
félicite d'avoir des études en cours est-ce que le
ministre pourrait nous dire, à la lumière des études qu'il
a entreprises, quels sont les types d'avion que les fonctionnaires de son
ministère ont recommandés pour remplacer éventuellement le
DH-125?
M. LIZOTTE: Aucune recommandation n'a été faite à
l'heure actuelle,,
M. LAPORTE: Je ne comprends pas.
M. LIZOTTE: Aucune recommandation n'a été faite
actuellement.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je ne pense pas qu'il y en ait non plus.
M. LAPORTE: Depuis qu'il a assumé la direction du
ministère des Transports, le 16 juin 1966, est-ce que le ministre a eu
l'occasion de prendre connaissance des très nombreux rapports qui
avaient été faits par les fonctionnaires du ministère des
Transports, rapports qui concluaient tous, après une étude
très poussée de tous les autres types d'avion, le prix, le
coût, le nombre de passagers... Est-ce que le ministre a eu l'occasion de
prendre connaissance de ces rapports qui ont précédé
l'achat du DH-125?
M. LIZOTTE: Il est évident que, comme le ministre de chaque
ministère, j'ai étudié les rapports qui regardaient mon
ministère. A l'heure actuelle, nous avons des études en cours
pour voir de quelle façon on pourrait utiliser les CL-215, pour
transporter des passagers. Alors, c'est vous dire...
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LIZOTTE: ... je vais continuer de ré- pondre surtout. Je
discute mon budget et j'ai parlé pendant cinq minutes. J'ai
été interrompu par cinq ou six députés de
l'Opposition.
M. LAPORTE: Vous avez, d'ailleurs, M. le Président...
M. LIZOTTE: Je viens de dire, en réponse au député
de Chambly, que nous avons étudié et que nous étudions.
J'ai étudié les rapports que nous avons déjà
reçus; il y en a d'autres qui viendront et quand tous les rapports
auront été donnés avec une dernière recommandation
qui sera la recommandation finale, au conseil des ministres nous
étudierons, nous prendrons les décisions opportunes dans ce
temps-là.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est parce que nous sommes en
présence, disons, de réponses qui nous paraissent contradictoires
sur un sujet qui a été l'objet de discussions nombreuses devant
l'opinion publique.
Nous avons d'abord, le premier ministre, lui ou ses principaux
lieutenants qui au cours de la campagne électorale ont
déclaré que le DH-125 était à toutes fins pratiques
une extravagance pour l'administration de la province de Québec. Puis
immédiatement après que le ministre eût été
assermenté comme ministre des Transports, il a déclaré que
le DH-125 ne serait pas vendu. Effectivement on l'a utilisé plus que
jamais, puisque dans l'espace de quelques mois il a effectué 269
voyages.
M. LIZOTTE: M. le Président, je demanderais au
député de Chambly de citer ma déclaration, à
laquelle il vient de...
M. LESAGE: Il vient de la citer.
M. LAPORTE: M. le Président, je ne crois pas que j'aie à
citer la déclaration du ministre, puisqu'on n'aura qu'à se
référer au journal des Débats pour constater que le
ministre a déclaré il y a à peu près une
demi-heure, « j'ai dit qu'il ne sera pas vendu et puis en fait il n'a pas
été vendu. » On n'a qu'à se référer au
journal des Débats pour constater que le ministre affirme avec raison
que le DH-125 ne doit pas être vendu. Je voudrais simplement mettre cette
déclaration en contradiction avec celle du premier ministre qui nous a
répété ce soir qu'après l'Expo l'on songeait
à se défaire du DH-125...
M. JOHNSON: On verra, on verra.
M. LAPORTE: ... je ne peux pas accepter, M. le Président, qu'avec
un gouvernement qui
parle continuellement de planification, l'on ait pu annoncer la
décision de vendre le DH-125, dont on ne saurait se passer, sans que des
études aient été faites pour savoir par quel type d'avion
on allait le remplacer. Je voudrais demander au ministre s'il a en sa
possession des rapports venant de ses fonctionnaires contredisant ceux que les
mêmes fonctionnaires nous avaient fait à nous, concluant à
l'achat du DH-125 comme le meilleur investissement que la province de
Québec pouvait faire. Est-ce que le ministre a eu des rapports
contredisant ceux que nous avions nous-mêmes?
M. LIZOTTE : Je n'en ai pas trouvé dans la vôtre.
M. LAPORTE : Vous n'en n'avez pas trouvé jusqu'ici.
M. LIZOTTE: Il n'y avait pas seulement ces rapports-là qui
manquaient quand j'ai pris charge du ministère.
M. LAPORTE: M. le Président, je pense que nous sommes à
l'heure de l'ajournement, je voudrais conclure, quant à moi.
M. JOHNSON: Pas de conclusion. La période des questions.
M. LAPORTE: Pas de conclusion. Alors M. le Président, c'est un de
ces débats qui ne seront pas conclus et que nous reprendrons à la
prochaine occasion.
UNE VOIX: Une seule conclusion, M. le Président.
M. LAPORTE: C'est que le DH-125 n'est pas vendu.
M. JOHNSON: Est-ce que l'article est adopté?
M. LAPORTE: Non. Il est dix heures.
M. LEBEL (Président du comité des subsides): J'ai
l'honneur de faire rapport que le comité a adopté des
résolutions et demande la permission de siéger à
nouveau.
M. PAUL (Président): Quand le comité pour-ra-t-il
siéger à nouveau? A une prochaine séance.
L'honorable ministre des Finances propose que les résolutions
soient maintenant lues et agréées. Cette motion est-elle
adoptée?
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: J'ai l'honneur de proposer l'ajournement de la Chambre
à demain, trois heures, alors que nous appellerons d'abord la motion au
nom du député de Louis-Hébert concernant le
règlement de l'Assemblée législative. Ensuite, l'article
50, la motion en mon nom proposant que le bill 99 soit retiré et
biffé de l'ordre du jour. Ensuite, la motion du député de
Gaspé...
M. LESAGE: S'il est ici.
M. JOHNSON: A tout événement, s'il nous reste du temps,
nous continuerons l'étude des crédits du ministère des
Transports et Communications et ensuite la Voirie, et ensuite la Santé
et le Bien-Etre.
M. LAPORTE: La Santé?
M. LACROIX: A six heures moins cinq, on ajourne.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La Chambre ajourne ses travaux à
demain après-midi à trois heures.