(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
: Alors,
mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse
pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier
ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné aujourd'hui du ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil du
trésor, M. Christian Dubé, et du directeur national de santé publique, Dr
Horacio Arruda.
Alors, M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Avant de passer au bilan, je veux revenir peut-être pour
éclaircir un peu les principes qui nous guident dans les décisions qu'on prend,
qu'on a prises puis qu'on va continuer de prendre. D'abord, avant de décider de
déconfiner, donc de laisser les magasins ouvrir, les écoles, on s'assure de
deux choses. On s'assure d'abord que la contagion est sous contrôle, donc les
fameux ratios RO ou R0. R0 et...
Une voix
: ...
M. Legault : RO, d'abord.
M. Arruda (Horacio)
:
Les gens le disent différemment, mais choisissez celui que vous préférez.
M. Legault : Pas de chicane.
Donc, on regarde le degré de transmission, là, puis on essaie d'avoir une
transmission qui est inférieure à un, puis on regarde la disponibilité de lits
dans la région en question. Donc, actuellement, quand on regarde ces deux
critères-là, à l'extérieur du Grand Montréal, c'est sous contrôle. Donc, c'est
pour ça que graduellement, à l'extérieur du Grand Montréal, on commence à
ouvrir graduellement les commerces, les écoles, les services de garderie.
Quand on regarde la situation dans le Grand
Montréal, d'abord, quand on regarde la propagation du virus, on est autour de
1. Donc, c'est stable, mais ce n'est pas encore en bas de 1. Donc, premier
problème. Deuxième problème, les lits. Bon, je veux être bien clair, là, on a à
peu près 1 000 lits de disponibles dans la grande région de Montréal.
Le problème qu'on a, c'est qu'on n'a pas le personnel avec ces lits-là. Donc,
si demain matin, il y avait une augmentation de propagation du virus dans le Grand
Montréal, on n'aurait pas, en tout cas, tout le personnel, on en aurait un peu,
mais pas tout le personnel pour faire face à cette hausse. C'est pour ça qu'on
a quand même un défi, là, puis je vous le dis depuis longtemps, d'augmenter le
nombre d'employés, surtout dans la grande région de Montréal.
Donc, aujourd'hui, bon, on est rendus à
11 600 employés qui sont absents. Puis l'autre chose qui est
importante, c'est que, dans les employés qui sont présents dans le réseau de la
santé, 50 % travaillent à temps partiel, donc ils ne sont pas là à temps plein.
Donc, on a demandé au président du Conseil du trésor, qui va vous expliquer ça
tantôt, de dessiner un incitatif pour que les gens, d'abord, reviennent au
travail puis travaillent à temps plein.
Donc, vous allez voir, j'annonce donc aujourd'hui
une nouvelle prime qui va être donnée aux personnes dans les CHSLD, dans les
résidences privées, dans les hôpitaux, mais là — on appelle ça les
zones rouges — là où il y a des personnes qui sont infectées, donc là
où on a des problèmes puis qu'il y a peut-être des inquiétudes pour certaines
personnes de venir travailler, quoique tout le matériel de protection est
disponible. Puis c'est une prime qui est quand même intéressante, ça va
jusqu'à... en fait, la personne qui vient travailler à temps plein, pour quatre semaines,
donc pour un mois, 36,25 heures par semaine, va avoir une prime, en plus
du salaire, de 1 000 $ par mois. Donc, c'est quand même intéressant,
là, pour un préposé aux bénéficiaires, c'est à peu près 30 %
d'augmentation du salaire. Donc, Christian va vous expliquer tantôt exactement
comment la mécanique va fonctionner.
La deuxième annonce que je veux vous
faire, compte tenu, justement, de la situation qui est difficile à Montréal,
surtout parce qu'il nous manque de personnel, c'est... le Dr Arruda et
moi, on a tous les deux décidé, ensemble, puis on était tous les deux d'accord
avec ça, de reporter d'une autre semaine l'ouverture des commerces dans le
Grand Montréal puis de reporter d'une semaine l'ouverture des écoles, des
services de garde, donc, qui sera maintenant le 25 mai, si et seulement si
la situation s'améliore, entre autres, du côté du personnel d'ici le
25 mai. Donc, on va suivre ça, on a quelques semaines devant nous, mais
les gens, là, doivent comprendre que les commerces, les écoles et les services
de garderie dans le Grand Montréal, ça veut dire la CMM, là, n'ouvriront pas
avant le 25 mai.
Maintenant, le bilan du jour. On a
malheureusement 121 nouveaux décès, on est rendus à 2 631 décès,
donc mes pensées sont avec les familles, les proches de ces victimes. On est
rendus à 35 238 cas confirmés, c'est une augmentation de 911.
C'est peut-être important aussi de le dire, là, pour s'encourager un peu, il y
en a au moins 8 600 sur ces 35 000 qui sont guéris aujourd'hui, là.
Puis il y en a qu'on n'a pas testé, donc il y en a plus que 8 600. On a
1 836 personnes hospitalisées, c'est une diminution de quatre, puis
224 personnes aux soins intensifs. C'est une augmentation de 11.
Bon, je veux revenir, puis j'ai fait
préparer un petit tableau, sur les personnes qui sont les plus à risque, hein?
On a beaucoup parlé du 60 ans, du 70 ans. Bon, quand on regarde les
2 631 décès qu'on a eus au Québec, depuis le début, ce qu'il est
important, là, d'abord, de dire, c'est qu'il n'y a aucune personne qui est
décédée qui avait moins de 30 ans. Donc là, on le voit, là, c'est le
premier élément.
Dans les personnes de 30 à 39 ans,
c'est 0,02 % des personnes décédées qui avaient 30 à 39 ans. Dans les
personnes de 40 à 49 ans, c'est 0,06 % des personnes décédées. Les
personnes de 50 à 59 ans, c'est 1,5 % des personnes décédées. 60 à
69 ans, c'est 6,5 % des personnes qui sont décédées. 17 % des
personnes décédées avaient entre 70 et 79 ans. 40 % des personnes
décédées avaient entre 80 et 89 ans. Puis 33 % avaient plus de
90 ans, là. La raison pourquoi ça baisse, c'est parce qu'il y en a moins
au total, évidemment, là, de personnes de plus de 90 ans.
Donc, c'est important, là, de comprendre :
91 % des personnes qui sont décédées au Québec depuis le début de la crise
avaient 70 ans ou plus. Donc, comme vous le remarquez, il y en a 9 %
qui avaient moins de 70 ans. Donc, les plus jeunes sont moins à risque,
mais ça ne veut pas dire que c'est un risque qui est à zéro, là.
Évidemment, la question qui se pose, c'est :
Où on trace la ligne, là? Ce n'est pas une science exacte, mais le Dr Arruda
puis la Santé publique évaluent qu'un risque... comment qu'on appelle ça?,
contrôlé, hein, contrôlé, donc un risque raisonnable ou faible, c'est pour les
personnes de moins de 70 ans.
Puis, je veux bien comprendre aussi, là,
il y a une question de gros bon sens là-dedans. Les personnes de 60 à
69 ans qui sont en bonne forme, je ne voudrais pas, là... moi, je ne pense
pas que ce serait une bonne idée de dire : On vous empêche d'aller travailler,
là. Il faut trouver un équilibre entre le risque pour la santé puis la
possibilité de vivre un peu une vie normale.
Donc, c'est important de le dire, il n'y a
pas de risque zéro, ni en bas de 70, ni en bas de 60, ni en bas... Bon,
peut-être qu'il est proche de zéro en bas de 30 parce qu'il n'y a eu aucun
décès en bas de 30 ans, mais on juge que c'est un risque qui est limité en
bas de 70 ans, évidemment, sauf si on a des problèmes de santé. Puis là c'est important
de le dire. Tous ceux qui ont des maladies chroniques, peu importe leur âge,
bien, il ne faut pas aller travailler.
L'autre chose qui est importante de dire
aussi, c'est que, peu importe notre âge, qu'on soit jeune ou qu'on soit vieux,
il faut être prudent. Il faut respecter la norme du deux mètres. Donc, il faut
rester à deux mètres des autres personnes. Puis, si on n'est pas capables de
rester à plus de deux mètres, on devrait porter un masque. C'est vrai pour une
éducatrice. C'est vrai pour une grand-maman avec sa petite fille. C'est vrai
pour tout le monde. Donc, ça, c'est important de le dire.
Ce qui est important aussi de dire, c'est
que, si vous avez moins de 70 ans puis que vous attrapez la COVID-19,
probablement, là, vous le voyez, vous n'allez pas en mourir, mais vous pouvez en
souffrir. Vous allez peut-être être obligé d'aller à l'hôpital, puis ce qu'on
me dit, c'est que c'est très souffrant. Donc, quand même, pas prendre de
risque, là, parce qu'on est dans la catégorie qui, probablement, ne va pas
décéder. Par contre, si vous avez plus de 70 ans, bien, les probabilités de
mourir sont plus élevées. Donc, je veux juste être clair, là, parce qu'il y a
des gens qui disaient que ce n'était pas très clair, quoique ce n'est pas une
science exacte, là. Vous le voyez, ça fluctue.
Maintenant, concernant les tests, on l'a
dit, pour déconfiner, une autre des conditions, c'est d'être capables de faire
assez de tests, de suivre la situation un peu partout au Québec. D'abord, je
vous rappelle que le Québec, c'est un des endroits au monde où on a testé le
plus. Je vous donne les chiffres. Jusqu'à ce jour, au Québec, on a fait
37 000 tests par million d'habitants. Si vous prenez des comparaisons, en
Ontario, ils ont fait 25 000 tests par million d'habitants, aux
États-Unis, 24 000 tests, au Royaume-Uni, 21 000 tests, en France,
17 000 tests par million d'habitants. Puis, je vous rappelle, au Québec,
on est à 37 000 tests par million d'habitants puis on n'arrête pas là.
Depuis quelques jours… Avant, on faisait à peu près 6 000 tests par jour.
Les derniers chiffres que j'ai, c'est pour mardi, là, il y a deux jours, donc
le 5 mai, on a fait un peu plus que 10 000 prélèvements puis on
continue d'augmenter, là. Donc, notre objectif, comme on l'a expliqué, c'est de
doubler le nombre de tests.
Et d'ailleurs je termine avec mes
remerciements du jour. Mes remerciements du jour sont justement pour ces
personnes qui prennent les rendez-vous, qui font les prélèvements, les
personnes qui font les analyses dans les laboratoires, les personnes qui font
la stratégie de dépistage. Donc, je sais qu'il y a des critiques actuellement,
mais moi, je veux vous dire merci et bravo à tout le personnel qui fait des
tests. Vous êtes en train de doubler le nombre de tests en à peu près une
semaine. C'est extraordinaire.
Et je termine en vous disant, puis je vais
le répéter probablement à tous les jours pendant longtemps : Il faut que tout
le monde, jeune ou vieux, on reste à deux mètres des autres personnes, six
pieds, pour les plus vieux, et c'est important, peu importe votre âge. Donc,
vous pouvez compter sur moi. En tout cas, moi, je compte sur vous puis je vous
remercie.
Good afternoon. Today,
we're seeing that the conditions to keep our initial reopening calendar in Montréal are not met for the moment. That's
why we've decided to delay the reopening of businesses, daycare centers and
schools until May the 25th. And, as I've said in the last days or weeks, this
will happen only if the conditions are met before May the 25th.
Our biggest challenge
right now remains the lack of staff in our health system. That's why we've
decided to give a bonus to health care workers that work full-time in public
CHSLDs, in senior homes and in hot zones of Montréal's hospitals. This means as
much as $1,000 more per month for full-time workers
that are active for at least one month. Our Chair of the Treasury Board will
explain the details later. So, if we want to return to a more normal life, we
must stay very disciplined. You can count on me. I'm counting on you all. Thank
you.
Maintenant, je passe la parole au
président du Conseil du trésor, Christian Dubé.
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, M. le premier ministre, et bonjour à tout le monde. La situation
demeure inquiétante dans plusieurs milieux d'hébergement de soins pour
personnes âgées, de même que dans certains centres hospitaliers de la grande
région Montréal. Comme le premier ministre vient de le mentionner,
actuellement, dans le réseau, tous secteurs confondus, c'est près de 50 %
des employés qui effectuent du travail à temps partiel. En CHSLD, c'est plus de
60 %. Donc, le gouvernement estime nécessaire de bonifier immédiatement la
rémunération du personnel afin d'encourager le travail à temps plein, mais
aussi de favoriser la rétention. C'est près de 70 millions de dollars par
mois qui seront consentis ainsi pour des primes additionnelles.
Plus concrètement, qu'est-ce que ça veut
dire? Tous les salariés qui offriront une prestation de travail à temps plein
dans les CHSLD recevront 100 $ par semaine, toutes les catégories d'emploi
dans toutes les régions. Nous ajoutons à cela des primes supplémentaires pour
ceux qui travailleront à temps plein dans un CHSLD qu'on peut dire infecté,
donc, en fait, au moins un cas de COVID.
Alors, c'est important, c'est dans les CHSLD
infectés que cette prime additionnelle là s'applique. De quelle façon? Pour
favoriser encore une fois le temps plein et la rétention, c'est 200 $ de
plus après deux semaines consécutives à temps complet et 400 $ de plus
après quatre semaines consécutives à temps complet, donc des primes, comme on
l'a mentionné, qui peuvent atteindre 1 000 $ par mois.
Ces mêmes mesures monétaires seront
également appliquées dans les centres hospitaliers désignés de zone rouge de la
grande région de Montréal aux mêmes conditions que je viens d'indiquer plus
tôt, mais pour les catégories d'emploi suivantes, par exemple : les
infirmières et infirmiers, incluant les cliniciennes puis les auxiliaires, les
inhalothérapeutes, les préposés aux bénéficiaires, les préposés à l'entretien.
Par ailleurs, par équité, des subventions
seront versées aux RPA, aux résidences pour personnes âgées, aux ressources
intermédiaires de type familial, dans notre jargon les RI et RITF, et aux CHSLD
privés afin que ces milieux d'hébergement soient en mesure d'offrir les mêmes
bonifications à leur personnel.
De plus, nous annonçons une nouvelle
mesure pour tous les salariés du réseau de la santé et des services sociaux qui
accepteraient de transférer temporairement d'une région vers Montréal, par exemple
Laval ou la Montérégie, des régions qui sont considérées encore une fois comme
chaudes, pour venir prêter main-forte. Ces personnes recevraient un montant de
2 000 $ par mois qui peut s'ajouter aux primes que je viens d'énoncer
plus tôt.
En posant ces gestes importants, le
gouvernement espère renforcer la présence au travail et encourager une plus
grande disponibilité du personnel, ce qui contribuera à accroître notre
capacité à dispenser des soins et des services sécuritaires et de qualité au bénéfice
des patients vulnérables.
Bien que ces primes soient importantes,
nous sommes conscients que la sécurité tout comme l'accès à des équipements de
protection adéquats demeurent la priorité de nos employés, et vous pouvez
compter sur nous pour continuer d'y veiller. On a besoin de vous, on a besoin
de vous toutes pour mener cette bataille. Je remercie à l'avance celles et ceux
qui répondront à notre appel. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, maintenant, pour les questions en français, nous allons débuter
aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : ...du
Conseil du trésor, Dr Arruda. J'aurais une question qui s'adresse à vous, M.
Legault. Dans une communication qui a été envoyée hier aux éducatrices en
service de garde scolaire, le ministère de l'Éducation fait passer le ratio
enfant-éducatrice de 10 à 15. C'est-à-dire qu'au départ... en fait, depuis les
garderies d'urgence, le ratio était de 15 enfants par local, mais un
maximum de 10 enfants par éducatrice, et là hier, sans crier gare, on
augmenter ce ratio-là à 15 personnes, alors que, le 1er mai dernier,
on avait dit que ce serait 10. Pourquoi au juste est-ce qu'on augmente les
ratios dans les services de garde scolaires? Qu'est-ce qui s'est passé entre le
1er mai et hier pour que le premier ministre soit justifié de dire :
Bien, c'est 10 maximum, et là on passe à 15?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, moi, personnellement, je n'ai pas eu cette information-là, mais le
critère qui demeure est un critère de la distanciation de deux mètres. Donc,
j'ai l'impression... Là, je ne sais pas s'il y a eu des enjeux de logistique ou
autres, là, mais notre orientation, c'est celle-là. On pourra refaire les
validations, là, pour mieux comprendre la question du ratio. Parce que nous, on
n'a pas fonctionné nécessairement avec le ratio, c'est plus relié à la
distanciation des individus. Est-ce que, maintenant, l'Éducation a évalué qu'en
fonction du personnel qui est disponible maintenant ça prend un ratio différent
en maintenant le deux mètres? Nous, c'est ça qu'il faudrait peut-être qu'on
évalue. J'aimerais par contre...
M. Lacroix (Louis) : Mais la
communication que je...
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez?
M. Lacroix (Louis) : Oui,
oui, bien sûr, allez-y.
M. Arruda (Horacio)
:
Je voudrais juste apporter une précision par rapport à la présentation de notre
premier ministre en lien avec la question des groupes d'âge qui sont malades...
qui peuvent décéder en fonction de l'âge. Il faut comprendre que, dans ce
tableau-là, il y a aussi des personnes entre 60 et 69 ans qui ont des
maladies chroniques. Donc, la recommandation... Parce qu'on n'a pas, ici,
éliminé la maladie chronique, donc, et on sait que la maladie chronique va
augmenter avec l'âge. Mais l'âge lui-même est un facteur comme tel. Mais ce que
je voulais vous dire, c'est que probablement que, si la personne a 60 et
69 ans et qu'elle est en bonne santé, son risque ne sera pas nécessairement
le même que ce qu'on observe ici. Donc, ce que ça veut dire, c'est que nos
recommandations pour les travailleurs en bas de 70, c'est pour les gens qui
sont en bonne santé. Puis je peux vous dire qu'il y a des gens qui peuvent
avoir 69 ans et être en meilleure santé physique que bien des personnes de
50 quelques années. Ça existe.
Mais donc très important de bien
comprendre que c'est une évaluation individuelle par rapport à son... Je
voulais le préciser ici parce que ça donnait l'impression que c'étaient
seulement des personnes qui étaient en bonne santé.
Le Modérateur
: En sous-question.
M. Lacroix (Louis) : Je veux
juste avoir une précision sur ma question parce que ce que je vous dis là, ça
vient d'une communication du sous-ministre adjoint à l'Éducation, Éric Bergeron, qui a envoyé ça hier dans un courriel. J'ai le courriel
en main, et ce qu'on dit, en fait, c'est que le ratio a été précisé d'un pour
15 dans les services de garde en
milieu scolaire après avoir consulté la Santé publique. Alors, vous me dites,
vous n'avez pas été consultés. L'avez-vous été ou vous ne l'avez pas été?
M. Arruda (Horacio)
:Peut-être pas moi, non, mais
ça peut être mes professionnels par rapport à des éléments opérationnels, là. C'est peut-être ça. Mais, comme je vous dis, le principe, c'est de garder le deux
mètres...
M. Lacroix (Louis) :Parce que les éducatrices
disent que c'est extrêmement
difficile de garder la distanciation sociale dans un local en service de garde scolaire. Ce n'est pas du tout la
même situation que dans une classe, par exemple, où les enfants sont à des pupitres.
M. Arruda (Horacio)
:Écoutez, comme je vous le
dis, je vais faire les validations, si vous me permettez, là. Quand on parle de
santé publique, il n'y a pas seulement moi, parce qu'on donne des orientations. Il y a dû y avoir des discussions entre les professionnels qui portent le
dossier depuis le début, entre l'institut au ministère et le ministère de l'Éducation. On pourra vous revenir, monsieur, avec l'information, si vous me permettez. Je n'aime pas parler à travers mon chapeau
quand je ne sais pas.
Le Modérateur
: Merci. Prochaine question, Gabriel Béland, La Presse.
M. Béland (Gabriel) : Oui.
Bonjour. Peut-être une question pour le Dr Arruda pour commencer. Au
niveau du RO... R0, dans le Grand Montréal, qui est autour de 1, est-ce que ce
serait possible, d'abord, peut-être de préciser s'il s'agit du taux de
transmission à l'extérieur des RPA, des CHSLD, donc dans la communauté, et
ensuite de dire est-ce qu'il faudra serrer la vis encore si ça ne bouge pas?
M. Arruda (Horacio)
:
Effectivement, ce n'est pas... Les CHSLD ont été exclus de la mesure parce que
les CHSLD sont associés à une transmission interne, un peu liée à la
communauté, mais ce n'est pas... c'est un phénomène à part. Donc, cela, il faut
qu'on le contrôle. Ça, c'est clair qu'il faut qu'on le contrôle.
L'autre est au niveau du 1. Il y inclut
les RPA et les autres milieux de vie qu'on considère moins fermés sur eux à
cause, notamment, de la mobilité des personnes en RPA, qui n'est pas la même
que celle... comme telle. Et on va le surveiller de très, très près. Je vais
vous dire, c'est un des éléments, là, le R0, en lien aussi avec l'analyse, je
vous dirais, plus qualitative des éclosions qui peuvent arriver dans les
milieux qu'on a déjà réouverts, le comportement des individus et l'augmentation
des tests qu'on va faire aussi de façon significative. On va tester
probablement maintenant, dans nos approches, les cas asymptomatiques qui sont
en contact avec un cas, c'est-à-dire, pour détecter des gens.
C'est sûr que, si on le met... si on
utilise les tests un peu partout chez des asymptomatiques, on va perdre en
facteur de positivité. Actuellement, notre niveau de positivité était autour de
16 %, 17 %, 18 %. Donc, ça veut dire qu'on a utilisé une bonne
stratégie parce que, quand on teste, on trouve des cas. Si on baisse à 1 %
ou 2 % parce qu'on teste à la mauvaise place, c'est une perte de... surtout
quand le nombre de tests est relativement limité. Je dis relativement parce
qu'on pourrait avoir des millions puis des millions de tests, puis ça n'a pas
été fait non plus, nécessairement, ailleurs dans le monde, à part peut-être en
Chine.
Donc, actuellement, on va surveiller ça,
là, ce R0 là. Les modèles vont être mis à jour minimalement une fois par
semaine parce qu'il faut quand même avoir de la donnée pour que le modèle
change, puis etc. Ça fait qu'on va véritablement regarder ça, en plus l'élément
de la capacité, comment les hospitalisations vont se comporter. Les cas, là,
ils vont augmenter, là. Je tiens à vous dire, si on teste plus, on va trouver
plus de cas. Ça fait que, là, il ne faut pas voir l'indicateur des cas qui
augmente comme étant que ça va plus mal. Ça veut peut-être dire qu'on les
trouve plus. Ça veut peut-être dire qu'on va être en mesure de mieux les
contenir. Ça fait que c'est ça qu'on va être capables de voir, puis,
15 jours plus tard, c'est les hospitalisations, et, 15 jours plus
tard, c'est, je vous dirais, les décès, à peu près, un petit peu moins, tout
dépendamment des groupes d'âge.
M. Béland (Gabriel) : Peut-être
une question pour M. le premier ministre. Aldo s'est placé à l'abri de ses
créanciers. On peut deviner que malheureusement plusieurs entreprises québécoises
vont faire la même chose. Est-ce qu'il y a un plan pour les faillites?
M. Legault : Bien, écoutez, il
y a un plan. Pierre Fitzgibbon a mis en place, avec Investissement Québec,
je dirais, des mesures qui sont complémentaires aux mesures qui ont été
annoncées par le gouvernement fédéral. Mais c'est sûr qu'une entreprise de la
taille d'Aldo, qui est un fleuron, qui a une partie, en plus, fabrication,
bien, on va tout faire pour les aider à passer au travers, là. Donc, déjà, les
gens d'Investissement Québec parlent avec des centaines d'entreprises. Mais on
va tout faire pour sauver le maximum d'entreprises, surtout les entreprises,
là, qui ont une importance stratégique comme Aldo.
Le Modérateur
: Merci.
Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. M. le premier ministre, vous avez parlé de transférer des gens. Vous
avez surtout dit qu'il y a des gens qui ont peur de retourner au travail, là.
Il y a une communication qui circule actuellement à l'Hôpital Lakeshore, où la
microbiologiste et chef du département infectieux du CIUSSS de
l'Île-de-Montréal suggère que les soignants infectés par la COVID-19 puissent
revenir au travail une semaine après leur diagnostic et travailler sans
équipement de protection individuelle dans les unités de COVID de l'hôpital,
tout ça pour permettre d'avoir plus de gens et laisser l'équipement à ceux qui
ne sont pas malades, puis c'est pour protéger l'équipement. Qu'est-ce que vous
en pensez?
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, je vais réagir à ça. Ce n'est pas du tout une orientation
qu'on a donnée, et je pense qu'on va avoir des discussions notamment avec
ladite personne.
Ce qu'il faut comprendre, même en
situation où on était en, je dirais, pénurie de matériel, disons, avec tout ce
qui s'est passé à travers le monde aussi, on n'a jamais recommandé aux gens de
ne pas se protéger. Ça fait que, donc, quelque part, on n'est pas d'accord avec
cette position-là, notamment maintenant qu'on a du matériel. En tout cas, s'il
y a des enjeux de distribution, qu'ils nous téléphonent parce qu'on va
s'organiser pour les régler. Donc, pour nous, on n'est pas confortables avec
ça.
La question de retourner les personnes
après un certain temps, s'ils ont été malades, mais avec du matériel de
protection... peut être fait dans un contexte où on les renvoie dans une zone
rouge et s'ils portent du matériel de protection, si et seulement si on a
véritablement un bris de service. Mais donc cette consigne-là n'est pas une
consigne officielle, et d'ailleurs la personne elle-même le dit, lorsque j'ai
vu dans les médias qu'elle devait en discuter puis quelle était sa stratégie.
Mais actuellement, il n'est absolument pas question qu'on envoie du personnel,
même s'ils ont fait la maladie, dans un centre sans matériel de protection.
M. Laforest (Alain) : Je vais
profiter de la présence du président du Conseil du trésor, un homme de
chiffres, surtout celui qui tient les cordons de la bourse. Vous avez autorisé
quelles sommes, depuis le début de la pandémie, en primes, en achat d'équipements,
en embauche de nouveau personnel?
M. Dubé : Bien, écoutez, on a
fait plusieurs programmes. Je pense que les montants qui sont donnés depuis le
début sont importants, mais je vais laisser à mon collègue le ministre des
Finances de faire la somme de tout ça, parce que nous, particulièrement au
Conseil du trésor, on s'est assurés, en ce moment, d'avoir les autorisations
nécessaires pour être capable de livrer rapidement ces programmes-là. Mais je
vais laisser à mon collègue le soin d'additionner les chiffres et de vous
révéler ça en temps et lieu lorsque nous serons... retour en Chambre.
M. Gagnon (Marc-André) : Ça
va. Donc, si je peux me permettre, à mon tour, je vais
revenir — Marc-André Gagnon du Journal de Québec, Journal
de Montréal — sur la question des 60 à 69 ans.
J'ai bien compris, là, votre présentation
avec le tableau. Il reste que, en donnant le feu vert pour le retour au travail
de ces gens-là, alors que, pendant des semaines, vous avez affirmé le
contraire, reconnaissez-vous que votre gouvernement a créé une certaine
confusion? Parce qu'il y en a plusieurs, maintenant, là, qui se demandent,
bien, quels sont vos véritables motifs. Puis est-ce que vous admettez que votre
plan de déconfinement force des situations qui ne correspondent plus
nécessairement aux consignes de sécurité que vous avez martelées pendant des
semaines?
M. Arruda (Horacio)
:
Tout à fait. Écoutez, je l'ai dit depuis le début que ce que je vous disais
cette journée-là allait être changé le lendemain matin. O.K.? Premièrement, on
n'est pas dans la même phase, puis je vais vouloir aussi apporter un élément
par rapport à la cohérence. On va nous demander d'être cohérent dans nos
approches, et il y a toujours certaines situations, puis, je tiens à vous dire,
selon la situation, on fait de la gestion de balance de risques, O.K.?
Je le dis : les personnes qui sont en
bas de 70 ans, qui sont en bonne santé, peuvent, s'ils sont en bonne
santé, aller travailler avec des mesures qui sont mises en place, qui ne sont
pas dans le même contexte où on était au tout début de la pandémie où les gens
n'avaient même pas compris la consigne de distanciation sociale, etc. Pour vous
donner un autre exemple de choses qu'on a dit il n'y a pas tellement longtemps,
je vous ai dit, puis c'est vrai qu'un contact familial d'une grand-mère avec
son enfant à la maison peut être différent que dans un contexte de garderie.
Mais on essaie maintenant d'équilibrer, si
vous me permettez, les risques à la santé de maladies infectieuses avec les autres
effets pervers, hein? Une personne de 65 ans qui est en bonne santé puis
qui considère qu'elle peut aller travailler dans un contexte où elle se sent
protéger, si on l'empêche de travailler, on va nous accuser de faire l'âgisme,
je tiens à le dire. Et là, maintenant, aussi, on se dit : Si garder les
enfants devient un phénomène qui est, je dirais, essentiel pour que les parents
puissent aller au travail parce qu'ils n'ont pas d'accès à une garderie, ou
etc., j'ai fait une vidéo tantôt avec le ministre de la Famille, les gens en
bas de 70 ans, s'ils sont en bonne santé, qui voudraient aller garder
leurs petits enfants pendant la semaine pour que les parents puissent aller en
service essentiel, c'est permis, ça va être permis tant et aussi longtemps que
les gens vont respecter certaines consignes. Il ne faut pas que les enfants
aient été en garderie puis qu'ils reviennent à la maison parce qu'ils ne
veulent plus, ou aient été à l'école, ou potentiellement infectés. C'est des
gens qui sont actuellement, peut-être, avec deux parents qui font du
télétravail puis qui ont besoin maintenant d'avoir maintenant d'avoir un
support dans la semaine. Les grands-parents pourront y aller. Ils devront faire
de l'hygiène, porter un masque pour certains types de procédures, puis etc.
Donc, on va amener cette cohérence-là. Mais, par contre, je vais vous donner un
exemple, ça ne sera pas le temps d'inviter grand-maman pour un souper si ce
n'est pas pour garder les enfants. Comprenez-vous qu'est-ce que je veux dire?
Et c'est là qu'on va y aller progressivement.
Tout le monde a hâte. C'est la fête des
Mères en fin de semaine. Tout le monde a hâte à des barbecues à l'extérieur, à
cinq mètres. Comme on est en train d'ouvrir des choses, il faut qu'on soit en
mesure de voir les effets des assouplissements qu'on met avant de passer à une
autre étape parce qu'indépendamment de ce qu'on dit, on sait qu'il y en a qui
vont le faire. Et là, si on ne se met pas à être, je vous dirais, dans le coup,
avec nous, puis... ça voudrait dire que, là, on pourrait avoir des effets.
Donc, ce que je veux vous dire ici, la
position, elle va évoluer, comme dans une semaine ou deux, ça se peut qu'elle
évolue. Il y a peut-être des nouvelles connaissances... Puis ce n'est pas une
décision qui est facile, parce que vous dites oui à un, l'autre essaie de se
comparer, mais il faut regarder dans quel contexte on l'a fait, mais... Et
c'est difficile aussi, dans un point de presse, où on ne peut pas répéter...
C'est pour ça que j'ai fait une vidéo tantôt avec le ministre de la Famille, parce
que les gens vont pouvoir réécouter ce qu'on dit, parce que, des fois, les gens
peuvent interpréter puis : Est-ce que ça me touche, moi, ou ça ne me
touche pas?
Donc, je peux vous annoncer qu'aux
grands-parents, sous certaines conditions, ils pourront garder leurs
petits-enfants comme tels. Mais il faut éviter, bien entendu, les grandes
accolades, même si ça va être difficile, puis etc., mais d'essayer de jouer le
rôle d'un gardien avec des mesures.
Le Modérateur
:
M. Legault, est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose là-dessus?
M. Legault : Non.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bien, à ce moment-là, j'ai une question pour vous. Parce qu'au début de la
pandémie, bon, vous nous avez dit : Pour relancer l'économie, il faudra
accélérer la réalisation de grands projets d'infrastructures, de travaux
d'infrastructures. Mais, dans le cas du troisième lien, parce que le sujet
revient dans l'actualité puis le débat revient ici, dans la région de la
Capitale-Nationale, même le chef de l'opposition de la ville de Québec, qui a
pourtant toujours été un ardent défenseur du projet de loi, remet aujourd'hui
en question cette dépense-là en disant qu'il serait peut-être plutôt
important... plus important de prendre soin des aînés. Donc, est-ce que c'est
un projet — on s'entend qu'il risque de coûter plusieurs milliards de
dollars — que vous pourriez mettre de côté pour vous consacrer
d'abord aux soins de base en temps de crise?
M. Legault : Bien,
d'abord, ce que j'ai demandé, justement, au président du Conseil du trésor,
c'est d'accélérer la construction, d'accélérer les infrastructures qu'on va
bâtir au cours des prochains mois, des prochaines années. Donc, je ne vois pas
comment on pourrait remettre en question des projets qui étaient déjà prévus.
Au contraire, on veut accélérer les
projets parce qu'on se dit : Il y aura une partie des emplois dans le
secteur privé qui ne seront pas présents dans les prochains mois. Donc, le
gouvernement a un certain rôle de donner des mandats, donner des contrats,
entre autres, pour que tous les travailleurs de la construction travaillent à
temps plein. Puis, même, j'ai commencé à en parler aux syndicats, puis Jean
Boulet y travaille, pour voir est-ce qu'on peut augmenter le nombre de travailleurs
de la construction, et de façon temporaire, et de façon permanente par la
formation. Mais on veut que la construction, ça fonctionne à plein. Donc, tous
les projets, incluant le troisième lien, s'il y a quelque chose, c'est qu'on
veut les accélérer.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, au tour de Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour. M. Legault, lundi, les 60-69 ans devaient rester à la
maison, hier ils pouvaient aller dans les garderies et aujourd'hui ils peuvent
garder leurs petits-enfants à la maison. Admettez-vous qu'il y a peut-être un
motif économique, là, qui est derrière ça, par manque de personnel? Qu'est-ce
qui peut expliquer une évolution du discours en quatre jours comme ça?
M. Legault : Bon, bien,
comme vient de l'expliquer le Dr Arruda, la situation évolue, hein? Quand ça
faisait deux semaines que les gens étaient enfermés chez eux, c'est une chose.
Quand ça fait deux mois, bien là il y a aussi une partie sociale, il y a une
partie santé mentale. Comme l'explique le Dr Arruda, la norme du deux mètres,
les gens ne savaient pas ce que c'était il y a deux mois. Maintenant, ils
comprennent mieux. Mettre un masque quand on n'est pas capables de respecter le
deux mètres, bien là il y a des gens qui ont commencé à se faire des masques
puis ils sont plus ouverts. Donc, la situation évolue puis les gens... Bien,
c'est ça, est-ce qu'on veut priver une personne de 65 ans d'aller
travailler, une personne en bonne santé? C'est une question d'équilibre. Puis
il y a une évolution aussi à travers les semaines.
M. Arruda (Horacio)
:
Et puis, si vous me permettez, moi, je ne suis pas en relation directe, dans
mon bureau, avec chacun des patients que je vois. Je suis un médecin de
population. Et on a aussi... On écoute ce que les gens nous disent, les
associations. Je reçois plein de courriels de personnes soit sur des cas
individuels soit sur une vision. Ça fait que c'est comme si on est en relation
aussi avec le feed-back qu'on reçoit par rapport à ce qu'on annonce. Il y a des
grands-parents qui trouvent ça excessivement pénible et qui ne comprennent pas
l'incohérence que, s'ils sont grands-parents, ils peuvent aller travailler dans
une garderie, mais ils ne peuvent pas s'occuper de leurs propres
petits-enfants. Comprenez-vous, là? Et il y a peut-être des jeunes aussi qui
peuvent maintenant... C'est parce qu'on est à l'écoute. On est à l'écoute de ce
que les gens nous disent pour essayer de trouver une solution. C'est comme la
relation patient-partenaire. Moi, je peux avoir une idée pour ce qui est bon
pour mon patient puis vous dire : C'est ça que vous faites. Mais le
patient, peut-être qu'il veut autre chose.
Et là on va arriver dans une période, je
vous dirais, où on va demander encore des choses très importantes aux gens. Mais
on veut aussi être à l'écoute de comment eux se sentent par rapport à ça. Je
m'excuse, s'il y avait un vaccin au mois de septembre, on resterait
probablement tous encore confinés puis on attendrait après le vaccin. Mais ce
n'est pas le cas. Ça va être impensable de penser... On va avoir des
révolutions. Il y a de la violence qui se passe actuellement. Il y a peut-être
même des parents, des très bons parents qui, en étant enfermés, n'en peuvent
plus avec les enfants, auraient juste le goût de les brasser un peu
physiquement. Et ça arrive, ça. On sait que ça arrive. C'est reconnu dans la
littérature. Les gens d'un certain âge qui sont confinés trop longtemps, le
cerveau leur atrophie. Il y a des études qui démontrent, là, si on fait des CAT
scans, que, s'ils ne sont pas stimulés, ils perdent leur autonomie.
Ça fait que c'est ça qu'on équilibre comme
tel. Puis ça se peut… Il n'y a pas de vérité. Moi, je vais vous dire une chose,
là, il y a beaucoup d'experts actuellement qui parlent, puis le plus grand danger
d'un scientifique, c'est d'avoir un doute. Quand vous avez la vérité,
méfiez-vous parce que, là, vous... surtout dans une maladie, donc, un microbe
qui est la plus grande pandémie qu'on a jamais vécue, avec des millions de
tonnes d'information. Ça fait que, quelque part, vous pouvez nous demander
d'être parfaits puis d'avoir la vérité, mais je serais incapable de vous le
dire. À chaque fois, à chaque jour, c'est un jugement sur la situation qu'on
fait, avec le feed-back de la population. Et, je vous le dis, les gérants d'estrade,
des personnes qui disent que c'est ça qui devrait être fait, il y en a plein.
C'est normal puis ça fait partie de la nature. Mais méfiez-vous des gens qui
ont la vérité. Moi, je peux vous dire que les plus grands scientifiques de ce
monde ont déjà dit qu'ils ne savaient pas encore ce que c'était.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Dion (Mathieu) : Deuxième
question, oui. Sur votre stratégie de dépistage, la conseillère scientifique en
chef du premier ministre canadien dit : J'essaie d'avoir l'heure juste,
mais je n'y arrive pas. Pouvez-vous nous donner, en tout cas, l'heure juste sur
la situation du personnel sur le terrain pour retracer les cas positifs? Parce
que présentement, les échos qu'on a, c'est qu'il manque de monde.
M. Arruda (Horacio)
: Écoutez,
je ne répondrai pas à madame, compte tenu que je considère que je n'ai pas à
rendre de comptes à cette dame, mais à la population du Québec, ça, oui, puis à
mes autorités, là. Je vais être au clair là-dessus. Parce que premièrement,
moi, je n'ai jamais eu de demande de test... de ça. Mais, de toute façon, ne
revenons pas à ça et regardons ce que nous avons comme éléments de stratégie.
Des enjeux de ressources humaines, il y en
a. Il y en avait avant la pandémie. Vous aviez vu que, même, c'était étonnant,
là, quand on allait chez un fast-food qui habituellement était ouvert
24 heures sur 24, les gens n'étaient pas, là. On a des problèmes de ressources
humaines. Il y en a, il y en a. Il y en a aussi en santé publique. C'est très
demandant. Mais, on a passé... on est rendus en haut de 10 000 tests,
là, aujourd'hui, puis on prévoit en avoir 14 000... ou peut-être pas
14 000, vendredi, peut-être ça va être 12 000. On a donné un chiffre,
une cible à atteindre, puis on veut les atteindre, on veut viser la cible.
Mais, ça se peut que des fois on n'arrive pas pour toutes sortes de raisons.
Des autobus, on est en train d'en avoir,
mais les autobus, ce n'est pas seulement l'autobus, hein, il faut qu'il y ait
du monde qui travaille dedans. On est en train de mobiliser des gens. Les
équipes de santé publique sont en train d'aller chercher les étudiants à
l'université. On va travailler peut-être aussi avec des firmes de sondages qui
vont nous fournir des ressources. Notre logiciel qui devait rentrer il y a
trois semaines va rentrer seulement la semaine prochaine. Il y a toutes sortes
d'éléments de cette nature-là. Mais notre stratégie, elle est claire. On
utilise la quantité de tests là où on pense qu'elle est la plus solide. On va
commencer à faire des dépistages. Quand on va pouvoir faire des sérologies, on
va les faire.
Et donc, moi, je tiens à vous dire, à
quelque part, je pense que... Puis on suit aussi des orientations, comme le
reste du Canada, là, avec l'Agence de santé publique canadienne qui, eux,
travaillent avec nous et non pas la scientifique en chef, qui est une
conseillère au premier ministre. Elle a droit à ses opinions, je la respecte, mais
moi, je pense qu'elle n'a pas toutes les informations. Puis, c'est nous, sur le
terrain, qui avons les informations pour être capables de le faire. Puis je
peux vous garantir qu'on travaille jour et nuit à le faire.
Puis, si on dit qu'on déconfine, on va
déconfiner le moment où on sera capable de faire la marchandise. On vient de
vous reporter d'une semaine à Montréal. Montréal, c'est fragile; le reste du
Québec, c'est le paradis. C'est carrément ça. C'est deux mondes complètement
différents. Alors, on va s'adresser à ça, et je pense qu'on va vous donner le
maximum d'informations. On n'a rien à cacher ni sur le nombre de morts ni sur
quoi que ce soit. On va être transparents. Puis c'est à vous qu'on doit rendre des comptes et non pas aux autres organisations, même si nous
travaillons en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé et
l'Agence de santé publique du Canada.
Le Modérateur
:
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour à vous trois. On a parlé de plusieurs primes, depuis quelques
semaines, qui s'ajoutent dans le milieu de la santé. Je me demandais, sur les
employés qui sont engagés par les agences de placement, cet argent... Est-ce
qu'elles reçoivent cet argent-là? Est-ce que cet argent-là va aux agences ou
c'est complètement exclu de ces primes-là?
M. Dubé : Notre
objectif, c'est de ne pas passer par les agences. Je pense que les agences,
c'est un mal nécessaire depuis un certain temps, puis on aimerait mieux donner
l'argent directement aux employés que de passer par des agences parce qu'en
fait il n'y a pas le bon salaire qui va à l'employé. Bon, maintenant, je le dis
bien, là, en pesant mes mots, un mal nécessaire, c'est un système qui
fonctionne depuis un certain temps. On est en pénurie de personnel en ce
moment, alors c'est sûr qu'on n'ira pas révolutionner ça demain matin.
Mais l'objectif ici est très
clair. C'est non seulement de bien payer nos gens, puis ça fait longtemps qu'on
en parle des PAB, qu'on voulait leur donner la juste rémunération. Alors, c'est
certain que, lorsqu'on va avoir des augmentations, comme le premier ministre a
dit, de l'ordre de 30 % pour un préposé aux bénéficiaires, bien, il
va avoir probablement très, très proche du salaire qu'il pouvait recevoir, que
l'agence pouvait recevoir pour le même service. Alors, c'est évident que ça va
faire des changements dans la chaîne de commande au cours des prochaines
semaines, prochains mois, et c'est pour ça qu'on ne voulait plus attendre
d'être capable de payer nos gens correctement.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Bossé (Olivier) : Mon
autre question était pour M. Legault. On a beaucoup parlé des préposés aux
bénéficiaires dans les dernières semaines, des emplois qui, vous-même vous
l'avez reconnu, qui sont sous-payés, qui le sont moins, évidemment.
Est-ce que vous reconnaissez ou vous
constatez, plutôt, qu'évidemment ces emplois-là sont occupés beaucoup par des
femmes et des immigrants, et ce sera certainement, encore une fois, cette
tranche de la population qui va faire les frais de la crise, probablement?
M. Legault : Bien, les frais
de la crise... Ce qu'on veut, là, puis moi, je l'ai dit, depuis un an et demi
qu'on le dit, on veut augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires. Puis
on est très conscients, entre autres, que ce sont des femmes puis beaucoup de
gens qui viennent de différentes communautés. Puis je laisserais peut-être la
parole à Christian, qui négocie pour avoir ces fameuses primes, qu'ils soient inclus
dans les conventions collectives de façon permanente. Ce n'est pas simple avec
certains syndicats, mais notre objectif, là, c'est de les payer, de mieux les
payer et, bien... peut-être, tu peux compléter?
M. Dubé : Oui. Peut-être pour
vous donner un exemple, on disait tantôt que j'aime les chiffres, là, mais une préposée
aux bénéficiaires, si on ramène ça sur une base hebdomadaire, là, cette
femme-là dont vous parlez gagne actuellement, sur une base à temps plein, 800 $
par semaine. Le premier 100 $ qu'on donne à tous les PAB, à tous les
préposés aux bénéficiaires, en ce moment, ce 100 $ là représente 12 %
d'augmentation, 12 % d'augmentation, et ça, c'est avant les primes en zone
chaude dont on parlait tout à l'heure. Ça fait que, là, on est en train de dire
qu'on prend 800 $ par semaine… C'est appréciable, là. Vous vous souvenez
des offres globales qu'on a faites en décembre, on parlait de l'inflation.
Alors, quand on dit qu'on voulait faire
une offre différenciée importante pour nos PAB, on est en train de vous dire
que la base, ici, là, c'est 12 %. Puis, en plus, on dit : Étant donné
qu'on vit une situation exceptionnelle, on rajoute à cette rémunération-là une
prime exceptionnelle qui est due aux zones rouges, à la difficulté qu'on a, et,
comme notre premier ministre l'a dit tantôt, cette augmentation-là va monter
jusqu'à 30 %. Et, quand vous y ajoutez les fameuses primes COVID qu'on a
mises en place il y a maintenant cinq semaines, cette personne-là… on rajoute,
pour cette même dame-là, un autre 8 %.
Alors là, on a dit : Ce qu'on veut,
c'est avoir… Notre objectif, c'est non seulement de les retenir, mais d'avoir
des gens bien payés puis qui vont dire : Bien, on va contribuer à l'effort
de groupe. Parce que les mesures dont je vous parle… on vous annonce
aujourd'hui, s'appliquent à peu près à 100 000 personnes, PAB, dans les
CHSLD, les infirmières auxiliaires, toutes ces personnes-là qui travaillent
dans les centres hospitaliers, et les RPA qui sont dans des zones rouges. Quand
vous prenez ces 100 000 personnes là, qui, pour la plupart, ont du travail
à temps partiel, imaginez-vous l'effet si elles venaient nous donner une
journée, deux journées de plus. On parle d'une dizaine de milliers d'emplois
qu'on aurait pour remplacer les gens dont le premier ministre fait état depuis
plusieurs semaines.
Donc, je pense qu'il y a un grand
principe, c'est qu'on veut avoir du temps plein de nos gens pendant cette
période-là. Puis, un peu comme on l'a vu avec la crise, ça va nous
requestionner dans la façon dont on travaille avec nos gens. Il y a beaucoup
d'emplois qui sont à temps partiel dans le système de la santé. Puis, à travers
les négociations, puis, je le dis, on en a eu, des négociations intensives,
depuis plusieurs semaines, je pense que ce message-là, en ce moment, on l'a
entendu. Les gens veulent avoir un emploi stable. Les gens veulent être
capables de ne pas changer d'étage, d'avoir ce qu'on appelle la titularisation.
Donc, tout ça pour dire que je pense qu'on va bien payer nos gens puis on va
trouver la façon de le faire.
Le Modérateur
: Merci.
On va devoir accélérer. Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous trois. M. le président du Conseil du trésor, d'abord, on
s'étonne que vous n'ayez pas fait le point sur les négociations justement,
actuellement, mais je voulais savoir quel est le taux de croissance des
dépenses actuellement dans le domaine de la santé? Et c'est soutenable pour
combien de temps, ce taux de croissance de dépenses là?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
pense qu'il était connu lorsqu'on a déposé le budget. Mon collègue,
M. Girard, a dit qu'on avait un taux de croissance en santé de 5 %
cette année, ça, c'est-à-dire pour l'objectif de 2020‑2021. Les circonstances aujourd'hui,
vous savez, sont complètement hors-normes. Je ne répondrai pas directement à
votre question, de la même façon que je n'ai pas répondu tout à l'heure à votre
collègue, mais vous pouvez imaginer que cette année, il va falloir vraiment
faire la différence entre la dépense normale de faire fonctionner le système de
santé versus ce que Mme McCann appelle les dépenses spéciales de COVID.
Mais, je pourrais vous dire que notre objectif est toujours le même, de faire
une bonne gestion, mais les dépenses en santé vont exploser, c'est certain. Ça,
c'est certain.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Bergeron (Patrice) : Et je
vous ramène au jour du dépôt du budget, M. Legault. Votre ministre des
Finances, Eric Girard, cette journée-là, avait dit qu'il s'engageait à
remettre à son successeur des finances publiques en aussi bon ordre que
lorsqu'il est entré en poste. Est-ce que vous estimez que c'est encore
possible, ça?
M. Legault : Je pense que ce n'est
pas possible nulle part dans le monde. Aucune province, aucun pays ne pourrait
dire... Ce qu'on pensait avant la crise est toujours vrai aujourd'hui, là. On
le sait, là, ça va prendre des années avant de retrouver l'équilibre
budgétaire. Évidemment, on va avoir des déficits importants qui vont augmenter
notre dette. Donc, la situation, là, ça va prendre un certain nombre d'années
pour retrouver la situation qu'on avait en 2019.
Le Modérateur
: Merci.
Avant de passer en anglais, deux questions par courriel de
Marie-Michèle Sioui, du journal Le Devoir. La première est
pour le premier ministre. Ottawa confirme avoir conclu une entente avec toutes
les provinces pour bonifier le salaire des travailleurs essentiels. L'aide
d'Ottawa viendra-t-elle bonifier le montant versé aux travailleurs essentiels
en vertu du PIRTE ou est-ce qu'elle fera uniquement baisser la facture de
Québec, sans modifier les montants qui seront remis aux travailleurs
essentiels?
M. Legault : Non, ce qui a
été... ça ne viendra pas bonifier ce qui est déjà annoncé. Le programme qu'on
avait annoncé coûte 890 millions de dollars au gouvernement du Québec. Ce
que le gouvernement fédéral vient faire, c'est d'en rembourser une partie, du
890 millions, parce que tout le monde était un peut d'accord pour dire que
le montant pour la PCU, là, de 2 000 $ par mois était comme un
non-incitatif aux travailleurs essentiels, donc ça créait un problème parce
qu'il n'y avait pas un gros incitatif à venir travailler dans les services essentiels
plutôt que de recevoir le 2 000 $ de la PCU fédérale. Donc, le
fédéral vient nous aider à régler le problème, mais nous, on n'a pas attendu le
fédéral, là, on l'a annoncé rapidement. Puis d'ailleurs, le fédéral s'est
inspiré de notre programme pour l'offrir à la grandeur du Canada.
Le Modérateur
: Merci.
Et, en sous-question pour Mme Sioui, la question s'adresse à M. Dubé.
Est-ce que le ministre Lacombe vous avait consulté avant d'annoncer que le gouvernement
paierait les places en garderie jusqu'au mois de septembre ou est-ce que c'est
vous qui lui avez demandé de faire marche arrière?
M. Dubé : Non. Je peux vous
dire qu'on a une consultation quotidienne avec les différents ministres, puis
c'est évident qu'ils nous ont consultés. On a un groupe de travail, là,
conjointement, du Trésor avec les Finances, où on reçoit toutes les demandes
des ministères. Alors, il nous avait effectivement consultés.
Est-ce que je pourrais profiter de... Je
ne sais pas si j'ai le droit de faire ça.
Le Modérateur
: Si vous
avez du temps, je vous le permets.
M. Dubé : Bien, j'aimerais ça
mentionner une chose que je n'ai pas dite dans ma présentation. Puis lorsqu'on
demande des volontaires... Puis il y a une partie du programme qui, pour nous,
est très importante, si vous permettez, surtout d'aller chercher les gens en
région. On l'a dit, le premier ministre l'a dit souvent, on a deux mondes,
hein? On a Montréal, le Grand Montréal, puis on a les régions. La partie du
programme où on vient ajouter 2 000 $ à un infirmier, une infirmière,
une personne qui viendrait nous aider...
J'aimerais dire que ce qu'on entend dans
le marché, ce qu'on entend des gens, c'est que c'est souvent difficile de
prendre ce risque-là de venir travailler dans des zones difficiles seul. Mais
des gens qui voudraient le faire en équipe, par couple, par groupe de quatre,
de passer à travers cette résistance-là est beaucoup plus facile lorsqu'on le
fait... des gens qui se connaissent. Et nous, on est très ouverts à ça.
Alors, on a des facilités avec les hôtels
à Montréal, on a des facilités où... Et l'essentiel de l'argent, je le dis...
C'est pour ça qu'on a augmenté à 2 000 $ pour des gens qui
viendraient de l'extérieur. Je pense à des pompiers volontaires, je pense à des
gens qui auraient une expertise qui serait très importante pour nous, de venir
dans les CHSLD. Ces gens-là, ils peuvent venir à quatre, être à l'hôtel
ensemble, faire un blitz de quatre semaines, de deux semaines avec nous. Je
pense que ça va faire une très, très grande différence puis surtout dans leur
région.
Alors, je voulais juste le mentionner parce
qu'on a eu beaucoup de bénévoles, mais là on veut rétribuer ces gens-là à leur
juste valeur puis tant mieux s'ils viennent des régions avec une expérience.
Merci de m'avoir donné...
Le Modérateur
: Très
bien. Merci pour la précision. So, now, in English, Cathy
Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. I'll follow up on that question. Actually, Mr.
Legault, on April 20th, so about three weeks ago, you were telling us that
about 6,000 health workers were absent, like, were missing. And now, on May
7th, it's almost the double of the number. So do you have an impression that
this strategy today is the right answer?
M. Dubé :
Bien, écoutez, on l'a...
M. Legault :
In English?
M. Dubé : I'm
sorry. I'm switching. Sorry, I was looking at François and then... OK, sorry,
I'll turn the switch on.
Mme Senay (Cathy) : Thank you.
M. Dubé :
Sorry about that. Well, we have been talking a lot about this through the
negotiations, through our discussions between the ministers. Also, we have
those caucuses every week, twice a week, with our deputies. And I think it's
very clear that people are willing to help us, but I think… I'm not scared of
the word «scared». Some of them are scared of coming to help because they don't
now what they will be facing. And the reason this measure has this ratchet
clause, we say : Well, you come for the first week, you have this bonus.
But, once you realize that this is not too bad... That's the reason I was referring
to groups 2, 4, that could come together. That's what we're hearing on the
ground. They say : Well, wait a minute, if we're well protected, if we can
come and realize it's not too bad, then I think we would like to have this
bonus. And, honestly, having a 30% to 40% increase over a month is huge. And,
basically, it's through listening of those groups that we heard that we thought
that was the right measure, and again because, when we add the numbers, this
100,000 potential, OK, that could add us, that's more than enough to what we
need. So that's what we did.
Le Modérateur
:
Second question.
Mme Senay (Cathy) : Second question, Mr. Arruda.
M. Dubé : In
English?
Mme Senay (Cathy) : Yes, in English, about Dr. Nemer. So Québec's screening strategy is
being criticized both by Canada's Chief Scientific Advisor, Ms. Nemer, and
various experts in Québec. They say that the strategy should include randomly
testing people with no symptoms to get an accurate read on how the virus is
spreading and identifying areas before they become outbreaks. How do you
respond to that criticism?
M. Arruda (Horacio)
:
First of all, I understand that people have some criticism, but people only
have one part of the data. They are not aware of what quantity we have. We are
using, I would say, the tests the best way we can use them at a different... If I had an unlimited testing capacity, even you, here,
would have been tested, you know? But we have to choose. At the same time, they
are looking at this strategy based on their vision on their specific situation,
but we have to balance with the care of the persons.
We know that we have a
high level of positivity, which is 16 %, meaning that the test we use, we
are using the right place. Before going to, I would say, random sampling in the
population, we have other priorities like asymptomatic contacts of cases and
intensive situations. So I think I can receive it, but we have a plan, we have
discussed it we experts, we are adapting from data, what we are having here,
and so it's easy to say this criticism. It's OK. But they have only one part of
the diagnosis, and it's why we will try to explain, and even everybody has an
idea, everybody seems to have the right answer. And I always told... scientific
have doubts, I have doubt, I'm going to adapt. What I'm saying today will be
different tomorrow. But it's easy to say that that way. And I think that I will
have to explain to Quebeckers and to my boss what is the strategy, but not
really for the ones who are talking from what is their perception.
Le Modérateur
: Thank you. Phil Authier, Montreal Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good day. I sometimes think I'm asking the same question about
Montréal every day of you, Mr. Arruda, but with your announcement today of
delaying openings, can you bring us up to date about what is the virus doing
outside of the CHSLDs, in the community? You're not below one yet on the R0
index. There are still many people being diagnosed. Can you specify which part
of Montréal is more vulnerable and what is being done to stop the virus?
M. Arruda (Horacio)
: First of all, it's clear that we have, we are going to have... as
we are augmenting the testing, the cases are going to be up. It doesn't mean
that the thing is getting worse, it means that we are perhaps measuring better
the situation, because there is a lot of asymptomatics and cases that are
probably not getting to diagnosis.
We will look at
everything that we open, if we are going to have some outbreaks. Actually, we
have not observed big outbreaks, I would say, in kindergartens. In fact, there
have been some cases but there has not been an explosion of cases on those
places. There is some, I would say, specific outbreaks that are going on. You
know there was one in Côte-Saint-Luc before, related to trips to New York.
There is Saint-Michel up north, there is people there who worked probably in
hospitals or imported that from the... the CHSLDs, were imported. And we are
now screening a lot in these communities to have a better idea of what is going
on and every case will be checked by Public Health. We're going to have an
inquiry, find out specific contacts, offer them tests and take the situation into account.
So this situation in Montréal and Laval is very, I would say, intensive. Around, in the suburbs,
there is also some issues, but not as active in certain hotspots in Montréal. And, if you go see on the website
of Montréal, you will have these
hotspots on their website.
Le Modérateur
: Thank you. There is a second question.
M. Authier (Philip)
: Second question for Premier Legault. I was reading Alec
Castonguay's long story about your handling of the COVID crisis, and, in the
last few weeks, there's been more criticism of the way Québec has handled the
crisis. You know, there have been changes of the messages, you know, 60 and
then 70, that debate that we had yesterday. How do you evaluate your management
of the crisis? Is your game plan still working?
M. Legault :OK. First, it's not
to myself to evaluate me. Second, we were one of the first place in North America closing schools, closing some regions. So, I think we
acted very rapidly.
Now, of course, the
situation is different today than it was two months ago. And the rules that
we've put in place permit us to open a bit to older people, and I think it's
normal. And Dr. Arruda explained it very well, it's normal that the situation
evoluate, because we have to balance the problems we create with the problems
we get from the COVID-19. Of course, when you have somebody of 65 year-old
being at home for the last two months, the situation is different than two
months ago. And we have to balance mental health problems with physical risks
that are associated with seeing other people. But now, we know more than two
months ago what it means to be at two meters, at six feet of the other people.
So because we've… putting that in place, because we're telling people to have a mask if they get too close too other people, it
permits us to have different rules today. But of course, it's changing fast,
and the population is trying to
understand. And I can understand that sometime they are not sure that they
understand. But it's our job to be here about everyday. We were here five days
a week, now it's a least three days a week, and we're trying to explain, and
I'm trying. And I did my best. Was I perfect? Probably not, but I'm doing my
best.
Le Modérateur
:Thank you. Samuel
Pouliot, CTV News.
M. Pouliot (Samuel) : Hi. You announced today that school reopening was delayed by one
week in Montréal. If the school
board think… or they don't feel safe or ready at the new date, could they still
delay the opening of their schools?
M. Legault : It's not to the school boards to decide when the schools will be
opened, it's to the Public Health. But it won't be obligatory, so parents who
decide to keep their child at home, they can do that. So it's the decision of
the parents and of the health care, not of the school boards.
M. Pouliot (Samuel) :OK. And there are
teachers unions that say : Having teachers 62, 69 return to work puts
their health at risk because the Government doesn't have enough personnel to replace them. How do you respond
to this concern, especially with the numbers we see today, that people in their
sixties have a bigger death rate than the fifties?
M. Legault :OK. So I'll maybe
use this graph to…
Une voix
: …
M. Legault : …no, no, to explain you the situation. If you are younger, the risk is lower, but there is some risk. If
you're older, the risk is higher. So it's not an exact science. Where do you
draw the line? And you see that here, at 60 to 69, we have 6,5 % of the death. So it's more than if you're younger, but it's
a lot less than if you're older.
So do we want to tell
people of 65 years old : You cannot work? It is a question of judgment.
And, of course, even if you have 40 years old and you have a chronic problem,
you must not go back to work. But, if you're in good shape, have 65 years old,
I think that you must have the right to go back to work. So we're trying to balance between liberty and health. But I think it's
important. If we respect the two meters between the different people, if you
wear a mask if you're closer than two meters, I think it's reasonable to permit
people of 65 years old to go back to work.
M. Arruda (Horacio)
: And I want to say, if you don't mind, in those 65 to 69, there is
people with chronic disease too. It's not only the ones with the age and good
health. So it's why the most important thing, even if you're 40, if you have a
immunocompromised disease or you have a big chronic primary problem, this age,
40, is dangerous comparing to 65 in good health.
Le Modérateur
: Thank you. Two last questions from Raquel Fletcher, Global News.
When we look at the numbers, today's numbers, why aren't things getting better
here? You keep saying that they are going to, but they are not.
M. Arruda (Horacio)
: The question is for me?
Le Modérateur
: Yes, you can answer.
M. Arruda (Horacio)
: Yes. Look, I hope it's going to be better one day over the rainbow.
I really believe on it. But actually there is different reasons I think that
the situation…
First of all, we have
been bombarded by people coming back from New York. We had this bad week, I
would say, which was great for the ones who were on vacation, but when they
came back, they bring back some disease. We have been… this outbreak, I would
say, in the problem of staff and material, probably, at the beginning, with
CHSLDs. All these are factors that have been making intention, I would say, the
Montréal region, especially Montréal, Laval and everything.
But, elsewhere in Québec,
it's a paradise. Elsewhere in Québec, it's what we… If things were perfect, if
we had not this problem of staff in CHSLDs, I can tell you, this thing would
have been completely different. But that's the case. And it's normal, also, in
Montréal, there is more people, more density, more poverty, more everything,
and because there is more everything, there is more cases too. But we are
trying to do our best to make it controlled, especially in CHSLDs, and not get
into a big community transmission.
M. Legault : And, If we look at the figures, today, we announced 121 deaths. 104
are coming from Montréal, six from Laval, two from Lanaudière, five from
Laurentides and two from Montérégie. So, in total, if you take the great area
of Montréal, it's 119 deaths over 121. So, in all the rest of Québec, we have
two deaths in Mauricie, but all other regions have zero deaths. So that's why
we open the rest of Québec, but we keep closed the
Great Montréal. It makes sense, and I think it's the best way to balance the
risk between public health, and mental health, and physical health.
M. Arruda (Horacio)
:
And I will invite all people in those regions to keep in touch with the big
«conseil» that the Premier is telling : two meters distancing, wash your
hands, use masks, and everything, and, please, don't get out making parties out
elsewhere because we need you… if you want to be able to have a better spring
or summer.
Le Modérateur
:
Thank you. So, not exactly like a paradise. And, as a very last question, why
exclude CHSLDs from the R1? After all, didn't contamination come from the
community and back to the community? Does this distort the picture?
M. Arruda (Horacio)
:
Because, I would say, it's really a specific closed phenomenon. It's true,
there is some contact with the community, but that is not enough important to
put them in the R1. Because we will have to manage this thing very importantly,
we will have to manage very importantly what is going on in the community. But
nothing is completely closed. There is always a link, but the power of making
more and more transmission is in a different perspective.
So it's why... And it's
not us who decided it also, it was made also by the experts, because it will
introduce too much, I would say, disturbing in the models of prediction.
Le Modérateur
:
So thank you very much. C'est ce qui complète pour cette conférence de presse.
Merci. À bientôt.
Des voix
: Merci.
(Fin à 14 h 14)