(Quatorze heures cinquante minutes)
M. Deltell: Mesdames, messieurs, bonjour. Bienvenue à notre point de presse. Alors, pour notre motion du mercredi, on sait que les partis d'opposition, le mercredi, peuvent faire un débat. Nous, c'est deux fois par année, et on voulait parler de ce sujet qui est extrêmement important pour l'avenir de notre nation, c'est-à-dire la langue française. Et ça va nous donner la chance de répéter ce que nous préconisons depuis bientôt un an, c'est-à-dire un Québec français et des Québécois bilingues. Il faut que notre Québec reste français, que la loi 101 soit préservée et soit appliquée correctement et ne soit pas étendue à d'autres champs, telle qu'elle existe actuellement dans le monde de l'éducation. Alors qu'on sait qu'au Parti québécois il y a un débat qui a cours et qui risque de porter fruit au sein du Parti québécois pour prolonger l'application de la loi 101 et, l'étendre plutôt, étendre la loi 101 aux cégeps, pour nous, c'est une grossière erreur. On estime qu'au cégep on est à l'âge adulte, on choisit sa carrière, on choisit son orientation professionnelle, et, si certains font le choix d'aller dans des études en anglais ou encore exercer un métier où il faut qu'ils aient une connaissance vraiment efficace de l'anglais, il est tout à fait légitime pour ces gens-là, ces jeunes-là, à l'âge adulte, de faire ce choix-là et de pouvoir aller dans un cégep an anglais.
Et d'ailleurs, à cet effet-là, je vous rappellerai simplement la déclaration suivante: «Tant que ce sont des enfants, c'est la responsabilité des parents et de l'État de veiller à ce qu'ils apprennent le français. Parce qu'il s'agit d'études supérieures, que ce n'est pas le choix d'une majorité mais d'une minorité, on doit respecter la liberté de choix.» Et ça, ce n'est pas le chef de l'ADQ qui dit ça, c'est la députée de Taillon, Marie Malavoy, qui faisait cette déclaration il y a moins de 10 ans de ça. Donc, on ne comprend pas pourquoi, au Parti québécois, on aurait changé.
Je vous rappelle qu'en matière statistique on aurait pu craindre que les allophones soient plus nombreux à vouloir aller et en constante progression - dans les cégeps anglais, et, ce faisant, perdre les acquis de la loi 101 et les acquis du français. C'est tout le contraire. Depuis 20 ans, on assiste à une chute du nombre de la fréquence des allophones dans les cégeps anglophones, donc une augmentation, une progression, et qui mérite donc le fait que... ça démontre que les allophones veulent continuer presque en majorité leurs études en français, ce qui est très bon signe. En 1987, c'était 63 % des allophones qui allaient au cégep anglais; en 2007, c'était 52 %. Donc, on voit qu'il y a une baisse chez les... au cégep anglais, alors qu'il y a une augmentation.
Par ailleurs, sur la question de la langue, il est essentiel pour nous que tous les députés se prononcent. C'est un sujet majeur, c'est un sujet d'importance au Québec, et on trouverait ça malheureux que des députés refusent de voter là-dessus. On sait qu'il peut y avoir des débats à l'intérieur des partis, mais on est d'abord et avant tout des élus, on est des représentants de notre population, on est là pour voter, et on n'est pas là pour suivre une ligne de partie. Je vous remercie.
M. Journet (Paul): Peut-être pour ce que... L'argument du Parti québécois, c'est que c'est au cégep que se font les transferts linguistiques et aussi qu'on apprend la langue de travail, et en ce sens-là ils vont soutenir que c'est nécessaire d'appliquer la loi 101 au cégep. Ils appuient ça de certaines études. Qu'est-ce que vous répondez à cet argument-là?
M. Deltell: Ce n'est pas un point de vue qu'on partage. Nous, on estime que, lorsqu'on a acquis cette langue-là, le français, lorsqu'on l'a bien maîtrisée dans une étude correcte au primaire et au secondaire - encore faut-il la bonifier... le bonifier, l'enseignement du français - bien, on a l'acquis nécessaire pour pouvoir continuer à s'épanouir pleinement dans la langue française. Et ça n'empêche strictement rien, le fait d'apprendre une autre langue. Et, si, par notre travail, par notre métier, par nos études, on veut aller dans une université anglaise, ce n'est pas vilain d'avoir cette espèce que, moi, je qualifierais de camp d'entraînement du cégep anglophone qui permettra à des gens qui ne sont pas... pour qui l'anglais n'est pas la langue, la langue maternelle d'apprendre et d'acquérir de façon assez forte, à l'intérieur d'un cours de cégep, les habiletés pour étudier, et pour écrire, et pour faire des examens en anglais.
Est-ce qu'on aurait pu empêcher Jacques Parizeau d'aller au London School of Economics? Non. Pourtant, il a étudié en anglais. Eh bien, bravo! Mais il y en a pour qui passer du cégep français à une université anglaise, c'est un pas qui est très lourd à porter, c'est un pas qui est très grand. Donc, tant mieux si on peut avoir cette période du cégep qui permettrait aux jeunes adultes d'acquérir les notions essentielles d'anglais pour poursuivre les études. Et, en termes de démographie, je pense que la démonstration est faite, les allophones ne quittent pas, ne quittent pas le milieu obligatoire français pour aller en grande majorité au cégep, au cégep anglais. C'est exactement le contraire. On voit que, justement, eux préfèrent aller de plus en plus dans le cégep français, et ça, c'est un acquis de la loi 101.
M. Journet (Paul): ...dernière question. Vous voulez améliorer l'enseignement du français au primaire et au secondaire. Il y a eu plusieurs déclarations de principe à cet effet-là. Maintenant, avez-vous une proposition concrète que vous êtes en mesure d'avancer pour améliorer la qualité de l'enseignement du français au primaire et secondaire?
M. Deltell: Moi, je pense que, malheureusement, la démonstration a été faite que la réforme Marois de l'apprentissage par des compétences plutôt que par des connaissances nous a conduit dans le mur dans lequel on est confrontés aujourd'hui. Il faut revenir à l'apprentissage pur et simple des connaissances.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? La langue française, oui, c'est vrai que c'est une langue difficile, c'est une langue qui comprend des dizaines, voire des centaines, de règles de grammaire qui sont dures à maîtriser, c'est vrai, mais c'est ça. Alors, est-ce qu'on veut continuer à parler en français? Oui. Alors, il faut parler un bon français. Encore faut-il l'enseigner correctement par l'acquisition de connaissances et non de compétences.
M. Journet (Paul): ...seulement revenir à l'ancienne méthode d'enseigner, ça suffit pour améliorer la qualité du français?
M. Deltell: Bien, ça commence par là, et c'est un premier pas qui est fait puis qui doit être soutenu. Maintenant, ce qui est sûr, c'est que les cohortes d'enfants, et j'en suis moi-même personnellement une victime, avons appris sous différentes façons. Moi, je suis une victime du sablier, j'ai déjà eu à m'exprimer d'ailleurs déjà là-dessus, puis je ne suis pas le seul. Cela dit, je pense qu'il faut revenir à l'acquisition de connaissances et non de compétences.
Mme Montgomery (Angelica): M. Deltell, why call this motion? Why was this the motion you decided to bring forward?
M. Deltell: Well, I think it's quite important, in our nation, to talk about Bill 101 and the language. And what we see now is the Official Opposition who tries to get back in this debate with a new rule about Bill 101 to the CEGEP, and we strongly oppose this proposition... is debating inside the PQ. And so we want to call the shot about that, we want to be clear, we want to have the clear position of the Parti québécois and all MNAs about that. We all know that some MNAs do not support the proposition of Mme Marois, so I think we have a tremendous opportunity to clear the air. We want to know were the PQ stands on that. And, for us, it's quite important to keep the freedom for the CEGEPs.
Mme Montgomery (Angelica): Is this also a way of highlighting a policy of the Parti québécois that is very...
M. Deltell: First, yes. But, secondly, it's a good opportunity for us to raise up again our position of a Québec français and Québécois bilingues, which is French Québec, but bilingual Québécois. And, for us, it's quite important. We have to give the tool to our youth to be bilingual, and, for that, we think the best way is to do it as soon as possible and as intensive as possible. So, this is why we support the fact that for every children in our public sector... public sector, yes, in education, at the fifth or sixth grade in primary school, French... French-speaking students will have the chance, the opportunity to have intensive course in English, so they will be bilingual. For us, the English language is no more the Lord Durham language; it is a tool for the 21st century.
Mme Bryan-Baynes (Elysia): Their argument is that, in CEGEP, it's the gateway to be working, the language... where you choose the language with which you're working. So, what's your argument?
M. Deltell: Well, I think it's the best way to learn a new... to learn, to prepare your professional life. And, if, in your professional life, you have to go to an English-speaking university or you have to have a clear use... you can use it clearly - the English language - well, I think that, at the CEGEP, it's a tremendous opportunity when you learn... when you study at the CEGEP, to have the ability to learn well English, and so, after that, you can go to McGill, to Concordia, or to Harvard, or London School of Economics, I don't know, but you will have the chance to learn the best way in a classroom, in our public services, in our public system, to learn the English language which is, for us, a tool of the 21st century.
Mme Bryan-Baynes (Elysia): Are there a lot of Allophones and Francophones that are choosing the English system after being in the French system?
M. Deltell: Well, what we see about the number is that the Allophones are getting... are going more and more in the French CEGEP. So, there is no «péril en la demeure». We cannot be afraid of that. What we see is that Allophones are going more and more in the French CEGEPs, so it's not a... «un péril»? It's not...
Une voix: A danger.
M. Deltell: ...a danger. The French language is not in danger with that situation.
Mme Montgomery (Angelica): You were saying that you think this is a very divisive issue within the Parti québécois, that creates division. What it is going to mean when we go to watch this vote in terms of how many numbers are from the Parti québécois and who gets up and votes for this motion?
M. Deltell: So, we will see the Parti québécois decide to be more radical. And there are clear indications from Pauline Marois that she wants to be more radical, and that's not good, for us. We do not support that, as Mr. Lévesque said in 1977 and as Marie Malavoy said 10 years ago. Marie Malavoy, the Member for Taillon, said 10 years ago that, as long as there is no «péril en la demeure» for the French language, well, we don't have to obligate young people when they prepare their professional life. That is not my word; that is her word. So, is there any change for her, for the... in 10 years? We shall see.
M. Dougherty (Kevin): This is an Opposition motion, your Opposition day. It's usually to challenge the Government. And now you're taking on the other Opposition party. What does that say?
M. Deltell: Well, I think that, when we formed the Opposition, the Official Opposition, the Parti québécois didn't miss a chance to get hard against ADQ. So, it's a good shot for us.
M. Dougherty (Kevin): So, it's getting back, getting even with them.
M. Deltell: No, no. It's only that it's a part of the debate, of the public debate, and we take a strong stand on that. We want a Québec français and bilingual Québécois. We want to keep that way. So, we will see where the PQ stands on that.
M. Dougherty (Kevin): You haven't done that... The ADQ historically hasn't done that well on the island of Montreal, and especially on the west end of the island of Montreal. Are you hoping to let people know who you are, maybe, let Anglophones and Allophones know who you are?
M. Deltell: The last time we had a chance to be on the election, it was in the Saint-Laurent riding, and we doubled our support. So, it's a good start. Ladies and gentlemen, it has been a privilege.
(Fin à 15 h 1)